Un Vilain Défaut {PV}

Forcément, quand on est un Hérisson, ça ressort de temps à autre.
La foret, lieu privilégié pour la pauvre petite Hybride que j'étais et qui avait l'estomac dans les talons. La nourriture de la cantine ? Bien sûr qu'elle est acceptable... Mais quand on a faim, ou qu'on est en malnutrition, comme moi, il faut viser plus haut... Bien plus haut...!
Le Hérisson, au départ, est insectivore. Cela signifie qu'il mange... Des insectes. Sauterelles, vers de terre... Oui, avant tout vers de terre, mais aussi de grosses limaces bien juteuses... Un peu comme dans le Roi Lion, à vrai dire. Loin de moi l'idée de m'attaquer à mes chers confrères Hybrides-Limaces, qui pourtant m'apparaissent succulents -J'ai réellement trop peur de les affronter... Ils font ma taille !
Je me suis décidée à me rabattre sur les apéritifs qui trainaient dans le coin. Nous sommes en Hiver, ce qui fait que des insectes, on n'en trouves pas partout...! Mais en cherchant bien, on trouve toujours quelque chose à se mettre sous la dent. Et puis la saison de la chasse est passée, ce qui est une bonne raison de ne pas s’inquiéter durant sa ballade. Même si, en fait, je ne crois pas qu'aux alentours du lycée il y ait vraiment quelques dangers de rencontrer des chasseurs. Des Vampires peut-être ? Hein ? Des Loups-Garous ? Non, rien d'effrayant... Papa en est un, ce qui fait que j'en porte la désagréable odeur. Bref, je ne suis pas appétissante pour mes semblables.
Quelques heures passèrent. J'étais partie manger le matin, et j'avais réussie à trouver, grâce à un instinct bien développé, assez de nourriture pour être calée. Nous étions un lundi en fin d'après-midi. J'avais loupée les cours, mais étant toujours censée être en période d'hibernation, personne n'en remarquerait rien. A vrai dire, je n'avais même plus de colocataire pour se rendre compte de mon absence. J'aurais voulue emmener Kuruta avec moi. La foret est grande et on ne sait jamais sur quoï on risque de tomber. Mais il était introuvable. Je m'étais donc dit que c'était une mauvaise idée de le chercher. Si on ne le trouves pas, il doit surement avoir quelque chose d'important et de secret à faire... Ou alors était-il en danger ? J'avais confiance en les capacités de mon grand-frère mais ne pouvait m'empêcher de m’inquiéter pour lui. Il faisait sombre désormais, bientôt, il fera nuit. Je regrettais de ne pas avoir de familier pour me défendre, peut-être un jour aurais-je l'audace de garder un chiot dans ma chambre ? Il grandira et deviendra un vaillant garde du corps !
Ce n'était pas comme si j'étais capable de me battre. Je n'avais aucune force et la seule chose dont je disposais c'était... C'était mes piquants. Un peu embêtants au quotidien pour les non-initiés, au contraire, pour ceux ayant grandis avec, c'était un bouclier intégré. Bon, il était clair que mes épines s'accrochaient partout et me mettaient parfois dans des situations... Rocambolesques ou idiotes. Mais grâce à mon magnifique caractère vif et attentif cela n'arrivait presque plus !
Suçotant une dernière limace, je me disais que rentrer dans le brouillard qui venait d'apparaître, cela allait déjà être difficile. Que la nuit ait finie de tomber en plus, cela ne me facilitait pas les choses non plus... Je me relevais donc de ma position accroupie-farfouillant entre les feuilles mortes gelées par l'hiver et là... BAM.
Je venais de me cogner la tête contre le tronc d'arbre juste derrière moi. Pire, je venais de m'y planter on ne peut mieux. Dans le sens où mes épines s'étaient profondément enfoncées dans l'écorce de l'arbre. Je gémis. Co...Comment j'allais faire ? J'essayais de me débattre en gigotant des pieds, en tirant sur ces substitues de cheveux, mais pas moyen. J'étais... J'étais coincée ! Je n'avais pas la force nécessaire pour m'en extraire... Et mes petits bras qui n'atteignaient pas non plus le tronc, derrière mon dos... Pas moyen de bouger. La nuit qui tombe et... Une crise de narcolepsie qui commence à pointer le bout de son nez, suite à la fatigue crée par cette brutale montée d'adrénaline...!
Je vais hiberner debout, dehors, dans le froid, clouée à un arbre par mes propres piquants ?! NON... C'est pas possible...

- A... A l'aide !!

Milander était inquiet. Il avait passé la journée au lit. Lui qui avait une bonne constitution, il était tombé malade les premiers jours de son arrivée dans le lycée. Ce lundi matin, il avait tenté de se lever, en vain. Fievreux, il avait trébuché jusqu'au toilettes, avait recraché son petit déjeuné et s'était glissé sous la couette. Il avait dans l'idée de ne dormir que quelques minutes. Au lieu de cela, il avait dormi 12 heures de suite et s'était réveillé en fin d'après midi, plein d'énergie et de courbatures.

Il aurait pu dévorer un ours cru. Ou manger un plat complet de brocoli. Bref, le jeune anglais avait faim. Il avait enfilé un survêtement bleu, une sweat, une écharpe, ses gants et ses chaussures de sport et était parti courir dans le froid. A vrai dire, il pensait que son malaise d'aujourd'hui venait du Lycée ( Et surement de la nourriture. Et peux être de l'eau. ) Il avait décidé de s'éloigner un peu de l'antique batiment. Il termina une barre chocolatée en entrant dans la foret.

Il s'éloigna à petite foulées de l'orée du bois et finit par trouver une souche gelée. Il s'assit dessus et sortit son portable. Il pianota à la recherche de l'application "Food Minute." Il commanda des nems, une soupe au champignon, deux barquettes de riz cantonais, huit sushis et une bonne demi douzaine de brochettes au fromage. Lors de la validation de la commande, Milander eut un petit sourire et ferma les yeux. Son bras fut parcouru d'étincelles bleutées jusqu'à son téléphone qui s'éclaira à son tour de lumières octarines ( une sorte de jaune-pourpre verdâtre fluorescent ).

Lorsqu'il les rouvrit, une odeur succulente lui vint aux narines. Il regarda avec envie le petit paquet posé désormais sur ses genoux. Puis, sans attendre une seconde de plus, il mis sa main dedans et en ressortit un nem qu'il enfourna sans grâce ni majesté. Puis, il commença à sortir le contenu du sac en papier qu'il aligna soigneusement sur la souche. Il réalisa avec amertume qu'il n'y avait que des baguettes. Lorsqu'il termina la première barquette de riz, ce fut quinze minutes plus tard et le coeur lourd de frustration. Le festin dura une éternité, Milander se délectant des plats avec lenteur et plaisir.

Une fois son repas terminé, une évidence vint à l'esprit du jeune anglais. Il avait froid aux fesses.
Le soleil se couchait à l'horizon. Il se frotta les mains, réalisant que l'endroit était lugubre. Un brouillard était tombé sur les lieux, rendant la visibilité quasiment nulle. Il se leva, mettant les restes dans le sac en papier. Puis, il se dirigea vers la sortie des bois d'un pas décidé. En chemin, il cru entendre quelque chose. Une voix. Sa curiosité le détourna de sa route. Il arriva devant une scène étrange. Quelqu'un semblait attendre, adossé contre un arbre. Il s’avança dans le brouillard, tentant de voir un peu mieux.

C'était une fille. Elle leva le visage et son regard croisa celui du jeune anglais. Ses yeux semblaient avoir une couleur indéfinissable, entre le rouge et l'orange. Milander se demanda si il s'agissait d'une élève. En s'approchant plus, il commença à douter. S’enfonçait il dans un piège? Allait il être dévoré par un monstre des bois? Hésitant, il prit quand même la parole, d'un japonais saccadé.

"Excusez moi? Tout va bien?"

L'arbre semblait l'avoir piégée, accrochant ses cheveux à son écorce. Elle était surement victime d'une dryade joueuse. Milander avait déjà lu des choses sur ces créatures là. D'un naturel timide, plutôt bénéfique, protectrice de la forêt. Le jeune anglais était content de ne pas avoir laissé les débris de son repas sur la souche. Il porta cependant la main à son smartphone, prêt à agir.

Et puis, comme en réponse à mes cris, j'entendis du bruit dans le brouillard. Je compris qu'appeler à l'aide n'était pas une si bonne idée si je craignais les nombreux dangers que réservait la forêt. Je me rappelais quelque peu ce que mon père m'avait appris à l'époque. Quand un danger s'approche, il faut grogner. Je me mis à grogner, redressant une de mes babines, comme une vraie louloute l'aurait faite. Je reproduisais sans réel problème les sons gutturaux que l'on m'avait enseignés.

- Grr~ Grr !

Le danger potentiel sorti de l'ombre et je me sentie tout de suite idiote à grogner ainsi. Et si c'était quelqu'un de l'école et que je le faisais fuir avec de tels bruits qui tout compte fait ressemblaient plus à des gargouillis d'estomac qu'à de vrais grognements de louloups enragés ?
Et effectivement, la forme se dessina à travers les arbres. Je vis... Un élève de mon âge, peut-être, aussi blond que possible, les yeux presque noirs s’effaçant presque de par la pénombre dans le néant environnant. Il était plus grand que moi, largement une demi-tête de plus, ce qui faisait qu'il devait pleinement avoir vu sur la situation actuelle. Je le regardais, il me regarda. Mes pupilles étaient dilatées par la peur, bien plus que par le reste. Je tentais d'analyser à toute vitesse ses moindres faits et gestes, histoire de voir s'il était dangereux. Je me méfiais tout particulièrement des garçons aux cheveux blonds, que je considérais comme maléfiques. Au départ, il ne me serait jamais paru imaginable de penser de telles choses, mais il faut reconnaître qu’avoir été séquestrée sur plusieurs années par un garçon ayant la même teinte capillaire… C’était un peu gênant côté lucidité. Je le regardais donc les yeux plissés, les sens aux aguets, prête à fuir si danger était là… Ah… Non…. Bah… Pas à fuir, non. Mais… Zut !

- Excusez-moi? Tout va bien?

