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 Greg Ogramann

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AuteurMessage
Greg Ogramann
Greg Ogramann
Nombre de messages : 357
Age : 37
Localisation : Devant Mon Clavier
Humeur : Atrabilaire
Date d'inscription : 02/01/2013

†Fiche Personnage†
Level: S
Race de Monstre: Reflet ambulant
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Greg Ogramann Empty
MessageSujet: Greg Ogramann   Greg Ogramann I_icon_minitimeJeu 10 Jan - 12:06


Ogramann Greg
« Meurs pour que l'autre vive, ne renais qu'à sa mort. »

Greg Ogramann Tumblr10
NOM - Ogramann | PRENOM - Gregory Holger| AGE - (réel et d'apparence) 16 | RACE - Humaine-doppelganger ? | STATUT - Elève | ORIGINE - Allemagne | OBJECTIF(S) - Maitriser son pouvoir/Se construire une personnalité

▪DESCRIPTIONS▪



    Renseignements

Fiche de renseignements au sujet de Gregory "Greg" Ogramann. Les annotations en italique sont de la main de la psychiatre l'ayant reçu à son admission, Julia Döffer.

Nom complet : Gregory Holger Ogramann
Responsables légaux : Burkhard et Christel Ogramann
Âge : 14 ans
Poids : 63 kilo
Taille : 1 mètre 65
Description physique : Type caucasien, maigre, cheveux bruns, yeux bruns, très pâle.
Cicatrices/signes particuliers : Nombreuses cicatrices surtout le corps.  Posture corporelle inhabituelle, toujours sur le qui-vive et prêt à bondir. Crainte extrême du contact physique. Discours très rationnel, mais laconique et avec un phrasé caractéristique, saccadé. D'après ses parents, présenterait des phases de "délire" pendant lesquelles sa personnalité et son comportement changerait du tout au tout.
Nature du problème : Repli extrême sur lui-même entrecoupé de phases de délire hallucinatoire (non observées lors de l'admission). Suspicion de Stress Post-traumatique ? Maltraitance ?
Mesures préconisées : Observation de plusieurs jours pour vérifier les dires de ses parents. L'interroger pour éliminer la piste possible d'une maltraitance, qui expliquerait ses symptômes.

Quelque chose cloche chez cet adolescent. J'ai observé plusieurs cas de maltraitance psychologique, et quelque chose en lui m'y fait penser. Peut-être sa réserve extrême, ou le vide qu'on observe dans son regard... A moins que ce soit son expression composée et figée, comme s'il portait un masque en permanence ? A mon avis – tout à fait officieux – il faudrait examiner avec attention ses antécédents et ses relations familiales.

Ajout a postériori : phase hallucinatoire observée, juste après qu'Erik, un surveillant, l'ait saisi par le bras. La réaction a été spectaculaire : il s'est retourné, a ceinturé le surveillant et l'a bourré de coups en hurlant de façon incompréhensible. Nous avons été obligés de le sédater et de le mettre à l'isolement.
Le plus stupéfiant a été la modification soudaine de son apparence : le masque a sauté pour laisser place à un visage bien connu, celui d'Erik. Tout, depuis sa voix jusqu'à ses tics et expressions, tout ! Même sa façon de bouger était la même, ce qui est impossible puisque Gregory n'a jamais pu le voir dans une situation pareille, contrairement à moi.
Pour être honnête, j'ai eu l'impression stupéfiante de voir Erik se faire battre par lui-même. Plus stupéfiant encore, Erik n'a pas riposté... parce qu'il a eu la même idée : celle de se faire laminer par un reflet devenu réalité.
Contrairement à ce que je pensais, il ne s'agit pas d'un cas de maltraitance, mais bien d'une réelle maladie mentale. Je préconise l'isolement et un traitement médicamenteux d'urgence, afin qu'une telle situation ne se reproduise pas.




    Doppleganger-Humain ?
Extrait de la lettre d'Amina Scheüber, succube de son état et psychiatre de sa profession, à l'attention du directeur du tekkei.

[...]
Doppleganger ? Humain ?

Là est le problème.

Ses deux parents sont sans conteste des humains de pure-race alors que Gregory présente certaines caractéristiques des Doppelganger: comment une telle mutation a-t-elle pu se produire ? Serait-il le premier d'une nouvelle espèce, ou l'affaire est-elle plus compliquée que cela ?

Pour ce qui est du doppleganger, il en reprend le pouvoir de base : copier sa cible. Il peut ainsi acquérir les connaissances et aptitudes de sa cible comme il le désire. Lors de mon "imitation", il a ainsi pu utiliser mes connaissances pour semer le trouble, et mes aptitudes pour se battre.

Néanmoins, j'ai pu observer de fortes limitations à ce pouvoir.
Tout d'abord, il n'est pas contrôlable : Gregory copie la personne qui touche sa peau nue et ce, sans aucun pouvoir là dessus. Il ne peut ni déclencher ce phénomène à distance, ni l'annuler. Cette copie dure de quelques heures à quelques jours, sans que je sache à quoi est dû cette différence de temps.
Ensuite, il faudrait mieux parler de "possession" que de copie : la personnalité de Gregory disparait complétement suite à ce toucher, remplacée par celle de sa cible, et ne reviendra que peu à peu par la suite. Ceci explique ses crises "hallucinatoires" que certains qualifiaient de "personnalité fractionnée", ainsi que la violence qui les accompagne : la personnalité ainsi copiée ne sait pas qu'elle a été dupliquée dans un  autre corps et se défend instinctivement contre son opposant qui, semble-t-il, lui a volé son corps.
Enfin, Gregory ne semble posséder qu'une seule forme, humaine.
La personnalité imitée modifie radicalement son comportement, son langage corporel et ses expressions faciales, ce qui peut donner l'impression que son corps change, mais ce n'est pas le cas ; ses yeux et cheveux restent les mêmes, et sa physiologie ne peut pas être modifiée. Ainsi, après m'avoir touchée, il a pu utiliser mon aptitude d'Illusion, mais son dos est resté vierge de toutes ailes et ses ongles d'une longueur raisonnable.

