Et le Pirate sauvera sa dulcinée (Ruby, Vika, Adam)

Il existe mille et une façons de faire chier le monde. Et par mon, j’entends bien entendu le monde entier, pas juste deux trois pégus qui sortent du zoo. Non, vraiment faire chier THE monde. Il y en a des plus subtiles que d’autres, des qui se voit bien, d’autre plus discrète, des qui font BOOM !, d’autre juste un bruit de pet. Des fois, c’est un grain de sable dans un petit rouage, et des fois, c’est une roquette sur une porte ouverte. Cette fois ci, ce sera juste un petit enlèvement au sein d’un établissement bien particulier. Et ce petit grain de sable était un premier pas vers la destruction totale de ce qui représentait l’horlogerie du monde humain.

Ruby se léchait déjà les babines à l’idée de ce plan. Cela ne faisait que trop longtemps qu’elle désirait passer à l’action, et maintenant qu’elle en avait l’occasion, elle ferait tout pour réussir. Celui lui prit un mois de préparation, et elle s’était mise au boulot dès qu’elle avait reçu ses ordres. Et enfin, elle pu faire venir son élément extérieur, bien caché dans un des dédales des bâtiments désaffectés du lycée. Et dieu sait qu’il y en avait. Son sourire s’élargi, son plan était parfait.

**********

Journée banale pour notre Vika nationale. Entrainement, cours, entrainement, quelques leçons au dojo. Une routine bien rodée qui lui allait bien. Elle finissait de ranger une des salles que certains de ses membres avaient laissée en bordel quand elle entendit le doux sifflement d’une lame. Aussi rapide que l’éclair, Sanguine intercepta le shuriken qui volait en sa direction. Son ennemi, invisible, était cependant repérable par son aura. Enfin, leurs auras. Ils étaient nombreux ces petits cons. Vika soupira en se remettant en garde, ses ailes sorties, et son regard aussi dur que le diamant. Décidément, il y avait des leçons qui ne rentreraient jamais dans la tête des gens. Déviant la lame du premier attaquant qui se jetait sur elle, la métamorphe planta la sienne dans son dos, se retournant d’une volte. Elle dégagea Sanguine d’un coup de pied. Il avait de la chance, elle épargnait les points vitaux. Certes, elle pouvait et avait le droit de tuer ceux qui oser vouloir sa mort, mais c’était rarement son propre style. Son poing fermé rencontra une mâchoire, et le manche de son katana se ficha dans le plexus solaire d’un second, qui vola loin, la cage thoracique enfoncée. Elle bloqua une autre volée de shuriken, bien qu’un lui ouvrit une large plaie au bras, faisant couler son sang. C’est elle qui passa alors à l’attaque, fonçant sur les ennemis qui l’entourait dans la pièce. A chaque sifflement de son épée, l’un d’eux tombait dans une gerbe de sang. Le dernier encore en état de combattre fit mine de s’enfuir, mais elle le plaqua contre le mur, la lame sur la gorge.

« Qui t’envoie ? »

Le monstre, caché derrière un masque noir, ricana, avant de répondre :

« Tu le sauras bien assez tôt, en fait. Et le comité connaitra enfin notre puissance.»

Vika tiqua. On en avait après le Comité ? Elle allait assommer le dernier restant quand une aura gigantesque et un grand fracas lui fit faire un bond en arrière.

**********

La distraire suffisamment pour parvenir à la surprendre. Ruby n’avait heureusement pas tout miser la dessus, car il était dit qu’il fallait être très fort, et très discret pour prendre la chef du club par surprise. Et même si l’assaut éclair de Ruby n’avait pas suffit, elle avait toujours assez de ressources pour y arriver. Traversant le plafond depuis le toit, elle fit irruption dans la pièce dans une orgie d’écharde. Ne prenant même pas le temps d’y voir clair dans le nuage de poussière, elle se jeta sur Vika. Oh, les rumeurs ne mentaient pas, Vika se battait très bien. Elle se déplaçait vite, et malgré le nombre supérieur de bras de Ruby, qui était déjà sous forme de gargouille, elle parvenait parfaitement à esquiver et bloquer les coups. Mais les contre-attaques ne pouvaient absolument rien contre le corps aussi dur que le diamant que Ruby était. La gargouille quasi inexpressif ricanait, c'est-à-dire qu’un râle guttural s’échappait de ce qui lui servait de gorge, et il s’intensifiait à mesure que Vika reculait. Et Ruby avait prévu son prochain mouvement. Le corbeau était intelligent, elle ne continuerait pas un combat qu’elle ne pouvait pas gagner, elle tenterait de fuir et de trouver quelqu’un de plus compétent… pour vaincre des monstres telle que Ruby, mais une surprise l’attendait. Après avoir esquivé deux coups de poings et repoussé Ruby d’un coup de pied défonçant, qui lui fit faire deux pas en arrière à défaut de lui faire mal, Vika se jeta contre la fenêtre pour s’envoler dehors. Exactement ce que Ruby attendait. La métamorphe se prit les ailes dans un filet tendu par ses hommes, et s’écrasa au sol, impuissante. Ruby sortit, accompagné de ses hommes encore en état de se déplacer – elle abandonnait les autres-, l’allégresse étreignant son cœur de pierre.

« Echec et mat, Miss Nightwing. »

Son poing rencontra sa tempe, et Ruby la chargea sur son dos. Y’en a un qui allait avoir du boulot. Dans le ciel, la seule et unique faille du plan de Ruby volait silencieusement. La planque était une simple cave. Enfin, simple, c’est un bien grand mot. Le tout pouvait servir de geôle et était en réalité un véritable dédale. Et dans une des pièces les plus profondément enfouies, Vika fut jetée, menottée, ligotée et bâillonnée, au fond d’une petite pièce, dans laquelle Ruby serait sure qu’elle ne pourrait pas se transformer en corbeau géant pour essayer de se défaire de ses liens. Bientôt, la Lamia sera la, et elle brisera une à une les défenses mentales de la petite Vika, qui deviendra très rapidement l’une des leurs. Et le Comité sera bien dans la merde, avec une horde de fous du club d’arts martiaux. Oui oui oui. Ruby houspilla la Lamia qui était en retard, et lui indiqua la cellule.

« On se bouge ma grosse, c’est une mission capitale, c’est pas le moment de trainer ! »

Tout n’était plus qu’une question d’heure. Elle sourit et positionna ses défenses. On ne savait jamais…

**********

Il tournait dans le ciel. A vrai dire, il ne s’était jamais préparé à une situation pareille, et il était un peu démuni. Coupé de tout contact intelligent avec sa maitresse, mais ressentant encore sa présence, Naessala avait peur. Peur de ne plus jamais la revoir, ou de la retrouver comme elle était avant. Battant frénétiquement des ailes, errant sans but, il eut enfin l’idée du siècle. Pour un corbeau, c’est peu dire. En fait, ici, au lycée, la seule personne en qui Vika pouvait avoir confiance, c’était lui. Il était tard le soir, et Naessala espérait qu’il ne soit pas parti courir, ou ne savait quoi d’autre. Il se posa à sa fenêtre, croassant et tapant contre le carreau, aussi frénétiquement qu’un métronome réglé sur trois cents. La panique se lisait toujours dans ses cris et ses gestes. Son désespoir était à la hauteur de sa frayeur. Que quelqu’un lui ouvre…

Adam était en train de recopier difficilement ses cours, les sourcils froncés sur son travail. Il se concentrait de toutes ses forces pour écrire quelque chose qui ne ressemble pas ni à des pattes de mouche brisées, ni à des gribouillons fait par un chiot avec des crayons de couleur. Autant dire que ce n'était pas la tâche la plus aisée à laquelle il ait été confronté. Non seulement parce que les cours étaient dispensés en japonais, et que ce n'était pas sa langue naturelle. D'autre part parce qu'il avait du mal avec les équations et autres épreuves mathématiques. Il était fait pour sortir, courir, se battre, fonder une famille et protéger les siens. Pas pour... calculer la dérivée d'une fonction sinusoïdale. D'ailleurs, il ne comprenait même pas ce que c'était, une sinusoïdale.

Il tentait de se concentrer, alors que Becka lisait son devoir de littérature pour corriger les fautes commises - et elles étaient nombreuses. Soudain, un bruit agaçant lui fit relever l'oreille. Celui d'un bruissement de papier vigoureux, comme quelqu'un froissant... un devoir. Le loup de Maureen se retourna vivement, fusilla du regard Becka... qui lui lança un air ahuri. Dans ses mains, la feuille mal gribouillée était toujours intacte, bien que recouverte de corrections en rouge vif.

Adam : Tu n'entends rien ?

Becka : Non, pourquoi ?

Le loup-garou se leva de sa chaise, et tendit l'oreille. Il traversa la petite chambre qu'il partageait avec Alvis et Becka, et se pencha en avant. Quelque chose arrivait. Quelque chose de plutôt petit, et qui battait des ailes avec frénésie. Ce n'était assurément pas un être animorphe, il aurait fait plus de boucan. Non, cette chose c'était ...

Adam : Naessala ! Mais qu'est-ce qu'il fiche ici ?

Becka : Qui ça ?

Adam : Le corbeau de Vika. Euh Becka tu devrais t'éloigner, il à l'air de ...

TACATATACATACATACATA !

Le loup de Maureen se plaqua les mains sur les oreilles en signe de douleur, et poussa un juron. Becka se leva à son tour et se plaça derrière lui. Le petit oiseau frappait avec la frénésie d'un pic-vert contre un morceau de bois. Et visiblement, il était très agité.

Adam : Ouvre-lui ! Je vais devenir fou avec son boucan !

Becka : Une seconde. Tiens, voilà.

Le lycanthrope dégagea ses oreilles et fronça les sourcils. Naessala bougeait dans tous les sens, tel un petit canari affamé. Un comportement qu'il traduisit instinctivement par une peur incroyable. Une peur qu'il tenta de canaliser lui-même, délguttissant.

Adam : Naessala, calmes-toi. Qu'est-ce qui t'arrive ? C'est Vika, c'est ça ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Son ami à plumes s'agita de plus belle, semblant l'insulter. Adam sentit son coeur prendre une brusque accélération et proféra un juron odieux. Il tourna son regard sur ses exercices de maths, sur Becka, tenant toujours sa copie de littérature, puis sur l'oiseau.

