Il ne reste plus que le bidon d'essence

Il parait que dans le monde des humains, les fonctionnaires étaient vu comme des faignants. Hé bien le premier qui prononce ce mot devant Nahla se retrouvera avec quatre fers imprimés dans la tête et le ventre. Aie. Depuis ce matin qu’elle surveillait les couloirs. Depuis le début du mois, un pic atroce d’absence aux cours avait été noté. Bien, ça ne se passera pas comme ça. Les professeurs étaient là pour quoi au juste ? Prendre le café durant une pause qui s’étend de 15 à 56 minutes ?
… malheureusement oui. Elle avait quitté son bureau en boitillant pour se rendre dans cette salle réservé aux adultes (les surveillants, personnel et autre comité de sécurité.). Elle n’osait pas imaginer ce qu’il se passerait au premier petit impudent à mettre une patte ici. Juste ceux qui désirait ardemment avoir un exposé détaillé sur la vie des banquiers durant la renaissance en Italie. C’est étrange mais cela devait sans doute exister. Bref, elle s’était octroyé une pause car passer les couloirs au peigne fin et convoquer les fautifs dans son bureau afin d’avoir une explication, c’était assez fatiguant. Et puis ses jambes qui lui faisaient mal… Afin de dissimuler sa véritable nature de centaure, elle avait demandé à un magicien de l’infirmerie de lui préparer une potion. Cela faisait huit siècles qu’elle s’était habitué à marcher à quatre pattes. Changer une habitude n’était pas si facile que ça. C’était même très douloureux.. Ses jambes ressemblaient à n’importe quelle autre jambe. Longue, dans le même teint de peau que son corps, c’est-à-dire métissé, et dans les proportions adéquates. Les siennes avant de devenir une démone. Elles semblaient normales ces jambes mais lorsqu’elle marchait, elle devait s’appuyer sur une béquille afin d’avoir l’air «normale ». Cette contrainte l’agacait. Des surveillants proposaient parfois leur aide mais elle pouvait se débrouiller tout seule. Enfin c’est ce qu’elle pensait. Son amour-propre en prenait un sacré coup.
Quand elle marchait, on aurait dit qu’elle ne savait pas comment les utiliser. Elle mettait le pied l’un de vant l’autre mais sa démarche n’avait rien de naturel. La métamorphose partiel n’avait pas que du bon. Heureusement que son cappucino était là pour la consoler.
Elle prit la bombe chantilly qu’elle s’était offert (et sur lequel il était marqué SON nom pour éviter que quelqu’un ne le prenne) et en mit une giclée sur son café. Haa c’était bon. Et vu l’après-midi qui se faufilait, il valait mieux s’armer de courage. Elle étendit ses jambes, c’était là qu’elle avait le moins mal. Tant pis pour celui qui se vautrerait. Il fallait regarder où on mettait les pieds.
Nahla arrangea un peu sa coiffure comme elle avait l’habitude de faire. Bon, le directeur lui avait dit que ce n’était pas la peine d’essayer de faire de la séduction… mais c’était plus fort qu’elle. Le passé de courtisane avait ses tords… tant pis. Elle s’était vêtu d’une robe noire et d’une veste en jeans foncé. Comme à son habitude, quelques bracelets et chaines en or parsemaient ses membres. Soudain, elle entendit des bruits de pas précipités. Elle leva la tête puis aperçut une tête qu’elle reconnut sans peine.Non deux ! Quelle surprise…

« Itsuki Kakushi…, murmura-t-elle pour elle-même entre ses lèvres, mais quel bon vent t’amène ? »

Elle se leva presque sans mal et mit la tasse dans l’évier pour enfin sortir en boitillant. Itsuki attendait devant la porte de son bureau avec un membre du comité de sécurité qu’elle reconnut comme Isae Yasha. Elle s’approcha d’eux.

« Alors, tu fais encore des tiennes Itsuki Kakushi… qu’as-tu brulé cette fois ci ? Pas le couloir du troisième étage tout de même… il vient tout juste d’être peint. »

Nulle colère n’étranglait sa gorge. Il fallait être pédagogue avec ce genre de tête brulée. Surtout avec Itsuki qu’elle avait déjà vu dans un drôle d’état. Elle n’était pas vraiment de celle à hurler facilement. Et puis malgré ses tendances un peu pyromane, il était plutôt sympathique. Elle se tourna vers la membre du comité de sécurité.

« Merci de me l’avoir ramené Isae. Que s’est-il passé avec l’allumette ? »

Il ne reste plus que le bidon d'essence Rinoku10

Darkness. Fire. Death. Trois mots qui pouvaient paraître si.. Magiques ? Non. Terrifiants ? Non plus. Délicieux... Oui. Appétissants, mais pas dans le même sens que de la nourriture. Une âme à brûler vive, à faire hurler de douleur, à regarder se tordre de douleur dans les flammes des enfers... C'était enivrant.

Ce jour-là, Itsuki s'était réveillé dans une colère noire. Et encore, le mot était faible. Kuro avait senti qu'il ne fallait pas l'emmerder, et était parti vite fait bien fait dans la forêt. Mais le démon n'avait rien vu. Son rêve le hantait. Il revoyait les villageois terrifiés par un fantôme inconnu de tous, sauf de lui. Ils l'insultaient, le haïssaient. Cette rage envers ce pauvre être avait mis Itsuki hors de lui. Il avait rêvé qu'il les brûlait. Tous, pas un survivant. Aucun ne devait vivre. Aucun. Plus jamais des êtres humains ne saliraient la beauté pure de ce fantôme. Never.

