Choc culturel. [terminé]

Drek avait décidé de passer son weekend à explorer les alentours du lycée, afin de repérer les lieux en quelques sortes, mais aussi un petit peu par curiosité.

Les élèves parlaient parfois d'un temple, qui se trouvait en haut d'une colline, le temple Junichiro.

La gargouille n'étant pas encore parfaitement familière avec le japonnais, il hésita entre deux traduction : l'enfant seul ou l'unique enfant. Quoi qu'il ne fut pas certain à cent pour cent que la bonne réponse se trouve dans l'une de ces deux solutions.

Toujours est-il qu'il avait décidé de ce diriger vers ce fameux temple afin de le visiter, voir à quoi il pouvait bien ressembler et quels rites y étaient pratiqués.

Non pas que les gargouilles en général se soient un jour intéressé de trop près aux religions ; mais il était clair que les temples, églises et autres, utilisaient souvent de telles créatures pour éloigner les mauvais esprits et dissuader les voleurs superstitieux. Même si parler de créature était peut être inexacte. Un gardien de pierre et tout d'abord dépourvu d'âme, condamné à observer et à veiller sans bouger. Et ce n'était qu'après un processus inconnu que, parfois, elles gagnaient la vie.

Drek était donc curieux, tout simplement, de voir quel genre de lieux sacrés pouvait compter le japon. Ou en tout cas, l’intérieur de ce kekaï situé au japon...

Il s'était donc éloigné du lycée, faisant quelques pas à travers les sentiers qui sinuaient entre les arbres de la sinistre forêt qui bordait l'établissement, et arriva finalement en vue de la fameuse colline, vers la quelle il se dirigea, soulagé de ne pas s'être perdu.

Arrivé au pied du temple, face aux nombreuses marches qui y conduisait, il fut tout d'abord impressionné par les immenses toriis, placées peu près tout les dix mètres tout au long de l'escalier de pierre.

Aux pieds de ses vastes portes de bois rouge d'un style indéniablement asiatique, se trouvait de petites colonnes sur lesquelles reposaient de petites statuettes de shisaa. L'une avait la bouche ouverte et l'autre fermé.

Drek se demanda bien à quoi pouvait servir d'aussi petit et singulier sujets de pierre, et prit note de le demander à un prêtre en arrivant au temple.

Il escalada donc les marches afin de se retrouver face au derniers torii, beaucoup plus imposant que les autres. Cette porte était d'ailleurs cernée par deux shisaa beaucoup plus grand que les précédents.

Ces créatures à tête de lion et au corps de chien semblaient faire de farouches gardiens, et leur taille semblait bien plus respectable, même si elle n'égalaient pas celle des gargouilles présentes sur les cathédrales allemandes. Mais il n'était pas très fairplay de comparer les statues d'une cathédrale avec celle d'un modeste temple japonnais se trouvant en périphérie d'un simple lycée. Et d'ailleurs, comparativement, ce temple semblait bien plus beau et plus impressionnant que n'importe quelle église de campagne.

Drek passa donc le torii avec un étrange sentiment, celui d'avoir franchit bien plus qu'une simple porte de bois. Était-ce la le but recherché ? Toujours est il qu'il avait été atteint.

La gargouille continua alors d'avancer en direction du grand bâtiment de bois, mais fut stoppé net par une voix autoritaire. Il tourna la tête. Cette voix appartenait à un homme, chauve et d'un certain âge, portant un kimono d'allure très traditionnel, celui-ci avait apostrophé le surveillant.

-Monsieur. Veuillez vous laver les mains avant d'entrer dans le temple, par respect pour les ancêtres.

Ce disant, il lui désigna un grand bac remplit d'eau, tout en bois et très travaillé.

Drek ne posa pas de questions, il respecterait les us et coutumes des endroits dans lesquels il se rendrait.

Il attrapa donc une des étrange louche de bois, puisa de l'eau et la versa sur chacune de ses mains avant de les frotter, observant le vieil homme du coin de l’œil ; celui-ci hochait la tête d'un air satisfait.

Lorsqu'il eut fini, l'homme en kimono lui offrit un sourire en vint s'incliner devant lui.

Bienvenu dans notre temple. Tu m'as tout l'air d'un étranger, veux tu que je t'explique quelques petites choses ?

La gargouille hocha doucement la tête, le visage toujours aussi peu expressif. Mais le vieil homme sembla tout de même deviner les émotions du visiteur.

Je suis un des bonzes qui s'occupe du temple, et pas le plus vieux. Difficile à croire humm ? Hé hé...

Ne sachant pas si il s'agissait d'humour, Drek dessina tout de même un sourire sur son visage.

Le bonze reprit :

Tu croiseras aussi des mikos, elles s'occupent généralement des cérémonies et du jardin.

La gargouille hocha de nouveau la tête. Le rôle des hommes et des femmes semblait vraiment sujet à un certain déterminisme dans la société japonaise traditionnelle. Heureusement que les choses étaient plus souple dans le quotidien réel.

Tu peux prier ici... Il désigna un renfoncement de bois fortement ornementé. Ici, si tu fais une donation, une miko pourra t'offrir une prédiction. Dit il en désignant l'endroit. Ne marche pas en dehors des sentiers et ne touche pas aux tombes que tu ne connais pas.

Je te souhaite de trouver le repos que tu recherche, gardien de pierre.

Puis le bonze salut, tourna les talons et disparut à l’intérieur du temple, après que Drek l'ai remercié d'un hochement de tête.

Ce n'est que quelques secondes plus tard que le surveillant ouvrit de grand yeux perplexe, levant la main comme pour rattraper le bonze qui était déjà loin.

-Comment...?

Ce mot franchit ses lèvres dans un souffle. Comment ce vieil homme avait il deviné sa nature en l'observant simplement quelques minutes ?

Peut être que cela faisait partit des capacités liées à la race du bonze. Ou alors était il seulement monstrueusement perspicace ?

Drek souffla. Il se faisait du soucis pour rien après tout, car à l’extérieur de l'école, on échappait très certainement à la règle qui était de ne pas dévoiler sa véritable nature.

Lentement, il contempla le paysage autour de lui, prenant bien le temps d'admirer l'architecture des lieux ainsi que l'ambiance particulière.

Un grand temple en bois, construit tout en largeur, possédant simplement deux étages.

Il y avait une odeur de fleur et d'encens dans l'air, les lieux étaient calme, les seuls bruits présent, difficilement identifiables, étaient discrets.

N'étant pas très porté sur la prière, la gargouille se dirigea vers le lieux ou les mikos s'occupaient des prédictions. Il était curieux de voir en quoi cela consistait.

Il s'approcha d'une sorte de kiosque en bois incorporé dans la structure du temple et s'approcha de ce qui ressemblait à un comptoir.

Après quelques secondes à peine, une demoiselle en kimono blanc et rouge se présenta. Elle avait quasiment l'âge d'être une élève. Elle lui souriait.

-Vous désirez obtenir une prédiction ?

Drek hocha la tête, un peu perdu dans un décor dont il n'avait pas du tout l'habitude.

Puis en laissant trainer son regard un peu partout, il fini par tomber sur un immense tronc, un peu comme ceux des églises, mais de forme allongée, avec une grille sur le dessus. Et à y regarder attentivement, on pouvait apercevoir des pièces et des billets à travers les petits barreaux de bois.

Fouillant dans sa poche, et en tirant la plus grosse pièce qu'il y trouva, la gargouille jeta celle-ci à l'endroit prévu.

Le sourire de la miko s'élargit alors quelques peu et elle joignit les mains, comme si elle était sur le point de l'applaudir.

Elle prit alors une grosse boite ronde en bambou, la secoua trois fois, et la tendit au généreux donateur. Elle faisait du bruit lorsqu'on la secouait, mais à sa grande honte, Drek ne savait pas trop quoi faire. Voyant sa détresse, et ayant surement deviné qu'il n'était pas d'ici, la prêtresse lui mima l'action de secouer la boite avec un sourire poli.