Adam : Et puis merde. Becka, couvres-moi. Je suis dans la forêt.

Becka : Adam ! Mais attends !

N'écoutant stupidement que son instinct et les battements d'ailes frénétiques du familier de Vika, le loup de Maureen sauta par la fenêtre, rippa contre le mur, atterrit lourdement sur le toit, et se secoua dans tous les sens pour commencer à courir, ne prenant pas le temps de dire au revoir à son colocataire. Pendant que celui-ci lui hurlait que les portes n'étaient pas faites pour les chiens, il se rendit en courant droit vers le dôjo. Si Vika était quelque part, c'était sûrement là-bas.

S'il avait pris le temps de faire attention au familier de sa sempai, il aurait remarqué ses gros yeux le traitant d'imbécile. Trop tard. Il était déjà dans les vestiaires, et criait le nom de Vika à s'en époumoner... Il devait s'y faire, elle n'était pas là. Mais où alors ?

Reconnaissant une de ses affaires, il la serra contre lui, et leva de nouveau le regard vers le corbeau, l'air légèrement penaud.

Adam : Tu sais où elle est toi n'est-ce pas ? Oh Vika. Dans quoi tu t'es fourrée...

Souffrance. La douleur irradiait dans tout son corps. Elle n'osa même pas ouvrir les yeux. Elle checka mentalement son état physique. C'était pas joli à voir. Elle avait mal partout. Elle ne sentait plus ses extrémités, le sang coupé par les liens qui l'enserrait. Elle devait avoir une bosse affreuse sur le côté droit du crâne. Elle sentait encore la force du coup. Qui que ça pouvait être, cette gargouille était la personne la plus dangereuse qu'elle est pu affronter jusqu'à maintenant. Son égo était lui aussi en berne. Sa seule force et maitrise ne suffisait pas toujours, et si elle avait voulu, Vika serait actuellement morte.

Et elle avait peur.

Au loin, elle ressentait l'aura faible de Naessala, en bordure de son esprit. Quelque chose l'empechait d'en occuper le centre. Et la, elle comprit, avec stupeur, qu'elle n'était plus seule. En ouvrant les yeux, elle distingua la pièce, et surtout, le monstre devant elle qui semblait avoir sa queue sur sa tête. Une douleur fulgurante, infligée mentalement, punie sa hardiesse. Elle referma les yeux, et elle entendit une voix satisfaite :

"Reste sage, veux-tu?"

La peur, la colère, la souffrance, elle ressentait ses choses, et elle les voyait se matérialiser devant elle. Elle était dans sa fucking head. Et elle n'était pas seule. Et ça, elle était pas d'accord du tout. Oh, il ne fallait pas sortir de saint Cyr pour comprendre ce qu'il se passait. Il suffisait de voir comme un simple mouvement entrainait une réplique immédiate et incroyablement douloureuse en elle. On avait investi son fort, et il s'agissait maintenant de résister jusqu'à l'arrivée des renforts.

"DÉGAGE DE LA"

Un ricanement lui répondit. L'environnement se teinta encore plus de rouge. La peur et la honte lui cédèrent leur place, et il commença à faire chaud, très chaud.

Naessala comprit que le manque de communication n'aidait pas. Il aurait du le suivre, mais le corbeau aurait du se doutait que le loup foncerait d'abord tête baissée sans réfléchir. Il croassa un soupir, le guidant dans la pièce où gisaient les corps de ceux qui n'avaient pas eut la force de se relever de l'affrontement, histoire qu'il comprenne que ça avait bastonné. Il croassa une nouvelle fois, et sorti par le trou béant, avant de se diriger vers le nord, loin des zones fréquentées, pour s’arrêter devant un petit bâtiment qui ne payait pas de mine. Il s’était un peu calmé , car l'aura de sa maitresse s'était un peu intensifiée, mais il avait toujours peur. Juste que cela se voyait moins... Il se posa devant la porte et la tapota de son bec. Même le stupide loup devrait pouvoir comprendre.

Il fallait bien l'avouer, Adam avait du mal à comprendre ce qu'il était en train de se passer. Vika s'était volatilisée, et cela rendait très inquiet son familier. Mais surtout, le dôjo était sens dessus dessous. Il y avait eu une sérieuse bagarre par ici, et Vika n'avait pas été la seule à distribuer des coups dans tous les sens de ce qu'en voyait et sentait de lycanthrope. Excité comme un requin par l'odeur du sang, il se pencha sur les corps inconscients qui gisaient ça et là, et sentit son visage se tordre, ses sourcils se froncer.

Si Vika s'était battue si fort avant de se faire capturer, elle n'avait sans doute pas été prise par surprise par le premier prétendant trop insistant. Son odeur était partout. Celle de sa sueur, légère, mais signe d'un effort intense. Celle de ses cheveux, typique des combats où elle tournait sur elle-même, et donc d'un encerclement. Adam sentit son poul accélérer brusquement, et son sang battre à ses oreilles. Ce n'était pas une personne. C'était plusieurs personnes. Un groupe d'enfoirés qui n'avaient voulu lui laisser aucune chance. Mais dans ce cas... qui ?

Vika n'avait quand même pas d'ennemis au sein du conseil ? Et elle était bien trop droite pour se faire mettre en boule par une bande d'élèves mécontents de ses leçons de vie.

Naessala lui croassa dessus, comme pour lui dire de se bouger le derche avant que sa belle ne se fasse décapiter. Adam sentit ses pupilles se dilater, et son nez lui envoya une floppée d'odeurs entremêlées. Deux, trois, quatre personnes. Un troupeau d'élèves. Du parfum bon marché. Il fronça les sourcils, se concentra, et suivit le familier intelligent. La piste devenait plus nette, plus claire. Ils étaient plusieurs, et l'odeur de Vika était éteinte, et adoucie. Comme si elle avait dormi pour se déplacer. Sans doute assommée.

Le loup de Maureen sortit de ses pensées en levant le regard vers un vieux bâtiment, sans doute sur le point de s'écrouler. Son poil se hérissa et ses mains lui firent mal. Cet endroit puait le combat, les ombres malsaines et le gibier à plein nez. Il filait depuis la sortie la trace des rats venus ici pour manger un morceau ou un autre de cadavre. Par les couilles de Dehvi... qu'est-ce qui était en train de se passer ici ?

Sa vision de loup lui permit d'avancer sans trop de difficulté. Il dézingua deux rats qui voulaient lui croquer le mollet, et entendit quelqu'un grogner. Avant d'arriver devant une porte délabrée- là où s'arrêtait la piste olfactive - il se rendit compte que, celui qui grognait, c'était lui. Un fin filet de pensées noires lui traversa l'esprit. La mort de Vika. Lui arrivant trop tard. L'académie l'accusant de l'avoir trucidée. Le regard de Dehvi. Et la fuite, toujours la fuite. Il en était hors de question.

Le sang battant aux tempes, il força sur la porte, qui refusa de s'ouvrir. Prenant de l'élan, il se fracassa contre celle-ci, à vitesse lupine. Les gonds sautèrent sur place, soulevant la lourde porte déglinguée, et la faisant tomber sur le sol. A l'intérieur il y faisait très sombre. Le loup entra, sentant son dos se voûter, et tenta de faire taire les râles de bête qui s'échappaient de son gosier.

Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas senti ça.

Une bonne vieille colère. De celles d'un gamin à qui on ravit son jouet.

Adam : Qui que vous soyez, sachez que je vous sens.

Un reniflement menaçant s'échappa de sa gorge tandis que chaque respiration faisait vibrer ses cordes vocales en pleine mutation. Le loquet allait bientôt sauter, il s'efforçait d'attendre le bon moment. Seuls ses yeux et le bruit qu'il faisait trahissait sa nature profonde. Donner l'avantage à l'ennemi en lui dévoilant qui il était ?

Plutôt crever.

Adam : Je suis venu récupérer ce qui m'appartient. Alors soyez gentil, sortez de votre cachette, TAS DE MERDE.

Son cri se répercuta dans le vide. Puissant, vibrant. Un long couloir. Ou une très grande pièce. Putain.

Colère. La Lamia pouvait la sentir jusque dans son propre esprit, tellement l'indignation de la métamorphe était grande. Elle lui engourdissait sa queue de contrôle. C'était la première fois qu'elle s'attaquait à quelqu'un d'aussi puissant mentalement. Antithèse lui en demandait beaucoup. Oh, elle se doutait que cela restait dans son domaine de compétence, elle n'était pas née de la dernière pluie non plus. Cela prendrait juste plus de temps que prévu.

«Elle est coriace, la petite. Cela risque de durer un peu plus que prévu. »

La gargouille la fixa de ses deux yeux luisants de noirceur. Ce que la Lamia assimila à un regard noir. Elle déglutit, elle ne voulait absolument pas s'attirer les fureurs de ce monstre sur pattes.

«Et bien, mets plus de coeur à l'ouvrage, bon à rien. Ce serait dommage que je mange ta queue pour mon souper, hein? »

La Lamia baissa la tête et referma les yeux, retournant dans la tête de sa captive. Ses barrières mentales était d'une incroyable résistance. La Lamia était juste impréssionée. Normalement, seule des monstres doués de pouvoirs magiques et mentaux devraient en être capable, mais il semblerait qu'une volonté et une discipline de fer, ainsi qu'une vie bien reglée pouvait creer un esprit aussi fort. Ses vagues d'assauts se brisaient une à une sur les murailles, renforcée par l'esprit maintenant en eveil de sa cible, qui s'evertuait à la ralentir. Et même ses punitions douloureuses ne suffisaient pas à l'en empecher, et la Lamia ne voulant pas s'en servir de façon abusive, car cela lui était très couteux en energie. La bataille continuait, silencieuse mais meutrière.

