Le réveil fût brumeux, pour ne pas dire vaseux pour la personne dont seuls les longs cheveux noirs sortaient de draps à la masse informe.
Conséquence d’un chahut bien ordinaire à tous les débuts de soirée en ce lieu si particulier, un internat de monstres..

Après avoir enfin pu obtenir le calme d’adolescents, toujours en quête d’expériences que l’éloignement de leurs parents rendait possible, le dhampire s’endormit doucement dans le silence dont quelques cris rompaient la normalité.
Toutefois, cette nuit peuplée d’inquiétudes et d’interrogations qui avaient germées à la suite d’une étrange rencontre et donc contrariées les espoirs d’un véritable repos si indispensable aux glorieux résultats exigés par son père, que le barbare se réveilla dans un dortoir bien trop calme.
Comme un présent bien peu ordinaire dans le début de toute nouvelle journée à Yôkai pour ce cher Taoki, qui ne s'habituerait sans doute jamais à cette cohabitation avec des colocataires bien trop bruyants et turbulents pour que son tempérament de mélancolique solitaire ne puisse jamais s'y faire, ou encore même s'y plaire.
Pour combattre son propre élan à plonger dans la ténébreuse tendance à ne percevoir que le négatif dans toute chose, il avait forcé son corps à emprunter la route vers le pays des rêves. Un sommeil que la destiné s’obstinait à lui refuser, comme le fruit d’une punition céleste pour sa naissance.
Pourquoi paierait-il un prix bien trop élevé pour une faute qu’il fallait incomber à un autre… développant un peu plus sa haine envers ce géniteur orgueilleux et fier de son œuvre, lui !..

Le jour précédent, les résultats du premier semestre avaient suscité un débordement d’activité qui ne correspondait guère au confort d’une paisible tranquillité à laquelle le dhampire se plaisait à savourer la jouissance solitaire.
Sans vraiment s’inquiéter de résultat qu’il savait suffisant, le « premier année » s’était fait accosté par une créature dans laquelle un sang de vampire coulait, sans pour autant dégager l’énergie d’un fils de Caïn. Goule ou congénère, impossible d’en découvrir plus par cette très brève rencontre.
Se jurant de résoudre ses questionnements intérieurs sur cet agaçant trublion, Taoki prit la direction des douches avec pour seul vêtement un caleçon qu’il utilisait en guise de pyjama.
Une serviette sur l’épaule et sa trousse de toilette à la main, le jeune homme traversa un champ de monstres qui allaient et venaient dans le plus grand désordre.
Et comme toujours depuis son entrée dans l’école, il dû faire la queue pour enfin ressentir un véritable réveil physique que la bruine de la douche stimulait sur un naturel plutôt enclin à un éveil nocturne qu’à ce rythme solaire.
L’esprit vagabondant encore partiellement dans les limbes de ses habituels cauchemars d’adolescent et le corps à peine séché, Taoki rebroussa chemin jusqu’à sa chambre pour enfiler cet horrible uniforme à la couleur verte si disgracieuse.
Fuyant avec hâte ce capharnaüm qu’était l’internat, il rejoignit un coin plus isolé repéré quelques jours auparavant, avec le secret espoir de pouvoir alors réfléchir à cette interpellation de ce corbeau, un membre du comité de surveillance.

S’éloignant du Lycée pour s’enfoncer vers la forêt brumeuse, le jeune héritier Dhusami cru à un étrange complot de son karma lorsqu’il aperçu l’inquisiteur de la veille.
Assis sur une branche dans une lecture apparemment passionnante, il paraissait douteux que ce dernier est pu deviner le parcours de sa balade.
A la limite de l’exaspération, Taoki sentit son sang frémir sous la soif de meurtre, il se contraignit avec difficulté, mais inversait dès lors les rôles d’importun avec ce curieux « flic scolaire »…

** Ouh la !.. Qu’est-ce qui fout ici celui-là ?... M’a pas suivit quand même ?... **

« Et toi !.. Là haut !.. Aurais-tu encore quelque chose à me dire ?... »

Sans réelle conviction, Taoki attendait une réponse tout en gardant une certaine distance.
Convaincu que ce lieu loin des regards des surveillants et professeurs de Yôkai donnait un espace parfait à ce racketeur le terrain propice à toutes les exactions sans en craindre les retours de flammes.

