Une bien jolie surprise

Bon sang. Mais quelle idée, franchement? Qu'est-ce qui m'était passé par la tête...?

Je grommelais pour moi-même en sortant du bureau de la secrétaire générale, qui, après un échange pour le moins tendu et glacial, ne m'avait pas laissé le choix: je passerai mon week-end à faire de la paperasse. C'était ça, ou postuler pour un poste de jardinier - ou que diable encore. A croire qu'elle n'avait pas trop apprécié ma suggestion de remplir les papiers à ma place - "Je n'ai pas que ça à faire, figurez-vous!", m'avait-elle lancé d'un ton claquant. Tss. Elle était là pour ça, remplir des papiers, non...?

Je lâchais un lourd soupir. Si j'avais su qu'enseigner, même à temps partiel et en cours particulier, serait une telle prise de tête, j'y aurai pensé à deux fois... Je glanais un regard vers le temps radieux au-dehors, et m'approchais de la fenêtre; je n'étais pas particulièrement friand de bain de soleil, mais c'était toujours une occasion supplémentaire pour maudire la pile de prospectus que j'avais en main. J'aurai pu profiter du ciel dégagé pour aller faire une ballade, je ne sais pas, me promener dans le parc, traîner des pieds par-ci par-là...
Tout plutôt que de faire de la paperasse.

Nouveau soupir. Je baissais les yeux vers les papiers que j'avais à remplir; statut administratif, particularités raciales, quota responsable, mentions provisoires, type de contrat... Je ne pus m'empêcher de froncer légèrement les sourcils; c'était une procédure tellement... Humaine. Ah! Ridicule.
Foutue paperasse.

Je relevais les yeux vers les étendues de pelouse ensoleillée qui s'étendait aux pieds du bâtiment administratif - le plus morne et désert de tous; du haut du troisième étage, j'avais une vue appréciable. Je remontais d'un geste discret mes lunettes sur l'arrête de mon nez, et en profitais pour remettre un peu d'ordre dans ma tignasse; ma tenue avait sûrement contribué à l'agacement de la secrétaire: pour un professeur, même non titulaire, j'étais loin d'être présentable... Mais peu m'importait. Après tout, je n'avais pas encore d'élève!

Je tâchais de discerner le pauvre reflet que m'offrait le carreau en face de moi: j'étais toujours aussi grand avec cette impression d'avoir des bras trop longs, des cheveux sans couleur qui tombaient pêle-mêle n'importe comment sur mes épaules, et mon pauvre maillot de corps sans manche gris délavé et froissé faisait peine à voir. Je fis jouer les muscles fins de mes épaules en envisageant de laisser tomber la paperasse et vaquer à d'autres occupations autrement moins utiles pour les deux prochains jours - programme beaucoup plus alléchant...

Mais il fallait bien que je me fasse à cette idée: l'époque où je vivais au jour le jour par moi-même dans les bas-quartiers était révolue. J'avais choisi de venir m'enfermer dans cette organisation sociale hiérarchisée, où je n'étais qu'un échelon inférieur; l'heure était venue d'assumer mes décisions hâtives.

J'inspirais un grand coup. J'allais devoir obéir, plier l'échine, m'imposer face à des élèves, et faire partie de ce système. Entrer dans le moule, en quelque sorte. Ce n'était qu'une épreuve. Une fois mes pouvoirs récupérés et mon statut de puissant Sorcier conforté, je serai fort de cette expérience pénible.
Oui, voilà. J'allais devenir encore plus fort, je devais accepter les épreuves.

Mais... J'ai beau me chercher de beaux prétextes, la première distraction reste la bienvenue... Tout plutôt que de m'atteler de suite à la paperasse, et mes yeux survolent partout autour de moi pour trouver une échappatoire.

Tiens, en voilà, d'ailleurs, une distraction; une bien jolie, même...

Une nouvelle journée débutait déjà. Déjà. Cela faisait si longtemps qu'elle n'était pas retourné voir les siens. Aujourd'hui le manque se fit plus fort encore. C'était l'anniversaire d'une des sirènes les plus importantes de leurs communautés et elle ne serait pas là. Bien sûr c'était pour le bien de toute, et elle ne le regrettait pas. Non là n'était pas la question. Seulement même une sirène, aussi cruelle soit-elle possède des sentiments. Et son peuple lui manquait.

Cela étant, elle n'avait pas la possibilité de s'apitoyer sur son sort. Elle garde une pensée pour ses congénère et se décide enfin à se lever. Les lits n'étaient un endroit hyper confortable pour elle, mais le plaisir d'y rester tranquille et de pouvoir réfléchir en silence au lever était un des rares plaisir qu'elle s'accordait ici, sur terre. Mais elle ne pouvait évidemment pas y rester toute une matinée. Elle devait aller travailler.

