-Put the grenade pin in your hand, so you understand who's boss.-

Le bruit des talons frappant au sol avec rapidité résonne jusqu'à ma tête, mes jambres accélèrent leur course sans que je ne m'en rende vraiment compte. J'halète, je manque d'air, l'air est trop froid et me brule la gorge. Mes poumons vont imploser, mais je ne dois pas m'arrêter. Je tourne, j'emprunte des rues qui n'ont pas de nom, elles se ressemblent toutes mais aucune n'est vraiment similaire, il fait trop sombre pour que je puisse y distinguer les visages dans les lumières blafardes de la nuit. Un rapide coup d'oeil par-dessus mon épaule m'indique qu'il n'y a plus personne à mes trousses, aussitôt mes cheveux viennent se coller à mon visage à cause de la pluie fine qui ne cesse pas et finis par me glaçer jusqu'aux os. Dernières ruelles sombres... je ralentis, ma respiration est toujours aussi chaotique, de mon bras je m'appuie contre un mur crasseux. Je m'érafle, peu m'importe, mes jambes ne peuvent plus me soutenir. Je n'entends plus rien d'autre que le bruit battant de mon muscle cardiaque, il emplie ma tête, le reste semble loin et est etouffé par l'eau qui s'écoule sur la ville. Mes yeux se fermèrent un instant je sombrais.

{C’est pour ça qu’on se réfugie dans nos pensées
Qu’on ferme les yeux très fort jusqu’à voir des couleurs
En attendant que ça passe.}

Un vent glacial me tira des vapeurs de cette torpeur désagréable. Il faisait encore nuit, un ciel sans étoile couvrait la ville d'un épais manteau noir. Les bruits environnants c'étaient fait plus discrets, la plupart des vivants étaient en train de s'abandonner à l'inconscience de leur sommeil. Ce fut un réveil douloureux, le froid avait engourdie mes membres, cette forme humaine montrait bien peu d'endurance. Je tentais de me lever, trop vite, le sol se déroba sous moi, les genoux tombèrent lourdement face au béton, l'articulation craqua. Fugace, la douleur. Le visage se crispa un peu, je renouvèle le mouvement avec plus de lenteur. Le corps se lève.
La douleur lancinante à l'abdomen me rapelle la blessure. Par réflexe ma main se porte là où le sang chaud avait coulé. «N'oublie pas Halma. Peut importe le mal ne t'arrête jamais.» L'agression avait été rapide, je me suis montrée imprudente, ma réaction fut trop lente. Le mal était fait. Il ne fallait pas rester là. Les alentours étaient calmes, mais mon instinct me disait de fuir aussi loin que possible. Je n'avais pas prevu qu'ils pourraient être là tapis dans les coulisses de ce monde. Je fuyais, mais je ne savais pas où me rendre. Je n'ai pas de "chez moi", je n'ai pas de lieu ou me réfugier. Je suis une fugitive. Mes poursuivants n'allaient pas cesser leur traque aussi facilement. J'avais reussi à blesser l'un d'entre eux, mais ce n'était que partie remise....

Je me méfiais de la ville, pour la simple et bonne raison que mes sens y sont saturés et moins efficaces. Ils le savaient, ils m'avaient assez étudié et vu à l'action pour réaliser que j'étais bien moins agile en territoire urbain. Je souris, quel manque de chance, moi qui pensais commencer quelque chose de nouveau me voilà rattraper par mes vieux démons. «Tu ne pourras pas t'échapper d'ici. Resigne toi. Tu n'es qu'un chien domestiqué.» Il me fallait trouver un lieu à peu près sûr, s'ils mettaient la main sur moi, je ne reverrais surement jamais le ciel de mes yeux. L'idée  qu'on m'arrache cette liberté si durement reconquise, me donne un élan d'énergie insoupçonné. Titubant, je m'enfonçais dans l'obscurité des rues ésperant tomber sur un abrie. Je chuchotais pour moi même.

— Rien qu'une nuit. Il n'y aura qu'à tenir une nuit ici...�

Mon corps se figea, j'avais perçu un mouvement. Mes sens étaient en alerte constante, j'étais en position de faiblesse. Je me redressais, camouflant la plaie tant bien que mal, il ne fallait pas que mon attitude laisse penser que j'étais une cible facile. J'en avais vu d'autre... Ce n'était pas aujourd'hui que j'allais perdre ma liberté.

