-Je peux savoir ce que vous manigancez, les jeunes ?

Et merde. Il n'était pas visible depuis la porte, l'autre avait donc dû entendre leurs voix. C'était bien la peine qu'il prenne des précautions...
Greg se leva de son lit, raide comme un piquet, et s'avança jusqu'à voir le nouvel arrivant. Un japonais de taille moyenne, chauve, habillé d'un uniforme gris; probablement un surveillant, vu sa façon de les traiter, et pas du genre affable. Il fouilla dans ses poches, à la recherche du mot de la direction : voilà qui pourrait – peut-être – amadouer le cerbére.

Tenshi, derrière lui, expliqua d'un ton serein : "Rien, monsieur ! Cet élève m'aide juste à m'installer avant de m'accompagner à un rendez-vous."
-Un garçon et une fille dans la même chambre alors que les dortoirs sont déserts... Il y a de quoi soupçonner quelque chose !" grogna l'homme.

Greg arrêta sa fouille une seconde et jeta un coup d'oeil dubitatif à l'homme: il était stupide ou avait un quota de colles à remplir ? Tenshi et lui se tenaient chacun à un bout de la pièce, tout habillés et les derniers échanges – dont il avait forcément au moins perçu le ton à défaut des mots – n'avaient rien de roucoulades.

Avant qu'il ait eu le temps de lancer un commentaire sarcastique sur la situation en question, Tenshi prit une grande respiration et s'avança jusqu'à se mettre entre lui et le gardien. Il ne voyait plus que son dos mais devinait d'après sa posture qu'elle scrutait le gardien de ses yeux vides. Qu'elle fasse comme elle veuille, après tout : il retourna à sa recherche du mot de la direction, fouillant dans ses poches.. Et finit par s'arrêter alors que le silence s'éternisait. Le simple frottement de ses mains sur son pantalon semblait résonner dans la chambre, bruit sacrilège au milieu de cette tension silencieuse.
Le gardien avait l'air mal à l'aise, détournant sans cesse les yeux du visage de Tenshi. Greg ne savait pas ce qu'il y distinguait, mais visiblement ce n'était pas joli-joli. Elle se contentait de rester là, passive, telle la plus grande poupée de porcelaine au monde.

-Bon, ça ira pour cette fois mais si je vous y reprends, je ne serai pas aussi passif ! Finit par aboyer l'homme, regardant quelque part au dessus de l'épaule gauche de Tenshi. Allez, dégagez !

Et le surveillant tourna les talons, laissant la porte ouverte. Au bruit que faisaient ses pas dans le couloir, il s'agissait plus d'une débandade que d'une retraite digne et organisée.
l'adolescent ouvrit la bouche, prêt à demander à Tenshi ce qui se passait, quand elle se retourna d'un seul coup. Ses yeux
... avaient viré au violet sombre, et son visage
... semblait déformé par des ombres étranges.
Foutue gamine. Elle avait mis un pied dans la porte tout à l'heure et en demandait plus, encore
... plus. Il recula à grand peine jusqu'à sentir le bois du lit contre l'arrière de ses mollets et s'y laissa tomber pesamment. C'était ça ou tomber. Il s'adossa contre la tête du lit, genoux repliés contre sa poitrine
et tenta tant bien que mal de penser comme un adulte. Et de respirer sans hyper-ventiler.

Tenshi passa en trombe devant lui, se ruant vers l'armoire pour s'y cacher et revenir ce soir. Sa boite en main, elle la déverrouilla et attrapa une fiole du sang non, de remède de sang d'enfant cache toi. Seringue en main, remplissage et... injection dans le cou. Sa tête se releva légérement, son regard braqué vers Greg Trouvé ! Non ! qui sentit son coeur s'emballer sans pouvoir rien y faire.

Il porta une de ses mains à sa bouche, arracha d'un coup de dent le gant et mordit fermement la première phalange de son index. La douleur l'aidait à se concentrer et à rester conscient de son corps actuel, il avait découvert ça il y avait des années. Les cris de la petite se mirent à diminuer, noyés sous les vagues aigues de douleur qui lui remontaient la main. Inspirer et expirer en rythme avec les pulsations de sa morsure contribuer à le calmer.

Mais son coeur se remit à battre la chamade quand quelqu'un lui tira sur la manche. Il lâcha prise, et la fillette en profita pous s'agripper plus fermement. Ille eut un violent sursaut, commun à Greg comme à la fillette et repoussa la personne qui ne parut pas s'en rendre compte.
Le croque-Tenshi. Ses yeux avaient repris leur teinte d'origine.
Elle rebroussa chemin vers la porte d'entrée, voulant visiblement qu'ille la suive.

Que faire ?

Ille coula un regard vers l'armoire dont la simple vue le faisait frissonner. Le sang-reméde à l'intérieur... ille ne voulait pas rester là. Tenshi reviendrait, et si ce n'était pas elle ce pourrait en être un autre, pire qu'elle.

Ille sauta du lit, manquant perdre l'équilibre à cause de sa taille, et se dépêcha de sortir, esquivant Tenshi. Une main sur le mur d'en face pour garder son équilibre, ille chercha du regard où était le grand escalier en colimaçon. L'autre coté. Mais Tenshi était déjà devant lui, marchant tranquillement, et ille ne voulait pas s'approcher plus d'elle.

-En route ! Tu viens ?" lui lança-t-elle en commençant à descendre. Sa voix rebondit sur les murs de pierre, la rendant bien plus caverneuse qu'elle l'était en réalité. Frisson... Mais c'était la seule issue. Ille s'approcha de l'escalier en gardant le contact avec le mur. Sombre. Haut. Dangereux. Les marches se mirent à vaciller devant ses yeux...

-Je crois... que je vais rester... un petit peu là... Articula-t-ille tant bien que mal en reculant jusqu'au mur d'en face, puis en se laissant tomber dos contre lui. Ille devait se calmer pour descendre...

Spoiler:

Clap... Clap... Clap....

Claquement de semelles... Elle remontait. Pas maintenant. Surtout pas. Ille n'était pas prêt.
Instinctivement, ille se renfonça dans le coin du couloir. Position foetale pour se protéger, les jambes poussant comme si à force de se presser contre le mur ille avait une chance de passer à travers. Disparaitre, hors de vue. En sécurité.

Clap... Poc, Clap.... Poc, Clap....

De plus en plus près, de plus en haut, de plus en plus proche... Ses griffes-ongles cliquetaient lorsqu'elle se saisissait de la rampe, s'en servant pour grimper sur la marche d'après.

Poc, Clap.... Poc, Clap, fffff... Poc, Clap, fffff...

