→ Histoire ←
13 Octobre 2003Voilà, j’ai dix ans. Dix ans, un âge à deux chiffres, comme Alaric. C’était trop bien, aujourd’hui. Tout le monde est venu à la maison. Enfin, tout le monde, sauf Papa, bien sûr. Il n’est plus à la maison depuis longtemps et je ne sais pas vraiment pourquoi. C’est sans doute des problèmes d’adultes. Tant que je vois Papa quand je veux, ça me va.
Mais il y avait Alaric. Et ça, c’est le principal. Ca n’aurait vraiment pas été pareil sans lui. Il m’a regardée dans les yeux et il m’a dit : « Ca y est, tu grandis… » Il avait presque l’air déçu, je me demande pourquoi. Mais après on s’est trop bien amusés, et j’ai oublié de me poser la question.
Sauf qu’à un moment, j’ai entendu une conversation intéressante dans la cuisine, dont la porte était fermée. J’ai tendu l’oreille et j’ai reconnu les voix de maman et mamie.
« Il faudrait penser à lui dire… » a dit mamie.
« Hors de question. Je ne dis rien tant qu’il ne me donne pas ce que je veux. » a répondu maman.
« Mais ça peut devenir dangereux ! »
« Je m’en fiche. J’ai ce qu’il faut pour calmer la situation, si jamais ça dégénère. »
« Maman ! Bolynulle écoute tes conversations ! » Keylana, ma petite sœur, a tout gâché. J’étais sur le point de savoir de quoi elles parlaient, mais elle a vraiment tout cassé. Je la déteste.
20 Octobre 2003C’est bizarre, je n’ai pas eu de nouvelles d’Alaric depuis mon anniversaire. Pourtant, d’habitude on est toujours ensemble, pour embêter les autres. J’espère qu’il n’est pas en train de grandir. Les grandes personnes disent ne plus avoir le temps de s’amuser. Mais moi je n’ai que lui. Je ne peux pas le perdre, n’est-ce pas ? Non, il ne m’abandonnera pas.
29 Octobre 2003Je m’inquiète. Pas une trace de vie d’Alaric, et maman ne veut pas que j’aille le voir moi-même. De toute façon, le jour où elle acceptera que je fasse quelque chose… Il n’y en a que pour Keylana. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas ce qu’elle a. C’est une gamine pourtant, mais ça se voit bien que maman la préfère. Oh et puis moi, je m’en fiche. Ce qui m’importe, c’est que je ne trouve pas Alaric. Oui. Ca c’est grave.
Et le pire, c’est que je n’ai toujours pas vu papa non plus ! Alors qu’il m’avait promis qu’on se verrait pour mon anniversaire. Ca fait plus de deux semaines. Je ne veux pas qu’il m’abandonne, lui aussi. Comment je vais faire moi, avec maman et Keylana ?
20 Novembre 2003Toujours pas de nouvelles. Je n’ai que Papa et Alaric en tête, mais eux, où sont-ils ? Est-ce qu’ils ont oublié que j’existe encore ? Je croyais que j’étais le centre du monde pour eux. C’est ce qu’ils disaient. Je déteste qu’on m’oublie ! Ca me fait tellement mal…
28 Novembre 2003Je suis perdue.
1 Décembre 2003Revenez ! C’est trop dur… Je n’ai rien d’autre à dire.
5 Décembre 2003J’ai peur. Que sont-ils devenus ? Je voudrais m’enfuir. Mais parfois, maman me fait tellement peur… Je ne peux même pas écrire ce que je vis, tellement ma main tremble.
13 Décembre 2003Deux mois que j’a dix ans. Relire les pages précédentes me fait pleurer et on dirait qu’il n’y a pas de fond à ma boîte à larmes. J’abandonne ce journal. Je vais le cacher. Je ne veux plus jamais en entendre parler. Mon cœur est brisé, à tel point que je me demande s’il est encore dans mon corps.
