La voie était ouverte, Flandre trouva son geste déplacé mais elle ne dirait rien de peur d’envenimer les choses. Elle irait aider le brave homme à franchir le tunnel visqueux avant de chuter avec lui. Ayant retrouvé le sens du toucher, elle pesta à sentir sa chair de bébé toute souillée malgré le tissu de la chemise assez grande. Et poursuivant dans sa lancée, à savoir aider son compagnon d’infortune, elle suivit Eiko en tête de peloton et sa jumelle qui devait se ménager après toutes ces épreuves. Une sorte de portail dégoulinant et poisseux les attendirent au détour de la sortie. Formidable se dit cet esprit cynique et tout dégoûtant. Flore la belle se sentait assez mal, elle était maniaque à propos de la saleté, sur les bords. Fort heureusement elle ne fit de malaise, elle sembla prendre sur elle, comme toujours. Le cortège parvint alors au sein d’un nouveau monde, celui du silence et de la connaissance. Aidant Alex à s’adosser contre une étagère, il pourrait se reposer en paix. Soudain, l’ainée mandait sa cadette, d’un geste de la main. Elle fut exhaussée.

En murmure, Flore lui demandait de l’aide pour chercher un certain ouvrage. Elle imita donc Eiko, de son côté. La bleuté ne perdit pas un instant, pour aller farfouiller ces étagères. Elle trouva une mine d’or. Le partage était de ces vertus qu’elle incarnait. La belle gardienne de ce trésor, un savoir inestimable à leur survie dans ce monde de la folie, elle l’amenait à ses compagnons. Et leur présentant la couverture de ce bestiaire du manoir, elle espérait que chacun retiendrait une chose, l’unité était la clé. A l’aide de sa prodigieuse mémoire, qualifiée d’absolue, la petite princesse serait en mesure de dévorer ces écrits et d’en retenir la moindre information. Elle porta le discours au murmure, de peur qu’un autre son n’attirer le malheur sur eux. Sans doute y aurait-il un affreux gardien pour les punir s’ils haussaient le ton. Voilà ce qu’elle redoutait derrière son petit sourire d’ange. Le temps jouait contre eux, il fallait engranger le maximum de données avant de reprendre la traque de la rose perdue. Si naguère on la chassait, avant quelle ne parle, elle irait étudier dans son coin et dévorer assez vite l'ouvrage. Flandre elle se méfiait des voix plus loin.

« Regardez, avec cet ouvrage nous serons à même de survivre à toute créature. Mais j’aurais tout aussi voulu trouver le récit sur l’histoire de cette demeure et de tous ses mécanismes … »

Concernant l'ouvrage en lui-même, il semblait assez rustique, enfantin même. Il n'en restait pas moins volumineux et ravissant avec sa robe verte claire. Le titre de l'oeuvre n'avait rien d'une encyclopédie, on pouvait lire cette liaison de perles multicolores, Mes Amis de l'Imaginaire. En feuilletant les pages, le trio remarquait un détail flagrant. Aucune écriture, analyse ou même nom. Rien que des dessins, dont ceux des créatures qu'ils avaient rencontrés, tous étaient là. Ceci ne leur apprenait rien en vérité, n'amenant que frustration face à ce simple carnet d'enfant. Allait-on soupsonner Maryna d'en être l'auteur ? Elle avait l'âge de genre de chose. Et l'annotation de la dernière page, souleva une totale confusion dans l'esprit de Flore. J'espère qu'ils prendront vie, était inscrit. La bleuté avait de plus en plus peur de découvrir la vérité. Flandre n'ayant été présente, elle ne su rien de tout ceci et aurait été outrée de plus belle, son ainée voulait éviter de stimuler sa maladie. Car si cette enfant était devenue pratiquement inofensive, sans prudence elle pourrait trépasser. Surtout, qu'elle pourrait se méprendre sur Maryna et détruire sa rose par paranoïa.