Comme vous le voyez, cet adolescent ne semble avoir qu'une partie des pouvoirs du doppleganger, ce qui le rend en même temps plus et moins dangereux que ses congénères. Cependant, il a l'air de disposer de quelques avantages sur eux...
Tout d'abord, Gregory témoigne d'une résistance incroyable à tout ce qui relève des pouvoirs psy (Illusion, Charme, Aura, etc...). Ceci semble paradoxal au vu de son pouvoir incontrôlable, mais c'est pourtant le cas : AUCUNE de mes tentatives n'a réussi à l'atteindre, alors que mon pouvoir est, sans vouloir me vanter, loin d'être négligeable. Ma théorie est qu'à force d'essayer de se défendre contre toutes ces intrusions étrangères (lui parle de "viol mental"), il a réussi à créer de multiples barrières qui protègent sa personnalité contre les autres attaques psychiques possibles. L'ironie est qu'il n'a réussi en rien à se protéger contre son propre pouvoir...
Deuxièmement, je suspecte fortement qu'il garde trace de toutes les connaissances des personnalités qu'il a copié. Je sais à coup sûr qu'il conserve trace de ce qui s'est passé lorsque sa personnalité Gregory n'est plus aux commandes, mais il n'a rien voulu révéler au sujet de ce que devenaient les autres personnalités quand elle reprenait le contrôle, ou de ce qu'il oubliait/gardait d'autre à leur sujet.

Vous comprendrez ma demande d'admettre Gregory dans votre école : il ne peut pas rester en l'état actuel dans le monde humain. Il n'y survivrait pas, ou alors en causant énormément de dégats... Il doit absolument apprendre à maitriser son pouvoir.

De plus, imaginez ce qu'un doppleganger de ce genre pourrait rendre comme service aux youkai, avec un pouvoir contrôlé... espion, ambassadeur, médiateur, que sais-je encore ?

[...]

Points faibles :
*Pouvoir incontrôlable : le simple contact d'une peau contre la sienne, sans obstacle, déclenche l'effacement de sa personnalité, supplantée par celle de son "attaquant".
*Condition physique : Son corps est celui d'un humain, que ce soit niveau force, vitesse ou résistance.
*Apparence/comportement humain : Gregory refuse de révéler son pouvoir aux autres et se comporte en règle générale en humain parfait, ce qui peut le rendre suspect aux yeux de certains élèves. Son attitude composée et sûre de lui, ainsi que son refus de toucher quiconque, font général penser aux élèves qu'il doit être un youkai élémentaire dangereux.
*Paranoïa : son pouvoir incontrôlable font que Gregory passe son temps à surveiller les autres, à tenter de comprendre ce qu'ils font et ce qu'ils pensent afin de prévenir tout contact avec eux.
*Sociopathie : Etant donné son histoire, Gregory a eu beaucoup de mal à se construire un "lui" intérieur. Il a toujours craint de n'être qu'un reflet de quelqu'un d'autre, ce qui l'a poussé à se consruire un mode de fonctionnement particulier ; puisque tous ceux qui l'ont touché par le passé ressentaient des émotions fortes, il se force à ne jamais ressentir d'émotions (que ce soit positives ou négatives) ou même d'attachement envers les autres, afin d'aisément différencier ce qui appartient à "lui" ou aux "autres".

Points forts :
*Résistance presque parfaite aux attaques psychiques portées à son encontre lorsque sa personnalité Gregory est dominante.
*Copie : Le corps de Gregory acquiert les réflexes, connaissances et pouvoirs de son atttaquant, et avec la même puissance/efficacité (sauf en ce qui concerne le physique).
*Connaissances étendues : Il semblerait que Gregory conserve une trace des connaissances, pensées et autres bric-à-bracs qui emplissent la tête de ceux qui l'ont touché ; il connaitrait alors tout ce qu'ils ont fait/appris avant de le rencontrer. Cet avantage n'est qu'une suspicion cependant : seul Gregory sait à quel point il conserve trace de ces personnalités passées, et comment les utiliser.
*Observation intense : Vu sa paranoïa et ses expériences passées, Gregory regarde attentivement tout et n'importe quoi. Il est très doué pour se rendre compte des secrets des gens, parfois avant même qu'eux ne le sachent...

Caractère

Caractère

Imaginez une bibliothèque géante, une qui se développerait dans tous les sens, tous les temps, tous les êtres... mais sans aucune issue.
Imaginez une bête aux crocs de papier et aux pupilles d'encre, prête à vous submerger de mots et d'images au tournant du rayon. Sa peau de cuir reliée palpite doucement, alors qu'elle tente de vous percevoir, d'entendre votre souffle court d'avoir trop couru, de goûter l'odeur de peur que tout votre corps exhale.
Imaginez un garçon coincé dans cette salle. Il fuit la bête, tentant sans espoir de sortir de ce labyrinthe de manuscrits. Il sait que si elle le retouche encore une fois, il disparaitra... Pour un temps. Ou pour toujours. Qui sait ? Il est toujours revenu jusqu'à présent, mais rien n'assure que ce sera toujours le cas. Alors il court, il court, juste pour rester encore un peu lui-même.

Ce garçon est Gregory.
Cette bête est Gregory.
Cette salle est Gregory.

La personnalité de Gregory ne s'est vraiment développée qu'à partir de son opération, quand il a compris qu'il existait autre chose que cette bête, une petite part de "lui" qui était indépendante des circonstances. Dans son for intérieur, il appelle ce petit fuyard "Greg".
Et il fera tout ce qu'il peut pour conserver Greg, tout.

Greg a découvert très jeune que se montrer timide et discret avait tendance à provoquer chez certaines personnes une forte tendance à le consoler, protéger, caliner,... bref, à lui coller aux basques et donc à risquer de le toucher. Sans compter que chez d'autres, ce comportement éveillait plutôt un sadisme latent tout aussi dangereux.
Non, la meilleure façon d'être à l'écart était encore que les autres l'isolent spontanément. Il a donc décidé de travailler son apparence et son maintien afin de paraitre sûr de lui voire brusque et cassant, ce qui lui permet en plus de faire passer ses éventuelles maladresses pour des attaques volontaires. Sans chercher forcément à être désagréable, il jouera beaucoup sur le chaud et froid pour maintenir une certaine distance. La meilleure des défense est encore l'attaque, comme disent certains.

