Mort d'une gargouille.

Il existait bien des rancœurs qui persistaient et qui grandissaient dans le cœur des gens. Bien des vengeances qui se construisaient petit à petit dans la tête, l’esprit malade de ces personnes. Souvent, elles finissent par avorter, par manque de temps, de courage, par peur des représailles, des conséquences. Mais ça, ce sont des problèmes d’humains. Pas de monstre.

Pendant chaque jour à compter de sa première défaite, l’esprit de Ruby n’avait pensé à autre chose que la saveur qui emplirait sa bouche quand elle dégusterait enfin la chair tendre de son ennemie. Vika. La seconde défaite qui venait entacher son immense tableau de chasse. Si le premier à l’avoir vaincu était mort et enterré depuis longtemps, il n’était pas de même avec la métamorphe, et elle comptait bien lui faire la peau, cette fois. Et rien n’arrête une gargouille assez déterminée comme Ruby.

Elle avait longuement réfléchi à la manière dont elle s’y prendrait, échafaudant plan toujours plus alambiqué que les autres, poussant toujours plus loin les raffinements sadiques. Pour finalement tout laisser retomber à plat. Ce n’était pas ça qu’elle voulait. La surprendre et la torturer ne lui apporterait pas la même satisfaction que de lui faire connaitre la défaite, la vraie. Celle dont on ne se relève pas.

Le choix allait être vite pris. Ruby n’avait rien à perdre. Elle avait déjà perdu une fois, déçu ses maîtres, et faillit à sa tâche. Ne lui restait que la victoire ou la mort. Et si elle sortait vainqueur de cette affrontement qu’elle comptait perpétrer en pleine journée, et bien, elle improviserait. Qu’importe les conséquences, seul compte l’instant de la défaite dans les yeux de son adversaire.

La rentrée était déjà bien avancée. Enfin, deux bonnes semaines s’étaient écoulées depuis le retour du gros des élèves, et la reprise des cours. Ruby en avait assez d’attendre. Aujourd’hui, le combat de sa vie allait enfin devenir réel. Elle l’attendit sur le toit. Tout du moins, elle commença sa planque sur l’un des toits du bâtiment principal. La gargouille connaissait le mode de fonctionnement de la métamorphe. Aussi étrange que cela puisse paraitre, Ruby savait qu’au fond d’elle-même, Vika elle aussi mourrait d’envie de l’affronter à nouveau. Et elle refusera catégoriquement que quelqu’un intervienne dans son combat. Elle était du Comité de toute façon, qui oserait lui dire quoi que ce soit ?

La sonnerie de midi venait de sonner. L’heure parfaite pour combattre. La lumière était partout, il faisait bon pour voir que l’on était en janvier. Ce qu’il fallait de vent pour ne gêner personne, elle comme Vika. Le combat pouvait commencer.

Elle se morpha en haut du toit. La forme monstrueusement hideuse qu’elle était pris doucement forme alors que ses vêtements éclataient tandis qu’elle grandissait, que sa seconde paire de bras poussait et que ses ailes s’épanouissaient. Vika venait de sortir et se rendait vers le réfectoire. Comme un jour normal. Elle sortait du dojo, si Ruby ne se trompait pas, elle devait donc toujours se trouver en tenue de combat. Bingo. Le sourire d’obsidienne de la gargouille s’élargit. Elle n’avait rien laissé au hasard. Elle bondit du toit.

********

Le nuage de poussière qui masquait la vision de Vika ne la gêna pas pour comprendre ce qu’il se passait. A vrai dire, elle savait que cela devait arriver tôt ou tard. Et elle était heureuse que cela fût tôt, et dans de telle circonstance. Sans prendre plus la peine de réfléchir, elle bondit en arrière en criant de reculer à la foule qui ne comprenait pas. Tous ces gens ne connaissaient pas l’aura répugnante qui se trouvait en face d’elle, Vika, si.

