L'heure était tardive, trop peu pour l'obscurité nocturne, mais bien suffisante pour la fin des cours de jour.

Les déplacements d'élèves se faisaient de plus en plus rares. Plusieurs commençaient leurs études, d'autres se préparaient pour la journée qui allait suivre. Certains, rebelles ou simplement mauvais étudiants, parcouraient encore les alentours du lycée en quête de divertissement, ou flânaient en attendant le couvre-feu dont l'heure se rapprochait indéniablement.

C'est à cette heure que l'on peut rencontrer des gens, jeunes et moins jeunes, aux intentions des plus variées. Parmi ces gens, les vieux bâtiments en ruines sont des destinations de choix et que dire d'un entrepôt désaffecté! La lumière du jour déclinant y est rare, les ombres semblent animées d'une vie vigoureuse et la précarité de la structure émet à l'occasion son lot de sonorités particulières.

Si l'instinct de survie d'une personne normale lui dicterait d'éviter ce vieil entrepôt, ce monde est malheureusement peuplé d'êtres anormaux... Pour cause, je suis anormal! Depuis trois nuits, je rôde dans les parages et c'est depuis tout aussi longtemps que je ne me suis ni présenter en classe, ni au dortoir, me contentant des repas de la cafétéria ou de prendre une douche à l'occasion. Mes études? Je n'en ai cure. Comme si un vulgaire diplôme allait me permettre d'intégrer la société. Balivernes! Je crois d'ailleurs que j'ai dû manquer un test... peu importe.

Depuis trois nuits, j'entends depuis les profondeurs de la nuit: cris et gémissements. Victimes? Peut-être. Ou alors peut-être est-ce une bande de sadomasochistes qui sont volontaires pour recevoir des châtiments charnels? Qui sait, sûrement pas moi. Par contre, je m'interroge, est-ce bien une activité volontaire ou alors une imposition?

Je tends l’œil depuis ces trois derniers jours, cherchant des traces de blessures. Pas facile avec tous ces vêtements. Ça serait plus facile si tous étaient en sous-vêtements, surtout la gente féminine...

Je tends l'oreille depuis tout aussi longtemps, cherchant des rumeurs de disparitions, allers et venus à l'infirmerie, gangs imposants, ou une terreur étudiante, mais rien de pertinent. Les visites à l'infirmerie semblent courantes pour certains selon les dires que j'ai entendus, mais il semble que ce soit dû à la rudesse de certains professeurs. Comme si j'avais besoin de plus d'excuses pour sécher les cours...

J'ai trouvé des traces de sang près de l'entrepôt désaffecté la nuit dernière et les cris et gémissements semblent provenir de l'intérieur de la structure. Par contre, je ne peux pas dire que j'ai les oreilles les plus fines du coin. Un chien pisteur serait bien... Il m'aurait trouvé la source du sang en moins de deux. J'imagine qu'il va falloir faire sans, j'ai ouïs dire que les chiens étaient effrayés par les loups-garous et je crois bien en avoir croisé au moins deux parmi les élèves.

C'est donc à l'ancienne, parmi les ombres que je me faufile, inspectant le périmètre de cet entrepôt sur tout ses angles. Une porte d'entrée et au moins trois portes de sortie et c'est sans compter les entrées auxiliaires. Aujourd'hui, je me suis approché de l'entrée de l'entrepôt alors que le soleil en était à son zénith du jour. Un bref coup d’œil à l'intérieur m'a révélé un entrepôt dans un état qui n'avait rien à envier à son extérieur délabré. Même en plein jour, je ne vis qu'un amalgame d'ombres et quelques rayons perçant la toiture se perdant dans l'obscurité. Je ne restai qu'une seconde, mais ce fut suffisant pour que je n’y voie pas ce que je voulais y voir.

La poussière, matière omniprésente dans de nombreux vieux bâtiments, semblait bien trop rare, presque invisible. Certes, j'y vis de la saleté, particulièrement sur le bout de plancher que je pus voir et d'une bonne épaisseur qui plus est, mais la quantité de poussière me semble insuffisante. Nettoierait-on l'entrepôt? Y aurait-il un de ces champs masquant l'intérieur de l'entrepôt comme le kekkaï qui protégeait ce lycée?

De nombreuses questions qui resteront sans réponse tant que je ne mettrai pas les pieds dans cet entrepôt. Parfois, je me dis que ce serait bien des yeux félins. Mais bon, faut faire avec ce que les créateurs nous ont donné. Or, ils m'ont donné un entrainement et fichtre qu'il me sert. Dès que j'eus jeté un coup d’œil à l'intérieur, je me suis par la suite senti observé. Où que j'aille, il y avait quelqu'un qui pouvait me voir.

Devenais-je paranoïaque? Devais-je tenter d'échapper à un guetteur? Je crois que mieux vaut entrer dans la partie. Peut-être pourrais-je tendre un piège à celui qui me piège de manière à ce que le piégeur devienne le piégé, tout en prenant garde à ce que le piégeur que je souhaite piéger ne prévoit pas mon piège pour que le piégeur piégé redevienne le piégeur et que moi, le piégé qui cherche à être le piégeur tombe victime de mon propre piège... Hum...