Expiration lourde, concentrée. Le monstre Tenshi reprenait son souffle à chaque montée, laissant pendant un bref instant l'escalier redevenir silencieux... Et puis sa montée reprenait, rythmique, fascinante dans sa régularité et horrifiante dans sa proximité. Il Elle arrivait. Ses yeux se fermèrent tout seuls, refusant de voir ce qui allait émerger de l'escalier.

Poc, Clap, fffff, .....
.....
.....
Ffffffff....

L'ascension était finie. Ille serra encore plus fort ses paupières ; s'ille ne voyait pas le monstre Tenshi, peut-être qu'il elle ne le verrait pas non plus ? Son coeur battait fort, vite, comme un oisillon affolé, prêt à s'envoler de sa poitrine d'une seconde à l'autre. Ses genoux tremblants se rapprochèrent de sa poitrine instinctivement pour l'empêcher de s'échapper de sa poitrine.

Clap, déplacement d'air.

Dévorée dans le lit, incapable de crier alors que le monstre lui saute dessus. Sa langue coincée entre ses crocs alors qu'il l'embrasse d'un baiser immonde, son ventre écorché puis béant alors que ses pattes arrière creusent dans sa chair tendre.
Touché et transformé en autre chose. Submergé par encore autre chose, luttant pour retrouver la surface. Se noyant peut-être, disparaissant dans l'indifférence générale.

Non !
Ille se rejeta en arrière d'un coup sec, l'arrière de sa tête heurtant le mur avec un bruit mat.

.............

Pendant un instant qu'ille ne put estimer, tout s'arrêta. Plus de vibrations du sol, plus de courants d'air, plus de bruits... Ne reste que son coeur qui bat à tout rompre, l'eau qui goûte sur ses joues et son esprit qui se débat à tout rompre dans la prison de sa boite crânienne.

Clap, clap, clap, clap, clap....

Les bruits de pas s'éloignent, résonnant contre les murs de pierre du couloir. Ille se détend un tout petit peu, relevant sa tête palpitante du mur froid. Ille écoute : où va-t-il elle ?

Clic.... Huiiiiiiiiiii....

La porte, le verrou, les gonds façon Famille Adams. Sauf que cette pensée ne le fait plus rire pour l'instant, plus du tout.

Toc.

Le clenche se remit en place alors qu'il réalisait : Tenshi était de retour dans sa chambre, sans l'avoir touché. Des larmes dégringolèrent de plus belle, traces de peur, de soulagement... et de désespoir : ille restait seul, une fois de plus, pour affronter... tout. Comme d'ordinaire.

Sa main dégantée lâche le bras auquel elle s'agrippe si fort et se rapproche de sa bouche ; ille mord dans la partie charnue sous le pouce, fort, pour ne pas replonger dans la paranoïa. Le goût ferreux du sang lui envahit la bouche alors que la peau commence à légérement céder sous les dents, un peu plus proches de la chanson sourde que serine son sang. Flux rapide qui le berce et le nourrit, mouvement fluide rythmé par les pulsations de son coeur. Son centre. A qui ? A lui, à Greg. Pas ille, mais il.
La gamine s'accroche, refusant de laisser la place libre à son hôte, de retourner dans l'ombre où les croque-mitaines pourraient la rattraper, où papa et maman ne viendront jamais la chercher.
Il appuie plus fort, que les tambours résonnent en choeur dans sa tête et sa poitrine, que la fillette fuit en se bouchant les oreilles.

Do do mi do... Do do mi do ré do fa si .....

La musique commenca au dehors, assourdie : un air de berceuse ethérée qui flottait dans l'air, parfois hésitante mais continuant malgré les fausses notes et les silences imprévus. Il sentit la gamine relâcher légérement son emprise, essayant de saisir la musique au vol ; il en profita pour se concentrer sur ses pulsations cardiaques, pour les intégrer à la berceuse qui lui était offerte.

Do do mi do... Do do mi do ré do fa si .....

La chanson continua de plus belle, assurée, plus juste mais pas moins porteuse d'émotions. Son coeur se mit sensiblement à ralentir, se mettant en contrepoint des notes les plus fortes. Miracle des miracles, il sentit la fillette s'évanouir petit à petit alors que la musique allait crescendo.

Tes parents viendront te chercher dans ta chambre obscure et dissiperont les ombres. Le C'oque-mitaine n'est qu'un nounours abandonné sous ton lit. Les seuls monstres présents sont ceux que tu autorises à rester, petiote. Rendors toi, tout ira bien demain.

Il la sentit sourire alors qu'elle retournait en arrière-plan de son esprit. Un petit sourire laissant entendre qu'elle n'était pas dupe, mais qu'un faux réconfort valait mille fois mieux que l'indifférence.
Il se retrouva seul. Greg, sans personne d'autre en tête. Pour l'instant.
Il ne sut pas pas combien de temps il resta là à savourer le calme inhabituel qui régnait dans son esprit ; une seconde ou une heure ? Tout ce qu'il savait, c'est qu'il serait volontiers resté là toute sa vie malgré le froid de la pierre et ses joues humides, à écouter cette musique qui collait si bien à son coeur.
Mais rien n'est éternel et la musique finit par cesser sur un dernier accord. Il rouvrit les yeux, contempla entre ses cils engllués de sel l'escalier qui lui avait fait si peur quelques instants auparavant. Ou quelques heures ? Il avait l'impression qu'une vie entière s'était écoulée depuis son entrée dans ce bâtiment avec Tenshi.

Tenshi.

Il se remit debout péniblement ; ses muscles crispés et sa bosse au crâne ne lui facilitait pas la tâche. Quand à sa morsure à la main, il en épongea distraitement le sang sur son pantalon ; il avait déja vécu bien pire. Et il serait probablement en plus mauvais état s'il n'y avait pas eu cette musique.

La guitare de Tenshi.

Il se traina jusqu'à la porte de sa chambre et debout sur le paillasson, hésita.
Son instinct lui criait de s'enfuir loin de cette fille qui, non contente d'être un monstre, l'avait vu dans une telle position de faiblesse : toujours se montrer fort, toujours cacher ses points faibles, ne jamais fournir d'armes pouvant lui nuire et surtout ne jamais déroger à ces règles.
Mais sans cette musique, il serait toujours en train de se recroqueviller dans un coin du couloir, aux prises avec l'esprit d'une enfant un peu trop impressionnable. Elle aurait pu aller seule à l'école et le laisser là maintenant qu'elle connaissait le chemin. Il lui était redevable. Et Greg ne laissait jamais de dette impayée.

Il toqua trois fois lentement, puis ouvrit la porte toujours aussi grinçante. Alea jacta est.