Il s’exécuta, la secouant trois, quatre, cinq, puis six fois. A la sixième, un papier enroulé autour d'un bâtonnet jaillit d'un trou pratiqué dans la boite en bambou. La miko invita la gargouille à le prendre et récupéra la boite.

Elle s'inclina alors et dit avant de prendre congé :

Bonne journée à vous.

Drek la salua à son tour, s'inclinant tout juste du buste. A s'incliner à la japonaise, il aurait l'air ridicule avec sa carrure de viking.

Il se dirigea alors vers les jardins afin de s'y promener, déroulant tout doucement la prédiction qu'il venait de recevoir. Il avait du mal à la lire, car elle était calligraphiée et utilisait de complexe kanji.

Il tenta de la déchiffrer en murmurant ce qu'il y lisait.

-Vous rencontrer... Rencontrerez la... Chance... Quelqu'un ?

Il fronça légèrement les sourcils. Essayant d'y voir plus clair. En tout cas, l'écriture était plutôt jolie, c'est indéniable, et cela l’impressionnait. Lui qui écrivait comme un cochon, même sa propre langue natale.
Toujours est il que, même si Drek ne pouvait pas le savoir, la petite prédiction qu'il tenait entre ses mains disait très précisément : "vous aurez la chance de rencontrer quelqu'un."

Depuis quelques temps, Milander dormait mal. Il passait des nuits à se retourner et à s'entortiller dans ses draps. Et lorsqu'il trouvait enfin les bras de morphée, celui ci lui jetait un saut d'eau au visage, laissant le magicien trempé de sueur. L'anglais avait pendant un moment pensé qu'il s'agissait d'une des facéties de l'anneau. L'artefact avait longtemps causé tracas, dramas et dangers allant parfois jusqu'à invoquer des monstres pour tester le grand blond. La seule chose qui empêchait désormais Milander de s'endormir, c'était lui même.

Depuis qu'il avait commencé à développer cette application, il ne se sentait plus en sécurité nulle part. Il se sentait observé, épié et parfois même poursuivi. Il avait beau chercher, il ne trouvait personne digne de confiance dans ce lycée. Tous ne cessaient de conspirer, de tromper et de l'agresser. C'était la faute de son application, se répétait il. Mais tant qu'elle ne serait pas finie, il ne pourrait pas avoir l'esprit tranquille. Le lycée lui même, pourtant familier à l'anglais, semblait avoir changé d'ambiance. Les murs semblaient parfois trembler, bousculés par des forces invisibles. Le flux d'énergie constant qui traversait les lieux avaient fini par rendre l'anglais tellement à cran qu'il ne pouvait plus y rester pendant une semaine complète. Il finissait par être pris de nausées et était sans cesse traversé par de funestes pressentiments.

Etait ce son pays qui le manquait? Il n'avait vu personne de sa famille depuis longtemps. Tellement longtemps qu'il avait l'impression de les avoir quitté il y a quelques siècles. Ce samedi là, Milander ouvrit les yeux avant le lever du soleil, un froid terrible l'ayant tiré de son court repos. Une certitude surgit dans son esprit embrumé. Il devait trouver quelqu'un à qui se fier. Il jeta un coup d’œil au carnet blanc qui l'attendait sur son bureau. Ce n'était toujours pas le bon jour pour l'utiliser. Il s'habilla en vitesse, prépara son sac pour le week end et quitta le lycée en catimini, se cachant dans les murs pour ne pas être remarqué.

Une fois sorti du lycée, l'anglais s'assura qu'une bonne centaine de mètres le séparait du funeste lycée Yokai. Il vérifia qu'aucun oiseau noir ne le suivait et partit se réfugier au seul endroit ou il se sentait encore en sécurité : le temple. Il y avait aménagé discrètement une cachette dans l'endroit, rénovant une partie d'un grenier condamné et poussiéreux au dessus d'une des chambre des mikos. Après avoir vidé l'endroit de sa poussière, s'etre assuré que l'endroit n'était pas hanté, il avait commencé à entasser du matériel. Il y effectuait ses tests et perfectionnait chaque week end sa nouvelle application.

Il lui suffisait juste d'éviter le responsable. Le bonze chauve semblait l'avoir remarqué dès sa première venue et devait suspecter le squattage intempestif du grand blond. Milander - qui avait refusé de se laver les mains - usait et abusait de son sort de passe muraille. Ce matin là, l'anglais arriva bien assez tôt pour ne déranger personne. Il se faufila dans cachette et s'y rendormit, rattrapant le sommeil qui lui manquait.

Ce fut un éclat de lumière qui vint réveiller cette fois l'anglais. Il avait enfin réussi à se relier à l'anneau et avait révé. Percelune semblait indisponible et personne ne fut en mesure de répondre à ses questions. Il se leva, grognon comme un ours sauvage, sachant parfaitement qu'elle allait être le programme de la journée. Il s'approcha de son bureau improvisé à quatre pattes, le plafond de sa cachette étant relativement bas. Il vérifia l'heure et décida d'aller petit déjeuner. Il activa son sort et traversa doucement le sol et le mur, atterrissant avec grâce dans un angle mort dans le jardin . L'anglais avait remarqué que les fruits qu'il prenait sur les arbres le gorgeait d'énergie et de sérénité pour la journée.

Pourtant, au lieu d'aller piller les pauvres arbres de l'endroit, Milander fit simplement face à un grand homme qui semblait relire une prédiction. Si l'homme avait levé les yeux de sa lecture, il aurait surement pu voir l'anglais bondir hors du mur du bâtiment. Un coup de chance pour l'inconnu, pensa Milander. Si il avait été témoin de cette magie, il aurait eut la chance exquise de rejoindre le club VIP des personnes ayant subi le "Hocus-Taser". Milander ne savait pas trop si il devait s'esquiver discrètement ou si...

Son portable se mit à sonner. "A kind of magic" vint briser le calme de l'endroit. L'anglais fouilla naturellement dans les poches de son survet gris, désactivant l'improbable mélopée. Il était trop tard pour prendre la poudre d'escampette. Il eut un sourire gêné et s'excusa dans un murmure. Le magicien savait que l'homme n'était pas un habitué du temple. Milander s’apprêta à interpeller l'inconnu quand un bruit terrible se fit entendre, déchirant le silence avec plus de fracas que les canons de napoléons : L'estomac du blondinet grondait.

Drek avait fini de réfléchir, il ne connaissait tout simplement pas les kanji utilisés sur ce morceau de papier, alors il le rangea dans sa poche et inspira l'air frais des jardins.

Dans ce pays, il avaient vraiment l'art d’accommoder toutes sortes de choses pour les rendre magnifiques. Que ce soit les plats, les bâtiments, les jardins ou n'importe quoi d'autre. L’esthétique semblait prendre une part importante ici, et sa notion était différente des normes européennes que la gargouille avait connue. Ici, peu importait que la matière première fut-ce agréable à l’œil en elle même, ce qui importait était uniquement la manière dont elle était mise en valeur.

Tout comme les shisaa de pierre brut à l'entrée du temple. Ils étaient grossièrement taillé, leurs corps n'avait rien qui puisse flatté l'esthétique, mais ils étaient pourtant magnifiques et imposant, dans l'atmosphère de ce temple.

Ce qui amena une question à l'esprit du surveillant : avait il sa place lui aussi ? Dans cette culture, dans ce pays, dans ce lycée ? Avait il sa place parmi d'autres monstres alors qu'il avait était fait par des humains pour protéger des humains ?

