Le magicien et les étoiles ( Libre? )

Ce soir la, les étoiles ne brillaient pas. Le ciel d'hiver était couvert de gros nuages gris qui s'étendaient jusqu'à l'horizon. L'air était lourd, comme à la veille d'un terrible orage. La porte s'ouvrit, laissant apparaître un jeune homme de grande taille. Il s’avança, observant que le toit était désert. Il referma la porte et alluma le projecteur. L'homme se faufila, longeant le mur. Il jeta un coup d'oeil, vérifiant une dernière fois qu'il était seul. Puis, il s'adossa au mur et sortit une lettre cachetée à la cire rouge.

Sur l'enveloppe, il y avait un nom écrit à l'encre bleue. Le jeune homme sourit, reconnaissant ici l'écriture de son oncle. Avec précaution, il déchira le sceau, accédant à une longue page couverte de mots anglais. Il s'assit contre le mur et plongea dans la lecture.

* Milander,

Si tu as suivi mes instructions, tu as ouvert cette lettre hors de portée des regards indiscrets. Le contenu de cette lettre est capital, ne la perd jamais.

Je ne t'ai pas envoyé dans ce Lycée sans une idée derrière la tête. Je savais que la bas, tu y trouverais des forces qui dépasseraient ton entendement. Je sais que quoi qu'il puisse t'arriver, tu garderas toujours en toi la foi et la bonté de notre seigneur. *

Le jeune homme s’arrêta dans sa lecture. Il leva un sourcil sceptique sur le paragraphe qu'il venait de lire. Il n'aimait pas trop ou cette lettre allait mener.

* Dans notre monde actuel, de nombreux évènements dépassent notre compréhension. Mais toi, mon neveu, tu as l'habilité que mille hommes rêveraient d'avoir. Je ne pense pas qu'il soit bon pour toi de laisser un tel pouvoir inutilisé. C'est pourquoi je t'ai envoyé au Lycée Yokai.

Suite à mes recherches, j'ai découvert qu'une titanesque concentration d'énergie mystique se trouvait dissimulée sous l'apparence d'un simple lycée pour les personnes comme toi, aux capacités " différentes". *

Milander fit une moue pensive. En l'espace de quelques jours, il avait rencontré plus de créatures magique que dans toute sa vie. La chose qui le mettait le plus mal à l'aise était le comportement des gens. Tout le monde agissait comme si c'était normal. Chez lui, Milander avait toujours reçu l'ordre tacite de cacher sa magie. Ici, tout le monde semblait plutôt relax à cet égard. Il se replongea dans sa lecture.

* Je vais te confier une mission que j'aurais voulu accomplir moi même, si j'avais ta jeunesse et tes compétences. Les prophéties disent que de sombres heures arrivent. Je pense que le don qui t'a été donné par le seigneur doit être utilisé pour servir le bien. Tu devras toujours garder à l'esprit la grandeur de notre seigneur et ton âme sera à jamais préservé du mal. *

Une grosse goutte tomba sur le papier, faisant couler l'encre. Le jeune anglais poussa un soupir exaspéré. Si en plus des délires barbants de son oncle, il devait supporter la pluie... Il sortit son portable, pianota un instant, insufflant un souffle de magie dans le téléphone. Une barrière invisible apparue, protégeant le magicien de la pluie. L'orage éclata alors et Milander resta pendant quelques minutes, observant avec émerveillement les gouttes couler le long de son parapluie invisible.

*Mais le mal a plusieurs visages et toujours plus d'adeptes. Je crains que seul, ton périple ne se solde dans le chaos. Dans la quête qui t'attends, tu dois assembler autour de toi des gens qui défendront le bien et la justice de dieu. Ensemble, vous devez protéger le monde et empêcher que le sang des innocents ne coule encore.*

Milander fronça les sourcils. C'était bien une double négation, cette dernière phrase? La lettre continuait ainsi sur le verso, l'oncle utilisant même le mot " La magnanimité de notre père des cieux" dans une phrase. Le jeune anglais n'avait pas du tout envie de lire la suite. Ce message le laissait pensif. Dans sa situation actuelle, il avait juste envie de créer une équipe de foot. Surement pas un rassemblement de justiciers ou de fous furieux défenseurs de la veuve et de l'orphelin. Il leva la tête, alerté par un bruit. Etait ce un chat? Avec sa chance, ça serait un tigre-garou.

