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 La victoire appartient à ceux qui volent tard.

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La victoire appartient à ceux qui volent tard. Empty
MessageSujet: La victoire appartient à ceux qui volent tard.   La victoire appartient à ceux qui volent tard. I_icon_minitimeSam 17 Nov - 17:34

De sa longue existence, rarement Kyô avait vu un endroit aussi délabré que le cimetière où il avait mis les pieds. Il aurait dû se douter, en partant à la recherche de pages interdites du Livre des Morts, qu'il tomberait sur des endroits aussi mal famés. Mais il n'aurait jamais pu deviner que celui qui l'accompagnerait serait un jeune homme d'une vingtaine d'années, à tendances suicidaires et aux allures de héros de film fantastique nouvelle génération.

C'était simple, tous deux armés d'une pelle au milieu d'un champ de tombes, ils étaient ridicules. Lui, son trenchcoat boutonné jusqu'au cou, une écharpe lui encerclant la gorge aussi strictement que la corde d'un pendu. Ses pieds bottés de cuir, étaient profondément enfoncés dans des chaussettes épaisses. Son pantalon, droit, coincé dans ses chaussures. Sa posture était la rigidité-même, si ce n'étaient les émanations de peur qui suintaient de tout son corps, par un trop plein de nourriture.

Il avait débarqué en Irlande parfaitement par hasard, après une piste infructueuse en Chine. Et il était tombé sur le petit fils d'un bouquiniste bizarre, qui avait des tendances à maudire un peu légèrement toute personne désagréable à son regard. Ce garçon s'appelait Jack Lee. Il était libraire à Dublin, et il l'avait trainé dans sa vieille voiture jusqu'au cimetière abandonné au beau milieu de la plaine la plus proche. Pendant le court voyage et le plus court entretien qu'ils avaient eu, les évènements avaient été résumés de la sorte.

Jack savait où se trouvait une demie-page du Necronomicon. Et Kyô en avait besoin.
Jack ne pouvait approcher de cette page parce qu'il mourrait de trouille à l'idée d'y laisser sa peau, et Kyô était la trouille incarnée.
Jack n'avait que faire d'une telle page, et Kyô lui avait proposé une somme considérable pour le guider et l'accompagner à travers les galeries pour accéder à la page.

Autrement dit, notre chinois tout de cuir vêtu, armé jusqu'aux dents, et notre professeur de sciences occultes, katana à la hanche, faisaient une belle paire de suicidaires. Kyô s'était nourri, et même gavé sur le chemin. Si bien que son âme débordait légèrement de son corps, en craquelant l'aspect si parfait. Sa peau était légèrement craquelée, comme couverte de vergetures noires, suintantes d'une fumée opaque d'où on aurait pu jurer entendre s'échapper des cris. Son regard polaire avait viré au Magenta, et il était tendu comme un arc. La ceinture d'argent - pour prévenir les esprits trop gourmands - était remplie de potions et autres sorts prêts à lancer, qu'il avait préparés avec grand soin. On n'était jamais trop prudent quand il s'agissait du Necronomicon.

Bref. Il faisait nuit noire, seul le quartier de lune jaunie éclairait nos compères. Jack claquait des dents tant il faisait froid, et Kyô finit par faire levier sur la pierre qu'il avait juste devant lui, mettant ainsi la tombe à l'air.

La crevaison aurait dû avoir pour effet un nuage putride de corps en décomposition. Au lieu de ça un long hurlement digne d'un film d'horreur vrilla les oreilles du démon de la peur. Il sentit une décharge d'énergie magique sortir à toute allure de la tombe, et tenter de l'engloutir comme un Tsunami démoniaque. Sa peau se craquela légèrement, alors qu'il aspirait calmement les émanations de peur qui rebondissaient dans tous les coins. Ce fut à ce moment qu'il se rendit compte que celui qui criait, c'était Jack.

Il avait les yeux quasiment hors des orbites, était à deux doigts de se faire dessus, et totalement paralysé. S'il n'avait pas eu peur de se faire des rides, Kyô aurait levé les yeux au ciel. Il lui mit une grosse baffe, croisa les bras sur son torse, et attendit qu'il reprenne ses esprits.

Kyô : Si vous vous arrêtez à la première malédiction d'amateur qu'on pose sur cette relique, nous n'allons pas faire plus de quinze mètres avant que votre coeur ne lâche.

Jack : C'était... C'était horrible. J'étais écartelé. Découpé en morceaux. Je vivais encore. Je souffrais, je souffrais à tout jamais.