Il n'eut pas plus le temps d’approfondir la question, car un éclat sonore de qualité médiocre venait de retentir non loin de lui. Le bruit caractéristique d'un téléphone portable.
Il tourna doucement la tête, posant le regard sur un grand blond, surement pas d'ici lui non plus, qui se dépêcha de saisir son appareil afin de le réduire au silence.
Drek avait l'impression d'avoir déjà entendu l'air de la sonnerie, à l'époque ou il visitait l’Angleterre, vers la fin des années quatre-vingt, à stone-edge peut être. Il se souvenait de l'effervescence que déclenchait chaque chanson de ce groupe.
Pourtant, en y regardant de prêt, le jeune homme ne semblait pas avoir plus de dix-sept ans, ou tout du moins physiquement. Cela signifiait il qu'il avait vécu les années quatre-vingt, ou appréciait il tout simplement les musiques de cette époque ?

Peu importait.

La gargouille s'apprêta à détourner le regard lorsqu'un autre bruit, franchement surprenant, résonna, provenant de la même source : le jeune homme blond.

C'était vraiment le bruit de son estomac ? Depuis combien de temps n'avait il pas mangé ?

Il avait l'uniforme du lycée, n'avait il donc pas déjeuné ce matin à la cafétéria ?

Et que faisait il au temple ? Plus improbable encore, comment était il arrivé la sans que la sentinelle de pierre ne le voit, ne l'entende ou ne le sente arriver ?

Voilà qui soulevait suffisamment de questions pour pousser le surveillant à adresser la parole au jeune homme.

-Je ne t'ai pas vu arrivé... Qu'est ce qu'un lycéen vient faire ici ?

-Je ne t'ai pas vu arriver... Qu'est ce qu'un lycéen vient faire ici ?

Il y eut un frisson dans l'air. Milander regretta de n'avoir enfilé son haut de survêtement dans sa cabane secrète. En gardant son uniforme, il avait fait l'erreur d'être reconnu comme élève au Lycée. Surpris à voler des fruits par un pion. Il fallait dire que l'anglais supportait de moins en moins bien la nourriture qu'il pouvait faire apparaître. Mais comme il continuait le développement de l'autre application, les plats qu'il évoquait semblaient désormais fades et écœurant. L'anglais ne se faisait toujours pas aux petits déjeuners japonais servis à la cafétéria. Au bout du compte, il avait tout le temps très faim.

Il s'inclina et énonça une simple vérité

"Je viens parfois ici les week end. Je m'y sens au calme."

Depuis le jour ou sa grasse matinée avait été interrompue par un zombie, les réveils de l'anglais avaient toujours été un peu haletants. Le lycée Yokai était un endroit dangereux et aléatoire. Il y avait des monstruosités et des pièges à loup cachés derrière certaines portes, le grand blond en avait la certitude. L'exploration de l'endroit en passe muraille s'était retrouvé angoissant et effarant.

Le calme du jardin soufflait les sombres pensées de Milander. Après une bouffée d'air pur, il commença à s'approcher d'un arbre fruitier. Des pèches juteuses à souhait ( L'anglais commençait à s’intéresser à la magie végétale que Percelune lui avait laissé ) pendaient à portée de mains, cadeau obscène de la nature aux hommes. Le sorcier s'en saisit et s'offrit une gorgée de nectarine aux relents d'octarine. Il se retourna vers son interlocuteur et rajouta

"Vous devriez en prendre une. Ces choses là n'arrivent pas souvent dans l'année."

Quelques semaines auparavant, en voyageant dans les archives de son anneau, Milander avait découvert un homme. Un japonais porteur de l'anneau. L'homme du nom de Hokusai avait partagé volontiers avec lui son savoir et connaissance du pays du soleil levant. L'homme qui avait été un simple commerçant ne semblait jamais avoir développé de potentiel magique. A ses cotés, l'anglais avait l'impression d'avoir un guide personnalisé de la mythologie japonaise. Les gros mastodontes étaient des Shisaa, les chiens gardiens. L'anglais avait toujours cru à tort qu'ils avaient uniquement appartenu au folklore chinois.

Cette bouchée du fruit était un moment de nirvana certain. L'anglais pensa qu'avec la faim qu'il le tenaillait, un morceau de semelle aurait put être tout aussi extatique. Le grand blond regarda le pion d'un air radieux. Si cet homme venait du Yokai, il devait avoir des origines particulières. Et si ce pion avait réussi à arriver jusqu'ici, c'est qu'il ne devait pas être l'antéchrist. L'anglais regarda autour de lui, soucieux un instant. Il fut rassuré de voir qu'il n'y avait pas de rose dans le jardin.
Milander avait entendu un jour des rumeurs qui affirmaient qu'il y avait des humains dans l'école. Il avait été estomaqué d'apprendre que c'était interdit. Techniquement, le grand blond était humain. C'était son anneau qui lui permettait d'exprimer cette... différence que possèdaient les élèves du lycée yokai.

Le jeune homme blond s'inclina, plutôt à l'anglaise qu'à la japonaise et expliqua qu'il venait parfois ici pour se sentir au calme. C'était plausible. Ce qui l'était moins, c'était que Drek ne l'ai pas vu arriver, d'une manière ou d'une autre, mais il passa sur ce détail pour le moment, tournant la tête vers les jardins, puis vers le ciel.

-Tu as raison...

Tout autour de lui semblait respirer le calme et la tranquillité, contrairement au lycée. Les rares mikos ou moines qui passaient par la avait un pas mesuré et calme, aucunement pressé.
Les arbres fruitiers bougeaient à peine sous la brise, et les lieux semblait à la fois vivants et immobiles, comme parfaitement zen. Afin certainement de rejaillir sur l'humeur des visiteurs. Ce qui pour le moment semblait plutôt réussit.

Puis un mouvement attira l’œil de la gargouille : le jeune blond avait levé le bras pour saisir un fruit qu'il croqua sans hésité.

Théoriquement, il n'était pas sortit du chemin et le bonze n'avait rien interdit au sujet des arbres fruités. Et après tout, le surveillant n'était pas chargé de cet endroit, et il était en congés.
Aussi, lorsque l'inconnu lui proposa de gouter à son tour, il ne se gêna pas et leva le bras pour attraper la première qui lui tombait sous la main avant de la croquer à pleine dent, n'en faisant presque qu'une bouchée.

Il mâcha la chair tendre, fraiche et sucrée, plutôt agréable du fruit, appréciant son parfum.
Puis un bruit peu commun se fit entendre, un bruit sec et saccadé, comme si l'on était entrain de broyer quelque chose de dure entre ses dents.

C'est croquant au milieu...

Dit il en avalant le reste du fruit, tandis qu'il se tournait de nouveau vers l'élève. Il était aussi grand que lui, du moins sous forme humaines, ce qui était plutôt impressionnant.

Drek se demanda alors si il avait vu juste au sujet de l'origine du jeune homme. Pour réengager la conversation, il utilisa une phrase dont il se servait souvent depuis qu'il était ici, cela aidait à briser la glace.

Je suis Drek. Et toi ?

Le pion s'avança et finit par se servir dans l'arbre. Milander se sentit à la fois rassuré et coupable qu'un tel événement se produise. Puis, un souffle de vent dans les arbres, le bruit des clochettes qui tintent, l'instant était parfait. L'anglais ne parvenait pas à comprendre mais tous les sons du temple l’apaisait. Cet instant en réalité tellement banal fut interrompu par un fait totalement anormale. Le fruit qui avait été gobé produisait un doux fracas sous les molaires puissantes de l’énergumène. Tout mystère fut dispersé au moment ou il fit :

C'est croquant au milieu...

*Manger le noyau du fruit est inutile. Cependant, il peux réduit en poudre et mélangé à d'autres ingrédients pour produire un baume aux multiples effets.*

La ou Hokusai ignora totalement l'étrangeté de la situation, L'esprit de Milander s'était envolé vers d'étranges réflexions. Même les vampires savent qu'il y a un noyau. Le pion ne devait pas avoir mangé souvent dans sa vie. Peut etre le seul référentiel qu'il possédait était la fois ou il avait mâchouillé un crane humain, s'épouvanta Milander. Ou un élémentaire avec du caractère?