**********

Ruby était contrariée. Son alliée était une incapable. Bordel, cela aurait du être un jeu d'enfant de s'emparer de son esprit. Elle serra les poings en reportant son attention sur sa surveillance. Elle sourit. Quelqu'un venait l'aider à se "calmer". Son cri et sa provocation retentirent dans toute la cave. Ruby ignorait comment il était arrivé la, mais il devait être eliminé, et peut-être demander des renforts si la localisation était désormais connue du comité. D'un bref hochement de tête, elle envoya ses hommes s'occuper du geneur. Elle suivrait, pour se delecter du spectacle de sa mort, puis se repaitre de sa chair encore chaude. Un homme lezard, un orc, un barbare étrange qui transformait ses membres en lame, et un genre de limace capable de cracher de l'acide. Cela devrait suffire pour s'occuper du jeune prétentieux. Et elle serait la, dans le pire des cas. Les pas de leur course se repercutèrent dans le couloir, et, ils se postèrent dans la grande pièce, allumant la faiblarde petite ampoule qui s'éteignait périodiquement. La voix caverneuse de Ruby retenti alors.

« Le seul tas de merde que j'entends ici est celui qui a essayé de peter plus haut que son cul alors qu'il avait la coulante. Si tu veux la récuperer, il va falloir venir la chercher. »

Les ricanements de ses sbires ponctuèrent sa tirade, puis ils se tendirent, près à en découdre. Seule la pénombre de dérrière l'embrasement de la porte cachait Adam, mais il l'entendaient parfaitement. Et fallait avouer que cela foutait un peu les miquettes. Enfin, pas à Ruby.

Adam fronça légèrement le nez. Il avait largement atténué le fil de sa pensée en parlant de tas de merde. Ce que ses narines captaient n'était qu'un méli-mélo d'insupportables odeurs. Celles de monstres puants, et sous leur forme véritable. Parfois pour se moquer de lui, certains camarades de classe le traitaient de chien mouillé. Mais l'odeur n'avait absolument rien à voir avec l'agression olfactive qu'il subissait. Il décomptait au moins quatre personnes, dont les odeurs caractéristiques du sbire de bas étage lui rappelaient le rat qui l'avait provoqué lors de sa première rencontre avec Vika.

Il y avait certains monstres qui auraient vraiment mieux fait de ne jamais exister, pour le bien de tous.

Lorqu'une voix lui répondit avec une plaisanterie imagée, et grossière, il sut que les quatre étaient cinq. Et que celui qui n'avait pas d'odeur était leur chef. Même avec son ouïe très fine, Adam n'aurait pu dire s'il s'agissait d'un sexe féminin ou masculin. Spontanément il l'aurait rangé dans la case "alcoolique souffrant de tabagie". Mais il était assez bien placé pour savoir qu'une voix se modulait en fonction de sa force. Bien, il allait avoir du pain sur la planche. Avançant de quelques pas, il se concentra pour faire le moins de bruit possible et remarqua que le sol était légèrement humide. Priant Maureen pour que ce soit de l'eau, et non pas un excrément quelconque, il fit quelques pas sur le côté, et écouta l'agitation droit devant lui.

Adam : On n'a rien sans rien.

Un grognement de gorge inaudible à longue distance. La cave ne devait pas mesurer plus de six mètres sur six, à tout casser. Il pouvait largement atteindre le mur en face de lui en moins de deux secondes. Le tout était de ne pas se rater. Sa peau se mit à se convulser. Il serra les dents du plus fort qu'il le pouvait pour empêcher le couinement de douleur de sortir de ses lèvres et sentit ses mains s'allonger, de longues griffes épaisses de loup remplaçant ses ongles. Pliant les genoux pour se donner de l'impulsion, il partit à l'attaque.

Un bond rapide, maîtrisé. Bras le long du corps, il frappa de chaque côté de son corps, à l'aveugle, et heurta quelque chose - un ennemi ? - peu lui importait, il savait où était le groupe d'attaquants, et pouvait réagir en conséquence. Bondissant contre le mur, il sentit ses chevilles l'insulter légèrement lorsqu'il se projeta à son point de départ. Une douce odeur métallique lui parvint. Celle du sang chaud qui sort juste d'une plaie ouverte.

Adam : Quatre incapables pour moi tout seul ? Il ne fallait pas.

Il secoua la main, pour chasser le sang de ses doigts, et décida de rester parfaitement silencieux. Développant son ouïe jusqu'à être sûr de capter toute la salle, il tenta de saisir une respiration chez l'ennemi, et calqua la sienne sur celle-ci. Ne pas perdre son sang froid. Ne pas perdre son self-contrôle. Ne pas perdre tout court. Sa peau le démangeait, le loup hurlait, voulait sortir. Mais il devait d'abord supprimer ces quatre-là, il en était certains.

Prévoyant, il se mit en garde.

Chaleur. Vika était tellement bouillante de colère que son esprit était une véritable fournaise. Elle semblait avoir rêvé la voix d'Adam au loin, et elle espérait de tout coeur que celle-ci était bien réelle. En attendant, elle suait. En esprit. Si, on peut, je vous assure. Mais la Lamia était encore plus mal qu'elle. Celle-ci punissait chaque vague de chaleur par des électrochocs qui faisaient hurler de douleur la métamorphe, se tortillant dans les méandres de sa propre tête. Mais elle ne faiblissait pas, et la plupart de ses barrières étaient encore intacte. Mais la Lamia gagnait du terrain, petit à petit. La voix de la créature retentit, comme si elle se trouvait contre son oreille.

«Abandonne. Ce serait tellement moins douloureux pour toi si tu te laisser aller... »

Vika tourna la tête de tout côté pour voir où elle était, mais elle était toujours en bordure de son esprit, faisant barrage à toute communication avec son familier, et affaiblissant ses barrières. Vika hurla, à plein poumon, sa rage déformant sa voix.

«Plutôt crever! »

De l'extérieur, seul un petit tressaillement de la paupière et la respiration saccadée de Vika trahissait signe de vie en elle.

**********

Ruby salivait. Le petit bougeait vite. Et plutôt bien. La blessure béante dans le corps de l'orc en témoignait. Avec les grognements, Ruby ne mit pas longtemps pour en déduire la race de son adversaire. Un loup-garou, il allait sans dire. Encore un monstre qui ne pouvait rien contre elle, aussi dure que le diamant. Son ricanement semblable à une parodie du rire de Bowser s'éleva par dessus le râle de souffrance de l'orc. Qu'il crève, celui la. Elle l'acheva en lui écrasant la tête de son pied.

« Pas trop mal pour une sous merde. »

Elle fit signe à la limace de cracher à vue, et aux deux autres d'avancer, toute griffes sorties. Oh, Ruby ne se faisaient pas d'illusion, ils allaient surement mourir. Tant pis pour eux, ils n'avaient qu'à être plus fort. Cela finirait en mano à mano. Loup contre gargouille. Et ce n'était pas le genre de Ruby de mourir en un coup de griffe. Elle se frotta les quatre mains en ricanant encore une fois.

« Mais on a peur de se montrer? Surement que ta tête est à la hauteur de ta force. Mais ce serait surement une meilleure arme de nous la montrer pour qu'on vomisse d'horreur. »

Cela devrait suffir, elle ne dirait plus rien. Elle rafficha un masque neutre de tueur de sang froid. Seule sa langue pendante suintant une bave presque noirâtre indiquait sa faim. Au menu, loup cru !

Le bruit d'un crâne qu'on écrase ravit le monstre à l'intérieur de lui. Un frisson lui parcourut l'échine tandis que le craquement caractéristique de la boîte crânienne faisait écho à celui d'un cerveau explosé et répandu sur le sol. Une vie qui quitte un corps dans une grande gerbe de sang. Cette odeur métallique, caractéristique des organes frais. Une scène d'horreur en direct. Le Adam de façade était effaré de voir autant de violence gratuite. Après tout, cet orc avait eu la seule erreur de se faire toucher. Sans doute était-ce là le fonctionnement de ses ennemis. La moindre faiblesse était réduite à néant.

??? : Pas trop mal pour une sous merde.

Bizarrement, il se sentait comme un gladiateur face aux lions. Un prince aux mains pleines de sang. Un guerrier dans le couloir de la mort. Il savait que le moindre faux pas le mènerait à une fin certaine, et douloureuse. Adam se renfrogna, tentant d'ignorer l'appel de la bête que provoquait autant de sang. Ce n'était pas une chasse. Ou il n'était en tous cas pas le chasseur. Ses adversaires avaient un avantage du nombre. Mais le grognement au fond de sa poitrine n'était pas seulement une trahison de sa position. Non. C'était le signe qu'il se contenait du mieux qu'il le pouvait.

??? : Mais on a peur de se montrer? Surement que ta tête est à la hauteur de ta force. Mais ce serait surement une meilleure arme de nous la montrer pour qu'on vomisse d'horreur.

Le loup réagit au sarcasme en changeant de position. Dos voûté, son saut s'effectua dans un grondement sourd. Ses jambes de plus en plus lourdes rebondirent contre un mur et lui permirent de se décaler au moment où l'impact d'une bave acide manqua son bras. Il entendait nettement les déplacements de ses ennemis, et tournait en rond sans s'arrêter pour ne pas se faire avoir. La trace qu'il percevait le mieux était celle d'un reptile. Son sang froid et son odeur caractéristique l'attirait irrémédiablement. Il se fit mettre en joue, sauta pour éviter de se faire trancher un membre, glissa sur une flaque de mucus, et se rattrapa en manquant de rentrer dans le reptile. Son coeur manqua un battement.

Sa manche fondit presque instantanément, et sa peau lui brûla soudain. Poussant un hurlement à mi-chemin entre la bête et l'homme, il entendit ses os craquer, son squelette se déformer, et lutta de toutes ses forces pour économiser sa forme de loup. La douleur le drogua. Son regard jaune vif, luisant d'envie de tuer, se porta sur l'homme lézard. Devant la taille de son adversaire, celui-ci sembla se ratatiner. Adam eut un rire de gorge, joignit ses mains pour en faire des couperets, et se déplaça à vitesse lupine derrière lui.

Adam : Trop tard.

Dans un sifflement à peine audible et une gerbe de sang qui lui arrosa le pull et la gorge, le loup décapita purement et simplement son ennemi. Les os de son bassin émirent une protestation et une douleur indicible envahit ses membres inférieurs. Renversant la tête en arrière, il poussa un rugissement de protestation, pétrifiant ses ennemis une bève seconde. Celle qu'il lui fallut pour se laisser submerger par une faim insupportable. Soufflant de tout son corps, il tourna son regard vers la limace, et se jeta sur elle, faisant fi d'un éventuel jet d'acide. Son poing la cueillit à l'estomac, ses griffes s'enfonçant dans ses petites côtes trop fragiles. D'un coup de coude, il lui aplatit la tête au sol, et lui déchira la gorge en tentant d'arracher sa tête du reste de sa carcasse.

