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 Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac]

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MessageSujet: Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac]   Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac] I_icon_minitimeDim 23 Sep - 8:05

La nuit était déjà bien avancée, mais Kyofushou ne parvenait pas à dormir. Il dosait avec une précision incroyable les ingrédients de sa nouvelle composition. Depuis quelques jours, il cherchait à mettre au point un poison très efficace pour... stimuler le désir de quelqu'un. Une commande lui avait expressément été faite, sous le manteau, par un des professeurs de l'Académie. D'abord cynique quant à ce projet, il s'y était intéressé de plus près lorsqu'il avait compris que la personne en question... ne la voulait pas uniquement pour raviver une petite flamme avec sa moitié.

Clairement, la peur était en train de rajouter de l'eau à son propre moulin, en tissant une histoire de harcèlement sexuel qu'il contrôlait de A à Z.

Ses tentatives précédentes s'étaient avéré être des échecs. La première de ses infusions avait rendu son élève en détention tellement accro qu'il avait dû l'enfermer deux jours durant, enchaîné à son mur pour l'empêcher de lui sauter dessus. La deuxième avait été un calvaire pour sa testeuse qui s'était littéralement déshydratée. Il avait dû de toute urgence lui faire avaler un antidote sûr, et se replonger dans ses formules.

Mais ce soir-là, Kyô était certain d'avoir trouver l'équilibre parfait pour une potion aphrodisiaque. De l'or pour le désir, un soupçon de fleurs pour l'attirance, une bonne dose de gingembre et... une pointe d'opium. Une formule et un bref sacrifice animal plus tard, il tenait entre ses mains une petite fiole d'une dizaine de millilitres de ce qu'il nomma spontanément la Petite Mort.

Sitôt que l'on buvait de ce produit, on était pris d'une envie de sauter sur tout ce qui bougeait. Mais il créait également une terrible soif, qui pousserait la victime à boire un autre verre, en accentuant ainsi les effets. Une petite mort divine, pour un aphrodisiaque à classer dans les "très dangereux".

Gardant sa fiole soigneusement dans son coffre à potions instables et non testées, Kyô s'essuya les mains, et se dit qu'il était l'heure pour lui d'aller se coucher...

Malheureusement, quelqu'un en avait décidé autrement. Trois coups brefs furent frappés à sa porte, et le professeur de sciences occultes poussa un bref soupir. De sa voix lasse, et légèrement monocorde, il répondit à l'appel :

Kyô : Entrez.

Puis il se tourna, ramassa le cadavre d'oiseau, et commença à nettoyer le sang sur le parquet et effacer les inscriptions sur les murs, meubles et éléments de culte.
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Isaac Sandlord
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MessageSujet: Re: Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac]   Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac] I_icon_minitimeDim 23 Sep - 10:22

La nuit... Propice à accueillir mes déambulations sans rechigner, elle était devenue ma meilleure compagne depuis mon arrivée dans ce lycée. Pas de soleil éblouissant et fade, pas de bruit dans les couloirs, personne à croiser, pas d'étudiant perdu pour me faire perdre le contrôle de moi-même...

Non. J'avais juste à marcher, sans but ni direction, explorant au hasard de mes pas cet établissement que je n'arrivais toujours pas à aimer. Trop de gens, trop de bonnes intentions, trop de bruit. Je ne m'entendais même plus penser.
J'étais même obligé de travailler...

Le seul avantage que j'avais trouvé à vivre ici, parmi ce déluge de flux magiques qui m'assaillaient sans arrêt, c'était l'anonymat.
Ici, personne ne me connaissait vraiment, à l'exception de quelques professeurs qui m'avaient croisé dans la salle de réunion ou encore les rares élèves qui avaient eu le courage de s'inscrire à un cours de soutien avec moi. Je pouvais traverser un bâtiment sans me faire aborder, ni même remarquer.

Mais la simple présence de tous ces monstres m'était difficile à supporter. L'afflux d'auras en tous genres irritaient ma perception, m'agressant autant que le brouhaha incessant des conversations. J'étais comme une antenne qui captait les signaux hurlants de tous ces élèves, que je haïssais tous pour ne pas se rendre compte du point auquel ils m'importunaient.
Tout, en somme, m'irritait dès lors que le soleil se levait.

La nuit, il en allait différemment.
Je parvenais enfin à apprécier le calme des couloirs, la sérénité des bâtiments vidés des élèves, les pelouses désertées, le doux éclat de la lune sur mon chemin... Et, enfin, le calme de mes perceptions. Plus de vampires, de lycans, d'élémentaires, d'animorphes ou autres folklores pour venir tirailler mon esprit de tous les sens.
La solitude me seyait bien...


En cette fin d'après-midi, je m'étais laissé à une petite sieste - la journée avait été éprouvante, comme chaque fois, et j'étais fatigué de tous ces adolescents en mal d'identité qui ne pouvaient pas même me sceller leur nature monstrueuse. C'était une chance pour moi de pouvoir malléer mon temps de sommeil; dès lors que je m'ennuyais ou qu'une plage horaire de ma journée me le permettait, il me suffisait de m'appuyer contre un mur pour dormir vingt, trente, soixante minutes.

Rouvrir les yeux au coucher du soleil était l'un de mes plaisirs favoris. Me réveiller au moment où la journée s'en allait... C'était à mes yeux une promesse synonyme de calme et tranquillité. Pour moi qui n'avais pas eu de repos depuis des années, dans un sens, cette école de monstre était une bénédiction. Agitation fatigante de jour, certes, mais aussi calme salvateur de nuit.

Et cette nuit avait été calme, presque trop - même pour moi.
A peine vêtu d'un maillot de corps chiffonné et lâche, presque aussi délavé que le pantalon que j'avais enfilé à l'aveugle au réveil, j'avais marché pendant au moins deux heures, en vain. Je n'arrivais pas à trouver cette sérénité qui m'habitait d'ordinaire dès que je mettais un pied hors de ma chambre pour errer dans les couloirs abandonnés de toute vie; trop de pensées se bousculaient dans ma tête, trop de reproches à moi-même, trop de scènes que je rejouais dans ma tête en m'imaginant réagir autrement...

Je lâchais un long soupir. Même dans mon refuge nocturne, ces élèves venaient gâcher ma quiétude. Errer ainsi ne me servait à rien si je ne parvenais pas à me vider l'esprit: autant rentrer dans ma chambre et dormir...

Retrouver si tôt le chemin de mes appartements ne me réjouissait guère. D'autant qu'à peine poussée la porte des dortoirs, ma perception se retrouvait à nouveau chatouillée par les auras des élèves qui ne dormaient pas ou qu'à moitié dans les chambres environnantes.

Et puis, alors que j'arrivais à proximité de ma chambre, je me rendis compte de quelque chose. Quelque chose d'étrange, et de... Pas vraiment rassurant.
Je fermais les yeux et me concentrais. Il y avait bel et bien quelque chose dans les parages qui ne dormait pas encore... Mais quoi...?

Je me guidais à l'aveuglette vers ce qui me semblait être la source de cette sensation - une source unique, et non plurielle comme je l'avais d'abord cru. Je rouvris les yeux, pour me retrouver face à... la porte de mes appartements. Ou, ce qui ressemblait à la porte de ma chambre.

Surpris, je jetais un oeil de côté pour voir que la porte de mes appartements était en fait celle d'à côté. Ainsi donc, mon voisin de chambre s'amusait tardivement... Qui était donc ce membre du personnel qui pouvait bien s'adonner à des activités nocturnes? Je supposais de prime abord un lycan, avant de me souvenir que le cycle lunaire ne correspondait pas; et la signature mystique de cette aura différait totalement. A vrai dire, elle était... Terrifiante. A donner froid dans le dos.

Je fixais le panneau de bois encore quelques instants, sceptique. Qui se cachait derrière cette porte...? Quel genre de monstre pouvait manier les forces occultes que je percevais, bourdonnement faible mais lourd et puissant...?

J'étais en proie à l'hésitation. Curieux, et craintif à la fois. Qui diable pouvait bien être aussi puissant...? Je ne pouvais imaginer manipuler ainsi de telles forces occultes. Je mourais d'envie de frapper, découvrir qui avait accumulé tant de puissance, mais en même temps... Si j'avais le malheur de faire irruption à un moment inopportun, je serai mal tombé.

Et puis une pensée me traversa l'esprit.
Une idée lumineuse.

Et si cette personne, si puissante, pouvait... Non, était-ce possible..? Pouvais-je seulement l'espérer? J'avais d'un coup le coeur gonflé d'espoir, la tête pleine de mes rêves de grandeurs d'autrefois - qui ne m'avaient jamais vraiment abandonné.

Alors que j'étais repris par mes chimères, l'activité se calma lentement.
Il s'arrêtait.
C'était le moment ou jamais.

Avant de pouvoir me raviser, je ne me laissais même pas le temps de rebrousser chemin et frappais à la porte. Trois coups nets, audibles.

"Entrez."

Ce simple mot, prononcé par une voix grave étouffée par le battant de bois, suffit à me faire froid dans le dos.

Mais j'en avais vu d'autres. Ma vie avait déjà été menacée à plus d'une reprise, je n'allais pas devenir soudainement timoré. Je poussais la porte.


Une atmosphère malsaine.
Ce fut la première chose que je notais en ces lieux. Quelque chose de puissant et dangereux se jouait ici, sans que je parvienne à identifier quoi.

Et puis je les vis.
Un chaudron, des fioles, des poupées, des grimoires, un autel, du sang, des inscriptions...
Alors que mon coeur ratait un battement, une certitude s'imposa à mon esprit: j'avais frappé à la bonne porte.
Mais que se passait-il, ici...? Je ne cherchais même pas à l'imaginer.

Enfin mes yeux se posèrent sur le propriétaire des lieux. Ou, du moins, le dos de celui-ci; je n'en distinguais guère plus que la découpe dessinée du dos et des épaules, sur lesquelles tombaient des cheveux sombres. Sans que je sache trop pourquoi, cet homme m'inspirait naturellement un respect craintif.

Je fis deux pas dans la pièce, fermais consciencieusement la porte derrière moi. Même si l'idée de me couper toute retraite hâtive ne me plaisait guère, ce que j'avais à dire ne devait pas sortir de cette pièce. Je m'armais de tout mon calme, puis m'adressais au dos de cet homme.

"Excusez cette irruption tardive, commençais-je avec l'assurance que je pouvais rassembler, mais j'ai une requête à vos proposer. Une requête... Importante."

A défaut de croiser un regard, mes yeux se promenèrent sur la pièce. A ma droite, une bibliothèque habillait le mur d'un chaudron, et de toutes sortes de fioles - je ne fis que survoler sans chercher à en discerner le contenu, tant ce que je pouvais déjà en voir me laissait coi. En face de moi, un bureau sur lequel semblait s'affairer le maître des lieux, au pied duquel gisait... J'y regardais à deux fois.

Un oiseau mort, balancé dans un sac comme on jette un vieux brouillon.
Flanquant la porte, une bibliothèque qui pourrait sembler banale en d'autres lieux, et de l'autre côté...
L'incongruité de la collection de poupées me fit hausser un sourcil. Certes, celles-ci n'avaient pas toutes l'air au mieux de leur forme, mais leur simple présence renforçait l'impression malsaine que j'avais de l'endroit. Sans oublier les inscriptions obscures qui illustraient les murs...

Avais-je bien fait de frapper ici...? Pas de doute. Ces visions d'horreur me rassuraient. Cet homme connaissait son affaire, pour sûr.

Si quelqu'un dans les environs pouvait avoir une solution, c'était bien lui.
Après ce bref tour d'horizon, j'eus envie d'en exposer plus à mon inespéré, lui demander, là tout de suite maintenant, si oui ou non il pouvait m'aider; mais je ne pouvais pas me le permettre, aussi attendis-je patiemment, planté devant sa porte, avant d'expliquer quoi que ce soit.
Ce serait comme me jeter dans la gueule du loup, m'avouer vulnérable...
Je devais attendre quel genre de services cet homme pouvait me proposer, et s'il avait vraiment la capacité à me venir en aide.

Et s'il le pouvait...
Le monde s'offrait à moi.
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MessageSujet: Re: Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac]   Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac] I_icon_minitimeDim 23 Sep - 10:51

Le démon de la peur ne l'avait sans doute pas remarqué de prime abord à cause de son incantation à peine terminée, mais le nouveau venu dégageait quelque chose. Quelque chose qui le différenciait nettement des élèves sur lesquels il veillait, endormis dans leur petit lit, et rêvant plus ou moins tranquillement quand il était dans le coin. Oui, la personne qui se tenait dans son dos, alors qu'il effaçait les parties de formules à risque pour un liseur de runes, n'était pas quelqu'un d'ordinaire.

Certes, il avait l'air de le craindre. D'une crainte légère, comme celles qu'on accorde à son ainé, ou à un maître dans une spécialité convoitée. Mais il n'était pas pour autant effrayé ni inquiet à l'idée de son existence. Mieux encore, il n'avait pas tressaillit, ni tourné les talons à voir la scène qui devait se découper devant lui. Le démon de la peur se sentit même légèrement impressionné lorsqu'il entendit sa porte se fermer. Décidément, cet homme - aucune femme ne marchait comme ça - avait de l'assurance. Amusant, lorsqu'on savait à qui il allait avoir affaire.

??? : Excusez cette irruption tardive, commençais-je avec l'assurance que je pouvais rassembler, mais j'ai une requête à vos proposer. Une requête... Importante.

La peur incarnée cessa de frotter un instant les inscriptions sur son bureau, puis repris de plus belle. Le regard légèrement vague, il reprenait petit à petit ses esprits. Il était très difficile pour lui de faire des potions et autres incantations lorsqu'il n'avait pas mangé depuis quelques jours. Il faudrait qu'il aille donner des cauchemars à quelques fillettes la nuit suivante. Reprenant le nettoyage, Kyô passa derrière son bureau, effaça une branche de son étoile, puis fit volte-face, plantant son regard bleu acier dans celui du nouveau venu.

Des cheveux long, blancs, qui respiraient la magie. Un regard surmonté de lunettes rondes, et une taille un peu trop importante pour être celle d'un élève ordinaire, s'il s'agissait bien d'un élève. Il ne sut dire pourquoi, mais le flegme avec lequel semblait attendre et même vivre son nouveau compagnon de jeu lui hérissait légèrement le poil. Sa mollesse était au contraire ce qu'il avait traduit dans sa voix. Une assurance, cachée derrière un tas de mou. Le démon de la peur fit un signe de tête vers ses fioles.

Kyô : Si c'est une fiole contre les troubles du sommeil, j'ai ce qu'il vous faut, mais cela risque de vous plonger dans... un sommeil éternel.