La belle rousse dormait toujours nue, comprenez qu'une sirène n'a certes pas l'habitude de porter quoi que ce soit. Et bien qu'elle s'y soit habituée de jour, la nuit elle rechignait encore à porter ce que l'on appel un pyjama. Même une petite nuisette fine la dérangerai. Cela dit le matin au lever, elle avait toujours froid et enfilait donc une simple chemise beaucoup trop grande pour elle. Une chemise d'homme à vrai dire. Puis elle vaquait à ses occupations matinales à savoir ... Pas grand chose en fait. Elle passait son temps libre à lire la plupart du temps, pour en apprendre toujours plus. Et comme elle n'avait pas besoin de manger comme les humains, souvent il lui suffisait de s'habiller et de se coiffer, puis de partir pour le lycée Yokaï, la ou elle avait été recrutée.

Elle fit exactement la même chose qu'elle faisait environ tout les matins. Elle se posta devant le balcon et regarda l'extérieur pendant une dizaine de minute. C'était sa télé à elle. Puis elle enlevait sa chemine pour se doucher et enfiler ses vrais vêtements. Classique. Jean qui la moulait autour de la taille et des fesses, mais qui semblait un peu trop grand pour ses jambes fines. Elle avait opté pour un t-shirt ample aujourd'hui. Un t-shirt blanc rayuré vert. Elle passa devant le miroir et brossa ses cheveux. Ses longs cheveux qu'elles adoraient tant.

Puis elle s'en alla à pied pour rejoindre son lieu de travail. Aujourd'hui elle commencerai par les bâtiments administratif, enfin commencer ... Ferait semblant, à vrai dire elle ne travaillait pas beaucoup, cela était bien trop fatiguant pour elle. Non elle laissait faire ses "collègues" qui le faisait gracieusement pour elle !

Elle monta les escaliers la menant à l'étage ou elle était censé faire son travail. Le locale était au fond, mais en tournant dans le couloir elle vit un homme qui semblait se regarder dans la fenêtre. Il avait les cheveux blancs mais ne semblait pas vieux. C'était le deuxième spécimen avec cette même caractéristique. Il les avaient plus long par contre. Il tenait une pile de feuille entre ses mains et semblait presque comme ... Dépité. Cela fit sourire la sirène. Pauvre homme qui devait se restreindre à faire des choses dont il n'avait aucune envie. Chez elle, on n'était jamais obligé de faire quoi que ce soit. Si Kaela était ici, c'est simplement parce qu'elle s'était portée volontaire, rien de plus rien de moins. Et même si la pesait parfois, elle était fière d'être ici et d'accomplir ce qu'elle faisait.

Ne voulant pas perdre plus de temps que cela à contempler ce pauvre homme, elle se mit à marcher en sa direction, sûre d'elle, mais un peu fatiguée. Elle n'avait pas beaucoup dormi cette nuit, elle avait chercher de quoi se nourrir en vain.

L'homme la remarqua et la regarda d'une drôle de façon se dit-elle. Elle fronça les sourcils se demandant pourquoi il la fixait ainsi. Elle n'était pas encore habituée à toutes les us et coutumes du coin. Et pour elle il était tout à fait normal de l'interpeller pour lui demandait pourquoi il lui jetait pareil regard.

Presque arrivé à sa hauteur elle se racla la gorge et dit :

"Pourquoi me regardez-vous ainsi ?"

[ Tu me dis si ça te conviens pas et je modifie hein ><]

J'avais beau ne pas avoir de goût prononcé pour les femmes, les considérer comme des menaces, les fuir comme la peste, m'arranger pour ne pas rester en leur présence...

J'ai senti le monde s'arrêter de tourner autour de moi alors que celle-ci s'avançait dans ma direction.

Le monde s'ouvrit sous mes pieds, mon coeur s'arrêta de battre, mon sang se figea dans mes veines, bref...

Elle s'approchait de moi.

A peine était-elle entrée dans mon périmètre, que déjà elle me captivait. La simplicité de sa tenue ne faisait que mettre en valeur la beauté de ses traits. Même moi, qui ne savait trop définir la beauté, étais en mesure de dire que cette jeune femme était, tout simplement, la magnificence incarnée. M'avait-il été donné de rencontrer si belle créature un jour...? J'en doute fort; elle surpassait de loin tout ce qui était imaginable.

Sa chevelure de feu, ses yeux taillés d'émeraude, sa démarche assurée... Tout m'éblouissait. Il émanait d'elle une sorte d'appel, un magnétisme que même moi, acharné à me préserver, n'aurait su ignorer.

Il m'était physiquement impossible de détacher mes yeux d'elle, captivé, hypnotisé, happé par la découverte de l'attraction. Même ses sourcils légèrement froncés, même l'ombre de la fatigue sur son visage, tout me paraissait la beauté même. Sa démarche était une danse enchanteresse qui m'avait envoûté dès le premier pas. J'aurai souhaité que cet instant dure éternellement...