Tenshi était assise sur sa chaise de bureau, de profil par rapport à la porte, mains posées à plat sur les genoux. Elle n'avait même pas fait signe de se lever en l'entendant rentrer. La poupée de porcelaine était de retour. Il ne savait comment prendre son indifférence. Du mépris pour sa faiblesse ? De la pitié envers le pauvre être qu'il était ? Du quoi ?

Il déglutit et s'avança lentement, un pas après l'autre. Sa dette, il ne pouvait pas partir comme un voleur. La jeune fille ne bougeait toujours pas, attendant. Ses yeux clos lui donnaient presque l'air de dormir. Il ne l'avait encore jamais vue les yeux fermés ?
Dans un éclair, Greg comprit. Coupable... Tenshi se sentait coupable. Elle pensait que sa crise avait été déclenchée par sa faute, par sa "monstruosité". Elle lui le laissait libre de partir ou de rester maintenant qu'il était remis sur pied, que sa "faute" était réparée.

Ce n'était pas de sa faute, et il resterait. Jusqu'à avoir remboursé sa dette.

Greg s'approcha doucement d'elle jusqu'à se retrouver à deux mètres d'elle. Il se força à faire un pas... puis encore un... Son souffle s'accéléra mais décida de passer outre. Il leva sa main gantée et la posa sur l'épaulé de la demoiselle, se forçant à la serrer délicatement pour lui faire comprendre que le geste était volontaire. Il souffla : Ta musique était très belle. J'aurais plaisir à la réécouter une autre fois.

Sans attendre la réponse, il enleva sa main et recula d'un pas en arrière : Laisse moi une minute pour me rafraichir et je t'emmène à ton rendez-vous. Si nous sommes en retard..."Il haussa les épaules." Je leur expliquerai que tu m'as roucoulé une sérénade."

Il fonça vers la salle de bain à toute allure. Pourvu qu'ils y aient laissé au moins un gant de toilette et du désinfectant en prévision de l'arrivée de la nouvelle !

Il venait à peine d'entrer dans la salle de bain lorsqu'il entendit Tenshi lancer derrière lui : "Tu t'es blessé ? Il doit y avoir une trousse de secours dans l'un des tiroirs du meuble à côté du lavabo !"

Blessé ? Comment le savait-elle ? Elle avait perçu l'odeur du sang ? Il eut un frisson qu'il réprima vite : si elle était une vampire ou lycanthrope en manque d'hémoglobine, elle l'aurait mordu avant de poser la question.

Il n'eut pas le temps de répondre qu'elle arriva dans la salle de bain, juste derrière lui. Il préféra s'avancer un peu plus loin. Qu'elle fouille donc le meuble en question, lui allait faire le tour des placards.

Savon, dentifrice, brosse à dents, brosses à cheveux, serviettes propres, serv- ah oui, cette chambre devait être spécifiquement réservée aux filles. Des mouchoirs dont il s'empara, mais pas de compresses ou de trousse de secours.

Pendant que Tenshi terminait de fouiller son meubre, il nettoya rapidement le visage, nettoyant le sel qui lui couvrait les joues et le sang sur ses lèvres. Visiblement, il avait mordu plus fort que prévu ou atteint une grosse veine ; des gouttes avait coulé le long de son menton pour venir tâcher son uniforme. After-shave pour vampire, le dernier parfum for Yokai by Yokai. Sa main continuait d'ailleurs à saigner légérement; il la nettoya à l'eau froide avant d'évaluer les dégats. Peau entaillée, plaie en cours de cicatrisation, doigts fonctionnels et sensibles... Visiblement, rien d'important n'avait été touché. Ne restait qu'à désinfecter ça, le bander, puis l'accompagner à son rend-

Une main surgit devant lui.
Recul instinctif tout en protégeant sa main blessée de son bras couvert. Son dos cogna contre le mur: décidément, la pierre n'était pas son amie aujourd'hui.

Ce n'était que Tenshi qui brandissait une petite trousse de secours. Il regarda le tiroir ouvert du meuble, puis la sacoche à la fermeture de métal. Elle avait eu raison, encore une fois.

Elle se pencha vers lui, lui demanda : "Je te laisse te débrouiller ou tu veux de l'aide ?"

Comment dire... Greg était littéralement collé au fond d'une salle de bain, avec une fille qui se rapprochait, visiblement très inquiète pour lui... situation rêvée pour beaucoup de garçons de son âge mais lui ne voyait qu'une chose : elle lui bloquait la sortie. Il attrapa la trousse de sa main gantée, essayant de ne pas la toucher, et ramena rapidement la sacoche vers sa poitrine.

-Euh, en fait... Si tu voulais bien te pousser un peu sur la gauche que je puisse sortir... lui dit-il, plus que gêné par sa demande. Elle lui proposait son aide et lui la repoussait comme un malpropre. Mais comment faire autrement ?

-J'ai juste à désinfecter la plaie. Ne t'en fais pas, j'ai vu bien pire. Mais j'apprécierais de le faire dans la chambre, il y a...
Trop peu d'espace.
-... trop peu de luminosité ici.

L'adolescent se glissa doucement sur le coté droit, prêt à se rejeter en arrière au premier mouvement de sa part. Une fois ceci fait, il sortit de la salle de bain et alla s'installer sur un lit inoccupé.

Il entreprit de déballer le matériel de la trousse et d'en énumérer la liste à voix haute pour Tenshi ; après tout, elle pourrait en avoir besoin plus tard. Ciseaux, compresses stériles, pansements, sparadrap, bande velpeau, pince à épiler, des seringues vides, un thermomètre, arnica, aspirine, désinfectant....
Cela lui rappelait des souvenirs de quand il était plus jeune et qu'il essayait tant bien que mal de cacher ses marques d'automutilation à ses parents. Une vraie partie de cache-cache et de trafic de médicaments... Si le détournement de désinfectant était un crime, il aurait été condamné à perpétuité.
Bref, il laissa ses mains s'activer comme au bon vieux temps et reconcentra son attention sur Tenshi. Comment avait-elle dit tout à l'heure ? Ah oui...

-Tu ne dis rien mais j'entends que tu as des questions. Vas-y, je t'écoute ! Fit-il en imitant son accent japonais.

Je ne voyais rien mais il était facile pour moi de deviner aux sons que Greg venait encore de se cogner contre l'un des murs de la pièce... Il devrait prendre un abonnement aux bosses si ça continue !
Apremière vue, il ne supportait que je sois proche physiquement de lui... Ca en deviendrait presque vexant...

"- Euh, en fait... Si tu voulais bien te pousser un peu sur la gauche que je puisse sortir..."

Il sembllait être embarassé alors que je lu avait juste demandé si il voulait un coup de main pour soigner sa blessure...

"- J'ai juste à désinfecter la plaie. Ne t'en fais pas, j'ai vu bien pire. Mais j'apprécierais de le faire dans la chambre, il y a... trop peu de luminosité ici."