Il referma minutieusement ses tiroirs, et fit pivoter un levier qui verrouilla ses différentes cachettes, ne laissant plus voir que la forme vague de flacons ressemblant à des alcools forts. Le professeur de sciences occultes passa ensuite un large coup de serpillière par terre, essora son arme de propreté massive, et remit le tapis en place pour cacher le pentacle gravé dans le bois. Un pentacle sacrificiel.

Kyô : Si vous voulez que j'empoisonne, élimine, fasse tomber quelqu'un amoureux de vous, que quelqu'un ait un "accident", qu'il perde la parole, une jambe, ou bien qu'il meure dans des conséquences tragiques, je vais tout d'abord avoir besoin de votre nom, et de vos motivations.

Le démon éjecta son seau et son balais dans le grand placard en dessous de ses poupées, et en saisit une qui avait le visage fracturé, attrapant un pot de colle ultra-forte pour reconstituer sa petite tête de porcelaine qui pourrait servir une fois de plus. Droit, sur la chaise de son bureau, il tira sur les manches de son pull pour les remonter à ses coudes, et appliqua le liquide avec beaucoup de précision.

Kyô : Si c'est pour autre chose, je vous invite à prendre place sur la chaise là-bas, ou à vous asseoir sur mon tapis. Mais comme vous m'avez l'air de quelqu'un d'intelligent... Que puis-je pour vous ?
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Isaac Sandlord
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MessageSujet: Re: Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac]   Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac] I_icon_minitimeDim 23 Sep - 16:01

Ma patience fut mise à épreuve - ainsi que mon orgueil: cet homme ne semblait pas pressé de me répondre.

Avec quelqu'un d'autre, je me serai senti rapidement vexé; mais dans les circonstances actuelles, je pris mon mal en patience - sans trop me forcer. Je n'étais pas envieux de me faire rabrouer par quelqu'un d'une telle puissance...
Ainsi, je restais calmement à le regarder ranger son matériel, attendant patiemment.
Je devais rester prudent - même si ce n'était pas tout à fait ma spécialité.

Et puis il se tourna vers moi, planta soudainement ses pupilles d'un bleu foudroyant dans mes yeux gris.
J'essayais de n'en rien montrer, mais j'étais scié sur place.

Il était jeune... Et beau. Du moins, il me semblait qu'il l'était; selon ce que je me souvenais, il correspondait aux critères physiques de notre époque. En tous les cas, il plaisait à mon regard, d'une façon terrifiante et captivante.
Mais je ne m'attendais pas à me trouver face à quelqu'un de si jeune. Il paraissait certes plus âgé que moi, mais beaucoup moins que ce à quoi je m'attendais...

Il s'adressa alors enfin à moi de sa voix qui sonnait si froide à mes oreilles. Troubles du sommeil...? On pouvait sûrement considérer que j'en avais, mais cela allait plutôt en m'arrangeant - et je ne souhaitais pas un sommeil infini...
Un frisson me parcourut l'échine; cet homme semblait capable de plonger quiconque dans le plus profond coma d'un simple claquement de doigts...

Je me tins à carreau pendant qu'il lessivait le sol, observant sans bruit cet homme mystérieux faire son ménage consciencieusement. En suivant mécaniquement du regard les mouvements de la serpillière, je posais les yeux sur le symbole gravé dans le plancher - symbole que je reconnus entre tous pour l'avoir déjà étudié.
Le pentacle sacrificiel me narguait, ravivant mes souvenirs de vieux grimoires aux origines douteuses. Le voir là, gravé, visiblement utilisé, me fit froid dans le dos.
Cet homme semblait accoutumé à côtoyer la mort... Comme à la donner.

Le tapis tomba avec un bruit mat, tandis que mon interlocuteur reprenait de plus belle, tenant un menu de ses services à proposer. Menu, ma foi, fort appétissant... Pour qui n'y figurait pas.
Rien ne semblait pouvoir lui résister. Il pouvait donner la mort, mais aussi empoisonner la vie, la maudire d'un simple mot, détruire un à un les piliers d'une existence... Impressionnant.

Pendant tout ce temps, l'homme s'agitait, nettoyait, rangeait, remettait en place. Sans avoir bougé d'un pouce tout du long, je l'observais faire, à la fois distrait et captivé par le moindre de ses faits et gestes. Tout était fait avec précision et rapidité, dénonçant une habitude régulière de ces gestes; il n'y avait aucun doute sur la régularité de l'exercice de ses fonctions... Tant mieux, au moins pouvais-je avoir confiance en la qualité du service.

Je me souvenais de prestations sacrificielles beaucoup moins professionnelles que ce à quoi j'assistais à moitié; des caves aux murs recouverts de sang, des carcasses pourrissant dans un ruisseau de couleur suspecte, une odeur nauséabonde à retourner le plus solide des estomacs, des tripes en guirlandes autour des pieds de table...

Des images auxquelles j'avais fini tant bien que mal à m'habituer - bien que l'odeur me reste encore en horreur. Ces gourous de sous-sols étaient souvent les plus offrants sur les artéfacts de magie noire et autres babioles nécessaires à leurs rituels; et, bien souvent, ils étaient également les clients les moins pénibles à traiter, les encens leur piquant tellement les yeux et engourdissant leur esprit qu'ils n'étaient pas trop regardant sur la qualité de la marchandise.

Et puis finalement l'homme s'assit derrière son bureau, une poupée brisée à la main et de quoi la réparer. Cette cessation soudaine d'activité ramena mon attention sur lui; quel charisme, quelle aura froide... Son visage impassible me sidérait.
Il était un paradoxe à mes yeux: à la fois captivant et effrayant...

"Si c'est pour autre chose, je vous invite à prendre place sur la chaise là-bas, ou à vous asseoir sur mon tapis, reprit-il alors. Mais comme vous m'avez l'air de quelqu'un d'intelligent... Que puis-je pour vous ? "

Ca y est. C'était à moi de parler.
Je pris une inspiration que j'espérais discrète, ne souhaitant pas montrer à mon interlocuteur le moindre désarroi qui pourrait être retourné contre moi; mon masque d'impassibilité avait déjà fait ses preuves dans le domaine, mais de façon limitée - j'étais trop mauvais acteur pour jouer une comédie plausible.

J'allais chercher la chaise désignée, et la déplaçais pour l'installer en face de l'homme, de l'autre côté de son bureau.

"C'est plaisant de voir quelqu'un faire le travail proprement, lâchais-je négligemment en ramenant le meuble. Au moins, je vois que vous êtes professionnel."

Je m'installais de biais, de sorte à pouvoir poser un coude sur le bureau - et ne pas avoir à faire de demi-tour complet pour rejoindre la porte. Tout en l'observant du coin de l'oeil travailler à sa réparation d'objet de culte - ou de simple collection, qu'en savais-je après tout - je fis un rapide tri de ce que je pouvais me permettre de dire ou non avant de me lancer.

"Je me nomme Isaac Sandlord, énonçais-je d'une voix claire. Je suis un sorcier, et le problème qui m'amène ne concerne que moi..."

Venait maintenant l'instant où je dévoilais mon problème. Livrer des informations sur moi avait déjà été un enjeu risqué: je connaissais l'emprise que l'on pouvait avoir sur un esprit par le seul emploi de son nom, mais j'espérais que le fait que mon nom de naissance lui reste inconnu pour me mettre à l'écart de ce risque.

Je laissais couler un petit silence, pesant encore mes mots. Et si je faisais une erreur...? Non, je ne pouvais laisser de place au doute. Il fallait que j'en ai le coeur net, l'enjeu était trop gros. Je me penchais vers lui avec des airs de conspirateur avant de reprendre:

"Vous y connaissez-vous en procédés de leg de magie, de scellement, ou de restitution des pouvoirs...?"

Je misais beaucoup sur la réponse à cette question.
Il en allait de mon avenir... Et celui du monde.
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MessageSujet: Re: Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac]   Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac] I_icon_minitimeLun 24 Sep - 3:27

Le démon de la peur ne voulut rien en montrer, mais il était légèrement déçu de la réaction que son invité avait eue. D'abord, parce qu'il s'efforçait à grand peine de cacher les ondes d'inquiétude qui émanaient de lui comme les premiers relents de puanteur sortant d'un cadavre frais. Ensuite, parce qu'il s'était assis... Droit sur son cercle sacrificiel. Intérieurement, la Phobie sourit. En façade, il se contenta de toiser son interlocuteur pendant qu'il se présentait. Définitivement, il voulait en savoir plus sur cet homme. Qui avait une maîtrise de soi suffisamment avancée pour garder un masque, certes fragile, mais toujours présent, de confiance en soi ? Certes, le démon n'était pas dupe, il sentait la peur, lointaine, ne demandant qu'à être exploitée, mais il était assez impressionné. Un camarade de jeu qu'il prendrait plaisir à dévorer quelques fois s'il lui en donnait le goût.

??? : C'est plaisant de voir quelqu'un faire le travail proprement. Au moins, je vois que vous êtes professionnel.

Kyô ne put s'empêcher de marquer un temps d'arrêt. L'ironie de l'instant ne lui échappa pas, si bien qu'il empêcha son visage d'avoir un sourire moqueur. Un professionnel des sciences occultes ? Il était un démon, il ETAIT les sciences occultes. Comment un être fait de ténèbres et se nourrissant de peurs tel que lui aurait pu être médiocre ? Il comprenait les forces traversant un être humain, celles régissant son coeur et son cerveau. Et surtout , il savait à quel point les autres forces autours de lui n'attendaient qu'une erreur, même minime, de sa sa part pour lui voler son corps. Son corps si longtemps cherché, si longtemps attendu, et si chèrement gardé. C'était l'unique raison pour laquelle Kyô, la phobie en personne, était aussis méticuleux. Il ne voulais pas "mourir" et surtout pas aussi stupidement qu'en créant un aphrodisiaque.

??? : Je me nomme Isaac Sandlord. Je suis un sorcier, et le problème qui m'amène ne concerne que moi...

Cette fois, le démon de la peur ne put retenir un sourire; Fugitif, à peine perceptible, et qui s'effaça aussitôt. Un sorcier, ces manipulateurs d'âme et d'énergies, venait d'entrer dans son bureau pour lui demander conseil. Il était habitué à les voir, pédants, sûrs d'eux et de leurs pouvoirs, méprisants... mais celui-là était venu lui quémander de l'aide. Soit il avait perdu grandement de son pouvoir - ce qui expliquerait sa faible impulsion, cachant un grand vide de réserve énergétique - soit il avait toujours été médiocre... mais si cela avait été le cas, il n'aurait pas exploré son bureau du regard comme il l'avait fait.

Kyofushou l'écouta attentivement, et garda le silence un instant, hochant gravement la tête avant de planter son regard dans celui de Sandlord, inspirant quelques craintes qu'il avait à son égard. Magouilleur, il saisit à la volée une plume de son sacrifice, qu'il accrocha sur la poupée. Lui insufflant la peur qu'il avait recueillie - juste assez pour jouer les marabouts - ses yeux se tintèrent d'un rouge soutenu tandis qu'il récitait une formule simple, en hébreu. L'instant d'après, il mit sa poupée debout, et dans son sac mortuaire, le corbeau se dressa soudain.

Kyô : Manipulation énergétique. Puiser sa magie lorsque sa réserve est épuisée dans les émotions, fortes, et flux d'autrui. Sang, bave, sperme, sueur, amour, envie, jalousie, colère... pour ma part je remplis mon réservoir... de peurs.

Il assit brusquement la poupée au visage déformé, créant une ambiance macabre, et détacha la plume. Le cadavre de volatile s'écroula dans un froissement de plastique léger.

Kyô : Je connais les flux magiques et le transfert de ceux-ci, Isaac Sandlord. Mais vous, pourquoi en avez-vous besoin ?

Même s'il pensait connaître la réponse, il préférait poser la question. Après tout, il ne fallait pas qu'il tombe sur un fou dangereux désireux de dominer le monde. Il aurait pu détruire sa tranquilité... et sa pseudo immortalité.
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Isaac Sandlord
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MessageSujet: Re: Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac]   Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac] I_icon_minitimeDim 30 Sep - 13:18

Cet homme étrange me faisait l'impression d'un acteur, qui se met en scène savamment selon ce qu'il cherche à provoquer chez le spectateur. Il plongea son regard glaçant dans le mien, et j'eus un léger sentiment de malaise, comme si ses yeux... m'aspiraient. C'était assez perturbant, et j'eus pendant un instant du mal à garder ma contenance. Imperturbable quant à lui, mon interlocuteur reprit la préparation de sa poupée, lui fichant une plume, la manipulant sans avoir cure de ma présence. Comme si je n'étais pas là, il s'occupait de sa poupée... Malgré la crainte respectueuse que je ressentais à son égard, je ne pus m'empêcher un brin de scepticisme en le voyant apprêter sa poupée.

Légèrement inquiet, intrigué par la manipulation du petit personnage, je le regardais faire, patient et tendu – et je manquais de sursauter lorsqu'un bruit de tissu froissé se fit entendre à côté de moi. Baissant le regard vers le sac près de nous, j'aperçus... L'oiseau. Debout, absolument vivant, alors que l'instant d'avant, j'étais persuadé de l'avoir vu raide comme une planche...
Je fixais l'oiseau ressuscité avec de grands yeux, lorsque l'homme reprit de sa voix de tombeau – une voix qui me glaçait le sang presque autant que les mots qu'elle prononçait.

« Manipulation énergétique. Puiser sa magie lorsque sa réserve est épuisée dans les émotions fortes, et flux d'autrui. Sang, bave, sperme, sueur, amour, envie, jalousie, colère... pour ma part je remplis mon réservoir... de peurs. »

Ah.
Surtout, ne pas avoir peur.

Il est impressionnant comme la raison et le corps peuvent entrer en conflit. Alors que ma raison analyse clairement cette déclaration – si j'ai peur, je lui fournis de la puissance -, je sentis mes mains devenir moites, mes jambes devenir du coton : c'est tout mon corps qui s'engourdit en réaction en comprenant – cet homme n'est pas n'importe qui.
Puiser sa force de la peur, voilà qui avait de quoi faire peur en soi.

Alors que je sentais le sang quitter mon visage, je déglutis tant bien que mal en tâchant de préserver mon masque de maîtrise – mais était-ce encore bien utile... ?
Je sursautais -encore- lorsqu'il assit la poupée d'un geste brusque. Je posais mes yeux sur le petit objet comme s'il s'était agi d'une arme menaçante braquée sur ma tempe, et regardais comme au ralentis la main de mon interlocuteur détacher la plume. Mon cœur rata un battement en entendant un bruit mat, et je baisais les yeux vers l'oiseau.
Mort. A nouveau.