Elle avait déjà déployé ses ailes, et s’était mise en garde. Rien n’indiquait que la gargouille était venue pour se battre, bien qu’elle ne voyait pas trop ce qu’elle pouvait faire d’autre. La masse brune opaque se dissipa et les deux adversaires purent se toiser à loisir. Il n’y avait pas besoin de mot, de parole. C’est Ruby qui fit le premier pas, prenant une foulée gigantesque et frappa Vika d’une double droite dévastatrice. Une entrée en la matière digne de la gargouille. Mais la métamorphe n’avait pas chômée depuis la dernière fois. Elle arrêta l’équivalent de la charge d’une trois tonnes cinq lancé à cent kilomètre heure d’un bras levé sur le côté, alors que le sol s’enfonçait sous ses pieds pour amortir l’excès de newton d’un tel affrontement. Son bras ne tressaillit même pas. Profitant de son élan, Vika se saisit de l’un des membres de pierre de Ruby et la projeta dans les airs, prenant ensuite son impulsion sur le sol déjà maltraité, et battant des ailes pour la rejoindre dans les cieux.

Le combat pouvait commencer. Si Ruby avait été surprise par la façon dont Vika avait contré son coup, elle ne le laissait pas paraître. Les coups filaient à vitesse folle alors que chacune testait les progrès de son terrible adversaire. L’air se mouvait au gré de leurs mouvements emplis de puissance, sifflant à chaque attaque, chaque blocage. Ruby maintenait la pression grâce au surnombre de ses bras, mais Vika se défendait de manière habile et ne laissait place à aucun mouvement inutile ou dangereux, parvenant même à prendre les devants de l’offensive en de rares instants.

N’importe qui connaissant l’une comme l’autre devinait le plaisir que chacune des deux prenait lors de ce combat titanesque. Elles n’avaient pas encore montré leur niveau de jeu réel. C’était encore de l’échauffement, les petits amuse-gueules qu’on vous sert lorsque vous patientez au restaurant. Mais c’était terriblement amusant. Les rares coups qui passaient les gardes étaient rapidement amortis par une volte rapide qui déviait le gros de la force vers les parties les moins importantes et les moins douloureuses du corps. Pour le moment, rien de plus violent que quelques ecchymoses pour nos deux adversaires. Et pourtant, pour bon nombre d’élève qui regardaient, fascinés, la chose, le combat était déjà bien au de-là du niveau qu’ils n’oseraient imaginer dans leurs rêves les plus fous.

Puis vint le moment fatidique. Une griffe de Ruby effleura la joue de Vika. Le combat cessa instantanément. Le seul bruit qui s’élevait était celui, aussi régulier qu’un métronome, du battement des ailes de nos adversaires. La tension était à son comble. Le regard de Ruby était fixé sur la joue de la métamorphe. Celle-ci sentit la première goutte de ce liquide chaud qui coula aussi lentement que possible sur sa joue, avant de quitter la bordure de son visage. Elles savaient toutes deux ce que cela signifiait. Loin en contrebas, la petite parcelle de vie vermeille s’écrasa contre le sol. Les auras explosèrent au même instant, d’une onde de puissance qui aurait soufflé n’importe qui à leur côté.

C’était toujours le signal pour les vrais guerriers, les combattants qui jouissaient d’un combat comme on pouvait savourer une glace d’un grand maître. Celui du vrai combat, où les vies étaient mises en jeu sans pour autant que cela ne pèse sur la balance. Qu’étais la vie devant la joie du combat ? Qu’étais la vie quand chaque mouvement, chaque attaque est une exaltation de tout le corps qui ne vit plus, qui ne vit plus que pour la fraction infime de temps de combat dans la frise d’une vie.

L’intensité de chaque coup ne faisait plus que se voir, elle se ressentait maintenant, tantôt brulante de haine, tantôt glaciale d’un calme effroyable. Nombreux ne surent trancher sur laquelle était la plus terrifiante, mais chacun pouvait aisément en identifier la provenance. Et qui gagnait du terrain.