Il avait du mal à parler. Etait-ce un Yokai ne pouvant pas prendre forme humaine ? Une sorte de monstre carnivore dénué d’intelligence ? Un Onimodoki, je crois que ça s’appelle… J’avais bien pâlie moi aussi de sorte que mon teint avait largement prit la couleur de son teint blanc, suite aux émotions qu’il m’inspirait. Là, tout de suite, j’aurais aussi pû croire à un Vampire. Loin de moi l’idée qu’il eut eu un problème avec la langue en elle-même, car c’était notre langue maternelle à tous que nous parlions au Lycée Yokai… Le Japonais.
J’hésitais longtemps avant de lui répondre, et j’eus peur que ma seule chance de salut s’en aille, juste car j’hésitais. Je finis donc par me lancer, car fichue pour fichue…

- Non, ça ne va pas très bien, je suis coincée…

Ça se voyait, pourtant… Comme moyen de défense, j’aurais pu aller jusqu’à raconter que j’étais un esprit de l’arbre qui tentait de prendre forme humaine, mais sérieusement… J’avais trop l’air d’un Hérisson coincé dans un arbre. Je ne le prenais pas pour un idiot à ce point. Mine de rien, je le regardais toujours avec défiance, en attendant de voir ce qu’il allait faire.

- Je viens du Lycée Yokai, je suis en dernière année… Tu peux me décrocher de là s’il te plait ? Sans m’arracher les épines si possible, ça fait mal… Dis-je piteusement, en ajoutant un dernier coup d’œil vers l’arrière. Si tu le fait, je t’en serais éternellement redevable…

J’eus un nouvel accès de stress et mes pieds bougèrent à nouveau pour me tirer en avant, même si les épines étaient trop profondément ancrées pour me sortir de là par moi-même. Je savais que j’allais en payer le prix d’ici quelques minutes. J’allais à nouveau m’endormir n’importe où, ce que je trouvais particulièrement et énormément embêtant, mais surtout dangereux. Mon organisme catatonique réagissait bizarrement en période d’hibernation…

L'étrange inconnue semblait pensive. Je me demandais presque un instant si elle n'hésitait pas à m'ignorer. D'une voix un peu gutturale, elle finit par répondre.

- Non, ça ne va pas très bien, je suis coincée…

Coincée dans l'arbre? Milander n'en revenait pas. C'est vrai que maintenant qu'il pouvait observer de près la fille, il avait remarqué qu'il y avait un problème avec ses cheveux. Il s'agissait de longues mèches à l'allure hostile. Il ne s'agissait pas de ronce, on aurait plutôt dit des épines. Son visage s'éclaira comme celui d'un enfant qui venait de trouver un porc-épic géant dans son jardin. Sous le regard suspicieux - et quelque peu voilé - de son interlocutrice, Milander se rapprocha doucement, observant le tronc d'arbre.

- Je viens du Lycée Yokai, je suis en dernière année… Tu peux me décrocher de là s’il te plait ? Sans m’arracher les épines si possible, ça fait mal… Dis-elle piteusement, en jetant un coup d'oeil au tronc. Si tu le fait, je t’en serais éternellement redevable…

C'était une très longue phrase.

Bon, Milander avait compris les mots " Lycée Yokai", "dernière année" "s'il te plait" "épines ça fait mal"
Puis la demoiselle avait jeté un regard désespéré derrière elle, se contorsionnant en vain. Puis, elle avait encore sorti une phrase que Milander savait à la page 27 de son livre, catégorie " Politesses". Pas moyen de se rappeler son sens, par contre. Le jeune anglais jura intérieurement sur son manque de talent en japonnais. Pour les cours, il installerait le traducteur automatique.

Mon épreuve de traduction terminé, je m’interrogeais. Devais je l’appeler Sensei?
L'hérisonne sembla paniquer, se débâtant douloureusement. Milander observa silencieusement les cheveux de la demoiselle, médusé. Il eut envie de les toucher pour jauger leur réalité. Cette situation semblait plutôt irréelle aux yeux du grand blond.

Il avait bien une idée pour la sortir de là. Mais détruire l'arbre gratuitement serait se mettre en danger. Il ne voulait pas d'ennuis avec Mère nature. Il fallait trouver une alternative pour que tout le monde soit heureux. Le jeune anglais s'inclina. Il ne voulait pas d'ennuis avec Sensei non plus. Il ne put s’empêcher de remarquer que même incliné, il dépassait toujours son interlocutrice. Il prit la parole, un petit sourire aux lèvres.

- Je dois pouvoir vous aider. Me permettriez vous de touchez vos épines ça fait mal ?

Milander avait réussi à dire cette phrase de façon fluide. Il était sur que son professeur de japonnais aurait eut quelque chose à redire sur son orthographe. A vrai dire, Milander avait juste dit ça pour la forme. Sans attendre l'accord de la jeune fille, il posa ses mains sur les épines, proche de la souche. Il retira avec prestesse ses mains, réalisant qu'il s'était coupé la paume de la main. Une éraflure qui lui avait fait plus peur que mal. Il posa sa main valide sur l'épaule de la jeune hérissonne qui semblait piquer du nez.

" Excusez, Je vais avoir besoin de votre aide. Lorsque je ... "

Milander ne savait pas dire " dégager les épines à la base une par une en tirant avant la racine. Il risque d'avoir des étincelles magique et peut être du feu. Il faut que vous restiez." en japonnais.

" Calme. "

Il accorda un sourire radieux à la jeune fille et commença à se frotter les mains. C'était un des seuls sorts sans son portable que Milander maîtrisait. Enfin, disons qu'en cas d'échec, ce sort ne produisait que des petits feu. Et depuis le temps, le jeune anglais avait une application extincteur. Les mains de Milander se mirent à crépiter d'énergie magique. Techniquement, ce n'était pas un sort. C'était juste un renforcement magique. Une étincelle bleutée bondit dans l'air, roussissant la manche de Milander. Il continua à bouger ses mains jusqu'à ce qu'elles soient totalement recouverte de gants luminescents. Milander hocha la tête, satisfait. Il posa de nouveau les mains sur les épines. Normalement, la demoiselle ne devrait pas recevoir de choc électriques. Ce fut surement le cas, en tout cas elle ne tressaillit pas. Mais l’électricité magique hérissa les poils de bras de Milander. Ses deux mains agrippèrent vigoureusement une épine. Il tira dessus, la libérant un peu. C'était comme enlever une écharde de la main de mère nature. Il la fit pivoter un peu et libéra sa première épine. Il frotta de nouveau ses mains, le sort de protection s'étant dissipé un peu.

Il se retourna vers la fille brune, réalisant qu'il venait surement de briser une bonne demi douzaine de règles de politesses en quelques secondes.

"Excusez moi, Je peux continuer? épine ça fait mal? Bonjour, Je m'appelle Milander"

Il... Il s'inclinait ? Mes yeux s'agrandirent par la peur. Un DEMON !! C'était un Démon !! Les Démons font toujours ça pour gagner la confiance de leur interlocuteur ! J'avais un Démon en face de moi et le seul moyen de me décoincer serait de vendre mon âme. Je virais au jaune, car côté teinte, le blanc était dépassé depuis longtemps dû à la terreur que me procurait cette histoire -Un coup de chance que je n'avais pas atteint le stade du pipi-culotte. Il parait que ça arrive quand on a trop peur... Bref, je me débattais en vain en fixant cet individu qui s'affichait de la même race que ma tante.

- Je dois pouvoir vous aider. Me permettriez vous de touchez vos épines ça fait mal ?
- He-... Hein ? Fis-je, clignant plusieurs fois des paupières. Heu... Attend voir. Il plaisante, là ? Je trouvais dans la tournure de ses phrases quelque chose de bien effrayant car surnaturel. Je restais confortée dans l'idée qu'il s'agissait bel et bien d'un Démon et était plus qu'inquiète à l'idée de me retrouver confrontée à une telle créature.
- ...Ça... Fait mal si on arrache. C'est mes cheveux, oui. Répondis-je. Bizarrement, j'arrivais bien mieux à parler en ce cas que je ne l'aurais cru. A force d'avoir peur, je crois que je venais d'atteindre un stade supérieur à celui de la terreur, qui me rendais tellement effrayée que je n'étais plus paniquée. Ou alors le courant passait si bien malgré la malheureuse situation que j'arrivais tout de même à lui répondre. Du sang en commun ? Je ne crois pas, il ne ressemblait pas à un Lycan, et surtout pas à un Harinezumi. Enfin, tant qu'il n'était pas Humain, tout m'allait... Je m'étais présentée, pas lui. C'était d'autant plus défiant, mais, soyons sincère, un Démon se serait tout de suite présenté. Qu'était-ce alors ?
Le sommeil prévu arriva au moment où il s'approcha de moi. Mes yeux se fermèrent sur une image de lui en train de poser la main sur mes épines. J'avoue avoir été paniquée peu avant, mais lorsque le sommeil vint, je m'endormis calmement. Mes membres arrêtèrent progressivement de bouger mais je sentais autour de moi le garçon remuer quelques secondes encore.
C'était comme s'évanouir. Aussi le réveil ne tarda pas, paniquée que j'étais à l'idée de devenir encore plus sans défense que je ne l'étais déjà. Je rouvris les yeux, et sentis qu'une de mes épines avait déjà été dégagée. "Super, plus que cinquante-huit autres", dit une petite voix dans ma tête. Et encore, c'était peu dire. Mes oreilles grésillaient et ma tête était lourde. J'avais vraiment besoin de sommeil.

- Excusez moi, je peux continuer? Épine ça fait mal? Bonjour, Je m'appelle Milander.

Je portais ma main vers mon front et en appuyait la paume. Ma température corporelle semblait faire du yoyo. Il faisait trop froid aux alentours de toute manière, pour que je puisse rester éveillée. Je fixais un instant la personne. J'arrivais à être un peu plus lucide.

- Bonsoir. O...Oui, il faudrait se dépêcher. Si la température tombe encore je vais vraiment m'endormir. Gémis-je en tentant un sourire embarrassé. Tu... N'es pas Japonais ?* Dis-je en un français avec un fort accent. Sur le coup, j'eus l'impression d'avoir visé à côté. Anglais, langue universelle. Je n'osais pas vraiment sachant que ma prononciation était réellement pire qu'en Français, mais bon. Tu parles quel langage ?* Finis-je donc en Anglais.
Tout cela, c'était plutôt compliqué. Mais il fallait bien qu'on s'en sorte d'une manière ou d'une autre. Je devais avoir l'air ridicule... Je lui lançais un regard désespéré. C'était tout moi, ça, j'avais vraiment pas de chance mais pas de chance... Encore une situation honteuse qui allait m'hanter longtemps... Très longtemps. J'allais grimacer en y repensant, les nuits d'étés, où dormir ne sera plus au programme...

