Noïd bailla. C'était le genre de journée qu'il détestait tout particulièrement, celle qui, pleine d'espoir, te laisse soupçonner qu'il va t'arriver des trucs bien dans la journée, et qui au fur et à mesure te détruisait tes vaines espérances.
Petit à petit, de manière bien fourbe.
Au réveil, il n'était pas spécialement de mauvaise humeur, il n'avait pas envoyé de répliques blessantes à la gueule de son voisin de chambre, non, il n'avait même insulté personne. Journée qui s'annonçait bien, surtout qu'il avait pu se remplir convenablement la panse au petit déjeuner.

Noïd avait même fait l'effort de lever la main en un geste de salut lorsqu'il était entré dans la classe, une journée qui s'annonçait magnifique donc. Le premier cours, celui de philosophie avait été en plus, assez intéressant. On avait autorisé l'ange aux cheveux blancs à s'exprimer longuement et vivement sur un sujet qui lui tenait à cœur, à savoir l'originalité, et même s'il n'avait pas été loin de loger son poing dans la figure à quelqu'un qui se moquait de lui, il avait gardé de ce cours un souvenir assez positif.
Et la... ils étaient allés au second cours de la journée, le cours d'apprentissage de la magie. Noïd était une brêle absolue en matière de magie, même pas capable d'allumer une simple flamme dans le creux de sa main, ou même de générer de la chaleur. Autrement dit, il s'était attiré les quolibets moqueurs d'un élève qui réussissait particulièrement bien, et s'était fait expulser de cours lorsqu'il lui avait abattu une chaise sur le crâne.
Alors que c'était de la légitime défense morale.

Par conséquent, il lui restait du temps avant la pause déjeuner, et pour passer le temps, il s'était promené dans un couloir. Jusqu'à croiser un lycanthrope qui n'avait rien trouvé de mieux à faire que se moquer de sa carrure. Noïd n'était pas musclé, alors il l'avait rangé dans la catégories des faibles, vu que lui était baraqué et fier de l'être.
Vu que le déchu n'était pas d'humeur à lui prouver le contraire, il avait poursuivi sa route en maugréant, mais l'autre ne voulait pas en rester la. Donc il avait insisté, jusqu'à ce que Noïd, à bout de patience, lui envoie une droite qui lui fit à proprement parler traverser la fenêtre du rez-de-chaussée pour s'étaler au dehors. Et du coup, il s'était fait réprimander.

Déjà, c'était assez pénible. Heureusement, l'heure du réfectoire avait fait office de pause... Temporaire, mais bon... Il y avait un léger problème.
IL N'Y AVAIT PLUS DE MOUTAAAAAAARDE ! Non, ne pas s'énerver, et ne tuer personne. Ce n'est qu'un accident mineur. Pas besoin d'avoir des réactions démesurées. Alors, Noïd, tu vas arrêter de lorgner cette table et la tête de la cantinière, et juste manger ton repas sans moutarde.

Par contre. Il y avait un truc qui l'avait fini. Le cours... de Sciences Occultes. Kyô Fushou, professeur craint et respecté, et Noïd Ochita, simple élève perturbateur... ne pouvaient pas se blairer. En fait, dans le strict cadre de la relation prof-élève... ils se haïssent. Eux-même ne savent pas si c'est à cause de leur nature opposée, de leurs pouvoirs qui s'opposent ou tout simplement parce qu'ils se supportent pas. Ou alors c'est les trois à la fois.
En attendant, dès que l'un avait l'occasion de faire un coup bas à l'autre... Il le faisait. Et la, Kyô avait envie de l'ennuyer. Donc il s'est servi de Noïd en tant que cobaye de multiples fois lors du cours, en le harcelant jusqu'à briser ses défenses mentales et en faisant son possible, le plus souvent avec succès, pour le ridiculiser, par exemple en le forçant à se tordre de terreur devant tout le monde.

Donc, ce fut un Noïd animé de quelques pulsions meurtrières qui quitta la salle de cours. Heureusement, ils en avaient finis pour cette journée, alors... Noïd avait opté pour la tranquillité, sinon il avait vraiment finir par buter quelqu'un.
Donc il se réfugia dans la roseraie, dans un coin un peu perdu, ou il s'allongea, goûtant la tranquillité et la sensation de l'herbe contre son dos et s'endormit, ronflant légèrement. C'était un coin calme... Donc par définition, un coin ou il avait peu de chances de se faire embêter... Non ?

Deuxième jour ici. Et qu'est ce qu'elle s'ennuyait. Pour le bien de son infiltration, elle n'avait eut d'autres choix que de prendre la place de femme de ménage. Seulement voilà, même les sirènes trouve cela chiant. Et c'était d'autant plus éprouvant pour elle qu'elle avait de faibles jambes, et qu'elle était obligée pour cela de rester longtemps, très longtemps debout... C'était éreintant. Mais elle ne pouvait pas, non elle ne devait pas faillir. Et puis ... Elle avait pensé à une autre solution. Pourquoi ne pas faire faire le ménage ? Oui, elle envoûterait quelqu'un pour le faire à sa place, ce sera tellement facile. Son visage s'étira d'un sourire dur. Mais personne ne le vit. Elle était seule dans ce couloir. En fait elle rangeait le sceau et le balai dans le placard, c'était l'heure de sa pause.

La pause. Logiquement, elle devrait aller manger. Mais les sirènes ne mangent pas de nourriture humaine. La seule fois ou Leigh-Ann avait essayé, elle s'était retrouvé coulée au lit pendant une semaine, son estomac n'avait vraiment pas digéré.

Autre chose qu'elle avait eut du mal à digérer aussi, mais d'une façon un peu ... Différente, c'était la petite sirène. A vrai dire cela l'avait fait bien rire. Une sirène gentille... Et qui perd sa voix pour rejoindre un homme ?! C'était exactement le contraire d'une vraie sirène, les pauvres, ils se leurraient complètement avec leurs beaux films, et étaient bien loin de la vérité. Qui perd sa voix ... C'était vraiment ironique ! Vraiment... Très drôle. On l'aurai sûrement prise pour une folle si quelqu'un avait été là pour voir ce jour là, Leigh-Ann devant ce dessin animé.

