Ventre qui gargouille... [libre]

Drek n'était arrivé au lycée Yokaï que depuis hier soir : il avait à peine eu le temps de s'installer dans sa chambre, de s'installer, puis de dormir, pour la première fois sous forme humaine.

Le lendemain, comme le directeur lui avait recommandé, il lut et relut le règlement intérieur à plusieurs reprises ; essayant de le retenir par cœur. Sa nouvelle mission entant que gardien, ou plutôt surveillant, était bien plus difficile que la précédente. Ici, il fallait retenir de mémoire tout ce qui était punissable ou non, et dans quelles mesures : de plus, il fallait éviter de se montrer sous sa vraie nature, ce qui présentait une difficulté supplémentaire.

Vers midi, la gargouille quitta sa chambre, enfilant son uniforme et son badge de surveillant avant de se diriger vers la cafeteria, consultant plusieurs fois un petit plan du lycée qui tenait dans sa poche. Le directeur avait vraiment pensé à tout, mais comment faisait il ?

Vivre comme un être humains avait ses inconvénients, comme de devoir manger deux ou trois repas par jour, se laver et... Toutes ces choses.

N'ayant croisé personne dans les dortoirs, ce qui était normal à midi pile, Drek ne fut confronté à la masse étudiante qu'une fois arrivé en vue du bâtiment abritant le réfectoire.

Il croisa de nombreux élèves à l’extérieur, entrain de discuter ou de manger dans leur petites boites à repas... Des bentô ?

Il se rendit compte que lorsqu'il passait quelque part, l'agitation diminuait quelques peu et des regards se tournaient discrètement vers lui. Mais cela était dû au fait qu'il était surveillant, et nouveau de surcroit ; il n'y avait donc rien d'étrange à ce qu'il déclenche quelques petites réaction.

Dans les couloirs, il retrouva un peu de calme et de silence. Il faisait beau dehors, et très peu d'élèves trainaient encore à l’intérieur du bâtiment, ce qui était normal.

Ravi de n'avoir constaté aucune anomalie la gargouille avait finalement poussé les portes du réfectoire dans lequel régnait une certaine ambiance. Des gens parlaient, riait bruyamment ou se contentaient de manger sans rien dire.

Il avança ensuite entre les tables, se dirigeant vers les plateaux du self. Un rapide coup d’œil entrainé lui révéla que des groupes avaient tendance à se former naturellement dans cette salle. Les plus calmes occupaient les tables plus proches des murs ou des fenêtres, et les plus bruyant s'asseyait pas groupe au centre de la salle, criant parfois pour communiquer avec d'autres tables plus éloignées. La encore rien d'alarmant.

Drek s'arrêta devant les plateaux et plissa les yeux pour lire les indication affiché blanc sur rouge juste à côté. Il était écrit : -Un seul plateau par personne -suivre le sens des rails -une entrée, un plat principal et un dessert par personne -Seul les membres du personnel ont aux boisson alcoolisées...

Improvisant alors, la gargouille prit un plateau, le posa sur les rails et le fit glisser dans le sens indiqué.

Il arriva alors devant un présentoir au dessus duquel se trouvait une plaque de verre, pour protéger la nourriture de ce qui pourrait y tomber. Une petite étiquette signalée : Entrées. Drek en prit donc une au hasard et continua d'avancer son plateau, à la recherche de l'étiquette qui annoncerait le plat principal. Arrivé la, il prit une assiette au hasard et continua jusqu'aux desserts, renouvelant l'opération.

Puis, les instructions s'arrêtant la, il continua de suivre le parcourt jusqu'à arriver devant une femme à l'air un peu fatigué. Celle ci l'observa un moment, son regard s'attardant une seconde sur le badge de la gargouille.

-Bonjour monsieur, vous êtes nouveaux ? Bienvenu. Dit elle dans un petit hochement de tête poli. Souhaitez vous un peu de saké ? Une bière ?

-Merci... Je prendrais du saké.

Son accent était encore à parfaire, et sa voix avait tendance à portée loin, voilà pourquoi il ne laissa pas paraitre beaucoup d'émotions, encore peu à l'aise dans ce nouvel environnement.