"Pourquoi me regardez-vous ainsi ?"

Sa voix brisa à la fois ma rêverie et la raviva; c'était désormais les intonations chantantes qui me portaient...

Il fallait que je réponde, que je lui dise à quel point elle était belle, ô combien elle me fascinait, quelle déesse elle incarnait à mes yeux... C'est là que je sentis que quelque chose n'allait pas.

Alors que j'allais prononcer ces paroles extatiques, je me rendis compte de cet étrange arrière-goût dans ma bouche; un goût de fer... Surpris, je détachais mes yeux de la sublime demoiselle - mes pensées s'éclaircirent en un instant.
J'étais, semblait-il, à nouveau maître de moi, juge de ce qui m'entourait, et conscient que quelque chose de plus fort que moi opérait ici - sans parvenir à déterminer quoi exactement.

Je me rendis alors compte que je ne parvenais pas à déchiffrer son aura.
Il émanait d'elle, en effet, une force hypnotique, quasi magnétique qui la rendait au premier coup d'oeil terriblement désirable - je me surpris moi-même à songer à ce qualificatif, si incongru dans mon vocabulaire. Sa signature mystique était brute, à la manière des élémentaires, mais à la fois beaucoup plus subtile, plus insidieuse...
Et, vraisemblablement, j'y étais très réceptif.

Qui était-elle? Une créature à la fois empreinte d'une force mystique impérieuse, et d'un pouvoir plus habile et pénétrant que tout; j'étais incapable de l'identifier. C'était bien la première fois que je me retrouvais confronté à un tel mystère.

A son instar, je me raclais la gorge, évitant surtout de la regarder dans les yeux, et lui répondis, un peu embarrassé de l'émoi qu'elle provoquait.

"Veuillez m'excuser, je ne voulais pas vous importuner; j'étais comme... Hypnotisé, m'excusais-je maladroitement."

Trop direct...? Les mots m'avaient échappé avant que je n'y réfléchisse vraiment; cette femme me mettait vraiment dans tous mes états...
Je me sentis soudain débraillé, présenté comme je l'étais; face à cette merveilleuse jeune femme, je devais paraître bien fade - et idiot, au passage.

"Il semblerait que, quoi que vous soyez, vous ayez un impact indéniable sur moi... m'empressais-je de me justifier gauchement en regardant mes pieds. Je suis désolé, ce n'est pas vraiment la meilleure façon de me conduire face à vous. Je... Je ne sais pas trop y faire avec les femmes."

Sans que je sache pourquoi, j'avais envie de me faire pardonner, lui faire plaisir, me montrer digne d'elle, amener de la lumière sur ce visage fin, faire éclore un sourire sur ces lèvres si délicates, effleurer la courbe de sa joue si lisse, me plonger dans ses yeux...
Ah... Ses yeux...

[Erf... J'ai un sentiment brouillon :/ Dis-moi si ça te convient ou si tu veux que je change quoi que ce soit. ]

L'homme ne la regardait pas dans les yeux. C'était pourtant pas faute de chercher son regard. Etait-il à ce point impoli ?

Puis elle comprit lorsqu'il répondit. Elle haussa un sourcil. Hypnotisé disait-il ? Etrange, elle n'avait pourtant pas entamé de chant. Son charme fonctionnait-il sans même émettre une seule note ? Ou était-ce seulement... Son véritable charme à elle ? Cette idée la répugna. Non, c'est parce qu'elle détenait un pouvoir et que ces effets devaient s'étendre un peu, peut-être sur les hommes les plus sensibles, il y avait forcément une réponse rationnelle à cette énigme. Des hommes plus sensibles que d'autres... L'idée semblait intéressante et elle se devait de l'approfondir. Elle regarda l'homme en face d'elle qui semblait véritablement gêner.

Cela la fit sourire intérieurement. Y'avait-il ds hommes si faibles pour se laisser avoir sans même à avoir à utiliser son pouvoir ? Pitoyable. Si c'était le cas, il serait peut-être plus aisé de les anéantir. Mais qu'allait-elle bien pouvoir faire de lui ... Elle n'allait pas laisser une telle occasion s'en aller sans en profiter ! Il fallait qu'elle en apprenne plus sur lui, savoir qui il est pour savoir à quoi il pourrait bien lui servir. Le manipuler serait chose facile.

Son regard s'apaisa. Elle prit ses cheveux et les passa sur son épaule gauche, fixant l'homme devant elle d'un regard doux.

"Et bien... Vous n'y allez pas par quatre chemins. Est-ce là une nouvelle façon de draguer ?"

Elle eut un petit sourire, un fin sourire amusée. Il semblait content de voir se dessiner sur ses lèvres ce sourire. C'est ce qu'elle voulait. Elle voulait qu'il pense qu'elle s'intéressait à lui, et c'était le cas dans un certain sens. Maintenant elle allait se présenter pour qu'il fasse de même après elle, espérant ainsi en apprendre plus sur lui et sur sa force.