De plus, pour distinguer Greg des autres personnalités déjà rencontrées et limiter les influences, il s'arrange pour ne dire que la vérité sur ce qu'il a vécu. Il peut être franc, brutal, pafois subtil si la situation le nécessite, mais il ne mentira jamais vraiment.
Les sentiments sont aussi systématiquement mis à part ; Greg est un être qui calcule, mesure, déduit, conclut, mais ne fait pas preuve volontairement d'émotion. Il lui arrive parfois d'avoir des impulsions -notamment pour protéger quelqu'un de faible d'une attaque qu'il estime psychiquement blessante, mais il se débrouillera toujours à posteriori pour leur attribuer une raison logique  :"Je l'ai protégé parce qu'il pourrait m'être utile/parce que je voulais prouver que/.... On pourrait le qualifier de sociopathe auto-construit et d'extrêmement logique.

Enfin, après ces multiples intrusions dans son esprit, Greg a du mal à véritablement s'ouvrir à qui que ce soit. Il est bien placé pour savoir que les secrets ne le restent pas toujours, et que ceux qu'on estime être des amis peuvent s'avérer être les pires des ennemis. Mieux vaut donc garder véritablement ce qu'il est ou ressent pour lui.

C'est donc en réaction à ce pouvoir que Gregory s'est construit un comportement, une apparence, un schéma d"action.
Mais paradoxalement, ce pouvoir a aussi beaucoup joué dans la construction de la personnalité de Greg.

Gregory témoigne notamment d'une très, voire trop, largesse d'esprit. Après avoir eu tant de personne en tête, il sait que le blanc et noir n'existent pas, et que même les multitudes de nuances de gris possibles ne pourraient pas rentre compte de toutes les nuances possibles dans ce monde. Pourquoi l'un d'entre eux devrait-il prédominer ?
De là viennent plusieurs de ses qualités ou défauts :
Déjà, une appréhension totale de la personne : il ne sait pas tenir compte que des qualités et occulter les défauts de ceux qu'il connait. Il n'est donc pas capable d'adorer ou de haïr quelqu'un.
Ensuite, une difficulté à poser des limites : où se situe l'impardonnable, l'inqualifiable ? Y'a t il une norme intangible et stricte, quelque part, permettant de distinguer les bons des mauvais actes ? Greg l'ignore... Son interlocuteur pourrait lui expliquer qu'il a auparavant tué père et mère, Greg continuerait quand même à converser avec lui. De même, Greg peut très bien développer une relation avec quelqu'un de l'Antithèse alors même qu'il ne déteste pas les humains. Du moment qu'il ne tente pas de le convaincre ou de le menacer, l'autre peut penser ou dire ce qu'il veut
Enfin, un mépris total des règles de politesse ou de hiérarchie, ainsi qu'une égalité de traitement envers tout ceux qu'il connait. Vous êtes prof ? Tant mieux pour vous. N'espèrez pas pour autant que Greg vous traite en supérieur d'office : il pourra vous respecter pour votre connaissance dans votre matière, mais uniquement après que vous le lui ayez prouvé. Autant vous dire que Greg n'a pas du tout retenu tous ces petits suffixes japonais qu'on est censé accoler partout....

Une dernière chose : toutes ces personnalités vécues ont subtilement altéré la perception qu'a Greg de son propre corps. Il a toujours du mal à se reconnaitre dans un miroir ou une photo, et se considère plus comme une chose, comme quelque chose de neutre que comme un homme ou une femme. Il utilise d'ailleurs souvent pour parler de lui en allemand le "es" neutre... en japonais, il lui arrive donc de parler de lui au féminin comme au masculin.

Matières préférées : Les maths, les sciences, maitrise des pouvoirs
Matières détestées : Le sport, les Arts, Sciences occultes

Histoire

-Poussez madame ! Je vois la tête ! Poussez !
Christel rejeta la tête en arrière, tenta d'aspirer une gorgée de l'air qui lui faisait si cruellement défaut et se contracta. Fort, plus fort que ce qu'elle aurait cru possible. Mais pas assez fort pour vaincre la douleur.
-Un peu de nerf ! Il va pas venir tout seul ce petit loup !
Parce qu'elle croyait qu'elle faisait quoi, la sage-femme ? Des claquettes ?
La future mère ouvrit la bouche pour dire ses quatre vérités à la femme en blanc, si joyeuse – on voyait bien que ce n'était pas elle qui souffrait le martyr depuis trois heures, les jambes écartées, une  vraie caricature de grenouille disséquée – mais une contraction remonta jusqu'à son estomac, son coeur, sa bouche, son cerveau, et elle ne put lâcher qu'un autre gémissement torturé.
Gémissement qui fut repris, plus bas.
Sur cet éternel ton rigolard, l'autre reprit : "Le plus dur est fait, la tête est passée ! Hop hop hop, je l'attrape, n'en profitez pas pour prendre une pause-café !"
Dès que j'ai terminé, je lui flanque une paire de baffes à cette cruche, pensa Christel. Et ce fut cette idée de lever la main haut, très haut, avant de la faire retomber sur la chair flasque de la joue de l'infirmière non pas une mais deux fois qui lui donna la force de pousser une ultime fois.
Et ce fut la délivrance. Un sentiment de vide l'étreignit, au propre comme au figuré : 9 mois à ne plus pouvoir voir ses pieds, à refuser la moindre goutte d'alcool, à dormir péniblement sur le coté, tout ça avait donné naissance à cette petite chose sanguinolente et hurlante, blottie au creux des bras de l'autre femme.
Celle-ci se rapprocha : "Un joli petit garçon, vraiment. Vous voulez le prendre ?"
Encore sous le choc de ce vide soudain, elle tendit ses bras tremblants dans sa direction. La sage-femme aggripa précautionneusement de ses mains gantées de latex l'espèce de poupon rouge – qui, au vu ses hurlements, n'appréciait que modérément ce traitement- et le lui déposa délicatement au creux de la poitrine.
Et le silence se fit dans la salle d'accouchement.
Le bébé se tut au premier contact avec sa mère, et jeta un oeil stupéfait autour de lui. Ses petites prunelles brunes semblaient chercher à distinguer le moindre détail de la pièce autour de lui, son visage encore maculé de sang arborant une expression modérément intriguée, hautement incongrue chez un nourrisson.
Sa mère gloussa nerveusement, la fatigue et la confusion aidant. "Bienvenue dans ce monde post-opératoire, petit Grégory..." lui chuchota-elle doucement, ignorant totalement l'infirmière qui se remettait à jacasser.
Le bébé releva la tête, et regarda fixement les yeux de sa mère. Sa bouche s'ouvrit toute ronde, d'un coup, comme si la machoire lui en tombait.
-Votre mari voudrait entrer maintenant. Puis-je le laisser faire, madame Ogramann ?
Puis devant le manque de réaction de sa patiente, la sage-femme reprit : "Madame ? Christel ?"
Christel sortit de sa transe et se tourna vers l'infirmière.
Le bébé aussi.