« Je connais les flux magiques et le transfert de ceux-ci, Isaac Sandlord, reprit la voix de glace. Mais vous, pourquoi en avez-vous besoin ? »

Je relevais lentement les yeux, comme redoutant de les poser sur lui. Il me semblait aussi stoïque qu'un bloc de glace...
Si cet homme – s'il était vraiment un homme – se nourrissait de la peur, il avait sûrement senti mon malaise. Mais je dus faire un effort de raison pour me persuader que je ne risquais rien – ou du moins, que ma vie n'était que partiellement menacée.
En effet, dans l'enceinte de l'établissement, à l'intérieur même des dortoirs, alors que je faisais partie du corps professoral, il était inconscient de s'en prendre à moi trop sérieusement. Je ne doutais pas qu'il pouvait me menacer, peut-être même mettre certaines de ces menaces à exécution, mais il ne me tuerait pas ; c'était la règle, ici.

Malgré cela, savoir que ma vie n'était pas en jeu ne me rassura que moyennement. Tâchant de garder la maîtrise de ma respiration, je songeais à ce que je pouvais répondre. Donner trop d'informations pouvait jouer en ma défaveur, et je tenais trop à ma personne pour me mettre en danger inconsidérément – même s'il s'avérait que c'était exactement ce que j'avais fait en faisant irruption dans cette pièce si tard.

Mais il fallait que je considère une chose. Cette homme, mystérieux et menaçant, était sans aucun doute très puissant. La peur était bien le sentiment le plus universel, le plus commun à tout être vivant : c'était instinctif, irrépressible. Et il avait la capacité de m'aider. Autrement dit, cet homme pouvait se révéler un allié précieux. Très précieux...

Considérant les choses sous cet angle, mon intérêt pour lui s'accrût. S'il pouvait quelque chose pour moi, ou s'il rejoignait les maigres rangs de mes alliés, il pouvait se révéler d'une valeur inestimable...
Portant une main à mon menton, mes longs doigts engloutissant le bas de mon visage, je posais sur l'homme un regard inquisiteur. Oui. Cet homme ferait partie de mes alliés. Il fallait jusque que je trouve un moyen de le convaincre de me rejoindre.
Je me redressais sur mon siège, assuré.
Les démarches diplomatiques étaient lancées.

« Pardonnez mon impolitesse, mais je me réserve le droit de répondre à cette question plus tard. Comprenez que ce qui m'amène est de haute importance, et ne me permet pas de révéler l'affaire à tous les vents. »

Je m'accoudais au bureau, croisant les doigts nonchalamment, et laissais planer un instant de silence. Il fallait que je pèse mes mots. Ne pas me précipiter, prendre des précautions. Laisser comprendre que ma méfiance est légitime et nécessaire.

« Je ne doute pas de votre qualité, loin de là, repris-je posément. Seulement, excusez mon offense si je vous dis que je dois d'abord être en confiance pour vous confier ce qui me préoccupe. »

Pour sûr, je ne pouvais pas éventer au premier homme puissant ce qui m'amenait ; j'étais en position de vulnérabilité, et il fallait que je me batte pour pouvoir me préserver une position qui ne soit pas trop menacée par mon interlocuteur.
J'avais envie de croire que je pourrais rallier cet homme à ma cause, en le tenant par le dû à défaut de la persuasion s'il le fallait – je n'avais pas même conscience de la précarité de ma position en l'instant présent. Seule une boule dans mon estomac me rappelait la crainte que je ressentais, tandis que mon esprit était désormais tout entier tourné vers l'ambition réveillée.

« Je ne connais pas même votre nom, ni quoi que ce soit de vous, continuais-je sur le même ton, mais je peux vous proposer une chose. »

Quelle idée. Me mettre ainsi sur la brèche, en position de marchandage ; était-ce bien prudent... ? Sûrement pas.
A nouveau, je me penchais sur la table avec des airs de conspirateur, ménageant mon effet, le regardant par-dessus le cadre de mes lunettes.

« Un échange de service. Vos capacités m'intéressent grandement, mais rien ne me garantit que vous serez prêt à m'aider de bonne grâce ; de plus, je ne dispose pas d'argent pour vous rétribuer. »

Je me redressais et me laissais aller contre le dossier de mon siège, passant un bras par-dessus, adoptant une allure décontractée - étais-je complètement inconscient...?

« Confiez-moi une tâche, quelle qu'elle soit ; j'en appelle à votre confiance en ma bonne volonté, je l'exécuterai sans rechigner si tant est qu'elle soit dans mes cordes. Une fois que vous me serez redevable, je vous exposerai ma requête. »

J'avais conscience de la précarité de mon raisonnement. Proposer mes services à un parfait inconnu plus puissant que n'importe qui d'autre, en échange d'un soutien dont je ne savais même pas dire s'il pourrait me l'accorder, ne pas même lui révéler ce que j'attendais de lui... Et puis, payer avant même d'être servi. C'était irraisonné.
C'était risqué. C'était bancal.

"Qu'en dites-vous...?"

C'était désespéré.
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MessageSujet: Re: Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac]   Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac] I_icon_minitimeLun 1 Oct - 14:08

S'il y avait bien un domaine dans lequel on ne pouvait tromper la peur en personne, c'était la peur. Elle se présentait sous différentes formes dont la plus classique était un cri, un sursaut, un mouvement de recul. Pour camoufler cette petite angoisse que ressentait Isaac, le sorcier était un maître c'était certain. En revanche pour garder son self-contrôle, c'était une autre histoire. La phobie ne pouvait pas lui en vouloir, il faisait cet effet-là à bien du monde, et il adorait ça. Il s'amusait en début d'année à faire une petite démonstration de puissance à ses élèves, pour voir qui s'enfuirait, se mettrait à pleurer ou le regarder avec respect. Visiblement, Isaac aurait fait parie de la dernière catégorie, il avait besoin de ses services.

Le plus amusant avec ce type de magie, c'était que Kyô n'avait jamais choisi la peur. Il était né de la peur et ne connaissait la puissance que de son existence. Oh oui, en tant que démon immatériel il était capable d'avaler d'autres énergies, positives. Mais cela le fatiguait, pour plonger ses victimes dans la noirceur la plus profonde de leur âme. Après tout il aurait pu être un être de sang, comme ces vampires, ou bien un être de luxure comme les succubes. Mais non, la peur était son terrain de jeu, et un immense terrain de jeu qui lui offrait énormément de possibilités de sorts et d'expériences. C'était peut-être en cela qu'il était le plus terrifiant. Chaque personne qu'il croisait, un jour où l'autre, était susceptible de lui servir de sac d'énergie magique. Même si Kyô ne savait se servir que de peu de sorts, et se cantonnait au vaudou et aux fioles, il était potentiellement menaçant pour quiconque le rencontrait.

Isaac semblait l'avoir compris, et commençait à se donner en spectacle. Derrière la façade de mafieux qu'il affichait maintenant ouvertement, le démon de la peur voyait un enfant qui avait peur de se faire gronder, et noyait le poisson dans un nombre de gestes et mimiques incalculables. Toute affaire, même incroyablement importante, n'était qu'un infime grain de poussière dans l'océan de sa vaste vie. Pourtant cela semblait compter beaucoup pour son interlocuteur, et en soi lui donnait du pouvoir.

Kyô adorait le pouvoir. Surtout lorsqu'il l'exerçait sur les autres.

Même si Isaac ne voulait glisser mot sur ce qui le taraudait de la sorte, le démon devina que cela avait un rapport avec cette incroyable réserve de magie totalement vide. Il lui faisait penser à une pomme bien gorgée de sucre qu'on avait laissé s'assécher au soleil. Ou à un sorcier compétent qui n'avait plus que son cerveau pour réfléchir au moyen de retrouver un pouvoir décent. Les êtres humains avaient beau se cacher derrière autant de masques qu'ils pouvaient en trouver, il n'était pas dupe. Isaac avait besoin de lui, et tentait de se donner de la valeur pour rendre les négociations plus simples. Il le caressait dans le sens du poil, ce qui était parfaitement inutile. Kyô savait qu'il était des monstres de Yôkai l'un des plus compétents en matière de magie. Il n'était pas LE plus puissant de tout l'établissement, mais en faisait indubitablement partie.

Et comme il ne se mêlait jamais que de ses propres affaires, il avait toujours été tranquille avec les gros boeufs de l'Académie. Enfin, jusqu'à présent.

Isaac : Confiez-moi une tâche, quelle qu'elle soit ; j'en appelle à votre confiance en ma bonne volonté, je l'exécuterai sans rechigner si tant est qu'elle soit dans mes cordes. Une fois que vous me serez redevable, je vous exposerai ma requête.

La phobie sentit une pointe d'intérêt le redresser sur son siège. Il cessa de manipuler la colle qu'il utilisait, en nettoya l'embout et la reposa proprement. Son regard polaire balaya le sorcier un instant, tandis qu'il réfléchissait. Ce jeune homme avait donc si envie de quelque chose que lui seul pouvait fournir qu'il était près à faire n'importe quoi qu'il demanderait ? Un instant le démon envisagea la situation. Il n'avait jamais eu besoin de rien ni de personne, mais il pouvait accéder à sa requête. Le forcer à s'humilier, se salir les mains ou encore transgresser certains de ses principes qui avaient l'air si droit au premier abord. Ce serait d'une incroyable jouissance que de le voir souffrir tout un dilemme moral avant de le détruire en lui enseignant comment regagner de l'énergie magique. Mais si cette demande si importante était toute autre, et qu'il ne pouvait y répondre totalement ?

Le démon de la peur sentit un sourire envahir son visage, et il eut beaucoup de mal à le réprimer. Son cerveau fonctionnait à plein régime, et l'âme noire au fond de son petit corps jubilait. Ce gamin ne manquait pas d'assurance, et cela lui plaisait. Son regard se teinta d'une moquerie mesquine tandis que sa poitrine se soulevait par sacades. Du plus profond de son être d'ordinaire si mesuré et calme un rire sortit. Caverneux, grave, et incroyablement doux. La menace d'un assassin ayant sa lame sur votre coeur n'aurait été plus doucereuse que le visage neutre qu'il reprit après cette brève hilarité.

Définitivement, Isaac lui plaisait.

Kyô : Puisqu'il est question de confiance commençons par mon nom. Je suis Kyô Fushou, littéralement la phobie. Si nous nous connaissions d'avantage je vous expliquerais d'où me vient ce sobriquet ridicule. Mais il semble que je doive d'abord mettre les choses au clair.

Il écarta les bras pour englober la pièce et permettre à son hôte de tout voir. Les livres anciens, les étagères de potions, les incantations sur le sol, les poupées de céramique sur le mur, et enfin lui-même. Kyô qui avait un rythme et une hygiène de vie extrêmement stricts pour ne jamais laisser l'occasion à son corps de s'abîmer. Et jusqu'à présent il avait plutôt bien réussi son coup.

Kyô : Je n'ai ni n'aurai jamais besoin d'un quelconque service que vous puissiez réaliser. Je suis capable d'obtenir ce que je désire au moment où je le désire, et ce par la force de mes seuls moyens. Cependant je trouve votre demande... touchante.

Il avait hésité à sortir ce mot, car il doutait de sa signification. Le fait était que Kyofushou trouvait que cet homme dans sa peur ne manquait pas de courage. Il se mettait presque à nu, comme un condamné à mort présentant volontiers sa nuque. Et ça, même si le démon le trouvait stupide, il ne pouvait qu'en approuver le fond. Cependant, il avait vécu et partagé sa puissance avec une sorcière aussi ambitieuse qu'Isaac semblait l'être. Cela s'était mal terminé, mais s'il était aussi dangereux qu'elle, il pouvait peut-être en faire quelque chose...

Quelque chose de fragile et manipulable. Ou quelque chose d'utile et redevable.

Kyô : Aussi sachez que je vous aiderai, sans contrepartie. Je vis depuis assez longtemps pour savoir que les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent alors, c'est à mon tour de vous proposer un marché.

Kyô sortit de son tiroir un pinceau, une bouteille d'encre, un stylo plume et une feuille de papier à grain. Il releva ses manches, et commença à rédiger, concentré sur sa tâche. Les lettres appliquées et penchées de cette écriture qu'on avait toujours félicitée commencèrent à former quelques phrases, qu'il lut dans le même temps.

Kyô : Tout ce que nous dirons vous et moi dans l'enceinte de ce bureau restera strictement entre vous et moi. Vous ne pourrez en parler à l'extérieur de ces murs car votre langue refusera de le faire, ainsi que la mienne. Si par un moyen quelconque notre conversation sortait de ces murs le responsable en serait châtié de... disons, une cécité mensuelle.

Il posa un point à la fin de sa phrase et toisa le sorcier pour lui faire comprendre ce qu'il était en train de faire. S'il y avait quelque chose de très important à retenir avec les démons, c'était que jamais il ne fallait leur faire confiance, ni passer de marché avec eux. En un sens, Kyô savait qu'Isaac se sentirait menacé, et rassuré à la fois. Si les termes de leur entente étaient figés dans un document magique, ils auraient bien du mal à se trahir l'un comme l'autre.

Kyô : Ensuite s'il y a un terme essentiel à une alliance entre vous et moi Isaac c'est l'assurance qu'aucun de nous ne tentera de tuer l'autre. Bien. Vous n'avez le droit de me blesser, m'emprisonner, me séquestrer, m'exorciser, m'empoisonner ou me rendre malade par quelque moyen que ce soit, sauf par maladresse. Mais je décèlerai les maladresses intentionnelles, et veillerait à ce que vous n'en fassiez pas d'accidentelle. Il en va évidemment de même pour moi.

Il apposa un second point et marqua une pause de quelques secondes. Il manquait quelque chose à ce contrat. L'objet. Reposant son stylo, il croisa ses mains l'une dans l'autre et se mit au fond de son fauteuil de cuir, l'air vaguement ennuyé. Son regard, perçant, se porta sur la gueule d'amour du sorcier. Qu'est-ce qu'un être magique aussi jeune que lui pouvait bien lui vouloir ?

Kyô : J'accepte de vous aider sans condition autre que cela ne nuise ni à ma personne ni à mon être profond. Seulement ce contrat ne sera rempli que si je sais ce dont vous avez besoin. Alors...

Il se pencha en avant, posa les coudes sur le bureau, et tenta de le sonder.

Kyô : Je vous écoute.
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MessageSujet: Re: Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac]   Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac] I_icon_minitimeMer 3 Oct - 14:21

Je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire de satisfaction en voyant l'homme se redresser sur son siège. Avais-je réussi... ? La boule de crainte dans mon ventre se transforma en boule d'anticipation. J'observais chacun de ses gestes consciencieux manipuler puis poser son matériel avec un regard intense. Bon sang, Il fallait absolument qu'il dise oui ! Et alors, le pouvoir...