Aussi vite que lui permettaient ses membres, Adam se jeta sur le troisième adversaire, jongla avec ses lames de ses griffes acérées, et le força à reculer. Pourtant potentiellement plus fort que lui, l'autre semblait effrayé. Puissant dans son être comme dans son paraître, Adam ne tarda pas à le mettre à genoux, écartant ses bras pour lui grogner méchamment au visage. Oh l'expression de terreur absolue qu'il avait valait toutes les leçons du monde.

Les émotions nuisaient au combat. C'était une maxime de Vika.

Les crocs du loup saisirent son ennemi à la gorge. Un craquement profond, de ceux de deux vertèbres qu'on déplace. Le lycantrhope laissa sa langue voler un morceau de chair, et respira profondément, ce qui lui restait de vêtements se soulevant à chaque inspiration. Il pointa de son doigt l'ennemi qu'il voyait désormais très bien, sa vue adaptée à l'obscurité.

Adam : A ton tour.

Sa voix, un grondement animal et menaçant, projeta une gerbe de postillons sanguinolents. Il doutait pouvoir achever un nouvel ennemi, d'abord parce que son bras était endolori. Ensuite parce qu'il avait déjà eu sa dose de chair. Et qu'il se sentait seulement à la hauteur de la cruauté détachée de son hôte.

[HS : Au cas où tu te poserais la question. Non. Je n'ai rien fumé avant d'écrire ça.]

Crainte. Le rouge de son esprit se veinait un peu de bleu, qui pulsait, refluait ou grandissait en fonction des assauts de la Lamia. Et si l'odieux envahisseur avait d'abord cru sa victoire assurée, elle avait vite déchanté quand une myriade de lien vert émeraude avait enserré et ligoté ces prémices de peur. De la maîtrise à l'état pur. Si la Lamia n'avait pas été en son esprit ici et maintenant, elle était persuadé que le conflit interne de la jeune métamorphe ne serait qu'à peine perceptible.

« Va tu lâcher prise à la fin? »

Elle ponctua sa rage d'un long et puissant électrochoc de douleur pure, jouant avec les récepteurs de l'esprits. Une torture de l'âme tellement facile... Les cris qui s’élevèrent étaient divins, et à la fois, amer. La Lamia n'était même pas sure de pouvoir gagner ce combat la..

« Quand je me réveillerais, je te promet de te rendre ça au centuple.»

Vika avait dit ça sans haine. Elle souffrait mais restait la même. Vindicative mais pas destructrice. On ne pouvait impunément lui infliger autant de chose aussi vite, sans qu'elle ne fasse pas comprendre que c'était pas son délire. Elle se recentra sur son combat, qu'elle ne devait pas perdre.

**********

C'est presque avec délectation que Ruby assista à l’exécution presque parfaite de ses sbires, en mâchonnant un bras de l'orc. C'était effectivement un loup-garou. Un jeune, de ce qu'elle en savait, et c'était de toute façon probable dans ce lycée, à moins que celui-ci ne soit un professeur. Mais ce n'était pas le style d'un professeur réfléchi que de venir foncer tête baissée sans un minimum de préparation. De ce qu'elle avait vu, le petit s'était fait toucher au bras par la bile acide de son ancien sous fifre. peut-être le moins inutile des quatre. Elle ne mangerait donc pas son cadavre et l'honorerait, un petit peu. Puis, elle ne se voyait pas vraiment manger une limace.

« Mon tour, mon tour. J'attends de voir ça. »

Elle souriait de toutes ses dents noires, bavant à grosses gouttes, de la salive mélangée au sang noir de l'orc. La gargouille prit le reste du cadavre, le découpa en plein de petit bout et commença à s'amuser. Elle les jeta bout par bout su le loup. Oh, a part certains os, il ne devrait pas avoir très mal, mais c'était toujours répugnant pour quelqu'un de normal que de se faire bombarder par des morceau d'orc. Elle finit par ce qui restait du crâne, avant de faire crisser la pierre de ses mains en les frottant fortement les unes sur les autres.

« Mince, y'en a plus. »

Elle avait dit ça d'un ton détaché, presque insultant. Puis elle commença son assaut. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, c'était un monstre vif. Certes pas autant qu'un loup garou, mais elle se déplaçait bien, et n'était pas au fait de contraintes physiques telles
que les tendons ou autre connerie qui lâchait si on y faisait pas gaffe. Elle n'avait pas vraiment de style de combat. On fonçait sur son adversaire, on le tabassais jusqu'à ce que ça gigote plus assez pour que cela empêche la gargouille de le dévorer vivant. Tout dans l'air l'excitait. Les odeurs de morts, de sang et de boyaux, même la putrescence de l'acide de la limace. Son coeur magique vibrait d'excitation et sublimait la lueur rouge malsaine de son regard. A chaque fois qu'elle essayait de se jeter sur lui, elle rugissait d'un cri inhumain, qui grondait comme le tonnerre et roulait sauvagement comme la mer en furie. Chacune de ses attaques faisait trembler l'ensemble de l'édifice. De toutes les émotions qui la traversaient, la Faim était celle qui l'étreignait le plus. Cette faim insatiable de puissance.oui, c'était ce qui la caractérisait le plus. The Hunger... quel joli surnom...

L'adversaire qui lui faisait face le répugnait. D'abord, parce qu'il avait peiné à sentir une quelconque autre odeur que celle du granit... jusqu'à ce qu'elle ouvre la bouche. Elle salivait, cette immondice. Elle salivait de toutes les gouttes de bave que son corps de granit pouvait contenir. Adam était quelqu'un à l'odorat très sensible, et particulièrement répugné par les fluides corporels et leurs odeurs. Lorsqu'il sentait la sueur, le sang ou la bile il se sentait... perdre de son humanité. Comme à l'instant présent. La scène qu'il venait de vivre était littéralement surréaliste. Comment aurait-il pu réaliser qu'il avait exécuté trois êtres vivants magiques, comme lui, pour en sauver une seule et unique ? Quel droit avait-il eu à reprendre ces vies, sinon celle, basique, d'un territoire bafoué ?

Mais ce qui le répugna plus que ça encore ce fut la sauvagerie avec laquelle l'animal qu'il avait en face de lui exécuta son larbin. Sans prendre de gants, avec cruauté et boucherie. Les odeurs des viscères envahirent toute la pièce tandis que dans de larges jets de sang le corps de l'orc - ou ce qu'il en restait - était réduit en morceaux informes et immangeables. L'oeil unique d'Adam s'écarquilla lorsqu'il vit qu'elle lui lançait ses morceaux dessus. Un par un, les bouts de cadavre volèrent dans sa direction, tant et si bien qu'Adam se demanda ce qu'elle essayait de faire. Il avait beau être loup, il n'était pas domesticable. Soit cette saloperie ambulante était stupide, soit elle se moquait de lui.

Prenant la deuxième solution comme plus probable, le lycan eut un regain de colère et se mit à bouger comme un lion en cage pour éviter ces morceaux de mort. Il était chasseur, par croque-morts.

??? : Mince, y'en a plus.

Le loup saisit le regard de la créature et sentit un instinct incroyablement primaire refaire surface. S'il ne la démontait pas sur le champ, il serait la proie et le jouet morbide de ce truc. Il répliqua à la lueur rougeâtre par un hurlement bestial, à ses grognements par d'autres, certes moins puissants mais tout aussi menaçants. L'homme avait définitivement déserté ce corps lupin qui évitait comme il le pouvait de mourir écrasé. Adam rebondissait contre les murs, glissait derrière son agresseur, et se raclait les griffes contre sa carapace infranchissable.

Parmi tous les monstres de Yôkai qui rodaient et étaient capables de bouffer d'autres monstre, il avait fallu qu'il tombe sur le seul qu'il était incapable de battre.

La créature rocheuse, qui qu'elle soit, gagnait du terrain. C'était mauvais pour lui. Il avait laissé tomber l'attaque pour se porter uniquement sur la défense, anticipant suffisamment ses mouvements pour ne pas finir écrasé purement et simplement par son poids. Ce truc devait au bas mot peser une tonne, avec les tremblements qu'il faisait subir au bâtiment. Bordel. Il n'allait quand même pas crever la gueule ouverte, pas maintenant, pas ici. Pas alors que Vika l'attendait.

La pupille du lycanthrope se dilata soudain. Dans la brume animale de son combat l'image, claire, de la femme corbeau l'attendant se fit plus insistante. Il jeta un regard à la bête furieuse qu'il avait face à lui, et au mur derrière lui. Merde. Il était acculé.

Adam chercha au plus profond de lui-même une solution, et n'en vit qu'une, la même que d'ordinaire.

Foncer.

Dans un geste désespéré, il s'appuya contre le mur, faisant couiner ses mollets de protestation, et il se projeta vers l'avant. Le mouvement était si violent qu'il manqua de trébucher sur plusieurs mètres. Ses jambes s'emballèrent, et il recommença à courir, à toute allure. Il manqua le coin de l'ouverture, se prit violemment l'encadrement, et dérapa sur le derrière, accrochant sa fourrure à tous les gravats que leur affrontement avait créés. Il pesta intérieurement, se força à se redresser, et vit une chose qui le glaça d'effroi. Une créature reptilienne, qui dardait sa... queue sur la tête de Vika. Déjà très énervé par la situation, Adam sentit son sang accélérer le mouvement, et pénétra dans la pièce. Il entendait derrière lui la créature qui le rattrapait à grande vitesse.

N'écoutant rien d'autre que ses tripes, Adam trancha dans le vif, et sectionna net la queue de la créature-casque qui retenait Vika. Mort de fureur, le loup de Maureen attrapa Vika pour l'empêcher de s'écrouler et la protégea entre ses bras, reculant dans un coin de la salle, tous crocs dehors, en posture défensive. Elle était entre ses bras, elle et son petit corps rompu par la douleur mentale qui l'avait laissée transpirante.

Adam : N'approche pas.

La menace sourde s'adressait à la charcuteuse d'orc, tant qu'à sa compagne qui se dortait de douleur, se morfondant sur son appendice sectionné. Le loup était sorti, c'était le chef de meute qui lui faisait place. Vika était tout ce qu'il protégeait à Yôkai, il aurait pu crever là, il l'avait éloignée du danger le plus immédiat.