Aller en cours aujourd'hui aurait été d'une bêtise affligeante. Itsuki déambulait donc dans les couloirs. Jusqu'à ce que sa rage lui fasse légèrement péter les plombs. Légèrement, voire un peu beaucoup, vous suivez ? Des flammes bleues léchaient les murs, y laissant des marques de brûlures noires. Mais il n'en avait strictement rien à secouer. Tout ce qui importait, pour lui, était de laisser éclater sa rage. Revivre ce moment de sa vie lui donnait envie de faire exploser tout ce bâtiment. Sans y laisser ne serait-ce qu'une once de vie.

Mais pourquoi ? C'était lui le fautif, dans cette histoire. S'il n'avait pas été vu avec sa soeur, jamais il n'aurait perdu l'amour de sa vie. Grondant, il sentit la prochaine étape de transformation, mais la repoussa. Non. Pas maintenant, pas encore. Une fois était suffisante, craquer maintenant aurait été d'une stupidité dévastatrice.

Mais il avait laissé des traces de son passage. D'ailleurs, quelqu'un arrivait. Génial. Dire qu'il pensait qu'il serait tranquille ne serait-ce qu'une petite matinée... Lâchant un juron, il se laissa traîner. Après tout, il n'avait pas envie de se battre. Bien qu'un petit combat pourrait peut-être le calmer...

Attendez. Conseillère Principal d'Education ? Mais oui ! Oh putain, génial. Il l'aimait bien, la petite. Enfin, petite... Elle était vachement plus vieille que lui. Mais ce n'était qu'un détail.

Ils arrivèrent, et Itsuki eut presque envie de sourire. Presque. Il salua poliment la jeune femme, et sourit, pour la forme. C'était douloureux, d'étirer les lèvres ainsi. Mais bon, fallait pas passer pour un "délinquant". Même s'il venait parce qu'il avait brûlé des murs. Encore. Again and again...

Soupirant, il regretta que la question ne lui fut pas destinée. Il aurait bien répondu au nom de "l’allumette", mais il ne pouvait pas. Levant les yeux au ciel, visiblement saoulé, il mit les mains dans ses poches, et fixa le mur derrière. Combien de fois allait-il "faire des siennes" ? Beaucoup, c'était sûr. Ce fut à ce moment-là qu'il remarqua l'absence de Kuro.

Absence qui ne dura pas longtemps, il le sentait arriver. Le Cat Sith entra dans la pièce en ronronnant, le ventre rebondi, et grimpa sur la tête d'Itsuki, comme à son habitude. Haha, quel chat trop mignon. Mais passons, il devait se faire engueuler, avant de pouvoir caresser l'animal à deux queues.

Les élèves à cette heure de la matinée, étaient normalement tous en cours en train de potasser leur leçon, leur plume griffonnait sur le papier, attentifs au moindre parole du professeur. Mais ce n'étais pas le cas pour notre jeune aigle, elle déambulait de puis un long moment à travers les couloirs en quête de quelques étudiants ayant dans l'idée de ne pas se présenter en classe. Les pauvres n'avaient pas encore la conception d'un besoin vital de cette culture générale qu'ils devaient ancrer dans leur esprit étroit, Isae, quand à elle ne faisait pas le surveillant par plaisir. On lui avait demandé de remplacer un des membres du comité malade dans sa tâche de faire des rondes interminables ce jour-là.

A son grand dam, la foule d'élève trainant paresseusement dans l'enceinte du lycée était décidée à se faire désirer, attisant le feu de sa mauvaise humeur par une lassitude et un ennui pénétrant profondément. Soupirant de désespoir, si elle avait eu le choix de dire oui ou non, elle aurait préféré prendre l'option où les cours étaient inclus. Soudain, son odorat senti une légère odeur de bruler et ses oreilles d'animal purent entre un crépitement non loin de sa position, guidée par le fils intouchable de fumée, elle se retrouva nez à nez avec un élève. Ce dernier avait l'air à son avis dans les nuages car les yeux épuisés et dans le vide en étaient les symptômes, il arpentait l'un des murs du deuxième étage, néanmoins, ce contact était pour le moins...carbonisant. Une trainée de flammes bleues s'incrustaient dans le béton cellulaire, donnant de belles tâches calcinées.

L'aigle sauta sur l'occasion, accélérant sa démarche vers le jeune homme, qui s'appelait Itsuki Kakushi, un démon pyromane dirons nous. Il n'avait pas vraiment l'air de les dégâts qu'il causait à cet instant ou bien il en avait rien à faire. Elle le rappela à l'ordre d'un air supérieur et lui imposa de la suivre, son objectif étant de trouver un responsable. Une intuition la mena à la salle réservée aux professeurs même si les personnes du Comité avaient accès à ce lieu, elle ouvrit la porte sur une personne familière. La nouvelle CPE arrivait quelques mois auparavant, elle s'approcha avec l""élève" salvateur même s'il allait être remercier d'une façon peu honorable. La surveillante principale paraissait d'humeur calme, elle interrogea Itsuki sur ce qu'il avait fait mais ce dernier n'ouvrit point la bouche, peut-être, il n'y voyait aucun intérêt. Du coup, elle se retourna la question à Isae avec humour notamment en surnommant Itsuki "Allumette", l'aigle faillit éclater de rire mais se contenta de sourire en coin et de répliquer froidement:

-Non, il ne s'en est pas pris au troisième, il a choisi de descendre d'un degré donc à une partie du deuxième étage.

» Les souvenirs volent, la paperasse reste (PV Sieg)

Il ne reste plus que le bidon d'essence

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