Aussitôt dit, il me prit la trousse de secours des mains et quitta a pièce en longeant les murs comme un voleur se faufillant hors des lieux de son méfait.
Greg alla s'installer sur le lit inoccupé de la chambre alors que je le rejoignis en allant me remettre sur ma chaise pour converser cette distance à laquelle, il semblait tenir et vien entendu, il se mit à me faire la liste de ce que contenait la trousse de secours sûrement au cas où j'en aurais besoin... Je me remet très vite de mes blessures mais c'est bon à savoir quand même.

"- Tu ne dis rien mais j'entends que tu as des questions. Vas-y, je t'écoute !"

Je n'y croyais pas et cettes fois-ci, je ne pus me retenir de rire à gorge deployée lorsqu'il imita tant bien que mal mon accent alors qu'il soigna sa plaie seul.
Je souris alors que j'essayais de voir comment j'allais aborter le sujet sans avoir à demander à Geg de me dévoiler sa nature enfouie car ma mère adoptive m'avait quand même expliqué le règlement avant de m'envoyer ici.

"- Et bien, je n'ai pu m'empécher de remarquer que tu me fuis comme si j'avais la lèpre et que tout à l'heure, tu semblais être une autre personne... Ca m'intrigue !" fis-je en gardant un petit sourire aux lèvres

Bien entendu, Greg était libre de me fournir ou non une réponse car si il y a une chose que je sais : c'est que parfois il vaut mieux garder certaines choses secrètes pour ne pas provoquer la crainte des autres surtout quand votre nature monstrueuse est le fruit de la folie ou de la bétise.

"- Enfin si tu ne veux pas répondre, je ne t'en voudrais pas et c'est ton droit."

Je croisa lentement les bras en demeurant installée sur ma chaise alors que le seul son qui me parvenait était celui des des mains de Greg s'affairant pour panser au mieux la blessure.

L'entendre rire de sa mauvaise imitation lui fit du bien. Cette adolescente était bien innocente par certains aspects, c'était plus que rafraichissant.

"- Et bien, je n'ai pu m'empécher de remarquer que tu me fuis comme si j'avais la lèpre et que tout à l'heure, tu semblais être une autre personne... Ca m'intrigue !"

Ses questions étaient simples et directes, et il aurait pu y répondre en un seul mot. Mais le réglement du lycée le lui interdisait, comme Tenshi le savait sans aucun doute et il ne pouvait...

Non, autant être franc. Il ne voulait pas le lui dire. Ce pouvoir était dangereux, trop dangereux, d'autres avaient déjà tenté de l'utiliser avant... Il repensa à Helen qui l'avait touché alors qu'elle gisait au sol, prête à mourir. Avant même qu'il ait compris, elle avait tendu le bras, effleuré la joue... pris possession de sa tête. Elle avait ensuite refusé de céder la place quand son corps avait trépassé. Il avait lutté comme jamais pour recouvrer sa place et avait mis beaucoup de temps à se remettre, autant des efforts pour revenir au premier rang que de la trahison ressentie lorsque Helen l'avait touché volontairement.
Bien sûr Tenshi ne semblait pas de ce genre-ci... mais Helen non plus. Qui savait ce qui se cachait derrière les masques des gens ? A part lui bien sûr, se renfrogna-t-il.
Et même si elle ne voulait pas l'utiliser... Non. Il avait passé trop d'années catalogué comme freak ou malade mental, aucune envie de refinir dans cette même petite case. Il ne voulait pas non plus ressentir cette interrogation qu'il avait si souvent senti flotter dans l'esprit de ses parents; s'il copiait toute personne le touchant et ce depuis sa naissance... "Greg" existait-il réellement ? Ou "Greg" n'était-il qu'une carapace creuse, factice, qui recouvrait les esprits copiés et disparaitrait un jour ou l'autre, aussi subitement qu'il était apparu ?

Tenshi attendait, pendant qu'il terminait de nettoyer sa plaie. Elle continua : "Enfin si tu ne veux pas répondre, je ne t'en voudrais pas et c'est ton droit."

Une porte de sortie offerte.
Mais il avait une dette.

Il entreprit de bander sa main, lentement, prenant son temps pour réfléchir.

Elle venait de le tirer d'un très mauvais pas. Greg ne doutait pas qu'il aurait repris le dessus au bout de quelque temps, mais son esprit et son corps auraient bien plus amochés. Sans compter que n'importe qui aurait pu l'approcher pendant ce laps de temps sans qu'il puisse se défendre, ce qui l'aurait envoyé en arrière-fond encore plus longtemps.
Il pouvait choisir d'ignorer son intervention, se dire qu'il aurait survécu même sans elle. Mais cela voudrait dire mentir. Et Greg refusait d'user de mensonge. Le mensonge menait à la confusion, au doute, aux questions. S'il voulait rester Greg, il devait au moins être sûr de ce qu'il avait vécu ou ressenti.

Il soupira. Pas le choix. Il devait lui parler de ce qu'il était.. Mais jusqu'où ? Et comment ?

L'adolescent termina de bander consciencieusement sa main, coinçant sa bande de façon à ce qu'elle ne risque pas de se détacher. Il ne pouvait pas remettre son gant par dessus, il lui faudrait faire doublement attention.

Il commença a ranger méthodiquement la trousse de secours et commença à expliquer à voix basse et neutre – les murs avaient des oreilles : "Tu gardes à proximité de toi tes injections pour stabiliser ton état. J'imagine donc que tu sais les problèmes que peut causer un pouvoir incontrolé."

Il se pencha pour attraper le thermomètre qui était coincé entre deux pans de couverture : "Mon pouvoir n'est pas contrôlable. Il se déclenche automatiquement au moindre contact peau à peau. Je n'ai donc pas d'autre choix que de fuir la proximité. Même couvert des pieds à la tête, j'ai beaucoup de mal à m'approcher des gens. Une phobie de protection, en quelque sorte."

Il eut un petit rire géné : "D'ordinaire, on le remarque bien moins. Mais j'ai commencé à paniquer quand j'ai appris ta cécité et compris que je devrais tôt ou tard m'approcher de toi."

Il referma la trousse de secours désormais compléte et regarda Tenshi. Il pouvait lui révéler sans trop de problème sa peur du toucher – après tout, elle n'était pas la seule à la soupçonner – mais quant à son pouvoir lui-même... Il devait rester vague. Pour le bien de la jeune fille comme le sien.

"Quant à mon comportement de tout à l'heure, je ne peux pas te l'expliquer. C'est un dommage collatéral de mon pouvoir, d'une certaine façon. Disons juste que ... Margolin n'avait pas tort."

