Tout avec un air solennel, les notes s’éparpillaient à travers les murs du château, laissant place à une mélodie douce et calme. La jeune femme qui caressaient les yeux fermés les touches ivoires, laissait un plein d’émotions s’exprimer avec la chanson jouée. Un très beau morceau d’ailleurs ! Une sérénade de Frédéric Chopin, un très grand pianiste humain. Le meilleur moyen d’exprimer ce que l’on ressent quand on aime la musique, c’est d’y déposer son âme d’artiste. Très jeune, la vampire avait choisi de pouvoir faire transparaître ses sentiments à travers sa grande passion. Elle se souvenait encore des beaux jours, ou elle apprenait encore cet instrument avec sa mère Akasha bien que son père lui, détestait une seule vibration de la musique, ajoutant qu’il n’y avait rien de plus agréable que le silence, lui interdisant de jouer en sa présence, ou de s’enfermer dans une pièce insonorisée. Un morceau de piano était-il plus beau lorsque seules les façades froides d’une maison l’écoutait ? Non. Ce n’est pas exprimer ce qu’on ressent, c’est jouer devant un pilier de lamentations.

Alors pour pouvoir se détendre, et laisser ses cris du cœur l’envahir, elle aimait bien passer son temps libre dans la salle de musique pour jouer du piano ! Et bien évidemment, contre toute attente, cette fin d’après midi là ne faisait pas exception. La jouvencelle Moka avait passé trois heures dans la salle de musique, à jouer et rejouer, des morceaux tout aussi difficiles les uns que les autres. Et pour finir en beauté elle avait opté pour « Nocturne ». Lorsque la dernière note retentit, elle prit ses affaires et décida de se rendre rapidement au club, vu qu’elle avait promis de passer pour aider Kurumu à rédiger l’article des potins et des rumeurs. Seulement comme on dit la vie promet parfois bien des surprises, et qu’elle ne fut pas cette dernière de voir un gros loubard passer à quelques centimètres d’elle. Un peu plus, et elle se le prenait et se retrouvait à mourir étouffée, écrasée par le colosse, qui venait de s’enfuir à toutes jambes. Mais mais mais qu’est ce qui s’était réellement passé ? Une voix s’adressa à elle et elle se retrouva nez à nez avec deux gros rubis semblables à des yeux de démons, ce qui la perturba un tant soit peu, et l’effraya. Eh mais attend ! Moka avait déjà vu ces yeux quelque part ! Oui, au cours du professeur Komatsu de maîtrise des pouvoirs. C’était quoi déjà son nom…Noch ? Noïl ?

Se rappelant des paroles du professeur, vu qu’elle avait une bonne mémoire, elle put retrouver la bonne auxiliaire. Il lui demandait si ça allait ? Ah il ne devait sans doute pas à s’attendre à ce que quelqu’un arpente les couloirs à cette heure.

« Ton nom c’est bien Noïd n’est-ce pas ? Non je n’ai rien, mais pourquoi est-ce que ce type a déboulé devant moi ? »

La belle affaire ! En quoi ça changeait quelque chose qu’elle l’apprenne ou non. Seulement voilà, le loubard en question revint avec une bande de quatre, cinq personnes. Ah ben forcément ! Un type aussi peureux ne pouvait que se cacher derrière ses amis. Moka n’eut pas le temps de comprendre ce qui venait de se passer, qu’on venait de se saisir d’elle !

« C’est lui les gars…Choppez le ! »

Hein ? Mais s’il venait pour lui, pourquoi il s’en prenaient-ils à elle ?

« Reste tranquille ou sinon on va faire du mal à ta petite copine…»

De…De quoi ? Non mais ils se méprennent complètement.

« Lâchez moi, je ne suis pas sa…»

« Ferme là ma jolie c'est pas à toi qu'on cause » dit le garçon qui resserra son étreinte sur ses bras, laissant profiter un de ses amis, à tenter de balader ses mains un peu trop aventureuse aux gouts de la vampiresse

« Mais vous me faîtes mal ! espèce de brute !! »

Pour ne pas finir les bras broyés, elle donna un coup de pied bien placé à celui qui voulait la toucher, et le fit tomber sur le sol. Voilà que la belle venait de s’attirer dans une galère monstre, à cause de celui qui avait commencé à les chercher.