La dame posa alors sur son plateau un verre minuscule et une petite bouteille frappé d'un kanji compliqué que Drek ne reconnut pas. Mais il s'agissait surement de saké, alors il essaya de mémoriser la forme du kanji afin d'en faire un repère.

Il releva ensuite les yeux vers la dame qui toussota légèrement.

Vous souhaitez payer ? Ou vous avez un ticket de cantine ?

La gargouille parut surprise pendant un bref instant et fouilla dans les poches de son pantalon avant de trouver l'un des trois tickets que lui avait donné l'étrange fille qui accompagnait le directeur. Elle lui avait dit que cela lui servirait à manger. Maintenant, il comprenait.

Il déposa un ticket bleu tout froissé sur le comptoir et la dame lui offrit un sourire amusé avant de le prendre et ajoutant :

Bon appétit.

Il inclina légèrement la tête pour la remercier et se retourna pour faire face au reste de la salle, cherchant du regard une table peu ou pas occupée.
A cette heure d'affluence, presque toute les tables étaient prise, mais il put repérer une grand table à laquelle il n'y avait que deux personne, assises à un bout de la table. Il aurait donc un peu de tranquillité en s'asseyant sur l'autre bout.
Sur le chemin, il croisa un élève qui lui tournait le dos et s’apprêtait à lancer un pudding sur une de ses camarades. Tenant son plateau d'une seule de ses grandes mains, Drek lui attrapa le poignet en attendant qu'il se retourne pour secouer négativement la tête, avec un regard sévère.
L'élève sursauta et reposa le pudding en s'excusant, des excuses vides, mais au moins n'avait-il pas démarrer une bataille une bataille de nourriture. Sa camarade assise en face de lui, étouffa un rire moqueur tandis que la gargouille allait s'asseoir à la place qu'il avait repérée, posant son plateau devant lui avant d'en analyser le contenu.
Des radis au beurre en entrée, du riz au curry en plat principal, du saké et une étrange pâtisserie ronde, verte et duveteuse en dessert.
Drek fronça légèrement les sourcils et souleva le petit papier dans lequel était lové la pâtisserie : il était écrit Mocchi. Il ne savait pas encore si il allait manger une chose d'aspect aussi inhabituel, mais il se promit d'y gouter à la fin du repas...

Les derniers 12 heures avaient été des plus mouvementé pour un Areku en manque de sommeil juste avant un test important. C'était comme si le destin s'acharnait sur lui ces temps-ci... Une fille qui veut le tuer, puis l'empêche de dormir, une maison de fou avec un illusionniste dément. C'était sans compter les deux périodes de vacances gâcher par une attaque terroriste.

Évidemment, rien ne serait complet sans un retard pour prendre sa douche, ce qui s'est suivit par une arrivé tardive à la cafétéria, donc de la file monstre du matin et l'épuisement des mets les plus intéressants.

Bon, les mauvaises journées, ça peut arriver, faut pas trop s'en faire. Il faut juste venir à bout de la journée présente, avoir une note pas trop mal au test et... est-ce que ça ne serait pas un idiot qui cherche à semer l'anarchie en se préparant à lancer son pudding? Oh non, pas de ça ce matin! Areku avait pratiquement épuisé sa garde-robe. S'il fallait qu'il y ait un conflit alimentaire, quelqu'un allait finir à l'infirmerie.

Fort heureusement, il ne se produisit rien de tel. Le fauteur de trouble fut interrompu par un adulte de grande taille. Un surveillant, à croire son badge, et un nouveau en plus.

Vu son plateau en main, Areku devina qu'il allait venir à sa table. Facile, c'était bondé partout et cette table venait juste de voir ses occupants partir avant qu'Areku et un autre élève ne viennent s'y asseoir.

Curieux, comme de nombreux autres élèves, Areku avait suivi ce nouveau surveillant du regard. Après que ce dernier ait pris place, Areku en profita pour lui adresser la parole, maintenant d'humeur plus joyeuse:
« Beaux réflexes monsieur le surveillant! Un peu plus et je crois que je serais aller lui casser le bras. »

Areku dit sa dernière phrase avec le sourire, comme si c'était un geste tout naturel que de casser le bras d'un autre élève.