"Je m'appelle Leigh-Ann et je suis ... Femme de ménage ici. Ce n'est pas très glorieux en fait. "

Elle arbora un regard un peu honteux. Il fallait qu'elle s'attache à elle pour qu'il fasse tout ce qu'elle lui demande. Elle jeta ses cheveux en arrière puis sourit de nouveau. Elle regarda la pile de papiers devant lui.

"Puis-je vous aider avec cela ?"

A peine avait-elle finit de demander qu'elle dirigeait déjà ses mains vers la pile de feuille. Hélas leurs mains s'entrechoquèrent et la pile tomba pouf ! Au sol. Les feuilles voltigèrent de par et d'autres du couloirs, et elles se retrouvèrent toutes mélangées. L'avait-elle fait exprès ? Bien entendu. Pour deux raisons, la première est qu'il lui fallait une raison pour rester à discuter avec lui plutôt qu'à aller travailler. La seconde est que au vu de sa tête tout à l'heure, il n'avait lui non plus pas très envie de remplir toute cette paperasse. C'était un ... Gain de temps avant de devoir débuter la corvée.

Cela dit pour rester crédible elle fondit derechef en excuse.

"Je suis vraiment désolée quelle maladroite je fais !"

Puis elle s'accroupit et commença ramasser une à une toutes les feuilles.

Je ne dois pas la regarder.
Il ne faut surtout pas que je la regarde.
Je ne dois pas poser les yeux sur elle.
Je dois éviter de regarder son corps merveilleux à peine caché par la simplicité de sa tenue.
Il faut que je m'empêche de glisser les yeux le long de ses hanches, ses courbes de rêve, ses épaules si fines.
Surtout, ne pas rêver de fondre dans ce cou si gracile, respirer cette chevelure de feu, effleurer ce visage si parfait, embrasser ces lèvres sublimes, plonger dans ce regard si...

Son regard.
J'ai beau entendre ma part de raison me hurler tout cela, ne pas la regarder, éviter ses iris, quitter mes chimères, je ne peux pas m'en empêcher. Elle est si belle, si envoûtante...

Je me sens dans une bulle de coton, incapable de bouger, sans la moindre notion de réaction. Extase complète. Je reste hypnotisé par son geste plein de souplesse, son poignet délicat, ses doigts fins dans ses mèches douces, ramenant sa chevelure enflammée sur son épaule... Subjugué, mon regard suit le moindre trait de ses mouvements, admire la beauté de ses gestes, s'abreuve de la délicatesse de son corps...

« Et bien... Vous n'y allez pas par quatre chemins. Est-ce là une nouvelle façon de draguer ? »

Oh. Bon sang. Cette voix... Et ce sourire ! Voir ses lèvres s'étirer si élégamment me réjouit au plus haut point. Elle me souriait ! Je ne croyais pas en ma chance. Oubliant presque de rougir après son sous-entendu sur ma soi-disant technique de drague – qui n'était en fait que maladresse - , je me sentis comme sur un nuage...

"Je m'appelle Leigh-Ann et je suis ... Femme de ménage ici. Ce n'est pas très glorieux en fait. "

Bon sang. Je ne me lasserai jamais de cette voix.
Leigh-Ann... Un prénom peu commun, aux sonorités si douces, qui seyait si bien à une si belle créature...

Femme de ménage ? Une jeune femme aussi merveilleuse, délicate, une princesse parmi les souillons... ? Comment cet établissement pouvait-il laisser faire une telle chose... ? Et ce regard contrit qu'elle m'adressa me conforta dans mon sentiment d'outrage.
Mais mon indignation fut balayée par son nouveau mouvement de poignet, alors qu'elle rejetait souplement ses cheveux, et ce sourire qui revient illuminer son visage...

« Puis-je vous aider avec cela ? »

Je ne compris pas ce dont elle voulait parler, mais lorsqu'elle esquissa son geste vers les documents que j'avais en main, j'entame un mouvement mécanique pour lui tendre les feuilles – nos mains se percutèrent, et j'arrachais mon regard de l’ensorceleuse, brisant inconsciemment son emprise, pour voir voler la pile de documents.
Ah, misère...

Mais avant que je ne puisse réagir, elle se fondait déjà en mille excuses et ramassait les feuilles. Je m'empressais de l'imiter, marmonnant un pauvre « Non non, c'est moi qui m'excuse, navré » en attrapant les feuillets maudits.

Pendant que je m'attardais à ramasser les documents, la brume de mon cerveau se dissipait lentement, et je me mis à réfléchir à toute allure tout en prenant grand soin de ne pas heurter la main de la douce. Cette jeune femme, aussi sympathique, belle et adorable soit-elle, avait un pouvoir hypnotisant qui transparaissait par tous les pores de sa peau, son aura respirant l'envoûtement. Et moi, antenne à auras, je captait puissance mille ses envoûtements... Mais, elle semblait si douce, ce ne devait sûrement pas être intentionnel.