Beaucoup d'audace, mais ils ne savaient vraiment pas de quoi était capable la redoutable buveuse de sang, même complètement à la merci de ces pervers aux idées tordues. La preuve, elle venait d'en mettre un complètement H.S grâce à un merveilleux coup de pied bien placé ! Moka était certes en apparence un vampire faible venant de sa première enveloppe, mais elle savait se défendre, même contre les plus indésirables. Réussissant à sortir de leur emprise, elle se retrouva derrière le jeune Noïd, qui leur fit comprendre que ce n'était pas sa petite amie, l'embellissant d'un compliment par la même occasion. Hum, beau parleur qu'il est. Naturellement, de son côté un peu nunuche, elle ne pu s'empêcher de rougir et se frotta les joues comme pour enlever une trace indélébile. Reprenant alors son sérieux, elle se demandait sincèrement ce qu’il comptait faire contre ces deux types, mais la question ne se posait plus lorsqu'elle aperçut ses iris rouges avec une once d'animosité, un vrai fauve ! S'il n'était pas rapidement enfermé en cage, il pouvait tout détruire à lui seul, créer la zizanie...Cela dit en bon élève, et personne morale, il préféra garder la bête enragée qui lui hurlait de les exploser, afin de se concentrer sur leur sécurité à tout les deux... Euh, peu être un peu trop fort comme mot, car le bougre venait de l'attraper la taille, lui arrachant un cri de surprise, et de les jeter par la fenêtre. Non mais il était sérieux là ?? La jeune femme voyant leur chute inévitable s'agrippa à son cou, fermant les yeux de peur que la douleur ne puisse être insurmontable.

Mourir, non elle ne voulait pas mourir. Soudain deux grandes ailes noires surgirent du dos de Noïd les déposant au sol malgré tout, très difficilement. Agrippée comme un koala à son arbre, elle rouvrit les yeux, et reprit son souffle. Désorientée ? Oui complètement, Moka n'avait pas pour habitude de se jeter d'une fenêtre comme ça, et comme si ça ne suffisait pas à nouveau, sa main avait heurté un morceau de verre du sol, ayant fait une magnifique coupure nette. Cette fois s'en était trop ! Beaucoup trop d'émotions à gérer, elle le lâcha se releva et commença à être prise par des spasmes d'hystérie, voir même de colère. Des larmes avaient coulées de ses joues, ses yeux embués ne voyait même plus le rayon de soleil.

« Non mais tu es malade ! On aurait pu avoir pire que se retrouver blessé ou mort ! Et si on nous avait vus ? Tu es vraiment...»

Elle souffla un bon coup, ressentant la douleur de sa coupure précise et se mordilla la lèvre inférieure. Les lacrymales qui séchaient sur ses joues prouvait au sens premier que la demoiselle avait eut la peur de sa vie. Elle essuya ses dernières avec le revers de sa main ensanglantée et se mit des gouttes de sang sur les joues. Une chose était sûre, il n'était pas vampire car sinon, il lui aurait sauté dessus, et aurait cherché à boire son hémoglobine. Soulagée de ne pas devoir se retrouver dans une situation trop arbitraire, Moka épongea le sang, avant de voir sa blessure se refermer assez rapidement. Heureusement que les vampires étaient dotés d'un grand pouvoir de guérison ! Chacun son temps et sa durée ou les tissus sanguins se reconstituaient par molécule et atome. Comme il lui avait suggéré, il ne valait mieux pas que les deux étudiants s'attardent en ces lieux, elle attrapa sa main pour l'aider à se relever

« Suis moi, je sais ou on sera plus tranquille »

La jouvencelle ouvra la marche pour s'aventurer plus loin, à l'arrière du bâtiment, pas très loin du gymnase

« Ils ne nous retrouveront pas ici, personne n'ose s'aventurer en dehors des cours »

Fixant le soleil qui commençait à prendre une clarté rouge orangé, s'harmonisant avec un ciel aux couleurs crépusculaires, la belle vampiresse s’appuya contre le mur et se laisse glisser tout le long jusqu’à ce que ses fesses heurtent le sol meuble et humide.