Ruby prenait décidément plaisir à ce combat perdu d'avance pour le loup. Son changement d'attitude était aussi délectable qu'un coeur vivant. Passer de l'offensive à l'esquive, de la rage de vaincre au désespoir. Sa peau rocailleuse était parsemée des marques blanches que laissaient les griffes inefficaces du loup-garou. Bien piètre attaque. Son ricanement se changea en rire sadique. Mais, dans sa folie meurtrière digne du plus grand des berserk, elle en avait oublié un point important. Ce qu'elle protégeait à l'origine. Ce petit bâtard avait décidé que le combat était perdu, et elle ne pouvait pas lui donner tort, alors il allait tenter le tout pour le tout. Et malgré un petit coup par la caboche, cela avait plutôt bien réussi. Ruby pesta intérieurement, d'une certaine manière, elle avait échouée. Elle n'avait plus qu'à les tuer tous les deux. La Lamia perdit tout contact avec Vika, et de la section de sa queue retira grande souffrance. Son cri de douleur était déchirant, puisqu'elle venait aussi de perdre le vecteur de son pouvoir. Autant dire qu'elle était inutile maintenant. Ruby la tuerait aussi, après.

«N'approche pas? Et si j'en ai envie, tu feras quoi? Tu graveras une bite sur ma peau avec tes griffes aussi dangereuse qu'un lapin?»

Elle s'avança d'un pas, puis d'un autre, se dévoilant un peu plus dans la lumière de la pièce où se trouvait Vika et Adam.

***

Vika sentait ses défenses tomber. Malgré tout ses efforts, la Lamia gagnait trop de terrain maintenant. Ce n'était plus qu'une question de minute pour qu'elle laisse tomber l'éponge et abandonne le fief de son esprit à ce monstre de malheur.

« J'espère que tu souffriras autant de ce que je te ferais devenir que de ce que tu as vécu ici.»

Les paroles moqueuses de la Lamia qui n'étais plus qu'à quelques mètres d'elle la mirent hors d'elle, et confirmait ce qu'elle pensait. Ses dernières barrières psychiques cédèrent, et son esprit entier se couvrit d'un bleu nuit, veiné d'un autre plus électrique. La peur était partout en elle, rongeait ses dernières forces. Et d'un seul coup, plus rien. La Lamia disparu, et elle sentait tout son corps. Elle était épuisée. La métamorphe hurla. Un long cri. De souffrance et de désespoir. La connexion coupée si brutalement lui infligea une terrible brûlure psychique. Elle convulsa plusieurs secondes avant de reprendre un contrôle sur ses mouvements. Sa respiration était saccadée, ses battements de coeur aussi. Tout ce qu'elle sentit, c'est de la fourrure, et une présence réconfortante. Adam. Elle en était persuadé. Une infime partie de son être explosa de joie, mais l'autre était trop occupé. Le bleu nuit était toujours la, son esprit n'était que ténèbres. La Lamia pouvait recommencer. Et quatre-vingt dix neuf virgule quatre-vingt dix neuf pour cent de son être était focalisé sur cette atroce idée. Elle ouvrit les yeux. Reconnut Adam au dessus d'elle, qui la serrait contre lui. En face, la Lamia, qui tenait sa queue à deux mains, souffrant le martyr. Bien fait pour elle. Au loin, elle sentit l'aura sanguinaire de celle qui l'avait attaqué au dojo. Elle comprit que c'était la merde. Mais elle s'en fichait.

La peur, fluait refluait, pulsait comme un coeur noir qui corrompait son sang. Et elle devait faire cesser la source, sous peine de destruction et de perte totale dans les ténèbres. C'était surement la dernière pensée construite qu'elle eut pendant cet instant. Le changement fut incroyablement perceptible, au point que Ruby qui s'approchait doucement stoppa son avancée. Une incroyable explosion s'opéra dans son esprit, et dans une mer de feu, fit s'évaporer la marée de peur qui l'assaillait. Tout son corps réagit, bouillonnant. Sans un mot, d'un geste ferme mais pas agressif, elle se dégagea d'Adam, et se remit debout. Ses poings étaient serrés si fort qu'ils en étaient blanc, ses ailes sorties, ses yeux étaient dénués d'expression, comme si elle n'était plus elle même. Elle s'approcha de la Lamia qui reculait aussi terrifié qu'un rat dans un bocal à serpent. Pathétique. Vika lui cracha dessus, lui arracha un cri. Et le coeur. Elle éclata d'un rire dément, faisant exploser l'organe en serrant le poing.

« C'est l'heure de l'addition.»

Le millième de pour cent encore raisonné de son être trouvait la scène horrible, se sentant comme Ulki. Mais le reste s'en branlait. Toute la rage qui l'habitait pris forme, comme lorsque l’énergie qu'elle maîtrisait à la perfection l'avait enveloppée lors de ce combat contre le faucon. Un simple humain se tenant à côté d'elle aurait été réduit à néant par l’énergie qui s'en dégageait, par toute la puissance de son esprit incontrôlée et incontrôlable. Et, étrangement, elle ne s'était jamais sentie aussi puissance, aussi enivrée de pouvoir... La partie de son être qui avait sombré dans la folie aimait cela. Elle se rua sur la gargouille. Bien plus vite qu'elle ne l'aurait jamais fait en temps normal. Et de façon totalement stupide. Mais cela marcha, d'une part parce que sa vitesse était terrifiante, et d'une autre, parce que c'était tout simplement inattendu. Et elle fit mouche. Son poing s’écrasa contre la joue de pierre de Ruby, qui s’écrasa et s'enfonça dans la parois. Vika n'eut même pas mal. Elle riait. Oh, cela ne suffirait pas à blesser Ruby réellement, mais c'était un début. La métamorphe cracha sur la gargouille, et reprit son assaut. Un tabassage méthodique. Une droit, une gauche, une droite, une gauche. Chaque coup enfonçait plus profondément la gargouille dans le mur, puis dans le sol qui se trouvait derrière. Elle tentait bien de riposter, mais son manque d'amplitude ne suffisait pas à frapper Vika assez fort pour la déloger. Parce que celle-ci ne semblait pas souffrir. Pourtant, elle devait bien avoir plusieurs côtés de cassées. Mais elle continuait de taper comme si rien d'autre n'importait. Taper. Toujours. Encore. Taper. Chaque coup faisait trembler le sol, de la poussière tombait du toi, la pierre derrière Ruby se craquelait. Les mains de Vika se teintèrent de rouge. Et alors? Elle frappait. Quand Ruby fut enfoncée trop profondément pour pouvoir l'atteindre, elle démolit la roche autour avec ses pieds, lui redonnant la forme de poussière, et elle reprit. Taper. Encore. Toujours.

Imaginez-vous être un hippie persuadé des bienfaits du végétalisme et de la musique New Age. Imaginez-vous un instant que votre maître, fervent défenseur de ces vertus, vous répète chaque jour que la viande vous tuera. Vous voyez chaque jour un peu plus de quoi il est capable, et comment il garde son sang froid sous un masque zen. C'est bon ? Bien. Maintenant, imaginez que ce même maître végétalien vous apparaît dans un restaurant de viande crue. Et qu'il dépèce à grands coups de fourchette un steak cru de boeuf. Une pièce de choix. Une barbarie inimaginable.

L'air ahuri qu'eut Adam sous forme de loup en voyant Vika arracher le coeur de la Lamia se rapprochait fortement de celui d'un hippie découvrant le charcutage de viande. Il eut très chaud, puis très froid. La voix de sa douce Vika, d'ordinaire calme et franche, partit dans des sonorités qu'il le lui connaissait pas. Elle jubilait, littéralement, le regard fou, la tête renversée, l'organe entre ses doigts. D'une sauvagerie sans nom ses cheveux ébouriffés se couvrirent d'hémoglobine tandis que lui restait là, bras ballants, cherchant quelque chose pour se rattraper.

Mais Vika n'était pas d'humeur à se laisser rattraper.

Il vit dans ses muscles roulant sous sa peau, ses coups distribués à l'être de pierre, une sauvagerie enfouie. Il vit dans les cris qu'elle laissait échapper toute la rage qu'elle avait contenue jusqu'alors. Il vit dans la puissance qui menaçant d'ébranler le bâtiment toute la colère qu'elle renfermait. Toutes les fois où elle s'était forcée à se maintenir dans un carcan de maîtrise. Toutes celles où elle avait essuyé les bévues des autres. Toute la protection et la frustration qu'elle avait distillé à travers sa vie sortait sous forme d'une énorme frénésie. Une aura monstrueuse. Une rage blanche.

Le loup de Maureen sentit un pincement, puis une brèche s'ouvrir au coeur. Dans le regard perdu de Vika il surprit celui d'Arthur. Dans ses gestes désespérés sa fureur d'être toujours faible. Dans ses os, qu'il voyait et sentait craquer un à un le funeste destin dont avait été victime son frère cadet. Sans réfléchir d'avantage, Adam se jeta dans la bataille, alors que la créature était enfoncée dans son mur. Vika avait les mains en sang, et la bête au fond de lui sentit ses sens s'affoler. Sa pupille se dilata lentement alors qu'il tentait de la raisonner. Mais Vika n'entendait pas la raison. Elle continuait de détruire la roche. Frapper son agresseuse. Fendiller le bâtiment. Elle dégageait une odeur de proie. Une odeur de presque cadavre. Et Adam sut qu'elle mettait son corps en grand danger.

Son cerveau embué par l'envie qu'il contenait à grands tremblements de sauter à la gorge de sa sempai, le loup hurla à la lune. Un long et terriblement profond hurlement, qui résonna longuement à travers le bâtiment, fit vibrer les canalisations, vrilla les tympans, et s'écrasa dans un grognement qui n'avait plus rien d'humain.

Adam : Calme-toi maintenant Vika ou je me chargerai de te calmer.

De toute sa hauteur il grogna à côté de son oreille, bavant sur son épaule frêle et blanche. Le regard fou, babines retroussées, il profita de sa vitesse pour dégager la belle d'un coup de patte qui ressemblait plus à une grosse baffe. La créature dans le sol ne tarderait pas à se relever. Elle était certes très amochée mais elle se relèverait. Et tout recommencerait.