-_-_-_-_-_-_-

-Gregory ? Gregory ?
Le bébé ignora royalement Burkhard, son père, très occupé à tenter de se mettre en position debout en se cramponnant aux barreaux de son parc.
-Gregoryyyyyyyyy !
Mais peine perdue. Depuis que son père l'avait mis dans son parc, toutes ses tentatives pour attirer son attention en l'appelant par son prénom avait échoué.
-Burkhard ? Il y a un problème ? Interrogea Christel depuis la cuisine.
L'homme tourna la tête en direction de sa femme, tout comme le bébé.
-Non, j'essaie juste de communiquer avec mon fils, répondit-il, en parlant assez fort pour couvrir le bruit du bébé qui gargouillait quelque chose lui aussi.
-Mais laisse-le donc tranquille ! Il ne nous embête pas, il joue.
Effectivement, se dit le père. Pendant qu'il entasse parfaitement ses boites à formes, fait des guirlandes de chaussettes, feuillette ses livres en carton en suivant du doigt les mots et éteint tous ses tableaux d'activité parce que visiblement le bruit le gêne, il est calme. J'aurais juste préféré qu'il bave dans un coin en agitant un hochet. Il a sept mois seulement, sept mois !
-Cherie, tu ne penses pas qu'il faudrait reprendre un rendez-vous chez le pédiatre pour lui ? Demanda-t-il.
Le remue-ménage dans la cuisine cessa, et Christel repassa la porte, s'essuyant les mains sur son tablier.
-Et pourquoi donc ? Il est en parfaite santé, non ? Il ne pleure pas, ne fait pas dans ses couches, mange presque comme nous, fait bien ses nuits...
-A vrai dire, c'est un peu le problème, de mon point de vue.
Le bébé retenta de se mettre debout pour mieux voir ses parents.
-De quoi ? Demanda ironiquement son épouse. Super-papa n'a pas son comptant de couches sales et de nuits blanches, il est en manque ? Parce que si tu veux, je peux t'acheter un chien pour compenser...
Une chaussette traitresse dérapa sur le matelas du parc, et bébé-Grégory s'effondra tête la première dans son parc sans un mot.
Son père secoua la tête : "Ne sois pas stupide ma chérie. C'est juste qu'il est... tellement en avance sur son âge. J'ai parfois un peu peur que quelque chose n'aille pas."
-Toi et ta sacro-sainte manie des normes ! railla Christel en remettant assis son bébé. Le jour où il construira une fusée dans le salon je l'emménerai moi-même chez le médecin en toute urgence, mais en attendant il vit très bien. Il te ressemble de plus en plus, c'est tout, calme et réfléchi. Va donc jouer avec lui au lieu de broyer du noir. Moi, je retourne à ma soupe.
Un petit bécot sur le front de son fils, et elle retourna dans sa cuisine, coupant court à toute discussion avec son mari.
Celui-ci soupira. Sa femme avait toujours le dernier mot : son fils était son petit trésor, on ne pouvait rien en dire. Mais même si lui aussi l'aimait, il ne pouvait nier que quelque chose l'inquiétait chez... Non, au sujet de son fils.
Comme le fait qu'il soit désormais assis dans son parc, un seau vide entre ses jambes, et touillant dedans avec un long hochet, remuant un bric-à-brac de cubes. Son visage était concentré, sa lèvre inférieure pincée par sa mâchoire supérieure édentée.
Comme s'il faisait ...
-De la soupe façon Christel, chuchota-t-il.
Le bébé secoua la tête, comme si un bruit importun l'avait coupé en pleine tâche, et sa tête se tourna vers son père.
-'ui 'uu'ka ?