Elle sortit dehors prendre l'air. Resté enfermée était loin de ses habitudes. En y repensant la sirène se dit qu'elle faisait beaucoup de sacrifice pour parvenir à son objectif, oui beaucoup. Et elle en était fière ! Elle se considérait comme une héroïne, la sauveuse des sirènes. C'était elle qui avait trouvé Antithèse, l'organisation qui allait l'aider à asservir ces maudits humains. Mais en attendant... Elle avait vraiment faim. Elle savait qu'elle allait devoir attendre ce soir, mais son estomac criait famine. C'était loin d'être facile de se nourrir ici. Il fallait rester discret.

Elle ne savait pas trop ou aller à vrai dire, elle marchait, ou plutôt errait. Elle voulait rester seule mais ne connaissait aucun endroit en ces lieux ou il n'y avait personne, ça grouillait d'élèves de partout, et c'était insupportable. Encore un sacrifice.

Son errance l'emmena nul par ailleurs qu'à la roseraie. Elle n'avait jamais vu pareil... Couleur c'était tout simplement magnifique. Elle s'y aventura, elle marcha le long des allés fleuris et tournant la tête à droite à gauche, elle eut le plaisir de voir qu'il n'y avait pas grand monde ici, pour ne pas dire personne. Elle s'abandonna à la contemplation des milliers de roses en fleurs avec pour seuls inconvénient, la trop grande odeur. La sirène avait beau être l'être le plus vil et le plus méchant qu'il puisse exister sous les mers, il n'en demeurait pas moins qu'elle savait apprécier le beau.

Puis un bruit l'alerta. Faible. Mais elle sut immédiatement ce que c'était. Un ronflement. Quelqu'un dormait ici. Elle suivit le son jusqu'à trouver un élève au cheveux blanc allongé à même le sol. Les cheveux blancs pourtant il était jeune, avait-il fait comme il était de coutume ici, une ... Teinture de cheveux ? A vrai dire elle s'en fichait. Elle avait faim, et il dormait, ce serait donc bien plus simple de le charmer à partir de son sommeil... Elle regarda une dernière fois autour d'elle puis ne résista pas. Oh bon sang qu'elle avait faim.

Elle s'accroupit près de lui, et commença son chant, doucement, très doucement, pour que seul l'élève endormi ne l'entende. Doucement il parvint à ses oreilles et s'insinua dans son rêve. Puis l'en délogea. Doucement, tout doucement, elle lui demanda d'ouvrir les yeux, et de regarder qui était là. Un ange tombé du ciel. Oui, il aurait une vision angélique en se réveillant. La belle rousse au cheveux long lui souriait tendrement. Elle tendit sa main gauche vers lui.

C'était dangereux de faire cela en pleins jours, mais plus encore que la chair fraîche, réveiller quelqu'un dans son sommeil était ... Jouissif pour elle.

Un rêve... Mais un rêve pas comme les autres. Noïd, même s'il avait découvert la sensation de sommeil seulement récemment, n'avait jamais ressenti de rêves comme celui-ci. Un rêve doux... si doux, si confortable. Un rêve charmeur, avec un côté sexy, qui semblait jouer avec son esprit inconscient.
Taquin, il murmurait à son âme des choses sur elle qu'elle-même ne connaissait pas. Et tout à coup, Noïd se rendit compte qu'il n'était plus en train de rêver, mais qu'il avait les yeux grands ouverts. Quelque part dans son esprit, une sonnette d'alarme résonna, comme s'il était en train de perdre le contrôle, mais le déchu l'ignora superbement.
Il venait de la voir. Des cheveux oranges qui semblaient flotter, et qui rappelaient furieusement à Noïd Bruna, la seule personne au monde qui avait tenu à lui, au point de le suivre sur Terre.
Des courbes harmonieuse, un sourire tendre... Non, cette femme incarnait la douceur et la gentillesse.
Comme un zombi, Noïd se redressa, sentant le contact chaud d'une main sur sa joue qui le faisait frémir.

- « Oh, heu.. bonjour. »

Pas une seconde il se dit que cela était anormal, que sa réaction naturelle aurait été de provoquer l'insolente qui l'aurait tiré du sommeil. La sonnette dans l'esprit de l'ange continuait de résonner, mais il ne voulait plus s'en préoccuper. Non, maintenant, tout ce qu'il désirait, c'était contenter l'exemple parfait de la féminité qu'il avait en face de lui, même si pour cela il devait renier tous ses principes.

- « Que puis-je faire pour vous ? »

Il n'avait plus qu'un seul désir. Rendre service à cette femme non à cette... déesse. Peu importait ce qu'elle pouvait lui demander, ou même, s'il elle lui demandait rien, eh bien il resterait là jusqu'à la fin des temps. Et si elle désirait rester avec lui... Peut-être qu'il toucherait le bonheur le plus profondément possible. Il avait vaguement conscience que quelque chose n'allait pas, mais après tout, en quoi c'était mal, tant qu'il était heureux ?
Et surtout, en quoi c'était mal tant qu'elle était heureuse ? Noïd leva vers elle un visage qui rougissait, un visage qu'il aurait haï voir sur son visage en temps normal. Il attendait... fidèlement les ordres.

Elle l'avait réveillée et il était plus que vulnérable maintenant. A sa porté. Tout près, comme si il était servi sur un plateau repas. Tellement... Alléchant. Il se redressa et lui fit face. Elle lui caressa la joue du bout des doigts.

Son chant continuait, mélodieux, il s'insinuait en lui sans qu'il ne puisse rien faire faisant tomber une à une toute les barrières de son esprit. Et peu à peu, elle remplaçait toute ses pensées qu'il avait au départ, pour le faire croire qu'elle était son amie, et même plus que ça. Elle ne lui voulait aucun mal, il avait même de la chance, oui beaucoup de chance qu'elle l'ai choisis lui, oui c'était un élu. Un élu de quoi elle ne le précisa pas, il allait sûrement avoir assez d'imagination pour trouver lui-même.

Elle ne pris pas la peine de lui répondre. Elle sentait qu'il n'y aurait plus aucune barrière dans peu de temps. Le son mélodieux s'étira encore un peu, elle le fit venir jusqu'à elle d'une main sur son épaule, et se pencha vers lui. Elle arrêta son chant là, il était prêt. Elle n'était plus qu'à quelques centimètre de son visage. Un sourire étira ses lèvres. Elle l'embrassa doucement, comme elle le faisait toujours.