La bête se tourna vers la belle, et la jaugea une fraction de seconde. Celle qu'il lui fallut pour décider qu'il n'était plus temps de réfléchir. Bondissant comme un diable en boîte, il sauta à pieds joints sur le corps plié en deux, pour l'ensevelir sous la carcasse en ruine. Encore, et encore. Pour chaque gémissement qu'il avait senti quitter le corps de Vika. Pour chaque cri qu'elle avait lâché. Chaque coup qu'elle avait subi. Chaque marque qu'elle garderait sur la peau. Il sauta encore et encore, ses mollets hurlant de douleur un peu plus chaque fois.

La boule de fourrure rousse ne cessait de refaire le même trajet, courant pour prendre de l'élan, attendant de trouver une meilleure idée.

Adam : VAS-TU CREVER MERDE DE CANIVEAU ?

Une pluie de postillons sanguinolents éclaboussa la créature de pierre. Adam jeta un regard en biais à Vika, et eut un mouvement d'énervement maladroit. Il n'y arriverait pas tout seul.

Stupeur. Jamais Ruby n'aurait cru quelqu'un d'une telle violence. Même elle ne se serait jamais vu dans cet état. Et dieu sait qu'elle pouvait faire preuve de démence. Mais la, Vika semblait presque possédée. Et elles avaient mal. Aussi résistante que Ruby pouvait être, elle subissait les coups qu'elle recevait. Violemment. Elle était obligée de se concentrer sur les parties visées à grand renfort de magie. Car, même si elle n'aurait jamais osé l'avouer, les coups de Vika la brûlaient. C'était comme ça avec son corps de pierre magique. Elle ne saignait pas, savait qu'on ne pouvait la trancher ou l’ébrécher, mais elle avait toujours mal. Elle en avait tellement l'habitude que ce n'était pas très grave, quand on la frappait superficiellement, et son absence de douleur immédiate faisait que ses adversaires se décourageais vite, en général. Car il fallait frapper fort. Mais dans son abandon total, Vika se fichait de se blesser elle même, et l'aura qu'elle y rajoutait ne faisait qu'accentuer chaque impact. En réalité, dans le dojo, si Ruby ne s'était pas montrée insensible au coup de la métamorphe, la gargouille aurait peut-être était vaincue. Ses combats étaient en fait un véritable jeu d'acteur, qui testaient la résistance aussi bien physique que mentale de son ennemi. Si celui ci était à sa hauteur, bien entendu. Les chocs réguliers se répercutaient dans l'ensemble de son corps de pierre, l'enfonçant toujours plus profondément dans le sol rocheux. C'était pourtant à son avantage, ce sous sol. L'energie des minéraux qui l'entourait la gorgeait de puissance. Mais, ce n'était pas suffisant.

La pluie de coup se calma. Ruby n'osa même pas bouger. Pas tout de suite. Elle ne s'avouait pas vaincue, non, mais elle avait besoin de temps pour remettre son corps et ses idées en place. Puis le manège reprit. Moins appuyé, une cadence plus lente. Et une force tout autre. Ruby se doutait que ce n'était plus Vika, et surement le loup garou. Il essayait... de gagner du temps? Elle ne savait que trop. Ils auraient pu partir, elle ne comptait pas bouger. Elle n'aurait pas du les sous-estimer. Maintenant, elle avait perdue. Oh, pas le combat, elle comptait bien se venger et leur mener une vie impossible désormais. Mais le plan tombait à l'eau, et elle ne parviendrait plus à les tuer. Pas aujourd'hui. Mais elle y parviendrait.

***

C'était tout simplement jouissif. Elle exultait littéralement. Chaque coup lui prodiguait un plaisir fou. Chaque frappe une onde de délice. Chaque attaque était un frisson qui la parcourait. Même le hurlement d'Adam à ses côtés ne pouvait l’empêcher de savourer ce tabassage. Elle s’arrêta quelques secondes pour contempler ses mains. Elles étaient noires. Noires de sang séchées, et rouge de celui qui coulait encore. Tant pis. Elle repris. Adam parlait de sa calmer. Pourquoi faire? Elle était heureuse. Elle était bien. Pourquoi s'arrêter? Puis. Plus rien. Le noir. Total. Elle rouvrit les yeux. Elle avait mal à la tempe. Elle se frotta le front avec sa main, avant de se rendre compte de la douleur qui irradiait de celle-ci. Qui irradiait de tout son corps. Elle ne put même pas crier. Elle se retourna sur le dos, pour éviter de faire souffrir ses côtes. Comment avait elle réussi à se mettre dans cet état? Et soudain. Elle se souvint. Un flashback d'image en accélérée traversèrent son esprit. Comment? Pourquoi? Qu'est-ce qui lui avait pris?

Elle vomit sur le côté. Elle sanglota aussi. Vika avait mal, physiquement, mais aussi psychiquement. Toute ce sur quoi elle fondait sa vie venait de s'effondrer.

«Bien fait pour toi.»

La vois avait résonné dans sa tête. La Lamia.

« Quoi? T'es encore la toi?»

Pourquoi était-elle encore la? En tout cas, Vika était rassurée. Ce n'était pas sa faute. Elle avait juste cet enfoiré de lezard qui subsistait encore dans sa tête. Elle la sentait moins puissante, mais elle était la, tapis dans un coin de son esprit, à attendre le bon moment pour prendre le contrôle de son corps. Et elle l'aurait encore si Adam n'avait pas réagi.

« Merci...»

Ces mots sortirent tout seul, tellement elle les ressentait. Adam l'avait sauvé de quelque chose de terrible, et elle lui en serait à jamais reconnaissante. La Lamia dans sa tête ne serait qu'un démon de plus à combattre et à contrôler, en attendant de complètement s'en débarrasser. Elle leva les yeux vers lui. Il s'efforçait de maintenir la gargouille dans son trou. Quand il vit qu'elle était plus ou moins elle même, il lui indiqua à sa façon qu'il aurait bien besoin d'un coup de main. Alors, elle fit ce qu'elle ne pensait pas faisable. Elle se leva. Elle faillit hurler, encore, si le fait de prendre une grande inspiration ne lui faisait pas autant souffrir. Sur ses jambes, ça allait, elle n'avait pas de lésions, et elle pouvait marcher presque normalement.

« On ne la battra pas. Pas ici. Retiens la quelques secondes, le temps que je sorte. Ensuite, Naessala te mènera jusqu'à moi. Brouille les pistes avant. Si l'on revient vers des endroits fréquentés, elle ne pourra plus agir.»

Alors elle commença à courir. Enfin, à boiter vite, les vibrations de son début de course se répercutaient dans ses côtes brisées. Elle allait mettre des semaines à se remettre. Elle pesta en se traînant. une fois dehors, elle pu voler, doucement, jusqu'à un endroit sur. A savoir, l'infirmerie. Il n'y avait personne à cette heure, mais ils étaient dans des bâtiments habités, et son statut lui permettait de se servir. Elle nettoya ses blessures, se banda la quasi intégralité du corps, puis s'installa dans un lit, se calant pour ne pas bouger. Elle allait passer un sale mois... Il ne lui restait plus qu'à attendre le retour d'Adam, enfin en sécurité.//

Parmi les nombreuses odeurs corporelles que le loup-garou ne supporte pas, celle de la bile est la pire de toutes. Ces relents acides et forts, marqués d'une nourriture prédigérée, ce fumet de décomposition gastrique, et ce bruit significatif que leurs oreilles enregistre si bien. Mais pire encore que d'être témoin d'un vomissement une fois sous forme lupine, subir cet affront auditif et olfactif de la part d'une personne proche les fait instinctivement s'inquiéter de l'autre. Car un lycan ne vomit jamais, ou très rarement, et lorsqu'il est victime de nausées c'est pour une cause souvent grave, toujours dangereuse. Son hésitation sans doute se lut-elle sur ses traits, car la créature de pierre qu'il s'efforçait de faire disparaître eut un air de psychopathe. Adam réagit en la tabassant de plus belle, laissant Vika s'enfuir le plus vite possible.

Noyé dans ses grognements, quelque part entre l'animal et le chevalier servant, Adam tendit l'oreille. Un remerciement sortit d'entre les lèvres de sa sempai. Gonflant son égo, lustrant son cachet, lui donnant le regain d'énergie nécessaire à appliquer ses consignes. La laisser partir, et se laisser guider par son familier. Brave petit Naessala. Le loup de Maureen et sa fourrure longue et tachée de sang et de gravats chargèrent à en décoller une gamine du sol. Tel un Minotaure face à ses offrandes, Adam Mayers éloigna la monstruosité de sa belle qui se faisait la malle. Toujours aussi vif, revigoré par un seul et simple mot, il donna tout ce qu'il put, attendant le signal de Naessala. Ses gestes se fluidifièrent, drogué par une lune ronde et pleine qui était sans doute déjà en sécurité, quelque part dans le lycée.

Guettant le bon instant, il profita d'une brève perte d'attention de son adversaire pour filer aussi vite que ses jambes arquées de prédateur le lui permettaient. Il sauta façon kangourou à travers le couloir qu'il venait de traverser, ses griffes antérieures frottant contre le mur, son poil ripant contre la paroi. Sa vitesse lycanthrope le fit glisser, il s'écrasa contre un mur et poussa un grognement de mécontentement. Légèrement sonné, entendant son ennemi se relever, il fut prit d'un vent d'adrénaline incroyable. Le sang et les morceaux de ses combattants précédents tapissaient encore la salle principale, et le loup se fit violence pour ne pas dévorer une chair encore chaude ainsi à porté de main. Se mettant sur ses quatre pattes, il commença à galoper, s'enfuyant comme un voleur. L'herbe extérieure lui fouetta le visage, l'air chargé d'odeurs lui embrouilla l'esprit. Il ne parvenait pas à faire partir ce relent salé et métallique du sang frais. Ni cette envie dévorante qui consumait son âme.

Il devait mordre, il le devait.

Pas tout à l'heure, pas une fois à côté de Vika. Non, il devait mordre immédiatement, tout de suite, absolument, dans quelque chose.