L'animal effrayé, l'animal essouflé, l'animal blessé. N'approchez pas, car cette Bête ne fera plus la différence entre le bien et le mal. Ils ne sont plus qu'un ramassis étrange venant d'une même melasse repoussante que sont la pensée et la raison. La pupille dilatée et les narines fremissante cet Animal attend, les muscles tendus prêt à surgir. Attaquer avant d'etre attaqué. Mordre avant d'être blessé. Tuer avant de l'être. La proie veut devenir le chasseur.

J'étais cet Animal. Mes sens avaient distingués quelque chose. Oui, une Chose. Ce n'était pas Humain, ce n'était pas définissable. Rien n'était vraiment vivant dans cette présence. Mon sang avait embaumé les rues environnantes, et était surement repérable à des centaines de mètres. Quel genre de requin avait-il pu attirer....? Mes yeux cherchaient dans l'obscurité une forme qui pouvait être cette Chose, cette aura inconnue qui m'entourait. 

—Je sais qu'il y a quelqu'un.. Montrez vous. Je ne vous veux aucun mal. Je sais, que vous êtes blessé. Je vais vous aider, mais montrez vous s'il vous plait...

La voix m'indiqua l'emplacement, le timbre m'indiqua le sexe, le ton m'informa sur les intentions. Ce n'était pas plus rassurant. La lueur de la lune frappa la Forme, et son apparence se révèla  à mon regard, cela me frappa une seconde fois: Elle ne pouvait pas être humaine. Trop parfaitement immobile, ni sa propre respiration ni le battement de son coeur ne venaient perturber l'inertie de cet être. Sa silhouette se decoupait sur le fond noir de la nuit, la blancheur naissait de l'obscurité. Je m'y fondais. Le sang coula entre mes doigts, rouge et chaud il passa la barrière de mes mains blanches. Je pressais la plaie, elle était plus profonde qu'elle ne semblait, une dague d'argent ça ne pardonne pas. Le metal avait endormis mes capacité de régènération. J'étais vulnérable comme un louveteau venant de quitter la meute. Le chasseur embusqué n'avait plus qu'à cueillir la brebis galleuse. Ma respiration était irrégulière, mais j'avais encore toute ma conscience, le froid gardait mon esprit éveillé.

—Blessée dites-vous? Quand bien même. Je n'ai rien qui puisse me rassurer de vos intentions.  Quel genre de Chose ont -ils lancé à mes trousses cette fois? 

Ma voix se faisait cassante, mais je devais m'assurer qu'elle n'avait rien à voir avec "Eux". Ne pas savoir ce qu'on a en facee de soit n'était pas quelque chose de fortement agréable. Il n'y avait rien de vivant, si je fermais les yeux c'est comme s'il n'y avait jamais rien eu autour de moi. Seule l'image  de la jeune femme m'assurait de sa présence. Je fis un pas en avant, et j'ajoutais:

—Vous ont-ils engager pour me rammener?

La question se faisait pressante presque implorante. L'animal gémit de douleur. J'avais besoin d'une reponse, car je craignais celle ci. Mon esprit savait que je n'avais aucune chance de m'echapper si elle était à leur crédit.

La maid martyrisait sa pauvre lèvre à coup de crocs, se retenant de la faire tout de même. En entendant la réponse de la.. *sniff sniff* Louve. Farouche. L'odeur cadavérique que dégageait la petit zombie ne devait pas aider non plus. Marya fronça les sourcils d'un air déterminé. En plus d'être blessée, elle devait être poursuivit. Traduction dans la tête de Marya: Lui apporter de l'aide coute que coute et la sortir de son pétrin. Elle était seule, et exempte de tout ordres ou maitres. Elle allait agir seule, pour quelqu'un d'autre, pour la première fois de sa "vie". La russe s'avança, sans se presser pour ne pas effrayer la lycan. Son visage bienveillant fut éclairé par une pale lumière qui venait d'une fenêtre, elle attendit un instant, fixant la jeune femme droit dans les yeux. Parce que les yeux, ne mentent jamais -ou presque. Il lui fallait gagné sa confiance, elle serra le rosaire sur sa poitrine.

Ne bougez pas. Je ne vois pas très bien depuis ici, mais.. A votre pas boitant, je devine que votre blessure est sérieuse.