Il fallait que je trouve un moyen pour pouvoir converser avec elle, en gardant un tant soit peu mes moyens. Aussitôt, je me mis à passer en revue tous les pentacles de protection que je connaissais. La défense n'était pas le fort de ma magie, plutôt optimisée pour l'attaque, cependant quelques sorts pourraient peut-être m'aider.
Restait à espérer que j'étais en bonne passe, capable d'utiliser mes pouvoirs dans des conditions pareilles, sans pentacle matériel sur lequel apposer ma magie...

Appel de bouclier. Invocation de barrière protectrice. Elevation d'un mur infranchissable...
Rien ne me venait d'approprié. Il fallait que je cherche ailleurs, non pas dans la défense brute, mais dans le déjouement d'enchantements.

Rappel de conscience.
Tiens. Peut-être que cela pourrait fonctionner...

Je fermais les yeux un court instant, me concentrant sur la forme précise du pentacle et de la formule couplée. Il fallait que je fasse vite, pour que cela puisse passer inaperçu. Une fois la visualisation parfaite du cercle en tête, je pris une brève inspiration et soufflais les mots obscurs d'un trait, tout bas.

Rien.
Avais-je réussi... ? Je ne pouvais pas en être sûr. Je ne pouvais me fier qu'à ma volonté de réussir ; je ne supportais pas de ne pas pouvoir réagir en face de cette charmante jeune femme...

« Je suis vraiment désolé; laissez-donc, je vais m'en charger, lâchais-je entre deux feuilles ramassées. Je me sens idiot... Pardonnez-moi, je vous prie. »

J'osais relever les yeux vers elle ; jusque là, il me semblait réussir à garder un minimum mes esprits. J'aurai donc réussi... ? Ma barrière semblait cependant très fragile, la prudence s'imposait.
Et puis, me rappelant que je ne m'étais pas présenté, je bafouillais avec maladresse :

« Oh, excusez-moi ; je me nomme Isaac Sandlord, je suis professeur particulier... Rien de bien glorieux non plus. »

J'esquissais presque malgré moi un rictus d'embarras, remontant les lunettes sur mon nez du bout des doigts. J'essayais tant bien que mal de ne pas paraître présomptueux. Je tenais tellement à ce qu'elle ait une bonne image de moi...

C'était une sensation étrange et nouvelle, pour moi. J'avais toujours fui les femmes, partant en courant dès que l'une d'elles avait le malheur de me faire des avances, m'enfermant dans mon abstinence pour forger ma volonté à toute épreuve.
Mais ici, en face de cette jeune créature si merveilleuse, je ne considérais même pas la fuite comme une solution. L'épreuve était plutôt de réussir à m'attirer son intérêt. J'étais resté reclus trop longtemps pour savoir comment me comporter sans paraître imbu ou maladroit ; cette épreuve de sociabilisation me semblait plus ardue que n'importe quelle autre...

Mais j'allais y arriver. Après tout, ce n'était pas la première épreuve que j'affrontais.

Me sentant ragaillardit par ma volonté nouvelle, je parvins à décrocher un sourire aimable à la douce, en plantant mon regard dans le sien. Je sentis que ma barrière était mise à l'épreuve également, mais tint bon – il ne lui faudrait pas beaucoup plus pour céder.
Tant que je pouvais admirer cette beauté pure, tout irait bien.

Lorsque j'eus ramassé les derniers feuillets, je me relevais et lui tendis la main pour l'aider galamment.
Et puis je me sentis téméraire.

« Pardonnez mon audace, mais me permettez-vous de vous voler une petite heure de votre temps pour vous payer un café... ? »

J'agrémentais ma phrase d'un regard gentiment interrogateur, ponctué d'un sourire qui se voulait engageant.

« A moins que vous n'ayez d'autres projets. »

J'espérais de tout cœur qu'il n'en était rien. Je voulais être le seul, le centre, l'unique. Je voulais la protéger, la choyer, la chérir. Offrir à cette belle presque-inconnue ce qu'elle méritait de mieux. Je voulais lui offrir ses rêves, réaliser ses chimères.
En cet instant, j'aurai tout fait pour elle.

Un genoux au sol, elle ramassait les feuilles de formulaire éparpillées dans le couloir, jetant parfois des regards vers lui. Elle ne put s’empêcher de remarquer alors qu'il avait fermé les yeux un instant et prononcé des mots tout bas, tellement bas qu'elle n'en avait pas compris un seul. Priais-t-il ? Maintenant ? C'était peu probable. Non, il faisait autre chose, peut-être bien était-il un espèce d'être magique capable de lancer quelques sortilèges. Si tel était le cas, lequel avait-il bien pu jeter ?