Avec ses cheveux totalement blancs et ses yeux rouges, Areku sortait un brin du lot d'élèves. Toutefois, des chevelures colorés, il y en avait quelques unes ici et là parmi la foule d'élève. Ce qui distinguait Areku toutefois, c'est son long manteau noir qu'il portait même à l'intérieur, par dessus sa chemise bourgogne. Il ne faisait pourtant pas froid dans le lycée, même qu'il faisait plutôt chaud.

Drek porta la bouteille de saké près de son nez et en renifla doucement le contenu : ça avait l'air plutôt fort. Lui qui n'avait jamais bu d'alcool, il se demandait si c'était bien raisonnable de commencer ainsi. Quoi que le verre dans lequel était sensé être servit la boisson était franchement petit, une lampée aussi minuscule ne devrait pas lui faire de mal.

Puis soudain, il entendit une voix proche. Un élève venait de lui parler. Le premier élève à lui adresser la parole d'ailleurs.
Il tourna lentement le regard vers lui : il portait un manteau qui ne passait pas inaperçu, il avait l'air jeune mais son visage affichait une certaine maturité, surtout ses yeux. Des yeux rouge, des cheveux blancs... L'analyse de la sentinelle centenaire ne dura qu'une seconde. Seuls les Yokaï les plus puissants avez de telles particularités physiques sous leur forme humaine. Et ce visage n'était pas du tout celui d'un adolescent, cette personne avait vécu bien plus longtemps qu'il n'y paraissait. Cela, il en était certain.

Ne changeant strictement rien à son attitude général après avoir mené ses déductions, Drek fronça légèrement les sourcils. Concentré avant tout sur sa mission. Il se montra donc préventif.

-Tu n'as pas le droit de faire ça.

Puis, restant tout de même attentif au jeune homme, quoi que jeune soit une convention dans le cas présent, la gargouille replongea le nez dans son plateau, croquant dans un radis en plissant légèrement les yeux.

C'était frais, un peu piquant, ce qui tranchait avec la douceur apporté par le beurre. Les minuscules radis ne pouvant guère rassasié un tel gaillard, Drek passa rapidement au curry.
L'étudiant avait commencé à lui parler, et il se sentait étrangement mal à l'aise de n'avoir rien à lui dire. L’interaction sociale n'était pas son fort, mais le directeur l'avait prévenu. Il n'avait pas besoin d'un chien de garde, il avait besoin de quelqu'un qui puisse être à l'aise parmi les étudiant afin de mieux agir au sein de l'établissement.

La gargouille avala une cuillerée de riz au curry et fut stupéfait de trouver cela aussi délicieux. Reposant son couvert, il s'éclaircit doucement la gorge et dit à l'attention de l'élève :

Je m'appelle Drek.

Ce qui pour lui représentait tout de même un certain effort. Donner son nom sans qu'on lui ai posé la question et à quelqu'un qu'il ne connaissait pas. Non pas qu'il n'aimait pas cette idée, mais il n'y aurait jamais pensé en temps normal. Vivre sous forme humaine avec d'autre monstres sous forme humaines se révèlerais un exercice de tous les instants...

***Note: l'apparence d'Areku est dissimulé par une illusion visuelle qui lui donne l'apparence d'un adolescent de 17 ans normal à l'exception des yeux et des cheveux qui restent naturels. Visuellement, il n'y a rien qui peut faire paraître Areku plus vieux qu'un jeune adolescent.***

Le regard que porta Areku à ce nouveau surveillant pouvait se qualifié de découragé, voir triste. Par cette courte réponse, il venait de démontrer très clairement son absence d'humour et peut-être aussi une rigidité un peu trop poussé pour le bien du surveillant.
« Faut pas être aussi tendu M. Drek! Faut savoir sourire un peu, même si la blague était mauvaise... »

L'élève termina assez rapidement les restes de son repas, légèrement plus gaiement qu'il y a quelques instants. Un nouveau surveillant. C'était ça la réponse du lycée face aux derniers événements? Certes, plus de surveillants voulait dire moins de pouvoirs entre les mains du comité de sécurité. C'était bien. Par contre, est-ce que le comité allait gentiment accepté d'être sous l'autorité d'un simple nouveau venu? Les événements à venir pouvaient se révéler très distrayants.