Voilà qui devrait lui donner de quoi réfléchir sans trop l'orienter. Il attendit de voir comment la jeune fille allait réagir, lisant les expressions sur son visage.

Compréhension et compassion cohabitaient sur le visage de la jeune fille. Greg avait visiblement tapé dans le mille en lui parlant de pouvoir incontrolé et de Margolin. Cette dernière mention la fit d'ailleurs tiquer : elle se mordilla les lèvres, plongée dans une profonde réflexion. Avait-elle d'autres questions en tête ?

Elle se releva et fit pivoter sa chaise avant de se rasseoir, dos à l'adolescent. De ses mains tremblantes elle releva sur le coté sa chevelure grise, révélant les vilaines marques de piqures qu'il avait déjà entraperçues. Puis sa main droite revient, tirant son col vers le bas jusqu'à faire apparaitre le haut de l'omoplate. Une vilaine cicatrice y était incrustée, boursouflure de chair circulaire de la taille d'une balle de ping-pong. L'idée qui lui vient en tête fut celle d'une ventouse de sangsue géante.

-Ton pouvoir est inné ou s'est sûrement développé au fil de ta croissance, commenta-t-elle sur le même ton neutre que lui. Dans mon cas, on me l'a imposé... Te souviens-tu de ce que je t'avais dit au sujet de ma mère adoptive qui a frôlé la mort pour élaborer mon traitement ?

Toujours dos à lui, elle poussa un soupir douloureux, son corps se recroquevillant légérement. Honte, culpabilité. Il aurait pu lui dire d'arrêter là et raconter lui même les grandes lignes de l'histoire qui avait suivi – expérience, retrait de l'expérience, soin par une scientifique, colère-honte-culpabilité-amour pour celle qui l'avait sauvée/condamnée – mais la laissa faire. Parfois il fallait mieux extérioser au risque de se faire mal.

"- Tout simplement parce que cest moi qui a tenté de la tuer... Je pense que c'est en raison du fait qu'elle a participé à ma... renaissance et que je lui en voulais de ne pas m'avoir sauvé plus tôt... Je suis... j'ai été privée de mon humanité..."

En dessous de la sérénité du ton, il perçut des larmes ravalées. C'était toujours aussi douloureux pour elle. Tant mieux. C'était quand les souvenirs ne faisaient plus mal que les problèmes sérieux commençaient.
Quant à son humanité...Sérieusement, c'était quoi ce concept abstrait ? "Privée de son humanité", ça ne voulait rien dire. Et pourtant, au vu de ses traits tendus, c'était important pour elle.

-Yokai, humain.. Il n'y a pas tant de différence que cela, dit-il doucement alors qu'elle remettait ses cheveux en place. J'ai rencontré des humains qui accomplissaient dans le plus grand secret des choses qui feraient frémir le démon de plus bas étage. D'autres qui à l'insu de tous avaient sauvé des vies ou des âmes. Et parfois ces humains étaient les mêmes.

Il la regarda : elle avait retourné sa chaise et le fixait avec la plus grande attention.

-J'ai rencontré ici un sorcier qui pensait qu'au nom du Bien la fin justifiait les moyens. Auparavant, il y a eu une succube qui utilisait ses dons démoniaques pour soigner les gens.

Il cherchait comment formuler ce qui lui trottait dans la tête, mais les mots s'échappaient hors de portée dès qu'il s'en approchait. Il dut se résoudre à lui fournir une version résumée, peu convaincante.

-Ce que je veux dire, c'est qu'humain ou yokai importe peu. Les gens sont ce qu'ils sont, pas besoin de tegiverser là dessus. Ils veulent tous vivre et accomplir ce qu'ils estiment devoir faire. C'est tout. En quoi le fait d'être blond ou brun changerait ce que tu veux faire ? Ou le fait d'être d'un groupe sanguin plutôt qu'un autre ? Ou justement, d'être un yokai ou un humain ? En rien. Et même...

Il se frotta les yeux en soupirant. Il était fatigué et ne trouvait plus les mots.

-Je crois qu'on va arrêter là la séance de psychanalyse d'aujourd'hui. Le divan est très confortable, mais nous avons un autre rendez-vous après. Je range la trousse dans la salle de bain et je te retrouve dans le couloir. Cela te va ?

"- Yokai, humain.. Il n'y a pas tant de différence que cela, j'ai rencontré des humains qui accomplissaient dans le plus grand secret des choses qui feraient frémir le démon de plus bas étage. D'autres qui à l'insu de tous avaient sauvé des vies ou des âmes. Et parfois ces humains étaient les mêmes."

Je garda mon attention figer sur Greg pour connaitre sa vision de la chose mais apparement il semblait avoir connu ou vu ces individus qui, malgré leur nature, agissaient parfois de façon très surprenante...

"- J'ai rencontré ici un sorcier qui pensait qu'au nom du Bien la fin justifiait les moyens. Auparavant, il y a eu une succube qui utilisait ses dons démoniaques pour soigner les gens."

Une Succube qui soignait ? Voilà qui est vraiment surprenant... Comme quoi, la vie est pleine de surprises.
A l'entendre parler, je commençais à me demander où il avait obtenu un tel point de vue... Rencontre ? Expérience vécue ou entendue ?
Plus le temps passait et plus j'avais l'impression de tourner les pages d'un livre où chaques pages donnaient sur une nouvelle énigme.

"- Ce que je veux dire, c'est qu'humain ou yokai importe peu. Les gens sont ce qu'ils sont, pas besoin de tegiverser là dessus. Ils veulent tous vivre et accomplir ce qu'ils estiment devoir faire. C'est tout. En quoi le fait d'être blond ou brun changerait ce que tu veux faire ? Ou le fait d'être d'un groupe sanguin plutôt qu'un autre ? Ou justement, d'être un yokai ou un humain ? En rien. Et même..."

En quoi avoir perdu mon humanité changeait quelque chose à ma vie ?
Tellement de choses... J'ai passé les premières années de ma vie dans un orphelinat priant pour avoir enfin une famille malgré ma cécité... mais à la place, on m'a enfermé comme un animal... et on m'a infligé des choses qui me torturent encore... Impossible de dire si ma vie est pire qu'une autre... cependant, je sais que je ne pourrais plus jamais retrouver ce que l'on m'a volé...
Qui suis-je vraiment ?

"- Je crois qu'on va arrêter là la séance de psychanalyse d'aujourd'hui. Le divan est très confortable, mais nous avons un autre rendez-vous après. Je range la trousse dans la salle de bain et je te retrouve dans le couloir. Cela te va ?"