Son visage changea d'expression. Je déglutis, et découvris avec un frisson ses lèvres s'étirer finement, tandis que son regard moqueur me toisait. Mon cœur rata un battement, et lorsque sa poitrine commença à se secouer, balayant instantanément l'esquisse de sourire qui flottait sur mes lèvres, je ne pus réprimer la chair de poule qui me hérissa à l'entente de son rire. Calme, caverneux, profond. Effrayant.
Je sentis le sang quitter mon visage. Il... riait.
Se moquait-il de moi ? Etait-ce un rejet de ma proposition, de la plus humiliante façon qui soit... ? Il me riait au nez !

Et puis, plus rien.
Son rire se tut, ses lèvres chassèrent toute expression réjouie, son regard se fit de plomb.
Un visage froid et grave, de quoi ramener la boule d'angoisse dans le creux de mon estomac.

« Puisqu'il est question de confiance commençons par mon nom. Je suis Kyô Fushou, littéralement la phobie. »

Mon esprit se focalisa un instant sur cette déclaration. La Phobie. Kyô Fushou. Oh mon dieu.
Du fin fond de ma mémoire de sorcier, perdu entre tous les récits obscurs que j'avais pu lire, ce nom s'était déjà présenté à moi. Sans détails précis, sans description exacte, rien de plus qu'un ancien mythe poussiéreux au fond des bibliothèques spécialisées dans les pratiques les plus sombres...

Mes entrailles se liquéfièrent.
Qu'avais-je fait... ?

« ... Mais il semble que je doive d'abord mettre les choses au clair, continua-t-il de sa voix de tombeau. »

J'eus un mouvement de recul que je me reprochais aussitôt lorsqu'il écarta en grand les bras. Une crainte d'un tout autre genre tapait désormais à mes tempes. Qu'avais-je fait, bon sang, qu'avais-je fait. Et si la Phobie estimait que je lui avais porté affront, en lui proposant un tel marchandage... ? Bon sang. Je n'arrivais pas à croire que j'avais essayé de me mettre la Phobie dans la poche.

Je suivis d'un regard nerveux l'englobement de la pièce. Les livres, les potions, les pentacles, les poupées... Et lui-même.
Je sentis mes jambes flageoller en posant mes yeux sur lui – fort heureusement, j'étais déjà assis.
Allait-il décidé que j'avais été trop loin ? Allais-je mourir... ?

Ma frayeur m'empêcha presque de comprendre ce qu'il prononça de sa voix grave.
Et puis la dernière phrase m'atteignit péniblement le cerveau.
Il trouvait ma demande... Touchante ?
Etait-ce là de l'ironie, à l'instar de ce rire caverneux quelques instants plus tôt... ?

« Aussi sachez que je vous aiderai, sans contrepartie. Je vis depuis assez longtemps pour savoir que les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent alors, c'est à mon tour de vous proposer un marché. »

Mon esprit assimila lentement.
Très lentement.
Je posais un regard absent sur lui, écoutant à peine, tandis qu'il s'attelait à la rédaction du document. Que... ?

Et puis lumière se fit.

Il m'aiderait. La Phobie allait m'aider, sans contrepartie.
Kyô Fushou. La Phobie.
Je comptais la Phobie parmi mes alliés.
La Phobie !

Mes yeux s'écarquillèrent plus grand encore si c'était possible. La crainte, la peur, l'angoisse, la tension ; tout explosa, vola en mille morceaux, propulsé loin de mes épaules.
J'avais à peine entendu les conditions de cet accord ; au regard lourd que posa sur moi cet allié impensable, je pris conscience d'une chose : c'était trop beau pour être si facile. Signer ce document, c'était m'engager moi aussi, apposer ma signature revenait à mettre en jeu mon âme entre les mains de ce démon ancestral.
Les mots qu'il prononça ensuite semblèrent s'ancrer dans ma mémoire comme tracés au fer rouge.

« Ensuite s'il y a un terme essentiel à une alliance entre vous et moi Isaac c'est l'assurance qu'aucun de nous ne tentera de tuer l'autre. Bien. Vous n'avez le droit de me blesser, m'emprisonner, me séquestrer, m'exorciser, m'empoisonner ou me rendre malade par quelque moyen que ce soit, sauf par maladresse. Mais je décèlerai les maladresses intentionnelles, et veillerait à ce que vous n'en fassiez pas d'accidentelle. Il en va évidemment de même pour moi.»

C'était un gros risque. Mais aussi un gain inestimable...
Dans quelles conditions pourrais-je un jour regretter d'avoir juré de ne pas porter atteinte à la vie de la Phobie incarnée... ? Et mieux encore, j'étais à l'abri de ses propres pouvoirs...

La Phobie croisa les mains.

« J'accepte de vous aider sans condition autre que cela ne nuise ni à ma personne ni à mon être profond. Seulement ce contrat ne sera rempli que si je sais ce dont vous avez besoin. »

La Phobie mettait un point d'honneur à écarter toute menace venant de moi. Intérieurement, j'oscillais entre fierté et perplexité ; que pouvait bien craindre la Phobie, venant d'un pauvre sorcier comme moi... ? Comment pouvais-je représenter la moindre menace pour lui ?
J'aurais été surpris qu'un démon plusieurs fois centenaire ne se méprenne sur mes capacités – et la création de ce document n'en était que plus incompréhensible.

La Phobie, à mes côtés... Je peinais encore à y croire.

« Alors... »

Des rêves de grandeur et de puissance se dessinaient déjà sous mes yeux, l'ombre d'un sourire béat sur le visage. J'y étais presque...
Il se pencha en avant, posa les coudes sur le bureau, et posa son regard grave sur moi.

« Je vous écoute. »

Je braquais un regard enflammé sur le démon, et tout mon être s'emporta.

Je me levais d'un bond, et plaquais mes deux mains sur le bureau un peu plus violemment que voulu, intensifiant le contact visuel.

« Kyô Fushou, énonçais-je d'une voix emportée par la folie des grandeurs. Phobie, rend-moi puissant ! »

Mes lèvres s'étirèrent pour de bon en un large sourire, convaincu que l'affaire était faite. J'allais être puissant !

« L'invocation de mon catalyseur s'est mal conclue, mais j'ai encore mes pouvoirs ! M'empressais-je de lui déballer. Ils sont encore là, je le sens ! Il y a un moyen pour que je retrouve leur emploi, forcément. »

Mon expression se fit carnassière.

« Phobie, rends-moi puissant. »

Je me redressais avec lenteur. Plus de peur, plus de doute.
Plus que l'ambition. La soif de pouvoir.

« Tu ne le regretteras pas. »

La puissance, à portée de main...


Dernière édition par Isaac Sandlord le Jeu 4 Oct - 4:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac]   Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac] I_icon_minitimeMer 3 Oct - 23:05

Ah, le renom. S'il y avait un petit fléau contre lequel Kyô ne pouvait rien c'était celui-là. Il avait beau eu prendre tous les noms, s'installer dans de nombreux pays, son visage de marbre et son coeur de glace avaient fait le tour du monde. Il avait une chance sur dix qu'un sorcier tel qu'Isaac le connaisse, et comme chaque fois que le hasard était en jeu, il fit mouche. Ce garçon le connaissait, et pas de la meilleure façon qui soit. Il prit son regard effaré, son mouvement de recul, la tension dont il fit preuve comme un véritable hommage à ce qu'il était réellement capable de faire. Isaac n'aurait pu lui faire plus grand plaisir qu'en se sentant ridiculement petit à l'annonce de son nom. Par tous les diables, ce que la Phobie pouvait adorer être adoré.

Pourtant il voyait les émotions défiler dans le regard d'Isaac comme les nuages sur la mer un jour de tempête. Il était partagé par tant de sentiments divers que Kyô en perdit le fil pour ne garder qu'une impression globale. Il venait de se rendre compte de qui lui avait accordé son aide. De qui ne le tuerait pas. Et de qui acceptait de le former. A l'intérieur du masque neutre, le démon s'agitait. Kyô n'était plus le professeur de sciences occultes mais bien le démon avide de se nourrir et semer la zizanie. Et Isaac était devenu la proie la plus potentiellement prometteuse de son tableau de chasse. D'abord parce qu'il était facilement influençable - la seule annonce de son prénom avait créé une vague d'émotions considérable - ensuite parce qu'il était excité comme un gosse la veille de Noël avec ça.

Isaac : Kyô Fushou. Phobie, rend-moi puissant !

C'était tout ce qu'il voulait entendre. La lueur de folie dans les iris de son interlocuteur, ses mains moites et excitées par la situation. Ce petit air lointain d'un ambitieux tué dans l'oeuf. Cette ambition qui aurait déraciné des familles entières pour atteindre le but fixé. Oh oui. Kyô adorait ça.

Isaac : L'invocation de mon catalyseur s'est mal conclue, mais j'ai encore mes pouvoirs !

Oh oui il les avait toujours. Kyofushou les sentait aussi certainement qu'il s'était senti menacé d'exorcisme un peu plus tôt. Il le sentait aussi certainement qu'Isaac avait été sensible à l'ambiance de son bureau. Aussi certainement qu'il avait examiné ses cercles et les avait reconnus. A n'en pas douter une seule seconde, Isaac Sanlord était un sorcier spécialiste et très intéressant. Et surtout, il avait assez de puissance enfouie pour l'aider à atteindre son but, c'était sûr et certain. Il continua de le darder de son regard fou, tant et si bien qu'au fond de sa chaise de bois inconfortable il avait l'air d'un vautour affamé. Et lui, âme charitable, allait lui donner de quoi se repaître quelques jours, peut-être quelques années s'il s'y prenait bien. Mais d'abord, il fallait coucher cela sur papier.

Kyô : Bien. Il nous faut donc fixer certaines autres règles. Vivre sainement de corps et d'esprit. Ne vous couchez plus après 22h, buvez plus d'un litre et demi d'eau par jour. Mangez cinq fruits et légume, une viande tous les deux jours, un poisson tous les deux jours. C'est la condition première de notre accord, je perdrais mon temps à donner cours à un homme des cavernes.

Il passa son regard sur la voûte carnassière d'Isaac. Ce garçon semblait tellement déterminé qu'il pensa un instant pouvoir tout exiger. Il aurait pu remplacer son corps qui s'abîmait doucement au fil des années, et qu'il devrait penser à quitter d'ici quelques centaines d'années. Il avait encore le temps d'y penser. Et puis les lunettes d'Isaac étaient un obstacle à l'envahissement de son corps.

Kyô : Secondement. Je n'enseigne ni aux faibles d'esprit ni aux ignares. Nous nous verrons donc également afin de renforcer psychologiquement votre maîtrise de vous-même. Vous en avez besoin. Vous me laisserez poussez vos limites jusqu'à les atteindre, et même aller au-delà pour vous sortir de la médiocrité. Enfin...

Il fit tourner le stylo entre ses doigts, le fixa un instant, et chercha comment formuler la dernière condition de manière à ce qu'elle soit parfaitement irréprochable. Il tenait Isaac au creux de sa main. Il le sentait. Oh oui il le sentait...

Kyô : Vous me devrez obéissance. Tant que vous serez avec moi pendant un cours, qui commencera au moment où vous franchirez le seuil de ma porte et se terminera quand vous le passerez à nouveau, je ne veux entendre aucune protestation. Aucun regret. Aucune exigence. Sans doute certains vous briseront, mais je vous casserai autant de fois que je le jugerai nécessaire afin de faire de vous un être plus authentique. La Vénus de Milo ne serait qu'un marbre avec ses bras. Et bien vous serez ma Vénus, et moi le sculpteur exigeant. Vous comprenez ?

Il apposa la dernière condition de son contrat, sortit le scalpel qu'il utilisait d'ordinaire pour découper un morceau d'ADN de petite taille, et s'entailla l'auriculaire. Le doigt le moins utilisé par ses mains parfaitement blanches, et celui qui lui ferait le moins de tort une fois guéris et engourdi par la blessure. Trempant la plume dans ce qui sortait comme liquide rouge sombre, il apposa sa signature en vieux Katakana. Kyofushou. La phobie.

Puis il essuya son outil sur une compresse stérile, le tendit à Isaac, ainsi que la plume vide.

Kyô : Il ne nous reste plus qu'à signer, Isaac Sandlord.

Jubilant intérieurement, le démon darda de son regard avide le pauvre sorcier. Catalyseur. S'il savait.
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MessageSujet: Re: Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac]   Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac] I_icon_minitimeVen 5 Oct - 3:46

Je me rassis tandis que la phobie énonçait ses conditions. Une à une, elle égrena les contraintes auxquelles je devrai me plier en échange de son aide. Une à une, elle plaça les nouvelles balises de mon existence, érigea des murs le long de la route que je suivais.

Mais malgré les interdictions, les exigences, les obligations, malgré l'obéissance, la souffrance, malgré la servitude à laquelle je m'apprêtais à me plier, je ne voyais qu'une chose.
Là, droit devant moi, au bout du chemin, la puissance m'attendait. Une puissance offerte par un démon plus vieux que les mythes eux-mêmes, une puissance qui m'était offerte.
Alors, quel que soit le prix, quels que soient les sacrifices que la Phobie exigerait de moi, je le ferai.
Oh, oui. La puissance sera mienne.
Je le ferai.

Même si l'idée d'être ainsi asservi ne me plaisait guère, je savais que je n'avais à craindre qu'une souffrance passagère. Une mise à l'épreuve, tout au plus. Que je surpasserai.
J'avais déjà souffert. Vivre dans des conditions déplorables, avec des possessions dérisoires, détaché de toute considération matérielle ; je l'avais déjà fait. Subir, ravaler mon orgueil, serrer les dents, je l'avais déjà vécu.
Sans mes pouvoirs, je n'étais rien ; guère plus qu'un humain, vulnérable et incapable. Aussi pénible qu'elle soit à accepter, cette vérité était pourtant établie ; et l'humiliation cuisante que je ressentais chaque fois que je croisais un monstre en pleine possession de ses moyens me rattrapait, toujours, incessamment.

Vivre au milieu des monstres, cacher mon incapacité pour sauver ma vie... C'en était assez.
Je ne voulais plus être vulnérable. Je ne voulais plus craindre. Je n'étais pas destiné à cela.
J'étais destiné à être puissant.
Et il était temps que je réalise ma destinée, quelles que soient les épreuves, même si je dois pour cela payer le prix exigé par la Phobie.

Que diable étaient quelques malheureuses règles d'hygiène de vie, que je suivais déjà pour la plupart, comparées à ce qui m'attendait... ?
Je me savais capable d'atteindre mon but. Et ce but, la Phobie le tenait entre ses mains, me le présentait aimablement.
Je n'avais plus qu'à courir. Droit devant.
Affronter les épreuves, surpasser les obstacles.
J'aurai la puissance.
Coûte que coûte.