- Tu es nouveau au.... Au...* Lycée ? Risquais-je dans un semi-anglais avant de me rendre compte qu'il y avait plus de chance qu'il me comprenne si je restais sur le Japonais. Mon accent était terrible à en faire fuir un tatou. Je ne t'y ais jamais vu, rajoutais-je, comme pour me justifier, et signifier que j'allais rester coincée sur ma langue maternelle. J'avais l'air pas mal idiote, à blablater comme cela... Mais en même temps, c'était vraiment tout ce que je pouvais faire, toute coincée que j'étais dans cet arbre. J’espérais juste ne pas le faire fuir avant qu'il finisse de me détacher, cela serait quelque peu gênant... La raison qui me faisait autant parler, c'était, d'une, le besoin de sympathiser avec lui pour me rassurer sur le fait qu'il n'était pas agressif, mais aussi le tester, s'il ne pouvait répondre aux questions, s'il ne savait pas ce qu'était le Lycée, cela m'aiderait à dénicher un danger potentiel provenant de l'extérieur.

Milander grellotait. Il aurait du prendre son bonnet et sa parka. Il ne s'attendait pas à devoir secourir quelqu'un coincé dans un arbre.

- Bonsoir. O...Oui, il faudrait se dépêcher. Si la température tombe encore je vais vraiment m'endormir.

Milander hocha doucement la tête, tentant de comprendre le sens de ces mots. Avant qu'il ne puisse décrypter vraiment la phrase, la jeune fille enchaina, parlant en français puis en anglais.

Tu... N'es pas Japonais ? Tu parles quel langage ?

Milander avait des bases de français. Il hocha la tête, retournant à son oeuvre. Il fouilla dans sa poche et en ressortit son téléphone. Il pianota rapidement à la recherche d'une application qui lui aurait permis de se réchauffer. L'énergie magique disparut de ses mains et le portable se mit a briller doucement. Le jeune anglais posa son téléphone entre les mains de la jeune fille. La chaleur du téléphone réchauffait magiquement l'air, créant une petite bulle de tiédeur dans le brouillard de la foret.
La, il regarda d'un air critique l'arbre criblé d'épines. Il allait tenter quelque chose de nouveau.

- Tu es nouveau au.... Au... Lycée ? Je ne t'y ai jamais vu

Il fouilla dans sa poche et en ressortit son téléphone. Il pianota rapidement à la recherche d'une application qui lui aurait permis de se réchauffer. L'énergie magique disparut de ses mains et le portable se mit a briller doucement. Le jeune anglais posa son téléphone entre les mains de la jeune fille. La chaleur du téléphone réchauffait magiquement l'air, créant une petite bulle de tiédeur dans le brouillard de la foret.

" Pouvez vous me tenir cela?"

La, il regarda d'un air critique l'arbre criblé d'épines. Il allait tenter quelque chose de nouveau. Milander fut rassuré et se mit à parler en posant ses mains sur l'arbre. Il n'avait jamais lancé des sorts de guérisons sur des végétaux auparavant. Normalement, les épines devraient pouvoir se dégager dans le processus. Il ferma les yeux et sa chevalière se mit à briller. L’énergie magique courut le long du bras du jeune anglais jusqu'à l'écorce. La, elle bondit le long du tronc, faisant briller l'arbre comme un sapin de noël. Le processus de guérison était en marche. Les épines-cheveux semblaient se libérer spontanément. Il avait donc du temps pour répondre. Il fit cela en japonais.

" Je suis en première année au Lycée Yokai. Je suis arrivé il y a quelques temps. Je viens d'Angleterre. Heureux de vous rencontrer."

Il n'aurait pas du parler. Il perdit sa concentration un instant, libérant par mégarde un flot d'énergie trop important dans l'arbre. L'écorce se fendilla, désormais parcourue par des nervures bleus. Puis, il y eut une détonation. L'arbre implosa, projetant à quelques mètres les deux personnes. Milander atterrit douloureusement sur son bras. Il resta sur le sol quelques instant, épuisé mais conscient. Il aurait aimé rester ici plus longtemps. La chaleur qui l’entourait était tellement réconfortante. Enfin, le grand blond réalisa que son pantalon brûlait.

Il se roula sur lui même dans la boue gelée et les feuilles d'hiver. Puis, le feu éteint, il se releva avec le plus de dignité possible, s'adossant contre un arbre et frottant son épaule endolorie. Il jeta un coup d'oeil navré à la souche enflammée. Tant pis pour Mère nature. Il reporta son attention sur la demoiselle. Comment allait il expliquer la soudaine explosion de la souche?

" Excusez moi. Vous pouvez bouger?"

- Pouvez vous me tenir cela ?

Il venait de poser dans mes mains un... Un téléphone portable ? Je regardais l'objet tout en voyant qu'il s'était mit à surchauffer. Il... Il allait exploser ? Il allait se casser ? En général, quand un appareil électronique chauffe autant... Ce n'est pas bon signe. Je le regardais, un point d'interrogation virtuel au dessus de la tête, puis mes yeux s'agrandirent de surprise. C'était... De la magie ! La personne en face de moi, c'était un Magicien. Un de ces Yokais presque humains dont Papa m'avait toujours dit de me méfier. Que devais-je faire ? De toute manière il n'y avait rien à faire, j'étais bel et bien coincée ici. Je n'avais pas le choix de lui faire confiance. ...Dans quelle, mais dans quelle situation m'étais-je encore mise ? Pas possible... Décidément, à chaque fois que je décide de faire un pas, c'est le ciel qui s'écroule sur ma tête !
Je tenais toujours le petit portable dans mes pattes, parce que, même si ma révélation avait manquée de le faire s'échapper de mes mimines, il risquait de m'en vouloir si je le lui cassait, au point de ne plus vouloir m'aider. Et c'était chaud, aussi. Instinctivement, je serrais mes mains autour. Je ne m'étais même pas rendue compte à quel point j'avais les doigts engourdis !
Pendant ce temps, le garçon en question avait commencé à... Parler à l'arbre ? C'est... Une blague ? J'eus un petit rictus sceptique avant de me souvenir qu'un magicien (Ou un sorcier, je n'ai jamais fait la différence), ça a parfois besoin de formules pour se concentrer. Et d'ailleurs... Ça marchait ! Je commençais à sentir du jeu au niveau de mes épines.

- Je suis en première année au Lycée Yokai. Je suis arrivé il y a quelques temps. Je viens d'Angleterre. Heureux de vous rencontrer.

J'ouvris la bouche pour répondre, tout en tirant un coup sec pour me libérer. Visiblement, c'était une mauvaise idée. Je ne compris pas vraiment ce qui se passait, mais... L'arbre explosa, c'est ça ? Dans tout les cas, la première chose que je sentie, juste après avoir ouverte la bouche, c'était la gadoue froide du sol... Beurk, mauvaise idée, la bouche ouverte. Je crachais immédiatement ce que je venais d'avaler. Il n'y avait même pas de bestioles comestibles dedans ! Je toussotais un instant avant de me retourner vers l'autre garçon. Là, un cri perçant s'échappa de mes lèvres... Il cramait !! Je m'approchais à quatre pattes de lui, pour tenter d'éteindre l'incendie, mais il eut un meilleur réflexe que moi. Il se bougea dans tout les sens, l'éteignit, puis allât s'adosser à un arbre. Quant à moi, voyant que continuer d'avancer jusqu'à lui ne servait plus à rien, je me redressais, à genoux sur le sol.

- Excusez moi. Vous pouvez bouger ?
- Heuu....
Difficile de répondre, tant j'étais sous le choque. Je le fixais sans trouver réponse. A l'instant, je me rendis compte que j'avais toujours le portable dans ma main. Je le lui tendis sans pour autant dire quelque chose... Je devais avoir l'air idiote... Répondre... Il fallait répondre. Répondre à quoï, qu'avait-il dit, déjà ? Je ne m'en rappelais plus.

- Tu.. Tu le reprends ? Dis-je, la main toujours tendue vers lui, et le mini-radiateur dans cette main. J'étais sacrément sonnée alors, à défaut de dire quelque chose, je me contentais de le fixer bêtement. Je regardais ses yeux et me demanda de quelle couleur ils étaient... Une nuance de noir ? De brun ? Du gris foncé ? Ma vue défaillante m'offrait déjà beaucoup de me laisser voir les couleurs. Mais côté contours, il était trop loin de moi pour que je puisse seulement espérer le détailler. Quelques secondes passèrent dans un gros blanc que je ne pouvais combler. Finalement, je lui fis un sourire, plus ou moins rassurée sur ses attentions. J'étais satisfaite; j'avais trouvée une autre personne bien dans le Lycée !

- On... On va rentrer, je crois. Ça va aller ? Tu n'es pas blessé ?
J'affichais une moue inquiète. Forcément, ça serait gênant que quelqu'un se blesse en essayant de m'aider... Je me relevais jusqu'à tenir sur mes deux jambes qui tremblotaient. Pas moyen d'avancer vite, côté réserves, j'étais de nouveau à sec. Je fis quelques pas jusqu'à lui. Mes oreilles recommençaient à grésiller et je me sentais à nouveau lourde.

* C'est pas vrai... Allons... Un petit effort... Le Lycée n'est pas si loin, hein ? * Fût la dernière chose censée qui s'installa dans ma tête. Ma partie animale reprit, si on peut dire ainsi, le dessus sur ma partie humaine et je fis de nouveau ma narcoleptique, tombant endormie sans crier gare, alors que je venais d'arriver en face du jeune garçon. Vous l'aurez compris, je tombais endormie directement sur lui.

- Heuu....

La demoiselle me fixait de ses grands yeux rouges, l'air absente. Elle tressaillit un instant avant de tendre le portable à Milander. Celui ci avait des crispations terribles dans le bras.

- Tu.. Tu le reprends ?

Dit-elle, la main toujours tendue vers Milander. Son visage et ses vêtements étaient couverts de boue. Le jeune anglais se sentait coupable. L'hérissonne le dévisageait toujours de ses yeux indescriptibles. Milander prit silencieusement son portable sans détacher son regard de celui de son interlocutrice. Celle ci plissait les yeux, tentant visiblement de détailler le magicien. Un silence gêné tomba sur la foret. On n'entendait que les doux crépitements de la souche enflammée.

Elle cligna des yeux et finit par sourire. Milander était quelque peu déçu. Dans les livres, quand on portait assistance aux esprits, ceux ci donnaient toujours une petite babiole magique en récompense. Milander ne voulait pas réclamer et se contenta de rendre le sourire, un peu déçu. Peut être aurait il du sauver l'arbre avant la fille.