Je marchais sans trop savoir où j'allais. Mes pas me guidèrent vers le toit. Pourquoi, je n'en avais aucune idée, mais ce n'était pas d'une importance capitale pour moi. J'allais pouvoir me rafraîchir les idées. Tellement de choses s'étaient produites depuis mon arrivée dans ce lycée. Mais au moins, j'y avais ma place. Et pour cela, j'étais vraiment heureuse. J'allais enfin pouvoir oublier mon passé ou du moins, l'enterrer durant un certain temps. J'atteignais le toit. Perdu dans mes pensées, je n'avais pas vu défiler les couloirs, ni la vitesse à laquelle j'y allais. Bah, aucune importance, ça non plus. J'étais sur le toit. L'endroit où j'avais rencontré Areku. Un sourire se glissa sur mes lèvres. Je tournais ma tête alors sur la gauche et voyais un garçon blond. Mes yeux s'ouvrirent d'étonnement. Habituellement, peu de mondee venait ici, du moins ce que j'en savais. Après, moi je n'y venais que pour libérer mon esprit et oublier tous mes problèmes.

Euh, bonjour, je ne te dérange pas j'espère ? Sinon j'y reviendrais une autre fois...

Oui, je n'aimais pas déranger les gens. Surtout s'ils étaient occupés.

Je m'appelle Restiel. Et toi, comment t'appelles tu ?

Quelle idiote je faisais, si ça se trouve, il ne voudrait pas me répondre. Je triturais nerveusement mes mains. Je ne voulais pas lui imposer ma présence. Je le gênais sans doute. Je baissais les yeux, gênée de cette situation. En plus, j'étais toute seule. Si jamais je venais à avoir besoin d'aide, personne ne pourrait venir m'aider. Uwh, mal de crâne en perspective... Trop réfléchir est douloureux. Je secouais la tête pour chasser ses pensées. Je devais penser positivement, dans n'importe quelle situation. Oui, ne pas déprimer. Un gros objectif, difficile à atteindre, mais j'y arriverais. Je regardais à nouveau le garçon et voyais qu'il tenait un bout de papier dans sa main.

Tu me dis si je te gênes, je ne voudrais aucunement m'imposer...

J'ai toujours été comme ça. A me faire souvent des idées, voir même me rabaisser par rapport à la personne qui se trouve en face de moi. Je ne devais as me montrer si faible. Sinon, comme me l'a expliqué Tristanna, les autres en profiteront, et alors là, ce sera la fin pour moi. Monde cruel. Et oui, dur dur la vie. Mon autre "moi", lui, n'est pas comme ça. Il est fort de caractère, il sait s'imposer, alors que moi, je me laisse piétiner. Mon regard se voila, me replongeant dans de sombres souvenirs. Non ! Je devais me reprendre et ne pas me laisser aller. Je devais être positive. POSITIVE. Et rien d'autre. Sinon, la vie ne me ferait pas de cadeaux. Arg, rien que d'y penser j'étais déjà désespérée. Etre une hybride démone-hérissonne, pas facile tous les jours. Alors là, non pas du tout. Heureusement que sous ma forme de démone, mes cheveux ne sont pas des piquants. Quelle catastrophe je serais. Oui, sur ce coup là, j'ai eu de la chance quand même.

La créature s’avançait innocemment. Milander avait son sort de foudre sous la main. Ce n'était pas le bon moment pour venir l'espionner. Il réalisa qu'il s'agissait d'une petite fille. ( Au milieu des japonais de la ville, Milander avait eut l'impression d’être un géant. ) Il se relacha un peu mais resta vigilant. Il fourra le parchemin dans sa poche comme un collégien surpris à regarder de vulgaires images pornographiques.

Euh, bonjour, je ne te dérange pas j'espère ? Sinon j'y reviendrais une autre fois...

Trop cramé, pensa intérieurement Milander. Il désactiva son parapluie magique et tout deux se retrouvèrent sous la pluie battante. La demoiselle, à l'abri n'eut pas la chance de recevoir une volée de goûtes gelées dans la nuque. La demoiselle, visiblement intimidée n'eut pas la chance de voir la scène mais ne manqua rien du spectacle de ses chaussures.

Je m'appelle Restiel. Et toi, comment t'appelles tu ?

Milander se remit à penser japonais. Alors oui, je devais l’appeler Restiel-san, en attendant de savoir son année. Instinctivement, il s'inclina, signe premier de respect. Il formulait sa réponse dans sa tête mais la demoiselle enchaina.

Tu me dis si je te gênes, je ne voudrais aucunement m'imposer...

Enchanté, Je suis Milander. Je suis actuellement en première année à l'université Yokai. Je suis originaire d'Angleterre.