« Je suppose que le hasard et un goût commun pour la tranquillité sont à l’origine de cette nouvelle rencontre… Peut-être que la discrétion du lieu te rendras plus volubile quant à cette intérêt du comité de surveillance ?... »

Affichant une attitude légèrement désinvolte, Taoki suivit du regard l’effet de scène du « corbeau » en gardant une posture capable de répondre à toutes agressions. Cependant ces uniformes d’enfants d’établissement scolaires huppés ne se prêtaient guère à une riposte prompte et efficace et sans lame à portée de main pour se passer de sa forme dampirique, le premier année voyait déjà le secret sur sa race s’évanouir dans un combat d’égo d’un futur mafioso en puissance.
Pourquoi le jeune homme ressentait-il une telle aversion fasse à cette organisation, dont le but initial et la charge officielle collait bien à sa perception du monde qu’il espérait un jour devenir une réalité…

L’œil sombre et le fantôme d’un geste instinctif d’une main à l’emplacement de la garde d’une épée, Taoki tente de se donner l’attitude de certitude sur sa supériorité sans pour autant déclencher les hostilités avec un inconnu. Surtout que s’en prendre à l’un de se « men in black » aboutirait à des ennuis dont son père lui ferait payer cher son intervention pour l’en sortir.
Alors mieux valait adopter une position d’attente, voir même de tenter une manipulation verbale pour embrouiller un arrogant bien discret par rapport à ses condisciples.
Certes, le jeune dhampire se doutait bien qu’il s’agissait d’un agissement guidé et contrôlé par ce fameux « Comité de sécurité »…
Alors, lorsque l’hybride qui lui faisait face énonçait clairement ce qu’il attendait de Taoki, ce dernier comprit dès lors cette apostrophe aux abords des panneaux d’affichages..
.. ..

** C’était donc çà !... Le comité désire m’ouvrir ses portes !.. Même ici, mon père aurait-il encore usé de son influence pour diriger ma vie ?... que dois-je faire ?.. **

En réalité les choix du dhampire n’étaient pas réellement très nombreux, car tout refus le placerait en surveillance constante. Handicapant sérieusement ses projets et ses ambitions, il ne fallut donc que peu de temps à Taoki pour prendre sa décision. Demeurait toutefois la nécessité de garder un semblant de maîtrise sur une vie dont son père avait depuis longtemps déjà décidé du futur.
Amusé par la mise au point de l’intitulé de cette organisation, il voit ainsi confirmer le peu d’humour des membres de celle-ci et leur cadre de conduite sur le respect qu’ils exigent sans toujours le mériter.

« Est-il contraire d’affirmer que mon père est jugé utile pour mon avenir d’intercéder auprès du comité pour mon intégration en son sein ?... »

Une esquisse d’une vague d’oscillation du sourcil gauche de Taoki en disait long sur une certitude intérieure, car la discrétion qui avait été la sienne jusqu’alors n’expliquait pas que le comité s’intéresse à lui.
L’offre avait pour elle de lui garantir un accès à une plus grande quantité d’informations, sans pour autant être contraire à sa vision sur les rapports des monstres avec les humains. Alors pourquoi refuserait-il ?...
D‘ailleurs, les menaces d’un retrait impossible amusait grandement cet hybride, dont seules les origines vampiriques semblaient avoir été consignées dans son dossier. Car il savait déjà qu’il agirait sans dévier de philosophie, avec bien sur une certaine prudence, mais en gardant comme un impératif de préserver les humains de ces racistes d’Antithèse.

« Quoi qu’il en soit, je ne vois rien dans ce comité qui ne soit contraire à ma vision de ce je peux lui apporter… à un petit détail… »

Tout en répondant favorablement à cette ouverture, Taoki s’interrompit sur l’ironique remarque de ce Korosu… Lui aussi sentait un mélange d’humain et de vampire, serait-il comme lui ?..
.. .. ..

** Attend !!.. Un autre dhampire !.. .. .. Voilà qui est bien plus intéressant !.. **

« Ton phrasé et ta succession d’appréciations me laisse penser que nos ressemblances sont bien plus importante que je ne l’avais imaginé… et qu’elle ne s’arrête pas à notre nature… »

Un regard fixe de prédateur se colle sur cet intervenant qui pourrait bien devenir un complice fiable…