Depuis combien de temps est-ce qu'Areku arpentait les couloirs du lycée en quête d'information utile? Depuis combien de temps «l'élève» feignait d'étudier et d'aller en cours? Près d'un an et demi. Qu'avait-il accompli durant tant de temps? Presque rien.

Oh, Areku savait maintenant que deux organisations terroristes étaient relié au lycée Yokaï. Il y avait l'Antithèse et il y avait Fairy Tail. Si le premier avait bien failli détruire le lycée, le second à réussi à infliger des dégâts considérable à une ville humaine, provoquant des milliers de morts. Est-ce que Yokaï était à blâmer? Est-ce que sa proximité relative aux deux événements n'étaient que pur coïncidence? Une chose était certaine, c'était que le directeur usait des élèves de son institution comme de son armée personnelle. Difficile de savoir si à long terme il recherche la domination des Monstres sur les Humains ou s'il souhaite réellement l'intégration des Monstres aux Humains. Des monstres qui paraissent parfaitement humain peuvent aussi bien vivre leur vie aussi normalement que possible que de servir à l'organisation d'une frappe massive et coordonnée.

Avec le temps passé à chercher et à n'obtenir que de simples drames étudiants, Areku devenait plus anxieux et commençait à prendre des risques. Il était impératif qu'il détermine si le lycée devait être encouragé ou détruit. De nombreux élèves et professeurs sont «corrompus». Ils ne souhaitent que la destructions du lycée et des humains. À quel point sont-ils corrompus? Est-ce que le lycée est en mesure d'épuré de lui-même ses élèves? Est-ce que le lycée n'est pas la source de cette corruption?

Il était temps que des réponses soient obtenues. C'est pourquoi Areku devint plus direct. Non seulement, il écoutait, mais il posait également des questions. Beaucoup de questions, en particulier sur Antithèse.
-Qui sont-ils?
-Que veulent-ils?
-Où sont-ils?
-Comment on les contacts?

Tant de questions ne pouvaient mener qu'à deux dénouements:
1. Le comité de sécurité allait se manifester.
2. Antithèse allait se manifester.

L'un comme l'autre avait attenté à la vie d'Areku. L'une comme l'autre des organisations étaient peuplées d'individus violents et sadiques. Ces deux groupes avaient un point en commun, ils cherchaient à imposer leurs régimes par la peur et la souffrance.

En bref, Areku se jetait dans la gueule du loup. Sauf qu'au lieu d'un seul loup, il y en avait deux. Non seulement, il y en avait deux, mais en plus c'était des rivaux.

C'est donc au bout d'une nouvelle journée infructueuse qu'Areku décida qu'il en avait marre du lycée et qu'il voulait changer d'air. C'est donc ainsi qu'il se retrouva aux abords du lac sanglant. C'était grand, c'était vaste, c'était isolé et il ne semblait y avoir personne. C'était tout simplement parfait. Il devait resté encore une heure avant le couché du soleil, ce qui laissait le temps de flâner avant le couvre-feu.

Aux dernières nouvelles, il semblerait qu'Antithèse ait été complètement décimé par le comité de sécurité. Probablement de la propagande de la part du comité. Ce dernier à perdu trop de ses membres lors de l'attaque d'Antithèse sur le lycée, ce qui s'est traduit par une augmentation de la violence et une application encore plus stricte des règles de Yokaï. Areku aurait peut-être cru à cette propagande si ce n'avait été de l'attaque lors de la sortie scolaire de Fairy Tail.

Il y avait vraisemblablement des enjeux de grandes envergures et comme cette Samui l'avait dit, Antithèse et Fairy Tail étaient reliés. À défaut de contre-arguments valables, cette hypothèse semblait juste. Si c'était vrai, donc Fairy Tail savait que Yokaï s'était mêlé de leurs affaires. Ça impliquait qu'Antithèse allait revenir en force dans un avenir rapproché.

C'est à voix haute qu'Areku poursuivit sa pensé, confiant que le lac n'allait pas l'épier.
« Pas de lycée, aucune résistance. Aucune résistance et ce sera le retour des conflits ouverts. Ça serait probablement pour le mieux. »

Ne jamais être prévisible.

Rose s'appliquait à respecter cette règle dans son quotidien, en variant ses lieux de rendez-vous, ses heures de repos, son emploi du temps. Elle était certes très logique, mais savait que cette logique même l'amenait à être prévisible et s'attelait donc à ce que son point fort ne devienne pas un point faible. Pour remédier à ceci, quoi de mieux qu'un peu d'aléatoire dans son organisation ?