Je suis Drek. Et toi ?

Cela faisait longtemps que Milander n'avait pas ressenti des mots d'une façon si franche. Entre les mensonges, menaces, politesses et sous entendus lourds de sens qu'on entendait au lycée, l'anglais ravi de la simplicité de l'échange.

"Je suis Milander. Tu es venu rendre visite aux Mikos pour explorer ta bonne fortune?"

L'anglais avait refusé qu'on lui fasse des prédictions. Le pouvoir de la foi de ces étranges prêtresses était aux antipodes de la magie de sorcier. Son éducation religieuse jugeait d'un mauvais oeil ces faux dieux. On ne pouvait cependant pas nier le fait que leurs rituels de purification étaient formidables.

L'esprit d'Hokusai disparut soudainement de la conscience de Milander, laissant l’âme du jeune sorcier à nu. Il se rappela de nouveau qu'il avait oublié son sweater dans le grenier, un doux frisson lui parcourant l'échine. Il ne faisait pas froid pourtant la fraîcheur du vent couvrait la peau de Milander d'une chair de poule coriace. Au lieu de chercher à expliquer la disparition du marchand japonais, le grand blond referma sa chemise et remonta les manches de son uniforme.

La chair du fruit coloré avait littéralement fondue dans la bouche de Drek, laissant un agréable gout sucré et doux. Mais le centre était dure, cassant et amer. Cependant, il continua de mâcher tranquillement avant d'avaler, ne souhaitant pas recracher ce qu'il avait dans la bouche alors qu'il se trouvait dans l'enceinte d'un temple.

Il s'était présenté dans les formes, ou du moins ce qui lui semblait être les formes, et il observait, impassible, le jeune blond et son allure étrange. Quelque chose dans son comportement le mettait à part, comparé aux autres élève que le surveillant avait pu croisé ; mais il ne savait pas encore tout à fait quel était cette particularité.

Toujours est il qu'il fini par se présenter sous le nom de Milander, ce qui confirma ses origines européennes. Surement pas français, encore moins italien ou espagnole et encore moins allemand, ce nom semblait venir d’Angleterre. L’Amérique était aussi plausible, mais quelque chose dans la manière dont il prononçait son propre nom laissa penser à la gargouille que le bonhomme ne venait pas de la bas.
Drek afficha ce qui ressemblait à s'y méprendre à un sourire.

-Je suis venu voir le temple.

Puis, négligemment, il glissa la main dans sa poche et en tira le morceau de papier calligraphié, l'observant du coin de l’œil, Milander venant justement de lui parler des prédictions données par les mikos.

Il fronça légèrement les sourcils, portant de nouveau le papier à ses yeux.

Mais je n'arrive pas à lire ma prédiction.

Il hésita un moment, puis fit mine de tendre le papier au jeune homme, tentant une interaction qui pourrait être plus ou moins réussie.

Il devait se familiariser avec les lieux, et surtout avec les gens. Et il ne le ferait pas en se content de ne parler que lorsqu'on lui demandait quelque chose. Il n'était plus une bête statue de granit, il n'était plus un gardien sans mission, il avait une vraie vie désormais, et il avait le droit de la vivre.

Il tendit donc franchement la main et observa Milander avec un sourire un petit peu plus naturel.

Son ton s'étant légèrement adoucie, pour une voix aussi grave tout du moins, lorsqu'il demanda :

Tu connais ces kanjis ?

Milander s’interrogeait sur les origines de son interlocuteur. Selon l'endroit ou il était né, Drek pouvait tous aussi bien être un golem qu'un éventuel Chupacabra. L'homme eut un sourire :

-Je suis venu voir le temple.

Il devait être nouveau, pensa Milander. Une hypothèses surgit dans son esprit : Le lycée semblait être en train de recruter plus de personnel... Pourquoi amassaient ils ainsi des forces? Il chassa ces idées paranoïaques, s'aidant de la mélodie que portait le vent.

Drek semblait fixer un morceau de papier avec insistance. Le parchemin semblait minuscule dans les mains de l'inconnu. Il leva un sourcil et fit :

Mais je n'arrive pas à lire ma prédiction.

Après un temps d'hésitation, il partagea le contenu de sa prédiction. L'anglais plissa les yeux, ne reconnaissant absolument pas ce caractère. Après un instant de stupeur ou la présence d'un guide fantome japonais aurait enlevé l'inconfort, le grand blond réalisa que'il ne lisait pas le papier dans le bon sens. Il reconnu avec fierté le kanji Kichi, symbole de la chance. Cela faisait une éternité que Milander n'avait pas observé de bons présages. Que l’occulte puisse enfin suggérer un futur lumineux redonna du bois à la flamme de sa foi. Peut etre que cet année, Liverpool sera champion.

Tu connais ces kanjis ?

Le sourire de Drek semblait serein. L'anglais hocha la tête, récupérant le papier. Bien sur, l'anglais réussit à décoder un phrase. Mais il se sentait un peu honteux d'énoncer sa traduction "Vous rencontre ChatCiel Chance beaucoup famille du cœur ?"Il passa la main sur son anneau, partant solliciter l'aide de son TFP (traducteur fantomatique personnel.) Les connaissances d'Hokusai semblaient être parasités par d'autres souvenirs. Il en extirpa ce qu'il désirait et referma la porte de son esprit à double tour. L'anneau émit une unique étincelle rouge-orangée aux reflets de jade et d'opaline.

- C'est plutôt positif. Chance, rencontre et opportunités.

Il y eut un léger crissement dans l'air, un changement infime dans l'harmonie des énergies du jardin. Le coin de l'oeil du grand blond cru voir un corbeau sur un Shisaa. Ces foutus volatiles étaient définitivement partout. Lorsqu'il se retourna innocemment, prêt à taser le mainate indiscret, il réalisa qu'il n'y avait rien. Il lacha le portable qui était dans sa poche, convaincu d'avoir rêvé.

Il revint vers Drek qui le fixait toujours, visiblement témoin des turpitudes du sorcier inquiet. Il haussa les épaules et se justifia :

"J'ai cru voir un truc, hm."

Il lui rendit la prédiction, un peu déçu qu'elle ne lui soit pas destinée. Les statistiques lui avait montré que la chance du magicien était précaire : la plupart de ses "aventures" finissait tôt ou tard avec une ou multiples fracture ouvertes/éraflures/estafilades. Son corps n'était que chair, après tout. Il ne pouvait pas faire le poids face à des créatures qui pouvaient déchirer des voitures en deux ou le digérer avant qu'il puisse prononcer un sort.

Il repensa au Shisa, découvrant qu'ils étaient aussi nommés "Chien Lion" et servaient souvent de runes de purification pour...

*Pour le coup, tu réalises un peu tard.

La silhouette fantomatique de Hokusai s’altéra, L'anglais réalisant enfin qu'il avait tiré le mauvais esprit du chapeau. Et à chaque fois qu'une nouvelle âme de magicien surgissait, elle avait le droit de lui imposer un test. Le test avait déja commencé. Depuis plusieurs secondes, un Shisa de pierre semblait s'être mis en mouvement. Il s'était discrètement étiré et avait commencé à s'avancer derrière le grand blond.

Drek observait Milander avec un mélange de curiosité et d’appréhension, tant le bonhomme semblait quelques peu instable à ses yeux. Il avait l'air ailleurs, déconcentré, les expressions de son visage étaient illisibles et son regard quelques peu soucieux malgré les efforts apparents qu'il faisait pour se détendre. Peut être venait il ici pour cela d'ailleurs, dans ce magnifique temple évoquant la sérénité.