Il s'excusait. Il s'excusait alors même qu'il n'avait rien fait. C'était typiquement humain ce genre de réaction ! Ca les rendait … Faible. Oui, faible. A s'excuser pour un rien. Ca en devenait même agaçant parfois. Leurs yeux se croisèrent de nouveau et Leigh-Ann put constater qu'il ne la regardait pas totalement de la même façon qu'il y a quelques secondes auparavant. Le changement était presque imperceptible mais la sirène avait prit l'habitude de décrypter les visages des gens qu'elle avait en face d'elle, condition presque nécessaire pour les manipuler de façon correct. Savoir s'ils étaient ouvert, ou si au contraire il fallait attendre encore un peu. Indispensable au final.

L'homme se présenta comme professeur particulier. Intéressant. Il n'avait pas préciser la matière, Leigh-Ann supposa donc qu'il était professeur de surnaturel, autrement il aurait préciser de quoi il s'agissait. Elle ne tarderait pas à lui demander de toute manière. Une fois toute les feuilles ramassées, il se redressa et lui tendit la main pour l'aider à se relever et lui proposa d'aller boire un café. Cela arrangeait admirablement bien la sirène qui n'attendait que ça, faire plus ample connaissance, et peut-être récolter quelques informations, ou du reste une aide précieuse au sein même du personnel de l'établissement. Elle n'avait pas besoin de l’ensorceler avec son chant pour qu'il tombe sous son charme, ultra réceptif le ptit gars. Ultra pratique aussi, elle pourrait ainsi rester discrète et lui faire faire pas mal de chose quand même.

Elle lui sourit de nouveau, vraiment enchantée par cette proposition et pris sa main pour se relever. Elle garda les feuilles qu'elle venait de ramasser en main et répondit.

"Et bien j'en serai ravie."

Elle n'allait pas lui dire qu'elle devrait déjà être en train de « travailler ». Le terme était bien mal approprié pour la sirène qui ne foutait pas grand chose en réalité et laissait ses « collègues » faire tout le boulot à sa place. Ils le faisaient de bon cœur de toute façon ! Ou presque... Quoi qu'il en fut, elle avait décidé de ne pas toucher à un seul balai ou autre serpillière de la journée. L'homme avait l'air heureux qu'elle est accepté. Cela la fit rire intérieurement. Vraiment naïf.

"Dites, il conviendrait tout de même de poser ses feuilles dans un coin, non ? "

Ces papiers qu'il devait certainement remplir. La tâche paraissait fastidieuse et la jolie rousse semblait comprendre pourquoi il ne lui était pas difficile d'abandonner ses responsabilités pour une tout autre distraction. Peut-être allait-t-il se faire taper sur les doigts, mais elle n'en avait que faire au final, c'était de sa propre faute de toute façon.

Alors qu'ils commençaient à marcher, Leigh-Ann posa enfin la question qui lui trottait dans la tête depuis qu'elle avait appris qu'il était prof.

"Pardonnez ma curiosité, mais vous n'avez pas précisé de quelle matière vous étiez professeur...Alors je me posais la question, de quelle matière un homme comme vous peut-il être expert ?"

Il traduirait et déduirait de cette phrase ce qu'il voudrait, quant aux réels pensées de la sirènes sur lui, elle se disait que naïf comme il l'était et surtout maladroit comme il l'était... Avait-il un semblant d'autorité sur ses élèves ? Peut-être était-ce pour ça qu'il était professeur particulier, et non professeur d'une classe entière. Mais elle ne faisait que supposer, après tout, les apparences étaient souvent trompeuse, et elle en était la preuve vivante...

[hrp: Je suis vraiment désolé, je n'avais pas vu que tu avais répondu! ><' mea culpa... ]

Elle avait dit oui.

Elle avait dit oui !

Mon cœur fit une embardée lorsque je réalisais cela, et je sentis presque ma poitrine exploser lorsqu'un ravissant sourire vint embellir cette nouvelle. Je sentis malgré moi un sourire niais étirer mes lèvres... Je n'en croyais pas ma chance.

Où pouvais-je l'emmener ? A la cafétéria... ? Non, non, ridicule. Un petit bar dans la ville proche, alors... ? Non, non plus, pas assez distingué pour une telle femme. Un restaurant, peut-être... ? Oui, mais alors lequel... ? Et puis, à cette heure... Non, finalement, pas le restaurant... Alors peut-être -

Je fus coupé dans mon cheminement de pensée par sa suggestion en parlant des documents. Les documents ? Quels docu... Ah. Oui. Ceux-là. Je les avais presque oubliés... Je posais un regard navré sur la pile de feuille honnie. Qu'allais-je bien pouvoir en faire... ? Je ne pouvais pas aller les redéposer chez la secrétaire, sous peine de m'attirer les foudres de cette femme, et je ne disposais pas de bureau à mon nom pour pouvoir les stocker en attendant.
Ne me restait plus que... ma chambre.