Le loup bifurqua soudainement, et se plaqua derrière un gros rocher, tentant de calmer son coeur. Il pria Maureen, Dehvi et tous les saints de son calendrier pour ne pas tomber sur un élève. Ou pire, une élève. Le loup dominant venait de sortir par tous les pores de sa peau, et si une femelle... bon sang. Ses crocs se figère dans un tronc, aussi brusquement qu'un cobra saisissant sa proie, et Adam se mit à hurler. Pas d'un hurlement de loup appelant les siens, non. D'un hurlement purement humain, déformé par les poils sur tout son corps qui exultait, avait besoin de revenir à la normale, et était à la fois terriblement frustré de n'avoir eu qu'un aperçu bref de son côté lupin. Il cisailla le bois de ses crocs, encore et encore, le griffa de toutes ses forces, et ne fut satisfait qu'une fois à demi revenu à la normale, couvert de sève collante, du bois plein la bouche.

Soulagé, il leva son regard vers le familier de Vika, et se remit en chemin. Ne prenant pas le risque de se faire attraper par un professeur ou un membre du comité, il grimpa par la façade, sauta par une fenêtre ouverte de l'infirmerie, et finit de se déformer. Lentement. Douloureusement.

Dans ce temple du soin, aussi calme, blanc, métallique et hygiénique que lui était sale, couvert de sang, de sève, et de vêtements en lambeaux, il se sentit étrangement à côté de la plaque. Le loup de Maureen avança d'une démarche de prédateur jusqu'à sa sempai. Sempai ? En cet instant son iris dilaté, ses gestes fluides et le roulement de ses épaules ne donnaient pas un côté aussi respectueux à cette femme magnifique et couverte de bandages. Adam souffrait d'un mal typiquement lycanthrope. Sa femelle avait été menacée, et blessée. Il l'avait sauvée, et aussi sale qu'une larve alien sortant du cocon, il ne put s'empêcher de se placer à côté d'elle, bombant le torse.

Ses fonctions vitales fonctionnaient. Il entendait encore le battement régulier de son coeur, sentait l'odeur de sa vie s'échappant plus doucement, à mesure que son souffle sifflant se faisait aux côtes brisées et multiples os.

Le loup garou s'imposa un moment de silence, où il la dévisagea. Son souffle se calqua sur le sien, menaçant, grandissant. Il arrondit le dos, se pencha sur elle en effleurant de ses cheveux ses draps propres, et plaça une main autoritaire à côté de sa tête. Avec un air sérieux, dégageant des phéromones à tous vas, il colla son front contre le sien et sentit ses pupilles se dilater. Un grognement indicible, presque encore transformé, s'échappa de ses lèvres abîmées.

Adam : A moi.

Autoritaire, il saisit les lèvres de Vika entre les siennes, les mordilla, et franchit leur barrière de sa langue. Il joignit à sa bouche si prude la sienne encore teinte de sang et de barbarie, passa ses dents sur sa langue rose, et joua du bout de la sienne en remontant sur sa lèvre supérieure. La domination-même. Le barbare exigeant son dû.

Il se redressa, le souffle court, et reprit doucement sa respiration, avant de laisser sa main vérifier la température de la jeune femme.

Puis il pivota, enroula un drap autour de sa taille, et partit en quête de l'infirmer, tentant de faire taire cet incroyable contentement qu'il avait au coeur.

Si quelqu'un lui avait prédit que son premier baiser se ferait dans de telle condition, Vika aurait surement éclaté de rire devant de telles idées farfelues.

Elle se tendit en entendant les pas qui entraient dans la pièce, mais son familier lui indiqua que c'était bien lui. Elle aurait été encore plus angoissée si elle avait entendu une porte. Ce n'était pas dans les habitudes d'Adam de prendre le même chemin que tout le monde. La métamorphe se détendit quand elle l'eut enfin à ses côtés. Son sauveur. Son pirate. Il était fier, ce qui la fit sourire. En même temps, il fallait avouer que ce n'était pas donné à tout le monde, de lui sauver la vie. Et elle ne l'en estimait que plus pour cela. Alors, elle le laissa faire. Il se regardèrent un long moment, empreint d'un silence sacré, sans être pesant. Dans son regard, on pouvait y lire la profonde reconnaissance, et même une pointe d'admiration. Il y avait longtemps que Vika avait perdu l'illusion que n'importe qui aurait trouvé juste de venir la sauver. Et il l'avait pourtant fait, épousant, imparfaitement peut-être, un idéal qu'elle recherchait tant. Il s'approcha, presque menaçant, des rémanences de loup encore profondément lisible dans ses gestes. Elle se laissa faire, d'une part parce qu'elle en avait envie, et surtout, qu'elle n'aurait pas pu empêcher un enfant de quatre de lui faire la même chose.

A lui.

D'abord, la surprise. Elle ne s'attendait pas à tant. Surprise qui prit encore plus son sens quand elle sentit le goût étrange de la sève sur sa langue. Qu'était-il donc allé faire? Puis elle écarta ces étranges pensées, pour se laisser totalement aller. Un abandon total. Elle fit l'effort de lever un bras, caressant sa joue droite. Elle n'était pas très à l'aise, et ne savait pas du tout quoi faire. C'était bien la première fois. Lui, il savait. C'était incroyablement sauvage, dominateur et violent, mais elle s'en fichait. Elle en garderait un goût sucré et doux. Elle même tenta quelques petites offensives timides, mais elle reculait dès qu'il s'imposait un peu plus. Elle faillit le retenir quand il s'arrêta, mais elle devait se reposer. Elle lui opposerait un peu plus de résistance la prochaine fois. Vika lui sourit difficilement, une dernière fois.

«Reviens-moi vite.»

C'est avec un étrange et paradoxal mélange de soulagement et de tristesse qu'elle le regarda partir. Elle ferma les yeux, savourant mentalement ce qui lui restait de cet instant. Un nouvel horizon s'offrait à son regard. Un bel horizon.

Un nuage... deux nuages... Tien, l'un d'eux ressemble à... bah à un autre nuage en fin de compte.

Shygana s'amusait à contempler le ciel sur le toit du lycée, allongé sur le rebord, comme si de rien était. Une légère brise qui balançait parfois ses cheveux qu'il redressait d'un coup de main, ses lunettes de soleil cachant ses yeux argentés. Certains pensent qu'il est aveugle, mais rien de là. Il n'aime simplement pas laisser ses iris à la vue des gens, car il n'aime aucune de leur couleur. Oui, on parle bien de plusieurs couleurs, deux pour être plus précis. Ses yeux peuvent passer, selon la situation de cet argent pur à un bleu électrique et brillant. Bref, si l'infirmier s'allongeait ici ce n'était pas par hasard, une des fenêtres situées juste en-dessous de lui était celle de l'infirmerie, et rester si près de ça lui permettait de savoir qui y entrait et ce qui se passait. C'est d'ailleurs comme ça qu'il a attrapé un des profs (on ne dira pas lequel u_u) en train de lui voler des médicaments douteux. D'ailleurs, deux élèves étaient aussi entré dans la pièce, l'un d'eux semblait mal en point vu ce qu'il pensait, l'autre le laissa seul, sortant de l'infirmerie.
A lui d'entrer en action! S'étirant les bras et se craquant les doigts, l'idée d'une entrée peu banale était un petit jeu pour l'infirmier... Il se laissa rouler sur le côté, se laissant tomber au ras du mur, jusqu'à passer devant la fenêtre de l'infirmerie où il s'accrocha au rebord, pour s'y hisser, faisant donc éruption dans la pièce.
L'infirmerie, étrange endroit pour l'infirmier qui y est rarement. Il n'aimait pas ce principe du patient et du guérisseur, lui n'étant pas là pour ça en fin de compte, même si le directeur ne l'avait pas plus informé de sa présence ici. Le démon enfila sa blouse, et se dirigea vers le lit occupé, l'air de rien...

"Bonjour mademoiselle Nightwing, je suis Shygana, l'infirmier"

Non il ne lit pas dans les pensées, il connait simplement tous les noms des élèves et du personnel, vu qu'il posède tous les dossiers médicaux dans son bureau. Cette phrase fut terminé par un simple sourire, comme s'il s'agissait d'une simple visite médicale de rien du tout, ce qui n'est absolument pas le cas.

Je vois que tu as déjà les premiers soins, c'est pas mal, et ça m'évite du travail. Mais le plus gros reste à faire. As-tu besoin de quelque chose ne particulier?

Désoléje n'ai pas ton niveau de rp ^^

Shygana. Elle avait beaucoup entendu parler de lui, mais n'avait jamais eu l'occasion de le rencontrer personnellement. Vika n'avait pas eu cette chance. Il n'avait pas mis très longtemps pour débarquer. Adam qui l'avait envoyé? Lui qui était venu complètement par hasard? Ou bien instinct de la profession? Elle n'aurait su le dire vraiment, et ne lui demanderait pas de toute façon. Elle ne l'aurait pas reconnu, mais il se présenta immédiatement. Ce qui la détendit, vu que son entrée, semblable avec à celle d'Adam, était loin d'être naturelle. Qu'il connaissait son nom ne l’inquiéta pas ni ne la surprit. Il était agréable et la métamorphe se sentait déjà en confiance. Il ne lui avait pas demandé ce qu'elle foutait là à cette heure, ni comment elle avait réussi à se mettre dans un état pareil. Elle apprécia cela. Et oui, le plus gros restait à faire.

« Enchantée, bien que les circonstances soient quelque peu sombre pour une nouvelle rencontre. Mais, appelez moi Vika. Bon, autant annoncer la couleur d'entrée de jeu. J'ai tout juste désinfectés, nettoyés et bandé mes plaies. Mais c'est la partie marrante de l'affaire ça. j’évite de bouger, car, maintenant que l'adrénaline est retombée, chaque mouvement me fait souffrir atrocement. A vu de nez, j'ai une bonne dizaine de côtes cassées, un poignet brisé, pas mal de doigt aussi. Et après, même si j'ignore si c'est encore de votre ressort, j'ai une saleté de monstre manipulateur de cerveau qui s'est tapé l'incruste dans ma tête. Mais, dans l'ensemble, je passe une très bonne soirée.»