Son plateau vide de nourriture, Areku se leva avec ledit plateau pour s'en débarrasser à l'endroit pourvu à cet effet. Avant de partir, l'élève se retourna vers le surveillant et de nouveau souriant, il dit:
« On a choisi de m'appeler Areku. Loin de moi l'idée de vous dire quoi faire, mais si je pouvais me permettre une suggestion, souriez un peu! Il ne peut qu'y avoir deux genres de surveillant efficace: ceux qui sont appréciés et ceux qui sont craints. Je vous déconseille le second! »

C'est à ce moment que l'élève se dirigea là où il pu se libérer les mains de son plateau.

Drek ne s'arrêta pas de manger tandis qu'il observait l'élève du coin de l’œil, dégustant lentement son repas, cuillerée après cuillerée. Le curry était vraiment une intéressante découverte pour lui : c'était bon, avec un gout assez fort, et cela se mariait parfaitement avec le riz blanc. Maintenant qu'il devait prendre l'habitude de vivre sous forme humaine, il allait sans doute manger beaucoup de choses, peut être même d'autre plus délicieuses que le riz au curry.

Il se versait un verre de saké lorsque l'élève prit de nouveau la parole il avait étrangement l'air d'avoir mal prit la première phrase prononcée par la gargouille. Il n'avait pourtant pas parlé avec une intonation particulière. Était-ce sa grosse voix, malheureusement naturelle, qui l'avait induit en erreur ? Peu importait à la limite, mais toujours est il que le jeune homme au cheveux blanc présenta sa précédente déclaration comme de l'humour. Ce qui était une notion encore vague dans l'esprit du surveillant. Il comprenait bien le principe, mais l'application le laissait parfois complètement coi.

-Ah...

Il ne trouva rien d'autre à dire. Après tout, que pouvait il bien rajouter ? Drek avala le contenu de son verre à saké et fit la grimace. C'était vraiment pas pour lui. Ça n'avait pas vraiment de gout, sa piquait la gorge et ça donnait soif. Une boisson qui donne soif, en voilà une invention. C'était peut être ça l'humour ? L'absurde.

Mais il fut tiré de ses réflexions par le bruit et le mouvement de l'élève qui se levait, ayant terminé son repas assez vite, tout de même.
La gargouille jeta alors un œil à son propre plateau : il ne restait que l'étrange pâtisserie. Il la saisie, elle était toute molle et farineuse, plus la déposa toute entière dans sa bouche. C'était pâteux, sucré, et le cœur était liquide et fruité. Ce n'était pas mauvais du tout, même si la texture était définitivement étrange.
Il se redressa alors en prenant son plateau, décidant de suivre l'étrange élève afin de voir comment il fallait s'y prendre pour le débarrasser.
Le déposant au même endroit que lui, il tourna la tête dans sa direction tandis qu'il lui adressait de nouveau la parole. Après s'être présenté sous le nom d'Areku, il conseilla au surveillant de sourire, affirmant qu'il était préférable d'être craint plutôt que simplement apprécié. Des mots bien étranges sortants de la bouche d'un bien étrange élève.

Je me contenterais de faire mon travail.

Répondit il sans aucune animosité. En effet, il ne comprenait pas l'intérêt de fournir l'effort de changer l'opinion publique à son sujet. Par le passé, être méprisé, ignoré ou adoré des villageois n'avait jamais influencé sa mission.

Cela dit, ce Areku semblait trop intelligent pour prononcer des mots vide de sens, alors Drek fit de nouveau preuve de franchise, ce qui était un peu sa marque de fabrique. Trop peu intelligent pour comprendre l'intérêt du mensonge, ou trop gentil, cela restait encore à déterminé.

Pourquoi tu me dis ça ?

Définitivement, cet élève n'était pas comme les autres, il était intelligent, en plus d'avoir cette posture, cette lueur de maturité dans les yeux et cet allure générale.