Pourquoi est-ce que ce genre d'évènements ça n'arrivait qu'à la vampiresse ? Et surtout, car nous sommes basé au coeur du problème...Qu'est ce qui a bien pu se passer dans la tête de ce Noïd pour décider de sauter par une fenêtre comme ça ? Courir, la fuite en arrière n'aurait pas été moins contraignant ? Sans compter, que si l'administration savait que quelqu'un avait brisé une fenêtre de l'établissement, il y aurait des retours de bâtons jusqu'à ce que le coupable se dénonce ! Et de ce qu'elle en a vu, il semblerait que ce garçon n'était pas du genre à assumer ses responsabilités, ou peut être devrions nous dire, le plus simplement du monde : Je m'en foutiste. Évidemment, ça ne réglait en rien la situation, et par dessus tout, la jeune femme s'était entaillée la main, une coupure nette, et heureusement peu profonde ! Raison pour laquelle son pouvoir de régénération n'avait pas besoin d'atteindre le paroxysme.

Puisqu'ils ne devaient pas rester là, ils prirent rapidement un chemin adjacent qui les amènerait à l'arrière cour du gymnase. Ici ils ne craignaient rien, et leur agresseurs ne pourrait pas retrouver leur traces ! Moka se rendit compte qu'elle avait peut être été un peu injuste et que la colère l'avait remportée sur la raison. Non, elle détestait devoir s'excuser auprès de quelqu'un alors quelle n'avait rien commis, et ne présentait que des excuses si elle se trouvait à avoir tort, ce qui ici n'est pas le cas ! Enfin quoi on ne saute pas d'une fenêtre du premier étage comme ça. Soupirant légèrement, et se mordillant la lèvre inférieure, elle tourna ses iris de jades sur les yeux écarlate du déchu. Il avait quand même tout fait pour ne pas qu'elle se fasse mal...Il l'avait protégé dans ses bras, avait essayer d'amortir la chute le plus possible, et avait quand même essayer de la sortir du pétrin. Se faisant une conscience, elle décida d'être plus juste.

« Je te présente mes excuses pour tout à l'heure, j'ai eu tort de m'énerver comme ça, alors que tu m'as protéger. »

La jeune femme développa ses sens pour détecter la moindre aura au cas où, et resta appuyée contre le mur, ou sa tête commençait à lui faire mal et ses oreilles à sifflaient, encore des gestes manifestes de sa double personnalité, mais pourquoi maintenant ? Prenant sa tête entre ses mains, plus rien n'excitait autour d'elle, et la voix de son double résonnait dans son esprit. Alors qu'elle pensait que son calvaire n'empirerait pas, voilà qu'une forte odeur de sang envahit les sens aiguisés de la buveuse. Une odeur de sang, mais de qui, de quoi ? Non pas maintenant, si elle lui sautait à la gorge, il découvrirait son identité, et elle risquait fortement de s'attirer des ennuis. Ne supportant plus l'essence délicieuse qui emplissait son être au point ou elle mourrait d'envie d'en boire jusqu'à la dernière goutte, elle s'approcha du jeune homme, se mordillant la lèvre inférieure afin de se concentrer sur une douleur qui l'empêcherait de réveiller son âme de vampire, elle déchira un morceau de tissu de sa jolie chemise blanche, pour en faire un bandage pour sa main.

« Il vaut mieux s'en occuper maintenant, avant que ça ne s'infecte »

En voilà une drôle de porte de sortie : l'inquiétude. Depuis quand était-elle inquiète pour les autres ? Ça ne lui ressemblait pas, mais bon il valait mieux trouver ce genre de prétexte pour se sauver la face.

Il ne savait pas, il ne pouvait pas se rendre compte du mal qu'il lui causait ! De la douleur qu'il lui affligeait, même si cette dernière n'était qu’en apparence, mentale. Lorsque ses sens de vampire s'éveillaient, elle s'adonnait à la frustration que lui offrait cette essence délicieuse, laissant miroiter le désir de s'en délecter. Seulement, le règlement était strict, et clair : Aucun monstre ne devait révéler son identité, et dans son cas de vampire qui possédait des caractéristiques particulières, elle ne devait pas s'attaquer à qui que ce soit, ne devait pas laisser ses instincts animaux sortir au grand jour. Le directeur avait été formel, et il lui avait fait promettre qu'elle ne toucherait à personne, qu'elle se nourrirait de ses pastilles de sang artificiel qu'il lui prescrivait par le biais d'un de ses contacts dit anciennement vampire.

Ce gout fade que lui procuraient ces médicaments, ne suffisait plus à rien.