Greg prit donc la direction de la salle de bain pour remettre la trousse de secours à sa place d'origine visiblement pour m'éviter de la chercher pendant plusieurs minutes en cas de besoin.
Je me leva de ma chaise en vérifiant de ne pas avoir perdu l'enveloppe destinée au proviseur... Elle était encore là et je ommençais à me douter de sa contenance...
Connaissant ma mère adoptive, Nozomi Saoya et ce qu'elle voulait pour moi... je me doutais que cette enveloppe contenait toutes les informations relatives à mon état et au projet "Unification" dont je suis le seul cobaye...

Unification... Quellle blague !
Un projet scientifique organiser par des savants humains qui m'injectèrent le sang de plusieurs races de Yokais pour créer une arme vivante... Dans l'unique but de mettre un terme à la tyrannie des Yokais... Voulaient-ils engendrer une guerre ?
Je secoua vivement la tête pour ne pas repenser à ces fous et me concentra plutôt sur mon avancée vers la porte que j'ouvris lentement en la laissant entrouverte, je m'adossa à l'un des murs du couloir pour y attendre mon guide afin de vérouiller la porte dès sa sortie.

"- Si je pouvais contrôler le temps, je ferais en sorte de ne jamais assister à ce rendez-vous !" me dis-je doucement en amorçant un sourire en coin

L'adolescente avait l'air perdu dans ces pensées. Sans doute que les paroles de Greg l'avaient mise mal à l'aise. C'était probable ; il n'avait entendu personne dans ce lycée parler comme lui depuis son arrivée. Certains yokai voyaient les humains comme des proies, d'autres comme des êtres faibles à protéger, et une majorité comme un mal nécessaire. Mais d'une façon générale, tous estimaient qu'être yokai les plaçait "au dessus" des humains, bien à part.

Peut-être était-ce dû au fait qu'il vienne d'une famille humaine, ou qu'il n'ait pas constaté de différence fondamentale entre les esprits des yokai et humains copiés, mais lui n'arrivait à se conformer à leur idée. Restait à voir ce que Tenshi en penserait, elle... Visiblement humaine de base, elle avait passé ses dernières années en compagnie d'une sorcière et devait garder une haine farouche envers ses tortionnaires. D'ailleurs, tortionnaires humains ou yokai ? Si sa mère en avait fait partie, la question se posait, non ?

Il laissa de coté ce point ; ils allaient vraiment finir par être en retard à ce compte là. Théoriquement, le rendez-vous avait lieu dans dix minutes. Pourvu que la ponctualité administive ici soit aussi efficace que dans le monde des humains !

Premier tiroir, trousse de secours. Il fit un passage rapide devant le miroir, plus de sang, plus de sel sur son visage, c'était bon. Par contre, il devrait penser à aller se changer dès que Tenshi serait arrivée à son rendez-vous ; l'odeur du sang était un peu trop attirante pour certains élèves. Et prendre une douche aussi.

Il ressortit de la salle de bain, fermant bien la porte derrière lui. Tenshi l'attendait dans le couloir, éloignée de la porte. Il eut un sourire : visiblement, elle avait accepté de rester à distance de sécurité.

Il sortit et attendit qu'elle range l'enveloppe qu'elle ne cessait de triturer puis qu'elle ferme la porte. Encore cette enveloppe ? Elle la trainait depuis... depuis l'arrêt de bus en fait. Sa mère la lui avait donnée pour la remettre au directeur. Ah. Vu ce qu'elle venait de lui dire, il comprenait qu'elle soit anxieuse à l'idée de la remettre au directeur. Peut-être que...

Il passa devant dans les escaliers et lui signala pendant la descente : "Tenshi ? Ton enveloppe... Tu peux ne pas la remettre au directeur, tu sais ? S'il la réclame, tu pourras toujours lui dire que tu l'as oublié dans le bus. S'il ne la réclame pas... Et bien, quelle importance ? Enfin, tu fais comme tu veux."

Lorsque j'entendis Greg quitter ma chambre en fermant la porte derrière lui, je m'occupa de la vérouiller soigneusement avant de glisser la clé dans l'une des poches de ma veste pour ensuite rejoindre ùmon guide qui avait déjà entrepris la descente de l'escalier.

"- Tenshi ? Ton enveloppe... Tu peux ne pas la remettre au directeur, tu sais ? S'il la réclame, tu pourras toujours lui dire que tu l'as oublié dans le bus. S'il ne la réclame pas... Et bien, quelle importance ? Enfin, tu fais comme tu veux."

Prenant appui sur la rambarde de l'escalier aux marches traitresses, j'écoutais attentivement les paroles du jeune homme sans pour autant me détourner des sons que produisaient mes pieds au fur et à mesure.
Je secoua légèrement la tête en prenant mon temps pour descendre les marches peu à peu, je pris une légère inspiration pou me préparer à ouvrir la bouche et fournir une réponse.

"- Je ne suis pas douée pour dire même un petit mensonge... Quand je mens, j'ai tendance à rougir et à bégayer... De ce fait, je commence à stresser et... Bref, la suite n'est pas jolie à voir." expliquais-je en essayant de ne pas perdre mon décompte des marches restantes

Je poursuivis cette avancée sans trop me presser afin de conserver la distance de sécurité que Greg employait afin de ne pas provoquer une autre réaction désagréable pour lui, mon esprit mettait en place tous les scénarios possibles qui pouvaient se produire au cours de ce rendez-vous mais à chaque fois, j'imaginais le pire... Mais bon sang, pourquoi je me fais des frayeurs pareilles ?!

"- Si ma mère pense que je dois remettre cette enveloppe pour mon bien alors... je le ferais même si cela ne m'enchante guère..."

Alors que nous arrivions presque au bout de cette descente qui me semblait durer une éternité, je releva légèrement a tête en devinant que nous allions bientôt quitter le bâtiment des dortoirs pour prendre une autre direction.

"- Pour répondre à une question qui doit te tarauder l'esprit... Oui, ceux qui m'ont fait du mal sont humains et oui, ma mère travaillait avec eux... Elle croyait qu'ils travaillaient sur un projet pour promouvoir une paix humain-Yokai mais elle a été dupée..."

Dans une partie de mon âme, j'esperais également de voir cette paix naître et je continuerai de l'espérer quitte à y participer directement mais pas en versant le sang ! Non, le sang a suffsament coulé, je trouve...
Je ne savais pas si Greg pensait la même chose mais depuis, mon arrivée, je compris très vite que humains et Yokais ne sont pas si différents en fin de compte... Je devrais remercier Greg de me l'avoir fait comprendre.

Tenshi descendit encore quelques marches péniblement, avant de reprendre de façon hachée :

-Je ne suis pas douée pour dire même un petit mensonge... Quand je mens, j'ai tendance à rougir et à bégayer... De ce fait, je commence à stresser et... Bref, la suite n'est pas jolie à voir.