- On... On va rentrer, je crois. Ça va aller ? Tu n'es pas blessé ?

Le bras de Milander était engourdi. Il ne savait pas si cela venait de sa chute, du froid ou de la surcharge de magie qu'il avait subi. En tout cas, il ne sentait pas grand chose. La fille finit par se relever laborieusement. Elle s’avança vers l'anglais, d'un pas erratique. Elle ferma les yeux et sans aucune précaution s'effondra sur Milander qui pianotait tranquillement sur son téléphone. Celui ci leva paresseusement le regard, un peu tard pour réagir. Il tenta de retenir la chute de Furu. Il oublia un instant que ces cheveux étaient des épines acérés. Heureusement, La douleur lui rappela cela bien rapidement. S'écorchant le bras sur la longueur et déchirant le sweat à moitié, Milander arriva à retenir la chute de la demoiselle en l'attrapant par les épaules.

Il eut de nouveau l'envie de laisser la personne au milieu du bois et de rentrer chez lui. Il repoussa cette idée, repoussa d'une main indolente les mèches de cheveux de Furu puis l'allongea avec une minutie et douceur sur le sol gelé. Celle ci murmura

* C'est pas vrai... Allons... Un petit effort... Le Lycée n'est pas si loin, hein ?

Milander fronça les sourcils d'un air contrarié. Non mais en plus, il devait la porter? Il regarda autour de lui à la recherche d'un moyen de recouvrir la broussailleuse crinière de la demoiselle inconscience. Si son bras regagnait des sensations, il ne se sentait pas du tout d'humeur à porter un sac d'épine entre ses bras. Et il n'allait surement pas la traîner sur la boue gelée. Il sortit son portable, réalisant qu'il ne lui restait pas assez de batterie pour l'aider efficacement. Il poussa un soupir plein de frustration.

Il se rapprocha de la demoiselle, touchant sa main gelée. Première chose, tenter de la réveiller.

"Mademoiselle? Excusez moi? Vous m'entendez? Parlez moi, ne vous endormez pas! Comment vous appelez vous? "

Sa phrase finie, il réalisa qu'il était épuisé, lui aussi. La demoiselle semblait réagir un peu. Il se pencha sur son visage. Devait il la gifler? Dans les films, ça suffisait à réveiller. Il ne voulait pas s'attirer des ennuis avec un Sensei. Il se frictionna les mains. Son portable pourrait les réchauffer pendant encore plusieurs minutes. Il allait devoir la porter sur son dos.

" Restez éveillée, sensei ! Vous pouvez marcher? "

Narration a écrit:: - Restez éveillée, sensei ! Vous pouvez marcher ?

Visiblement, elle ne pouvait pas. La jeune Hérissonne était vouée à dormir pour les dix prochaines minutes. En somme, jusqu'à ce qu'elle se réveille d'une traite, sans réellement comprendre ce qui s'était passé. Durant ces dix minutes, elle bougea beaucoup, mais sans pour autant se redresser, allant même parfois jusqu'à se coller contre Milander, dont son conscient avait déjà oublié le prénom. Elle remuait, grimaçait, bougea et... Parlait.
Ce dont elle parlait n'avait pas vraiment de réelle signification. C'était des phrases décousues, majoritairement axée sur ce qu'elle avait pensée durant cette soirée. Comme... "Je me demande de quelle couleur étaient ses yeux..." Au passé, tout naturellement. Il n'y a pas de concordance des temps quand on dort. Ou alors "Si je me fais attaquer, il faut grogner... Grr !" dit sous un ton tout à fait pathétique et pas convainquant du tout. Seul un ronflement ou deux entre ses phrases, ainsi que l'absurdité totale de ses propos prouvaient qu'elle dormait. Pour le reste, elle avait les yeux clos et s'était recroquevillée. Les dix minutes furent surement longues pour le Sorcier qui avait, il faut le dire, bien du courage de la supporter.

Durant son sommeil, elle parlait aussi régulièrement d'un incendie. A ce moment-là, elle se mettait à gémir et bougeait dans tout les sens. -Ce qui faisait d'elle une boule de piquants qui bouge. Mieux valait alors ne pas se tenir près d'elle. A vrai dire, elle ressemblait à une châtaigne, ainsi déposée sur le sol en boule compacte... Dans cette position, il allait sans dire qu'elle était plus qu'intransportable. De toute manière, elle s'était tant et tant débattue avant de se mettre en boule qu'il n'aurait mieux valu la bouger, de peur de se faire piquer de toute part...
L'incendie auquel elle faisait référence, elle n'y avait pas assistée. Elle le savait, c'est tout. Depuis que Restiel, sa cousine, était revenue, Furu avait apprit qu'il n'y avait plus de chez elle. Mais le choque avait été trop fort pour la pauvre petite Hérissonne qui avait automatiquement tout refoulé. Ainsi, consciemment, elle imaginait toujours retourner chez Papa-Maman, revoir sa chambre, ses jouets d'enfants... Alors que là-bas, il ne devait même plus rester une peluche à câliner.
Furu parlait de beaucoup de choses en réalité, car c'était ce qui la travaillait. Elle appelait Raichu, son jumeau, comme si crier son prénom allait le faire arriver, mais parlait aussi d'une cave sombre où la lumière ne venait jamais... C'était désormais clair, cette jeune Yokai avait un gros problème psychologique. Et jamais dix minutes ne devaient autant traîner en longueur.

J'avais mal à la tête. ...Et j'étais encore fatiguée. Ce fût les premières choses qui me vinrent à l'esprit lorsque j'ouvris les yeux sur un sol fichtrement gelé. Je regardais autour de moi, un peu perdue, clignais des yeux une bonne vingtaine de fois -Toujours en nombre paire, c'est important, c'est un toc. Et commençais à me rappeler ce que je faisais ici. J'étais partie faire des réserves pour reprendre mon hivernation là où je l'avais laissée et... J'avais du m'endormir. Il y avait aussi cet arbre... Et ce garçon... Le réveil était si dur...! Mes yeux se refermaient presque tout seul. J'eus l'intelligence de me mettre debout avant de me rendormir. Je tenais à peu près droite, mais mes jambes étaient toujours fatiguées... Un peu comme moi. Aah, fichue hivernation ! Si seulement j'étais une Barbare, comme les frangins... Je n'aurais pas ce problème ! Qui, dans la famille, hormis Maman et moi, est obligé de dormir durant tout l'hiver...?! Personne ! Kss... J'ai vraiment héritée des mauvaises gênes à la naissance ! Prenant plus ou moins souvenir qu'une personne était là avant que je m'endormes, je la cherchais du regard. Je crus l'apercevoir pas très loin de moi et lui lançait un regard désolé.

- C'est bon... On peut rentrer. Murmurais-je à son attention.

La jeune fille ne lui accorda aucune réponse. Elle semblait être plongée dans un coma relatif. Milander ne savait vraiment pas quoi faire. Était il la cause de cela?
Le sang coulait le long de son bras. Il n'aimait pas ça du tout. Le sang allait à coup sur attirer toutes un tas de créatures sauvages et autres bestioles maléfiques. La demoiselle remuait dans tous les sens, murmurant des choses incohérentes. Elle se colla au jeune anglais qui en profita pour récupérer son pull. Il réussit mais son vêtement n'était plus que lambeaux. Il le remit quand même, préférant porte un sweat troué, brûlé et recouvert de boue plutôt que de mourir gelé. Furu poussa un grognement. Ou un ronflement particulièrement bruyant, Milander ne savait pas trop.

Au bout de quelques minutes, le téléphone indiqua qu'il ne restait plus que 15% de batterie. Milander se releva, épousseta son pantalon, frictionna ses mains et s’apprêta à partir. Il voulait bien aider les gens mais il ne pouvait plus rien faire dans cette situation. Il ouvrit la bouche, s’apprêtant à prévenir son Sensei qu'il reviendrait avec des secours. Il se retourna pour voir que son interlocutrice s'était transformée en oursin géant. Il resta à distance de cette boule d'épines, curieux et contemplatif. Les gens d'ici étaient décidément étrange. Entre l'ange et ce hérisson géant, le jeune sorcier avait hâte de croiser d'autres créatures. En pensant à cela, il fouilla dans son sac et dévora un nem solitaire.

Finalement, la fille finit par ré-ouvrir les yeux. Milander leva un regard perplexe sur la situation. Il craignait que son interlocutrice se rendorme à n'importe quel moment. Ses paupières devaient être lourdes, elle cligna des yeux un nombre de fois impressionnant. Contre toute attente, elle finit par se relever. Le jeune anglais lui aurait plutôt conseillé de rester coucher. Si elle tombait encore, il ne la rattraperait pas, pensa il en regardant piteusement sa manche ensanglantée.

C'est bon... On peut rentrer.

murmura l'inconnue. Milander fronça les sourcils. Il toussa doucement, dévisageant la jeune fille.

" Excusez moi? Je ne veux pas paraître impoli mais..."

Il avait une infinité de questions à poser. Il parla en Anglais, emporté par sa curiosité.

" Comment vous apellez vous? Qu'est ce que vous êtes? Vous êtes sure que vous pouvez marcher? Vous vous endormez souvent sans prévenir? Est ce que ça risque de se reproduire? C'est vous qui avez fait ça à l'arbre? Quelle heure est il?

Milander avait d'autres questions plus techniques à poser mais il réalisa que la demoiselle le dévisageait. Avait elle comprit quelque chose? Le jeune anglais voulait juste la faire parler, s'assurer qu'elle était consciente et retourner à ses occupations. Maintenant qu'il avait un peu digeré, il lui restait encore son jogging à faire.

- Excusez moi? Je ne veux pas paraître impoli mais... Je relevais la tête, intriguée. Il ne voulait surement pas rentrer avec moi. J'avais dû l'embêter bien trop pour qu'il ait envie de le faire. Oh, s'il savait comme j'étais désolée. Je lui lançais un regard pitoyable digne des plus grandes tragédies romantiques. C'est alors qu'un flot de question abatis sur moi... En Anglais ! J'avais une bonne capacité de compréhension dans les autres langues, et elle m'a toujours servie. Pour la réponse, par contre, cela restait toujours un peu plus embêtant. Je compris donc plus ou moins ce qu'il disait, notamment grâce à l'anglicisme présent dans le Japonais qui faisait que nos mots étaient souvent communs.