Son ton était ferme et doux, comme celui d'une mère Alpha protégeant ses louveteaux. Marya avança d'un pas, puis un autre. Elle se rapprochait très lentement de la jeune louve blessée. Pas de faux pas, pas de travers. Bon dans le pire des cas, elle lui aurait fait quoi ? Sans doute lui sauter la gorge pour lui trancher la jugulaire.. Mais la zombie aurait largement eut le temps d'esquisser pensa t-elle en serrant sa montre gousset -un artefact magique pouvant amplifier le pouvoir de l'ancienne vampire. Encore un pas. Toujours en fixant la louve, la Russe fit tomber tout les couteaux qu'elle possédait sur elle -une dizaine- et lui montrer qu'elle ne lui ferait pas de mal -normal, si elle se désarme. Il fallait jouer carte sur table.

Je me nomme Marya Issakov, servante de la famille Corvus Hatfield. Nous nous sommes sans doute déjà croiser au Lycée Yokai, je suppose que vu le jeunesse qu'arbore votre visage et l'odeur de loup qui émane de votre corps. Elle s'arrêta un instant. Je m'excuse si ma propre odeur vous importune, je suis malheureusement décédée. Nouvelle pause, une peu plus longue pour lui laisser le temps de comprendre la nature de sa race. Je vous en pries, laissez moi vous aidez. C'est ma responsabilité en tant que personnel du Yokai d'aider les élèves en danger.. Et encore plus dans le monde des humains.


HJ/ Post un peu court :3 mais je préfère te laisser agir.

On m'a raconté que c'est une jolie cage dorée dont on ne peut s'échapper...un jour on y tombe sans s'en rendre compte et jamais plus les doux rayons du soleil ne viennent flatter la peau. Commence alors une difficile lutte pour sa survie, jusqu'au jour où la vilaine bête viendra à bout de votre âme. Profitez donc de cette liberté avant que celle ci n'arrive à bout de souffle.

Je ne sentais pas ce souffle émaner de l'être face à moi. Mes yeux ne pouvaient se derober au regard de la jeune femme, cherchait il à fouiller mes pensées? Apprivoiser la bête? Sonder mon âme? Il ne me fallait pas oublier mes poursuivants, ils pourraient revenir à tous moment, surgir de l'ombre. S'abattre sur la proie. Le sang perlait sur le sol, dessinant quelques cercles parfaits sur mes bottines noires. Je ne bougeais plus, craignant que l'hemorragie ne s'aggrave et que ma conscience s'affaiblisse.

—Ne bougez pas. Je ne vois pas très bien depuis ici, mais.. A votre pas boitant, je devine que votre blessure est sérieuse.

La voix était ferme, elle me tira de ces courtes reflexions. Un pas. Puis deux. Elle voulait s'approcher. Je ne bougeais pas, ma blessure était trop importante, ma fuite aurait été ridiculement brève. Un fracas metalique résonna dans la rue deserte, la jeune femme éparpilla autour d'elle un tas d'arme. Interloquée je l'observais dans son manège. Les lames argentées scintillèrent à la lueur de la lune, j'exécrais cette couleur, ce brillant. Mon corps tout entier le rejetait.
Je ne la quitta pas des yeux, si elle se desarmait ainsi, c'est qu'elle avait assez confiance en ses forces pour m'affronter sans ces artfacts. Mes capacités étaient grandement amoindries, mais je restais un lycan et la lune était à mes côtés. Je ne la  laisserais pas me  tuer aussi docilement qu'un agneau.

—Je me nomme Marya Issakov, servante de la famille Corvus Hatfield. Nous nous sommes sans doute déjà croiser au Lycée Yokai, je suppose que vu le jeunesse qu'arbore votre visage et l'odeur de loup qui émane de votre corps.  Je m'excuse si ma propre odeur vous importune, je suis malheureusement décédée. Je vous en pries, laissez moi vous aidez. C'est ma responsabilité en tant que personnel du Yokai d'aider les élèves en danger.. Et encore plus dans le monde des humains.

Ces paroles furent un soulagement, elle n'avait donc rien à voir avec "Eux". Le lycée Yokai, je devais m'y rendre justement, j'y étais attendue en première année. Mon voyage dans le monde des Humains avait un peu retardé mon arrivée, et avec l'incident de ce soir je n'y avais presque plus pensé. Inconsciemment les muscles se detendirent, s'en était douloureux, la peur m'avait anesthésié. Le cerveau avait nié la souffrance pour se focaliser sur l'ennemi, mes jambes cédèrent, les genoux heurtèrent le sol une nouvelle fois en un bruit sourd et concis. Je relevais les yeux, je voulais croire mon interlocutrice mais il ne fallait jamais tourner le dos à l'inconnu.