Toute l'histoire remonte maintenant à quelques mois. Depuis qu'il avait appris à communiquer avec l'enveloppe immatérielle du souvenir, il devenait beaucoup plus difficile à gérer. La faim raisonnable qui lui permettait de garder son humanité, s'effritait, et laissait place à la soif insatiable, si bien que confrontée à l'hémoglobine, Moka devait être capable de faire violence avec son esprit et ne pas le laisser la manipuler. Rendu où nous en sommes, il n'était plus question d'esprit, mais de volonté. La personnalité humaine de Moka, tressaillit, sentit ses membres la secouait progressivement face à l'odeur, jusqu'au moment où le jeune déchu la ramena à la réalité en touchant son front espérant trouver une faille dans le système. Erreur, puisqu'une goutte aussi minime coula sur le front de la demoiselle. Ressentant ce besoin de se nourrir, elle suffoquait, sa gorge se serrait, et la douleur devenait bien plus présente.

Les yeux de la buveuse, firent un étrange mouvement colorimétrique passant du vert, au rouge au vert au rouge en de brèves secondes. Se retournant, elle repoussa le déchu, puis chercha à faire le vide dans sa tête. Ne laissant plus que les spasmes de colère, de peur l'envahir, elle se déchaina sur le déchu lorsqu'il commetta l'irréparable qui la plongea dans son propre désarroi.

« Arrête de me torturer comme ça ! Tu ne comprends donc pas que me tendre ton sang ne fait qu'aggraver les choses ??? »

Sa tête lui brulait, et elle commençait à entendre sa voix qui lui hurlait de le mordre, de planter ses crocs dans la chair de ce garçon, de le vider jusqu'à la dernière goutte de sang. « Regarde il est faible...ce n'est qu'une proie parmi tant d'autres, allez ma petite, je sais parfaitement que tu en meurs d'envie. Nourris toi de cet être inférieur, fais lui comprendre qui je suis...»...« Non »...« Dévore le...met fin à son existence pathétique »...« Non...». Aussitôt que la raison venait de s'évanouir, Moka ne se contrôlait plus, elle ne savait plus ce qui était interdit, et tandis que ses yeux s'habituèrent enfin de nouveau à la clarté, elle s'approcha dangereusement du jeune homme, l'obligeant à lui dévoiler sa nuque.

Fermant les yeux, elle laissa passer sa langue sur la parcelle de peau afin de le préparer à la morsure, dévoilant ses crocs cachés. Inconsciemment, elle espérait que le jeune homme l'arrête la repousse durant le laps de temps qui le séparait de l'inévitable repas de la strige, la blesse au point où elle retrouverait ses esprits. Consciemment, elle savait qu'elle avait fait le premier pas dans sa propre déchéance, dans la dégradation de son esprit humain, mesurant pas à pas, la route qui la ferait chuter dans une passe de non retour. La tentation fut trop extrême, puisque ne pouvant plus attendre, elle planta ses crocs dans les clavicules de Noïd, s’abreuvant de son sang comme si elle n'en avait pas bu depuis toutes ces années. Prise en proie par cette inclination, elle prouvait qu'en tant que sang pur, elle était en contradiction, devenant à cet instant un animal assoiffé, dominée par sa propre faiblesse.

Comme le dirait le mortel Blaise Cendlars « La folie est le propre de l'homme. » Mais quel homme serait capable de perdre la raison de lui-même ? Durant ce laps de temps qui avait séparé son éveil à l'action, la jeune femme venait de perdre contrôle, et de mordre à pleine canines le jeune homme, qui n'eut pas le temps de comprendre, et tout en essayant de parler aux bribes du souvenir d'une demoiselle toute innocente, il souffrait, comme si quelque chose était en train de le consumer. De son repas forcé, la jouvencelle n'eut le temps de boire que quelques flots, avant de sentir s'abattre sur son joli minois, un coup de poing bien mérité. Et quel coup ! La douleur venait de la faire redevenir elle-même, même si du sang s'échappait de ses lèvres, et qu'elle allait avoir une marque, l'apparence humaine frêle et fragile était de nouveau là. Que s'était-il réellement passé ? Sa bouche était imprégnée de sang, et sa vision lui laissa le temps de voir, le déchu avec la marque de ses canines dans son cou. Non, impossible ! Qu'avait-elle fait ? L'esprit d'Alucard ayant été sonné par la rébellion de la victime ne laissait que choir le silence, signifiant que sa présence actuelle n'était plus. S'essuyant rapidement la bouche avec sa chemise qui s’imprégna inévitablement, elle se rua sur le jeune homme qui venait de s'évanouir, sans doute à cause de l'anémie. Est-ce qu'elle l'avait tué ? A cette pensée, la jolie vampire aux yeux de jades commença à paniquer, et le secoua légèrement.