Kyô : Vous êtes parfaitement indemne. Cessez de jouer la mijaurée et contentez-vous de me suivre. Je saurai vous protéger, je ne suis pas atteint par ce... genre de sortilège.

Jack : Vous... Vous n'avez pas peur ?

Kyô : ... Monsieur Lee. Il y a je crois quelque chose que votre grand-père ne vous a pas bien expliqué au téléphone. Lorsqu'il m'a dit démon, il ne m'insultait pas.

Jack : Ça je sais, nous sommes de descendants de sang mêlé, je suis au courant de votre existence, mais...

Kyô : Du. Sang. Mêlé. C'est répugnant. A la réflexion continuez de parler. Mourrez vite et proprement je vous prie, mon manteau sort du pressing.

Le jeune homme garda la bouche ouverte stupidement, tel un poisson hors de son bocal. Kyô eut un sourire intérieur et s'enfonça dans la tombe, alluma une lampe torche pour ne pas trébucher. Tout dans ce court tunnel rappelait les mauvais films d'horreur. De la légère brume, due à la poussière qu'ils avaient agitée en ouvrant la trappe, en passant par les murs, suintant d'une humidité qui témoignait de décomposition de chair vivante, pour finir par les cadavres de rats et autres bestioles visiblement déchiquetées avec violence.

Kyô pourtant n'était pas inquiet le moins du monde. Il avançait avec la légèreté d'un gamin se rendant chez son copain de classe. C'était un peu ça au fond. Il allait récupérer les travaux d'un camarade sur un sujet qui l'intéressait. C'était juste un échange de bons procédés. Lui aussi aurait mis des malédictions tous les dix mètres s'il avait à cacher le moyen d'appeler une âme depuis l'Immatériel. Enfin. Surtout si cette demi page donnait aussi le moyen de transférer une âme depuis les limbes vers l'Immatériel. Ce qui au fond était fort pratique pour son cas.

Kyô : Ne bougez plus.

Il cessa tout mouvement, et ferma les yeux. Une aura noire, presque palpable, était droit devant lui. Elle était énorme, dense comme du goudron, et dévorante. Bizarrement, il sentait aussi que c'était l'unique protection avant son but. Quoi ? Il était déçu.

Il s'attendait à jouer à Indiana Jones et son ami chinois pour trouver la demie page. Au lieu de ça il avait juste droit à une grosse aura et une malédiction de la peur. Rho. Ce n'était pas drôle.

Kyô : On dirait qu'on touche au but. Cette grosse chose là juste devant...

Jack : Quelle chose ?

Kyô : Vous ne la sentez pas ? Et vous vous prétendez sang mêlé. Quelle hérésie.

Il donna une impulsion magique droit devant lui, qui révéla l'étendue de la CREATURE qui s'y trouvait. Un nombre de bouches et d'yeux improbable apparaissait et disparaissait à intervalle régulier de la grosse boule noire qu'il avait devant lui. Un instant. Ce n'était pas une créature. Il entendait nettement des cris de douleur infinie, des suppliques, des pleurs déchirants. Tous ces chers petits visages étaient ceux des imbéciles qui étaient venus ici dans l'espoir de repartir avec la demie page. Sa demie page. Et ils avaient échoué.

Le démon de la peur se fendit d'un léger froncement de sourcils.

Kyô : Si vous ne voulez pas terminer comme ces crétins, je vous suggère d'utiliser votre corde pour vous attacher solidement aux anneaux qu'il y a juste là.

Jack : Je... Je vais m'évanouir.

Kyô : Probablement. Mais c'est toujours mieux que d'être mort. Je vais entrer en contact avec cette chose, mon esprit va donc communier avec elle et vous allez voir une très puissante hallucination. Attachez-vous. Je peux me contrôler, mais si votre peur m'attire alors que je suis dans cette... bête, je risque de perdre mes esprits et vous dévorer.

Jack : Me dévorer ? Monsieur Fushou, il n'a jamais été question de me dévorer nulle part...

Kyô : Obéissez bougre d'imbécile. Je ne tiens pas à votre vie, mais à mon corps, oui. Si je vous dévore le démon en moi va vouloir manger tout ce qu'il trouvera sur son chemin. Je vais me faire retrouver par les autorités compétentes, enfermer dans une lampe magique et jeter dans un puits au milieu du désert. Je déteste le sable.

Jack : Vous êtes un djin ?

