Nous sommes lors de temps immémoriaux, sur une île perdu, loin des continents, loin de ces humains. Une île habitée par des êtres qui, malgré leur apparence humaine, sont dotés de pouvoir surnaturels. Certains peuvent créer un feu flamboyant, d’autres manipulent à leur guise l’eau, le vent, ou même la nature. Bien qu’il n’y ait un seul village, ceux ayant le même type de pouvoir étaient plus liés entre eux par cette ressemblance. Mais malgré cette répartition, le principe même de leur existence était fondé sur l’harmonie entre chacun, tout comme une plante a besoin de soleil, de terre et d’eau pour vivre. C’est dans ce village que notre histoire commence, dans l’une des maisons, où des hurlements de douleur se faisaient entendre. Une femme, allongée sur un lit, la respiration haletante, était en train d’accoucher. Une femme devant le lit était là pour l’assister, tandis qu’un homme et un petit garçon aux cheveux blonds attendaient dans la pièce à côté. Tout à coups, les cris cessèrent, et la femme sortit de la chambre, un sourire aux lèvres, s’adressant au père :

Vous pouvez entrer maintenant.

L’homme se redressa, prenant son fils par l’épaule, lui aussi souriant après une si longue attente. Lorsque les deux entrèrent, le père ne put s’empêcher de couler des larmes de joies, tandis que le garçon curieux s’approcha de ce qui semblait être...

Shygana, dis bonjour à ta nouvelle sœur.

La mère de Shygana venait de lui dire ceci, avec une voix tendre, mais faible à cause de la fatigue, le regard aimant en direction de son mari. Le mari s’approcha, préférant parler à voix basse, peut-être de peur de parler trop fort pour une si petite chose.

Bonjour, Tala…

Nous sommes à plusieurs années après la naissance de Tala, qui ressemblait à une enfant de 9 ans, tandis que Shygana approchait les 18 ans d’apparence. Les deux étaient allongés dans l’herbe d’un pré non loin du village, accompagnée d’une autre fille, qui aurait le même âge que Shygana. Les cheveux rouge flamboyant, les yeux noisette, la peau blanche et douce. Un réel plaisir pour les yeux. Tous les trois semblaient aimer se prélasser au soleil. Puis Tala brisa le silence, tout en levant le doigt vers un oiseau.

‘Ana, regarde le rouge-gorge !

Elle semblait toute excitée par ce qu’elle voyait, il faut dire qu’elle était encore jeune. La fille qui les accompagnait se redressa.

Shygana… Pourquoi elle t’appelle comme ça ? On dirait…
Un nom de fille, je sais Lucie. Quand elle était plus petite elle n’arrivait pas à prononcer mon nom, et depuis c’est resté.

Un air malicieux se dessina sur le visage de Lucie, apparemment décidé à embêter le jeune homme. Elle lui tira la joue tout en se moquant de lui.

C’est vrai que tu ferais une très belle femme. Mais pas autant que moi, regarde cette poitrine!

Finissant sa phrase en prenant ses seins entre ses mains, et les admirant elle-même. Shygana préféra regarder ailleurs, notamment Tala qui courrait derrière l’oiseau qui volait d’un arbre à l’autre, comme s’il s’amusait à faire courir la jeune fille. Lui aussi savait se moquer des gens par contre.

Quelle poitrine ? t’as des piqures de moustiques !
Idiot, tu veux que je te crame les cheveux ?

Enervée, Lucie leva un doigt et fit apparaître une flamme au bout de son ongle. Shygana tourna la tête vers elle et souffla dessus, l’éteignant comme une bougie sur un gâteau.

Ce n’est pas juste que ton pouvoir soit apparu avant le mien
Les pouvoirs arrivent plus vite chez les femmes d’après papa… Shygana regarde !

Le regard de Lucie, autant que sa voix prouvait qu’elle était inquiète. En effet deux grands gaillards s’approchaient d’eux, l’air menaçant. L’un d’eux éleva la voix.

Mais si c’est pas notre petite Shyguette. Vous trainez toujours entre filles à ce que je vois ?

Ces deux idiots aux gros muscles s’amusaient toujours à le provoquer depuis qu’ils avaient eux aussi acquis leurs pouvoirs. Tous les deux maîtrisaient la foudre, et pouvaient envoyer une décharge électrique dans leurs coups. Le deuxième quant à lui restait tout simplement en retrait, se contentant de glousser à ce que venait de dire son ami. Shygana ne réagit pas à cette provocation, il avait pris l’habitude, surtout après s’être pris un coup de poing foudroyant. Mais ce ne fut pas le cas de Tala, qui trop naïve et trop impulsive, donna un coup de pied en plein tibia sur l’un des deux. Il sautilla sur place tout en criant de douleur. Avec sa vois enfantine, la sœur de Shygana gronda celui qu’elle venait d’agresser.

Bandes de méchants, n’embêtez pas mon frère !

Sauf que cet homme aussi était impulsif. Il leva le poing autour duquel de petits éclairs scintillaient, et s’apprêtait à frapper Tala. Shygana apparut derrière sa sœur et stoppa le poing d’une main, l’autre étant sur l’épaule de la petite fille. Tout le monde était surpris, même notre protagoniste. Ce dernier était pourtant assis à côté de Lucie, et il y avait une dizaine de mètre entre Lucie et Tala, pourtant il venait de les parcourir en un instant. Plus surprenant encore, le coup bloqué ne lui faisait rien. Il ne ressentait pas la décharge électrique qui aurait dû parcourir son corps et le foudroyer sur place, et vu la différence de gabarit, il n’aurait pas pu bloquer d’une seul main un coup aussi imposant. Il sentait quelque chose en lui, différent d’un simple boost d’adrénaline. Cette sensation était l’énergie qu’il avait réussi à absorber, l’énergie du coup de poing, celle de la foudre. Reprenant ses esprits, il fronça les sourcils et parla d’une voix menaçante.

Que tu viennes m’emm*rder est une chose, mais que tu lèves la main sur ma sœur, tu peux toujours courir pour que je te laisse faire.

Il repoussa l’agresseur et lui donna un coup de pied, l’énergie cumulée par la précédente attaque se déchargea dans ce coup, propulsant les deux hommes en même temps dans les airs, se faisant éjecter à plusieurs mètres… Shygana venait d’acquérir ses pouvoirs lui aussi.