D'habitude, il enchaînait cette phrase par " Pourriez vous m'indiquer ou est le centre d'information/le panneau d'orientation s'il vous plait." Cette visite dans Tokyo avait laissé au jeune anglais des souvenirs terribles. La ville était un dédale. Milander parlait certes la langue avec justesse mais il avait encore des difficultés titanesques avec l'alphabet, l'écriture et le concept même de calligraphie. ( Pourtant, le jeune homme avait déjà apprit le grec ancien en quelques mois. )

L'horizon s'éclaira un instant. Le doux clapotis de la pluie fut interrompu par une détonation édifiante. Milander observa le visage de son interlocutrice, pensif. Il était temps de rentrer. Je veux dire, grec ancien ou pas, il ne voulait pas être celui en haut du bâtiment le soir d'orage. Il chassa ses pensées parasites et sourit. Il était ravi et curieux de croiser quelqu'un qui traînait sur les toits à cette heure ci.

Sans un mot, il s’avança jusqu'à Restiel, se mettant à l'abri à ses cotés, l'air innocent. Un autre éclair tomba au loin. Puis revint le doux bruit de la pluie. Spontaménent, le jeune homme fit, en anglais :

Drole de nuit !

L'éclair tomba, je sursautais. J'avais toujours cette peur des orages et éclairs. Pourquoi, je ne le savais pas.

Drole de nuit !

Ça, pour être une drôle de nuit, c'en était une. Je me sentais toute petite à coté de ce garçon. Il s’appelait Milander c'était ça ? Joli prénom. Un frisson parcourut mon dos. J'aurais du me couvrir un peu plus, si j'avais su qu'il pleuvait autant. J'aimais beaucoup la pluie, mais pas quand il y avait de l'orage. Et aussi les éclairs en prime.

Je suis enchantée de faire ta connaissance, j'espère que l'on deviendra amis. Je viens d'arriver dans ce lycée, alors pour le moment je ne connais pas beaucoup de monde.

Un petit rire gêné s'échappa de mes lèvres. Pourquoi j'avais dis ça moi ? Mes joues virèrent au gris foncé. Je commençais à triturer mes mains nerveusement. L'air frais me faisait beaucoup de bien, étant gêné, ça baissait la température de mes joues, dont j'avais l'impression qu'elles étaient en feu. Je regardais du coin de l'oeil le garçon. Il était blond et il avait de très jolis yeux. Très mignon. Je levais le regard vers le ciel pluvieux. Un coup de vent fit voleter mes mèches rebelles qui n'étaient pas prises dans ma queue de cheval. Un sourire timide glissa sur mes lèvres. Seule avec un garçon, en pleine nuit, à regarder un ciel pluvieux.. Quoi de plus romantique ? Je secouais la tête. Il fallait vraiment que j'arrête mes délires. Ça devenait vraiment grave. Je jouais avec l'une de mes mèches de cheveux blancs. Avec ces cheveux là, au moins, on ne risquait pas de me rater. On ne voyait que ça chez moi. Et pourtant, je souhaitais rester dans l'ombre, ne pas me faire remarquer. Tout ce que je souhaitais c'est être la plus discrète possible. Mission impossible avec mon physique. Je n'étais pas très bavarde, mais je ne savais pas trop quoi dire de toute façon. Il y eut un coup de vent brusque, ce qui eut pour effet de me faire reculer, tellement j'étais fine, mais pas maigre non plus. Uwh, c'était violent tout ça. Je baissais la tête, pour ne pas me prendre les gouttes d'eau dans les yeux. Ça fait mal sinon.

Dans la fraîcheur de la bruine, Restiel frissonna. Milander ne savait pas exactement pourquoi mais son coeur battait très fort pendant ce moment. Son anneau lui envoyait régulièrement des petites décharges électriques.

Je suis enchantée de faire ta connaissance, j'espère que l'on deviendra amis. Je viens d'arriver dans ce lycée, alors pour le moment je ne connais pas beaucoup de monde.

La charmante demoiselle eut un petit rire gène et détourna le regard. Je n'arrivais pas à voir dans ses yeux. Tandis qu'elle triturait ses doigts, elle leva enfin la tête, regardant l'orage. Milander fit de même, une pensée nouvelle en tête. Il n'avait jamais vraiment eut l'occasion de tester tout son pouvoir sans retenue. Le problème, c'est qu'il y avait la fille. Il pencha son regard sur la fille qui triturait une de ses mèches blanches. Milander avait encore mille questions en tête, le coeur battant, le parchemin froissé et l'orage qui arrivait. Les mini chocs qu'il recevait le rendait extrêmement lucide. Il avait presque l'impression de pouvoir prévoir ou la foudre allait tomber.