Il semblerait que ce surveillant ne soit pas si insensible que ça finalement. Voilà qu'il demandait des explications. Corde sensible? Peut-être.
« Ah? Vous voulez savoir pourquoi je vous déconseille de chercher à être craint? »

Quelle réponse pouvait être donnée à ce genre de question? Réponse gentille ou brutale? Réalité ou fantaisie?
« C'est très simple. Il est plus que probable que vous ne soyez pas assez fort pour être craint. Si vous êtes apprécié, vous devriez recevoir de l'aide ou au minimum du soutien. »

À ce moment, Areku regarda Drek droit dans les yeux. Drek étant plus grand d'au moins une vingtaine de centimètres, c'est l'élève qui levait la tête vers son interlocuteur. Les mots, dont Areku prononçaient, étaient dit sans la moindre malice et le tout sans perdre le sourire.
« C'est un simple conseil, cadeau de bienvenu si on veut. Évidemment, je peux très bien faire erreur. Il n'en tient donc qu'à vous d'en juger la valeur. »

Puis, c'est à voix plus basse qu'Areku ajouta:
« Bien des choses se passent dans l'ombre de ce lycée. Il n'en tiendra qu'à vous d'être simple spectateur ou intervenant. »

Drek écoutait, impassible, les explications et les conseils de l'élève. Au début, malgré ce qu'il disait, les choses ne s'éclaircissaient pas davantage, au contraire même. Les gens trop intelligents se perdaient parfois en détour inutiles, en gaspillage de mots, mais tout ça pour quoi en fait ?

La gargouille accrocha le regard sans malice que lui lançait le mystérieux élève, il semblait sincère dans le fond, et il le suivait bien, il disait cela pour son propre bien. Les choses devenaient de plus en plus complexes et de moins en moins compréhensibles, qu'essayait il donc de lui dire ?

Toujours est il qu'une certitude s'installait dans le cerveau de Drek : ce gamin n'était ni un élève ni un monstre ordinaire.

La gargouille fronça alors les sourcils et serra imperceptiblement le poing. A voix basse, Areku venait de faire une insinuation des plus déplaisantes.
Le surveillant serra les dents, et cela se fit entendre dans sa voix grave. Lui ne chuchotait pas, il ne l'avait jamais fait. Il était une sentinelle de pierre : rien ne devait lui échapper, rien ne devait troubler la tranquillité des lieux qu'il était sensé protéger.

-Si quoi que ce soit se tapit dans l'ombre, il n'échappera pas à ma vigilance ! Ni à son châtiment !

Son instinct de gardien se réveillait à l'entente de cette nouvelle. Il venait à peine d'arriver, et voilà qu'on lui annonçait qu'un potentiel danger était en préparation à l'abri des regards.

Ses sens s’enflammèrent, son esprit se mit en alerte. Il était presque... Vexé. Vexé de ne pas avoir eu le temps de découvrir lui même que quelque chose se passait. Et que ce soit un élève qui ai dû lui donner l'information portait indéniablement atteinte à son orgueil. Contre toute logique, certes, mais il avait été fait ainsi, sculpté ainsi.

Calmant doucement sa respiration, et jetant des coups d’œil sévère à ceux qui s'étaient retournés en l'entend hausser le ton, afin de leur faire détourné le regard, il s'adressa de nouveaux à l'élève.

Dis m'en plus.

Puis un doute s'éveilla dans le cœur de Drek. Pourquoi le principal ne lui en avait pas parlé ? Avec la puissance qu'il semblait détenir, il devait forcément être au courant. Avait il voulu protéger la gargouille ? La pensant trop faible ? Ou était-ce un test, afin de voir si il était capable de véritablement remplir sa mission ?

Cette fois, c'était bel et bien la corde sensible. Ainsi donc, déjà arrivé et ce surveillant pensait pouvoir à lui seul s'occuper d'instaurer l'ordre dans cette école de fou? Projet ambitieux. D'autant plus qu'il cherchait à tout savoir. Prévisible? Non, mais dénouement fortuné.

Pour le moment, Areku se contenta de rire.
« Ouh là! Doucement M. le Surveillant, vous venez d'arriver. Il faut prendre le temps de vous familiariser avec le lycée, prendre le temps de connaître les habitudes des élèves, de faire votre travail quoi! Faut pas vous attendre à réorganiser tout Yokaï dès votre premier jour. »

Restait à savoir est-ce que ce Drek pouvait être utile? Il était membre du personnel du lycée, donc il avait accès à des informations privilégiées. Pourquoi pas, après tout, s'il ne devenait pas un ami, il pouvait tout autant servir comme ennemi. Depuis trop longtemps qu'Areku faisait profile pas, il était temps de voir un brin plus grand et de prendre des risques.
« Je peux certes en dire plus, mais ce n'est ni l'heure ni l'endroit. Disons que j'ai un test qui m'attend dans 10 minutes et bien que j'aimerais être ailleurs, mes résultats pourraient en pâtir! »