Je regardais Kyofushou s'entailler imperturbablement le doigt, et apposer sa signature au bas du document.

« Il ne nous reste plus qu'à signer, Isaac Sandlord. »

Sa voix grave résonna en moi.

Il n'y avait plus qu'à signer.
C'était tout ce qu'il me restait à faire.

J'attrapais l'outil d'un geste assuré, et regardais la lame un instant.
Si facile...

Je relevais les yeux vers la Phobie, déterminé. Je m'apprêtais à sceller mon destin. Réaliser enfin ce qui m'était promis depuis si longtemps, attraper enfin ce que je n'avais fait qu'effleurer.

Une signature. C'était tout.
Si facile...

D'un geste assuré, j'entaillais mon doigt, serrant les dents lorsque la lame coupa la chair. Le sang s'échappa entre les lames nettes de la petite plaie, coulant le long de mon doigt, du dos de ma main, du début de mon poignet. Je fixais un instant les gouttes rouges glisser sur ma peau comme autant de promesses.
La puissance.
Je tendis un bras et attrapais la plume que la Phobie avait utilisée un instant auparavant. Répétant les mêmes gestes en silence, suivant consciencieusement son exemple, je récupérais assez de sang dans la tête de la plume pour ensuite me pencher sur le document.

J'arrêtais la plume en suspension à quelques centimètres à peine au-dessus du papier. Mes yeux parcoururent une dernière fois les lignes du contrat.
Obéissance. Souffrance. Sacrifices.
Servitude.

Pouvoir.

La plume laissa une longue traînée carmine sur le papier, là où je venais d'apposer mon patronyme.
J'avais signé avec assurance, certain que c'était ce que j'avais de mieux à faire.

Voilà. C'était fait.
Si facile...

Je relevais les yeux vers la Phobie. Mon nouveau maître.

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MessageSujet: Re: Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac]   Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac] I_icon_minitimeLun 8 Oct - 14:55

Un instant, le démon de la peur ne crut pas à la chance qu'il venait d'acquérir. Sa patience immense et le tri qu'il avait sévèrement effectué ces dernières années venait de lui tomber sous forme de petit pactole, de rétribution miracle, de récompense incroyable. Pour la première fois depuis qu'il avait quitté les gamins qui avaient tenté lamentablement de l'exécuter, il avait signé un contrat. Un contrat véritable, dont le sang d'Isaac marquait le bas de page. Un contrat sans date de péremption, dont les lignes serrées et l'écriture inclinée commençaient à onduler lentement.

S'il y avait bien quelque chose qu'on apprenait pourtant aux sorciers, c'était de ne jamais contracter avec un démon. Jamais. Hideki Monohara l'avait fait, et il avait perdu son corps et son âme à son seul profit. Un chef de la route de l'opium l'avait fait, et il était mort dans des circonstances étranges, laissait Kyô comme seul héritier de son salon. Un adolescent chasseur de monstres l'avait fait, et il avait péri sur une route de campagne. Eugénie l'avait fait, jusqu'à ce que la mort les sépare. Et pas un instant Kyô ne douta que Isaac, le temps venu, serait une gêne dont il devrait se débarrasser. Sauf si.

Sauf s'il le regardait avec la même flamme dans le regard. Sauf s'il s'investissait autant que le disait tout son corps. Sauf s'il était capable, autant que témoignait la magie qui découlait du contrat, de grandes prouesses.

La feuille de cahier simple s'enroula sur elle-même, s'entoura d'un ruban noir de nuit, et se cacheta. Kyô siffla quelques mots à voix basse, et son sceau apparut alors nettement dans la cire encore chaude. Il était la phobie. Quiconque lirait sans autorisation les termes de ce contrat deviendrait sans doute fou. Il était la phobie. Et il avait maintenant un apprenti.

Le regard glacial, et particulièrement satisfait du professeur de sciences occultes se porta sur son disciple, alors qu'il se levait pour ouvrir sa bibliothèque, et en extraire quelques livres. L'un était épais, noir, à la couverture racornie et aux dessins explicites évoquant clairement des scènes de torture et de mort. Le second semblait plus récent, vert, petit, son dix-neuvième carnet de compte-rendu sur les études des sciences occultes touchant aux manipulations d'énergies. Le troisième, large, fourni, léger, était élégamment décoré de gravures dorées, et ne semblait contenir aucun texte. Pour cause. C'était un album photo.

Kyô : Vous avez fait le bon choix, Isaac. Maintenant, voyons quelques fioritures si vous le voulez bien. Notre contrat est scellé, mais vous ne connaissez pas encore l'étendue de ce que vous apprendrez, alors commençons par la base.

Il posa le vieux livre gros comme une encyclopédie, et tapota de ses doigts fins la couverture, comme s'il discutait du temps autour d'une tasse de thé

Kyô : Voici un ouvrage fort intéressant à propos des sources sacrifices d'énergie. Je ne veux pas que vous trouviez dans ces pages votre catalyseur, il serait stupide d'attirer l'attention en supprimant des élèves, même les plus agaçants d'entre eux. En revanche, imprégnez-vous de son idée principale. Plus l'offrande est généreuse plus la source mentale est puissante.

Il ouvrit ledit ouvrage à la page d'un croquis vieux, dessiné à-même le livre. Une souris, un oiseau, un chien, un être malade, puis un humain dans la force de l'âge, un jeune homme, un enfant et une jeune vierge étaient représentés. Clairement, cette dernière avait plus de valeur car elle était la plus rare à l'époque où cette encyclopédie macabre avait été rédigée.

Kyô : Je vous le prête. Prenez-en grand soin. Ce second livre est mon journal de recherches personnelles. Voyez si quelque chose que j'aurais pu remarquer au cours de mes expériences est susceptible de vous intéresser et revenez la prochaine fois avec une idée solide de ce que vous voulez exploiter pour puiser votre force. Il est hors de question que je sois votre baby-sitter, vous êtes un sorcier responsable et, je crois l'avoir senti, assez sérieux pour ne jamais vous être penché sur la question épineuse du partage de pouvoir par le partage du corps. Aussi, je dois vous parler d'une troisième chose qui, venant de ce livre, restera strictement dans ce bureau.

Kyô balaya ce qui se trouvait sur son bureau, mit le livre sous le nez d'Isaac avec un air énigmatique, et en caressa la couverture lentement, comme pour éviter d'abîmer ses précieux piquetages de cuir. Il inspira profondément, le toisa une seconde, déglutit, puis croisa les bras sur son torse.

Kyô : Je vais vous expliquer de mon expérience personnelle pourquoi jamais il ne vous faudra partager ce que je vous offre. Sous aucun prétexte. Est-ce que vous avez une idée de ce dont je peux parler ?

Il n'allait tout de même pas lui mâcher le travail. Remontant ses manches sur ses bras blancs, il arracha un fil volatile de son vêtement et jeta un regard vers l'aphrodisiaque qui avait fini de décanter. Le démon de la peur se leva, activa les tiroirs secrets, et saisit la fiole pour la boucher, et la secouer vigoureusement.
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MessageSujet: Re: Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac]   Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac] I_icon_minitimeMer 17 Oct - 10:01

Un instant de flou passa, puis le parchemin que je venais de signer s'enroula de lui-même, me surprenant à moitié. Après tout, il ne fallait pas que j'oublie qui était mon nouveau maître...

Celui-ci darda sur moi un regard qui me fit froid dans le dos, puis se leva et se dirigea vers sa bibliothèque. Tandis qu'il choisissait des ouvrages, je méditais un instant ce que je venais de faire.
Signer un pacte avec un démon pluricentenaire. Accorder mon obéissance par mon sang. Me remettre entre les mains de la Phobie...

C'était inconsidéré, c'était complètement fou. Mais qu'avais-je à y perdre, en considération de ce que j'allais gagner... ?

Maintenant commençait la véritable épreuve. Maintenant, j'allais devoir faire mes preuves, quoi qu'il m'en coûte. Le pouvoir sera mien.

Je savais que j'allais souffrir, que la Phobie me mettrait à l'épreuve, que je serai brisé tout au long du chemin qui m'attendait. Mais pas un instant je n'envisageais de faire marche arrière – c'était de toute façon strictement impossible - , et pas un seul instant, je ne pensais regretter ce que je venais de faire.

Ce contrat, cet accord avec Kyofushou était probablement la meilleure chose qui me soit arrivée depuis bien, bien longtemps.
Avec son lot de souffrances, il m'amenait la puissance...
Je me voyais déjà vainqueur, grand sorcier puissant et reconnu ; nul doute, j'y arriverai...

« Vous avez fait le bon choix, Isaac, m'assura le démon en déposant un épais volume sur le bureau. »

Je posais les yeux sur l'épais livre noir qu'il venait de poser en écoutant la suite de ses instructions. Tournant les pages sous mes yeux, les différentes sources sacrifices d'énergie, comme il les avaient nommées, défilaient devant mes yeux ; leur vision m'emplit d'une curiosité craintive. Ainsi, il était possible de tirer son énergie de tels sacrifices...

J'avais toujours considéré comme fariboles et mises en scène les égorgements d'animaux dans les recoins sombres des mauvais quartiers, plus dégoûté par l'odeur et le spectacle sale qu'impressionné par le résultat – souvent peu probant. Je n'avais pas imaginé devoir un jour faire de même...

Une suée froide me traversa tandis que la Phobie me montrait sur le croquis l'esquisse d'une jeune fille. Tuer un animal était une chose, mais un Humain... J'avais beau n'avoir que peu d'empathie pour eux, le spectacle de la mort d'un humanoïde ne m'avait jamais réjoui.
Déjà, je me voyais sur un autel, couteau à la main et couvert de sang humain, un corps à mes pieds...

« Je vous le prête. Prenez-en grand soin, continua, imperturbable, la Phobie, avant de continuer sur le deuxième ouvrage : Ce second livre est mon journal de recherches personnelles. »

Je tiquais. Le journal de recherches personnelles de la Phobie... ? Un ouvrage vieux comme la peur elle-même, traitant des expériences les plus noires sur les pans obscurs de l'esprit...
Le journal en question m'apparut soudain comme une relique sacrée, un ouvrage sans valeur, recueil inestimable. Son contenu devait certes être horrifiant, mais un tel ouvrage était une véritable mine d'or pour un Sorcier ; Kyofushou me laissait consulter son journal... ? Je n'osais considérer à quel point j'étais chanceux.

« Voyez si quelque chose que j'aurais pu remarquer au cours de mes expériences est susceptible de vous intéresser et revenez la prochaine fois avec une idée solide de ce que vous voulez exploiter pour puiser votre force, ajouta-t-il. »

Cette simple phrase me rassura ; adieu les vierges égorgées et les autels recouverts de sang... !
Mon regard s'attarda sur la petite couverture verte dans les mains d'albâtre de mon nouveau maître ; la source de ma force... Tout un horizon s'ouvrait à moi, n'attendant que mon choix.
Tout était à portée de main. La puissance, juste là.

«  Il est hors de question que je sois votre baby-sitter, vous êtes un sorcier responsable et, je crois l'avoir senti, assez sérieux pour ne jamais vous être penché sur la question épineuse du partage de pouvoir par le partage du corps. »

Le partage du corps... Voilà bien une chose que je ne comptais pas ajouter à la liste de mes activités. Le moindre contact physique me répugnait déjà, alors de là à procéder à un 'partage du corps'... Quand au partage du pouvoir, il n'en était même pas question !

« Aussi, je dois vous parler d'une troisième chose qui, venant de ce livre, restera strictement dans ce bureau. »

L'attitude de mon nouveau maître changea sensiblement. Il pointa le livre vers mon visage, le considéra comme s'il s'agissait d'une chose précieuse à ses yeux – ce qui avait, aux miens, tout son sens – et fit courir ses doigts sur la couverture verte.

Alors qu'il prenait une grande inspiration, un étrange sentiment me vint à l'esprit. Je croisais le regard de la Phobie, et restais sidéré : était-ce... de la gêne ?
De quoi la Phobie pouvait-elle bien être gênée à mon égard... ?
Ma curiosité plus que piquée, j'écoutais attentivement ce qui suivit.

« Je vais vous expliquer de mon expérience personnelle pourquoi jamais il ne vous faudra partager ce que je vous offre. Sous aucun prétexte. Est-ce que vous avez une idée de ce dont je peux parler ?  »

J'assimilais à peine ce qui venait d'être prononcé que la Phobie s'agitait ; il remonta ses manches, tritura les coutures, détourna le regard, se leva, alla attraper une fiole, la boucha, la secoua...
Je ne pus empêcher un léger sourire tirailler le coin de mes lèvres. Quelle pouvait donc être la cause d'une telle agitation chez le démon de la peur... ? Qu'est-ce qui pouvait bien gêner la Phobie à ce point ?

Voir le terrifiant Kyofushou en proie à un sentiment aussi humain me permit de relâcher la tension dans mes épaules ; savoir que la Phobie elle-même possédait un côté humain me rassurait.

Tâchant de camoufler ce début de sourire – presque rictus nerveux, à mes dépens -, je posais un coude sur le bureau et appuyais ma tempe sur mes phalanges repliées, adoptant une pose plus décontractée. Je me sentais sur le point d'apprendre quelque chose de gros – de très gros. Ce journal de recherches que Kyofushou allait me mettre entre les mains – car il allait le faire, autant que cela lui en coûte, puisque j'étais sensé y trouver la source de mon pouvoir – recelait un secret qu'il rechignait à partager. Un secret qui le touchait personnellement, et qui éveillait en lui des sentiments humains...

Je me demandais vaguement à quel point ce démon avait-il pu être humain. Avait-il été faible, ce carnet recelait-il le nom d'un précédant adversaire qui l'avait vaincu ? Ou bien avait-il usé de procédés peu honorables, quelque tricherie indigne à son nom... ?

Cela signifiait-il qu'il était sur le point de me conseiller de ne pas tomber dans le sentimentalisme humain... ? J'avais déjà mis mes propres bornes de ce côté-là. Je n'avais aucun lien affectif pour m'émouvoir, aucun point faible autre que moi-même, aucun sentiment d'attache pour me faire plier...

« Si je peux vous rassurer, commençais-je calmement mais avec assurance, le sentimentalisme humain n'est pas un gouffre dans lequel je me risque. »

J'attrapais mes lunettes et vérifiais leur état de propreté – qui laissait à désirer. M'attelant au nettoyage des carreaux ronds, je tâchais de camoufler le petit sourire qui menaçait de jaillir trop ostensiblement.

« Je ne me suis jamais adonné à un 'partage du corps', comme vous dites, et n'en ai nullement l'intention, continuais-je imperturbable ; et pour rien au monde je ne partagerai ma puissance, présente ou à venir. »

Je remis la monture légère montée de verre sur mon nez, et ramenais mon attention sur mon maître, démon en proie à sa part d'humanité – peut-être à cause de son hôte, songeais-je brièvement.