13 Octobre 2006Trois ans. Trois ans !
J’ai cherché ce journal pendant toute la nuit. On aurait dit que j’étais folle. J’ai retourné ma chambre et c’est comme si un ouragan était passé par là. Mais ça y est. Je l’ai entre les mains. Je dois écrire ce qu’il vient de m’arriver…
C’est le jour de mon anniversaire. J’ai treize ans, et depuis mes dix ans, je n’ai pas revu mon père, ni Alaric. C’est horrible. Je vis dans le monotone, toute seule, et je n’ai qu’une envie : partir. Mais je ne peux pas. A cause de maman. Elle est tellement… Terrifiante…
Je suis restée toute la journée à la maison. Dans ma chambre, plutôt. Et ce soir, en voulant fermer mon volet, j’ai aperçu dehors quelqu’un qui regardait vers ma chambre. Un grand garçon aux cheveux blonds. Ses yeux bleus ressortaient dans la soirée obscure. Je n’ai aucun doute. C’était Alaric. Je n’ai pas pu bouger parce que j’étais sous le choc. Et lui, il est resté planté là pendant quelques secondes mais il est parti très rapidement, en courant, comme s’il venait de réaliser que je l’avais vu. Pourquoi est-il parti ?
J’ai ouvert la fenêtre et j’ai crié son prénom. Je ne pouvais pas sortir. Et il n’est pas revenu.
Voilà. Je vais fermer ce journal et pleurer pendant tout le reste de la nuit.
1 Novembre 2006J’AI BESOIN D’AIDE !
1 Décembre 2006Je veux mourir.
10 Décembre 2006Le monde entier me déteste. Personne ne m’aime, personne ne fait attention à moi, personne ne me croit quand je dis que j’ai mal. Ils sont tous bêtes ou quoi ? Les gens pensent en plus qu’ils peuvent avoir de l’autorité sur moi. Quelle blague ! Alaric m’a appris à déjouer les règles, je n’oublie rien. Et la seule personne qui arrive à me faire peur, c’est maman. Dès que j’entends ses pas qui se rapprochent, je frissonne. Ils pensent tous qu’elle est gentille, ils pensent tous que je suis folle. Je vais vraiment le devenir si ça continue comme ça. Papa disparaît, Alaric disparaît. Moi aussi je veux ! Pourquoi j’ai pas le droit ? Pourquoi ils ne reviennent pas ?
25 Février 2007Papa, Alaric, venez me chercher !!!
30 Avril 2007J’ai essayé. J’ai essayé de me cacher partout. Dans ma chambre, j’ai déjà fait toutes les cachettes. Je me suis pliée en quatre pour entrer dans un tiroir de mon armoire ! J’ai tout fait. Elle me retrouve toujours… Il faut que j’arrive à m’enfuir. Mais tout est… Barricadé…
Mon corps est cassé en mille morceaux, mon cœur est détruit, mon âme est souillée. Pourquoi j’existe ?
27 Septembre 2007Qui suis-je ?
10 Octobre 2009J’avais cessé de me poser tant de questions. Je vivais sans but, je ne signifiais plus rien, je ne parlais à personne. Et je m’y étais presque habituée, à cette vie silencieuse et morose. Mais ma vie a décidé d’être pourrie, jusqu’au bout.
J’ai seize ans. Et ça fait six ans que je n’ai pas revu Papa ni Alaric. Oh, il y a toujours cette silhouette mystérieuse qui apparaît au loin, je la vois depuis ma fenêtre, tous les ans. Tous les ans, je reste immobile parce que mon souffle se coupe dès que je vois quelqu’un qui ressemble à Alaric. Je me demande si elle sera là cette année. Dans trois jours. Je suis impatiente, malgré tout…
Ah mais ce qui s’est passé hier, c’est la pire des blagues. Je suis toujours en train de croire que je rêve éveillée.
Hier soir, j’étais dans mon lit, parce que de toutes mes journées je n’ai rien d’autre à faire que dormir. Mon genou me grattait. J’ai l’air stupide à raconter ça, parce que c’est une chose tellement banale ! Mais non, parce que j’ai gratté mon genou, et j’ai commencé à saigner. Parce que des griffes avaient apparu sur mes mains. Et après… Trou noir.