Un bourrasque de vent vint fouetter la nuit. Milander accueillit la giclée d'eau en crispant les dents. Il se retourna, observant que Restiel avait été déséquilibré par les éléments. Il savait désormais ce qu'il devait faire. Il tripota rapidement son portable, réactivant le parapluie magique. La pluie s’arrêta et le vent diminua soudainement. Le jeune anglais s’avança hors de l'abri, marchant sur le toit encore trempé. Il fit face à Restiel, un petit sourire aux lèvres.

- Rassure toi, je suis dans la même situation. Je... Hm... Tes cheveux, c'est naturel? Pas que ça soit moche, heu. Et quel, euh..

Milander s’interrompit ici. Il détestait le japonais. Il baissa les yeux, cherchant ses phrases en rougissant nerveusement. Le ciel s'éclaira un instant. La détonation ne vint que plus tard. L'orage s'éloignait. Ou étions nous juste dans l'oeil du cyclone? Le jeune anglais enchaîna tout de suite

- Je suis curieux, mais... Que fais tu sur le toit à cette heure ci?

Milander réfléchit un instant au règlement du lycée qu'il tentait de déchiffrer depuis ces dernières semaines. Furu lui avait parlé de la règle "Pas d'humain." Il eut un sourire malicieux, réalisant que cela signifiait " Tous mes camarades ont quelque chose à cacher.". Il leva un regard nouveau vers Restiel. L'anneau avait arrêté. Bref, n'y avait il une histoire de couvre feu?

- Excusez moi, je ne veux pas paraître désagréable. Je suis un peu perdu ici.

- Rassure toi, je suis dans la même situation. Je... Hm... Tes cheveux, c'est naturel? Pas que ça soit moche, heu. Et quel, euh..

Un compliment ? Mes yeux s'étaient levés vers ceux de Milander. J'étais surtout surprise de sa question. Je ne m'y attendais pas du tout.

Ma couleur de cheveux est en effet naturelle, ça peut paraître bizarre en effet, ce n'est pas courant.

J'émis un petit rire tout en me grattant l'arrière de la tête.

Je suis curieux, mais... Que fais tu sur le toit à cette heure ci?

Je me rafraîchis les idées. Et puis, ça me détend en même temps, j'oublis tous mes problèmes.

J'avais arrêté de me triturer les doigts. Maintenant, j'étais bien plus à l'aise, et puis ce garçon n'étais pas méchant. Alors ça me rassurait. Mes cheveux étaient un peu emmêlés à cause de la bourrasque de tout à l'heure, mais pour tout avouer je m'en contrefichais. J'avais un petit peu froid, en même temps, mes habits étaient entièrement trempés. J'étais bonne pour prendre une bonne douche chaude en revenant dans ma chambre. Mon visage aussi était trempé mais ça me gênais moins, étant donné que mes joues me donnaient l'impression de brûler.

- Excusez moi, je ne veux pas paraître désagréable. Je suis un peu perdu ici.

Il m'avait vouvoyé. Ça me gênait beaucoup.

Tu sais tu peux me tutoyer, j'ai l'impression d'être une vieille sinon.

Je laissais encore échapper un petit rire. Oui, je n'aimais pas quand on me vouvoyait.

Je me rafraîchis les idées. Et puis, ça me détend en même temps, j'oublie tous mes problèmes.

La demoiselle semblait se relaxer. Son rire avait une mélodie étrange. Milander ne savait pas si il devait se trouver séduit ou méfiant.

Tu sais tu peux me tutoyer, j'ai l'impression d'être une vieille sinon.

Elle rit de nouveau. Milander se frotta la tête nerveusement. Avait il dit ou fait quelque de drole?

- Excuse moi, je te tutoierais, désormais J'ai un peu de mal avec le japonais.

Il s'approcha de la rambarde, s'éloignant un peu de Restiel. Il jeta un regard perplexe au ciel. L'orage semblait se calmer. Puis, sans attendre, la pluie se remit à couler à torrent. Le parapluie magique les protégeait mais le bruit était similaire à celui d'une cascade. Un éclair tomba alors sur la foret, foudroyant un arbre innocent. Milander sourit un instant. Son anneau crépitait de nouveau d'étincelles magiques. Il pianota sur son téléphone et un souffle d'été courut sur le toit du bâtiment. Milander commençait déjà à sécher.

Il se rapprocha de Restiel et lui tendit son téléphone

- Pourrais tu me tenir cela un instant?

C'était un appel à la guerre. Le jeune magicien savait qu'il devait agir. Le parchemin parlait d'épreuves. Et si pour commencer, il tordait la foudre et repoussait l'orage? Il se retourna vers Restiel et sourit. Son visage devient alors dur et froid.