-_-_-_-_-_-_-_-

-Gregory ? Gregory... Ah, viens par là et assieds-toi correctement
, soupira sa mère en le faisant s'asseoir sur un siège de cuir noir.
Derrière son bureau, le docteur Smith observait attentivement la scène, ses doigts joints soutenant son menton. L'enfant était assis entre ses deux parents, l'air minuscule au milieu de ce fauteuil de cuir brillant. Il n'était pourtant pas si petit : il devait bien avoir cinq ans et se tenait désormais le dos bien droit et les mains posés à plat sur les genoux, ce qui le faisait paraitre plus âgé. Ses yeux étaient fixés sur le médecin, rivés sur son nez à ce qu'il semblait.
Les deux parents offraient un spectacle dissemblable : le père avait l'air fatigué et affalé dans son siège, alors que la mère se tenait tout aussi droite que son fils.
Etrange contraste dans ce couple, mais moins étrange que leur enfant.
Il entreprit de résumer les propos tenus depuis une heure :
-Donc, si je saisis bien, votre enfant a un QI très supérieur à la moyenne...
Le père intervient, toujours aussi prompt à contredire son interlocuteur :
-Mais variable. D'après ses maîtres, il est l'équivalent de celui d'un adulte, mais la fois où il l'a passé avec d'autres camarades, il était dans la moyen...
Le docteur l'interrompit d'un geste :
-Simple erreur statistique, nous en avons déjà parlé. Donc, QI supérieur à la moyenne, activités hors normes, mais croissance et motricité correspondant à sa catégorie d'âge. Vous signalez qu'il y a de grosses variabilités dans ses compétences..
-Oui, il ne sait plus faire en classe ce qu'il fait à la maison, sauf si sa maitresse lui tient la m...
-Monsieur, vous me l'avez déjà dit. Vous m'avez aussi fait part du fait qu'il ne reconnaissait pas son nom, je m'en souviens. Pourriez-vous me laisser finir ?
-Mais je... continua le père.
Sa femme se pencha et lui tapota la main : "Laisse parler le médecin,  Burkhard. C'est lui le spécialiste, tu te souviens ?"
Vaincu, son mari se renfonça dans son fauteuil, pendant que la mère reprenait sa position figée. L'enfant, lui, n'avait pas bougé.
Le docteur Smith s'accorda une seconde de plaisir à la vue de cet importun remis à sa place, avant de poursuivre : "Effectivement, je pense que les symptômes sont assez préoccupants. Le mieux serait de passer un check-up complet avant de poser un diagnostic, mais je préconiserai de commencer d'emblée par un IRM.
-Vous... Vous pensez qu'il a quelque chose au cerveau ? S'étouffa sa mère. Burkhard posa la main sur celle de son fils qui avait sursauté à cette annonce et commençait à se pelotonner dans son siège.
Le docteur Smith entreprit aussitôt de calmer la famille :
-Ecoutez, s'il y a un problème au niveau cérébral, ce ne doit pas être quelque chose de grave. Votre fils est tout à fait apte à la vie en société, un kyste colloïde ou arachnoïdien très simple à enlever peut avoir....
Gregory ouvrit la bouche pour la première fois : "Un kyste ? C'est quoi un kyste colloïdien, docteur ? Expliquez-moi !"
Le médecin tiqua sur cette élocution tellement excentrique dans la bouche d'un enfant de 4 ans, mais se rappelant son QI hors-normes, il passa outre. Il se pencha par dessus son bureau et toucha du doigt la tête de l'enfant : "Ca veut dire que quelque part là dedans, tu as peut-être une poche d'eau ou un bout de chair qui prend de la place et  empêche ton cerveau de fonctionner correctement. Il suffira qu'on te mette dans une grosse machine pour voir à l'intérieur...
-Un bête IRM, en somme, le reprit l'enfant calmement l'enfant. Il le toisa avec mépris.
Le médecin se retrouva sans mots devant ce changement d'attitude, incrédule. Le père murmura, un sourire sans joie sur les lèvres : "Bienvenue dans notre monde, monsieur le spécialiste."
L'enfant reprit alors, tenant toujours sous son regard méprisant l'adulte de l'autre coté de son bureau  :"Mais pourquoi devrais-je me faire examiner ? Je ne suis pas malade.
-Gregory... intervient sa mère.
Il l'interrompit d'un geste franc : "Non. Gregory est....
Ses yeux s'ouvrirent grand
-Gregory est... Où est-il ?
Il sauta de son siège, et manqua tomber lors de sa réception. Il entreprit de se remettre d'aplomb avec précautions, posa une main sur la chaise... et s'arrêta : "Depuis quand cette chaise est-elle aussi haute ?"
-Gregory, reviens t'asseoir tout de suite ! appela le docteur. Son ton était plus inquiet qu'autoritaire  ; qu'arrivait-il à cet enfant ? Quelque chose avait changé, mais quoi ?
L'enfant tourna la tête, cherchant l'origine de cet appel. L'ayant identifié, il répondit, d'un ton mélangeant incompréhension et doute en même temps : " Pardon ? Vous devez vous tromper.  Je m'appelle Ernest ! Ernest Smith ! Et ceci est mon bureau !"

-_-_-_-_-_-_-_-_-_-

Mémo de la pédiatrie au sujet de Gregory Ogramann

Présence d'une tâche sur l'IRM, au niveau du lobe occipital inférieur droit, contigüe au cortex cérébral. Suspicion de tumeur bénigne ayant causé prosopagnosie et autres symptômes chez le patient.
Examen à compléter d'urgence, puis à faire suivre si besoin de neurochirurgie pour extraire le corps étranger et de séjour en chambre stérile avec observation.

-_-_-_-_-_-_-_-_-_-


Krisel et Burkhard attendaient, dans le couloir. Elle avait un magazine à la main, ouvert à la page Mode depuis vingt minutes, et lui se contentait desuivre du regard les infirmiers passant d'un air affairé devant eux, sans même les regarder.
Ils ne se parlaient pas. Parler aurait pu rompre l'attente, rompre l'attente les forcer à se relancer dans ce parcours du combattant, et ni l'un ni l'autre n'avait plus la force de lutter. Trop de choses à intégrer, trop de difficultés à surmonter, trop, trop.
Alors ils attendaient, simplement, que quelqu'un vienne leur dire que c'était fini d'une façon ou d'une autre.Eux ne pouvait plus rien faire pour Gregory.
Tout avait commencé avec sa naissance, mais n'avait fait qu'empirer depuis qu'on leur avait montré cette image du cerveau de leur fils sur un écran d'ordinateur; un bien joli truc d'ailleurs, finement découpé en tranches, avec plein de belles couleurs, comme si quelqu'un avait placé une  fusée d'artifice dans son crâne, allumé la méche et était parti en courant observer le spectacle de loin.
Et le grand ponte qui les avait amenés là avait pointé le doigt sur une petite parcelle grise au milieu de ces gerbes multicolores. Une tache incolore, grande comme une cacahuète.
"Le voilà, le fantôme qui cause tout" avait-il laché d'un ton sec, tranchant comme une lame de scalpel.
Burkhard avait lâché un rire nerveux pendant que Kristel lui broyait la main. Et voilà qu'un fantôme hantait son fils maintenant ! Allait-on les envoyer voir un exorciste ?
"Avec cette tumeur, le cerveau n'a pas pu se développer normalement, et votre fils souffre donc de prosopagnosie."
Prosopagnosie. Treize lettres, cinq syllabes, un mot barbare qui n'aurait même pas pu être casé au Scrabble.
Ou, pour eux les ignares -comme le sous-entendait le ton du médecin- l'impossibilité de reconnaitre ou de distinguer les visages des gens déjà rencontrés. Pour leur fils, les visages de ses parents étaient ceux de parfaits inconnus. Lui-même ne pourrait pas se reconnaitre dans un miroir, même s'il le voulait.
Kristel et Burkhard accusèrent le coup, encore une fois.
"On va l'opérer, puis le mettre en chambre stérile et sous traitement médicamenteux le temps de vérifier si tout a été enlevé. L'opération est très délicate, de l'ordre du millimètre. Ne vous en faites pas, nous avons les meilleurs dans ce domaine."
Kristel eut une réminiscence de la sage-femme qui l'avait aidée à accoucher, celle qu'elle avait tellement eu envie de gifler. Sans doute la recommandait-on dans son hôpital comme "une des meilleures dans son domaine". Après tout, aucun bébé ne s'en était jamais plaint, non ?
"Ensuite, continue séchement l'homme en blouse blanche, il faudra une rééducation de plusieurs années pour que tout fonctionne normalement. Ca va être long et difficile, je vous préviens. Mais nous ferons tout pour que cela fonctionne. Laissez-nous gérer."
Nous ?
Nous.
Les médecins, les chirurgiens, les infirmiers, les psychologies, les porteurs de blouses, les changeurs de draps, les types qui préparaient les repas à la cantine...
Tout le monde ferait tout pour aider Gregory, sauf eux. Les parents.
Leur rôle se réduisait à attendre. Que l'opération se finisse, pour l'instant. Puis qu'il se réveille, pour lui faire coucou à travers la vitre. Puis à signer les chèques pour l'hôpital. Puis à attendre d'attendre autre chose.
"Nous" s'occupaient de Gregory, et "Eux" attendaient.