- Watashi wa...* Bref, je répondis en Japonais. Je m'appelle Furu, je te l'ai déjà dit, tu sais. Dis-je dans un léger sourire. Je suis un... Un "Hedgehog" improvisais-je, histoire qu'il comprenne ce terme. Tout le monde ne sait pas dire Hérisson en japonais. J’espérais juste ne pas m'être trompée dans le mot. Une Harinezumi, quoï. Je... Peux marcher. Je fixais le sol qui ne tanguais plus trop. Ça allait aller... Je crois. Et quoï d'autre ? Ah ? Le dodo ? C'est parce que c'est ma période d'hivernation, avouais-je, gênée. Sinon, je m'endors jamais comme ça. Je parlais lentement, d'abord car c'était mon débit naturel. J'avais toujours eu du mal à trouver mes mots. Et de plus je voulais qu'il comprenne ce que je disais. Même si j'avais l'impression que mes phrases étaient bien simples comparées à ce que j'entendais d'habitude. A mon tour de poser des questions. Je t'ai dit ma race, à toï de me dire la tienne. Tu es un sorcier, non ? ....A... A Wizard ? Merci les jeux de cartes, sans vous je n'aurais aucun vocabulaire Anglais. Son nom, de nouveau, qu'est-ce que c'était ? Ah oui ! Milander... Milander-kun. Ça sonnait plutôt bien. Je regardais à droite à gauche pour vérifier qu'il n'y avait aucun danger, puis je lui demandais s'il voulait m'accompagner jusqu'au Lycée ou s'il préférait rester ici.

- ...Ce n'est pas que j'ai peur du noir, mais on se sent toujours plus en sécurité quand on est à deux.

Je ne pouvais faire grand chose d'autre que d'attendre sa réponse. J'avais l'air idiote et collante. Je ne savais pas comment il faisait pour me supporter. N'importe qui se serait déjà enfui en courant...! En plus, j'avais pleins de feuilles mortes dans les épines. Je m'en rendais compte, maintenant, c'était à cause de la glissade sur le sol, j'avais jouée le cure-dent et avait embrochée sur ma route toutes les feuilles qui passaient. Je ressemblais à un monstre des bois. Soudainement occupée par mes épines, je ne remarquais presque plus le monde extérieur alors que ma seule préoccupation était devenue d'en enlever le plus possible de mes cheveux. Je comprenais désespérément que désormais, sans personne pour m'aider à m'en occuper, ils étaient en sale état. Je ne pouvais pas du tout en atteindre l'arrière et encore moins en dégager les choses qui y trainaient. Hormis les feuilles, j'y trouvais des morceaux de vêtements qui semblaient appartenir au garçon que je venais de rencontrer. Je ne pouvais m'empêcher d'arborer un air désolé -Même si le fait qu'il soit désormais "dévêtit" à cause des trous dans ses habilles me gênait magistralement. J'ai trois frères, dont un petit qui aime bien montrer ses fesses alors je pourrais en avoir l'habitude. Mais en général, celles des gens que je ne connais pas, cela m'intimide tout de même.

- Il faut... Que tu changes de vêtements, de toute manière. Dis-je en baissant la tête, piteuse de mon crime.

Milander écouta la jeune demoiselle avec attention. Elle parlait japonais lentement, chose que le jeune anglais ne pouvait qu'apprécier

- Je m'appelle Furu, je te l'ai déjà dit, tu sais. Je suis un... Un "Hedgehog". Une Harinezumi, quoï. Je... Peux marcher. C'est parce que c'est ma période d'hivernation. Je t'ai dit ma race, à toï de me dire la tienne. Tu es un sorcier, non ? ....A... A Wizard ?

Le jeune homme hocha doucement la tête. Il nota dans son esprit le prénom. Ces réponses confirmaient beaucoup de choses que Milander avait conclu. Sauf peut être pour la période d'hibernation. Il avait maintenant envie de l’interroger sur son alimentation, son mode de vie ou tout ce qui aurait put être différent d'un humain normal. Milander fut un peu surpris par le naturel de la situation. Il avait toujours du dissimuler aux gens ses capacités extraordinaires. En parler ainsi, c'était tellement... Casual. D'autant qu'il ne comprenait pas vraiment la question de Furu, cette histoire de race.

- ...Ce n'est pas que j'ai peur du noir, mais on se sent toujours plus en sécurité quand on est à deux.

Milander regarda l'heure. Il avait encore une petite demi heure pour courir.

"Je suis content que tu ailles bien! Je.. euh, je suis Humain."

Il détailla Furu. Elle avait piètre allure. Pour les plus patients, on aurait pu faire une douzaine d'herbier en enlevant les feuilles qui s'étaient coincés dans ses cheveux. Mais le jeune anglais n'était pas d'humeur pour des travaux pratiques. Il regarda dans le fond des yeux du hérisson. Devait il lui faire confiance? Pouvait il lui révéler son pouvoir? Et puis, comment avait elle comprit qu'il était un magicien... Il pouvait tout à faire être Milhanderoth, le terrible démon du feu! Il jeta un coup d'oeil furtif à la souche, première victime des ravages de l'archidémon des flammes.

- Il faut... Que tu changes de vêtements, de toute manière.

Milander avait presque oublié l'allure qu'il avait. Il aurait du mal à faire croire aux gens qu'il était tombé dans la foret. Son sweat déchiré ne le réchauffait plus vraiment. Il était content d'avoir un t-shirt qui retenait la chaleur sinon il aurait été un diablotin givré. Enfin, d'ici quelques foulées, il n'aurait plus froid. Furu baissa les yeux, le coeur plein de culpabilité. Le jeune homme aurait préféré un sourire plein de gratitude.

"Rassure toi, je me changerais quand j'aurais fini mon footing ! Je compte encore me salir encore un peu ce soir."

Il sourit chaleureusement à la demoiselle. Il mentait. Il s'était assez roulé dans la boue pour toute la semaine. Il s'ordonna cependant de raccompagner la demoiselle jusqu'à l'orée des bois. Il se sentait comme un vaillant scout aidant une grand mère à rentrer chez elle.

" Veux tu marcher avec moi jusqu'au lycée? Je peux t'accompagner jusqu’à la bas."

Ca lui donnerait l'occasion de discuter un peu avec elle et de décider ou non de lui révéler son statut de magicien. Pour l'instant, il ne préférait ne pas répondre à la question pour l'instant. Il fit quelques pas en avant, décidé à trouver la sortie de cet endroit lugubre.

" Et sinon, tu es en dernière année? Tu fais partie d'un club? Tu sais ce que tu veux faire à la sortie du lycée? "

- Je suis content que tu ailles bien! Je.. euh, je suis Humain.

....Hu... Humain ? HUMAIN ?! C'était carrément se moquer de moi, ça ! Même si ma naïveté m'avait causée une trouille bleue, c'était clair qu'il n'était pas du tout humain ! Sinon il n'aurait pu m'aider ! Je le regardais avec défiance alors qu'il répondait à mes autres questions. J'étais totalement terrorisée par cette réplique, même si je compris qu'au final, ce ne pouvait être qu'une blague ! Je le fixais alors, honteuse de mon manque d'humour.

- Veux-tu marcher avec moi jusqu'au lycée? Je peux t'accompagner jusqu’à là-bas.
- Hm. J'hochais la tête pour dire que j’acquiesçais, totalement intimidée par sa dernière blague. Je n'aimais pas qu'on se moque de moi, et plaisanter sur le fait d'être humain, c'est vraiment idiot. Je supposais qu'en tant que nouveau, il ne savait pas vraiment ce qui était dangereux pour lui. Mon cœur battait la chamade à cause du coup de stress de tout à l'heure. Mais qu'est-ce qui lui était passé par la tête ! Il était totalement débile ! Je ne pus m'empêcher de faire une grimace, qui ne dura cependant que quelques secondes. C'était vraiment se moquer totalement de moi que de prétexter cela !

- ...Dis-
- ...Et sinon, tu es en dernière année? Tu fais partie d'un club? Tu sais ce que tu veux faire à la sortie du lycée?

Zut, trop tard, il m'avait devancée. Bon, je lui en parlerais ensuite. Il venait d'avancer vers la sortie, hors de question que je sois à la traine. Je le rejoins, en ayant malgré cela mal partout. Mon corps endolori était douloureux et courbaturé à cause et du froid, et du manque de sommeil. Je cherchais rapidement de quoï lui répondre.

- Je suis en dernière année, mais je suis nouvelle aussi. Je suis arrivée à la traine, quoï. Et... Rentrer chez mes parents, ça serait bien. Je ne les ais pas revue depuis que... Heu...

Mon enlèvement ? Ma séquestration dans une cave ? ....Pas la peine d'en parler ! Mes yeux clignèrent plusieurs fois, comme pour rejeter en bloc ce mauvais souvenir. Mauvais souvenir ? Ça aussi c'est une blague ! S'il y avait un truc que je pourrais effacer, bousiller, zigouiller, enfin, tuer... C'est bien ce moment et cette personne... J'avais serrée les poings et mon visage était parti dans un expression qui frisait la folie. Quand je m'en rendis compte, je repris un air normal.

- Et toï, tu veux faire quoï plus tard ? Il était nouveau, je le savais déjà. Autant ne pas lui redemander. Je ne pause pas trois fois les mêmes questions, moi. Me dis-je en lui tirant la langue mentalement. C'était taquin, pas méchant. Je ne suis pas méchante, car être méchant, c'est mal. Enfin, c'est ce que j'essayais de faire du moins. Je lui laissais le temps de répondre avant de placer enfin.

- Tu as lu le règlement du Lycée ? Il stipule que tout être Humain trouvé en ces lieux se doit d'être exécuté sans sommation. Tes blagues comme quoï tu serais un Humain, évite-les. Si ça tombe dans l'oreille de quelqu'un de puissant, il ne te laissera même pas le temps de prouver le contraire. Je te dis ça car j'ai vu que tu avais des pouvoirs et que tu m'as sortie d'un bien mauvais pas, mais c'est quand même pas mal embarrassant pour moi d'entendre cela, tu comprends ?

Bref, il m'avait aidé, je pouvais en faire de même. J'allais lui expliquer ce qu'il ne savait pas encore sur le Lycée et veiller à ce qu'il ne fasse pas d'autres bêtises du genre.