Aussi ce soir avait-elle décidé de venir se reposer sous forme de plante auprès du lac du lycée. Juste elle, le soleil, la terre et le vent, rien d'autre. Sans doute aurait-elle mieux fait d'aller se tapir sous sa forme végétale aux abords du lycée pour y glaner quelques informations intéressantes, mais elle avait décidé de ne pas être logique, pour une fois.

Pétales au vent et racines en terre, la fleur s'accorda le luxe de cesser de rechercher, classer et trier son environnement. Percevoir le lent mouvement de la sève à travers son wylème et phloeme, cette boucle infinie qui permettait au soleil et à la terre de venir nourrir son corps jusqu'au plus profond d'elle-même suffisait à monopoliser toutes ses ressources cognitives. Juste, pour une fois, être ce qu'elle aurait dû être, si son rosier n'avait pas été détruit. Juste une plante qui vivait sa vie de végétal, loin du tumulte de la vie humaine ou yokai.

Ce moment fut hélas de court répit. La rose cessa de se concentrer sur son corps lorsqu'elle perçut un être animé passant près d'elle. Être qui exhalait une magie interne, totalement contenue dans son corps ; magie presque animale, mais comme diluée avec ce qui lui semblait être une essence transparente, incolore, une essence humaine.

Humain... Et animal. Qu'était-ce donc ?

L'être s'éloignant d'elle, elle reprit sa forme humaine et se redressa lentement. La fôret alentour lui permettait de suivre à la trace cette chose, sa magie étant décelée par les plantes l'entourant. Rose se mit à le suivre à son propre rythme, curieuse de voir ce qu'elle était.

Jusqu'à le rejoindre presque, aux abords du lac. Elle s'arrêta, encore sous le couvert des arbres, et l'observa. Il était bien ce qu'elle avait perçu dans la forêt, un étrange mélange d'animal et d'humain, mais rien a priori ne trahissait chez lui qu'il ne fut pas purement humain, si ce n'est peut-être ses cheveux blancs. De dos, en tout cas, puisque ce jeune homme contemplait les reflets du soleil couchant sur le lac.

La prudence aurait sans doute voulu qu'elle rebrousse chemin, mais la végémorphe était curieuse. De plus, n'avait elle pas établi que toujours obéir à la logique risquait de lui être préjudiciable à la longue ? Donc ne pas obéir à la logique pourrait être une bonne chose.

Sans compter que si elle avait bien saisi ce qu'il venait de dire distraitement, ce jeune homme pourrait lui apporter des informations intéressantes sur le lycée. Ou non. Qu'importe, elle avait décidé de ne pas être logique.

Elle resta adossée à son arbre, se contentant de lâcher de son habituelle voix inexpressive : "Lycée, résistance, conflit ouvert... Etranges réflexions pour un lycéen".

Quelques pas en avant. Sortie du couvert des arbres, le soleil illuminait ses pétales-cheveux ; ils obliquèrent légérement dans la direction de l'astre, donnant l'impression qu'un coup de vent arrière venait de la décoiffer. De quoi cacher à moitié son  visage de poupée, mais certainement pas de quoi dissimuler son frêle corps d'adolescente. Rose était une fleur même sous forme humaine  ; belle et douce à l'extérieur, coriace et acharnée à survivre à l'intérieur.

"A ton âge, ne devrais-tu pas plutôt te préoccuper de choses comme réussir tes examens, te trouver une compagne ou boire de l'alcool en faisant des jeux stupides, plutôt que de ruminer de telles pensées?"

Elle hocha la tête, attendant la réponse à sa question. Après tout, la majorité des humains ou yokai du lycée agissaient ainsi. Les membres de l'AntiThése sous ses ordres aussi, hélas...

Areku ne réalisa pas instantanément qu'on lui avait adressé la parole. Il répondit tout de même:
« Ça serait bien d'avoir des choses normales en tête... Faudrait déjà qu'un certain directeur ne prétende pas à une sortie scolaire quand en fait il t'envoie sous les canons de Fairy Tail. Remarque, la sortie scolaire de l'été dernier était potentiellement plus dangereuse, sauf que pour celle-là, pense pas que le directeur soit à blâmer. »

C'est approximative à ce moment qu'Areku réalisa que ce n'était pas son reflet dans le lac qui lui parlait, mais une personne. Une personne féminine. C'est à ce moment que l'élève se retourna pour faire face à son interlocutrice.