« Noïd...? Réveille-toi !!! Allez !! »

La demoiselle enlevant sa veste, couvrit le jeune homme et se dépêcha d'aller chercher l'infirmier. Malheureusement, ayant fait le tour de l'école, elle n'avait pas réussi à tomber sur lui. Rapidement, elle passa dans sa chambre pour venir chercher cette essence que sa mère lui avait donnée et qui permettait de chasser tout mal qui s’infiltrait dans le corps de quelqu'un, sauf que dans le cas du premier vampire du nom, cela ne suffisait pas. Elle revint sur les lieux, et commença à soigner le jeune homme qui était devenu sa proie en même pas une heure. Pauvre Noïd, il n'avait rien demandé ! S'appliquant le plus possible, elle lui mit là où il y avait le marque de morsure de l’onguent permettant rapidement une cicatrisation, ainsi qu'un bandage tout autour, plus efficace qu'un pansement. Durant le temps où elle le soignait, Moka ne pouvait s'empêcher de ressentir une profonde culpabilité ! Aujourd'hui plus que jamais, elle était dangereuse, elle avait faillit tuer un élève, et qui serait le prochain ? Il fallait qu'elle aille voir le directeur, qu'il fasse quelque chose, car elle ne supporterait pas de faire une victime supplémentaire. Le coeur lourd, elle termina de soigner le jeune homme, et aperçut l'infirmier à qui elle avait laissé un message, arrivait avec deux personnes portant une civière.

« Akashiya, je suis navrée mais je vais devoir t'emmener chez le directeur, immédiatement »

Et voilà, son aventure s'achevait ici...Elle serait renvoyée de l'école, et son père ne supportant pas qu'un membre de la famille shuzen ait déshonoré l’honneur, elle aurait droit comme dans le passé à être séquestrée dans sa chambre, ne pouvant plus jamais en sortir, jusqu'au jour où sa sentence éclatera et qu'elle devra subir pour cet affront : La mort. Une mort lente et douloureuse.

« Bien, monsieur...»

Tandis que la civière se dirigeait vers le bâtiment, l'infirmier appliqua un pansement sur sa joue blessée, et l'emmena dans les appartements du directeur. Il la laissa entrer, connaissant parfaitement le jugement qui lui serait réservée, puisqu'elle venait de manquer à plusieurs règles du lycée Yokai. Le renvoi sera inévitable, à regrets. Ravalant sa salive, la demoiselle faisait face au directeur qui avait appelé plusieurs professeurs, et s’en suivit un très long discours sur son comportement, sur l’acte, les règles…toujours et encore les règles. La professeur de mathématiques venait d’ailleurs de la faire passer pour la pire de son espèce.

« Te rends-tu compte inconsciente que tu as failli tuer un élève. Je suis persuadée que le jeune homme actuellement est entre la vie et la mort ! Tu devrais avoir honte ! Directeur, cette demoiselle est très dangereuse pour l’établissement, il faut y remédier sur le champ »

L’air triste, les yeux fermés, la vampire acceptait toutes les critiques, les injustices, il n’y avait qu’une chose qui était focalisé dans son esprit : L’état de santé de Noïd, sa victime. Si la demoiselle n’avait pas eu à se rendre devant l’administration, elle serait restée à son chevet jusqu’à son réveil, car c’était la seule chose qu’elle pouvait faire.

« Akashiya Moka, tu avais fait le serment de ne toucher à personne…et tu ne l’a pas tenu. Malheureusement, je ne vois pas d’autres possibilités pour te sauver de cette démence que de t’exclure de cette école..»