C'est à ce moment là qu'elle entendit des voix. Des élèves passaient dans le coin. Elle savait que c'était dangereux, pourquoi avait-elle pris un tel risque ? Elle se trouva stupide, il fallait qu'elle arrête et tout de suite. Elle ne pouvait pas manger ici, c'était bien trop dangereux. Il fallait qu'elle se freine comme elle l'avait toujours fait. Pourquoi avait-elle craquer la ? Elle se détacha lentement du jeune homme qui lui était toujours envoûtée. Un sourire béa grandissait sur ses lèvres. Qu'allait-elle bien pouvoir faire de lui maintenant ? Elle avait pour habitude de n'envoûter que lorsqu'elle était certaine de tuer, ou lorsqu'elle n'avait pas le choix pour soutirer des informations. Mais lui... C'était une erreur. Une grossière erreur.

L'envoûtement allait s'estomper dans une dizaine de minutes... Il fallait faire quelque chose. Une idée, vite. Son cerveau se mit à bouillonner. Elle trouva.

Elle sourit à l'élève puis finit par dire :

"Bonjour, comment t'appelles-tu ?"

Elle se recula et s'assit en tailleur.

"Je... Je suis désolée de t'avoir tiré de ton sommeil ainsi... Mais il fallait que j'essaye."

Voyant son regard incrédule, elle sourit légèrement, et prit un air sincèrement désolée.

"Bon, je te dois une explication sincère... Je... Ne m'en veut pas... Je suis une sirène et je t'ai envoûtée..."

Il était encore sous l'effet de l'envoûtement, alors il ne lui en voudrais pas, et ce serai plus facile de lui faire accepter cette idée maintenant. Ensuite l'envoûtement se dissipera mais ses pensées resterons.

"Et euh... Je voulais savoir si cela fonctionnait lorsque les gens dormaient ... Je sais c'est assez stupide... Mais, mais il fallait que je sache ! C'est comme ça j'ai pas pu résister... Pardon."

Elle baissa la tête, s'en voulait vraiment.

Tout cela n'était que façade. Ses excuses étaient bidons, et elle s'en voulait certes, mais pas pour les raisons qu'elle lui avait dites. La sirène était bonne comédienne et excellait dans l'art de manipuler son monde. Sans compter l'envoûtement qui devait encore faire effet pour quelques minutes. Puisqu'elle ne pouvait plus se cacher de cette élève, elle allait en faire un allier. Ce serai le seul à connaître son secret, elle pourrait lui parler librement à lui, ce serai en fait un atout majeur. Elle pourrait lui demander de l'aide pour tout et n'importe quoi. Finalement son erreur n'en était peut-être pas une, peut-être bien que c'eut été fait exprès ... Mais c'était forcément ça ! Elle pouvait pas faire d'erreur, on l'avait conduite vers un allier très précieux voilà tout. Et de son côté le jeune élève gagnait au change puisqu'il ne craignait plus grand chose de la sirène. Oui vraiment, Leigh-Ann était très intelligente.

Il se sentait tellement heureux, alors que sa la voix mélodieuse de la sirène continuait à pénétrer son cerveau, anesthésiant toutes les réactions normales auxquelles il s'était habitué. Et elle continuait à lui parler, lui murmurant qu'elle l'avait choisi lui, et cela permis tant d'autres, qu'il était l'élu qu'elle avait tant cherché.
Oui, maintenant, il en était sûr, il avait été touché par cette personne afin qu'elle le guide et qu'il la protège afin qu'elle étende sa domination sur tous les autres misérables êtres vivants. Elle avait le droit de les diriger, elle leur était supérieure. Cela aurait même été anormal qu'elle ne le fasse pas

Les résistances mentales de l'esprit de Noïd disparaissaient à vitesse grand V, il s'ouvrait de plus en plus au chant de l'être inconnu... qui était maintenant sa déesse. Il reconnaissait sa supériorité, sa divinité, comme il se sentait prêt à tuer tous ceux qui se dresseraient sur son chemin, peu importe l'état dans lequel il finirait.
Et tout à coup, elle l'attrapa, et le tira doucement. Il n'opposa aucune résistance, comment aurait-il pu ? Plutôt mourir que risquer de rendre triste la déesse. Il n'analysa pas ce qui se passait alors que le visage de la rousse s'approchait du sien, et réalisa seulement lorsqu'il sentit les lèvres de sa nouvelle maîtresse contre les siennes, lui arrachant un frisson.
Un volcan de sensation, quoique anesthésié par le charme qui engourdissait sa cervelle, le saisit, et le secoua. Il ne savait pas que tout cela était purement artificiel, mais il ne s'était jamais senti aussi heureux. Quelque part dans son esprit, la dernière partie qui luttait et qui lui hurlait de flanquer un coup de boule à l'insolente capitula.
Il était entièrement dominé.

Une larme coula sur la joue de l'ange déchu lorsque elle recula. C'était tellement triste. Mais il n'avait pas le droit d'en attendre plus de sa déesse. Il n'avait rien à exiger d'elle, et elle avait tout à exiger de lui. C'était la normalité.

"Bonjour, comment t'appelles-tu ?"

Même alors qu'elle ne chantait plus, sa voix résonnait comme une mélodie à ses oreilles. La réponse fut instantanée.

- « Noïd. Noïd Ochita. »

Et elle s'excusa. Il ne comprit pas. Qu'est ce qui expliquait que elle, être supérieur, s'excuse envers le misérable serviteur qu'il était ? Non, Noïd ne comprenait pas.

"Bon, je te dois une explication sincère... Je... Ne m'en veut pas... Je suis une sirène et je t'ai envoûtée..."

Une sirène ? Envoûté ? Noïd resta incrédule quelques secondes de plus, avant de sentir une immense bouffée de respect devant le pouvoir de la sirène. Elle était forte, tellement forte, il se devait de la... de la servir. Il avait hésité un moment à cette pensée. Il ne comprenait pas que maintenant que le chant était interrompu, son cerveau recommençait à fonctionner pour lui-même. Cela restait minime, mais Noïd commençait à se libérer

Elle continua à parler, puis baissa la tête. L'ange déchu ne savait pas comment réagir, son esprit toujours embrumé par le charme. Mais ce fut à ce moment-là qu'il entendit les bruits de pas à son tour, et qu'il conclut à une menace pour la santé de sa dée... de son idole. Aussitôt, après avoir marmonné un mot d'excuse, il la saisit.
Il n'avait pas le choix, il ne fallait pas qu'elle courre le moindre risque ! Une paire d'ailes d'un blanc cassé poussa dans son dos, et en un bond, il furent dans les airs. Quelques cris retentirent, mais Noïd volait trop vite pour qu'ils soient identifiés.
Même pas une minute plus tard, il se posait sur le toit, laissant descendre la rousse, avant de cacher ses ailes. Il n'y avait personne, donc elle était en sécurité. C'était tout ce qui importait.