Toujours est il que le jeune blond semblait scruter la prédiction que la gargouille lui avait tendu avec une certaine curiosité. Encore une fois, il y eu ces désagréables et trop rapides changements sur le visage du garçon : comme si il se passait des choses que lui seul pouvait percevoir.
Au début, il semblait aussi impuissant que le surveillant à déchiffrer les kanjis, puis son visage bougea imperceptiblement lorsqu'une petite étincelle éclata depuis la bague qu'il portait...

Était ce une magie quelconque ? Était il un sorcier ? Quel genre de pouvoir venait il de déclencher pour que ce bijou produise un tel effet ?

Il ne poussa pas le cour de ses pensés plus loin, n'ayant pas suffisamment d'information pour statuer sur le pourquoi du comment, puis le jeune élève prit de nouveau la parole, expliquant que la prédiction parlait de chance, de rencontre et d’opportunité.

-Je vois...

Fit il en fronçant légèrement les sourcils, réfléchissant à la signification que pouvaient bien avoir ces mots dans le cadre d'une prédiction.

Puis soudain, l'oreille de la sentinelle de pierre, toujours attentive, perçue un léger changement dans l'air, un crissement : le crissement caractéristique de la pierre qu'il connaissait si bien.

Il se retourna lentement pour regarder dans la direction d’où venait le bruit ; mais il n'y avait rien, rien à part les deux gros shisaas de la grande torii, toujours immobile et sans vie.

Du coin de l’œil, la gargouille vit qu'il n'était pas le seul à avoir été intrigué par quelque chose, car le garçon s'était lui aussi retourné, mais bien plus nerveusement, comme si il redoutait quelque chose en particulier. Voilà qui était des plus étranges...
Il s'exprima, disant avoir cru apercevoir quelque chose, rendant sa prédiction au surveillant qui la remit négligemment dans sa poche.

Le blondinet s'était déjà désintéressé de l'origine du bruit, mais Drek continuait d'observer, se disant qu'un tel son ne pouvait pas être anodin dans un lieu aussi calme que ce temple. Et ce crissement de roche ne lui semblait que trop familier.

Puis soudain, les sourcils de la gargouille se haussèrent brièvement, son visage pourtant si inexpressif affichant tout de même la marque de la surprise. Ce shisaa venait de bouger.

Voilà qu'il s'en allait de son socle pour venir vers eux...

Mais pourquoi ? Pourquoi quitter son poste, abandonner sa mission ? Et surtout, pourquoi avait il prit vie à l'instant ? Le seul moyen pour un gardien de pierre de venir à la vie, selon les connaissances de Drek, était d'avoir une importante mission à remplir, une mission que l'immobilisme ne permettait pas.
Et le Shisaa de belle taille semblait s'avancer vers le blondinet qui semblait, lui, ne se douter de rien. Était il un ennemi aux yeux du gardien du temple ? Si oui, que devait faire la gargouille ? Par manque d'informations pour le moment, elle se contenta de demander nonchalamment, comme à son habitude, au jeune élève, en lui désignant le shisaa qui approchait dangereusement.

Qu'as tu fais pour qu'il veuille te chasser d'ici ?

Car clairement, d’expérience de gargouille, Drek pouvait dire que la créature présentait tous les signes de l’hostilité contenue. Et une sentinelle de pierre ne se déplace jamais sans raison valable. Mais il y avait tant de facteurs inconnus...

L'esprit qu'il avait tiré de l'anneau n'était pas son guide nippon. Le nouvel arrivé semblait s’être servi des souvenirs du brave Hokusai pour arriver ici. La technique du cheval de troie marchait toujours et Milander avait été possédé. Les phrases de l'esprit étaient encore flou. Que devait il réaliser?

Drek pointa un doigt derrière Milander. L'anglais se retourna et son visage se figea dans une grimace de surprise. Le shisa avançait vers lui avec la grâce d'un félin, ses pattes de pierre paraissaient presque glisser sur le sol. L'anglais était loin de paniquer. Il avait déja affronté plusieurs créatures d'un autre calibre et vaincu ! Et pourtant, en voyant le colosse de pierre s'avancer vers lui, il savait qu'aucun de ses sorts de pouvait neutraliser la créature sans raser avec la moitié du temple.

Qu'as tu fais pour qu'il veuille te chasser d'ici ?

Ce n'était pas une histoire de territoire. Le grand blond avait pris soin de respecter ces lieux. Il avait fait quelques offrandes, allumait souvent de l'encens, respectait l'harmonie des lieux et n'espionnait les mikos que lorsque cela était vraiment nécessaire. L'esprit gardien n'avait aucune raison de l'attaquer. Mais comment expliquer à Drek que...

" Je suis porteur d'un artefact ancien qui m'impose régulièrement des tests pour s'assurer de ma compétence."

Pour la partie " Et en fait je suis aussi hanté par la mémoire de tous les anciens porteurs " il attendrait un autre jour. Dans l’immédiat, le gardien était à quelques mètres du grand blond. Il se figea un instant dans son avancée, regagnant cette impassible expression que seul possèdent les statues et les actrices botoxées. Puis, il bondit. L'anglais eut juste le temps de prononcer la seule formule qui lui vint à l'esprit.

"Blue Blast. Begone !"

Une onde de choc bleutée vint percuter le vide. L'anglais avait mis un maximum de mana en peu de temps. A bout portant, son sortilège devait avoir la puissance d'un camion. Pourtant, le sort parut presque inefficace, la créature semblant aussi massive et véloce qu'un train. Et comme tout le monde le sait, le train bat le camion. L'impact offrit cependant un répit supplémentaire à Milander.

Il se retourna vers Drek et lui offrit un sourire radieux. Son sort était activé.

"Par contre, je ne suis pas du tout à la hauteur pour vaincre un tel ennemi."

Puis, une patte de pierre cingla dans l'air, fendant littéralement l'anglais en deux. Un cri déchirant brisa le calme du jardin. Une miko paniquée observait le corps brisé de Milander flotter dans l'air, dans une attitude de paresse vaporeuse. Une fois de plus, son sort de passe muraille lui avait sauvé la mise. Heureusement que la créature était minérale. Ce sortilège ne lui permettait pas de passer à travers la chair.

"Pourriez vous m'aider?

Drek avait bien conscience de se trouver dans une situation à la fois délicate et étrange. Il savait qu'il n'avait pas vraiment le temps de réfléchir et d'observer la situation, mais telle était sa nature, et il ne put guère s'en empêcher.
Le jeune blond exprimait une expression de surprise plutôt étrange : il avait l'air de comprendre comprendre quelque chose par rapport à des donnés que la gargouille ne connaissait pas. Encore les frasques de son étrange attitude qui lui donnait l'allure de quelqu'un qui communique silencieusement avec on ne sait quel entité invisible.

Toujours est il que, dans la relative panique du moment, Milander fit un étrange résumer au surveillant ; lui affirmant qu'il était possesseur d'un artefact qui n'avait de cesse que de tester sa puissance en lui imposant divers épreuves.

Mais alors, cela signifiait qu'il s'agissait d'un objet magique ? Et cette objet contrôlait en ce moment même le pauvre shisaa. Il lui avait certes donné vie, mais il déshonorait son statut de gardien en le forçant à attaquer quelqu'un qui, apparemment, n'avait rien fait de mal. C'était inacceptable.

Drek serra les points silencieusement, observant la scène sans bouger. Il ne savait pas encore quoi faire, il devait observer, tenter de réfléchir, de voir ce qu'il fallait faire.
Le shisaa bondit alors sur l'élève.

-Il agit contre sa volonté...

Murmura-t-il pour lui même en observant la créature de pierre. Puis il entendit le jeune blond s'exclamer d'étrange mots en anglais. Il avait donc raison, le bonhomme était bien anglais, il venait donc d’Europe.