- Vous devriez vous éloigner. Je suis sur le point de faire quelque chose de stupide.

Il l'avait vouvoyé encore une fois. Il esquissa un dernier sourire et se retourna vers l'orage, prêt à agir..

Je pris son portable et m'éloignas, comme il me l'avait recommandée. Je regardais ce garçon à l'œuvre. Qui était-il vraiment ? J'étais fortement intriguée. Son téléphone, dans ma main était drôlement chaud. Je ne savais pas si c'était normal ou pas. Des tonnes de questions se bousculaient dans ma tête. J’hésitais à les poser pour le moment. Je venais à peine de rencontrer ce garçon, alors, valait sans doute mieux que j’attende encore un peu. Pour le moment, je préférais regarder ce qu’il allait faire de si « stupide », comme il le disait.
Tout en restant à l’abri bien sur. Hors de question pour moi de finir blessée. Bah, oui, logique, j’étais en train d’enfreindre le règlement. Je ne respectais pas les horaires du couvre-feu. Alors, il serait intelligent pour moi, de ne pas avoir d’ennuis avec les supérieurs.
Et puis, bizarrement depuis quelques instants, je n’avais plus du tout froid. Au contraire, on aurait dit que son portable dégageait une forte chaleur.

Quelle chaleur, jamais je n'ai senti cette sensation. C'est quoi ?

Ma curiosité piquée au vif, je ne pus m'empêcher de poser cette question. La foudre était déchaînée, décidément. Une nuit mouvementée, mais une belle rencontre avec Milander.
Je n'étais vraiment pas déçue du tout. J'avais pus faire sa connaissance, sans être dérangée par qui que ce soit. C'était génial. Oui, j'étais heureuse, moi qui croyais ne pas pouvoir aller vers les autres, finalement, je m'en sortais plutôt bien. Je le regardais, pensive. Il était grand. Et son dos était large, mais pas trop non plus. Comme il devait être bon d'y poser sa tête. Je secouais ma tête, me rendant compte de ce que je pensais. Mes pensées m'échappaient de temps à autres, mais je parvenais à les maîtriser quand même. Quand je m'en rendais compte à temps, avant que je sorte une bêtise.
Un sourire timide. Rien que pour moi même. Jamais je n'avouerais mes pensées à Milander. Je n'ose même pas imaginer sa réaction. Le vent sifflait dans mes oreilles. Comme un doux poème que l'on me murmurait à l'oreille. Poème qui parle d'amour, mais aussi de solitude, de tristesse. Mes yeux se voilèrent brusquement. Mon passé, je ne l'avais pas oublié. Et jamais je ne le pourrais. Comment pourrait on oublier tout ça ? Ma mère, qui me maltraitait. J'en avais encore peur. Peur de la voir, de ses coups. Quelle souffrance atroce. Des sanglots dans ma gorge. Des larmes qui coulent sur mes joues. Une terrible souffrance, dans mon coeur, que je cache aux autres. L'impression d'être totalement inutile en ce monde. Voilà pourquoi j'avais peur d'aller dans le monde des humains. Ils ne m'accepteraient jamais, à cause de mon apparence.

Milander était anxieux. Il avait la tête vide. Il ne se rappelait plus ce qu'il faisait ici. Il fixait le ciel comme un condamné regarde une guillotine. Le roulement du tonnerre était une cacophonie terrible.
Il se retourna un instant vers Restiel. Il avait cru l'entendre parler. Elle secoua la tête. Un éclair tomba de nouveau sur la foret. Milander sursauta. Il fallait qu'il parte d'ici, rapidement. Il s'appreta à courir lorsqu'il sentit une main se poser sur son épaule. Il se figea. Il ne voulait pas se retourner. La personne lui sussura quelque chose à l'oreille

* C'est ton destin, Milander. *

Ces mots résonnèrent dans son esprit avec un écho surhumain. Il n'entendait plus l'orage. Il avait déjà entendu cette voix. Lorsqu'il avait obtenu sa chevalière. Le jeune anglais comprit alors qu'il était visité par l'ancien gardien de l'artefact. Il se retourna, observant la silhouette fantomatique. Il savait que seuls les magiciens pouvaient le voir. Mais pourquoi cet esprit se manifestait il maintenant, au milieu de la tempête? Il chassa ses pensées, cédant à la panique. Il voulu courir loin du toit. Disparaitre. Mais ses jambes refusaient de bouger. Le fantome comprit ce qu'il voulait faire.