- « Je suis désolé d'avoir été aussi brusque mademoiselle. Heu... je ne connais même pas votre nom d'ailleurs. »

Noïd, un nom avec une résonance étrange pour un habitant de se pays, mais qui paraissait adéquat pour une sirène. Elle se surprit à penser que si un jour elle enfantait, ce nom lui plairait pour un garçon.

La réaction du jeune homme l'étonna encore plus. En une fraction de secondes, ils étaient dans les airs tout les deux. Ainsi elle découvrit que celui qu'elle avait envoûtée n'était pas humain. Elle ne savait pas encore qu'est ce qu'il était exactement, mais cela la rassura un peu. Il n'était pas humain et pourtant son charme avait agis. Il avait fallu un peu plus de temps, mais pas bien beaucoup plus au final, et son envoûtement avait été efficace puisque la voilà dans les airs avec lui. C'était la première fois qu'elle volait pour ainsi dire. Elle n'avait jamais pris l'avion, préférant largement se déplacer sur la mer et en bateau. Cela comportait moins de risque aussi, si celui-ci venait à couler, elle ne se noierai pas.

Elle se rendit compte qu'elle avait bien fait de ne jamais prendre l'avion. Elle découvrit pour la première fois de sa vie ce qui se nomme le vertige. La tête lui tourna et sa vue se brouilla. Elle n'était vraiment pas à l'aise là-haut. Les lignes droites de l'horizon commencèrent à tourner, à danser même. Un coup à gauche, un coup à droite. Si l'ange ne l'avait pas tenue, elle serai tombée. Le voyage lui sembla durer une éternité pourtant celui-ci ne dura pas une minute. Et il se posa sur le toit...

Dés qu'il l'a lâcha, celle-ci tomba à genoux. Son environnement tournait encore. Elle toucha le sol de ses mains, bien qu'elle aurait préféré plonger dans de l'eau. La au moins, elle ne jouait pas la comédie. Elle releva la tête et s'aperçue qu'elle se trouvait toujours en hauteur, sur le toit de l'école. Elle ne put retenir un cris. Elle ferma les yeux et commença à paniquer. Elle était à genoux et même si ses mains touchaient le sol, elle avait l'impression de tomber.

"T... Terre.... Ramène-moi.... S'il te plaît... PAR TERRE !"

Elle ne s'était jamais sentit ainsi. Cela l'avait pris si soudainement ! Jamais plus elle ne montrait trop haut dans un immeuble, ni ne se pencherait à une fenêtre !

"S'il te plaît..."

Elle était au bord de la crise de larmes. Le vertige la plongeait dans une telle panique qu'elle n'en revenait pas elle-même. Elle rouvrit les yeux et des larmes s'en échappèrent. La terre tournait toujours sous elle alors elle les referma de nouveau.

L'envoûtement allait s'estomper, si ce n'était pas déjà fait. Elle le sentait. Noïd recouvrait rapidement ses esprits. Pourvu tout de même qu'il la redescende sur terre avant...

"T... Terre.... Ramène-moi.... S'il te plaît... PAR TERRE !"

Ah, merde. Elle se sentait mal. Noïd se surprit à cette pensée, d'un genre complètement différent de celui qu'il avait auparavant. Ne comprenant plus très bien ou il en était, Noïd dévisagea la sirène. Sur le coup, elle était franchement moins crédible. Son visage était tordu par... le vertige ? Tout à coup, l'image de perfection qui habitait l'esprit de Noïd et qui concernait l'inconnue se prenait une baffe, le genre qui te secoue assez méchamment les neurones.
Et en plus, cela avait affaibli considérablement ses pouvoirs, permettant à l'esprit de Noïd de se débattre inconsciemment.

- « Punaise, j'ai super mal à la tête... Oh, pardon, je ne voulais pas paraître gross... Heu ? »

Tout à coup, l'ange aux cheveux blancs avait un bug, dans le genre monstrueux. Mais depuis quand il se souciait de son langage devant les gens lui? Il secoua la tête, furibond.
Après tout, l'important n'était pas sa manière de parler, mais plutôt comment il la serv... Heu ?
La, sans se formaliser de la présence de la sirène, Noïd s'auto-administra une tarte énorme, jusqu'à se projeter en arrière et à tomber sur les fesses.
Il se redressa, et s'adressa à la seule personne présente, même si elle ne semblait pas en super bon état.

- « Bon... tu es gentille et tu m'expliques ce que j'ai foutu, la ? »

Servir quelqu'un... Non et puis quoi encore ? Ce fut seulement à ce moment là qu'il se rappela quelques paroles de son interlocutrice. « Bon, je te dois une explication sincère... Je... Ne m'en veut pas... Je suis une sirène et je t'ai envoûtée... »
Lorsqu'il eut ça bien au clair dans la tête, le déchu fit un effort de mémoire pour se remémorer ce qu'il savait des sirènes. Des êtres, à l'origine aquatique, qui attiraient les marins par le pouvoir de leur chant pour ensuite les bouffer. Bon, c'était un moyen comme un autre de se nourrir. Non, ce qui l'agaçait plus, ce fut qu'il ai été pris pour cible par ce chant.
Et que donc il avait eu de grandes chances de finir dans l'estomac d'une sirène.
Une seule réaction possible.

- « ALORS COMME ÇA TU AS ESSAYE DE TE BAFFRER AVEC MON CORPS HEIN ? TU VOULAIS FAIRE CE QUE TU VOULAIS DE MOI, C'EST ÇA ? »

Noïd était quelqu'un d'individualiste, il faisait presque toujours le contraire ce que la masse faisait, alors lorsqu'il apprenait qu'il avait été, l'espace de quelques minutes, le jouet d'une femme le mettait en rogne.
Quoique rage eut été plus approprié. Noïd se saisit de la sirène, trop faible pour riposter, par le col. « La prochaine fois que tu fais un truc pareil, je te pète les dents, compris ? ».