La gargouille observa l'onde de choc produite par ce qui devait donc être une formule magique. Le chien de pierre, du moins était ce à cela qu'il ressemblait le plus, fut repousser par l'attaque, mais sans plus. Malgré la pierre brut de mauvaise qualité dont il était constitué. Mais il fallait aussi avouer qu'outre la matière dont elle était faite, la bestiole était plutôt massive, ce qui semblait représenter son seul avantage, outre sa férocité.
Drek ne bougeait toujours pas. Même lorsque l'anglais lui sourit en lui disant qu'il ne pourrait pas vaincre un tel ennemi. Comment pouvait il garder autant de légèreté dans ce cas ? Était-ce cela le flegme britannique ?

Le shisaa passa de nouveau à l'attaque, passant littéralement à travers l'élève, comme une lame à travers un nuage de fumée. Mais le surveillant n'eut pas le temps de s'en alarmer qu'un cri déchira le silence relatif des lieux. Une miko venait de hurler, ayant certainement assisté au spectacle.
Drek hésita un long moment, jaugeant si cela était ou non la meilleur chose à faire. Après tout, il se devait de protéger les élèves, même si ils ne se trouvaient plus vraiment dans le lycée. Et même si cela impliquait de devoir se battre contre un autre gardien de pierre agissant contre sa volonté, sa mission passait avant tout. C'était cela, elle passait avant tout.

Il entendit alors vaguement le blondinet lui demander de l'aide lorsqu'un nuage de poussière se souleva. Une série de crissement et de craquements, un important déplacement d'air...

Oui... La mission passe avant tout !

C'était bel et bien la voix de Drek qui avait prononcé ces mots, mais elle était encore plus caverneuse que d'habitude, et en tout cas bien plus surnaturelle, quasiment monstrueuse. Et pour cause, lorsque le nuage de poussière se dissipa, c'était une imposante et authentique gargouille mesurant presque trois mètres de haut, proportionnellement aussi épaisse et imposante que sa forme humaine. Et pour ajouter à cette carrure déjà incroyable, une paire d'ailes reptiliennes en granit pure s'étaient déployées dans son dos. Tout son corps était de granit, le plus solide et le plus pur que l'on l'on pouvait trouver il y a de cela plusieurs siècles dans les gisements des montagne bavaroises.
Sa gueule, car s'en était devenue une, tenait de la chauve souris et du dragon tout en ayant une allure anthropomorphique prompte à exprimer une expression féroce et sévère. Sa grande queue lui permettait un parfait équilibre et ses membres antérieurs et postérieurs étaient devenus bestiaux, toujours inspiré des dragons qui avaient fasciné les rois allemands de la fin du moyen âge. Son corps entier avait était sculpté pour inspirer la terreur et la puissance à quiconque poserait les yeux dessus, finement taillé et ciselé, il faisait figure d’œuvre d'art comparé au pauvre chien de pierre grossièrement taillé dans de la pierre brute.

Profitant du nuage de poussière, il avait bondit de tout son poids. D'une de ses énormes mains reptiliennes, il agrippait la gorge du shisaa en le maintenant sur le dos contre le sol. Sa queue était enroulé sur le reste du corps afin de l'immobiliser complètement tandis que ses pattes arrières était posé de chaque côté, légèrement fléchit, dominant le chien de pierre avec la farouche volonté de le paralyser. Mais en aucun cas il ne voulait le briser, le tuer. Si il agissait contre sa volonté, ce n'était pas lui qui devait être détruit.

La gargouille tourna alors lentement la tête et s'exclama avec une certaine lenteur :

Fais cesser ce sortilège...! Ou je briserais ton artefact !...

Il était en colère. C'était d'ailleurs la première émotion qu'il avait ressentit de toute sa vie. Celle qui lui avait finalement donné naissance, passant de simple statue immobile à véritable gargouille vivante. Il était en colère contre cet artefact, ou quoi que ce soit d'autre, qui forçait une brave sentinelle de pierre à quitter son poste et à agir contre sa nature. Il éprouvait une certaine empathie pour le shisaa, et c'est cela qui le mettait en colère. S’imaginer lui, contrôlé par une puissance extérieur, à attaquer les personnes qu'il était sensé protéger... Ses dents de carnassier en granit se serraient, crissant légèrement...

Fais vite...!

-Il agit contre sa volonté...

Milander était un peu surpris des considérations que portait le pion à la statue. Il n'avait pas vraiment envisagé que la statue de pierre puisse avoir de la volonté. Ou quelque sorte de vie, de désir ou même de libre arbitre. A quoi rêvaient ces pierres? Le pion semblait être plongé dans un dilemme personnel. Allait il l'aider?

Oui... La mission passe avant tout !

Des paroles bien mystérieuses. Leur écho semblait résonner profondément dans le calme de l'endroit, rappelant à tous un pouvoir antique oublié . Le grand blond ne fit pas attention au ton de la voix altéré. Drek avait fait apparaître un nuage de poussière et de débris. Des crissements de pierre contre la pierre se firent entendre.

Lorsque la visibilité fut acceptable, Milander fut contraint d'accepter que Drek avait disparu. A sa place, un géant avait prit sa place. Un corps gris à l'apparence vaguement écailleuse, la créature affichait beaucoup de similitudes avec une chauve souris géante transgénique. Deux ailes pendaient dignement dans le dos de la créature massive. Globalement, le monstre dégageait une attitude de brutalité bestiale. Ces bras puissants aux griffes acérés qui devaient rendre le tartinage de biscotte matinal dangereux et impossible.

Avant que l'anglais ne puisse détailler plus la créature, celle ci s'élança. D'un geste d'une vivacité et d'une puissance absurde, il plaqua l'assaillant sur le sol comme si il n'avait été qu'un vulgaire chiot. Le monstre qui possédait une queue finit d’immobiliser la créature, sous le regard sidéré d'une Miko en panique et d'un Milander affamé.

Le monstre dominant tourna lentement la tête vers Milander. L'anglais avait un peu menti, il
possédait un sort ou deux qui l'aurait sorti de cette situation. Il réalisa enfin que le colosse ailé était Drek. D'un murmure, une décharge moyenne d’électricité crépita derrière la prêtresse. Depuis son arrivé au lycée, Milander avait enfin lu le règlement. Les extérieurs ne devaient pas avoir connaissance de nos particularités. La nymphe mystique s'effondra sur l'herbe, sonnée par ce coup de taser surprise. Pas de témoins.

Fais cesser ce sortilège...! Ou je briserais ton artefact !...

Drek qui avait semblé si simple et accessible semblait désormais bouillonner d'une rage profonde. D'une manière, cette situation semblait avoir un impact puissant sur le pion. L'anglais n'avait pas besoin de voyage à la bibliothèque pour réaliser la nature de l'adulte. C'était un gardien éternel de la nuit. Sculpté des mains d'un artisan d'exception, protecteur des cathédrales. L'anglais ne pouvait cependant pas dire si elle était plutôt romane ou gothique. Son oncle aurait pu vendre son église pour serrer la main de cette créature mythique, protecteur du temple de dieu. Grisé par sa découverte, Milander en oublia presque la menace qui avait été proférée.

Fais vite...!

Facile à dire ! Depuis le début des manifestations de l'anneau, L'anglais n'avait eu de cesse de comprendre comment sa chevalière réussissait à lui imposer ces tests. La nature des sorts dépassait complètement sa compréhension. Jusqu'au rituel. La, il avait acquis une conscience supérieure des capacités de l'anneau. L'objet avait la capacité de stocker les mémoires mais pas seulement...