-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-

Noir.
Ouverture des yeux.
Blanc.
Où était-ille ?
Blanc... Blanc comme...
La blouse de cette femme, si joyeuse – on voyait bien que ce n'était pas elle qui souffrait le martyr depuis trois heures, les jambes écartées, une  vraie caricature de grenouille disséquée –
Non.
La neige de l'hiver, si belle d'aspect et mais qui lui mordait la peau si cruellement. Son frère ainé aimait lui en mettre une boule bien compactée et tassée dans le pantalon, et le regarder se tortiller en tout sens pour essayer de ne pas brûler de froid.
-Eh, Bur' !
Il se retourna et -

Non.
Draps frais et soyeux, resplendissants dans cette chambre semi-obscure. Il l'attendait, assis au bord des draps, le sourire taquin qu'elle aimait tant sur les lèvres.
Ernest, son Ernest...
Elle s'avança, l'enlaça, et commença à taquiner doucement son -

Non !
Un cachet pour dormir. Pour avoir moins mal. Oublier. Survivre.
Deux cachets pour se reposer. Se lever le matin.
Trois cachets pour respirer. Être libre.
Trop de cachets pour tout oublier, toujours reposer, ne jamais y repenser.-

NON  !
Ce n'était pas lui ! Pas elle !
Blanc comme
neige      
    mur à la peinture fraiche
  regrets éternels
                                                                 
chaussette
morceau de sucre
                           
blanc en neige      
   
           
marbre blanc de la stèle de son fils
               
blouse de l'hopital, éclaboussée d'écarlate          
             
                       
 pain de mie
 rose blanche pour l'amour éternel          
     
             
  mouchoir taché d'encre
                                               
  correcteur avant qu'on voie la faute      
           
                     
 chrysanthème  
                                                       
     
   reine blanche en D4
   
 neutralité
                 
             
 drap souillé        
                                           
         
oubli total
                                   
  100% coton    
                           
           
néon du concert de rock
Page blanche où grouillent des fantômes de lettres
Qu'est ce que c'est ?
Qui est-ce ?
Comment sait-ille tout ça ?
QUI
QUOI
COMMENT
Gregory hurla, sa conscience ensevelie sous tout ce blanc.

-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-

Burkhard vit l'infirmier s'avancer d'un pas ample vers eux. Il posa la main sur l'épaule de sa femme : c'était le premier à leur prêter attention depuis ce matin, ils allaient enfin avoir des nouvelles.
"Votre fils a fait une mauvaise réaction à la morphine."
Les parents se levèrent d'un seul geste, Kristel laissant tomber le magazine sans même y prêter attention.
"Ne vous en faites pas, nous avons remédié au problème. Mais nous avons dû le rendormir pour cela ; vous ne pourrez pas le voir aujourd'hui. Rentrez chez vous."
L'infirmier fit demi-tour sans attendre de réponse : l'oiseau de mauvais augure était attendu ailleurs.
"Emmenez-nous le voir" répondit Burkhard d'une voix sans timbre.
Celui-ci lui répondit sans même s'arrêter : "Non. On vous prév-
Avant de se rendre compte qu'une main agrippait son épaule, serrant calmement mais d'une poigne laissant entendre que son possesseur était à deux doigts de casser une clavicule ou deux histoire de se passer les nerfs.
"Ce que mon époux ne vous dit pas, lui précisa la voix retenue de Kristel près de son oreille, c'est que nous avons passé la journée ici à attendre que VOUS, les meilleurs des meilleurs, soigniez notre fils. Oui, que VOUS fassiez quelque chose puisque visiblement NOUS, nous ne sommes que ses parents et donc, seulement bons à attendre que vous fassiez votre si génial boulot. Vous avez idée de ce qu'on ressent quand on sait que son fils git sur un bloc opératoire, avec un régiment de blouses blanches en train de lui triturer le cerveau tout en pensant à la belle Rolex qu'ils vont se payer grâce à cette intervention ? "
L'infirmier grimaça en sentant les ongles s'enfoncer plus profond.
"Et donc, quand un infirmier vient gentiment nous informer que les meilleurs des meilleurs viennent de commettre une petite bourde qui a mis la vie de notre fils en danger... vous comprendrez que nous soyons légérement sur les nerfs. Un tout petit peu. Et que j'ai une incroyable envie de vous écharper vif histoire de me détendre un tout petit peu."
La main se crispa encore une fois sur son épaule avant de se décrocher, comme à regret.
"Je répéte ma demande, monsieur. Emmenez-nous le voir" répéta le père de sa voix atone.