Maman dit depuis ce matin que je suis un monstre. Elle crie des insultes et des menaces à tout va derrière la porte de ma chambre, comme si elle n’osait pas l’ouvrir. En même temps, tant mieux… Il vaut mieux qu’elle ne voie pas l’état de ma chambre. Tout est saccagé ! Il n’y a plus de tapisserie, les meubles sont en miettes. Seul mon journal est resté intact, avec la photo d’Alaric le jour de mon anniversaire…
Mais qui a fait ça ?! Moi… ? Comment ?
« Tu vas me le payer, monstre ! Ton père ne m’aura pas si facilement ! Vous êtes tous fous, dans cette famille ! Des horreurs ! Demeurée ! »
Merci, maman.
10 Octobre 2009, un peu plus tard…Keylana est entrée dans ma chambre tout à l’heure. Je la déteste !
« Salut, vieux chien. Tu t’es vue ? T’es toute sèche, maigre comme un cure-dent. T’es horrible, et ça pue le chien mouillé, ici ! Tu savais, toi, que t’étais un monstre ? Ouais, comme Alaric, parce que dans ta famille, vous êtes tous des timbrés. Moi j’ai rien à voir avec ça ! Moi je suis belle, tu vois. Moi je suis pas un loup, ma vieille. J’ai hâte que tu déguerpisses d’ici, parce que maman devient folle à cause de toi. Je me tire, moi. Y’a trop de mauvaises ondes, par ici. »
Est-ce que je dois la croire ?
D’où je suis un monstre ?
D’où je suis un loup-garou ?
D’où ça existe, les loups garous ?!
10 Octobre, dans la nuit.Je n’arrive pas à dormir. J’ai reçu des attaques morales pendant toute la journée, je n’en peux plus, je sature. Dans ma chambre, je ne peux pas m’empêcher de frapper sur les murs, de casser tout ce que je peux. Maman me traite encore de folle, mais je commence à croire comme elle… J’attends les griffes, j’attends l’animal, j’attends le monstre. J’attends le trou noir. Mais rien. Rien, depuis des heures, déjà.
11 Octobre 2009Les attaques recommencent. C’est comme si j’arrivais à m’y faire. Je n’ai pas dormi de la nuit, alors je crois que je vais me rattraper aujourd’hui. Leurs voix de poules affamées me berceront peut-être. Il est 14h30. Bonne nuit.
13 Octobre 2009, dans la nuit.Alors là.
Alors là !
ALORS LA !
J’ai revu Papa. Je n’en reviens toujours pas. Il est venu me chercher la nuit dernière, à la maison ! Il était… Loup. Enragé, rapide et agile, effrayant. Il m’a capturée. Mais bizarrement, je me sens beaucoup plus libre en était kidnappée, moi. Je crois que je me suis évanouie. Et puis je me suis réveillée chez lui. Quand je l’ai vu, mon sang n’a fait qu’un tour. Mais lui, il a souri.
« Assieds-toi, Bolyzet. »
J’ai obéi. La cuisine était jolie. Il y avait des confiseries.
« Pas trop sous le choc ? »
« Vraiment, vraiment, vraiment trop en dessous, oui. »
Il a ri.
« Je m’en doutais. »
Je n’arrivais pas à être souriante, comme lui. Je le regardais d’un air stupéfait.
« Tu comptes m’expliquer, ou juste me donner des gâteaux… ? »
Il est redevenu sérieux.
« Je crois que tu as le droit à des explications, oui. »
Moi je ne crois pas. Non, j’en suis certaine !
« Je suis désolé, Bolyzet, de tout ce que je vais te raconter. »
Il a marqué une longue pose, pensant peut-être que j’allais lui dire « oh, allez, c’est pas grave, j’te pardonne, tapes m’en cinq ! »
« Depuis le divorce, Bolyzet, tu vis chez des gens qui… Ne sont pas ta famille. »
Encore une pause. Il me fixait avec un petit regard coupable.