Il posa sa main nue sur la shisaa, traversant doucement la carapace de pierre gràce à son sort de passe muraille. Il farfouilla dans la créature un instant et y accrocha ce qu'il désirait. Puis, simplement il tira d'un coup sec, absorbant toute l'énergie magique qui avait mit la créature en mouvement. La statue se figea tandis que Milander se reculait, retirant son bras en catastrophe. Il poussa une plainte, un râle , un grognement, une douleur terrible lui déchirant la paume. Puis, simplement, la douleur disparut. A vrai dire, toute sensation dans cette zone disparu. Le grand blond posa un regard atterré sur la position crispée de sa main, désormais bloquée et immobilisée. L'esprit du chinois avait tout prévu. Désamorcer le shisa était un piège. Milander avait activé un sortilège de pétrification.

"Sh*t"

Dit il en observant ses doigts gris et durs. Il sortit en vitesse son portable et activa son sort, stoppant le développement de cette gangrène minérale avant que celle ci n'atteigne son avant bras. Puis, simplement, il tomba en arrière sur ses fesses, rassuré que le danger soit éloigné. Il leva un regard sur Drek et osa dire

"Le gardien est désormais libre. Merci de ton aide, tout cela est terminé."

Drek avait prit sa forme monstrueuse après mur réflexion, il avait pesé le pour et le contre ,s'était demandé si il avait le droit, ou même si la situation l'exigeait vraiment. Et il avait prit sa décision, il avait prit sa véritable apparence afin de pouvoir intervenir.

Mais alors pourquoi ressentait il cet étrange sentiment ? Pourquoi avait il l'impression que le granit dans lequel il était fait était en fusion à l’intérieur de son corps ? Comme du sang brûlant qui pulserait dans ses veines sous le coup de la colère.

Depuis combien de temps ? Depuis combien de décennies n'avait il pas ressentit un tel besoin d'accomplir sa mission ?
Protéger un petit cimetière provincial, même contre des soldats français, ne lui avait jamais laissé éprouver de tels sentiments. A l'époque, il ressentait la justesse de ses actes, comme si son courroux était d’ordonnance divine, incontestable, et qu'en cela il pouvait laisser libre cour à sa colère sans modération, pour accomplir la mission qu'on lui avait donné.
Mais à ce moment précis, les choses étaient différente, la sensation n'était pas le même, elle était bien plus impure, bien plus complexe, et pour tout dire bien plus instable... Il voulait protéger à la fois le jeune élève et l'intégrité de l'honneur du shisaa. Mais cet acte n'était pas entièrement motivé par la juste cause de sa mission ; il y avait aussi le fait qu'il ressentait de l'empathie pour son homologue japonnais. Petit à petit, presque sans s'en apercevoir, il s'était ouvert aux sentiments humains. Voilà donc ce que signifiaient les mots du principal ?

Alors qu'il aurait simplement pu pulvériser cette roche friable et de mauvaise qualité, anéantir le shisaa et mettre fin à l'épreuve, il avait décidé de courir un risque, uniquement pour servir sa propre conviction... Et cette idée l'effrayait.

Il tourna doucement la tête en suivant le mouvement de Milander ; celui ci avait plongé sa main à l’intérieur du petit chien de pierre, comme s'il avait le pouvoir d'ignorer sa consistance, comme il l'avait fait pour ignorer sa précédente attaque... Il était donc bien un sorcier.

Du reste, Drek ne comprit pas grand chose. Le jeune élève avait apparemment trouvé quelque chose dans le corps de la statue, avait eu mal et s'était reculé ; puis le chien de pierre était retourné à son état de simple statue. Il n'avait rien. Et la gargouille en éprouva un certain soulagement.

Puis Milander parla de nouveau, il semblait avoir assez vite comprit les sentiments de Drek, ce qui était plutôt troublant.

-Oui...

Il ferma les yeux et prit une profonde inspiration : rappelant sa chair et ses os, invoquant son humanité en lui, révoquant la froideur de la pierre et l’apparence infernal de sa pourtant véritable forme.

Le granit craquela et crissa doucement, disparaissant petit à petit sur lui même afin de laisser place à un corps, certes toujours imposant, mais infiniment plus humain.

Une fois de plus, et comme à chaque fois qu'il changeait de forme, le surveillant se retrouva sans chemise, pieds nus, seul la partie haute de son pantalon ayant survécu, celle au-dessus des genoux. Ce qui le faisait pour ainsi dire se retrouver en short ; ce qui n'était pas spécialement la meilleur chose pour la saison. Mais le froid n'est pas une chose que les gardiens de pierre craignent.

Pivotant doucement sur lui même, son visage encore un peu durcit par les évènement, il écarquilla doucement les yeux en jetant un regard sur l'anglais.

Ton bras.

Il serra les dents et les poings, en proie à un implacable sentiment qui brûlait sa poitrine.

C'est ma faute...

Il espérait qu'un quelconque sortilège puisse guérir cette étrange malédiction. Mais même si ce n'était rien, son erreur de jugement, son implication personnelle avait amené le jeune élève à être blessé. Tout cela parce qu'il avait refusé de détruire une statue de pierre. Manipulé ou non, un ennemi restait un ennemis. Il était désormais en colère contre nul autre que lui même.
Machinalement, il ramassa le shisaa et le ramena sur son socle, le déposant comme si il s'agissait d'un animal de chair et de sang...

Il tourna de nouveau la tête : le blondinet avait l'air mal en point. Et dire que Drek passait de chair à pierre sans problèmes... Ne pouvait il donc rien faire pour l'aider ? Pour réparer son erreur ?

La gargouille souleva la statue du shisa avec autant de précaution que si il s'agissait un bébé. Il la déposa sur son socle avec douceur et finit par récupérer sa taille humaine. La comparaison avec l'incroyable Hulk était frappante. Si la Miko se réveillait de nouveau, fort à penser qu'elle glapirait de nouveau quelque chose dans la lignée de " Ciel, un homme torse nu en short !"

Milander avait d'autres considérations à l'esprit. Peut être était ce à cause de son travail qui l'attendait dans le grenier poussiéreux ou de la faim terrible qu'il n'avait pu étancher. Ou alors, c'était simplement à cause de la partie de son corps qui commençait à se sédimentariser. Milander était magicien, pas docteur. Pourtant, il savait que le sang était sensé battre dans sa main. Il craignait pour les répercutions si il n'agissait pas vite.

Ton bras.

Le pion semblait visiblement bouleversé par ce qu'il venait de se passer. Et il y avait de quoi. A quelques seconde prêt, il y aurait eu une statue supplémentaire dans le jardin. Le mal avait été stoppé mais l'infection se rependrait de plus belle à la seconde ou le sort de stase finirait. Que faire, alors? Se couper la main et attendre que ça repousse? Peut être qu'un pèlerinage à Lourdes pouvait l'aider...

C'est ma faute...

Cette réaction donna à Milander une furieuse envie de gifler le pion. A ce moment, il était absurde voir stupide de chercher un coupable. Le grand blond souffla un coup, refoulant la colère qui le traversait. Allons, il fallait trouver des solutions. Annuler le sort étant impossible ou trop complexe, il ne restait plus qu'à....

"On peux essayer un truc. "

Car à cet instant, la seule chose qu'il pouvait faire était essayer. Il tendit ses doigts figés vers la gargouille en short, une idée étrange germant dans son esprit. Pouvait il transférer cette malédiction pétrifiante sur un être de pierre? Il se refusait à répandre ce mal dans ce jardin de paix et de tranquillité. Lorsque le contact se fit, un flux de mana tempêta autour de l'anneau, créant un bourrasque autour des deux individus. Milander retira avec soin sa main engourdie, observant la pierre courir le long du bras de Drek. C'était le moment décisif, en moins de 30 secondes, son sauveur serait une statue de granit. Tandis que la peste grise envahissait la gargouille, Milander déclamait :

"Tu vas sentir un picotement un peu partout. Ta conscience va lentement se diffuser. Mais tu dois tenir bon. Quand ce sera fini, ne te laisseras pas aller aux ténèbres ! Ecoute le son de ma voix ! Tu vis, tu penses, tu bouges, tu protèges ! Tu es ton propre maitre ! "

Ces mots, volés dans un sermon de son oncle, se terminèrent. La malédiction pétrifiante disparue, laissant Drek entièrement pétrifié. L'anglais plongea ses yeux dans les iris mornes et sans vie du pion.