-_-_-_-_-_-_-_-_-_-_-

Les parents.
Une vitre.
Le fils.
Et tant de distance.
Leur fils était sanglé à son lit ; un docteur que Kristel avait réussi à tenir sous son regard noir lui avait expliqué que c'était pour éviter toute chute si les convulsions reprenaient.
Si. Les. Convulsions. Reprenaient.
"Nous sommes les meilleurs". Ah ah ah. Plus jamais ils ne le laisseraient dans leurs pattes. Plus jamais.
Leur fils avait l'air tout petit, dans ce lit d'hopital. Presque aussi pâle que les draps, son crâne était surmonté par une espèce de turban de Velpeau qui lui donnait l'air du plus petit fakir albinos au monde.
Et cette expression vide sur son visage. On y apercevait des traces de larmes – "réaction physiologique due à la morphine" dixit l'épouvantail en bloiuse blanche avant de se sauver – mais ses traits n'étaient pas plus expressifs que ceux d'une poupée de porcelaine. Jamais Kristell ou Burkhard n'avait vu leur fils ainsi, frêle et désarmé.
L'observer ainsi était quelque chose de trop intime, presque obscène. Comme s'ils comtemplaient une coquille vide et fragile, prête à se rompre à tout instant. Le moindre souffle d'air et pfff ! La coquille s'écaillerait et s'effondrerait.
-Rentre à la maison, dit Kristell à son mari sans quitter Gregory du regard.
-Quoi ? S'indigna son mari.
-Nous ne sommes bons qu'à surveiller ? Nous surveillerons. Il est hors de question que Gregory reste une seule minute sans nous. Ramène nous nos affaires, nous restons ici.

-_-_-_-_-_-_-_-_

Blanc comme blanc.
Noir comme noir.
Il n'y a plus d'esp -
Non.
Noir comme noir. C'est tout.
Bruit de coups légers. Ille tourna la tête, difficilement. Lourdeur, bras attachés, aiguille à la saignée du coude. Mal.
Deux personnes se tenaient près de la porte, le bas de leur visage caché derrière un masque. Costumes de papier vert, et des des gants de latex comme ceux utilisés en
Gynécologie
Obstétrique
Dissect-
Non. Chut. Dormez.
Des gants de latex. Seulement ça.
-Nous pouvons rentrer ? Tu vas bien ?
La voix, oh cette voix... Ille la connaissait bien, trop bien. L'imperceptible pointe d'accentuation sur les "u", le bégaiement léger causé par la colère et la peur, cette tendance à marquer les points comme des silences dans une partition... Ca avait été sa voix.
-Gregory ?
Sa voix aussi. Rauque de larmes contenues, et souffle court dû aux années de tabac,.
Ses voix ? Hors de sa bouche ?
Les deux voleurs de voix entrèrent et s'approchèrent, tranchant dans le blanc qui l'entourait. Il ouvrit la bouche :
-Qui...
Stop. Pas sa voix. Non. Faible, atone, autre. Pas sa voix.
Sa première voix reprit :
-Tu viens d'être opéré, Gregory, c'est normal que tu ne te sentes pas bien. C'est moi, ta maman, Christel.
Christel...
Le nom rebondit dans son crâne, et virevolta dans tout sens, trainant avec lui :
Soutien-gorge trop petit d'une taille qui lui serrait la poitrine
Main de son mari serré dans le bureau du médecin devant la salle stérile
Peur de se faire interroger par la maitresse
Légumes multicolores, flottant dans la soupe mijotante
Souffle court dans la nuit, chaud partout, dedans et dehors
Bain tiède donné à son bébé, attention à ne pas le laisser seul
Mal au ventre, marée montante et descendante et rivage de douleur
-Et moi, je suis Burckhard, ton papa, continua l'autre voix au milieu du feu d'artifice
Les étincelles suivèrent :
Envie d'une cigarette à fumer, avaler, griller
Neige froide dans le patalon
Sinus pris et tête énorme, prête à s'envoler jusqu'aux nuages
Inquiètude irraisonnée devant une boite à formes bien rangée
Lumière du soleil brûlante à travers les volets
Coeur glacé devant le bureau du médecin
Jusqu'à se mélanger et confronter, se mettant à valser et se répondre, de plus en plus fort, de plus en plus vite, jusqu'à fissurer son cerveau et retourner à leur origine
-Gregory ? Gregory ?!
Voix dedans, voix dehors, aucune échappatoire.
-Concentre toi ! Ma main dans la tienne, serre, serre !
Quelque part dans le chaos qu'était son crâne, ille arriva à serrer. Ille sentit le fin plastique crisser sous sa main, glisser sous sa sueur ; les muscles en dessous, la chair dure de Burckard, support dans lequel tentaient en vain de s'enfoncer ses ongles. Quelque part, le pouls de l'autre personne, répondant au sien, flux de sang cyclique et immuable.
Vivant.
Un corps, vrai, réel.
Des voix, pas vraies, pas réelles.
Ille repoussa les voix au loin, se concentrant sur son corps douloureux et tremblant. Concret, rester au concret.
Quand ille rouvrit les yeux qu'ille ne se rappelait pas avoir fermé, d'autres gens en masque avaient commencé à s'agiter autour de lui : des machines bippaient, une poche de liquide sur son trépied était changée en hâte. Ille ressentit un bref soulagement en constatant que les deux premiers entrés étaient encore près de lui.
-Gregory, tu dois te reposer. Tu es encore malade, tu... tu... nous serons là dès ton réveil, dors, d'accord ?
Le blanc se transformait en autre chose, les visages devenaient flous. Mais ille devait absolument poser une dernière question avant de rebasculer. Ille déglutit à grand peine :
"Si vous êtes... moi je suis... qui ?"
La lumière disparut d'un seul coup :
-Toi, tu es Gregory, tu es notre
Fils
enfant
chose
braillard
ami
rêve
secret
morveux
Alors qu'il s'enfonçait de plus en plus loin dans les ténèbres, les deux voix désormais reconnues furent suivies par d'autres, innombrables et infatigables.
Patient
copain
sale gamin
petit monstre
anomalie
angelot
client
elève
appât
méchant
Mais pas une seule fois il n'entendit la voix frêle et atone qui était la sienne.

