Le tintement de la cloche du lycée résonna dans l'enceinte de l'établissement, tandis que je mettais fin à un cours particulièrement agité avec un élève des plus perturbateurs. Une chose était sûre, pour un premier jour ça commençait fort, peut être qu'il me fallait m'habituer à cette ambiance car après tout ce ne sont pas des humains mais des démons et nous ne sommes pas connus pour être la source suprême de sagesse et de calme. Afin de me détendre et étant donné que le temps était maussade je décidai de me diriger en salle des professeurs pour me servir un café bien chaud en espérant trouver un ou une collègue avec qui discuter. Je traversai le dédale de couloirs en croisant de nombreux élèves qui changeaient de salle ou bien qui s'amusaient. Cependant je restai attentif aux infractions car c'était quand même mon rôle d'assurer la sécurité et je fût obligé de sanctionner plus d'un étudiant cherchant à sécher un cours...voir en soudoyer un ou deux afin de me faire un peu d'argent en plus de mon salaire.

Je finis par arriver à ma destination, un des endroits où je n'avais pas encore mis les pieds jusqu'à présent. Un écriteau était accroché au dessus de la grande porte en bois qui semblait assez usé, à cause des vitres opaques incrustées dans la porte on ne pouvait pas voir l'intérieur donc je ne pus savoir si il y avait des gens dedans ou pas. Je pris alors dans ma main droite la poignée en cuivre que j'abaissais pour ouvrir la porte qui ne se fit pas prier pour grincer lorsque je vit un couple d'enseignant dans une position des plus gênantes...Je referma alors vite la porte avant d'en voir trop et repartit à la recherche d'un endroit au calme, loin de la présence des étudiants. Le seul endroit qui se présentait à moi était le parc du lycée qui était recouvert par d'épais nuages gris qui menaçaient l'établissement de le frapper de multiples éclairs.

Je décida de m'allonger sur l'herbe assombrie par les nuages et commençait à réfléchir sur mon rôle d'enseignant si j'allais m'en sortir ou pas, car en effet ce cours m'avait fait douter de mes capacités à tenir une classe dans un cadre raisonnable d'éducation. Je décidai de me relever et marcher tranquillement bien que je senti une gouttelette, puis une seconde et enfin une petite pluie venir frapper mon corps de multiples éclaboussures. Mais je n’arrêtai pas pour autant ma promenade, m’arrêtant même à un moment pour lever la tête et sentir la pluie sur mon visage. Sentir la pluie glisser sur ma peau avait quelque chose de plaisant et que je n'avais jamais essayé auparavant. Enfin je me décidai de rentrer à l'intérieur de l'établissement quand je vis alors une silhouette au loin difficilement descriptible à cause de la brume environnante. Le temps devenant de plus en plus menaçant j'avançai vers elle afin de lui dire de rentrer à l'intérieur.

- Qui que vous soyez vous devriez rentrer avec moi, le temps ne se prête pas aux promenades.

Toute cette chaleur....ce beau temps...cela en devenait insupportable, la météo était du genre clémente pour les étudiants, gonflés d'aspiration de pouvoir rêver sur la pelouse légèrement fraiche de la rosée du matin. La dénommée Raina, jeune professeur de musique et naturellement démone à plein temps, avait passé sa journée à l'intérieur, rôdant dans sa chambre tout d'abord puis élargit son terrain à son étage. En quête de rencontrer une personne raisonnablement digne avec lequel elle pourrait tranquillement converser avec le moins de répugnance qui lui était tolérée. Ses vas et viens le long des murs, au bout d'un certain temps, ne la satisfaisait plus, les couloirs étaient aussi déserts que le Sahara, autan dire que le beau temps ameuté petits et grands à profiter d'un bain de soleil.

Désespérée part tant de lassitude, elle se renferma dans son temple morbide, aucune lumière ne filtrait à travers les rideau ténébreux pendaient lamentablement dans le vide. Endroit austère pour un humain et lieu de paradis dans l'esprit d'un démon dont l'âme est aussi noir que l'onyx, dans tous les cas, l'illusionniste était ravie de cette obscurité persistante, comblant ses journées d'un rayon de joie funèbre. Confortablement, installée sur son lit, elle ferma les yeux dans l'espoir d'assombri l'environnement, elle ne pratiquait pas le vaudou indienne consistant à danser autour d'un feu invoquant les torrents de tristesse et de malheurs. Son vœux fut exaucés car déjà elle sentit des clapotis au-dehors. La musicienne étouffa dans l’œuf un gloussement d’allégresse du plus profond de son être, elle s'élança comme une antilope poursuivit par un prédateur.

Passé la porte principale, elle fut en plein milieu d'une petite pluie de larmes cristallines, enjouée par cet état déprimant, elle courut en riant, on aurait pu la prendre pour une folle. Virevoltant parmi les arbres, enivrée, elle dansait gracieusement et enfantine tout en jouant de la flûte qu'elle protégea par soucis de conscience, son instrument si cher à ses yeux, cadeau de l'homme ayant fait battre son cœur de démone tourmentée mais aussi d'un amour dont l'essence l'avait quitté à jamais. Ce genre d'événement ravivait ses peines, néanmoins, elle s'en servait essentiellement pour maudire l'univers tout entier. Alors qu'elle se défoulait à jouer une musique des plus dramatiques et excitante à ses oreilles, une personne s'approcha l'interrompit bruyamment, ton fort causé par le brouhaha des gouttelettes d'eau s'écrasant sur la terre damnée.