« Quoi ? »
« Olana n’es pas ta mère. Keylana n’est même pas ta demi-sœur. Elles ne sont rien pour toi. Mais je t’ai laissée là-bas. Je n’aurais pas du, mais tu sais… »
« Attends une minute. Si ce n’est pas ma mère, alors QUI est ma mère ? Qui est ma famille, Jutyilo ? »
« Oh s’il te plaît, ne m’appelle pas par mon prénom, moi je suis quand même ton père. »
« Ah bon, en fait je me demandais si j’avais un père, tu vois, parce que ça fait six ans que j’appelle à l’aide, et il ne vient jamais à mon secours ! »
« Laisse-moi expliquer, Bolyzet. S’il te plaît.
Tu le sais, Bolyzet, tu es un loup-garou. Je sais, c’est étrange d’apprendre ça comme ça, subitement. Mais il y a deux jours, tu as eu un trou noir. Et oui, tu t’es bien transformée. C’est le début, Bolyzet. Ces gènes de monstres te viennent de ta vraie mère, et de moi. Nous sommes tous les trois des loups-garous. A ta naissance, je me suis rendu compte que ta mère était trop dangereuse. Elle voulait te manger. Son instinct animal avait pris le dessus, malheureusement. Je suis parti, loin, avec toi. J’ai rencontré Olana. Nous ne sommes pas restés ensemble longtemps parce que quand elle a su ce que nous étions, elle a pris peur. Mais elle t’a gardé, par force, parce qu’elle voulait que je lui rembourse de l’argent qu’elle m’avait prêté, quand nous sommes arrivés, toi et moi. Mais je n’avais pas d’argent. Et elle était dangereuse. Elle avait des armes. Je ne voulais pas qu’elle te fasse de mal. Il fallait que je trouve de l’argent.
Mais je n’ai pas réussi à la rembourser, même en six ans. Il a fallu que j’utilise la partie la plus sombre de moi-même. Donc tu n’as pas rêvé, chérie. C’est bien un monstre qui est venu te chercher chez toi, cette nuit. »
Je suis restée silencieuse. C’était du gros n’importe quoi.
« Bon, ça va, là. Elles sont où, les caméras ? »
« Ce n’est pas une blague, Bolyzet. »
« Je refuse de croire ça ! C’est faux ! C’est impossible ! Tu es fou, Jutyilo. Tu es fou ! Olana est ma mère, même si on se déteste. Tu racontes n’importe quoi ! »
Mais alors que j’exposais toute la folie qui était contenue en moi pendant tout ce temps, Papa déposa un papier sur la table. Un papier que j’avais déjà vu. Le jour de mes dix ans.
« J’ai déjà vu ça. Je n’ai jamais pu lire ce courrier, maman… Enfin, Olana… L’a jeté dès que j’ai ouvert l’enveloppe. Qu’est-ce que ‘est ? »
« Lis. »
« Lycée Yokai. »
« Yokai. Tu sais ce que c’est, un Yokai, quand même. Tu parles encore ta langue, je crois. »
« Yokai… »
« J’ai pris quelques vêtements en t’emmenant. Tu pars dans cinq minutes. »
« Attends ! Je… J’aurais aimé passé du temps avec toi. Tu m’as manqué… »
« Je sais. Mais c’est impossible. Je m’enfuis, moi aussi. Le cauchemar est terminé. »
« Attends ! Et Alaric… ? »
« Alaric. »
« Oui ! Mon cousin ! Tu l’as oublié, lui aussi ?! »
« Certainement pas. »
« Alors dis-moi où il est ! »
« Je ne peux pas. »
« Qu’est-ce que c’est encore cette histoire ?! Vous avez disparu de ma vie en même temps ! Je suis certaine que vous avez trafiqué un truc ensemble ! C’est pas possible. Vous voulez ma mort ! Je ne peux pas continuer sans lui, Jutyilo ! »
« Je ne peux pas t’en dire plus, Bolyzet. »
« Mais pourquoi, bon sang, POURQUOI ?! »
« Parce qu’à l’heure actuelle, je ne sais pas où il est. »
C’est la dernière phrase qu’il m’a dite. Après il m’a emmené à un arrêt de bus. Et c’est tout. Bye-bye Jutyilo.