Le mieux pour ne pas finir piégé par ma tentative de prévoir les pièges qui me seront tendus, serait de jouer l'innocence et de prendre l'approche directe. Ce soir, c'est décidé, j'entre de l'entrepôt désaffecté! J'avais encore un peu de temps avant le couvre-feu et le soleil pointait encore le bout de son nez à l'horizon. Parfait, comme ça je pourrai voir où je marche.

***

C'est devant la porte d'entrée principale que se tenait le jeune homme aux yeux rouges et aux cheveux blancs portant son long manteau noir, laissé ouvert pour exposer une chemise bourgogne bien attachée. Il ajusta son collet et dit:
« Et un entrepôt obscur désaffecté et tout à fait innocent, un! »

Le lycée Yokaï semblait paisible, le soleil déclinait, faisant rougir le ciel, le couvre-feu n'allait pas tarder, les élèves flânait ici et là, profitant du peu de temps qui leur restaient avant qu'il commence à chasser. Cette personne n'est autre que Shiki, il dormait sur le toit du lycée tel un si bel ange, ses cheveux effectuaient de magnifique va et vient sur son front grâce à la brise qui jouait avec. La cloche sonna, elle n'eut aucun effet à par faire doucement virevolter une feuille qui se posa sur le toit avec douceur, réveillant par la même occasion Shiki, il la réduisit en cendres immédiatement :

« T'est bruyante... »

Il se leva, observa la voute céleste un instant puis les élèves, ils étaient dispersés, mais ils étaient pratiquement tous dans le secteur des dortoirs, quant aux autres.... La chasse était ouverte, les lois du lycée allaient être appliquées. Un sourire se dessina sur le visage du Yôko et son manteau de membre du comité flottait nonchalamment sur ses épaules. Le tout était maintenant de trouver une cible, qui sera la première personne à commettre un écart ? Il observa, regardant le trajet de cibles potentielles, alors il vit une personne se diriger vers un endroit trop éloigné des dortoirs pour pouvoir les ralliés avant le couvre-feu, ce sera sa proie.

Une fois près de l'endroit choisis, à savoir les entrepôts, il aperçue sa future victime, elle observait le bâtiment désaffecté. Shiki évalua sa cible, aucune aura particulière ne se dégageait de lui, le chasseur sortit de sa « cachette » et prononça à l'attention de la personne de dos :

« Que fais-tu ici ? Sais-tu que le couvre-feu approche à grands pas ? »

Sans trop le vouloir faire exprès une aura meurtrière s'échappa de Shiki, son manteau du comité toujours sur ses épaules, ses bras cachés dans son ombre.

[HRP : Pardonne moi de la taille de ce Rp, mais j'ai remarqué que j'avais pas répondus, donc pour éviter plus d'attente j'ai faits quelque chose d'assez rapide ^^ je me ferais pardonner grâce au prochain post ^^]

Mon interrogation sur le contenu du vieil entrepôt me fit perdre mon attention sur l'environnement m'entourant.

C'est donc alors que j'entreprenais de mettre pied à l'intérieur de l'entrepôt que je fus surpris d'entendre une voix étrangère derrière moi. C'est donc en un mouvement presque exagéré que je me retournai, pivotant sur mon pied d'appui pour faire face à mon nouvel interlocuteur.

Hum... manteau du comité de sécurité. Apparemment, c'était un groupe d'élève ayant la possibilité d'utiliser leurs pouvoirs pour faire respecter l'ordre.

Individu louche, désirs de répandre le sang et une légère note de supériorité dans sa voix. Suspect? Possible. Peut-être était-ce le responsable des cris, ou le sadomasochiste qui se faisait torturé. Il se trouve dans les parages de l'entrepôt. Coïncidence?

Cet individu m'a adressé la parole. Étais-je sa victime? Étais-je sa NOUVELLE victime? Un soupçon de politesse... peut-être un être imbu de lui-même jouant avec sa victime.

Il fait partie du comité de sécurité, le couvre-feu approche et il semble prêt à vouloir sortir ses griffes. Pas de doute, cette soirée s'annonce intéressante. Les cloches du couvre-feu n'avaient pas encore retenti, mais elles ne tarderaient pas.

Je prends donc appui contre une section encore solide du portail de l'entrepôt et souris à mon interlocuteur.
« Oh, un ami pour la soirée! Et dite donc, c'est que c'est le comité de sécurité en personne! Ah oui, il y avait une question... Ce que je fais ici? Eh bien, j'essaie de voir au travers de l'obscurité et pour tout dire, ça ne fonctionne pas vraiment. Le couvre-feu? Je doute qu'il approche, je n'ai pas vu de feux à couvrir. Et puis, faudrait apprendre à relaxer un peu mon ami! Ce n’est pas avec cette attitude que les jolies filles vont t'approcher! »

Restait maintenant à voir pourquoi ce membre du comité de sécurité m'a suivi jusqu'ici. Raison probable: il voulait se défouler. Raison improbable: il cherchait une oreille pour partager sa peine.