Et ce fut la qu'il eut une idée...diabolique. Elle avait le vertige, hein ? Alors il s'approcha, l'enserra et... décolla à nouveau. Sauf que cette fois, il ne visait pas un lieu en particulier. Juste des hauteurs, au point qu'ils se faisaient camoufler par des nuages. Une fois qu'ils furent isolés, il dit

- « Bon, bah maintenant dis pourquoi t'as essayé de me charmer. Et t'as pas intérêt à mentir, car sinon je continue à monter. Et je te lâche. »

Et il était assez en pétard pour le faire.

What... WHAT ?! Rien n'allait comme prévu. Tout allait trèès mal en fait. Comment avait-elle pu se mettre dans une galère pareil ?

Vraiment elle avait choisit la mauvaise personne. Elle ne s'était pas douté le moins du monde qu'il puisse réagir ainsi. Et hélas le charme ne fonctionnait plus. Elle était coincée là-haut avec un jeune homme qui n'avais visiblement pas apprécié le petit tour qu'on venait de lui jouer. Finalement peut-être bien qu'elle avait fait une erreur... Cela virait au cauchemar.

Que faire ? Elle ne pouvait rien faire de toute façon. Elle entendait à peine ce qu'il disait, mais elle n'avait pas besoin d'entendre pour comprendre la colère dans laquelle elle l'avait mise. Toujours les yeux fermés, elle sentit son être quitter de nouveau le sol, elle ouvrit les yeux et vit le toit s'éloigner d'elle peu à peu. Oh non... Oh... Non... non... Il voulait sa mort !

Elle ne sentait plus rien sous elle, elle battait des jambes dans le vide. Oh mon Dieu. L'angoisse n'en fut que plus grandissante. Elle allait mourir c'était certains. Elle ne pouvait strictement rien faire. Le poids sur son torse se faisait grandissant à mesure qu'ils montaient et de plus en plus, elle avait du mal à respirer. On aurait dit un asthmatique en pleine crise. Un véritable cauchemar.

L'homme lui posa une question à laquelle elle fût incapable de répondre. Elle ne pouvait plus prononcer un seul mot au risque de perdre le seul souffle qu'elle peinait déjà à avoir. Elle gigotait toujours tentant désespérément de toucher quelque chose sous ses pieds. Tout tournait autour d'elle, sa vue se brouillait, ses larmes se mirent à couler. Elle n'avait jamais été aussi faible qu'à ce moment-là.

Elle regardait l'homme en colère sans le voir, tout ce qu'elle voyait c'était le vide dans lequel elle s'enfonçait. Elle ne jouait pas la comédie. Elle était vraiment mal, respirait difficilement. A chaque fois elle perdait un peu plus de souffle. Elle manquait d'air. De plus en plus. Elle ne pensait plus qu'au vide sous elle, et autour d'elle. Elle en oubliait même celui qui la tenait. Plus rien n'existait que ce vide.

Elle cessa de gigoter et sa vue se brouilla définitivement, elle arrêta bientôt de respirer. Les méandres de l'inconscience la happèrent sans même qu'elle s'en aperçoive, et elle n'était plus maintenant qu'une marionnette dans les bras d'un ange déchu.

Ah. Merde. L'autre débile s'était évanouie dans ses bras, mettant le déchu dans une situation qu'il trouvait franchement embêtante. Il s'était endormi, s'était fait charmer, comble de l'horreur pour lui, avait du trimbaler une nana dans les airs en guise de punition et alors qu'il savourait sa victoire, cette idiote s'évanouissait.
Ah, je vous jure, aucun respect de la vengeance des autres. Ah, merde, elle avait arrêté de respirer aussi.

- « Put***... Jusqu’où elle va aller pour me rendre la vie impossible celle-la ? »

Juste pour le plaisir de l'embêter un peu plus, même dans l'inconscience de la sirène, Noïd fit un looping, avant d'entamer sa descente. C'est vrai qu'ils étaient très haut après tout, si haut qu'ils parvenaient à peine à distinguer les bâtiments du lycée Yokai, camouflés par quelques nuages. En plus, l'air se raréfiait à cette altitude, sans parler de la température.
Noïd survola, Leigh-Ann toujours dans les bras, le bâtiment administratif. Il recherchait un endroit en particulier... Ah, voilà. La cantine scolaire. L'ange aux cheveux blancs la survola lui aussi, jusqu'à arriver à un endroit qui, même alors qu'il était à plusieurs dizaines de mètres de haut, lui titillait énormément, et dans le mauvais sens du termes, les narines.
Le tas d'ordures qui restait après avoir préparé le repas pour un lycée de monstres.

- « ...Tu te sentais mal en altitude, hein ? »

Noïd saisit la sirène par la ceinture, la balança d'avant en arrière, augmentant l'amplitude de ses mouvements au fur et à mesure. Il était tellement en colère qu'il lui semblait que la jeune femme ne pesait pas plus lourd qu'une plume, et qu'il aurait pu l'éclater en la jetant contre un mur s'il le désirait.

- « ALORS COMME ÇA TU AS ESSAYE DE ME CHARMER, HEIN ? »

Pour un homme qui avait une mentalité comme le déchu, hyper individualiste et indépendante, se faire charmer par quelqu'un et surtout être forcé à adorer quelqu'un contre sa volonté était un châtiment aisément comparable à la mort.

- « ALORS REDESCENDS ! »

Et il la largua sans ménagement dans le tas d'ordures, qui puait énormément. La sirène atterrit dans le tas de déchets, faisant décoller un emballage de raviolis au passage. Le déchu se boucha le net, et se posa à côté, à une distance raisonnable pour ne pas suffoquer à cause de l'odeur néanmoins.

- « Zé mintnant, ze tordonne dé mo daiyre pouqwa ta fé cha. »

Ah oui, découverte du jour, parler alors que l'on a le nez bouché, ce n'est pas ce qu'il y a de plus simple. A regret, l'ange se déboucha les sinus. Aussitôt, le déferlement d'odeurs nauséabondes l'envahit, le mettant à deux doigts de vomir, même s'il faisait son possible pour ne pas le montrer. Il put néanmoins reprendre.

- « Je disais... et maintenant, je t'ordonne de me dire pourquoi t'as fait ça. »

Leigh-Ann grimaça. Quelque chose n'allait pas. Elle était très mal placé, des "trucs" lui rentraient dans le dos. Et cette odeur ... Cette odeur ! C'était insupportable ! Elle se redressa, ouvrit les yeux et comprit en voyant Noïd en face, un peu plus loin. Elle fronça les sourcils. Mais pour qui se prenait-il ?! Cet humain, si pathétique et tellement facile à influencer. Elle n'aurai jamais dû rebrousser chemin, elle aurait du le mordre à pleine dent, au moins le tuer. Faire couler son sang, oh oui maintenant elle le voulait. Il ne s'en sortirait pas comme ça !