Milander avait compris qu'il avait fait une bêtise. Il ne savait pas ce qu'il avait dit, mais dès lors ou il avait fini sa phrase, son interlocutrice le regardait avec stupeur, mi-amusée mi-choquée. Il avait envie d’être au lit. Son anneau grésillait doucement. Le jeune anglais ne savait pas si il se sentait terriblement en forme ou épuisé à en dormir deux nuits. Il devait s'habituer à manier l'anneau sans contrecoup. Il toucha son bras douloureux, décidé à soigner cela une fois son portable rechargé.

- Je suis en dernière année, mais je suis nouvelle aussi. Je suis arrivée à la traine, quoï. Et... Rentrer chez mes parents, ça serait bien. Je ne les ais pas revue depuis que... Heu...

Elle s’interrompit. Milander était pensif. Si il voulait être poli, il faudrait l’appelle Furu-sama. Il leva les yeux, réalisant que la demoiselle avait arrêté de parler, le visage crispé dans une expression grotesque. Le jeune anglais n'aimait pas beaucoup le développement des évènements. Il ne voulait pas être retrouvé en herbier.

- Et toï, tu veux faire quoï plus tard ? Tu as lu le règlement du Lycée ? Il stipule que tout être Humain trouvé en ces lieux se doit d'être exécuté sans sommation. Tes blagues comme quoï tu serais un Humain, évite-les. Si ça tombe dans l'oreille de quelqu'un de puissant, il ne te laissera même pas le temps de prouver le contraire. Je te dis ça car j'ai vu que tu avais des pouvoirs et que tu m'as sortie d'un bien mauvais pas, mais c'est quand même pas mal embarrassant pour moi d'entendre cela, tu comprends ?

Milander avait étrangement comprit le sens de cette phrase. Même si tous les détails lui échappaient, le ton qu'employait Furu ne laissait pas de doute sur le sens de ses paroles. ( Il s’interrogeait juste sur le "Executé ...?" Il ne connaissait pas le mot " sans sommation." mais le jeune anglais le traduit comme un funeste présage. ) Il haussa les épaules et sourit.

- Tu as gagné, je ne suis pas exactement humain. Et je... euh... Je voudrais devenir joueur professionnel de football. Ou professeur d'archéologie.

Milander avait envie d'un chapeau. Il éloigna cette pensée, réalisant qu'il avait parlé avec une naïve sincérité. Il se frotta innocemment les mains, l'esprit confus. Il respira un coup et réalisa qu'il devait tenter de se relaxer. L'ambiance oppressante de l'endroit le rendait nerveux. Le plus étrange, c'est qu'il se sentait plutôt en sécurité auprès de Furu-sama. Apres un soupir, il réalisa que la foret finissait par disparaître. La sortie ! Il frissonna. Pendant un instant, il avait cru voir une racine bouger. Était ce la fatigue?

- Je Euh.. Je comprends. Merci pour vos conseils, Furu-sama. Je ferais attention à mes propos, désormais. Puis je vous être d'une quelconque aide avant d'aller prendre une douche mérité?

Il sourit, regardant le fatras immonde qu'était la chevelure de la demoiselle. Allons, soyons serviable jusqu'au bout, pensait il. D'autant qu'il rêvait de voir si il pouvait réussir son sort de dispersion. Milanderoth, bidouilla innocemment son portable. Il cligna des yeux un instant, la magie se dispersant en lui. Son corps fut parcouru de flammèches bleues. Il fit un pas rapide vers Furu et claqua des doigts. Les feuilles et autres morceaux de vêtements coincés s’élevaient doucement dans le ciel. On aurait dit des centaines de papillons enflammés qui s'envolaient dans la nuit. Puis, le téléphone de Milander vibra, se mit en veille, indiquant qu'il ne restait plus que 5% de batterie. Les flammes furent soufflées comme une bougie, laissant les deux sous la pale clarté de la lune et des étoiles. Cette fois ci, le jeune homme était satisfait, ses sourcils étaient encore intacts.

- Tu as gagné, je ne suis pas exactement humain. Et je... euh... Je voudrais devenir joueur professionnel de football. Ou professeur d'archéologie.

J'émis un sourire rassuré. Bon, il n'avait pas l'air d'avoir saisi toute la gravité de son geste, mais au moins, il savait qu'il ne fallait pas le refaire. Côté ambitions, il avait l'air d'être on ne peut plus normal. Un Yokai banal, en somme, cela me rassurait aussi, car j'avais l'impression de le connaitre, de par ce biais et il me semblait donc moins dangereux de ce fait.
A ce moment-là, nous arrivions vers la sortie. Encore quelques pas... Un bruit. Je redressais la tête, derrière nous, désormais, quelque chose avait fait bouger les buissons. C'était un craquement, quelqu'un avait dû marcher sur quelque chose. Instinctivement, mon nez se mit à bouger doucement, je reniflais une odeur familière. Ça sentait... Ça sentait plusieurs choses. Une odeur de loup, une odeur de plante... Qu'est-ce que c'était ? C'était vivant ! Il y avait quelque chose de vivant derrière nous. J'attrapais sa main et pressait le pas. Est-ce qu'il nous avait entendus ? Auquel cas, avait-il cru à ce qu'avait menti Milander sur son humanité ? J'avais bien raison quand je disais que ce n'était pas des choses à dire ! ...Et cette odeur... Combien de personne ? J'avais un bon odorat, tenant cela de mon Papa Lycan, mais cela ne voulait pas dire que j'étais aussi douée que lui ! Tout ce que je pouvais déceler, c'était cela... Plusieurs personnes ? Un loup tout simple ou un Lycan ? Un Barbare ? Un élémentaire de la feuille ? Alors pourquoï cette odeur de loup mouillé ? Ça ne venait pas de moi, c'était sûr !
A presser le pas, nous étions totalement sorti de la forêt et les bruits, qui s'étaient amplifiés au fur et à mesure de notre avancée, ne s'entendaient désormais plus. Pareil pour l'odeur, on s'était éloignés d'elle. Était-ce quelqu'un du Lycée ? L'Antithèse ? Le Comité de Sécurité ? Un simple élève venu chasser sous la lune ?
Car la lune, oui, elle était haute dans le ciel. Le temps avait bien avancé et j'avais hâte de rentrer à mon dortoir, dormir... Même sans prendre une douche ! Je la prendrais au réveil !

- Je Euh.. Je comprends. Merci pour vos conseils, Furu-sama. Je ferais attention à mes propos, désormais. Puis je vous être d'une quelconque aide avant d'aller prendre une douche mérité?
- Hein ? Non, ça ir- Commençais-je, pressée de rentrer à l'abri, au Lycée. Mais il ne m'écouta pas vraiment, ou alors ne m'entendit pas, trop content qu'il semblait de lancer un sort. Lorsque je senti des choses s'agiter dans mes cheveux, je poussais un cri aigu de surprise et de peur. S'il y avait bien une seule chose que je craignais, c'était justement un truc qui grouillait ! Les asticots, pires ennemis des Hérissons ! Ils pondent dans les épines, dans les yeux, et nous dévore de l'intérieur ! Sur le coup, je ne réfléchis pas très loin et cru en être atteinte. Je me recroquevillais comme par réflexe alors que mes épines continuaient de bouger et que.... Elles me semblèrent moins lourdes ! Je relevais la tête avant de voir tout le fatras de mes cheveux s'envoler au clair de lune. Une peluche, des mouchoirs propres ou sales, des feuilles mortes et des feuilles de cours, une serviette de bain, des quartiers d'orange plus ou moins périmés, une patate, de la terre et un paquet de chewing-gum... Je fixais tout cela s'envoler loin... Loin... Et retomber ? Je ne sais pas. Je me retournais vers le Sorcier, ne sachant pas quoï dire.

- Eh bien... Heu... Dis-je, rougissante, d'une niaiserie exemplaire. Merci Milander-kun. Je baisais la tête et m'inclinais en guise d'au revoir. On est à deux pas du Lycée... Je pense qu'on peut se séparer. Fait attention à toï.

Sur ce, je me mis à marcher en direction des dortoirs, mais une odeur forte m'arrêta net. J'éternuais. C'était... Cette odeur de plante et de loup... Elle était bien plus proche que tout à l'heure, totalement envahissante. Je n'avais fait que quelques pas alors. Je ne pensais pas à regarder autour de moi, car je la sentais se rapprocher et j'avais trop peur de l'apercevoir réellement. Je fis demi-tour, attrapa le bras de Milander-kun et le tira vers les dortoirs, au pas de course.

- C'est... Juste une crise de paranoïa... Peut-être... Mais j'ai bien l'impression qu'on est suivis... Coursés. Je te lâche une fois dans le bâtiment -Pardon.

J'entendais des bruits de pas derrière nous.

Eh bien... Heu... Merci Milander-kun. On est à deux pas du Lycée... Je pense qu'on peut se séparer. Fait attention à toï.

" Bonne soirée à toi, Furu-San ! "

Milander s'inclina en regardant Furu s'éloigner. Il fourra alors ses mains gelées dans ses poches. Il prit une bouffée d'air frais et ses soucis s'envolèrent comme des quartiers d'orange périmés. Il leva les yeux, observant la lune dans le ciel. Il trouvait le départ de l'hérissonne un peu abrupt. Il aurait aimé une récompense. Avec un peu de chance, il trouverait un panier de fruit devant sa porte un de ces jours. Avant qu'il ne puisse se décider à repartir vers son dortoir, d'envisager une douche ou le jogging qu'il s'était promis, la demoiselle fondit sur lui, s'accrochant à son bras. Puis, elle le tira en direction des dortoirs. L'anglais ne savait pas trop ce qui se passait mais il trouvait que la suite des évènements était plaisante. Avant que les pensées du jeunes hommes ne puissent devenir obscènes, Furu fit :

- C'est... Juste une crise de paranoïa... Peut-être... Mais j'ai bien l'impression qu'on est suivis... Coursés. Je te lâche une fois dans le bâtiment -Pardon.

Milander n'avait pas exactement tout compris. Mais le ton stressé et le mot " poursuivis " avait suffi à calmer les ardeurs du jeune adolescent. Milander entendit les bruits de pas. Il fit un quart de tour, manoeuvre périlleuse si on prenait en compte la chevelure hérissée de Furu. Il porta sa main à son portable, prêt à agir.

Hrp : Ha oui, j'ai pas trop d'inspiration sur ce coup...