Kyô : Non, je suis le pape. Attachez-vous Lee, c'est mon dernier avertissement.

Il laissa planer un long silence, pendant lequel son associé d'infortune s'attacha au mur. Il vérifia par deux fois qu'il ne pouvait être en mesure de se libérer et soupira lentement. Il écarta les bras, comme un supplicié, et se rapprocha en comptant les pas. Trois. Deux. Un.

Son visage entra en contact avec l'aura, et un tintamarre de voix entremêlées lui bourdonna aux oreilles. Il sentit son corps reculer par réflexe, mais son âme foncer droit dans l'aura, et le monde se chargea d'un écran noircis. Petit à petit, des lambeaux de chair quittèrent son âme qui se déploya, grandissant à l'intérieur de cette bête qui s'écartait pour mieux le laisser passer lui. Kyofushou. La Phobie. Ses membres décharnés, osseux, noirs et à multiples facettes, tels des fragments d'un diamant maudit, se déployèrent. Une haute couronne tombant dans son dos vint lui chatouiller les épaules, et ses yeux magenta, comme deux lueurs menaçantes, scrutèrent les environs.

Dans son dos il sentit l'aura de Lee exploser de terreur, et entendit même son hurlement à travers la bête. Ah. C'était bon d'être chez soi.

La Phobie avança prudemment, sentant les esprits curieux se presser autours de sa personne. Il fit quelques pas, et trouva une âme décharnée, assise.

Son trône d'ossements était délabré, et aurait mérité un bon relooking. Sa peau, tendue comme un parchemin, soulignait un corps mal nourri. De longs cheveux blancs, rares, sur son crâne rond, lisse comme un oeuf, étaient gras et sales. Une toile noble, mais rongée se tenait sur ses épaules d'anorexique. En un long regard, Kyô sut à quoi il avait affaire. L'Immatériel est peuplé de nombreux esprits. Totémiques. Parias. Emotionnels. Mineurs. Âmes damnées qui ont perdu leur chemin. Mort. Famine. Tout y passait, même les démons les plus inoffensifs. Il se tenait face à l'un d'entre eux.

Celui qui l'avait appelé pour protéger sa précieuse page était un génie et un imbécile à la fois.

Jack : LAISSEZ-MOI LA TOUCHER ! SALE PORC ! LAISSEZ-MOI LA TOUCHER !

Kyofushou : Tes illusions sont toujours aussi impressionnantes, ma chère amie. Je ne pensais pas retrouver de si tôt Philodamie. Quelle agréable surprise.

Philodamie : Agréable ? Kyofushou espèce de serpent à sonnette mal dégrossi.

La Peur eut un rictus vulgaire, les fils de son sourire s'écartant pour laisser voir le vide. Philodamie. Elle était une des Danaïdes. Ces cinquante filles de Danaos qui avaient été envoyées droit vers le Tartare pour avoir assassiné leur mari la nuit de leur mariage. Enfin. Selon les légendes grecques. Dieu - s'il existait - savait seul comment, certaines s'étaient enfuies d'une manière quelconque et avaient rejoint l'Immatériel. Philodamie en faisait partie. Sa beauté insolente et sa gourmandise en avaient fait un esprit d'envie et de jalousie. C'était exactement ce que ressentait Jack à cet instant. Une jalousie infinie devant une vision qui décontenança légèrement le démon.

Il le voyait, lui, en train de s'affairer ma foi avec une fort jolie demoiselle.

Kyofushou : Epargnes-moi tes fantasmes dégoûtants. Depuis combien de temps tu ne t'es pas nourrie ?

Philodamie : Assez longtemps pour avoir envie de torturer ce gamin jusqu'à avoir de la peau sur les os.

Ses réponses grinçaient dans sa gorge, sa peau fripée comme une pomme le repoussait. Lui était peut-être démon, dangereux, mais il avait un minimum de prestance. Elle s'était retrouvée enchaînée à cet endroit par un puissant sortilège et s'amusait à torturer les ersatz d'êtres humains qui voguaient alentours. Il arrivait maintenant à distinguer leurs paroles. Ils crevaient de jalousie entre eux. Et pour lui.

Philodamie : Tu as trouvé un corps appétissant, la Peur. Que me vaut ta visite ?

Kyofushou : A franc parler, je ne viens pas pour contempler la beauté de ta personne, Philodamie. Je veux récupérer ce que tu gardes.

Philodamie : Non.