Et maintenant, je suis dans une chambre qui ressemble à un antichambre de manoir hanté. Génialissime. Moi qui croyais que le cauchemar avait pris fin. Bienvenue chez les fous. Il paraît que j’ai cours.
15 Octobre 2009C’est vraiment bizarre ici. J’ai l’impression de faire un rêve qui dure plusieurs jours. Enfin, c’est pas très féérique. Je ne rencontre que des créatures abominables. Je suis pas chez moi ici ! Je suis chez des monstres. C’est n’importe quoi, moi je ne suis pas des leurs ! J’ai envie de partir.
16 Octobre 2009Je m’ennuie à mourir. J’ai rencontré un surveillant. Dante. Il m’a dit de lire le règlement intérieur du lycée. Bien sûr ! Il doit ressembler à un simple règlement, avec des tas d’interdictions stupides qui sont faites pour être déjouées. On va s’amuser !
Mais Alaric, où es-tu ?
17 Octobre 2009Reviens…
19 Octobre 2009Il s’est passé un truc étrange. Mais de toute façon, tout est bizarre ici ! Tout est anormal ! C’est un monde de fous.
Je voulais m’inscrire au club de combat à mains nues. Et bon sang, ça fait du bien de se défouler. Mais il y avait un concours, ou que sais-je. Et là, un vampire m’a défiée. Seth. N’importe quoi, j’ai abusé de mon égocentrisme et j’ai voulu le réduire en miettes. Un vampire ! Ces monstres étonnamment forts, contre un minuscule loup que suis-je. Il m’a provoqué en buvant mon sang. J’ai été tellement outrée que je me suis vengée, pas très poliment. Forcément, j’ai été abattue. Je suis totalement ridicule ! Mais je crois que ce type est tombé amoureux de moi. Il m’a défendue lorsqu’un orque s’est attaqué à moi. Il a failli mourir. On s’est perdus dans la forêt et je ne pensais pas qu’il allait se passer de telles… choses… entre lui et moi.
On est rentrés au lycée dans un état piteux, les surveillants nous ont regardé d’un œil méprisant et surtout, très curieux. C’était drôle, ils avaient l’air de paparazzis.
Seth a disparu.
20 Octobre 2009Une présence me manque. Laquelle ?
29 Octobre 2009Je ne pensais pas que j’allais me faire des amis par ici. Oui bon des amis… Des personnes sympathiques, quoi. Kira, Nanako, Moka. Cette dernière est… fantastique. Tout le monde parle d’elle comme si c’était une déesse. Mais je ne serais pas étonnée, si on me disait que c’était vrai.
Il paraît que c’est la fête, dans deux jours. Halloween.
01 Novembre 2009J’ai vécu un truc de dingue, encore une fois !
Halloween, c’est la fête de l’horreur. La fête des monstres. J’ai été impliquée dans une course contre la montre sans le savoir ! Je ne m’étais inscrite nulle part. A croire que quelqu’un l’a fait pour moi…
Je me suis retrouvée attachée à Kira. Il y avait 4 équipes. Nous avons du parcourir un terrain douteux dans une ambiance trop sombre. Je crois qu’on n’est pas arrivés derniers. En fait je n’ai pas fait la fête. Quand Kira et moi sommes arrivés à la fin de la course, je me suis enfuie. Et perdue dans la forêt. J’y suis restée toute la nuit, mais j’avais l’impression que quelqu’un me cherchait, ou rôdait dans les parages. Je voyais juste une silhouette, de temps à autre. Et de longs cheveux blonds. Mais je me suis endormie. Je suis rentrée ce matin, encore dans un état lamentable. Je vais peut-être me faire virer si je continue comme ça.
01 Décembre 2009Il neige.
Alaric n’a toujours pas montré de trace de vie. Est-il ici ?