Aucune des deux n’avaient encore prononcé un mot. Si Ruby ne pouvait pas saigner, Vika ne semblait plus pouvoir le faire depuis le premier coup de griffe de la gargouille. Celles-ci semblaient glisser sur la peau blanche de la samouraï ailé qui n’essayait même pas de les esquiver. Les coups directs la faisaient reculer car elle n’avait aucun appui réel dans les airs, mais elle ne semblait pas en souffrir. Pour la première fois de sa vie, Ruby contemplait quelqu’un qui avait appris à se battre de la même façon qu’elle. Un tank d’apparence indestructible qui détruisait votre moral avant même de vous blesser physiquement. Mais la gargouille connaissait la chanson. Elle aussi affichait un masque imperturbable, et ne grimaçait même pas devant la force des coups de la métamorphe qui aurait pourtant assommé un dragon. Ce que ne savait pas la gargouille, c’est qu’elle se trompait.

Les nouvelles facultés de Vika étaient incroyables. Elle-même n’en revenait pas. Pour le moment, elle n’avait voulu tester les limites de ses capacités défensives sans oser se servir de celle d’attaque. Les résultats étaient merveilleux. Elle bloquait les chocs avec une incroyable facilité et n’était toujours pas blessée. Mais il ne fallait pas abuser des bonnes choses. Elle encaissa volontairement un uppercut au ventre qui la souleva plus haut dans les airs encore. Ruby sourit de façon carnassière. Enfin, elle avait tiré un air de souffrance de son ennemi, alors qu’elle contenait avec difficulté les siennes.

Elle se jeta dans son sillage. Erreur. Le poing de Vika la cueillit sur le côté du visage, décoché à une vitesse folle. L’air autour d’elles se scinda en deux, ne supportant l’excès d’énergie d’un pouvoir encore difficilement contrôlable, alors que Ruby s’écrasait au sol, faisant trembler celui-ci. Vika était déjà en bas, et l’avait soulevée comme un chiffon, la relançant en l’air avant de lui administrer un coup de pied d’égale puissance. Les fenêtres d’un étage se brisèrent. Les défenses molles que Ruby tentaient vainement d’ériger n’était que fétus de paille devant un ouragan. Après une bonne dizaine de coup dévastateur, Ruby retomba au sol comme la pierre qu’elle était. Les plus près purent entendre distinctement la pierre se fendre. Vika se posa doucement, toute la puissance qui émanait d’elle avait disparu. Elle avait gagné. Et malgré tout le dégout que Ruby avait pu lui donner, elle s’approcha avec un respect religieux de ce corps rocheux meurtris.

La gargouille n’était plus que l’ombre d’elle-même. La sculpture avait perdu ses formes, il ne lui restait qu’un bras, et ses dents étaient cassées. Pourtant, et malgré la défaite, elle semblait heureuse. Dans un dernier souffle, elle lâcha un bref.

« Je m’appelais Ruby. Souviens-toi de moi, Vika Nightwing. Je suis fière de terminer ma vie de tes mains. »

La guerrière ne dit mot, s’agenouillant à ses côtés. Les derniers restes de pierre s’effritèrent, tombant en morceau, pour dévoiler une pierre rouge aussi grosse qu’un calot, qui brillait d’une lueur magique. Vika la prit entre ses mains, et la rangea dans une poche. Le contrecoup du combat se fit alors sentir. Les pouvoirs qu’elle ne maitrisait qu’à moitié lui étaient encore à double tranchant. Dans une gerbe de sang craché, elle tomba au côté du cadavre de pierre, respirant difficilement. Mais c’était une victoire.