Tout ça pour quelques gouttes de sang…Si elle avait pu se maîtriser, il n’en serait rien, et encore moins si elle avait rencontré le jeune déchu. Qui aurait crû que cette journée tournerait au cauchemar ? Pas elle. Regrettait-elle ? Bien sûr, comme tous les êtres encore humains. La peur commença à l’envahir en voyant la tête de son paternel qui viendrait la chercher. Mourir….Mourir cette peur qui la hantait de jour en jour, si elle voulait succomber à tout ça, elle aurait préféré que le soleil la fasse fondre, se jeter dans la piscine d’eau pure, mais pas celle qui n’est réservée qu’aux faibles et aux traitres. Continuant d’écouter l’administration débattre sur la décision, son cœur commença à s’accélérer, comme s’il aller arrêtait de battre instantanément.

Tout comme il y a un commencement, apparaît un jour la fin. La demoiselle savait parfaitement que son renvoi de cette école signifierait trop de choses qu'elle ne pourrait accumuler sans en mourir de désespoir. Alucard prendrait possession de son corps, et au pire des cas, elle supplierait qu'on la tue pour ne pas devoir assister à sa chute inévitable. Bien sûr que la peur de devoir échouer, de sentir son coeur s'arrêter, ou de brûler consumé dans les flammes effrayait grandement nôtre chère vampire, mais le fait est là : Elle s'est attaqué à quelqu'un et par conséquent a faillit causer sa mort. Comment aurait-elle pu savoir que l'esprit de ce démon avait pris possession, et avait eu le simple désir de réduire à néant les lumières qui entourait le déchu. Non ce n'était pas elle, ce n'était pas la jouvencelle habituelle qui se repaît juste du sang, là elle avait tenté de prendre sa vie...Heureusement, Alucard était pour le moment endormi, et ne se manifesterait plus, pas après l'accident mental qu'il a reçu. Ainsi, donc comme une idiote, plutôt que de revendiquer qu'elle n'est que victime de toute cette histoire, elle avait fermé ses lippes, où aucun mot ne sortait, les yeux baissés à écouter les sermons. Un tumulte encore plus grand, vint briser toutes ces paroles échangées, et tandis qu'elle devinait avec clarté à qui pouvait provenir cette voix, la porte se décrocha et valsa pas très loin du professeur de mathématiques. L'administration resta pantoise, et regarda le jeune impudent qui commença à venir poser sa colère. Moka releva la tête, abasourdie par tout ça, et soulagée qu'il aille bien ! Elle ne désirait pas faire le mal, elle voulait simplement pouvoir vivre une vie normal, se maîtriser, devenir pleinement entière. Que de rêveries...

La demoiselle ne put s'empêcher de rougir en voyant qu'il portait sa veste, et préféra détourner ses yeux de ce spectacle affligeant...D'ailleurs même les quelques professeurs eurent honte. Ce n'était pas la peine de la défendre, elle savait parfaitement quel crime elle avait commis, quel serment elle avait violée sauvagement. C'est pourquoi lorsqu'il annonça qu'ils étaient bigleux, parce qu'elle lui avait sauvé la vie, elle ne pu s'empêcher de verser une larme ! Oui, mais...

« Vous êtes tombé sur la tête ! Il n'y aurait aucun eu besoin de vous sauver si elle ne vous avait pas mordu...Vous vous rendez compte de ce que vous avancez ? Vous défendez cette jeune femme qui a tenté de vous plonger dans le sommeil éternel, et vous dîtes également qu'elle vous a sauvé la vie...»

« En effet, c'est un sacré paradoxe auquel nous avons affaire. En revanche, il ne s'agit pas que de vous monsieur Noïd Ochita, il s'agit du devenir de cette école. Nous surveillons les faits et gestes de cette demoiselle depuis qu'elle est entrée dans cette académie pour une raison très précise...et aujourd'hui nous la jugeons beaucoup trop dangereuse et ne pouvons nous résoudre à la laisser étudier dans cette académie. Aujourd'hui c'est vous...et demain ça pourrait très bien être n'importe qui...»

Et voilà, rien n'y ferait, même la défense du déchu. Oui, demain ça pouvait être n'importe qui...Si Moka devenait incontrôlable à quelques gouttes de sang, qu'est-ce que ce serait pour une grande quantité ? Et si le sceau est brisé...Non, elle ne pouvait l'imaginer. Mais le jeune homme continua de s'énerver auprès du congrès

« Arrête Noïd...ça ne sert à...»

Mais avant qu'elle n'ait pu finir sa phrase, le jeune homme fit volte face en la secouant quelque peu, la tenant par les épaules.