La réponse le fit légèrement reculer. Oui, il s'était attendu à recevoir un refus, mais pas aussi catégorique ni expéditif. Il venait de se prendre cette réponse comme une claque dans la figure. Et il n'aimait pas beaucoup ça.

Kyofushou : J'ai de quoi marchander.

Philodamie : Non.

Kyofushou : Je te laisserai partir d'ici.

Philodamie : C'est impossible.

Kyofushou : Je pratique les Sciences Occultes depuis près de mille ans, crois-tu que ce soit impossible pour moi de lever ton derrière décharné de cette chaise bancale, qui, soit dit en passant, est d'un goût douteux ?

Philodamie : Tant que ce papier est sous cette chaise, je ne peux partir d'ici. Et tant que je ne peux partir d'ici, je ne peux par quelque moyen que ce soit laisser quelqu'un prendre ce papier.

Kyofushou : Oh quel dommage, je vais donc devoir t'éliminer pour passer ?

Philodamie : Ne te fous pas de moi la Phobie. Je sais de quoi tu es capable, et me dévorer n'en fait pas partie.

Kyofushou : Je ne parle pas de te dévorer. Mais de t'éliminer.

Les yeux enfoncés de Philodamie le toisèrent un long moment. Jusqu'à ce qu'il se sente confiant, et s'approche en lévitant à demi, tendant sa main noire, suintante de peur.

Kyofushou : Quels sont les termes exacts de ton contrat avec celui qui t'a enfermée ici, Philodamie ?

Elle marqua une hésitation tandis que les cris de fureur de Jack Lee grandissaient derrière. Il fallait qu'il fasse vite, ou cet homme aurait des pulsions sexuelles irréversibles aussitôt qu'il serait sorti de cette tombe. Et pour avoir fréquenté suffisamment longtemps Philodamie dans les limbes, il savait que les images qu'elle lui envoyait n'étaient pas des plus délicates.

Philodamie : J'ai trois conditions. Un. Ne pas me lever de ce siège tant que ce morceau de papier est sous mes fesses.

Kyofushou : Quel morceau de papier. Celui du Necronomicon ?

Philodamie : Deux. Ne pas révéler la nature de ce que je protège, jamais.

Kyofushou : Quelle clause stupide. Cela veut dire qu'une fois sortie d'ici tu ne pourras pas non plus dire que tu protégeais une demie page ? Qui espère-t-il éloigner comme ça ?

Philodamie : TROIS. Empêcher par tous les moyens à ma disposition le passage jusqu'à la feuille aux intrus.

Kyofushou : Tout en restant assise sur ton siège ?

Philodamie : D'ordinaire, les gens ne se tiennent pas debout devant moi avec la tronche d'un cobra qui est passé dans un conduit de cheminée. Ils sont morts ou me lèchent les pieds .

Kyofushou : Beurk. Tu veux dire les gressins qui te servent d'orteils. Je crois qu'une fois sortie d'ici tu découvriras avec plaisir ce qu'estu ne manucure. Tu es affreusement laide.

Philodamie : Merci. C'est tout ce que tu avais à me demander ? Je peux t'éliminer ?

Le démon qu'était Kyofushou laissa échapper un rire gras, qui vrilla comme deux scies fricotant l'une contre l'autre. Son regard se planta tel le compas d'un conquérant, droit sur le corps décharné de Philodamie.

Kyofushou : Passons un doux marché, ma belle Philodamie... Je peux t'être très utiles.

Philodamie : Le dernier marché que j'ai passé avec toi m'a fait investir le corps d'un bébé qui a fini sur le bûcher.

Kyofushou : Je qualifierais cela de paris, non pas de marché. De plus, tu l'avais bien mérité.

Philodamie : Passons. Je t'écoute.

Kyofushou : J'ai à ma disposition beaucoup de peur. Suffisamment pour que tu puisses t'en nourrir, un peu. Elle peut te rendre ta beauté d'entité de l'Immatériel.

Philodamie eut une grimace qui amusa grandement Kyô. Oui. La peur avait pour les autres démons de l'Immatériel un goût acide et désagréablement piquant sur le fond de la gorge.

Kyofushou : Je peux de plus te permettre d'investir... Un corps.

Le regard de Philodamie s'alluma d'une nouvelle flamme. Celle, brûlante, de l'envie. Elle voulait un corps, autant que lui en avait rêvé. Si elle avait été humaine, il aurait sans doute pu surprendre, au coin de ses lèvres, une légère écume. L'écume du fou qui voit un trésor lui apparaître.