Spoiler:

Peut après le lancement des hostilités, comme attirée par son flair de grand monstre, le petit monarque vint assister à la sauterie. Nichée tout là-haut, sur le rebord d'un toit. Les jambes logées dans le vides, ne battant d'aucune saveur de la bataille. Flandre c'était posée là en simple observateur, ayant eut vent on ne sait comment de la haine de la gargouille pour le corbac dénommé Vika Nightwing. Ainsi repliant ses ailes en ferrailles contre son dos, faisant légèrement tinter la mélodie des cristaux, elle posa les griffes contre la pierre du rebord. Comme prête à l'entailler d'excitation ou de fureur, ou encore à se jeter dans le vide. Pensant qu'autrefois, l'ancienne Flandre aurait ici dansé au bord du gouffre en hurlant sa chanson tordue. Elle aurait assurément prise part au combat. Pourtant cette dernière, plus sage et potablement saine d'esprit, s'en garda bien. Sachant que ce combat était son combat à elle, cette gargouille ayant perdut son pitoyable honneur. Le suzerrain macabre s'accorda sur cette pensée, elle n'irait blâmer la perdante. Ne se lançant dans aucun pari ni prodnostic, il n'y avait plus de faction. Si n'y avait que deux combattants formidables. Deux monstres qu'elle reconnue à leur juste valeur, elle avait été élevée ainsi après tout. Des lambeaux de code de la chevalerie médiévale lui restant elle ne souffla mot à l'épique querrelle. Demeurant paciente, invisible et muette. Jusqu'à voir s'éfondrer la montagne.

Elle ne fut pas surprise à la voir tomber en miettes. Murmurant pour elle même sa pensée. « Antithèse vient de perdre un précieux élément. Au moins avec elle la connaissance l'emplacement de mon Manoir s'est perdue. Quel dommage, j'aurais bien aimé affronter Ruby et la transformer en gravas. Vika Nightwing, tous les regards vont se trourner vers toi à présent, la tempête approche ... » Sur ses derniers mots, elle s'était reculé pour prendre le ton du départ. Trouvant l'idée plaisante de défier cette femme en combat singulier et non à mort. Et au lieu de lui sauter dessus et de l'éliminer comme toute crapule d'Antithèse l'aurait fait. Le Vampire ne profita nullement de cette occasion si lâche, préférant endosser un manteau honnorable pour un futur défit qui les opposeraient. Puisque, toutes deux faisaient partie de factions en conflit. Ainsi s'évaporant dans l'ombre d'une cage d'escalier, Flandre s'en retourna au quartier général secret pour annoncer la disparition de la gargouille et demander à faire passer sa meurtrière comme ennemi public numéro un sur la liste noire ...

Immédiatement portée à l'infirmerie, un infirmier ayant des pouvoirs de guerisons lui offrit ses services, soignant la plupart de ses blessures internes, mais elle restait faible, et surtout, Vika avait mal. Un mal de chien qui lui parcourait le corps de la pointes des pieds jusqu'à celle de ses cheveux. Si elle savait que cela allait arriver si elle abusait de ses pouvoirs, ainsi qu'elle l'avait déjà vécu avec Dehvi, elle ne s'attendait pas à subir autant sur un combat. Allongée dans le lit, elle se redressa quand quelqu'un entra. L'aura que dégageait celle qui venait d'entrée était des plus terrifiantes. Mais pas agressive. C'était quelque chose d'autre. Surement de pire. Elle s’arrêta juste à côté d'elle alors que Vika se tendait, malgré les cris de souffrance de ses muscles.

Après tout, n'importe qui de l'antithèse pouvait débarquer pour tenter de l'éliminer alors qu'elle était affaiblie. Le monstre griffu inspira longuement, et l'aura finit par se calmer, et son apparence redevenir humaine. Bien, il fallait croire que la mort de Vika n'était pas la raison de sa venue ici. La métamorphe se redressa complètement, se calant contre le mur, contre lequel le lit était appuyé. Non sans grimacer de souffrance. Elle formula alors ces quelques mots, d'une voix douce.

« Qui êtes vous, et que me voulez vous? »

Vika savait être pragmatique. Elle vérifia la présence de Sanguine non loin d'elle, et serra le joyau dans la paume de sa main. Elle ne l'avait pas lâché depuis la fin du combat. Comme si cela signifiait la fin de tout ses problèmes, lui redonnant espoir. Mais elle savait parfaitement, que c'était en fait le début de la fin. Elle venait de déclarer une guerre, et les conséquences de tout cela allait être terrible. Elle en frissonnait d'avance.