Mais il fallait réfléchir avant d'agir. Et ce n'est pas cette odeur nauséabonde qui la dérangerait pour ce faire. Il fallait répondre à cette humiliation. Elle s'était lourdement trompée sur son compte. Sans même lui répondre elle se leva et sortit difficilement de la poubelle ou elle était. Ses jambes étaient faible, trop faible. Ca l'insupportait de plus en plus. Il faudrait qu'elle trouve une solution pour ça aussi.

Elle se remit debout mais retomba aussitôt, elle s'assit alors contre la poubelle et soupira puis ferma les yeux un instant, pour se reposer. Elle était toute sale et devait sentir aussi bon que la poubelle, mais elle n'en avait que faire. Elle haïssait profondément les humains, encore plus maintenant. Cet homme venait de lui prouver qu'on ne pouvait définitivement pas leurs faire confiance. La chose positive qu'elle retiendra de cette rencontre, c'est qu'elle a découvert son vertige, et pourra ainsi y faire face la prochaine fois. Si elle s'est faite avoir aujourd'hui, c'est parce qu'elle ne savait pas qu'elle possédait cette phobie, elle avait laissé ses sentiments la submerger (oui ça arrive aux sirènes). Mais la prochaine fois, elle se contrôlerai et contiendrai sa peur, jusqu'à l'étouffer et ne plus laisser paraître aucun signe de mal être en l'air. Elle ne pouvait pas se permettre de garder un tel défaut.

Elle sentit que Noïd en face, s'impatientait. Elle finit par répondre froidement, sans même un regard pour lui.

"Je te l'ai déjà dit."

Sur ce, elle se leva et commença à marcher en direction du bâtiment. Elle allait rentrer chez elle et prendre une douche avant de "reprendre le travail". Allait-il la suivre ? Probablement ? La ferait-il revoler ? Peut-être. Si tel 'était pas le cas, elle rentrerai chez elle et préparerais sa vengeance. Si tel était le cas... Elle improviserai.

Je te l'ai déjà dit ? Nan, mais elle pensait sérieusement qu'elle s'en tirerait avec un « Je te l'ai déjà dit. » ? Noïd serra les poings, et adressa un superbe bras d'honneur à la sirène.
Qui l'ignora totalement.
Pire, elle se leva même, quittant le maximum d'élégance que pouvait avoir quelqu'un qui venait d'atterrir dans un tas d'ordures ledit tas d'ordures en question.

- « Toi... Tu vas pas te foutre de moi longtemps », dit le déchu en grinçant des dents. « Reviens. »

Voyant que son discours n'avait pas plus d'effet que de renverser un verre de sable pour étouffer un feu de prairie, l'ange déchu s'approcha du mur de la cantine. Il n'avait pas l'intention de laisser s'échapper quelqu'un qui avait commis le crime de penser pouvoir le réduire en esclavage. Et qui avait été à deux doigts de réussir.

- « Je viens de te dire que tu n'allais pas partir, tu réalise ? Alors reste-la avant que ça devienne douloureux pour toi. »

Toujours aucune réaction. Tant pis, il aurait au moins essayé de la prévenir.
Sans se préoccuper des potentielles personnes aux alentours, de toute manière, normalement, il n'y avait personne près d'un tas de déchets, Noïd chargea d'énergie son poing, et décocha un coup dans le mur, assez puissant pour y imprimer une énorme fissure, et, plus important, en détacher un énorme pan.
C'était le genre de démonstration qui avait toujours tendance à impressionner les personnes non-habituée. Car sans être de mauvaise carrure, Noïd n'était pas le genre de personne que l'on pouvait imaginer fracasser un mur de cette façon.

- « REVIENS...ICI... J'AI DIT ! »

Le morceau de mur qui tombait devant lui se reçu à son tour une énorme patate chargée en énergie qui, à défaut de le pulvériser, le projeta droit en avant, pile dans la direction de la sirène, qui se le mangea de plein fouet. Strike !
Maintenant, tout ce que la sirène avait gagné, c'était que le déchu était définitivement hors de lui. A force de vouloir esquiver les explications... C'était tout ce qu'elle méritait.

Bien que le visage de la belle ne le montrait pas, elle était au moins aussi remonté que lui. Et il continuait de lui parler, de la menacer sans que ça n'y change rien. Il aura fallu un bout de mur dans le dos de la sirène pour qu'elle réagisse. Même l'explosion quelques secondes auparavant n'avait pas eu grand effet. D'une colère noir, le monde aurait pu s'effondrer autour d'elle elle qu'elle n'en aurait rien eu à faire.

Elle s'écroula sur le sol en lâchant un cri sur-aiguë. Elle avait l'impression qu'on venait de lui briser les os du dos. Elle se tourna de trois quarts pour dégager le débris qu'elle avait sur le dos puis se remit à plat ventre et ne bougea plus, attendant que la douleur s'en aille. Allait-elle seulement s'en aller ? Elle serra les poings. Ce gars ... Elle allait le tuer ! Elle aurait sa peau, bordel ! Il n'allait pas s'en sortir comme ça. Que croyait-il ? Qu'elle était faible et sans défense ? Que c'est en jouant au gros bras qu'il lui ferai peur ? Et bien il se trompait lourdement ! Il ne faisait qu’attiser sa haine. Elle raillerai ce gamin de la carte à tout jamais. Elle aurait dû le faire lorsqu'elle en avait l'occasion, oh oui elle aurait dû. Mais ça fait rien, elle trouvera un autre moyen de l'éliminer. Entamer un chant maintenant serait inutile elle le savait. Mais la vengeance était un plat que l'on mangeait froid. Surtout chez elle. Elle était pleine de ressources, elle trouverai un moyen de le faire tuer.

En attendant il ne lâchait pas l'affaire. Elle ne l'écoutait pas plus qu'avant. Elle réfléchissait. Qu'est ce qu'elle ferai de lui ? Il ne faudrait pas non plus éveiller les soupçons...