Seth a vraiment disparu. Même les autres élèves me disent qu’ils ne l’ont pas vu depuis un mois.
Les gens me reconnaissent parfois, parce qu’ils savent que j’ai participé à la course d’Halloween. C’est amusant. J’aime bien être au centre des attentions !
J’ai rencontré Eikichi. Un être fascinant. Il sait lire dans les pensées ; c’est gênant. Mais il est un peu comme une boîte à souvenirs, qu’on peut ouvrir et fermer quand on veut.
Je ne me lasse pas de passer du temps avec lui, et il a tellement de choses à raconter, lui aussi…
15 Janvier 2010Eikichi.
Eikichi.
Eikichi.
Eikichi.
Il m’a embrassée.
Pardon, Alaric.
12 Juin 2010Qu’est-ce qui m’arrive ?
Le temps passe à une vitesse impressionnante. Peut-être parce que je ne m’ennuie pas ? Je n’ai pas énormément d’amis, c’est vrai. Mais Eikichi est là, alors ça me va. On dirait que je n’ai pas besoin de plus. Je m’amuse avec lui.
Je pense encore à Alaric, parfois. Parce qu’Eikichi lui ressemble. C’est vrai, et je n’avais pas réalisé ça auparavant. Ils ont la même coupe de cheveux. La même envie de me taquiner, parfois. J’ai remplacé Alaric. Je me suis peut-être fait ma petite illusion de pauvre tarée. Eikichi = Alaric, Alaric = Eikichi. Ouais, ok. Pourquoi pas, après tout ?
21 Juillet 2010Je cherche Eikichi depuis une semaine. Je me demande où il est, parce qu’il ne m’avait pas dit qu’il partait. Demain il sera là. Parce qu’il n’a pas le droit de me faire du mal. Personne n’a le droit de me faire du mal !
Mais tout le monde le fait.
01 Aout 2010Toujours pas là.
15 Aout 2010Je suis perdue. Je me rends compte que ma vie est pourrie ici, en fait, sans Eikichi. J’ai l’impression que je viens d’arriver, quoi. C’est nul.
30 Aout 2010Eikichi ! Reviens !
Ne fais pas comme eux…
Comme Jutyilo…
Comme Alaric…
18 Septembre 2010Ma vie est incroyablement longue.
07 Novembre 2010Je suis partie pendant trois jours. J'ai cherché Eikichi partout dans le monde des monstres. J'ai marché pendant des heures, des heures… Impossible de le trouver. Je ne sais pas ce qu'il est devenu. C'est grave. J'ai l'impression d'être malade depuis quatre mois.
15 Avril 2011Je ne dors plus, je ne mange plus, j’ai peur la nuit. J’ai pas d’amis, je ne vais plus en cours, je glande toute la journée. Je déteste tout le monde et tout le monde me déteste. J’ai envie de mourir.
Je me casse.
26 Juin 2012, nouveau journal
C’était dingue.
C’était dingue !
La forêt, les loups, le froid, les renards, les insectes, la pluie, le vent, la chasse, le soleil, les feuilles, la peur, la neige, la chaleur, les chasseurs.
Je suis un animal.
Je ne suis pas un être humain !
Je suis un monstre.
Je n’ai pas parlé depuis un an. Je n’ai pas dormi dans un lit, je n’ai pas mangé dans une assiette depuis un an. Je n’ai pas changé de vêtements. Depuis un an.
Mais je suis en vie. Qu’est-ce que ça veut dire ? Je suis bonne qu’à vivre comme une sauvage ? Puisque la vie me réussissait là-bas, j’aurais du rester ouais. J’aurais jamais du revenir ! J’aurais du crever en forêt !
Qui m’attend, au lycée Yokai ? Personne. Non, personne ne m’attend ! Et j’attends personne !
Qui y avait-il au lycée Yokai ?
J’ai…
J’ai…
J’ai oublié.
Pourquoi je reviens ? Vais-je finir par être normale ?
J’ai pas envie de mourir !
J’ai peur.
J’ai peur.
J’ai peur.
J’ai peur.
J’ai peur.