« Écoutes, arrête de te considérer comme responsable de tout. Dans cette affaire, on se partage les responsabilités, alors merde, rappelles-toi que c'est toi qui m'a sauvé. Et merde, arrête de prendre tout comme acquis et dis leur ce que tu as sur le cœur ! » Pourquoi ?....« … et une chose. Je ne t'en veux pas, ce serait même plutôt l'inverse. »

Ces paroles dignes d'un ange, commença à lui redonner l'espoir, et secouant la tête, elle se fit violente avec ses limites intérieures. Il ne lui en voulait pas, mais pourquoi est-ce qu'il ne lui jeter pas à la figure qu'elle était dangereuse, qu'il avait failli la tuer...Pourquoi ne prenait-il en compte que le fait qu'elle lui avait sauvé la vie ? Est-ce que c'était vraiment ce qui l'avait le plus touché ? Elle s'approcha du jeune homme et déposa un baiser sur sa joue, les yeux embués, et un sourire tendre à ses lèvres. Il n'y avait pas besoin de le remercier, le baiser déposé suffisait simplement comme argument. La jeune femme s'approcha près du bureau du directeur, et en un rien de temps qu'il n'en fallut, elle était devenue une autre, plus ferme, plus apte à dire ce qu'elle pense. La jeune femme s'approcha sous le regard ahuri du professeur de mathématiques et abattu ses mains dans un claquement sonore sur le bureau de ce dernier.

« Directeur ! Je ne suis peut être plus digne de la confiance dont vous avait fait preuve envers moi, mais il est hors de question que je quitte ce lycée...Je suis prête à tout accepter, à redoubler d'efforts en cours de maîtrise des pouvoirs, mais s'il vous plait, permettez moi de pouvoir reprendre le contrôle de moi même...Je suis prête à être enfermée pendant deux semaines entières s'il faut vous montrer ma détermination...»

Elle faisait preuve d'un énorme courage, elle était prête à montrer que l'intervention de Noïd n'avait pas été vaine.

« Mensonge !! Directeur, vous ne pouvez pas faire confiance à cette fille...Vous savez parfaitement ce que la chose qui est enfermée est capable de faire ! »

Décidément cette professeur d'arithmétique n'était vraiment pas prête à lui foutre la paix...

Une idée, certes saugrenue, peut être même complètement désapprouvée par les professeurs, ce qui en soit semble très logique, mais c’était surtout une idée qui lui permettait de montrer sa détermination. Être enfermée pendant 15 jours et ce pour montrer qu’elle était capable de se contrôler. Un défi bien ardu, certes ostentatoire mais un défi quand même. Tout le monde semblait complètement abasourdi par une telle demande de la part de la populaire du lycée. Le professeur d’arithmétique elle, qui n’appréciait pas de tels égards de conduite semblait plutôt dans l’idée qu’éliminer Moka semblait la meilleure alternative. Pourquoi faudrait-il qu’elle meure pour son bon plaisir ? Elle semblait oublier un détail important puisque la chose qui est en elle, n’est pas matérielle. Il n’y a que le sceau qu’on a placé pour sceller l’esprit du Shinso dont il était question. Enfin heureusement pour la jeune femme, cette arithméticienne n’aura pas raison d’elle.

« Oui, je vous suggère de la prendre au mot et de l'enfermer pendant les deux prochaines semaines. Nous avons des locaux, prêt de la salle du Comité de Sécurité qui sont abandonnés n'est-ce pas ? Pourquoi ne pas les utiliser pour répondre à sa demande ? »

Le plus navrant, c'est qu'elle ne se rebellait même pas contre cette procédure - l'ayant proposée - parce que dans le passé, à son plus jeune âge, elle avait l'habitude d'être enfermée et de ne pas voir la pâleur du soleil. Seule ombre au tableau à toute cette machination : Les cours. Il était hors de question que Moka ne manque une seule matière, déjà parce qu'un professeur n’obtempérerait pas à ça, mais aussi parce qu'ils étaient très importants pour elle ! Surtout les cours de maîtrise des pouvoirs, même si le professeur ne semblait pas être quelqu'un de très coopératif. Moka n'avait pas encore eu de cours personnels avec lui, et lui parler de sa situation l'effrayait. Et si tout comme son père, il ne cherchait pas à comprendre ? La pousserait jusqu'aux limites, la faisait souffrir mentalement ? Tout ça est très fâcheux, mais n'est-ce pas pour son bien être que de souffrir pour les autres ? Moka n'est pas une martyre, et n'en a pas l'âme, elle est simplement dévouée à devenir ce qu'elle doit être : Un vampire faisant honneur à la famille Shuzen. Finalement il n'y a vraiment pas de but dans la vie de cette pauvre enfant, tout comme il n'y a pas d'avenir, ou alors incertain. Alors être enfermée, qu'est-ce que ça changerais ? S'il n'y a aucun but qui l'anime, et elle n'a aucune raison de véritablement exister, elle peut au moins faire ça pour elle même et penser un peu à sa propre personne.