Fille. Cheveux rouges.
« Désolé, j'étais perdu dans mes pensés, je ne vous avais pas remarqué. »

Une minute! Fille. Seule. Près du lac à quelques temps du couché du soleil. Couvre-feu pour bientôt.
« Hum, si c'est à propos du couvre-feu que je vais probablement enfreindre, encore, vous seriez assez gentille pour éviter d’abîmer mes vêtements quand vous aller me tabasser? »

Areku formula ses derniers mots avec très peu d'émotion, voir pas d'émotion du tout, comme si c'était tout naturel qu'il se fasse tabasser, ou si ça ne l'importunait pas. Le jeune homme donnait plutôt l'impression d'être assez perdu, voir pas tout à fait conscient de la situation.

Intéressant, ce que ce jeune yokai disait. Déjà parce qu'il connaissait Fairy tale, ensuite pour sa réflexion quant à l'action du directeur.

Elle fixa un court instant le jeune homme, observant son visage vin et ses yeux rouges avant de se détourner. Le soleil était chaud, l'herbe était fraiche ; elle s'assit à coté de lui, genoux relevés et tenus contre sa poitrine, comme pour se protéger de la fraicheur. Regardant juste le soleil se couchant, parfaite adolescente si ce n'était son visage inexpressif.

Mentalement, elle chercha dans ses dossiers trace de cette magie ou de ce visage, mais non. Rien n'était mentionné au sujet de ce jeune albinos, que ce soit au niveau des partisans ou opposants de l'AT. Rien non plus dans les dossiers d'élèves. Un élève lambda, théoriquement. Passé inaperçu. Comment connaissait-il Fairy Tale alors ? Que savait-il réellement sur l'organisation ? Et quelle était sa position à ce sujet ?

Quant à sa réflexion sur le directeur, elle était intéressante. Preuve d'une capacité à se mettre à distance par rapport au quotidien, à avoir une vue d'ensemble. Kemmei utilisait effectivement ses élèves comme de la chair à canon.

Rose était persuadée qu'il avait un objectif secret qui le poussait à faire fonctionner ce lycée ; elle avait observé trop d'incohérences pour que ce soit autre chose. Pourquoi ordonner de tuer les humains présents dans le lycée lorsqu'ils étaient découverts alors que le but des yokai étaient théoriquement d'apprendre à se fondre dans la masse humaine ? Comment ces humains avaient ils réussi à intégrer l'école en premier lieu ? Pourquoi rassembler tant de yokai différents, mais ne pas prévoir de parcours spécifiques les aidant individuellement à se camoufler ? Surtout vu le nombre de cas psychiatriques... sans aucune assistance médicale, hormis un infirmier et un psychiatre fantomes ? Les morts s'accumulaient, mais personne ne semblait en tenir compte... Le temple avait été le lieu d'un carnage quelques jours plus tôt, d'après les plantes alentours, mais cela n'avait pas l'air d'avoir marqué les élèves. Plus qu'étrange.

Enfin, comment l'Antithèse pouvait elle encore exister dans ces circonstances ? Ses membres - du moins, ceux qu'elles n'avaient pas recrutés - étaient des élèves perdus dans ce monde d'adultes, l'ayant rejoint sans se rendre compte des conséquences de leurs actes. Ils n'étaient pas rigoureux, ils n'étaient pas discrets. Ils étaient à peine compétents. Et Mikogami donnait l'impression de tout savoir... pourquoi n'avait il pas déjà agi à leur encontre ?

Tant de questions, si peu de réponses.

La végémorphe releva la tête vers le premier adolescent qui avait l'air - un tant soit peu, du moins - de réfléchir dans cette école. Qu'en pensait-il ? Voilà qui l'intéressait.

"Je ne respecte pas le couvre-feu non plus. Je ne vois donc aucune raison de te "tabasser"." fit-elle-froidement observer.

Elle se recroquevilla un peu plus, enfonçant ses orteils dans la terre souple. Son menton vint se poser sur ses genoux alors qu'elle se calait confortablement pour l'écouter. Les derniers rayons du soleils sur sa peau lui faisait l'effet d'une douce chaleur.