{ T'as pas fait le minimum de lignes, attention, si Mizo' s'en rend compte, il va se fâcher tout rouge ! :P }

Derrière nous, on entendit un rugissement atroce. Je fis un bond en l'air, mon cœur battait la chamade. Les pas de la "créature" derrière nous s'étaient fait patauds et lourds. Un instant, à bout de souffle, je tournais la tête pour voir ce qui était derrière nous; nous étions à deux pas du dortoirs, elle n'oserait surement pas se risquer dans un bâtiment du lycée ! ...A moins que ce fût un élève sous forme Yokai !
Ce que je vis, c'était un monstre de quatre mètres de haut, tout vert, avec de petites pattes de grenouilles, une longue tige et une tête qui ressemblait à l'extraterrestre noir des films d'horreur. L'odeur de loup qu'elle transportait, elle l'avait entre les crocs ! Elle mastiquais encore un Lycan qu'elle venait de dévorer ! Celui-ci gémissait encore sous ses crocs, bien que déjà privé de vie, lorsque, par réflexe, elle claqua la mâchoire d'un coup sec, une tête valsa dans les airs et nous fûmes éclaboussés de son sang. L'évènement me sembla si atroce que mes jambes défaillirent. Je me scratchais au sol. La bestiole quand à elle continuais d'avancer sur ses longues racines qui lui servaient lui de pieds. Elle rampait, enfouissant ses papattes dans le sol, cassant au passage les dalles du sol environnant l'école.

- ...Elle va nous bouffer !! Hurlais-je, pâle et désemparée. Et effectivement, qui ne l'aurait pas été ? J'étais tombée sur le sol d'une sale manière, cruelle et sadique, qui m'avait fait m'écharper le visage contre, rapper le genoux, et déchirer les poignets. Je me relevais, mais retombais aussitôt et manquais de me faire attraper. Mais lorsqu'une racine fila droit sur ma jambe, j'eus une poussée d'adrénaline et tellement la frousse que je me remis sur mes papattes de suite. Je rejoins Milander et continuais de le tirer vers le dortoir. La bestiole nous courait toujours après et de la bave s'échappait désormais de sa bouche difforme. Une fois Milander et moi à l'intérieur, je fis ce que n'importe quel élève normal aurait fait à ma place, je claquais violemment la porte au visage de la bestiole. Mais celle-ci insistait encore, tentant de défoncer la porte avec son énorme tête...

- C'est... C'est horrible. Murmurais-je, des larmes dans les yeux. Bah, oui, ça fait jamais du bien de voir un meurtre en direct, si on est lié de près ou de loin à la victime, ça fait encore plus mal. Il ne me fallut que quelque instants pour peser le pour et le contre, j'en convint que l'esprit de meute devait nous pousser à venger ce qu'elle venait d'avaler.... Mais, je n'en étais pas capable. Tombant à nouveau au sol, sur les genoux, je me mis à trembler violemment. De toute manière, on en avait pas finit avec la bestiole.

- Est-ce... Est-ce qu'on doit appeler quelqu'un ? Ou tu peux t'en charger...?
C'était beaucoup demander à un Magicien, qui plus est plus jeune que moi et on ne pouvait pas dire que je n'étais pas inquiète pour lui. Mais si la plante avait réussie à dévorer un Lycan, peut-être résistait-elle mal à la force brute ? Auquel cas Milander pourrait même la one-shot ! ...Non, mauvaise idée. Il valait mieux appeler quelqu'un.

Un rugissement terrible fit trembler l'air. Furu sursauta. Le jeune anglais tenta de garder de la contenance et faute de mieux regarda la créature. Il s'agissait d'une sorte de plante géante. Milander s'y connaissait peu en botanique mais il n'avait pas de doute. Cette créature était magique. Dans la panique, il oublia totalement l’existence de son portable. Il regarda la créature, à la fois émerveillé et terrifié. Elle dévorait une créature plus petite que l'anglais reconnu comme un nem particulièrement velu. Dans un craquement terrible, elle l'avala, envoyant la tete de la créature valser. Une gerbe de sang éclaboussa les deux adolescents, rappelant le magicien à la réalité. La plante enfonça ses racines dans le sol, brisant le dallage innocent.

- ...Elle va nous bouffer !!

Furu était hystérique. Milander n'aurait jamais pensé la trouver dans un telle état. Elle s'était effondrée sur le sol, s'écorchant sévèrement. Mais à vrai dire, le jeune anglais n'avait d'oeil que pour la plante. Mille questions lui vinrent à l'esprit. Les racines de la créatures contaminaient le sol. Une racine fonça vers la jeune hérissonne. Avec une vivacité qu'il n'aurait pas pensé imaginable, Milander vit Furu esquiver l’étreinte. Elle l'attrapa par le bras et le tira vers les dortoirs. Une fois la porte refermée, le jeune anglais était essoufflé. Il ne savait pas si ca venait de l'excitation, de la peur ou de la fuite. Peut etre tout en même temps. En tout cas, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas été grisé par tant d’évènements improbables. La porte trembla sous les assauts de la créature. Elle avait encore faim, on dirait. Milander entendit Furu murmurer quelque chose. Il se retourna vers elle réalisant qu'elle avait encore les larmes aux yeux. Il essuya le sang qu'il avait sur son visage d'un revers de sa manche. Le jeune anglais n'étais pas vraiment sous le choc. Il avait l'impression de vivre un mauvais film de série B.

- Est-ce... Est-ce qu'on doit appeler quelqu'un ? Ou tu peux t'en charger...?

Milander aurait pu se débarrasser de la créature il y'a bien longtemps. Mais cette créature faisait visiblement partie de l’écosystème de la foret. Il n'aimait pas déranger le cycle naturel. Mais il ne pouvait pas laisser la plante les dévorer. Il regarda Furu un instant. Il était surpris que la plante l'ai attaquée elle plutôt que lui. Si le jeune anglais avait été une plante carnivore géante, il n'aurait surement pas tenté de dévorer une boule d'épines.

Milander se rappela qu'il tenait toujours son portable dans la main. Son bras était crispé. Il rit nerveusement et relaxa son bras. A vrai dire, le jeune sorcier ne connaissait que peu de sorts offensifs. Et manquait un peu d'occasion pour les expérimenter. Avait il un sort dans son répertoire qui pouvait chasser la créature sans carboniser totalement?

- Je suis magicien, pas jardinier.

Il pianota sur son clavier. La magie crépita le long de son bras. Sa voix résonna dans l'entrée du bâtiment dans un écho incertain. Il commenca réciter son incantation. Des particules magiques se rassemblèrent dans l'air, formant une lance lumineuse qui volait doucement dans l'air. Il ouvrit la porte pour la dernière phrase. Il ouvrit la main.

Light, run these evil souls through. Holy Lance !

La lance bondit dans la nuit, frappant la créature de plein fouet. Milander, trop concentré sur son sortilège n'eut cependant pas le temps de se retirer de l'étreinte soudaine d'une racine. Au contact de la créature, l'arme de lumière explosa dans un flash lumineux, repoussant la créature sur plusieurs mètres. Or, Milander était physiquement accroché à la plante géante. Il fut donc traîné sur cette distance et ne put d'ailleurs retenir un cri de surprise en lachant son téléphone portable dans l'entrée. Il ouvrit les yeux aussi groggy que la créature. L'attaque était sensé effrayer ce monstre, elle l'avait juste étourdi. Dans l'action, elle avait juste récupéré un encas supplémentaire. Milander réalisa qu'il était dans la panade au moment ou une autre racine fonça vers lui. Il tenta de dégager sa jambe, en vain. Allait il devoir carboniser son ennemi? Il se retourna vers Furu, l'air quelque peu paniqué. Il savait qu'il aurait du utiliser son sort désherbant. Sans son portable, il n'avait qu'une seule alternative. Sauf si... Il parla à Furu, se débâtant toujours avec vigueur contre les racines qui l'entouraient. Le ton de sa voix ne laissait trahir que peu de sa détresse actuelle. Il ne voulait pas transmettre sa peur à la jeune hérissonne déja facilement impressionnable.

-Furu san, je crois que j'ai fais une petite erreur. Tu aurais pas une idée géniale pour me sortir de là?

- Je suis magicien, pas jardinier.
- C’est pas comme si c’était de l’herbe non plus.
Je lui lançais un regard noir. Ce n’était pas fait exprès, jusque que la situation me paniquait bien trop. J’avais les nerfs plus qu’à fleur de peau ! La plante continuait d’essayer de défoncer la porte. Milander lança un sort. Me relevant le plus rapidement possible, je courus jusqu’à un mur. J’avais toujours été sceptique par rapport à la magie car Papa m’avait appris à la considérer ainsi. Puis on m’avait aussi dit qu’elle pouvait être dangereuse ; je n’avais aucune envie de me prendre un sort perdu !
Lorsqu’il ouvrit la porte, j’avançais la main, pour le retenir. J’avais changée d’avis, vu la taille du monstre, c’était du suicide d’y envoyer un élève de première année… ! Je n’avais aucune envie d’être responsable de la mort de quelqu’un et puis, quelle façon de le remercier de m’avoir sauvée la vie, de l’envoyer à la mort !
Mais, trop loin et trop hésitante, je ne le retins pas à temps. Et quand je me retrouvais décidée à l’en empêcher, il était déjà parti. Une explosion avait fait qu’il s’était bien trop écarté de la porte d’entrée pour que je puisse le rattraper… Et le combat ne tourna pas à son avantage !
Son téléphone valsa et atterrit sur ma tête. Je fermais douloureusement les yeux et ramassais l’objet. Il n’était pas cassé, mais brillait, je ne sais pourquoï.

- Furu san, je crois que j'ai fais une petite erreur. Tu aurais pas une idée géniale pour me sortir de là ?
- Heu… J’y travaille. Dis-je, pianotant sans résultats sur le petit machin électronique. Merde, quel dommage que je ne sois pas une pyro ! Je l’aurais cramée comme si de rien n’était !… Du feu ! Mais oui, c’est ça ! DIS ! Tu as une option briquet ou un délire du genre là-dedans ??
Mais c’est pas comme si on avait le temps non plus. Une seule envie ; fuir. Mais je ne pouvais pas… Je ne le ferais pas dans une telle situation. J’étais tellement paniquée que je n’étais non plus pas d’une grande aide. Déjà la plante soulevait Milander et ouvrait grande la bouche, dans l’espoir de le croquer comme le louloup de tout à l’heure. Il fallait gagner du temps… Ne serait-ce que quelques secondes… Comment ? Comment, comment, comment ? Une illumination réussit à me refaire prendre contrôle de moi-même. Je m’arrachais une épine –Ce qui se trouve être foncièrement douloureux- et la balançait sur la plante. Celle-ci, lancée avec trop peu de puissance, ne fit que lui rebondir dessus, mais détourna son attention vers moi. Ce n’était pas vraiment l’effet que j’espérais. A vrai dire, j’aurais aimé la transpercer de part en part, comme dans les films d’action, mais bon, on s’en contentera. Cela me laissait le temps de continuer à pianoter. Je faisais le tour des applications, me demandant sincèrement si cela marcherait, n’étant ni magique, ni la propriétaire du portable. Il faudrait que je le lui lance…
A ce moment-là, la plante projeta une de ses racines en ma direction, je n’eus pas le réflexe d’esquiver et le portable retomba au sol. La plante, quant à elle, visa mal et se coinça dans ce qui me tenait lieu de cheveux. De douleur, elle lâcha Milander. Elle se débattit, tentant de se libérer, mais en vain.
- Y’a… Y’a moyen que tu récupères ton portable ?
Pendant ce temps, le petit machin, à quelques centimètres de moi, continuait à faire clignoter, en haut à droite, le dessin d’une pile usagée, marquant de temps à autre sur l’écran « batterie faible ».

