Le bougre se débattait et essayait de s’échapper de mon étreinte, mais jusque-là, j'avais le dessus. Je ne m'attendais pas à ce qu'il se fonde dans la branche, pourtant, d'un coup d'un seul, il disparut dans l'arbre, me laissant tomber contre la branche. Ça n'aurait pas été sis grave si ladite branche ne s'était pas recouverte d'épines acérées. J'entendais un couinement de douleur, il sortait de ma bouche alors que les multiples épines se plantaient dans mon corps. Au fond, j’eus la chance de relever la tête à temps pour ne pas en avoir dans la gorge, néanmoins, l'instant restait douloureux. Du coin de l’œil, je vis que Priecia n'était pas dans la meilleure des postures non plus, elle voltigeait vers la rangée de bureaux.

L'arbre se mit à trembler, je me suis donc dit que je ne devais vraiment pas rester là. Je glissais mes pattes aux mieux entres les épines pour pouvoirs appuyer dessus et m'extraire. Retirer toutes ces piques en même temps faisait aussi mal que quand elles étaient rentrées. Je serrais la mâchoire, l'arbre grandissait et je ne devais pas rester ici. Je levais la tête et changeais de branche pour m'éloigner de ce piège, en même temps le haut de l'arbre percuta le plafond, faisant irruption dans un cours. Voilà qui compliquait les choses. Déjà, ça allait vite être le bazar avec les élèves et en suite, il était interdit d'utiliser ses pouvoirs ou de se révéler. Dans le fond ce n'était pas si grave pour moi, je pouvais toujours me faire passer pour un gros loup blanc... et rouge à présent, car le sang s'écoulait sur tout mon pelage inférieur.

Ce serait peut-être plus compliqué pour la bibliothécaire, enfin, elle faisait partie du personnel et devait sûrement avoir des dérogations pour ce genre de situation. Tout ce que je demandais c'était de ne pas finir en heure de colle pour avoir aidé. En parlant de la jolie démone, où était-elle passée ? Je grimpais les branches, prudemment, à sa recherche, jusqu'à entendre une voix étrange.

_Priecia Ark, je vous connais. J’ai beaucoup entendu parler de vous et de vos techniques pour protéger la forêt près de laquelle vous viviez, il y a si longtemps de cela. Comment avez-vous pu trahir les esprits des arbres au point de vouloir couper celui-ci ? Certes, il n’aurait pas dû pousser ici, mais de quel droit tentez-vous de le couper ? 

La voix venait du bonhomme de boue, je venais de retrouver la gardienne de la bibliothèque et je grimaçais pour elle. Elle était coincée par des lianes et soulevée dans les airs devant son interlocuteur et au vu de ses grimaces, ses liens étaient serrés. Je me demandais ce que je pouvais bien faire. Sauter à nouveau sur la créature ? Hors de question, elle savait que j’étais là, à présent, et me verrais venir et si c'était pour finir comme la première fois, non-merci. Essayer de la convaincre de notre bonne foi alors, là encore l'idée m'était peu convaincante, on avait essayé tous les deux de lui expliquer la situation et il n'avait pas changé d'avis. Ma meilleure solution était donc d'essayer de libérer la puissante Ark.

-C’est vrai que je protège les arbres dans la forêt. Mais cet arbre n’était plus un arbre depuis bien longtemps, et n’a rien à faire dans ce bâtiment. Il risque de souffrir, et même de mourir. Je ne peux permettre qu’il détruise ce bâtiment, dans lequel je travaille et je vie. Nous avons cherché des solutions pour le renvoyer dans la forêt, mais en vain, alors nous avons décidé de le raccourcir avant de pouvoir le déterré sans soucis. Mais s’il continue à pousser de cette façon, le toit et le reste du bâtiment risque de s’écrouler sur nous, et sur lui. Vous préférez que l’on meure tous ici, cet arbre compris ? 

Encore un échec, l'arbre continuait à pousser et la créature n'y croyais visiblement pas. Autour de ça, c'était pas mieux non plus, les élèves affolés ou étonnés commençaient à crier, certains était déjà sortis, d'autres s'en mêlaient les pinceaux alors que le professeur, ébahi essayait d’empêcher la panique générale. Pas le temps de s'occuper d'eux. Je rassemblais mon courage pour m'élancer à l'attaque des lianes qui retenait la demoiselle à l'armure de cuire. Je savais que je n'aurais jamais le temps de tous les arracher, mais si je réussissais à assez les endommager, elle pourrait peut-être se libérer seule.

Je faisais au plus vite possible, mais comme prévu, je n'eus pas le temps de tout enlever, les assauts de la créature de monsieur séquoia ne se faisaient pas attendre. Je bondissais en arrière pour éviter les lianes et les branches qui tentaient de m'attraper ou m'écraser, au choix. Je ne tiendrais pas longtemps à les esquiver ainsi, j’esquivai de peu les coups en reculant toujours, veillant à ne pas me précipiter dans un piège. Pas trop loin de la créature, j’eus à peine le temps de lâcher.

_Vérifie toi-même ! C'est pas un endr-

Un nouveau saut pour esquiver une branche qui ne m'appréciait visiblement pas.

_S'il redevient petit, on le replantera en sécurité !

Plus le temps de parler, plus le temps de me concentrer assez pour ça, j’étais pleinement basé sur les attaques pour survivre le plus longtemps possible, mais je savais que ce n'était qu'une question de secondes. La bonne nouvelle, c'est que ça laissait un peu de temps à Priecia, pendant qu'il regardait ailleurs.

Jo' en avait assez des maths. Il n'en voyait pas l'utilité. Le seul avantage, c'était que les livres, il brûlaient bien. Qu'est ce qu'il donnerait pas pour pouvoir mettre le feu à quelque chose. Ses pouvoirs le démangeait, et il n'avait rien pour s'amuser…

Tremblement de terre. Un miracle descendit du ciel. Ou plutôt, sortit du sol… Un arbre géant! Il profita de la pagaille pour courir à la base de l'immense futur brasier. Owi owi owi, il allait pouvoir faire un vrai feu de camp!

Le temps d'arriver en bas, l'élémentaire de feu était fin près à mettre le feu, au sens littéral! Il vit une grosse racine, y posa ses mains, et c'est partit mon kiki!

Il a eu du mal à prendre, mais une fois que c'est bon, ça brule bien, un séquoia.