L'idée qu'une âme à nu se trouvait juste sous son nez faisant littéralement baver la Psionique. Elle essuya ses lèvres d'un revers de manche et tenta de se focaliser sur... La personne qui semblait tenir dans sa main son salut. Une pierre rouge, palpitante de vie, une âme si alléchante... Non, la jeune fille, se concentrer sur la jeune fille. Tu peux le faire Heliott, tu le peux. Tu as déjà connu Faim plus intense et désir plus grand. Oui mais elle quand même vachement à découvert.

Oui mais la jeune fille dans le lit semble faible. Même si Heliott était sensée être un monstre sanguinaire et sans pitié, ses souvenirs profondément ancrés, surtout en un moment de Faim, remontaient à la surface de son esprit sans qu'elle n'ai la force de les retenir. Des silhouettes décharnées, faibles, maigres, irradiant de douleur et pourtant d'une détermination à vivre infinie. Tout comme la brunette devant elle.

La brunette en question possédait d'ailleurs de magnifiques cheveux d'un noir de jais, brillants comme de l'obsidienne et dont les reflets semblaient être fait d'acier trempé n'avait rien à envier à la couleur que Hunter avait savamment composé pour sa propre chevelure avant de la teindre. Elle avait aussi de grands yeux d'un bleu intense, pas autant certes que ceux de Heliott, mais tout de même d'un bleu cobalt assez surprenant, et sa peau, si elle n'était ni aussi pâle ni aussi diaphane que celle de la Psionique, possédait une couleur d'ivoire très agréable à regarder et surement tout aussi agréable à caresser.

Une belle femme sans aucun doute, qui ressemblait étonnamment à Hunter. Enfin, si on oubliait toutes ces marques et ces blessures, et sans doute aussi ces douleurs musculaires à en juger par la grimace qui déforma un instant son visage délicat. Mais Hunter sentait dans son regard une force qui ne semblait ni ébranlée par la douleur ni par sa présence, et son coup d'oeil rapide en direction d'un katana lui confirma qu'elle serait prête à défendre sa vie malgré les blessures. Et Heliott était parfaitement consciente que, même face à un adversaire fourbu et tétanisé de douleur, elle ne valait rien.

Aussi, elle resta immobile et fixa la jeune femme en essayant de ne pas laisser ses yeux dériver vers le joyau si précieux qui luisait dans sa main serrée. Il serait tellement plus beau dans son ventre pourtant... Quel dommage, quel gâchis enfin qu'elle faisait de cette pierre. D'ailleurs que pouvait elle en faire ? Elle n'avait pas l'aura d'un Psionique, et de toute façon si elle en était elle ne garderait surement pas une âme si puissante dans sa main comme ça sans y toucher... Hunter se racla la gorge pour éviter que sa voix rauque ne la décrédibilise encore plus que le filet de bave qui avait coulé de ses lèvres quelques secondes au part avant.

- Je suis Hunter et je veux cette âme. Cette pierre. J'en ai besoin. Vraiment. Soumettez moi votre prix.

Ses mots étaient hachés, et son regard exprimait une grande détresse. Pour une fois qu'elle ne tentait pas de manipuler quelqu'un en lui mentant, elle espérait bien obtenir ce petit bijou. Elle n'était pas loin de la supplication. Et de toute façon, si elle refusait, elle démolirait son mental. Non mais.

L'âme? Elle voulait la pierre qu'elle avait récupéré sur Ruby? Vika n'était pas sure de comprendre ce que la dénommée Hunter voulait dire. Si elle avait gardé ce trophée pour une raison obscure, elle ne se doutait pas que celle-ci puisse contenir l'esprit de Ruby. Si bien, qu'elle hésitait un peu.

"Admettons que je vous la donne. Qu'allez vous en faire? J'ignore tout de vos capacités ou richesses, je ne peux vous demander quoique ce soit pour le moment. Faites une proposition digne de ce nom, si vous en avez tant besoin."