Greg se tut, se rendant compte qu'il risquait de lui faire perdre son décompte des marches. Il tapa plus fortement du pied en arrivant au premier palier pour lui donner un indice auditif, puis continua.

-Si ma mère pense que je dois remettre cette enveloppe pour mon bien alors... je le ferais même si cela ne m'enchante guère...

Il secoua la tête. Ne jamais se référer aveuglément à quelqu'un au point de penser qu'il sait mieux ce qui est bon pour vous que vous lui semblait être quelque chose d'évident. Visiblement, Tenshi ne partageait pas ce point de vue. Etant donné son histoire, c'était normal – sa mère adoptive lui avait littéralement sauvé la vie – mais il ne pouvait s'empêcher de trouver ça décevant. Mais le moment n'était pas des plus adéquats pour en discuter.

En sortant du bâtiment, Tenshi reprit :
-Pour répondre à une question qui doit te tarauder l'esprit... Oui, ceux qui m'ont fait du mal sont humains et oui, ma mère travaillait avec eux... Elle croyait qu'ils travaillaient sur un projet pour promouvoir une paix humain-Yokai mais elle a été dupée..."

Lui tarauder l'esprit, peut-être pas, mais c'est vrai qu'il s'était posé la question. Tout simplement parce qu'il voulait savoir si la haine de Tenshi risquait de rejaillir exclusivement sur les humains, quitte à la faire souffrir encore plus. Mais il trouvait intéressant de savoir que des humains étaient au courant de l'existence des yokai... Certains monstres désiraient déclarer la guerre aux humains, se pourrait-il qu'un mouvement adverse se crée au sein du monde humain ?
Mais il tint compte que dans ce cas, les informations venaient de la bouche de la mère adoptive de Tenshi. Elle ne lui avait peut-être pas forcément dit toute la vérité... Et combien y avait-il de chances pour qu'un yokai se retrouve par "hasard" dans ce projet ?

C'était... Compliqué. Très compliqué. Il lui manquait des informations pour vraiment estimer la situation. Quand il avait débarqué ici, il espérait juste apprendre à controler son pouvoir et peut-être se sentir chez lui quelque part. Il n'avait pas avancé d'un pouce de ce point de vue là, mais les questions n'arrêtaient pas de s'entasser sous sa tête : pourquoi une telle haine entre les yokai et humains ? Qui était au courant de quoi, exactement ? Qui dirigeait ce lycée qui singeait si bien les habitudes humaines ? Et dans quel but exactement ? Et pourquoi est-ce qu'il trouvait si peu de différence entre les yokai et les humains, finalement ?

Trop de questions, pas assez de réponses.

Tout à ses réflexions, il n'avait pas fait attention qu'ils arrivaient en vue du bâtiment principal. Il était 11h10. Tenshi derrière était raide comme un piquet.

- Nous y sommes. Haut les coeurs ! Le directeur ne va pas te manger, il ne fait pas partie des espèces anthropophages.

Mauvaise idée, il la sentit se braquer encore plus derrière lui.
Soupir. Et encore un escalier en plus, un.

-Escalier large, pierre,, rampe à trois mètres à gacuhe à hauteur de taille. Douze marches de dix centimètres de haut, un demi-mètre de large, légérement penché vers l'extérieur. Pas d'élève en vue.

Il monta tranquillement, l'attendit en haut en lui tenant le battant. Elle était tendue, au bord de la panique, et il ne pouvait pas grand chose pour elle... mais pas grand chose était mieux que rien. Quand elle passa près de lui, il lui chuchota : "Ecoute, je reste avec toi jusqu'à ce qu'il t'appelle, d'accord ? De toute façon je suis déjà en retard pour mon cours, donc un peu plus un peu moins... Allez, suis-moi."

Direction le quartier de la direction.

"- Nous y sommes. Haut les coeurs ! Le directeur ne va pas te manger, il ne fait pas partie des espèces anthropophages."

Rien que d'y penser, j'en avais la chair de poule et je pense que c'est en partie à cause de ce que ma mère adoptive avait pu me dire sur le proviseur Tenmei Mikogami... Et étrangement, je n'étais pas rassurée... mais pas du tout !
Je pense que mon insuiétude était particulièrement palpable et que même Greg a pu la remarquer sans trop d'effort...
A en sujet par les sons et autres sensations qui me parvenait, le bâtiment de la direction du lycée devait quand même être assez impressionnant à regarder...

"- Escalier large, pierre,, rampe à trois mètres à gacuhe à hauteur de taille. Douze marches de dix centimètres de haut, un demi-mètre de large, légérement penché vers l'extérieur. Pas d'élève en vue."

Grâce aux indication de Greg, je monta lentement les marches espérant que le temps suspend son cours pour que jamais ce rendez-vous ait lieu... mais d'un autre côté, je ne pouvais pas fuir éternellement...
Je passa la porte que mmon guide tenait pour me faciliter l'accès alors qu'au même moment, je sentis son souffle au creux d'une de mes oreilles... Cela me surprit !

"- Ecoute, je reste avec toi jusqu'à ce qu'il t'appelle, d'accord ? De toute façon je suis déjà en retard pour mon cours, donc un peu plus un peu moins... Allez, suis-moi."

Je garda le silence pour queques secondes qui me semblèrent durer plusieurs longues minutes avant de trouver les mots pour lui répondre calmement même si un frisson d'inqitéude ne cessait de me parcourir l'échine.

"- D'accord mais j'espère ne pas t'attirer plus de problèmes à l'avenir !"

Je poursuivis mon avancée sans réellement me presser sentant que chaque nouveau pas me rapprochait un peu plus du bureau du proviseur... Il ne fallait pas paniquer, voyons ! Ce n'est qu'un simple rendez-vous, on respire profondèment et on pense à autre chose pour éviter les dérapages pouvant engendrer des choses particulièrement fâcheuses !
Je pris une profonde inspiration suivie d'une longue et lente expiration... répétant ainsi la manoeuvre plusieurs fois afin de me calmer au fur et à mesure de la marche...

"- Ce se voit pas mais je suis un peu plus détentue !" dis-je en lâchant un petit rire frustré comme pour me moquer de moi-même

-D'accord mais j'espère ne pas t'attirer plus de problèmes à l'avenir !

Oh, les problèmes, il savait les attirer tout seul, comme un grand. Pas besoin d'elle pour ça.

Ils remontèrent les couloirs déserts – non, pour une fois les élèves étaient tous en cours ?, Greg marquant un arrêt à chaque croisement pour que Tenshi ait le temps de le rattraper et de noter le changement de direction. Celle-ci marchait plus lentement qu'avant, alternant les phases d'expiration prolongée pour se calmer.


Elle ne reprit la parole que quand ils arrivèrent devant le secrétariat : "Ca se voit pas mais je suis un peu plus détendue !" diit-elle avec un rire nerveux.