Je me sentis rougir discrètement. Oh, non, je n'allais tout de même pas... L'amener à ma chambre... ? Non...
Mince. La confusion devait se lire sur mes traits. Que pouvais-je bien faire, dans cette situation... ? Ma chambre n'était pas dans un état présentable, que penserait-elle de moi ? Elle s'enfuirait sûrement en quatrième vitesse...
La panique de la voir me fuir me fit crisper les doigts sur la pile de papiers que je tenais encore. Non, pas alors qu'elle venait d'accepter si gentiment...

Tiraillé par la joie d'être escorté par une si jolie femme et par l'embarras causé par les papiers, le spectacle vu de l'extérieur devait être assez ambiguë. Je savais que j'aurai tout fait pour pouvoir profiter à plein temps de cette merveille incarnée, mais je ne voulais pas être encombré par ces feuillets inutiles...

Je suivis le mouvement en prenant la marche, sans trop savoir où nous allions. Je n'osais trop ouvrir la bouche, de peur qu'un bafouillement ridicule ne s'en échappe. C'est vrai que cette pile de dossier était vraiment encombrante, bon sang...
Et puis le doux son de sa voix s'éleva à nouveau, me ravissant à chaque syllabe.

"Pardonnez ma curiosité, mais vous n'avez pas précisé de quelle matière vous étiez professeur...Alors je me posais la question, de quelle matière un homme comme vous peut-il être expert ?"

Je rougis pudiquement alors qu'elle me désignait par 'un homme comme vous' ; je ne pouvais m'empêcher de trouver cette tournure terriblement flatteuse, et en tirais une certaine fierté. De plus, elle m'estimait 'expert'... J'avais envie de lui donner raison, et de lui donner envie de continuer à s'intéresser à moi. Momentanément, le souci causé par la pile de documents s'envola, remplacé par la joie d'éveiller l'intérêt de ma ravissante demoiselle.

« Eh bien... commençais-je maladroitement, arborant un sourire qui se voulait à la fois humble et charmeur. Mon poste n'est pas des plus évidents à assurer, en cela que je donne des cours de soutien en différentes matières; je suis un peu partout à la fois, si l'on veut. Je m'occupe de Magie et Sortilèges, mais aussi des Sciences Occultes, et également de Littérature – spécificités dont je m'honore tant bien que mal. »

Je ne voulais pas en faire trop, pour ne pas lui paraître pédant, mais l'impressionner m'était primordial ; je voulais qu'elle ait envie de rester avec moi, qu'elle me trouve intéressant, qu'elle m'apprécie. J'admirais son profil alors que nous marchions, et mon cœur fit une embardée ; son front, son nez, son menton, la courbe de ses lèvres, tout se dessinait avec une exquise perfection, qui me donnait presque l'envie de porter la main à son visage, effleurer du bout des doigts ces traits si purs, si merveilleux...

Je me repris avant d'avoir levé la main vers elle. Non non, pas trop vite, surtout, ne pas l'effrayer. Rester galant et agréable, ne pas l'effaroucher...
Oh. Je me rendis alors compte que nous descendions les trois étages du bâtiment principal par le côté qui permettait d'accéder aux dortoirs – et par là même, à mes appartements.

La confusion refit surface à grand galop. Certes, c'était pas là aussi que l'on accédait au bâtiment principal et à tout le reste de l'établissement sans distinction particulière, mais l'éventualité de passer par ma chambre me perturbait tellement que je me focalisais dessus. Bon sang, et si elle prenait peur, et si elle se méprenait sur mes intentions... ?

Mais serait-ce vraiment une méprise... Je ressentais un tel élan envers cette femme, comme jamais je n'aurai pu l'imaginer, que je ne savais pas de quoi j'étais capable. J'aurai dépensé des trésors de qualités pour pouvoir la rendre heureuse d'être à mes côtés... J'aurai tout fait pour la garder près de moi. En comparaison de ce qui m'habitait, les tableaux tragiques des Humains me paraissaient bien pâles et insipides.

Alors comment faire pour ne pas l'effaroucher... ? Mon esprit était soumis à un tel dilemme, qu'il finit par opter pour la première solution qui se présenta – sans trop se soucier du tact ou de la diplomatie.

« Je suis désolé, lâchais-je tout d'un coup en me tournant vers la sublime femme. Je ne dispose d'aucun bureau où déposer ces papiers, et je n'ai que mes appartements pour m'en débarrasser... »

Mince. Maintenant que j'étais lancé, autant aller jusqu'au bout... Je soutins comme je pus le merveilleux regard de ma demoiselle, complètement perdu dans l'immensité de ses iris, perdant pied encore un peu plus.