Attrapant son sac contenant ses livres, qu'Areku avait laissé à sa place à la table de la cafétéria, l'élève dit donc:
« C'est pas que je ne veux pas aider, mais j'ai des cours et vous avez du travail. À la fin de la journée toutefois, je serai plus que disposé à en dire d'avantages. »

Tout plein de projets commençaient à prendre forme dans la tête d'Areku. Certains dépendraient de Drek, d'autres allaient pouvoir se faire quoi qu'il arrive. Impossible de savoir ce à quoi pensait Drek pour le moment. Son visage restait impassible, bien qu'il y eu un soupçon de colère à certaines paroles d'Areku.

Donc, il avait des émotions, mais ne les affichaient pas. Il n'y avait en fait à peut près aucun effort pour les masquer ces émotions. Élément intéressant. Dans tous les cas, le plus important était de savoir exactement la valeur de ce nouveau surveillant. Si Areku devait lui donner des informations trop dangereuse, l'élève tenait à éviter qu'il ne soit relier à la mort du superviseur de près ou de loin.

Drek n'avait jamais ressentit cela auparavant.

Ses muscles se crispaient tout seuls, il sentait la colère lui monter à la tête, son cœur accélérait et ses dents se serraient d'elles même. Pourtant, rien ne s'était encore produit, il y avait juste eu les mots d'Areku, ces mots qui révélaient l'existence d'une chose que la gargouille était en devoir de réprimer.
Et pourtant cet élève semblait prendre tout ceci avec une certaine légèreté, il en vint même à rire de bon cœur. Puis il lui expliqua qu'il ne pouvait pas tout réorganiser dés le premier jour, il fallait qu'il s'intègre au rythme de vie du lycée. Foutaises. Jouer aux humains en singeant une vie paisible était le derniers de ses soucis. Le territoire sous sa protection était menacé, alors il devait le défendre, peu importe le reste...

Drek se décrispa légèrement, il ne faisait pas bon réfléchir et être en colère à la fois. Il essaya de remettre les choses à plat. Cet élève était singulier, spécial, trop intelligent, trop mature pour son âge, ou du moins celui qu'il semblait avoir. Le surveillant ne s'était jamais vanté de connaitre tous les yokaï ou monstres existants, et cet Areku faisait surement parti d'une catégorie de créature hors normes. Ensuite, il venait de lui révéler que quelque chose se tramait dans l'ombre. Quoi ? Il ne l'avait pas dit. Et maintenant, il lui disait qu'il ne pourrait rien y faire dans l'immédiat.

Et une fois alignés les un derrière les autres, ces éléments semblaient contradictoires.
Pourquoi attiser son instinct de sentinelle pour ensuite lui faire comprendre qu'il ferait mieux de ne rien faire ? Que cherchait ce garçon en définitive ?

La gargouille décida de rester sur ses gardes quoi qu'il arrive. On l'avait prévenu, que certains élèves trop puissants avaient tendance à en profiter pour créer des problèmes.

Et tandis que la réflexion se faisait péniblement dans l'esprit du surveillant, Areku lui signala qu'il devait se rendre à un test et qu'il serait plus disponible en fin de journée. Du moins, c'est ce qu'il avait cru comprendre.

-Ne soit pas en retard.

Furent ses derniers mots avant de regarder le mystérieux élève s'en aller.

Mais que devait il faire à présent ? Devait il s'entretenir avec le principal afin qu'il lui explique ce qu'il attendait de lui dans ce cas précis ? Ou devait il simplement suivre sa mission ? Repérer les élément néfastes et les éliminer ? Tout simplement, comme il l'avait toujours fait...?

Ses mâchoires se serrèrent de nouveaux et ses dents de granit crissèrent. Garder un cimetière, quel rigolade... Pour faire honneur à son titre de sentinelle de pierre, il ne devait rien laissé se mettre en travers de son objectif.
C'est ainsi qu'il a été créé, c'est ainsi qu'il est né, et nul autre objectif ne saurait justifier son existence en ce monde.

» Mort d'une gargouille.
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