Maintenant ! Brise ce carcan et vole !

Drek se sentait mal, il avait faillit à sa mission quelque part, et cela le dérangeait profondément. L'élève à terre, cependant, avec son bras figé dans la roche, se redressa avec un flegme typiquement anglais et ajouta quelques mots, nonchalamment.
Il voulait essayer quelque chose, il avait certainement une idée pour briser le maléfice. Cela rassura un peu la gargouille qui, par réflexe, tendit la main lorsque Milander approcha la sienne...

Soudain, un vent violant se leva et sembla tourbillonner autour d'eux. Le fameux artefact qu'il portait à son doigt crépitait plus encore que tout à l'heure. Qu'allait il donc se passer ? Et pourquoi le sorcier avait il besoin d'un contacte physique avec le surveillant ?

Mais la question ne se posa pas longtemps dans l'esprit de se dernier, car il vit son propre bras, pourtant encore humain, se recouvrir de pierre. Et pas le noble granit auquel il était habitué. Une roche brute et friable, son bras le démangeait.

L'élève articula alors un long charabia dont il ne comprit que quelques brides, les métaphores étant un peu trop présente pour l'esprit un peu simple de Drek. Mais il se contenta de hocher la tête. Il avait comprit que l'élève lui transmettait sa malédiction, et il devrait la briser, entant qu'être de pierre, espérant de ce fait pouvoir y résister.

Complètement recouvert de pierre, sous forme humaine, La gargouille n'arrivait plus à bouger, comme dans l'ancien temps ou il n'avait pas encore prit vie...

Normalement, sous forme de monstre, sa peau de pierre se compactait sur elle même et tout son corps implosait pour n'être plus que de chair et d'os. Mais la pierre qui le recouvrait complètement était un corps totalement étranger qui cherchait à le neutraliser.

Il sentait qu'il avait du mal à penser, du mal à continuer de se souvenir de qui il était, sa volonté fondait comme neige au soleil. C'était donc là la signification des mots de l'anglais. Mais que faire ?
Une seule phrase raisonna dans son esprit qui commençait à fondre, la première qu'il ai entendu en venant ici.

La mission que je t'offre et la plus sacré qui soit...!

C'était ce que lui avait dit le principal en entrant dans son bureau. Il lui avait expliqué que cette école était la clef de l'entente entre les humains et les monstres, et même des montres entre eux, et que sa mission avait bien plus d’ampleur qu'il ce dont il se doutait.

Comme un dernier réflex, Drek reprit sa forme de monstre, forçant sa nature, allant chercher les dernières bribes d'émotions pour trouver la force. Il était une sentinelle, et rien ne devait entraver sa mission.
Il brisa alors la roche brut qui engonçait son corps humain en déployant ses ailes, écartant les bras comme pour la chasser plus loin encore. La malédiction n'avait pas pu pénétrer sa chair, il avait été plus fort.
De peur de se faire voir, il reprit immédiatement forme humaine et toussota de la poussière, de la roche pillée. Puis il s'éclaircit la gorge et reprit son souffle...

-Tu parles beaucoup...!

Dit il simplement en jetant un étrange regard à l'élève.

Je dois aller me changer.

Lentement, il tourna les talons et prit la direction de l'entré du temple d'un pas lourd, ayant la ferme intention de rejoindre les dortoirs. Il se sentait fatigué. Non pas physiquement mais sur un autre plan plus éthérée. Il n'avait qu'une seule envie : mettre des vêtements neufs et faire une sieste... Et pourquoi pas manger ensuite ? Il mourrait de faim.

Au-revoir.

Lança-t-il simplement.

Dans une explosion formidable, le carcan de pierre qui maintenait Drek prisonnier vola en éclat. Ce ne fut que grâce à ses réflexes que Milander évita de recevoir de la poussière dans les yeux. La silhouette massive dans le nuage de gravas sembla diminuer de taille. Après un court silence, quelqu'un toussa. Puis, ce fut au pion d'ajouter avec une certaine nonchalance :

-Tu parles beaucoup...!

C'était la première fois qu'on lui faisait cette remarque depuis son arrivée au Japon. D'habitude, c'était ses frères qui lui faisait comprendre tacitement cela, en le tapant brutalement dans l'épaule. La dernière âme à lui avoir reproché cela était Lunar qui avait utilisé le terme " Logorrhée verbale". Pourtant, cette bouffée de souvenirs éveilla en Milander un sourire doux et serein. Il n'y avait pas besoin de poser mille questions et le grand blond se sentait reposé.

Je dois aller me changer.

Le pion semblait avoir perdu toute flamme. Le sorcier s’interrogea. Avait il par mégarde transféré sa fatigue et sa faim dans la vaillante gargouille? Il se promit d'étudier avec plus d'attention ces sortilèges de transfert. Drek quittait actuellement le jardin d'un pas lourd. Effectivement, le temps n'était pas vraiment propice aux balades en short. L'anglais tapota rapidement sur son portable, envisageant d'invoquer une tenue plus correcte, l’indécente nudité partielle de Drek risquant de faire hurler pas mal de Mizo.

Au-revoir.

Il allait partir ! Milander hésita à le retenir par le bras. Cette gargouille lui avait sauvé la vie. La simple présence d'une créature de ce gabarit dans le personnel de l'école rassura le sorcier. Avec un peu de chance, aucune catastrophe n'arriverait aux prochaines vacances. Il vint à l'esprit du sorcier que la bienveillance de ces esprits gardiens devait être récompensé.

"Un instant !"

Il se rapprocha de la Miko inconsciente et lui enleva une petite pince dans les cheveux. Un sortilège simple, efficace et pratique. Inscrit dans l'anneau. Il effectua un transfert, un torrent d'octarine bouillonnant dans la petite pince en fer blanc. En deux enjambées, il était prêt de Drek. Il s'inclina humblement devant le pion, tendant de ses deux mains la petite broche qui possédait désormais sertie une petite gemme blanche.

Un enchantement simple ayant appartenu à une femme de haut dignitaire de l'armée japonaise. Celle ci, un peu paresseuse, avait enchantée une bonne trentaine de broches de ce genre. Lorsqu'elle était portée, son possesseur se retrouvait soudainement vêtu d'une tenue pré-programmée. Celle que Milander offrait à Drek lui offrait un long manteau couleurs sous-bois en velours côtelé, ainsi qu'une paire de bottes fourrées et un veston simple. La seule chose que l'anglais n'avait pu modifier, c'était la présence d'un cercle blanc, tissé sur une poche du veston.

"Merci . Je vous prie d'accepter cet humble présent en guise de graa..."

Son traducteur fantomatique disparu, l'anglais ne parvenait plus à se souvenir du mot gratitude. Ne voulant pas écorcher la belle langue nippone, il préféra s'abstenir. Il hocha la tête et reprit :

"Merci!"

La broche remise, l'anglais se retourna et entreprit de nettoyer un peu les gravats dans le jardin zen. Le sort de la Miko n'étant pas préoccupant, Milander utilisa son sort de dispersion. Les débris s’élevèrent doucement dans les airs, refusant le concept de gravité. Puis, après un claquement de main, il s'éparpillèrent aux quatre vents, à l'instar des fameuses boules du dragon.

L'anglais regagna sans tarder sa cachette. Il remarqua que la faim l'avait quitté. Son sort de transfert avait décidément trop bien fonctionné. Il laissa de coté ces événements et retourna à ses expérimentations.

Choc culturel. [terminé]

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