♫Au contraire, il me convient parfaitement, je peux m'exprimer donc si vous avez peur d'attraper froid abritez-vous mais n'osez pas me déranger pour si peu.♫

La tempête se rapprochait à chaque secondes, la violence du vent avait doublé depuis que j'avais aperçu la silhouette dans l'épaisse brume qui ne laissait pas voir grand chose et que j'avais commencé mon approche ardue, à cause des violentes bourrasques qui pouvaient faire perdre l'équilibre et qui faillit plusieurs fois me faire tomber. Mais après quelques efforts je finis par m'approcher suffisamment pour voir que c'était une jeune fille mais je ne pût distinguer correctement son visage. Dans le chant colérique du vent je pus distinguer que la jeune femme jouait ce qui ressemblait à un air musical difficilement audible se mariant avec la rafale qui faisait rage, avant de s’arrêter pour me dire :

- Au contraire, il me convient parfaitement, je peux m'exprimer donc si vous avez peur d'attraper froid abritez-vous mais n'osez pas me déranger pour si peu.

Inutile de cacher que je fut légèrement surpris par cette prise de position tout aussi assurée qu'inhabituelle et décidai de rester malgré le climat qui assaillait le lycée, afin d'en savoir plus sur elle et ses intentions, une femme qui préférait la pluie au soleil même en tant que démon cachait en elle une profonde tristesse que je ne pus décrire sur le moment. Je me tournai alors dans la même direction qu'elle, en silence, essayant de résister à la puissance à laquelle je faisais face. Je restai ainsi quelques minutes avant de lui demander en criant un peu pour qu'elle l'entende

- Etant donné que je compte rester ici un moment je me permet de vous demander quel est votre nom. Disais je, de plus en plus curieux.

J'observai les alentours au cas où je vis une autre forme qui ne serait pas à l'abri mais à première vue nous étions les deux seuls fous à endurer cette tempête de plein fouet sans se plaindre à aucun moment, ou le moins possible ne pouvant garder les yeux totalement ouverts me forçant à les plisser pour empêcher le vent de venir les fouetter avec force et hargne tel un millier de chevaux au galops balayant tout dans leur sillage. J'aurais désirer tout de même que le temps s'adoucisse au moins pour que je voie l'apparence de la jeune femme qui me tenait compagnie depuis un certain temps. Moi qui voulait rentrer après m'être assuré que tout le monde était à l'abri je me surpris à rester affronter les forces de la nature qui s’abattaient. Peut être était ce l'orgueil qui me paralysait, fuir face au temps qui nous menaçait alors qu'une jeune femme restait là sans fléchir n'était pas quelque chose de concevable pour moi.

Le ciel devenait féeriquement menaçant grâce à ses nuages gris porteur de désespoir et de tristesse infinies, le vent se levait en une bourrasque violente faisant balançaient les branches d'arbres sur le point de se désarticuler. Les moult sons dégagées par la nature déchainée s'harmonisaient dans un chaos le plus total à croire qu'un désastre allait bientôt arriver alors que ce n'était que la volonté de la jeune démone folle de chagrin et de rage tentant de se libérer de ses chaines humaines, qui la retenait dans un tourbillon de sentiments contradictoires. Si seulement, Raina avait pu avoir ce don que possédait son ancêtre Abigor bien que le pouvoir de connaître l'avenir ne servait que sur le dénouent des guerres à venir, elle aurait prévu ce qui se serait passé cette nuit fatidique, qui changerait sa vie à jamais.

Le destin n'était tout de même pas de son coté car un inconnu s'était approchée de la gente de dame pour l'avertir de rentrer se mettre à l'abri, cela faisait bien longtemps, qu'elle avait dépassé le stade de garnement...Quoiqu'un démon n'a pas véritablement le temps de découvrir les merveilles de la vie, obligé de se débrouiller seul pour démontrer qu'il était capable de survivre n'importe quand et n'importe où. Dans tous les cas, l'impertinent n'était pas du tout pressé de faire demi-tour, il essaya deux ou trois pas vers la démone mais la tempête s'était amplifiée, bloquant ses mouvement au grand soulagement de Raina. Cette dernière ne voulait point qu'on la dérange dans un moment si enivrant et reposant pour un être jamais en paix tel qu'une âme peinée et perdu dans un labyrinthe infernal.

- Etant donné que je compte rester ici un moment je me permet de vous demander quel est votre nom.

Cette requête lui fait arrêter nette son chant de pleurs interminable, cette voix masculine avait le culot de l'interrompre uniquement pour connaître son identité. Elle fixa le brouillard épais et blanchâtre dans le but d'apercevoir la silhouette de l'homme, malheureusement, l'ombre était vague et disproportionnée, ce qui ne lui rendit pas la tâche facile. Pourtant, elle n'alla pas voir son interlocuteur ayant aucun désir de converser avec ce monsieur mais elle dut résigner à lui indiquer comment elle se prénommait, une lassitude dans la tonalité de sa voix:

♫ Je m'appelle Raina Shibata maintenant que votre curiosité à été comblé j'aimerai ne plus être distraite par des futilités inutiles.♪

La jeune poupée de chair se retourna lentement faisant mine de l'ignorer même si sa présence lui hantait l'esprit, elle remit sa flûte traversière, cadeau divin de son défunt Joachim. Une mélodie en hommage de son amour parti sorti de l'instrument, caressant et s'enroulant à l'air pour que les notes ses dispersent à des kilomètres de sa position afin que tout le monde ressent sa douleur.