Elle finit par se relever au prix de nombreux efforts. Enfin se relever... Elle se mit sur ses genoux, mains encore aux sols. Il fallait qu'elle s'échappe. Mais elle ne pourrait pas. Il la rattraperai trop facilement. Crier à l'aide ? Non il la dévoilerai, elle ne pouvait pas prendre un tel risque. Elle soupira. Elle était coincée avec un malade qui n'écoutait rien, un fou furieux qui n'allait pas la lâcher avant de l'avoir fracasser complètement semblait-il.

"Je te l'ai dit bordel ! Je n'ai fait que tester quelque chose sur toi, et comparer à toi je n'avais pas de mauvaise intention ! Tu n'a pas écouté un traître mot de ce que j'ai dit. "

Elle tourne vers lui le regardant avec colère cette fois-ci. Il était inutile de se cacher maintenant. Elle se redressa et lui fit face. Elle ajouta.

"Qu'est ce que tu veux que je te dise de plus ?! Qu'est ce que tu attends de moi ? Que je me mette à genoux pour te supplier de me pardonner ? Te supplier de m'épargner ?! Tu peux toujours courir pour ça ! Et crois-moi tu vas regretter tout ce que tu as fais, parce que je vais pas te laisser t'en sortir comme ça."

Son dos la faisait atrocement souffrir, mais il ne fallait pas le montrer. Inutile de montrer cela. Elle tiendrait parce qu'elle est forte. Il fallait lui montrer que ses attaques n'avaient aucun effet sur elle.

Elle n'avait aucune chance de s'échapper maintenant, il fallait attendre que cet être daigne la lâcher, qu'il s'en aille par lui-même. Le ferait-il après ce qu'elle venait de dire ? Rien n'était moins sur. Se laisser emporter n'était jamais une bonne chose en fait.

Elle soupira et fit mine de se calmer un peu.

"Toute façon cette situation ne mène à rien. Je comprend que tu puisses être énervé mais tu comptes faire quoi ? Me péter la gueule ? Tu vas t'attirer des problèmes. Je vois pas ce qu'on peut faire de plus là. Ne laisse pas ta colère t'aveugler encore et pour une fois, écoute ce que je dis."

La sirène tentait de le calmer de sa voix mélodieuse, sans pour autant le prendre sous son contrôle. Pour cela il fallait un chant de toute manière. Et puis elle semblait sincère, son visage n'était plus défiguré par la colère, elle s'était reprise en main.

Peut-être pour la première fois depuis le début de la conversation, Noïd commença à envisager de se calmer. Envisagea seulement, mais en tout cas, maintenant qu'il avait pu se défouler et qu'il avait projeté un pan de mur dans le dos de la sirène, il se sentait étrangement beaucoup plus calme.
Bon, après, jeter des pierres sur quelqu'un n'est pas l'attitude la plus mature qui soit, aussi Noïd se demanda soudainement si réfléchir avec ses artères était une si bonne chose.
La sirène semblait vouloir faire comme de rien n'était, néanmoins aucune personne ne pouvait recevoir un mur dans la tronche sans subir la moindre séquelle.

Et elle lui posa la question de ce qu'il voulait. Très bonne interrogation à vrai dire... Noïd reposa un débris de mur qu'il tenait au creux de la main droite, et croisa les bras. C'est vrai que l'exploser, à défaut de lui soulager clairement les nerfs, n'aurait pas une très grande utilité.
Et en plus, elle lui rappela qu'il risquait de s'attirer un bon paquet de problèmes. Bon après, les conséquences de ses actes, il n'en avait un peu strictement rien à faire.

- « Alors... parlons-calmement. Essaie pas de me dissuader de faire quoi que ce soit, je n'ai strictement rien à faire des conséquences que démolir quelqu'un peut entraîner. »

Il l'incita à le suivre d'un signe de tête, alors qu'il se mettait à marcher. Après tout... dialoguer à côté d'un tas d'ordures n'était pas franchement la chose la plus enrichissante qui soit, étant donné l'odeur, assez envahissante, qui s'infiltrait dans leurs narines à tous les deux.
Noïd reprit la parole, toujours assez remonté, mais se forçant à rester calme, par pure flemme d'exploser un bâtiment entier.

- « Et dis moi... pourquoi je devrais te faire confiance ? Je te rappelles que tu as essayée de me réduire en esclavage, pour ton « test. », alors donne-moi une bonne raison de ne pas te traîner devant la direction pour abus de pouvoir sur un innocent. »

Il planta son regard rouge vif dans celui bleu océan de Leigh-Ann. Il frémissait encore à l'idée d'avoir failli être le subordonné de quelqu'un.

- « Bon... Je suis prêt à ne pas te démolir tout de suite, et à t'accorder le bénéfice du doute, mais ne t'avises juste pas de recommencer, sur moi en tout cas, sinon je te promet que je ne serais pas aussi cool. »

Il se frotta la tête perplexe, jusqu'à ce qu'un souvenir remonte à la surface et le fasse tiquer.

- « Heu... dis-moi juste. POURQUOI tu as eu besoin de m'embrasser ? Non mais sérieusement... »

Elle se remit sur ses jambes, non sans mal du fait de son dos. Elle se retint de montrer quoi que ce soit, mais Dieu qu'elle avait mal ! Heureusement que les sirènes ont une colonne vertébrales assez résistantes du fait de tout les mouvements ondulatoires fait pour pouvoir nager sous l'eau. Elle se demanda tout de même s'il n'était pas plus prudent de passer chez un médecin pour vérifier qu'il n'y avait rien de grave... Seulement elle n'avait aucune confiance en ces gens-là, et l'idée qu'il lui palperait le dos... Hors de question !

Il semblait enfin se calmer un peu. Il était temps. Elle haussa un sourcil.

« Je devrais te dissuader de me péter la gueule ? Non mais ou va le monde ? Tu me doit des excuses, tu m'a littéralement cassé le dos et de manière abusive ! »

Jamais elle ne se mettrait à genoux, ne supplierait quelqu'un de l'épargner, certainement pas un pathétique humain. Elle les extermineraient tous, jusqu'au dernier. Elle s'éloigna du tas d'ordure tout en restant à bonne distance de lui. Non pas qu'elle ait peur, elle prenait juste ses précautions, ce qu'elle disait n'était pas toujours fait pour le calmer. Mais elle ne pouvait décemment pas se laisser traiter de la sorte.