" Que disais-tu au sujet de Fairy Tale ? Et du directeur qui se servirait de ses élèves comme chair à canon ?"

Cette fois, Areku sortie de son immobilité et de son désintérêt de la situation. Le jeune homme se tourna donc pour faire face à la fille. Elle était assise. Aucune intention malicieuse n'émanait d'elle.

Comité de sécurité? Areku ne les avait encore jamais vu utiliser de subtilité quelconque. Ils étaient toujours droit au but et du genre frapper avant de poser de questions. Surtout, ils avaient un badge qu'ils gardaient fièrement en évidence. Cette fille, elle n'avait rien.

Si ce n'était pas le comité, les mots dit étaient plus que provocateurs. Cette fille connaissait l'organisation Fairy Tail et elle n'appréciait pas le directeur. Un plus un égal deux? C'était une piste intéressante.
« Bon bien puisque tu ne veux pas me frapper... Désolé si j'ai pu paraitre malintentionné ou dit des mots choquants. La dernière fois que je me suis retrouver avec une fille dans les alentours du couvre-feu, elle a voulu me déchiqueter, m'incinérer et me mordre. »

Sur ces mots, l'élève s'assoie alors à quelques pas de l'autre, prenant soin de ne pas s'assoir sur son long manteau noir.
« Remarque, en parlant de mots choquants, pour certains ce que tu viens de dire est une grave offense à l'intégrité et à la bonté du "cher" directeur du lycée Yokaï! Il est d'ailleurs particulier que tu aies formulé tes mots de la sorte. On dirait même que tu en connais long sur Fairy Tail et que tu n'aimes pas le directeur. Permets-moi donc de retourner tes mots: étranges réflexions pour une lycéennes! »

Suite à ces mots, Areku souri. Il s'était installer à son aise assis et semblait assez amusé par la situation.

La jeune fille se contenta de hausser les épaules lorsqu'il se justifia. Elle ne se sentait pas offensée. Si elle avait vraiment voulu faire du mal à cet garçon, elle l'aurait fait depuis bien longtemps. Quant à ladite fille qui avait voulu le blesser... et bien, c'était ses affaires. De son point de vue, si elle n'y avait pas réussi, c'était qu'elle était plus faible que lui et voilà tout.

Elle le suivit du regard alors qu'il allait s'asseoir à quelques pas, observant ses faits et gestes. Quelque chose clochait dans sa façon de se mouvoir, mais quoi ? Il ne se mouvait pas comme un humain classique. Il semblait plus... coincé. Comme s'il était contraint dans ses mouvements naturels. Et si elle ne se trompait pas - elle étrécit les yeux alors qu'elle se concentrait un instant pour affiner ses sens - il portait autour du coup quelque chose de magique. Impossible de qualifier exactement ce que c'était, à part que ce n'était pas vivant - l'éther était immobile, figé, contrairement à la magie du garçon lui-même. Un charme de protection, d'illusion, d'attaque, un souvenir, ... Ce pouvait être n'importe quoi.

Et voilà qu'il lui retournait ses questions sans même y répondre. Croyait-il vraiment s'en tirer à si bon compte ?

"Où as tu vu que j'appréciais ou non le directeur dans mes dires ? Nous parlons d'un comportement, non d'un ressenti. D'observation, pas d'émotion. Quant à Fairy Tail, qui ignorerait ce nom après ce qu'il s'est passé en ville ?"

Ce qui était effectivement le cas. Le nom de l'organisation était sur toutes les lèvres, même si très peu savaient ce dont il était réellement question. Et quant au directeur, elle n'éprouvait rien pour lui. Elle le détruirait, au final. Comme les autres. Voilà tout.

"Quant à mes paroles, ai-je donc donné l'impression d'émettre un avis personnel ? Il me semblait pourtant n'avoir fait que synthétiser tes mots. Et t'avoir demandé de développer d'ailleurs" termina-t-elle, haussant un sourcil dans une mimique d'étonnement.

Notes Importantes:

Aux répliques de la fille, Areku ria. À ce jeu, ils pouvaient vraisemblablement jouer assez longtemps. Toutefois, l'élève appris ce qu'il souhaitait savoir.

Détournement de sujet en guise de défense, puis contre-attaque en réitérant les questions d'origines. Le peu de défense face aux accusations était faible, jouer sur la tournure de phrase pour tenter d'indiqué une incompréhension des dires d'Areku sans pour autant les réfutés. Les plus intéressant toutefois, c'était l'excuse pour Fairy Tail.