—Pardonnez mon etat pitoyable dans ce cas, je ne suis pas ravie qu'un membre de cette ecole me voit ainsi avant même mon entrée au prestigieux lycée Yokai.

Le souffle court, ma voix s'étrangla, je soulevais ma main, la paume baignait dans le sang qui affluait. Accepter l'aide d'une inconnue ne m'enchantait pas, mais il fallait se rendre à l'evidence plus le temps passait plus mon retablissement serait compromis.

—Halma...Astharosh Halma, je viens de l'Est. Je ne suis pas encore allée au lycée yokai, mais en effet je suis l'une de ses futures élèves,peut être avez-vous vu mon dossier. Je devais m'y rendre avant l'incident de ce soir... Je ne peux pas vous obliger à me venir en aide, cela vous entrainerez dans de sales histoires.

Je ne quittais plus des yeux le sang qui coulait par goutte de plus en plus fréquente sur le sol glaçé. Je sentais Marya s'approcher encore et encore, peu importe. Un electrochoc. Une présence. Nous n'étions pas seules. Mon odorat m'alerta en premier, il y avait une tierce personne ici, tapie dans l'obscurité.

Tremblement. Mes  sens avaient beau être troublé, je ressentais très nettement les envies de meurtre de la Bête dissimulée dans l'obscurité. Les pulsations de mon coeur acceleraient, mon sang bouillait, il reconnaissait un semblable. L'Appel de la meute. Il était là pour moi, ils avaient donc eu d'autres gens de ma race à leur botte. Cela me mettait en rage, que notre espèce soit asservie par de telles personnes. Je ne redeviendrais pas la proie.

—C'est une Belle Lune que nous avons là ce soir, vous ne trouvez pas ? Une Lune pour les loups.

Je ne cillai pas, je n'avais pas d'autre choix que de laisser Marya gérer ce "soucis"... J'observais le manège de la jeune femme. J'avais du mal à suivre ses mouvements, l'air ambiant me semblait pesant, une charge invisible s'abattait sur mes epaules. Le souffle se saccadait, le sang affluait toujours. Eclair. Une ombre cacha la lumière lunaire un bref instant, l'attaque fut rapide. Immobile. Enfin presque, je perçevais un léger mouvement puis le corps chuta lourdement. Quel était donc cette capacité? Mon attention se porta sur le jeune Lycan au sol. Il était toujours en vie. Soulagement. Il était comme moi, peut être n'avait-il pas encode decidé de fuir, retrouver sa liberté. J'espérais qu'il trouve un jour la force de quitter ces Hommes. Je posa ma main sur le bras inerte de l'ennemi, puis je chuchotais pour moi même:

— Cela aurait pu être moi...

Frisson. Marya s'approcha, armée des poignards qui lui avait permis d'abattre l'ennemi. Les lames étaient perlées de sang. Sur ma joue je sentis sa main sans vie. Rien. C'était une sensation étrange, mais pas désagréable. Un corps en mouvement dont rien n'émanait. Une poupée articulée. Ses gestes étaient rassuranst, rien ne mettait en doute qu'elle ne puisse pas être vivante à part ce "vide".  Mon corps se souleva, je ne sentais plus mes membres, le froid avait endoloris mes jambes et l'hemoragie m'affaiblissait de minute en minute. Je ne coagulais pas.

— * Foutue dague en argent* pensais je rageusement dans un moment de lucidité.

—Je vais t'emmener chez moi, et te soigner. Tu te reposeras un peu, et ensuite nous retournerons au Lycée Yokai toutes les deux. D'accord ?

J'ecoutais la voix, elle était lointaine. Elle resonnait au creux de ma tête. Je comprenais, mais il m'était impossible d'agir autrement. Faites comme bon vous semble.  Ses bras, comme des étaux, me portèrent sans aucune difficulté. Pourtant, j'avais moi même du mal à supporter cette charge invisible qui m'accablait, je luttais pour garder les yeux ouverts. Ne pas dormir. Nous marchâmes, les rues defilèrent je ne les distinguais pas les unes des autres. La Nuit habillait la ville d'un manteau uniforme et m'enveloppait d'une noirceur agréable.

— Ne m'y emmenez pas.

Neant.