Milander vivait un mauvais cauchemar. Il était une souris coincée au milieu d'une meute de serpents. La plante semblait avoir récupéré. Elle bavait abondamment, claquant des dents de plaisirs. Le jeune anglais avait l'air à son gout.

- Heu… J’y travaille.

Furu avait récupéré son portable. Milander savait que son téléphone ne pouvait plus l'aider. Le dernier sort qu'il avait lancé avais surement épuisé la batterie.

Du feu ! Mais oui, c’est ça ! DIS ! Tu as une option briquet ou un délire du genre là-dedans ??

Milander avait effectivement une application pour ça. Il pouvait lancer son sort de feu directement via sa chevalière. Mais la dernière fois qu'il avait tenté cela, il avait eu de la chance que son oncle ai un extincteur à portée de main. Cela lui avait évité de terribles brûlures. Il savait que lancer un sort dans son état actuel de panique avait de hautes probabilités de carboniser lui et la plante carnivore. Il ne voulait pas expliquer à Furu qu'il était incapable de lancer un sort sans se blesser. La créature le souleva alors comme un poupon.

Une épine vint ricocher sur la créature, donnant au jeune magicien un instant de répit. Milander regarda le geste de bravoure de Furu et ne pu que se sentir impressionné. Il eut peur qu'elle soit en danger un instant, la créature désormais focalisée sur la demoiselle. Des racines vinrent s'empaler sur ses épines. Milander fut soulagé de voir qu'elle n'était pas sans ressource. Puis, il retomba au sol comme une tartine malchanceuse. Furu lui avait accordé le temps et les moyens d'élaborer un plan pour repousser la créature.

- Y’a… Y’a moyen que tu récupères ton portable ?

Il se faufila discrètement jusqu’à l'épine qu'avait lancé Furu. Si il avait raison, cette épine serait un catalyseur magique suffisant. Il fit courir la magie le long du cheveux. La pointe s'enflamma soudainement. Il allait enfin pouvoir diriger son sort ! Il pointa son bâton enflammé vers une racine, psalmodiant une ancienne incantation.

"I call upon the red giant, the ruler of hell fire."

La flammèche grandit soudainement. Un jet de flamme bondit vers la créature, qui recula dans un cri d'horreur. Il dispersa l'incendie sur les racines comme un jardinier qui aurait perdu son arrosoir. Comprenant qu'elle n'aurait pas de dessert pour ce soir, la créature recula. Puis après un ultime rugissement, elle fit demi tour, fonçant dans la foret.

Milander se retourna vers Furu et souffla sur le bout de l'épine incandescente. La flamme s'éteint comme une bougie. Le danger éloigné, le jeune anglais avait une certitude. Il n'irait plus jamais faire de jogging dans la foret. Il ne put s’empêcher de s'incliner devant Furu qui, par son geste, leur avait sauvé la mise. ( D'autant qu'il aurait eu du mal à expliquer l'incendie du dortoir. )

- Furu-sama, vous êtes formidable ! Je.. euh.. Merci pour votre aide ! Excusez moi d'être aussi imprudent.

Il releva le visage, un sourire plein de gratitude. Etre en vie valait tous les paniers de fruits.

On l’avait eu ! On avait eu ce monstre ! Bien que totalement remuée et légèrement enragée de ne pas avoir pu le finir –Mon grand frère l’aurait certainement étalé en moins de deux !- et ainsi venger notre compatriote louloup, la défaite de cette bestiole symbolisait notre victoire ! Je n’en revenais pas !
Bon, il est clair que je m’étais sentie outrée d’avoir vu une de mes épines bruler, et qu’au départ, je ne savais pas vraiment ce que signifiait ce rituel- je me suis posée pas mal de questions ! Mais au final, c’était une bonne idée de sa part et j’avalais assez bien le fait que là où une Yokai normale aurait servie à moins, j’avais servi à plus. Envahie par l’émotion, j’avais sautée de joie et au cou de Milander-kun.

Je n'écoutais pas vraiment ce qu'il me disait, j'étais pendue à son cou et était partie en boucle sur une série de "Merci-merci-merci-youpii~" en sautant deux fois en l'air. J'étais totalement hystérique. Une fois la crise d'euphorie terminée, je le lâchais, et eut une soudaine baisse de tension, contre-coup de mon excitation passée. Je manquais de tomber en arrière.

- Heuu... Commençais-je, portant une main sur mon front. Ça va être l'heure de se laisser. Je te laisse rentrer à ta chambre, d'accord ? Je chancelais un peu sur place; la fatigue reprenait ses droits, me scandant qu'il était l'heure d'hiberner. Je baillais, la main devant la bouche, cela va de soit.
Je m'inclinais vite en signe d'adieu -Manquant par cela de tomber en avant et de me vautrer sur le sol, puis cherchait du regard ma chambre, j'étais à quel étage, quel numéro ? Plus aucun souvenir. Je me sentais gênée de lui avoir sautée au cou, mais relativisait en me disant que la situation le permettant. On dira que mes origines française ont un instant surpassée les Japonaises, prônant la distance et le respect mutuel pour une familiarité grossière. J'allais me perdre, dans ces couloirs, mais laissait Milander derrière moi sans regret, car je savais que lui devait bien connaître son numéro de chambre. Et puis ici, même si c'était froid, c'était à l'abri, je pourrais sans soucis m'y endormir si je ne retrouvais pas ma chambre, qu'importe ce que disait Flandre-sama par rapport à une éventuelle catalepsie.
Ayant déjà commencée à grimper les escaliers et réalisant que j'avais oubliée quelque chose, je me retournais vers Milander.

- Excuse-moi, au fait, je ne connais pas ton numéro... de... chambre...?

J'étais hésitante sur la fin, car mon geste avait dépassé ma pensée; ce genre de questions, ce n'est pas censé se poser. Mais au vu de l'aventure, le panier de pâtisseries devant sa porte s'imposait... Achetées, bien entendu ! Je cuisine si mal que je risquerais de faire brûler le Lycée tout entier ! Mais bon, c'était quand même gênant de demander cela à quelqu'un. Et c'était surtout la première fois que je le faisais ! C'est déjà assez compliqué de retrouver sa chambre et de se souvenir de son numéro, si en plus il faut retenir celui des autres...! Bref, c'est pour cela qu'en général, je ne le fais pas. Mais là, ça me permettrait en plus de le revoir... S'il arrivait encore à me blairer avec ce qui venait de se passer ! Enfin. Tiens, la prochaine fois, je lui présenterais Estel ! Je suis sûre qu'elle s'entendra bien avec lui ! ...Peut-être qu'en rentrant que je vais croiser Flandre-sama ? Qui sait ? Elle est toujours dans l'aile Sud... Ou du moins, à chaque fois que j'y passe, je la croise ! Je n'osais pas vraiment décoller du lieu où je me trouvais, mais je finis par m'y décider finalement. Il ne faut pas que je prenne racine, après tout ! Cela serait gênant pour une élémentaire de feu...! ...Non, faut que j'arrête de rêver. Je suis très bien comme je suis après tout, qu'est-ce que j'irais faire avec la maîtrise du feu, moi ? ... Brûler la plante de tout à l'heure par exemple, tiens ! Oui mais avec ma maîtrise nullissime des pouvoirs, je risquerais plutôt de cramer les gens... Bref, on s'en fiche de tout ça. On dit au revoir à Milander-kun et on s'en va ?

"Merci-merci-merci-youpii~"

Furu avait bondit et enlaçait alors tendrement le jeune anglais, le coeur plein de liesse. Son hystérie fut éphémère et elle revint à son état de placidité habituel. Milander ne savait pas trop comment réagir aux démonstrations spontanées d'affection. Il aurait aimé partager l'étreinte mais n'avait pas envie de s'érafler une fois de plus. Il resta donc un petit peu raide quand au câlin surprise.
Tout de suite après, l'épuisement l'atteint et elle semblait prête à s'effondrer et s'endormir ici. Milander était décidé que si ça arrivait, il laisserait dormir Furu dans le couloir et rejoindrait sans culpabilité son lit.

- Heuu... Ça va être l'heure de se laisser. Je te laisse rentrer à ta chambre, d'accord ?

Elle posa une main sur sur son front et entreprit de gravir les escaliers. Milander ne put s’empêcher de l'observer s'éloigner, dévisageant la silhouette de la demoiselle avec peu de retenue. Elle finit par se retourner en haut des escaliers et Milander rougit, craignant d'avoir été surpris dans un checkage de boooty intensif.

- Excuse-moi, au fait, je ne connais pas ton numéro... de... chambre...?

Milander ne savait vraiment pas comment interpréter cette demande. Était il vraiment pervers ou l'univers le testait il? Il tenait encore entre ses mains l'épine rigide qu'avait lancé Furu sur la plante. Le bout était encore brûlé. Il leva vers Furu un sourire confus, lui indiqua le numéro de sa chambre ( Que je ne connais actuellement paaas ) et lui souhaita de trouver son lit avant de trouver le sommeil. Puis, il lui fit un petit signe de la main, gardant comme souvenir de cette soirée un cheveux de la jeune hérissonne, pas mal de bleu et un arrière gout de sauce soja.. Enfin, il gravit les escaliers qui l'emmena vers l'Aile nord. Il ne croisa personne sur le chemin. Il se faufilla jusqu'à sa chambre, brancha son portable, pris une douche, soigna ses éraflures et se demanda si il se sentait encore pret à aller faire son footing. Cette pensée à l'esprit, il s'endormit doucement sur son lit.