« Comme quoi, rajoutais-je sur un ton à peine sarcastique, il semblerait que je suis à peine plus humain que vous. »

Et, si tout se passait comme je l'entendais, il se pourrait bien que le restant de mon humanité soit bientôt mis à mal.
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MessageSujet: Re: Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac]   Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac] I_icon_minitimeLun 29 Oct - 7:26

Il était amusant de constater que Isaac, malgré sa position d'enseignant au sein de l'académie Yokai, montrait une crainte à ne pas satisfaire son professeur. Il prenait ses ouvrages avec grand soin, les traitant quasiment comme des reliques -ce qui, considérant leur provenance et leur âge, était loin d'être faux. En surprenant dans son regard une étincelle de fierté, d'envie et de crainte mêlées, le démon de la peur sut qu'il avait également misé sur le bon poulain. De toute manière, si ce sorcier se montrait trop irrespectueux, il n'aurait qu'à l'éliminer voilà tout. Après tout rien dans son contrat ne l'empêchait de mettre en place une chaîne à retardement dans le but de l'abattre. Une blessure n'était pas considérée comme directe en magie noire lorsqu'elle passait par plus de trois intermédiaires. Autrement dit, une vraie balade de plaisance.

Mais ce qui amusait plus encore Kyô, au point qu'il considère son si charmant élève comme un enfant mal dégrossi, c'était sa peur. La peur grandissante qu'il éprouvait à l'idée de devoir sacrifier quelqu'un. Oui. Bon. Un être humain avait une vie potentiellement remplie, et de toute manière le sacrifice humain ne rapportait pas grand chose de plus aux rituels - hormis une crainte, une horreur morale, et donc un sentiment de devoir se cacher plus fort. Mais, si Kyô demandait à son élève d'aller en enfer et d'en revenir sur les rotules, il était sensé devoir le faire. Heureusement pour lui, il semblait plutôt... docile. Peut-être même un peu trop à l'aise.

Il sentit une variation dans son aura, infime, mais suffisamment subtile pour attirer son attention. Isaac ne ressentait plus autant de pression qu'auparavant. Pire même, son aura était lumineuse, légèrement piquante, et tournée entièrement vers sa personne. Autrement dit, il se moquait de lui. Légèrement, mais suffisamment pour l'agacer.

Isaac : Si je peux vous rassurer, le sentimentalisme humain n'est pas un gouffre dans lequel je me risque.

Si Kyô en avait eu la capacité propre, il aurait offert un sourire ironique au sorcier. Au lieu de cela, il chargea son regard d'une moquerie cruelle, et fit volte-face pour chausser ses lunettes. Son regard gris bleuté, couleur ciel d'hiver, le darda de longues secondes avant qu'il ne réponde.

Kyô : Il est ironique pour un sorcier de votre genre de parler de sentimentalisme humain. Qu'êtes-vous sinon un amas de chair magiquement animé, un humain avec un bonus génétique. Un coeur qui palpite comme les autres et qui peut être, à tout moment, arraché par un être quelconque.

Kyô était cruel. Parce qu'il avait été blessé dans son orgueil. Un petit sorcier venait lui proposer son aide, passait un pacte avec lui et se pensait ensuite au-dessus de toute autre âme ? Il était bien placé pour savoir que le coeur a ses raisons que tout le corps ne peut ignorer. Ah oui. Même lui, l'implacable dévoreur de peur, la Phobie incarnée, la mort par supplice du hurlement, même lui était tombé amoureux. Aussi Isaac lui tira-t-il un regard blasé lorsqu'il lui assura qu'il ne comptait partager ni sa chair ni sa puissance. Foutaises. Les moines du monde entier, à moins d'être totalement siphonnés, ne pouvait s'empêcher de ressentir du désir. Peut-être qu'Isaac était effectivement vierge, et que jamais il n'avait partagé ses chairs avec une quelconque autre personne. Mais cela ne le rendait que plus vulnérable à toute autre forme de séduction. Un instant, Kyô envisagea d'aller trouver une succube quelconque dans ce lycée de monstres, et de l'envoyer à son élève pour vérifier plus tard à quel point sa foi en la virginité était effectivement inébranlable.

En quelques sortes, il se sentirait comme un cupidon forcé. Comme une coïncidence violente qui l'ébranlerait aussi fort que June l'avait fait. Ah. June.

Isaac : Comme quoi il semblerait que je suis à peine plus humain que vous.

Une vague de colère noire envahit Kyô, se propagea à travers tout son être, et suinta de lui sous la forme d'une fumée noire, à l'odeur âcre, et à l'apparence volatile. Sa peau blanchit et s'étira lentement tandis qu'il tentait de contenir toute la rage que cette simple phrase venait de provoquer. Ce sorcier n'avait absolument aucune idée de ce qu'il venait de faire en se comparant à la peur en personne. Son regard se teinta de rouge, lentement, son visage se fractura légèrement par endroit, échappant de fins filets noirâtres, comme une fumée de cigarette sortant tout droit des enfers.

Kyô : Ne faites pas l'erreur de me penser faible ou accessible parce que j'ai vécu, Isaac Sandlord. La faiblesse est là, présente en chacun de nous. On ne peut la contrer, l'empêcher de se manifester, ou la modifier. Tout ce que l'on peut faire contre ce honteux besoin de vivre avec ses prochains, c'est trouver le moyen d'en profiter, et d'en tirer parti.

Ses mains filiformes et longues, dont la peau semblait maintenant tirée à l'extrême, s'emparèrent du carnet pour l'ouvrir à une page où une écriture cursive, légèrement brouillon, avant rédigé quelques lignes émerveillées. On voyait sur la droite une photo dans un cinéma. Une jeune fille, blonde, aux traits diaboliquement parfaits et au regard pétillant, se tenait sur les genoux d'un Kyofushou vaguement blasé, dont le regard montrait clairement qu'il s'efforçait de ne rien dire pour faire plaisir à sa dulciné. Ses cheveux étaient légèrement plus courts, et une veste en cuir, droite, était posée sur ses épaules. Un style manifestement imposé par la jeune demoiselle. June, 20 ans, qui avait réussi au bout de trois années d'acharnement et de menaces ou dragues moins subtiles à lui faire accepter un rendez-vous.

Kyô : J'habite ce corps depuis un peu plus de mille ans, je ne saurais exactement combien de temps. Mais jamais avant Eugénie je n'avais ressenti un quelconque besoin de communauté. J'étais solitaire, et cela m'allait fort bien. Malheureusement elle en avait décidé autrement, et lorsqu'une femme ordonne, l'homme aboie, monsieur Sandlord.

Il tourna la page sur une note rédigée à la va-vite sur une feuille de classeur, au stylo plume. A côté du titre "latin" un cercle d'invocation était imagé, dessiné, avec des précisions sur les dimensions au milimètre près, des angles à la virgule indiquée, et des caractères dessinés en plusieurs exemplaires. June, lorsqu'elle était en fac d'archéologie, en avait profité pour améliorer son art, et celui de son fiancé.

Kyô : C'était une sorcière d'exception. Une sorcière de maladie. Son assurance, sa connaissance, sa puissance et son corps étaient la parfaite balance entre la femme fatale et la démoniste en puissance. Elle fit des choses effrayantes, me montra même les limites de mes propres horizons, et je me fis à sa personnalité de femme forte. De femme ambitieuse. De femme dragon.

Tout aurait effectivement pu aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais un sorcier étant un corps, un corps vieillit, se fatigue et se ride. Kyô savait que, s'il n'avait pas lui-même mis fin aux jours de sa belle, elle se serait flétrie, aurait paniqué de ce changement, et aurait cherché par tous les moyens de rester vivante et belle à tout jamais. Ce-pensant, le démon se concentra pour calmer son coeur battant la chamade, et ravala son aura déployée auparavant pour afficher son air impassible et neutre habituel, avec peut-être une pointe de nostalige dans le regard.

Il tourna la page, pour montrer une photo de mariage à l'européenne. June, sublime, dans une robe longue digne d'un conte de fée. Lui, en costume strict, ses cheveux coiffés en arrière, un effort surhumain sur le visage. La phobie icarnée, le cauchemar des élèves. Le spécialiste des sciences occultes tenait la main de sa femme, et... souriait. Naturellement.

C'était la seule et unique fois de sa vie où on avait pu arracher à Kyô un tel air. Et June avait dû y mettre les formes et les arguments. Le soir-même, encore embués par les effluves de leur lune de miel, ils avaient trouvé le moyen de rejoindre les limbes, et d'y contacter des âmes défuntes. Ce fut le début de la fin, mais aucun des deux ne le savait encore.

Kyô : Ma nature destructive m'interdit des relations intimes. Et pourtant j'ai choisi de ne pas renoncer à June. Alors, monsieur Sandlord. Si vous souhaitez un partenaire et je sais que ce jour arrivera, choisissez-le avec soin. Sinon votre puissance s'envolera. Non parce que vous la partagerez. Mais parce que vous finirez par blesser ou détruire cette personne, et ce chagrin que vous ne pouvez contrôler, cette humeur à l'âme plus puissante que toutes les magies existantes, cette peine vous scindera en deux, vous diminuera, vous rendra totalement amorphe et inutile. Vous m'avez compris ?

Kyofushou se rassit à sa place, croisa les bras sur son torse, et posa un regard de scientifique sur Isaac. Il se sentait étrangement comme un archéologue découvrant une vieille pièce d'ossement. Isaac était sa découverte, et il voulait en étudier le passé et le comportement. Hmpf.
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MessageSujet: Re: Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac]   Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac] I_icon_minitimeSam 8 Déc - 18:11

A peine avais-je fini de prononcer ces mots qu'aussitôt je les regrettais: mon maître sembla ne pas apprécier du tout... Son apparence changea. Des frissons glacés me parcoururent lorsque j'aperçus des volutes de fumée s'échapper du corps du démon. J'observais stupéfié son visage se craqueler, et mon estomac se serra lorsque je me rendis compte que j'avais peut-être mis le démon de la peur en colère.
Ses yeux rougissant me confirmèrent cette impression.

"Ne faites pas l'erreur de me penser faible ou accessible parce que j'ai vécu, Isaac Sandlord, me dit-il d'une voix à faire froid dans le dos. La faiblesse est là, présente en chacun de nous. On ne peut la contrer, l'empêcher de se manifester, ou la modifier. Tout ce que l'on peut faire contre ce honteux besoin de vivre avec ses prochains, c'est trouver le moyen d'en profiter, et d'en tirer parti."

Je me ratatinais sur ma chaise et ne bronchais pas. Pourtant, au fond de moi une petite voix ne put s'empêcher de remettre en question cette affirmation sur la faiblesse. Je ne me pensais pas faible, et je ne laissais nulle faiblesse présente en moi; si je manquais de puissance, ce n'était que parce qu'un obstacle me barrait la route. Mais je n'étais pas faible. Et cette pensée, profondément ancrée en moi, m'empêcha de me sentir trop écrasé par cette aura terrifiante que déployait la Phobie - mais je n'en menais pas large pour autant. Ma gorge était serrée et mon estomac semblait s'être transformé en bloc de plomb.

Le démon se saisit du carnet, me faisant sursauter, et l'ouvrit à une page qu'il me brandit sous le nez. Je découvris stupéfait une photo. Une photo de lui. Et d'une jeune femme. Mon cerveau mit un certain temps à assimiler les informations, recouper ce que je voyais de ce cliché et ce que je peinais à comprendre de ce qu'il me disait.

La Phobie avait été... En couple? "Lorsqu'une femme ordonne, l'homme aboie"? Une part de moi s'insurgea. Quoi? Mon maître, un démon, s'était laissé manipuler de la sorte par une femme...?! Je ne parvenais pas à y croire. Comment avait-il pu se rabaisser à ce point...? Je relevais des yeux ronds vers la Phobie. Comment avait-il pu... Au fond de moi, quelque chose se brisa. L'illusion du démon intouchable et invincible, du maître tout-puissant se fêla. Kyofushou n'était pas intouchable, ni invincible, ni même tout-puissant. Il avait été asservi par une femme. Il s'était soumis à cette Eugénie. Je prononçais silencieusement ce prénom, qui roula sur ma langue comme un blasphème. Eugénie, celle qui avait assujetti mon maître. Une raison de plus pour détester les femmes.

Il tourna la page, et continua à me parler d'elle, m'arrachant l'ombre d'une grimace. Avait-il été autant aveuglé pour pouvoir parler autant de cette femme...? A quel point avait-elle abâtardi son esprit, quel sort avait-elle utilisé pour duper son pouvoir de démon...? Et puis mes yeux se posèrent sur le cercle d'incantation tracé sur le carnet. Une "démoniste en puissance", hein...? Je restais coi devant la complexité et l'exactitude du dessin. Aussitôt, cette Eugénie acquit une toute autre dimension à mes yeux. C'était peut-être une femme, elle avait peut-être abâtardit et soumit la Phobie, elle n'en restait pas moins elle-même une grande sorcière.

La Phobie tourna encore une page. Je plissais les yeux en découvrant une photo de mariage, et puis mon coeur fit un bond lorsque je vis que c'était celle de Kyofushou et Eugénie. Kyofushou. Mon maître. Le démon de la peur avait été marié... Je ne pouvais me résigner à accepter cette hérésie. Voir le démon de la peur, ainsi bien habillé, la mine affable - il souriait! - me répugnait. Où étaient la fierté et la dignité, où était la puissance du démon, sur ce cliché plein de bons sentiments...?

Cette femme, en robe blanche et bien apprêtée, ne m'inspirait que du mépris. Aussi puissante soit-elle, elle avait emprisonné la Phobie dans un stratagème ridicule. Elle l'avait soumis, elle l'avait abâtardi, elle avait radié sa dignité de démon, avait écrasé sa fierté pour jouer avec lui. Elle l'avait avili, avait fait fi de sa grandeur démoniaque, et s'était assise dessus. Et il pensait qu'il avait eu le choix. La garce avait joué finement pour réussir à duper un démon.

"Alors, monsieur Sandlord. Si vous souhaitez un partenaire et je sais que ce jour arrivera, choisissez-le avec soin. Sinon votre puissance s'envolera. Non parce que vous la partagerez. Mais parce que vous finirez par blesser ou détruire cette personne, et ce chagrin que vous ne pouvez contrôler, cette humeur à l'âme plus puissante que toutes les magies existantes, cette peine vous scindera en deux, vous diminuera, vous rendra totalement amorphe et inutile. Vous m'avez compris ?"