* Tu ne peux plus t'esquiver maintenant. Voyons voir si tu mérites le pouvoir que je t'ai donné.*

Les yeux du jeune anglais se révulsèrent. Un tourbillon d'étincelles bleues tourbillon autour de lui, le soulevant doucement dans les airs. Milander se courba comme un pantin désarticulé. Un arc d'électricité couru jusqu'à lui. Le temps s’arrêta pour le jeune magicien. Il devait choisir la mort ou le combat. Il se redressa, la main tendue vers l'éclair. Il ferma le poing. Puis, d'un revers, il balaya l'éclair de la main. Celui ci alla percuter la rambarde. La détonation de la foudre était terrifiante. Les jeune anglais n'entendait plus qu'un sifflement lointain. Il joint ses deux mains, murmurant des mots oubliés. Lorsqu'il les décroisa, les nuages se dispersèrent à l'horizon. Il ne restait dans la nuit plus qu'un gros nuage sombre qui occultait la lune. Les éléments, courroucés, abattirent sur le jeune homme un éclair gigantesque. Milander tendit la main et réalisa qu'il était trop tard. Il aurait aimé que le temps se fige une fois de plus. Le choc propulsa l'enfant sur plusieurs mètres, le projetant contre le mur. Il serra les dents. Son corps était parcouru par des étincelles qui n'étaient surement pas magique. Dans un ultime effort, il renvoya l'éclair dans le ciel, dispersant le dernier nuage. Les dernières lueurs magiques se dispersèrent dans la nuit, laissant le jeune anglais aussi inoffensif qu'un collégien normal.

Milander avait repris ses esprits. La silhouette avait disparu. Il leva un regard vers Restiel. Elle pleurait.
Instinctivement, il s’avança vers elle. Il manqua de s'effondrer au premier pas. Il savait que si il tombait maintenant, il ne se relèverait jamais. Il tendit une main innocente vers la demoiselle.

- Restiel, Tout va bien maintenant. L'orage est partit.

Il avait comme idée d'essuyer innocemment la larme et rassurer la demoiselle. Mais lorsqu'il effleura son visage, il transmit un léger choc d’électricité statique à la demoiselle en pleurs. Il recula de surprise, tombant sur ses fesses. Il avait aussi dans l'idée d’enchaîner avec un câlin réconfortant. Mais il se doutait que plusieurs jours s'écouleraient avant qu'il puisse enfin toucher quelqu'un sans recevoir de décharge d’électricité statique. Il ne savait pas ce qui causait la tristesse soudaine de sa compagne. Epuisé, il fit :

- Drôle de nuit.

Je sursautais. Un choc, même léger, d'électricité statique m'avait parcouru le corps brusquement. Sur le coup, je n'avais pas compris ce qu'il c'était passé. On aurait dit que ce garçon avait éloigné la foudre. Milander était tombé sur les fesses sous l'effet du choc. Mes yeux s'agrandirent sous l'étonnement.
Les larmes coulaient toujours sur mes joues, mais je me mettais sur les genoux, près du blond et je parvenais à lui sourire.

Ne t'inquiète pas pour moi, tout va bien, mais c'est de toi qu'il faut s'occuper maintenant...

Je ne pouvais le toucher au risque de me prendre une décharge électrique, malgré l'envie qui me tenaillait. Je lui tendais alors son drôle de portable. Mes mains étaient devenues chaude au contact de celui-ci. Je passais ma main dans mes cheveux et pus remarquer que ceux-ci étaient complètement décoiffés. Avec les bourrasques, il n'aurait pu en être autrement.
Le vent semblait s'être calmé, et les nuages avaient disparus. Une folle envie me prenait soudainement: celle d'aller me blottir dans les bras de Milander. N'empêche que, lorsque sa main avait effleuré mon visage, mon coeur s'était mis à battre à une vitesse folle. Je passais une mèche de mes cheveux derrière l'oreille.

Que fait-on maintenant ?

Milander avait la tête qui tournait. Tandis que Restiel s'agenouillait devant lui, il remarqua les stigmates sur le front de la jeune demoiselle. Le jeune anglais était plutôt satisfait de son sort. Il n'avait jamais connu des sévices, était nourri régulièrement... Il doutait que la demoiselle ai un passé aussi facile. Et puis, il venait quand meme de repousser l'orage à lui tout seul. Il s'attendait plutôt à des applaudissement ou à un vague signe d'étonnement mais surement pas à des larmes.

Ne t'inquiète pas pour moi, tout va bien, mais c'est de toi qu'il faut s'occuper maintenant...