-_-_-_-_-_-_-_-_-_-
Une psychiatre.
Le bureau.
Un adolescent.
Et tant de silence.
Un silence d'ordinaire résigné : Gregory ne parlait pas sauf sous la contrainte, et Amina Sheüber,la psy, était payée à tenter de résoudre un problème dont il refusait de parler.
Mais aujourd'hui, aujourd'hui...
Le silence se faisait lourd de tensions et de questions non posées. Les deux occupants de la pièce se jaugeaient, comme deux adversaires estimant leurs chances de vaincre avant d'entrer sur le ring.
Tout ça à cause d'un bref contact peau à peau, deux jours auparavant. Minuscule incident qui avait retourné son bureau, blessé deux infirmiers et fait sauter le garçon de 16 ans par la fenêtre du deuxième étage.
La psychiatre rompit le silence en premier, comme d'ordinaire :
-Gregory, que sais tu au sujet de l'incident d'il y a deux jours ?
-Il me semble que vous êtes la mieux à même d'en juger, mademoiselle, répondit Gregory en levant un sourcil. Après tout, vous savez bien que je ne suis plus moi-même lors de ces moments.
Renvoyer la question à son interlocuteur... Décidément, l'adolescent était redevenu lui-même, pas de doute.
Elle soupira, sachant d'avance qu'il ne lui faciliterait pas la tâche.
-Après avoir trébuché, quand je t'ai entrainé dans ma chute, ton comportement a changé. Tu as...  comment dire... tu m'as copiée.
L'adolescent se contenta de la regarder.
-C'est ensuite que les choses sont devenues étranges. Tu as mis a terre les deux infirmiers qui voulaient te calmer en un tour de main, et tu t'es jeté par une fenêtre. Pourquoi ?
Il se contenta de répondre d'un air calme: "Pourquoi me poser une question dont vous connaissez la réponse ?"
-Parce que je veux l'entendre de ta bouche.
-Une psychiatre obligée d'arracher les mots à son patient ? Qu'est devenu votre esprit d'analyse ?
Et sa fichue manie de mettre en doute les capacités de son entourage était elle aussi de retour, hélas.
-Gregory, je ne rentrerai dans ce petit jeu. Réponds moi.
-Parce que c'est ce que vous auriez fait, répliqua-t-il, surarticulant comme s'il s'adressait à une débile.
-Je n'aurais certainement pas pu mettre à terre ces hommes.
-Bien sûr. En tant que faible femme, vous vous seriez bien gentiment enroulée dans une camisole de force en attendant la prochaine distribution de médicaments.
En entendant l'accentuation sur le mot "femme", elle eut un frisson.
-Et comment as tu fait ça ?
-Oh, un coup de taser à distance, bien sûr. J'ai dû effleurer une prise électrique avant. Vous n'étiez pas au courant ? ironisa-t-il
-Gregory...
-Y'en a assez des Gregory. Assez.
Et pour la première fois, il se leva de son siège et se pencha en avant par dessus son bureau, bras supportant le poids de son corps.
-Nous sommes sortis du cadre psy-patient, et nous le savons tous les deux. J'arrêterai de jouer l'idiot quand VOUS cesserez de vous comportez comme une psychiatre lambda.
-Je suis une... commença-t-elle, surprise par cette accusation.
-Menteuse. Vous savez comment j'ai fait pour les mettre à terre. Et pourquoi j'ai enjambé la fenêtre.
-Mais ...
-Je sais ce que vous pouvez faire. Créer des illusions pour tromper les gens. Les forcer à vous obéir, même si ça n'a bizarrement jamais marché sur moi, à votre plus grand désarroi d'ailleurs. Vous avez aussi des ailes, probablement cachées sous cette fichue cape courte que vous vous obstinez à porter par tous les temps. Et de jolies ongles à faire palir d'envie Catwoman. Ai-je besoin de continuer ?
Amina pâlissait au fur et à mesure de ce discours. Elle pensait bien qu'il avait saisi certains éléments, mais tout ça ? Comment le forcer à se taire à son sujet ? Il mettait en danger son existence dans la société humaine...
Comme s'il saisissait ses pensées, il recula et retourna s'asseoir dans son fauteuil.
-Soyons clairs : je n'ai aucune intention de divulguer ses informations à qui que ce soit. Je veux seulement que les choses soient claires entre nous : je sais ce que vous êtes. Maintenant, je veux savoir ce que je suis. Et maintenant."




    POUR FINIR ϟ

    PSEUDO - Greg Ogramann | COMMENT AS-TU CONNU LE FORUM ? - En stalkant une amie. | AVEZ-VOUS LU LE RÈGLEMENT ? - Non pas encore. Mais vous pourriez-arrêter de parler COMME CA, j'ai l'impression d'avoir le Faucheur en face de moi.Oui, m'sieur, tapez pas, j'y suis passée !| DES IDÉES POUR AMÉLIORER LE FORUM ? - Un récap de pseudo général récapitulant les perso joués par ce membre, un accès à un ou deux fiches complètes pour avoir un exemple de ce qui est attendu, et enfin changer cette f****** couleur de fond qui rend le site illisible. | PRÉSENCE - (environ) Sais pas. Plaignez vous à mes boss. Une fois par jour je pense, plus ou moins en vacances scolaires.| D'AUTRES COMPTES ? - C'est une invitation ? | ANCIENNEMENT ? - Anciennement un peu plus vieille qu'avant, merci de demander.
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Dernière édition par Greg Ogramann le Mer 25 Sep - 14:41, édité 22 fois
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MessageSujet: Re: Greg Ogramann   Greg Ogramann I_icon_minitimeDim 13 Jan - 22:21

Bonjour, bonsoir !

Alors comme ça, on commence l'exercice avant d'avoir lu toutes les consignes? Tsssss !

Sinon, sinon, j'ai lu ce qui a été fait, et j'ai hâte d'en voir la suite. Un personnage bigrement intéressant !

(Ps- pour la couleur de fond, c'est prévu, notre codeur bosse déjà sur le nouveau design, et la recao va être faite une fois le recensement terminé, ce qui est donc, une question d'une ou deux semaines.)
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MessageSujet: Re: Greg Ogramann   Greg Ogramann I_icon_minitimeMar 29 Jan - 15:58

UP !

Alea jacta est...
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MessageSujet: Re: Greg Ogramann   Greg Ogramann I_icon_minitimeMar 29 Jan - 16:19


Bonsoir, ma chère

On en a déjà parlé sur la cb, mais tu es bel et bien de rang A, validée après une superbe fiche "baclée". J'ai pris plaisir à la lire.


Tu peux d'ores et déjà te choisir ton aile de dortoir, t'inscrire dans un club si tu le souhaites, et rechercher compagnon de rp sur la chatbox ou le topic dédié à cela ou de faire un rp libre que n'importe qui pourra rejoindre. N'oublie pas non plus de recenser ton avatar ici.

Amuse toi bien parmi nous !

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MessageSujet: Re: Greg Ogramann   Greg Ogramann I_icon_minitimeMer 25 Sep - 12:46

Passage au niveau S après énucléage de Vika et s'être pris une grosse patée.

MaJ des capacités
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