Je regardais la Phobie se rasseoir calmement, croiser les bras sur son torse, le regarder. Je soutins son regard quelques instants.
Ma considération pour mon maître avait changé. Il n'était plus ce démon invincible et inatteignable. Il avait été humain, dans la dimension la plus humaine et sentimentale qui soit. Découvrir l'existence de cette Eugénie avait révolutionné mes perspectives. Et si mon maître avait pu être abusé de la sorte par une femme, j'étais également susceptible de me faire avoir par les mêmes stratagèmes. Il faudrait que je fasse doublement attention à l'avenir. Car, malgré les mises en gardes de la Phobie, je doutais un jour rompre ma décision de me tenir à l'écart des femmes - et encore plus de pouvoir ressentir du chagrin pour l'une d'entre elles.

Je croisais les bras à mon tour, retenant un soupir de résignation. Je n'avais vraiment pas envie de froisser mon maître - d'autant qu'il semblait déjà assez chatouilleux, notamment à ce sujet. Hors de question, donc, de reparler de cette Eugénie ou de tout ce qui pourrait se rapprocher aux sentiments humains. Je ne tenais pas à avoir droit à une nouvelle séance nostalgie. J'apprendrais quoi, la prochaine fois? Que le démon de la peur avait eu une progéniture...? Erk. Rien que d'y penser, j'en frissonnais. Quelle horreur.

Je reconsidérais le carnet. Sa valeur me semblait soudain bien douteuse. Combien de photos de la même sorte que celles que j'avais déjà vues restait-il entre ces pages...? A quels souvenirs assisterais-je encore? Je me passerais volontiers des photos de vacances et autres témoignages de la soumission de mon maître.

Mais il y avait aussi ces dessins. Ces tracés brillants et excellents, réalisés par cette vipère. Et j'avais beau l’abhorrer pour ce qu'elle avait fait à la Phobie, je n'en restais pas moins admiratif de ses capacités. Et si la Phobie avait su reconnaître la capacité de cette femme, c'est qu'elle avait été vraiment puissante.
Elle avait été puissante.
Je voulais devenir puissant.

Comme Eugénie...? Non. Plus puissant qu'Eugénie.
Voilà mon objectif. Je surpasserai aux yeux de mon maître le souvenir de cette femme qui l'avait aveuglé.
Et alors, je serai vraiment puissant.
Je décroisais calmement les bras.

"Je saurai tenir compte de vos conseils, maître. Je m'en rappellerai si la question venait à se poser."

Oh, oui. Je saurai me souvenir du danger représenté par une femme. Ma détermination n'avait jamais été aussi solide; je ne me laisserai jamais amadouer par les atouts d'une femme.
Mais assez parlé de femmes. Il me tardait de faire mes preuves. Le chemin de la puissance m'attendait...

J'ouvris l'ouvrage encyclopédique qu'il m'avait passé sur les sources sacrificielles d'énergie. Je feuilletais à nouveau les pages. Mes yeux glissèrent sur les illustrations de sacrifices d'animaux, puis d'humains. Non. Je ne voulais pas que ma puissance soit limitée à une ressource donnée. Il me fallait une source intarissable, une ressource infaillible. Une source que je pourrais trouver partout, dans laquelle je pouvais puiser en toute circonstance.

Comme la peur.

Oui... Il fallait que je m'inspire de la Phobie; mon maître avait acquis de la puissance grâce à la fiabilité de la source de son pouvoir. Il fallait que je puise dans ce domaine aussi. Que je puise dans les sentiments. Je venais d'avoir la preuve que même un démon pluricentenaire pouvait être sujet aux plus humains des sentiments. Mais il fallait que je puise dans l'instinctif, l'intrinsèque, l'incontrôlable. Un sentiment susceptible d'atteindre n'importe lequel de mes adversaires, même le plus placide.
Même le plus placide.
Un sentiment capable d'atteindre même le démon de la peur.

Je me souvins de la peau craquelée, du visage fissuré. De la fumée qui s'échappait des failles, des yeux qui viraient au rouge.
Voilà.

La colère.

J'allais puiser dans la colère.

Je posais ma main à plat sur les pages de l'épais grimoire, et relevais les yeux vers mon maître.

"Maître. Je pense avoir trouvé mon domaine. Je souhaiterai puiser ma puissance dans la colère."

J'avais hâte de me mettre en route sur la voie de la puissance.
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MessageSujet: Re: Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac]   Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac] I_icon_minitimeMar 1 Jan - 15:00

Un léger changement d’humeur de la part d’Isaac se fit sentir, et Kyô ne put s’empêcher d’avoir une pointe d’auto-déception. Il comprenait que cela puisse surprendre, de le savoir en couple. De le savoir partager son corps et son existence avec une autre âme que la sienne. Lui-même avait été désappointé de ne pas considérer Eugénie comme un simple objet. Il aurait été tellement plus simple pour lui de l’utiliser comme objet de plaisir, et l’abandonner à son pauvre sort.

Mais le fait était qu’en prenant un corps humain, il avait vu naître des besoins qu’il ne connaissait pas en tant que démon Immatériel. Notamment celui de posséder quelque chose, quelqu’un d’autre que lui-même, de prendre contact avec les autres, de se sociabiliser. Les relations avec autrui étaient devenues indispensables. Un part de lui qu’il ne pouvait ignorer. Parfois cela était amusant, comme lorsqu’il avait joué quelques jours avec cette bande de petits adolescents rebelles qui chassaient les vampires. D’autres c’était plein de surprises, comme lorsqu’il avait fait des expériences avec June.

Isaac resterait incapable de comprendre un tel besoin tant qu’il ne l’aurait pas vécu. Kyô était l’un des rares démons à qui les émotions humaines avaient été accessibles, même furtivement. Il ne les comprenait pas, et donc se contentait de les subit. Mais lorsqu’il était confortablement installé avec June sur les genoux après avoir trouvé enfin, en plusieurs jours harassants de recherches, la composition d’un filtre de mort immédiate… cela s’approchait de ce qu’il ressentait comme étant la perfection. Quelque chose que les humains appelaient le Bonheur.

Malgré tout, lorsqu’il repensait à ces souvenirs enfouis dans sa mémoire, il se sentait… minable. Coupable. Non parce qu’il s’était assis sur sa nature démoniaque. Mais parce qu’il avait gâché une chance exceptionnelle de faire d’Eugénie la sorcière la plus puissante du Japon. Voire une des plus puissantes au monde. Il lui aurait tout donné. Les clefs de la réussite , les parchemins qu’il avait écrits jadis et contenant des sorts interdits. Il lui aurait même permis d’avoir un fils, ou une fille, quelque chose qui lui fasse plaisir et qui la comble. Même la création d’un être magique ne l’aurait gêné si cela avait permis d’accroître la confiance qu’elle avait en lui, et donc le partage de pouvoir qu’ils pouvaient entretenir. Elle qui ne cessait de lui répéter qu’elle se lasserait le jour où elle aurait atteint les limites de sa puissance n’avait par sa faute jamais pu effleurer la réussite absolue. La question de laisser pénétrer dans leur cercle de vie très fermé une troisième entité magique ne s’était donc jamais posée.

Intérieurement, il se demanda si c’était cela qu’il était en train de faire. Essayer d’offrir à Isaac ce qu’il n’avait pu donner à June. Lui permettre d’avoir assez de puissance pour toucher du doigt ses propres limites. Et puis, il se souvint qu’il lui avait accordé ce droit parce qu’il avait besoin de lui. De sa nature de sorcier. De sa capacité à lancer des sorts. Et que la finalité de ses cours était en fin de compte de le servir, lui.

Pour l’instant, c’était plutôt mal parti. Isaac était impulsif, inexpérimenté, et trop bouché pour parvenir à quoi que ce soit de concluant. Mais avec du travail, de la détermination et de l’ambition, il entretiendrait son égo, sa volonté, et là… ce serait une autre paire de manches.

Isaac : Je saurai tenir compte de vos conseils, maître. Je m'en rappellerai si la question venait à se poser.

Au moins, il l’écoutait. Isaac avait cela que les autres jeunes gens de l’Académie Yôkai n’avaient encore compris. Il l’écoutait. Il savait ce qu’il devait faire quand il devait le faire, et comprenait ses limites. Certes. Uniquement lorsqu’il les dépassait, et que la Phobie lui volait dans les plumes. Mais il les connaissait, les respectait, et pour cela Kyô savait qu’il pourrait faire quelque chose de cette tête de pioche. Un sorcier d’un niveau certain. Peut-être même quelqu’un capable de le dépasser. Mais sous contrôle. Sous contrait. C’était son sorcier, à lui. De la même manière que la jeune runiste Kikyo Matsumoto était en son pouvoir. Lentement mais sûrement, il se faisait de cette manière une garde personnelle. Un dicton disait « gardes près de toi tes alliés, et plus près encore tes ennemis ». Un sorcier puissant qui s’ignorait, et donc un ennemi potentiel, était le parfait exemple de personne à garder tout près de soi.

Isaac : Maître. Je pense avoir trouvé mon domaine. Je souhaiterai puiser ma puissance dans la colère.

C’était en plus de ça un élève qui apprenait vite. Le démon intérieur de Kyô sourit de toutes ses dents ténébreuses en l’entendant l’appeler Maître. Rien ne flattait plus son égo blessé de démon Immatériel que de l’entendre le hisser au niveau de professeur ultime. De possesseur unique. De Maître. Il savait le caresser dans le sens du poil, ce petit. Le démon rangea son attirail, ne laissant plus que les documents destinés à Isaac sur la table. Il croisa les bras sciemment, lui offrant un regard polaire. Il semblait le juger, le percer au plus profond de son âme. Puiser dans la colère. Voilà qui impliquait plusieurs choses que ce sorcier si particulier n’avait sans doute penser provoquer.

Kyô : En tant qu'entité de la Peur, je la provoque, je la respire et donc ne la subis pas. Quiconque le voudrait serait bien incapable de me faire peur de quelque manière que ce soit. Je n'ai craint de tuer ma chère épouse alors-même que je savais que c'était une forte possibilité. Je ne crains d'être détruit car je retournerai alors simplement à l'état d'Immatériel. Je n'ai peur de personne ni de rien, car je me sais puissant et éternel. La peur est en chacun de nous. C'est pour cela, Isaac Sandlord, que les autres me craignent. Parce que je suinte toute cette peur que les autres êtres vivants subissent chaque seconde qu'ils vivent. Tout le monde a peur. De mourir. De souffrir. Du noir. De l'abandon. Du déshonneur. Elle est instinctive, naturelle. La colère, elle, est plus subtile.

Il recula au fond de son siège, ramena ses jambes à lui et se leva subitement pour aller faire bouillir de l’eau, lui tournant le dos. La peau blanche du maître de la peur contrastait avec la noirceur de son col, et de ses cheveux. Il était tout un contraste. Noir et blanc. Protecteur et manipulateur. Il était bienveillant avec les êtres mauvais. Et violent avec ceux qui se reposaient dans le politiquement correct. Isaac venait de mettre le doigt sur quelque chose de très intéressant. Ce qu’il allait devenir. Et il appréciait cela. Oui. Il appréciait qu’Isaac veuille devenir un sorcier de la colère, et allait tout faire pour l’aider. Mais avant cela, il devait s’assurer qu’il le veuille vraiment.

Dans son petit pull à carreaux et avec son air d’adolescent, il avait presque l’air d’un étudiant anglais. Un premier de la classe. A ceci près que lorsqu’il se tourna en direction du sorcier pour continuer son discours, il avait l’air d’un tueur en série, capable de tuer dix personnes sans même hausser le sourcil.

Kyô : Pour parvenir là où j'en suis aujourd'hui j'ai dû faire preuve de beaucoup de patience et d'une absence totale de pitié. C'est là l'essence de la peur. La brutalité subite, nette, qui laisse des traces à vie. La colère, vous devrez d'abord apprendre à la maîtriser, pour ne pas être victime de votre propre puissance. Mes cours vous testeront donc en premier lieux. Nous allons apprendre à dompter cet égo qui vous chatouille tant, Isaac. Et puis, nous passerons à la suite.

Il enleva la bouilloire de son socle et versa son contenu dans une théière. Elle était faite pour lui éviter d’utiliser du gaz lorsqu’il faisait une potion en urgence, et était donc relativement vieille et abîmée. Presque détendu, il ajouta du thé, se servit une tasse, posant un récipient vide devant Isaac en lui faisant signe de se servir. Il s’assit, croisa les jambes, et but une gorgée.

Kyô : Vous serez un catalyseur à la colère des autres. Il faudra donc que je vous apprenne à mesurer vos effets. Sinon, vous aurez le même impact qu'un autographe d'un chanteur à midinettes dans la cour de récréation d'un collège. Dévastateur. Si vous suivez mes enseignements, vous serez une pomme d'Eris ambulante. Et donc, potentiellement puissant. Dangereux. Surveillé par les autorités. Ce qui veut dire, mort. Un monstre qui ne se contrôle pas est un monstre déjà prêt à être enterré. J’ai enquêté sur l’ordre du lycée, parfois, car des phénomènes paranormaux apparaissaient dans certaines villes. Chaque fois, il s’agissait d’un monstre perdant les pédales, dévorant âmes, habitants et esprits environnants. Je ne suis pas un ange, mais je tiens à garder le contrôle de cette part noire de vous-même que vous souhaitez exploiter.

Il but une longue gorgée de sa boisson, puis la posa sur son bureau, et garda un instant le silence. Le regard vide qu’il porta sur la table le laissa réfléchir. Il mit ses cheveux sur son épaule droite, se recoiffa, et leva enfin les yeux sur le sorcier. Un brin de défi dans ses iris de glace.

Kyô : Sachant cela. Souhaitez-vous toujours être un sorcier de la colère, Isaac Sandlord ?
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MessageSujet: Re: Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac]   Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac] I_icon_minitimeSam 12 Jan - 19:58

J'attendis, légèrement tendu, la réponse de la Phobie. J'espérais presque que son visage inexpressif se fende soudain d'un sourire appréciateur, me félicite et me dise donne d'ores-et-déjà les clefs de la puissance. J'étais tendu comme un ressort, prêt à faire le premmier exercice qu'il me présenterait pour prouver que j'étais capable et motivé.

En tout et pour tout, le démon de la peur rangea placidement son matériel, ne laissant sur son bureau que les manuels encyclopédiques qu'il avait sortis à mon attention précédemment. Et puis il se rassit, croisa les bras et me lança un regard polaire. Je soutins le poids de ses iris implacables sans flancher; c'était le moment de me montrer à la hauteur. Il semblait déjà m'évaluer... Etait-ce déjà un test?

"En tant qu'entité de la Peur, je la provoque, je la respire et donc ne la subis pas, commença-t-il calmement. Quiconque le voudrait serait bien incapable de me faire peur de quelque manière que ce soit. Je n'ai craint de tuer ma chère épouse alors-même que je savais que c'était une forte possibilité."