L'ironie de sa dernière réplique était flagrante. Malgré les quelques bons côtés, elle regrettait de s'être levée ce matin. Elle n'avait jamais eu aussi mal de sa vie, et elle savait que cela allait durer un p'tit moment. Elle repoussa la couverture, n'hésitant pas à se dévoiler pour qu'il puisse s'occuper d'elle (...). Seule ses bandages couvrait actuellement sa nudité, mais, certains étaient déjà rougis par ses quelques blessures qui suintaient encore, et il faudrait, de tout façon, qu'il les change. De tout son corps, seules ses jambes étaient en bon état. Le reste... c'était un bien grand mot.

tss tss, j'veux pas t'entendre dire des trucs pareils, tu te débrouilles plus que bien mon petit ♥. (pour la peine, t'as perdu). puis regarde, mon post est plus que moyen :)

Pendant que Shygana écoutait sa patiente, il retroussait ses manches, et partit désinfecter ses mains près d'un petit lavabo à l'aide d'une solution hydro-alcoolique. Effectivement, elle était mal en point, mais il était surpris du self-contrôle que cette élève avait. Quelqu'un d'autre serait en train d'hurler à la mort. Il se rapprocha à nouveau du lit et se frotta les mains.

Et bien, passons d'abord au corps fracassé, de ce qui est de l'esprit on verra après"

Il souffla un moment, et préféra rassurer Vika, vu ce qu'il s'apprête à faire.

Détends-toi, et laisse-toi faire.

Il posa sa main sur le flanc de Vika. Comme si ce geste avait activé quelque chose en lui, ses yeux changèrent peu à peu de couleur. Ses iris argentés commençaient à briller, et donner un reflet bleu de plus en plus prononcé, jusqu'à donner un véritable bleu électrique. Une aura de la même teinte entourait aussi son bras droit qui touchait la blessée, qui guérissait à une vitesse incroyable. Les hématomes disparaissaient, les côtes se remettaient en place sans la moindre douleur, les plaies se refermaient, même le teint de Vika semblait plus rayonnant. Une guérison quasi-instantanée, un pouvoir merveilleux, si seulement toutes les blessures qu'il était en train de faire disparaître n'étaient pas en train de se refléter sur lui. Car voici son pouvoir: il peut guérir quasiment n'importe quoi, en échange la blessure réapparaît sur son propre corps. Ainsi soigner quelqu'un d'autre demandera le double d'effort que se soigner lui-même. Une fois fini, il retira sa main, et se laissa tomber sur le tabouret à côté du lit, les blessures qui commençait à faire couler son sang, tâchant ainsi la blouse. L'infirmier haleta un moment, puis respirant un grand coup. Sa guérison était plus lente que d'habitude vu le nombre de plaies et fractures, c'est pourquoi il attendit quelques instant avant de reprendre la discussion.

Tu peux m'en dire plus sur ce monstre manipulateur?

Il faisait mine que tout allait bien, mais la douleur se faisait toujours sentir, malgré que son corps était à nouveau intact, comme celui de celle qu'il venait de guérir.

Disons qu'elle avait l'habitude, pour ne pas hurler. Un certain contrôle de son esprit et de son corps, permettait de mettre de côté la douleur, qui était bel et bien la, mais Vika décidait volontairement de la faire taire. Très pratique, mais parfois dangereux. Comme il l'ordonna, elle se détendit du mieux qu'elle put, et se laissa faire. Et alors, elle assista à la chose la plus miraculeuse qu'elle eut jamais vu. Un soin intégral et immédiat. Ou presque. En l'espace de quelque seconde, le flot de douleur qu'elle endiguait volontairement devint supportable, jusqu'à disparaître entièrement. Ses blessures se refermèrent une à une, sauf cicatrice aucune. Ses os reprirent leur place sans que cela ne lui inflige le moindre stimulus de souffrance. Un douce chaleur l'envahit. Elle avait retrouvé l'ensemble des fonctions de son corps.

Surprise, car, si elle connaissait beaucoup de pouvoirs destructeurs, elle n'en avait jamais vu de guérisseur jusqu'à présent. Elle se sentait bien, et se regarda sous toutes les coutures, faisant fi de la pudeur devant une telle merveille (C'est cadeau ça Shyg). Son euphorie se stoppa quand elle le vit saigner. Elle aurait du se douter que ce n'était pas sans conséquence, elle s'en voulu qu'il ait pris autant sur lui pour la guérir. Elle trouvait même ça un peu trop simple, de ne pas avoir à assumer les conséquences de ses actes et de sa folie. Il est vrai que c'était un cas de force majeure, mais tout de même. Elle profita qu'il se reposait pour lui parler, la voix empreinte de reconnaissance.

« Vous êtes sur que ça va? Vous auriez dû me prévenir que cela vous blesseriez vous savez, je pouvais guérir normalement. Sachez toutefois, que je suis plus que touchée par un tel geste. Vous avez ma gratitude, et, si par hasard, vous avez besoin d'aide dans un domaine où je peux vous aider, n’hésitez pas.»

Elle se rhabilla ensuite, tout de même. Tout du moins, elle redrapa son kimono sur ses épaules et sa poitrine, et commença à parler de son parasite. Bien que s'étant rendu compte de sa nudité passagère, elle n'en sembla pas gênée. De toute façon, il devait souvent voir des filles nues, ou presque, en tant qu'infirmier.

« Bon, sans vous donner tous les détails, j'avais une Lamia qui voulait me briser psychiquement. Un ami est arrivé, et à rompu la connexion entre elle et moi. Mais, en sectionnant sa queue, je pense qu'une partie de l'esprit de la Lamia est resté dans le mien, si bien qu'elle est toujours la, à tenter de me faire du mal.»

C'était tout ce qu'elle savait. L'avenir lui dirait ce que le parasite pouvait faire ou ne pas faire avec son esprit. Mais Vika comptait bien ne pas lui laisser la vie facile, et trouverais forcement un moyen de l’éjecter de sa tête.

« Vous êtes sur que ça va? Vous auriez dû me prévenir que cela vous blesseriez vous savez, je pouvais guérir normalement. Sachez toutefois, que je suis plus que touchée par un tel geste. Vous avez ma gratitude, et, si par hasard, vous avez besoin d'aide dans un domaine où je peux vous aider, n’hésitez pas.»

Shygana leva le bras et posa sa main sur la tête de Vika. Reprenant peu à peu ses forces, il pouvait à présent bouger normalement, et enleva sa blouse ensanglantée.

"Inutile de te la jouer redevable, c'est mon boulot de soigner les élèves"

Il l'écouta expliquer la venue de cet esprit malveillant en elle, en même temps qu'il se changeait. Shygana avait une armoire au fond de la pièce où il mettait toujours des vêtements de rechange pour ce genre de situations, et était aussi pudique que Vika apparemment (;)). Une fois proprement changé il revint à son bureau et se posa dessus.

"Hm... Malheureusement, je ne peut rien faire contre un esprit. S'il était en moi j'aurai pu faire quelque chose, mais dans le corps d'un autre je ne pourrai que te mettre encore plus en danger, désolé."

Puis il se releva et partit s'asseoir dans son fauteuil, ouvrant un tiroir pour prendre le dossier de Vika, et y noter quelque chose.

"J’essaierai de trouver une solution, mais j'peux rien te promettre. La procédure veut que je te fasse quelques petits test, rien de bien méchant, juste pour voir si tout va bien"

Il procéda donc à ces tests, il s'agissait juste de voir ses réflexes et autres trucs, les petits tests bidon à la "suis mon doigt" ou quand on frappe le tendon avec un petit marteau. Puis il se servit du stéthoscope pour écouter son coeur, sa respiration( l'écouter dire 33 aussi xD)... Bref tout un tas de truc inutile que font la plupart des médecins. C'est pour ça que Shygana n'aimait pas être infirmier ici, faire des choses inutiles alors qu'il pouvait parfaitement sentir ce qui allait ou pas. Mais si on le surprenait à omettre ces petits examens de santé, il pourrait se faire renvoyer.
Une fois le tout terminé et répertorié dans le dossier médical, il reprit la conversation avec sa patiente

"Et bien voilà j'en ai fini. Tu as le droit de rester une nuit ici si tu le désires, sinon tu peux aussi partir, tu as quelqu'un pour te raccompagner?"

Shygana savait que si elle restait dormir, il devra rester par précaution... après tout une fille qui a un parasite dans le crâne, il y a de quoi vouloir la surveiller non?

Il avait vraiment l'air mal en point, l'infirmier. Mais, si elle se la jouait redevable, lui se la jouait beau gosse indestructible dont c'est l'ultime devoir. Un peu un super héros quoi. Elle sourit. Toujours est-il que, d'accord ou non, elle lui en devait une.

« C'est une chose de les soigner, et c'est une autre des les régénérer en l'espace d'un battement de paupière. Je ne l'oublierais pas.»

Il partit remettre des vêtements qui n'étaient pas couvert de sang alors qu'elle lui expliquait le problème de la Lamia. Torse nu, il n'était pas mal, mais elle préférait tout de même son loup. Bien entendu, elle s'attendait à ce qu'il ne puisse rien pour ça. A vrai dire, elle ne voyait que la grand mère de Taki pour l'aider, et elle ne rentrait pas avant un moment au nid. Surtout vu les projet qui se dessinait dans son crâne. S'ensuivit en suite toute une batterie de test pas toujours utile. Les pouvoirs de Shygana étaient trop efficace pour qu'il lui reste de quelconques séquelles, elle le sentait bien. Enfin, il lui proposa de rester ici pour la nuit. Une idée qui ne l'enchantait guère mais à laquelle elle se plierait s'il le faut, malgré la proximité de ses ennemis, qu'elle préférait ne pas revoir d'ici un bon petit bout de temps.

« Je vous aurais bien dit oui si j'avais été dans l'incapacité de bouger. En fait, je m'attendais à être transférée à l’hôpital. Je suis guérie, je vais passer la nuit la où ne me trouveras pas. Dehors, dans un nid. C'est parfois pratique d'avoir plusieurs formes. Cependant, si vous me demandez de rester, je le peux aussi. j'ai simplement peur que certaines personnes me retrouvent trop facilement ici. Certes, je ne suis plus aussi vulnérable que sur une civière, mais je ne suis pas trop tranquille.»

» Adam Mayers
» Retour au nid [PV Vika]
» Puzzle sanglant (PV Vika)

Et le Pirate sauvera sa dulcinée (Ruby, Vika, Adam)

Et le Pirate sauvera sa dulcinée (Ruby, Vika, Adam)

Sujets similaires

Sujets similaires