Areku avait eu la chance d'être présent les rares fois où ce nom avait été prononcé et c'est bien parce qu'il s'est retrouver avec deux agents. Pour le reste, le directeur est resté muet, il n'a jamais avouer avoir envoyer les élèves en sortie expressément pour contrer Fairy Tail, mais c'était un brin évident pour ceux qui ont su de quoi il en retournait. Le voyage du retour en bus, n'avait rien ajouté non plus et personne ne parlait de Fairy Tail. De plus, seul une dizaine d'élèves ont participé à la sortie et cette fille n'y figurait pas. Les nouvelles du monde humain n'intéressant pas le commun des élèves à Yokaï, alors mis à part les récits d'exploits plus ou moins exagéré de quelques élèves qui n'ont pas intéressé grand monde, l'attaque de la ville n'avait eu que très peu d'impact sur la vie à Yokaï.

Avec tout ça, Areku pouvait déduire que la fille avait été présente à l'évènement. Autrement, jamais elle n'aurait pu associé Fairy Tail et l'attaque de la ville. Pas en étant simple élève au lycée du moins. Pour conclure, Fairy Tail était un nom bien plus obscure que l'Antithèse, puisque Fairy Tail n'avait rien accompli à Yokaï. C'est bien uniquement lors de l'attaque qu'Areku l'entendit pour la première fois, contrairement à l'Antithèse qui avait déjà son lot de rumeur avant sa grosse attaque.

Pour faire simple, cette fille en savait trop sur un sujet qui n'existait pas à Yokaï. Coïncidence? Probablement pas. Puisqu'elle jouait sur les mots de la sorte, elle cherchait à en dire le moins possible, quoi que sur ce plan, c'était raté.

Dès lors, Areku cessa de rire pour revenir plus sérieux.
« Développer? Très bien. Ce que je sais sur Fairy Tail? Eh bien, je peux bien développer le fond de ma penser. Il m'est d'avis que tu fais partie de Fairy Tail. Comme on m'a assuré que Fairy Tail et Antithèse était relié, ça voudrait dire que tu sais quelque chose sur l'Antithèse.

Si on considère que Fairy Tail a des vaisseaux volants avec de très gros canons et qu'Antithèse n'a rien de plus qu'une bande d'élèves près à semer la discorde, je dirais que tu es quelqu'un de très influent dans l'Antithèse. Supposant que je suis dans le vrai, c'est depuis l'attaque du lycée que je souhaite dire à quelqu'un d'important dans l'Antithèse que leur dernier plan était vraiment stupide. »

L'élève garda son sourire alors qu'il attendait la réaction de la fille. Il pouvait se tromper, et ça ne serait pas la première fois, mais il était confiant de sa théorie. La discussion était trop suspecte à son goût.

Attentif aux mouvements de la jeune fille, Areku remarqua qu'il était observé assez attentivement. C'était plutôt inhabituel. Areku remarqua une certain attention au niveau de sa poitrine, là où se situait son amulette d'illusion dissimulé derrière sa chemise. Si cette fille était sensible à la magie ou était sorcière, elle avait surement déjà remarquer son amulette. Peut-être remarquerait-elle également sous peu le collier magique qu'Areku portait à son cou, son anneau magique à sa main gauche et peut-être la rune magique qui avait été tatouée magiquement sur son bras gauche...

Areku ajouta donc:
« M'observer trop attentivement avec vos yeux risque de vous donner un léger mal de tête, en particulier lors du couché du soleil. Léger ennui technique avec ce qui sert à garder ma forme humaine. Faudrait que j'y remédie, mais vous êtes la première à m'observer aussi intensément. »

Réponses aux notes Importantes:

Elle inclina la tête en le regardant rire un court instant, se demandant ce qui lui passait par la tête. Il n'y avait pourtant pas trace d'humour dans ses paroles. La question se résolut lorsqu'il lui répondit. Il pensait l'avoir percée à jour. Avec ses maigres indices ? Voilà qui était une avancée bien dangereuse.

Néanmoins, ce garçon réfléchissait un peu plus la majorité des yokai qu'elle avait pu croiser, même si c'était de travers. De plus il avait remarqué son examen attentif - elle devrait se montrer plus discrète la prochaine fois. Au moins, elle savait désormais qu'il cachait sa véritable forme à l'aide d'un artefact ; le fait de savoir qu'il ne pouvait maintenir une forme humaine la faisait penser qu'il devait s'agir d'un barbare.