Puis elle tendit le portable que Milander récupéra rapidement. Il reçu une nouvelle décharge en saisissant l'objet. Il retint un juron et sourit à la demoiselle ravi de pouvoir récupérer son doudou. ( Il ne se l'avouerait jamais assez mais il considérait son portable comme un grigri d'une valeur inestimable.) Il désactiva l'application magique et la chaleur se dispersa. Il chercha un moyen de se décharger de l’électricité statique dans son portable. Il réussi, créant à l'occasion l'application " Mega-Accu". Bien, tant que l'application tournerait, il pourrait arrêter d'envoyer des chocs dès qu'il devrait avoir des relations humaines. Il reporta son attention vers son interlocutrices aux yeux légèrement rougis.

Que fait-on maintenant ?

- Je vais bien, merci.

Milander l'observa réajuster sa chevelure blanche. Il ne put s’empêcher de trouver ce geste charmant. Il se releva sans attendre, sentant ses forces lui revenir. Il éteint la lumière. Puis,il prit lentement la main de Restiel et l'attira jusqu'à la rambarde. Les nuages dispersés et le gros projecteur désactivés, les deux personnes ne manquaient rien du spectacle de la voûte étoilée. Le jeune anglais connaissait au moins une demi douzaine de constellations mais il n'avait pas envie de partager ses connaissances en astrologie ce soir là. Il avait juste envie de contempler la nuit et les étoiles tant qu'il le pouvait encore. Si il croyait ce qui était écrit dans la lettre de son oncle, c'était un luxe qu'il n'aurait plus avant longtemps. Il réalisa qu'il tenait encore la main de Restiel. Il jeta un coup d'oeil à la demoiselle. Ses cheveux blancs étaient magnifiques sous la pale clarté du ciel. Il ne pouvait cependant pas voir son visage. Pleurait elle encore?

- Restiel, puis je faire pour chasser vos... euh. tes préoccupations? Tu veux en parler de quelque chose??

Idéalement, Milander aurait juste aimé faire apparaître plein de feu d'artifices, ramener le sourire sur le visage de la demoiselle et aller se coucher. Il était fourbu.

D'un geste de la main j'essuyais les larmes sur mes joues. Je levais le visage vers le ciel, et j'en profitais pour admirer la scène. Jamais je n'avais vu jusqu'à présent un aussi beau spectacle. Ma main était toujours dans celle de Milander, mais cela ne me dérangeait pas. Bien au contraire. Quelque part, ça réchauffait mon coeur, qui était blessé d'une certaine façon, et qui n'a jamais oublié le passé.

- Restiel, puis je faire pour chasser vos... euh. tes préoccupations? Tu veux en parler de quelque chose??

Un sourire glissait sur mes lèvres. Décidément ce garçon était vraiment gentil. Je m'appuyais sur la rambarde et observais le vide, en dessous de moi. Si vraiment, j'avais été déprimée je n'aurais pas hésité à sauter dans le vide. Mais là, trop de choses précieuses me retenaient.

A vrai dire, j'ai repensé à certaines choses qui se sont produites dans le passé, et que je n'arrive pas à oublier...

A vrai dire, se faire maltraiter, c'était plutôt traumatisant. Et puis, on ne m'écoutait quasiment jamais. Alors, que maintenant on m'écoute c'était plutôt étonnant. Je n'avais pas l'habitude de cette gentillesse. Je tournais alors mes yeux vers Mylander, et les plongeais dans les siens. Il avait de si beaux yeux. Les miens étaient trop grands, et trop jaunes aussi. Ça ne rajoutait qu'une touche étrange en plus de ma peau grise.
Je ne savais pas trop comment réagir. J'avais l'impression que mon coeur allait sortir de ma poitrine à force de battre à tout rompre. Je finis par sourire.
J'étais contente d'avoir pu rencontrer quelqu'un d'aussi gentil comme Mylander. Les personnes comme lui, dans le monde des humains, je n'en trouverais pas beaucoup. Voir pas du tout.

Elle chassa ses larmes et regarda le ciel. Milander eut soudainement un flot de souvenir. Une sensation étrange. Il avait une certitude. Ce n'était pas les siens. Quelque chose sur sa poitrine le démangeait. Lorsqu'elle sourit, le jeune anglais ne put que trouver son visage radieux. Il sentait l'air marin.

A vrai dire, j'ai repensé à certaines choses qui se sont produites dans le passé, et que je n'arrive pas à oublier...

Milander délirait totalement. Il entendait presque les mouettes. Il n'assimilait pas trop ce qui était arrivé à sa mémoire. Si il en croyait ses souvenirs, il avait déja chevauché un griffon. Or le jeune anglais ne se rappelait plus quand il avait eut l'occasion de rencontrer un griffon. Il l'ajouta dans sa liste des choses à faire. Il rassembla ses pensées. Se rappelant maintenant la phrase de Restiel. Elle souriait toujours sous les étoiles. Son torse le brûlait terriblement. Une sensation soudaine et cuisante. Etait ce le contrecoup de la foudre?

- Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Les voix du seigneurs sont impénétrables. Chacun construit sa propre route.

Il avait récité un couplet qu'il avait entendu à la messe. Même si il n'y croyait qu'à moitié, il se disait que c'était toujours des mots réconfortants. Se morfondre trop longtemps sur le passé rendait le futur ennuyeux. Il lacha la main de Restiel, se frottant le bras. Il se rappela cette histoire de couvre feu et cru entendre un bruit. La paranoia ou une mouette. Ou un tigre-garou? Il se sentait presque ivre. Il posa sa main sur l'épaule de Restiel et ,avec une spontanéité qu'il ne se connaissait pas, lui fit un calin.
La demoiselle était petite et le jeune anglais se comporta avec elle comme avec une poupée fragile.

Il rompit l'étreinte pleine de tendresse sans sommation et recula de quelques pas. Il sentait désormais nettement une douleur sur son torse. Comme une longue balafre.

- Excusez moi, je vais aller me coucher. Je suis épuisé. Je ne peux que vous souhaiter de beaux reves, Restiel-san.

Il s'inclina et regarda son portable. Il leva une dernière fois la tete, observant la voûte étoilée avant d'aller rejoindre morphée.

J'ouvrais de grands yeux surprise de ce geste rempli d'affection. Jusqu'à présent je n'avais eu le droit à de tels gestes, à part ma cousine. Mes joues virèrent très vite au rouge tomate, mais ma peau étant grise, prirent une teinte gris foncé. J'avais eu l'impression que mon coeur avait raté un battement. Et puis, la chaleur du corps de Mylander avait été vraiment réconfortante. Un sourire glissa sur mes lèvres. Cela faisait bien longtemps que je n'avais été aussi détendue.

- Excusez moi, je vais aller me coucher. Je suis épuisé. Je ne peux que vous souhaiter de beaux reves, Restiel-san.

Je n'étais pas déçue de cette nuit, qui fut pourtant mouvementée.

Bien sur, il n'y a aucun problème, je vais aller faire de même, et je vous souhaite aussi de faire de très beaux rêves Mylander-kun...

J'avais l'impression que mes joues étaient en feu. C'était la première fois que j'appelais un garçon par son prénom et qu'en plus je rajoute le suffixe-kun après. Je baissais mes yeux jaunes. J'étais vraiment heureuse en tout cas.

J'espère juste que l'on aura l'occasion de se reparler.

Je souhaitais le revoir. Il m'avait redonné un peu de courage en moi, pour affronter les futurs obstacles. Il y eu un léger coup de vent. Une larme coula le long de ma joue. Mais ce n'était pas une larme de tristesse, bien au contraire. Jamais je n'aurais pu espérer mieux.

Je vous souhaite bonne chance pour la suite.

Je m'inclinais respectueusement. Je commençais à m'en aller, me retournais encore une fois, pour lui faire un petit signe de la main.

Bien sur, il n'y a aucun problème, je vais aller faire de même, et je vous souhaite aussi de faire de très beaux rêves Mylander-kun...

Le visage de Restiel vira au rouge, une fois de plus. Elle baissa timidement les yeux. Milander se demanda un instant ce que ça pouvait faire d'avoir une petite soeur. Il n'avait connu qu'une fraternité virile. On se serrait certes les coudes mais on se tapait dessus le reste du temps. La tendresse spontané n'était pas une chose naturelle pour le jeune anglais.

J'espère juste que l'on aura l'occasion de se reparler. Je vous souhaite bonne chance pour la suite.

Elle s'inclina doucement et s'éclipsa. Avant de disparaître, elle fit un petit geste vers Milander. Il s'interrogea un instant sur son secret. Il y avait quelque chose avec ses yeux et sa peau. Mais des couleurs différentes n'éclairaient pas vraiment le jeune anglais sur la nature de Restiel. Ses habilités la rendait elle Super-timide?

Le sorcier repensa aux évènements de la soirée. Une fois de plus, trop de questions se bousculaient en lui. Qui était le fantôme qui l'avait testé ce soir? Quel était cette terrible douleur au torse qu'il avait ressenti quelques instant plus tôt? Il réfléchit un instant à la requête de son oncle. Il ne voyait personne dans son entourage qui aurait pu correspondre au profil. Il soupira bruyamment et quitta le toit. Il se faufila jusqu'à sa chambre et s'endormit comme une souche. Et ce soir là, la tête pleines de constellations, Milander rêva.

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Le magicien et les étoiles ( Libre? )

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