Je notais intérieurement l'information qu'il venait de glisser. J'aurais haussé un sourcil à la mention de sa "chère épouse" si le contexte n'avait pas précisé qu'il l'avait tuée. Lui-même. J'avais du mal à concevoir le démon de la Peur parler d'une femme comme étant sa "chère épouse", alors comment se faisait-il qu'il ait fini par la tuer...? Pourquoi, alors qu'il semble tenir tant à elle?
Je balayais ces questions inutiles de mon esprit. Tant pis pour cette femme. Elle avait joué avec la Phobie, et cela s'était retourné contre elle. Elle l'avait mérité, quelque part. Et puis, j'avais d'autres préoccupations plus importantes que découvrir les anecdotes personnelles de la Phobie et sa "chère épouse".

La Phobie lui explique qu'il ne peut avoir peur, car la peur n'a pas prise sur lui. Il ne peut pas mourir. Il n'a peur de rien, ni personne. Cette phrase si cliché semblait pourtant parfaitement appropriée. Puissance et éternité... Ainsi donc, voilà les clefs qui permettaient de vaincre la peur. Je garde le silence, écoutant attentivement mon maître parler de la peur, la peur de mourir, de souffrir, du noir, de toutes les peurs, ressenties par tous les êtres vivants.

"La colère, elle, est plus subtile."

Hm. Habile façon de sous-entendre que j'allais avoir beaucoup plus de mal à manier ce domaine. Je n'avais pour l'instant ni puissance, ni éternité. J'avais de bonnes raisons de craindre la mort, et ne disposais que de ressources plus que limitées.
Je carrais les épaules. Il voulait m'impressionner? Me décourager? Il en faudrait plus que ça. Beaucoup plus.
La véritable épreuve de ma vie s'amorçait.

Le démon de la Peur finit par se lever, et va faire bouillir de l'eau. Je fixe un moment son dos, mon regard fixant son pull à carreaux entre ses omoplates et ses mèches de cheveux.
Et puis je repense à cette Eugénie. Sa "chère épouse". Quel genre de couple avaient-il pu former...? Le fait que Kyofushou l'aie tué lui-même et continue à en parler avec tant de nostalgie remet en doute mon hypothèse de l'ensorcellement. Non, si la Phobie avait vraiment été emprisonné par un charme et tué l’ensorceleuse pour s'en libérer, il n'en parlerait même plus aujourd'hui. Non, il n'y avait aucune contrainte magique dans ce qu'ils avaient vécu. Je fronçais légèrement les sourcils. Aurait-il été possible que le démon de la peur puisse... aimer?

Mais avant que je ne puisse m'interroger sur le genre de personne capable d'éveiller ce genre de sentiment chez la Phobie, celle-ci se tourna pour continuer à parler, m'interrompant dans mes questionnements futiles. Son visage, si inexpressif et pourtant vecteur de tant d'évocations... Peu rassurantes, pour tout dire. Kyô aurait pu garder la même expres​sion(ou absence d'expression) et me menacer calmement de mort que j'en aurais eu les mêmes frissons dans le dos.

"Pour parvenir là où j'en suis aujourd'hui j'ai dû faire preuve de beaucoup de patience et d'une absence totale de pitié, continue-t-il tandis que l'eau commence à chauffer."

Je hoche légèrement la tête. Cette part ne me poserait pas trop de problème, me semblait-il. Je savais être patient. Très patient. Et je n'avais pas souvenir d'avoir eu un jour un semblant de vraie compassion pour un être vivant. La pitié... Un sentiment qui me répugnait. Qui rabaissait dans toute sa dignité celui qui l'évoquait à autrui, une négation de l'être, qui le projetait dans une dimension où il ne vivait plus que pour les autres, en moins que rien. Alors, non, je n'éprouvais pas de pitié.

Après avoir erré dans les bas-fonds de l'une des capitales les plus densément peuplées, après avoir fréquenté tonne de monstres qui avaient échu là suite aux mauvais méandres de la vie, j'en étais venu à un absence total de compassion. J'appliquais froidement cette pensée, chaque fois qu'on essayait de m'apitoyer: s'ils avaient atterri ici, c'est qu'il y avait une raison, et qu'ils en étaient au moins en partie sinon complètement responsables.
Alors, non, la pitié, ce n'était pas vraiment le sentiment qui me retiendrait.

La Phobie continue à parler de l'essence de la peur, puis enchaîne avec la colère. J'écoute attentivement, envieux de savoir ce que mon maître pensait de mon choix de domaine.

"La colère, vous devrez d'abord apprendre à la maîtriser, pour ne pas être victime de votre propre puissance. Mes cours vous testeront donc en premier lieux. Nous allons apprendre à dompter cet égo qui vous chatouille tant, Isaac. Et puis, nous passerons à la suite."

Je me renfrognais légèrement. Je ne voyais pas ce que mon ego venait faire là-dedans...

J'observais silencieusement la Peur se préparer du thé. C'était presque... captivant de le voir faire. Des gestes précis, méthodiques. Là où je me serai contenté de verser l'eau chaude directement sur un sachet de thé dans une vieille tasse à peine rincée, il sortit une vieille théière, y vide la bouilloire, ajoute le thé, et se sert posément une tasse. Tant de manières pour de l'eau chaude...

Alors que je remplis la tasse qu'il a posée devant moi, avec moins de grâce que mon maître, la Phobie se rassoit et continue. Après une gorgée, il aborde mon rôle en tant que catalyseur de la colère. Je ponctuais son discours de légers hochements de tête, le nez dans ma tasse, pensif, haussant à peine un sourcil à l'évocation d'un autographe dans la cours d'un collège.

Mesurer mes effets. Devenir une Pomme d'Eris. Devenir puissant, dangereux. Être surveillé. Autant de notions qui me procurèrent une légère pointe d'adrénaline. La puissance, je n'attendais que cela. Mais de là à ce que cela implique une surveillance par les autorités... Je devrai me montrer d'autant plus prudent: je n'avais pas droit à l'erreur...

"Je ne suis pas un ange, mais je tiens à garder le contrôle de cette part noire de vous-même que vous souhaitez exploiter."

Je relevais les yeux. La Phobie se proposait d'être mon garde-fou... Au fond de moi, une petite angoisse se tut. Si le démon de la Peur me chaperonnait, alors je n'avais rien à craindre. Je n'avais qu'à suivre ses instructions, et tout se passerait bien.

Il but une nouvelle gorgée, reposa sa tasse, et son regard se perdit un instant quelque part sur son bureau. Il ramena rapidement ses cheveux sur son épaule, puis pose sur moi un regard lourd de défit.
Je me force à me redresser, dos droit, attendant la sentence de mon maître.

"Sachant cela. Souhaitez-vous toujours être un sorcier de la colère, Isaac Sandlord?"

Je ne pus retenir l'ombre d'un sourire passer au coin de mes lèvres tout en soutenant le regard de la Phobie.

Oh, oui, j'étais prêt.
Plus que jamais.

Je retrouvais rapidement un air grave, posant ma tasse sur le bord du bureau, et joignis calmement mes mains devant moi.
Être un Sorcier de la Colère. Ce titre, ce domaine me plaisait. Je savais que cela allait représenter du temps, et beaucoup, beaucoup d'efforts avant d'arriver à l'aboutissement de cette voie. Mais je savais qu'une fois arrivé, je serai puissant. Très puissant.

Je décroisais lentement les mains et les posais précautionneusement sur le volume encyclopédique qui était resté sur mes genoux, baissant les yeux dessus. Les sources de magie... Variées, et pourtant. Parmi toutes, la peur me semblait vraiment la plus puissante, la plus imparable. Et entre toutes, il me semblait que la colère était la seconde.

Quelque part au fond de moi, une petite voix me dit qu'en confirmant mon choix maintenant au démon de la Peur, j'allais sceller mon destin, m'engouffrer dans une voie dont je ne connaissais pas les méandres.
Mais je n'avais pas peur des obstacles. La destination seule m'importait.

Je relevais les yeux, décidés, vers la Phobie. Mon Maître.

"Oui. Je serai un sorcier de la Colère, maître. Quelles que soient les épreuves qui se présenteront à moi, je les surpasserai. Et j'y arriverai."

Oui. J'y arriverai.
Sûr de moi, je récupérai ma tasse sur le bord du bureau, et en bu une nouvelle gorgée. La boisson chaude et âcre me chauffa la gorge, l'estomac, le ventre. Oui. J'allais y arriver. Je n'avais aucun doute là-dessus.
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MessageSujet: Re: Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac]   Voisin de palier, magouille qui pointe son nez [PV Isaac] I_icon_minitimeJeu 7 Fév - 4:49

Isaac n'en avait peut-être pas encore pris conscience mais il possédait un point faible. Et un point faible tellement énorme que Kyô se faisait violence pour ne pas le chatouiller et le faire sortir de ses gonds. Il avait remarqué ce trait de caractère chez nombre de sorciers parfois à raison, chez lui, c'était plutôt à tort. Les représentants des forces magiques du monde avaient un égo démesuré, et parfois même plus important que la puissance qu'ils pouvaient espérer sortir un jour. June de son vivant était d'une prétention à faire friser les sourcils de Karl Lagarfield. Isaac n'était pas à ce point d'auto-satisfaction mais il était sur la mauvaise pente : celle qui se satisfait de peu et se pense meilleur que les autres par cause de naissance. Silencieusement, le démon nota d'attaquer dans le lard de ce côté-là. Il détestait devoir jouer les éducateurs mais il n'avait pas le choix. De la même manière qu'il avait l'intention de briser la pureté innocente de Kikyo il réduirait en poussière cet égo avant de lui apprendre à se reconstruire.

Cette prétention était présente dans chacune des fibres de son corps. De son dos droit au fond de sa chaise à son sourire satisfait. Le démon de la peur ne put retenir un grognement d'agacement. Isaac Sandlord lui faisait penser à un bibliothécaire de campagne se croyant digne d'un professeur de la Sorbonne. Oh, il le serait un jour sans aucun doute. Mais il n'avait pas de quoi afficher des airs de fierté pareille. Un chiot, voilà ce qu'il était. Un chiot impatient qui ne comprendrait tout ce que son contrat impliquait qu'une fois qu'il serait embourbé jusqu'au cou dans les affaires de son maître d'école. La Phobie.

Isaac : Oui. Je serai un sorcier de la Colère, maître. Quelles que soient les épreuves qui se présenteront à moi, je les surpasserai. Et j'y arriverai.

Le démon de la peur haussa intérieurement un sourcil, ce qui se traduisit par un bref moment de silence où il détailla le visage de son interlocuteur. Isaac n'était pas très épais et il n'avait pas l'air très en forme non plus. Kyô avait compris depuis des années qu'un sorcier qui se contentait d'être au fond de son grenier et de rabâcher ses livres était un mauvais sorcier. Il devait se dépenser physiquement et avoir des... loisirs... pour être à-même de devenir un sorcier puissant. Ces restrictions ne s'appliquaient pas à lui. Kyofushou était une essence avant d'être un être de chair. Les loisirs étaient très rares et se résumaient souvent à de nouvelles expériences. S'il avait été obligé de travailler parmi les humains une nouvelle fois on ne l'aurait vu sortir une seule fois de sa boutique. Il était littéralement obsédé par les potions et leurs effets, la magie et ses limites. Isaac avait-il conscience de cela ? Il en doutait fortement.

Kyô : Vous me voyez ravi d'une telle détermination professeur Sandlord. Seulement vous devez savoir que mes leçons ne seront pas une partie de plaisir. Vous avez choisi la colère alors que vous êtes prompt à la ressentir. Si vous aviez voulu être sorcier du plaisir j'aurais émis moins de doute quant à votre capacité à vous en éloigner mais... nous ferons avec ce que nous avons.

Il se leva, posa sa tasse vide sur le rebord de son plan de travail et revint avec trois fioles. L'une était plutôt petite, avec un liquide brillant, doré, presque lumineux. La seconde était presque cubique, son minuscule goulot fermé par un bouchon noir, aussi noir que sa couverture. La troisième était d'un rouge vif et contenait un liquide aussi clair que de l'eau. La phobie posa ces trois récipients dans un petit sac à cordon qu'il tendit à son élève.

Kyô : Avant que nous nous quittions, j'aimerais vous poser quelques questions concernant votre... nature. Dans ces murs passent de nombreux sorciers. Certains talentueux mais complètement bridés, comme l'est mademoiselle Matsumoto par exemple. D'autres qui ne savent pas comment utiliser leurs dons, qui manquent d'expérience mais vous... vous n'êtes pas de ceux-là. Je le lis dans votre arrogance monsieur Sandlord, vous avez été un jour assez puissant pour faire autre chose que venir me demander de l'aide alors... que s'est-il passé ?

C'était incroyablement cruel de mettre les pieds dans le plat de cette manière, mais Kyô n'avait pas le choix. Avant de s'aventurer plus avant avec un sorcier qui n'avait plus de puissance magique il devait s'assurer que ce n'était pas par pure stupidité qu'il l'avait perdue. Nombre de méthodes existaient pour supprimer une source de pouvoirs. La création d'un substitut qui se déroulait mal. La naissance d'un enfant qui puisant dans les ressources de ses parents. Une barrière mal mise en place lors d'une expérimentation hasardeuse. Une malédiction lancée par un autre sorcier.

Malheureusement pour son élève dans chacun de ces cas, on incluait une dimension de maladresse ou de bêtise.Se perdant dans sa réflexion, le démon de la peur élabora mentalement le moyen de pousser Isaac dans ses extrêmes limites. La colère attisait la souffrance et la souffrance l'humiliation. L'humiliation était une nouvelle forme de colère et ce cercle vicieux plongerait son apprenti dans les abysses de doute jusque dans les profondeurs de ses peurs les plus profondes.

Il y avait matière à exploiter. Et quelque part, il avait plutôt hâte de commencer. C'était de la Maïeutique par la force des choses. L'esprit avait tendance à se montrer plus vif avec un canon chargé sur la tempe. Isaac Sandlord n'avait pas eu beaucoup de chance en tombant sur lui. D'autres professeurs auraient pu l'aider à grimper les échelons et devenir plus puissant. Mais aucun ne l'aurait fait comme lui, il en était persuadé.

Les personnes qui tombaient entre ses mains n'avaient pas beaucoup de chances. Il lui semblait qu'il attirait le malheur sur ces pauvres âmes. Les femmes qu'il touchait mourraient ou devenaient folles. Les hommes qu'il affrontait crevaient la gueule ouverte ou finissaient maudits sur plusieurs générations. Ses collaborateurs décédaient souvent dans des circonstances mystérieuses mais... il avait confiance en Sandlord. Il ne se laisserait pas crever aussi facilement. Oui. Et cela allait être plus qu'intéressant.
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