Ne jamais faire la première offre. Et puis, il était vrai qu'elle ignorait tout de Hunter. A part qu'elle avait une mine affreuse quand elle ne se donnait pas la peine de se maîtriser, et qu'elle était plutôt jolie dans l'autre cas. Et qu'elle était soumise à ce qui ressemblait beaucoup à de la faim. Dévorer l'âme de Ruby? Elle ignorait les implications d'un tel acte, et si elle pouvait cautionner cela moralement.

Mais Ruby, malgré son combat loyal final, n'avait pas hésité à tenter de détruire son propre psyché. Elle ne reculerait donc devant rien qui puisse l'aider à prendre le pas sur l'antithèse. Non, la métamorphe était en guerre, maintenant. Elle comptait bien la gagner.

"Et une proposition pouvant m'aider à combattre l’antithèse, a qui je viens de déclarer la guerre en éliminant l'un de leur membre, vaudrait bien plus qu'aucune auttre."

Elle montra la pierre en prononçant cela. Peut-être cela aiguillera Hunter sur ce que Vika pouvait rechercher. La discussion ayant pris un tournant inattendu, elle se concentra dessus et parvient à oublier un peu la douleur qui la parcourait. Elle ignorait ce dont Hunter était capable pour obtenir la pierre, mais la force ne serait pas la meilleure façon de l'obtenir. Et son mental avait l'habitude des attaques. Oh, et elle n'était pas seule dans sa tête pour la défendre. Jade veillait au grain.

La jeune femme dont elle ignorai toujours le nom semblait sceptique. Hunter inspira, expira, se calma peu à peu, jusqu'à redevenir la parfaite femme froide qu'on connaissait généralement d'elle dans le lycée. Elle se devait de garder le contrôle d'elle même. Le contrôle d'elle même. Oui. Et à présent qu'elle était plus concentrée, plus méthodique, et qu'elle parvenait à oublier l'âme si alléchante juste sous son nez, elle percevait mieux l'esprit de la cible des négociations. Deux esprits brillaient en elle. L'un plus faiblement que l'autre cependant. Schizophrène ? Non. Pas aussi scindés. Un mystère de plus à éclaircir.

Mais elle demandait son offre, son prix, ce qu'elle donnerait en échange de cette âme. Elle faillit laisser échapper malencontreusement un "Tout" très décidé, mais elle se retint au bon moment. Ce n'était pas son genre de signer un chèque en blanc. Elle attendit la suite des évènement et lentement, au fur et à mesure que la propriétaire de la pierre débitait ses informations, un sourire sadique étira ses lèvres fines. Une idée germait dans son esprit tordu. Une fois la déclamation terminée, elle reprit la parole d'une voix beaucoup plus calme et posée. Elle avait un plan.

- Si je bois cette âme, que vous tenez dans la main, je serais nourrie par son énergie... Et par ses souvenirs. Tout. Ses souvenirs.

Heliott ménagea une petite pause pour laisser le temps à la demoiselle de digérer cette information. Puis elle reprit, contournant lentement le lit pour s'assoir sur une chaise près de la fenêtre

- Je suis une Psionique, une race de monstre qui lit les esprits, les manipule, et dévore les âmes. Si vous me donnez cette âme je vous transfèrerais tout les souvenirs et les informations qui vous seront utiles. Et si vous comptez combattre l'Antithèse dans peu de temps... Je pourrais toujours vous être utile, et les âmes tomberons par dizaines. Du moment que je ne suis pas directement impliquée et que j'ai de quoi me nourrir en échange... Je peux vous donner à peu près tout ce que je peux me procurer grâce à mes dons.

Les mains de la Psionique tremblaient d'excitation. Sa survie était là, à portée de main. Et sa voix était vers la fin de sa présentation... Assez suppliante. Sans compter que son regard hurlait presque "HELP ME PLEASE". Presque.

» Ventre qui gargouille... [libre]
» L'amour (ou la mort ?!) aux trousses [pv Risa]
» La Vie n'est qu'une longue attente de la Mort [PV Cornelia]
» Celle qui ne risquait pas la mort [PV Jimena]

Mort d'une gargouille.

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