« Et tu parles de pouvoir abusif ?! C'est... -elle chercha l'expression exacte- l'hôpital qui se fout de la charité ! J'ai rien fait de mal moi, toi tu m'a agressé. C'est plutôt moi qui devrait aller me plaindre à la direction. T'es un fou furieux, un danger public ! »

Elle croisa son regard, il avait les yeux rouges. Bien qu'il semblait s'être calmé, elle resta sur ses gardes, elle parlait d'une voix douce, qui se voulait calme, mais franc. Enfin il capitula. Elle soupira de soulagement et tourna la tête. Elle réfléchirait à tête reposer à la façon dont elle pourrait se débarrasser de lui, il regretterait bientôt de l'avoir laisser en vie...

Pourquoi l'avait-elle embrasser ? La raison officieuse était qu'elle le faisait toujours, pour se rapprocher en douceur du pauvre homme qu'elle allait bouffer, et ainsi il garderait un souvenir merveilleux pour la fin de sa vie. Les sirènes ne sont pas si cruelles au final ! Officiellement il était hors de question de lui dire ça.
Cela dit, s'il posait la question, c'est que ce geste l'avait troublé. Intéressant...

Elle détourna les yeux.

« Hum... C'est comme ça qu'on fait tout le temps quand on envoûte les gens. C'est une … Habitude. »

Elle soupira de nouveau et se tourna pour marcher.

"Tu m'excuses mais j'ai des trucs à faire."

Elle voulait rentrer chez elle et se changer. L'odeur lui devenait insupportable. Elle avait fait une erreur avec ce garçon, elle ne la comettrait pas une deuxième fois. Son dos... La douleur devenait aussi insupportable. Combien de temps lui faudrait t-il pour s'en remettre ?

"Ptain tu m'as pas raté !"

Elle s'arrêta et s'accroupie. Le temps que la douleur daigne s'en aller.

L'ange déchu leva les yeux au ciel. On se posait vraiment la question de qui était le plus responsable entre celle qui avait tenté de réduire l'autre en esclavage, et celui qui s'était défendu de manière assez virulente ?

- « Redescends sur terre, ma vieille... Tu crois vraiment que dans ce lycée, la direction en a quelque chose à faire, de quelques côtes pétées ? En plus, le « danger public » en question, n'en a pas grand chose à cirer de se faire secouer les puces, ça lui est arrivé plus d'une fois. », soupira Noïd en haussant les épaules.

Il la fixa droit dans les yeux, absolument pas gêné par cela. Il avait établi qu'une fois son contrôle brisé, il avait clairement le dessus sur elle, d'un point de vue force de frappe. Seulement une fois que le contrôle était brisé... Et cela avait été rendu possible par une seule chose, la chance. Si par manque de bol, la sirène n'avait pas été sujette à un vertige assez féroce, jamais elle n'aurait lâché prise sur son contrôle, ce qui lui avait permis de s'en sortir.
Autrement dit, si elle le chopait encore une fois alors qu'il dormait, le réduire à l'état de jouet ne serait qu'une formalité pour elle.
Mais ne surtout pas envisager cette possibilité...

"Tu m'excuses mais j'ai des trucs à faire."

Elle se détourna, et d'un pas qui se voulait assuré, s'éloigna de lui, avant de se laisser tomber accroupie, de douleur probablement. Noïd leva un sourcil, d'une certaine manière amusé par la situation, et laissa échapper un sourire.
Faut croire qu'elle avait compris que s'approcher de lui avait été une énorme erreur... L'instabilité était sa marque de fabrique, et il n'avait pas de scrupules à cogner quand il le fallait, et cela de manière assez féroce.

"Ptain tu m'as pas raté !

- « Espères même pas que je te plaigne, tu l'as bien mérité... Bon, sur ce, je me barre... C'est pas que ta présence me fait chier, mais... En fait si, ta présence me fait chier... Tchao. »

Une paire d'ailes d'un blanc cassé jaillirent de son dos, comme tout à l'heure. Prenant appui sur ses pieds, et maintenant de manière plus naturelle, vu qu'il n'avait plus personne à porter, il s'envola, avec une aisance qui prouvait une longue expérience des cieux. Et il planta la Leigh-Ann, songeant qu'elle se débrouillerait très bien toute seule et que de toute façon, si elle avait mal, elle avait l'infirmerie, et elel aurait qu'à charmer une autre poire innocente.

En aurait-il vraiment rien à faire si elle parvenait à le faire virer du lycée ? A vrai dire cette idée ne lui correspondait pas vraiment, la véritable vengeance pour elle était sans doute la mort, ou le faire souffrir plus qu'elle n'avait souffert. Cette maigre menace, peut-être la mettrait-elle à exécution, mais elle ne le laisserait pas en paix même après ça. A bien y réfléchir le faire virer signifierai se dévoiler, et ça ce n'était pas une bonne idée. La vraie bonne idée était tout simplement de se débarrasser de lui. Il représentait maintenant un danger pour elle. Déjà il fallait trouvé des informations sur lui. Ca ne devrait pas être trop compliqué, ensuite soit employé quelqu'un de plus fort que lui pour le démonter, soit elle s'en chargerait elle-même, en prenant bien garde de ne pas cette fois-ci relâcher son chant.

Elle se rendit compte qu'elle ne pensait plus qu'à ça. Mettre un terme à sa vie. Ne pouvait-elle pas faire mieux que ça ? La douleur la stoppa net dans sa réflexion. Il lui avait brisé le dos !

Leigh-Ann resta plantée la pendant de longues minutes, l'autre avait du s'envoler, à vrai dire elle n'y avait pas trop fait attention. Elle serra les poings et finit par se relever. Rentrer chez elle était pour l'instant le principal, ensuite elle verrai à trouver le dossier scolaire de ce Noïd et à se renseigner sur lui et ses habitudes. Probablement trop facile pour elle. Le plus difficile pour elle a toujours été de rester discrète. Lorsque l'on envoûte quelqu'un il est difficile de n'en laisser aucune trace dans le cerveau de la personne. Il n'y avait qu'à voir la réaction disproportionné de ce gars. Il ne l'oublierai pas de si tôt. Dommage, il allait devoir mourir.

Elle se mit à chantonner en marchant, comme pour se donner du courage. Elle en viendrai à bout de lui, jamais rien n'avait pu lui résister, il n'allait certainement pas être le premier. En rentrant chez elle, elle se déshabilla et prit un bon bain revigorant. De l'eau, c'était ce qu'il lui fallait. Et peut-être un peu de viande. Une fois qu'elle irait mieux, elle repartirait en chasse.


[FINIS \o/]