« Je ne veux pas vous brusquer, ni vous faire peur ou brûler les étapes ou quoi que ce soit ou - »

Mais... mais qu'étais-je en train de raconter ? Une petite voix dans ma tête me hurla que je parlais trop. Je me sentis rougir d'embarras alors que je me ridiculisais devant elle comme un adolescent, un rictus nerveux agitant mes lèvres – après tout, j'avais dans le domaine de la séduction la maturité d'un gamin.

« - Je ne veux pas que vous vous enfuyiez. Permettez-vous que l'on fasse juste un très rapide crochet par chez moi ? Juste un instant. Je vous emmènerai où vous voudrez, ensuite, je vous l'assure. »

J'avais réussi à récupérer au fur et à mesure un ton plus serein, suffisamment pour appuyer mes derniers propos d'un regard profond et assuré avec une voix posée et assurée. Je misais gros sur cet instant – les secondes qui allaient suivre détermineraient si la douce Leigh-Ann accepterait de me pardonner cet écart de conduite, ou bien si elle reviendrait sur sa décision et me tournerait le dos, me laissant seul en proie au désespoir et à l'amertume...
C'était tout mon potentiel séduction que je jouais là, avec cet air désolé mais prêt à tout pour plaire à ma belle.
A voir si cela serait suffisant...

Le pauvre avait l'air confus, il ne savait pas quoi faire de ses feuilles? N'avait-il pas une chambre, ou ne serait-ce qu'un bureau dans le coin ? Il est clairs qu'il ne pouvait pas se balader avec toute la journée, il fallait qu'il trouve une solution. Un professeur de Magie et Sortilège (la littérature n'avait pas grande importance pour elle, bien qu'elle ce soit cultivée un minimum sur le sujet), cela pouvait être intéressant. Il allait sans dire donc, que Isaac n'était pas un simple humain, et possédait des pouvoirs. Au vu de sa matière, probablement un sorcier. Il pourrait peut-être lui être utile... D'autant plus qu'il avait l'air faible, démuni face à elle. Elle n'avait rien eu besoin de faire pour qu'il tombe immédiatement sous son charme. So easy.

Des sciences Occultes, hum, intéressant. Elle en demanderait bien un peu plus sur ce sujet. Elle lui souriait doucement, un joli sourire de façade comme elle en faisait tant. Et pour bien le mettre dans sa poche, un petit compliment ferait l'affaire.

"Et bien, trois matières différentes, rien que ça ! Vous m'avez l'air en effet d'un homme assez cultivé, j'apprécie."

Ils descendaient les escaliers et la sirène put aisément remarqué que son trouble était de retour. Elle en riait intérieurement, tout ça pour un misérable paquet de feuille ? Vraiment, les humains étaient parfois terriblement stupide. Et si la sirène n'était pas aussi entraîné pour garder son sang froid, elle aurait explosé de rire après ce qu'il venait de dire. Cela lui paraissait tellement dérisoire cette histoire de feuille, et lui en faisait toute une montagne, elle hallucinait ! Elle était vraiment tombé sur LE type hyper sensible à son pouvoir, tellement qu'il stressait rien qu'à l'idée de devoir passer par sa chambre pour poser ses papiers. Aucune femme n'aurait décemment pensé qu'il voulait griller les étapes. Et encore moins Leigh-Ann qui se foutait complètement de lui.

Elle émit cependant un petit rire niais (et faux) avant de répondre.

"Je vous en prie, je ne crois rien du tout ! Je vois bien que ces feuilles vous enquiquinent, alors allons les déposer."

Il prit un air soulagé. Sérieusement... Si l'humanité se résumait à ça, les écraser serait d'un facile !

Ils n'étaient plus très loin des dortoirs maintenant, ils s'en étaient rapprochés sans même s'en rendre compte. Isaac les guida jusqu'à sa porte. Une fois arrivé, elle dit dans un sourire

"Si cela vous gêne tant je peux rester dehors et vous attendre."

Elle se demandait encore ce qu'elle allait bien pouvoir faire de lui. Toujours était-il qu'un prof de Magie et Sortilège, ainsi que de Science Occulte pouvait être très intéressant à manipuler, pour en faire ce qu'elle désirait. Très intéressant et visiblement très facile. Peut-être l'utiliserait-elle pour se débarrasser de certaines personnes qui la dérangeait. Le soucis étant qu'elle ne connaissait pas sa puissance réel. Peut-être plus alors pour aller récupérer des informations sur certains élèves comme par exemple ceux du Comité. Oh oui, cela lui paraissait une grandiose idée. Un professeur qui vient chercher le dossier de certains élèves, ça ne paraît pas si suspect n'est-ce pas ?

[C'est un peu short, désolée ><]

» Tout va bien, je vais bien [PV Nero]
» Surprise ! [PV Camil]
» Une rencontre bien intriguante

Une bien jolie surprise

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