Kyofushou : Je sais comment envahir un corps, tu as dû voir le mien. Tout ce que je te demande, c'est de respecter ton contrat.

Philodamie : Comment ça ?

Kyofushou : Restes sur ta chaise. Tu as fait tout ce que tu pouvais pour m'empêcher de m'emparer de ce papier. C'est tout du moins ce que tu dois croire de toutes tes forces. Je suis plus fort que toi. Laisses-moi récupérer la page, tu pourras te lever, je t'aiderai à envahir ce corps, à dévorer ces âmes autours de nous, et ensuite, et bien...

Philodamie : Je te devrai un service, c'est ça ?

Kyofushou : Oui. C'est ça.

Elle sembla réfléchir, tandis que sa mâchoire du bas, pendante, grinçait contre celle du haut. Sa glotte sifflait dans sa gorge. Ses oreilles de moine bouddhiste frémirent tandis qu'elle s'enfonçait dans son fauteuil, mains sur les accoudoirs.

Philodamie : Fait.

La Phobie aurait ri si le moment n'avait été aussi sérieux. Il jeta un regard intense à Philodamie tandis qu'il chargeait suffisamment de peur pour la rendre belle pendant une dizaine d'années au moins. Il passa à quelques pas de son fauteuil, et sentit l'aura hostile, si particulière, de cette femme le frôler avec rage. Il posa sa main, poliment, sur son épaule, et tendit les doigts pour attraper la page du Necronomicon.

Le toucher du papier lui offrit une décharge qui traversa tout son corps. Elle se répercuta sur ses diamants, fila vers sa main, et projeta brusquement la peur à l'intérieur de Philodamie, qui s'étrangla, renversant la tête en arrière. Les âmes alentours hurlèrent d'indignation, tandis que Kyô se mettait à rire, d'un rire de dément. Le papier entre les doigts, les runes nécromantiques sous les yeux, il glissa sa main de l'épaule au poignet qui se rembourrait lentement, prenant une douceur inégalée depuis des années.

Le démon de la Peur aida le corps en reconstruction de Philodamie à se lever, et le fit avancer lentement, jusqu'aux limites de la cage démoniaque où on l'avait placée.

Kyofushou : Tu es libre, jeune fille.

D'une impulsion juste suffisante pour la faire trébucher, il la poussa. Elle résista contre la paroi, passa lentement au travers, et se jeta littéralement sur Jack. Transpirant, tendu par la jalousie qui lui dévorait le coeur, le jeune chinois poussa un long hurlement, qui se mêla au rire qui sortait de sa gorge. Philodamie envahit son corps comme un essaim prenant place au creux d'un tronc d'arbre. Kyô sentit l'âme de Jack doucement s'effacer, ne laissant place qu'à l'esprit vengeur de la Danaïde. Son visage se chargea d'une expression qu'il ne connaissait pas. Une expression farouche, victorieuse, pleine d'envie. D'une dévorante envie.

Les âmes de la prison se pressèrent contre la paroi comme des papillons de nuits attirés par la lumière. Et effectivement l'âme de Philodamie était lumineuse. Chargée de puissance, d'une puissance écrasante. La Phobie ne put de rester posé sur ses pieds, légèrement sceptique. Une par une, hurlantes, les âmes passèrent la barrière, et moururent dans le corps de Jack, qui reprenait des couleurs. Ses cicatrices disparaissaient, ses dents se redressaient, ses cheveux se raffermirent, son dos se redressa.

Comme jadis il avait complètement avalé Hideki Monohara, Philodamie venait de manger Jack Lee.

Le démon de la peur glissa la page dans la poche arrière de son pantalon, et réinvestit lentement son corps, qui avait chuté la tête la première dans la poussière. Il se redressa, groggy. Calmement, il remit en place ses cheveux, épousseta ses vêtements, et tapota la poche arrière de son pantalon.

Une demie page du Necronomicon.

Et elle était à lui.

Philodamie : Dis donc. Tu n'oublierais pas quelqu'un, beau ténébreux ?

Le regard parfaitement inexpressif de Hideki Monohara répondit au sourire sarcastique de Jack Lee. S'il n'avait pas su que c'était Philodamie derrière ce masque humain, il aurait presque été gêné. Cette âme séduisait tout ce qui lui passait à portée de main.

Calmement, il défit les liens de Lee, et l'aida à remettre pied à terre.

Il avait réussi.

Il avait cette demie-page.

Et surtout, il avait un allié, dans l'Immatériel.

Bientôt June. Très bientôt.
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