« A vous décider, Moka Akashiya. Ceci pourrait-être la dernière chance que nous vous accordons. Pour vous, nous pouvons décider de mettre en place ce système, et de vous enfermer, vous et Noïd Ochita dans une pièce pendant les deux prochaines semaines. Si vous acceptez, et qu'à l'issue de ces quatorze jours il n'y a eu aucun accident, nous vous autoriserons à rester ici. Si vous refusez... nous renoncerons à la punition qui pèse sur la tête de votre ami l'ange, mais vous devrez quitter le lycée. Que choisissez-vous ? »

De....DE QUOI ? Avait-elle bien entendu ?

« Sauf votre respect, directeur, est-ce vraiment...»
« Que...choisissez-vous ? »

Alors qu'elle pensait que cette punition pourrait lui apporter un moment de paix, voilà que terrassée par les évènements, on lui proposait sans lui laisser le choix de l'enfermer avec sa victime ! Qui pourrait supporter d'être séquestré pendant deux semaines avec une bête féroce aux crocs acérés ? Quelle personne mentalement saine accepterait de s'enfermer avec son agresseur ? Voilà qu'elle venait d’entraîner Noïd dans un profond pétrin, car lui aussi aller subir l'enfermement à cause de son incompétence et de son erreur. Mais si elle refusait, elle était virée de cette école...Et si elle acceptait, qui sait ce qui pourrait se passer ? Ne deviendrait-elle pas folle, porterait-elle sur ses épaules, le poids de l'amertume envers elle même ? Malheureusement...Il n'y avait pas d'autres moyens. Baissant la tête, elle dû faire face à l'évidence, et d'un simple regard s'excusa auprès du déchu.

« S'il n'y a pas d'autres solutions....alors dans ce cas, j'accepte d'être enfermée avec lui...»

« Un instant directeur, je sais que l'idée semble pour le moins intéressante...mais il y a plusieurs choses à prendre en compte...Akashiya et Ochita ne peuvent manquer les cours...»
« Ce n'est pas un problème, nous sommes en période d'été...le moment est idéal pour leur punition...»
« Et avez vous pensé à la nourriture ? Leur santé ? Leur mode de vie ? »

« Je me porte volontaire pour faire le nécessaire, afin qu'il ne manque de rien...»

« Eh bien c'est parfait ! Moka akashiya et Noïd Ochita, à compter ce jour, vous allez devoir rester enfermé dans les locaux abandonnés près du temple du comité, vous ne manquerez de rien, car nous ferons le nécessaire...Régulièrement, nous irons voir si tout va bien, et espérons que cette expérience vous servira de leçon à tout les deux....Mais une dernière chose Akashiya, étant donné la situation, l'enfermement ne suffira pas à vous maîtriser, c'est pourquoi je discuterais avec monsieur Komatsu afin que vous ayez des cours supplémentaires juste vous et lui »

Des cours supplémentaires ? Avec ce professeur au regard si froid, à l'aura si forte ? Rien que d'y repenser, Moka en avait froid dans le dos, mais si elle était ici c'est pour maîtriser ses pouvoirs, et par pour rester au même stade que les autres. Mais c'est si soudain, et elle ne savait pas si elle était prête à devoir supporter tout ça ! Sans compter qu'il est effrayant voyons....Non mais attends Moka, tu es une poule mouillée ou quoi ? Le professeur ne va pas te manger, c'est pas dans son intérêt. Faisant abstraction de tout ce qui remplissait son esprit, elle tourna la tête vers son camarade ange qui ne semblait pas trop de l'avis d'être enfermé pendant deux semaines avec une femme, et qui plus est un vampire.