-Tu as raison. Ca ne se voit pas, répliqua Greg avant de frapper trois coups à la porte et de l'entrouvrir.

La secrétaire à l'intérieur était visiblement très occupée à tremper son sachet de thé dans sa tasse, et pas ravie qu'on la dérange pendant cette délicate opération. Greg non plus d'ailleurs, qui la prenait pour une planquée de première. Toujours à prendre des grands airs et à etre désagréable, cachée entre la machine à café et la photocopieuse...

-C'est pour quoi ? Demanda-t-elle vertement.

-Tenshi Sasurai, nouvelle arrivante, rendez-vous à 11 h avec le directeur.

Elle leva les yeux vers l'horloge de bois sur le mur en face. Tic tac tic tac, il est 11h20. Bientôt la pause thé sera finie, et la pause déjeuner commencera...

-Vous êtes en retard dit-elle avec une joie mauvaise.

-On a pris du temps pour se roucouler une sérénade et se faire une mini-séance de psychanalyse. On serait bien aller se faire un petit spa mais tout était fermé à cette heure-ci. Rendez vous compte, travailler un mardi !Il ne faut pas abuser !

La secrétaire en resta bouché, Tenshi gloussa derrière lui. Au moins, il l'aurait vraiment détendue.

-Insolent !

-Un peu d'humour n'a jamais tué personne. Vous pensez réellement que nous avons fait exprès d'arriver en retard à ce rendez-vous ? D'ailleurs" il pointa l'horloge "peut-être faudrait il le prévenir qu'elle est arrivée ?"

Un regard noir, et la secrétaire reposa sa tasse. Elle frappa à la porte de derrière, l'entrouvrit et échangea quelques mots avec la personne à l'intérieur.

-Tenshi Sasurai ?

Il se décala, laissant Tenshi rentrer dans la pièce.

-Il vous attend. Entrez.

"- Tu as raison. Ca ne se voit pas."

Geg frappa trois petits coups sur la porte dont les gongs se semblaient pas grincer mais très vite, une odeur vnt me caresser les narines... une odeur de fruits rouges mais très légèrement épicée... A mon avis, le ou la secrétare devait être en train de se faire une petite pause thé... comme si le travail de secrétariat demandait des efforts surhumains mais ça doit dépendre des moments, je pense.

"- C'est pour quoi ?"

"- Tenshi Sasurai, nouvelle arrivante, rendez-vous à 11 h avec le directeur."

Ah ! C'est une secrétaire et à en juger par son timbre de voix, elle devait avoir pas loin de la trentaine et elle n'était pas particuièrement ravie de notre venue... Ce n'est pas comme si on l'avait surprise dans une situation génante !

"- Vous êtes en retard !"

Comme si on ne le savait pas...

"- On a pris du temps pour se roucouler une sérénade et se faire une mini-séance de psychanalyse. On serait bien aller se faire un petit spa mais tout était fermé à cette heure-ci. Rendez vous compte, travailler un mardi ! Il ne faut pas abuser !"

Quel répondant, ce Greg ! Je ne m'attendais vraiment pas à ce qu'il lui dise cela et avec une telle aisance que dire de plus, je ne pu m'empécher de rire doucement en mettant une main sur ma bouche pour étouffer mes petits éclats de rire.
Au moins, cela me fit un bien fou e rire mais reprenons un peu notre sérieux avant tout !

"- Insolent !"

"- Un peu d'humour n'a jamais tué personne. Vous pensez réellement que nous avons fait exprès d'arriver en retard à ce rendez-vous ? D'ailleurs peut-être faudrait il le prévenir qu'elle est arrivée ?"

Et encore un point pour Greg, un !
La secrétaire ne prit guère la peine de lui répondre ou de même nous faire la morale apparemment prise au dépourvu par un élève, elle se leva lentement de sa chaise pour faire quelques pas avant de frapper à une porte de bois.
Elle échangea quelques mots avec la personne à l'intérieur mais malgré tout, je ne pus que percevoir la voix de la secrétaire... l'autre ne me parvenait pas... étrange...

"- Tenshi Sasurai ?"

Je dressa rapidement la tête lorsque j'entendis mon nom et fit un pas en avant en me décalant légèrement pour ne pas bousculer Greg.

"- Il vous attend. Entrez."

Je m'avança encore un peu mais je me retourna vers Greg... je n'allais quand même pas partir sans le remercier et le saluer, je lui devais bien çà après ce qu'il a fait pour m'aider par rapport à ma cécité.
Je tendis une main amicale afin de le remercier espérant qu'il accepte au moins une simple poignée de main.

"- Si je survis à ce rendez-vous, j'espère qu'on se reverra, Greg ! En tout cas, ça a été un plaisir de faire ta connaissance !" souris-je doucement

Après avoir échangé une poigne de main avec celle qui était gantée, je pris la direction de la porte que la secrétaire tenait sans trop cacher son impatience de retourner à son bureau afin de terminer sa pause-thé mais pour une première hournée au lycée Yokai, elle s'était plutôt bien passée...
Grâce à Greg Ogramann... Encore merci !

Bon, passons à ce rendez-vous !

Tenshi s'avança vers la secrétaire, toujours tendue mais se mordant les lèvres pour s'empêcher de sourire. Heureusement qu'elle ne voyait pas le regard que lui lançait la secrétaire, elle n'aurait sans doute pas pu se retenir d'éclater de rire.

Tout à coup, elle se retourne pour revenir vers lui. Avait-elle oublié quelque chose ?
Greg regarda sa main, tendue vers lui. Elle voulait vraiment qu'il... ?

-Si je survis à ce rendez-vous, j'espère qu'on se reverra, Greg ! En tout cas, ça a été un plaisir de faire ta connaissance !

C'était bien la première fois que quelqu'un qui connaissait sa phobie et sa "condition" lui tendait volontairement la main – du moins sans vouloir en profiter. Il se sentit bêtement touché un court instant, avant de se rappeller de sa naiveté au sujet de certaines choses. Sans doute estimait elle juste qu'il n'était pas correct de partir sans rien dire. Ou elle avait oublié pendant un court instant son problème, peut-être.

Quoi qu'il en soit, il lui serra la main, précautionneusement. Ca restait un geste appréciable, il avait presque l'impression de sentir la chaleur qui émanait de sa paume à travers son gant.

Il la regarda partir pour son rendez-vous en lui souhaitant mentalement bonne chance.

-Vous ne devriez pas être en cours ?

-Vous ne devriez pas être en pause café ?

Mais la secrétaire avait raison. Il devait retourner à ses cours, et le plus tôt serait le mieux. Il ressortit du bureau, laissant Tenshi rencontrer le directeur seule.