"Et dire que je me pensais discrète en essayant de voir ta musculature" reprit-elle, pince-sans-rire. Façon subtile de lui montrer qu'il venait possiblement de donner un avantage à quelqu'un qui ne l'avait peut-être pas mérité. "Qu'est-ce qui te rend si inhumain d'apparence pour que tu aies besoin d'aide ?"

Sans attendre qu'il lui réponde, elle secoua la tête pour montrer son agacement.

"Quoi qu'il en soit, tu devrais faire plus attention. Tu m'informes que le directeur pourrait mal prendre le fait qu'on le critique et alors que je suis ton conseil en me dédouanant, tu m'accuses d'être de Fairy Tail - haut placée qui plus est - et d'être une incompétente au vu de l'"attaque du lycée". Vraiment ? Insulter par deux fois une yokai potentiellement très puissante... Qui de nous deux devrait faire preuve de prudence ? "

Le silence dura après sa diatribe. Qu'il réfléchisse un peu avant de parler. Ses yeux orange-rouge le transpercérent du regard pour accentuer le message qu'elle voulait lui faire passer. Elle finit par se détourner, face toujours impassible, pour offrir à son visage la tiédeur des derniers rayons du soleil couchant.

"Fairy Tail est une légende dans le monde des Yokai. Ils sont partout et nulle part. Un conte pour enfants selon certains, une organisation secrète pour d'autres. Ils seraient les architectes du monde actuel ou ses possibles destructeurs, un groupe de doux rêveurs ou un groupuscule de terroristes. Tout et n'importe quoi. Alors après les événements qui ont eu lieu en ville - qui d'ailleurs, ont alimenté pas mal de rumeurs au sein du lycée - il était inévitable que ce nom ressurgisse. Et voilà qu'un étranger prononce ces deux mots en ayant l'air de savoir ce dont il parle. Il est normal que je lui en demande plus."

Elle ferma les yeux, essayant de sentir sa séve gorgée de soleil couler sous sa peau, avant de reprendre.

"Tu es décidément bien mal informé. Et tu ne viens pas du monde yokai... qu'es-tu donc ?"

Stratégie ou pure chance? Peu importait puisque Areku avait obtenu un beau petit discourt riche en informations en provoquant la conversation de la sorte. Même stratégie employé par la fille toutefois: jouer sur les mots, changer de sujet, retourner la conversation vers Areku.

Élément intéressant, cette fille avait encore moins d'émotion qu'Areku. C'était... Surprenant. L'élève avait réussi à sortir des émotions de gardiens de pierre, mais elle, elle restait de marbre. C'était de tout évidence un duel d'esprit et le jeune homme n'était pas tout à fait en position de force. C'était très intéressant, ce pourquoi il ne pu s'empêcher d'élargir son sourire suite au discourt de son interlocutrice.

Areku ne cacha pas un air de défit, ce pourquoi il entrelaça ses doigts devant lui, les coudes en appui sur ses cuisses, le dos légèrement vouté. Areku décida donc de répondre à la première question:
« Quand on sait quoi regarder, n'importe quel monstre présente des signes d'inhumanité. Que ce soit en présence d'un élément ou d'un évènement. Ça devient une faiblesse en quelque sorte. Que se passerait-il toutefois si le monstre en question parvenait à couvrir toutes ses faiblesses? Si aux yeux de tous, il était humain en toutes circonstances? La question devient donc est-ce que j'ai besoin d'aide pour me déguiser en humain ou est-ce que j'utilise un artéfact pour que mon déguisement soit parfait? »

Dans les faits, Areku était facilement capable de se faire passer pour un humain sans son artéfact à l'aide de costumes élaborés. Son costume actuel dissimulait déjà ses principaux attraits monstrueux. Certes, il pouvait aller plus loin, mais c'était franchement inconfortable. L'amulette permettait un déguisement parfait avec seulement un minimum d'inconvénient.

Venait maintenant les principaux arguments de cette fille mystérieuse. Il était temps de voir jusqu'où ces arguments pouvaient tenir.
« Pour ta seconde question, je crois que c'est toi qui devrait faire preuve de plus de prudence. Enfin, au minimum un brin d'attention supplémentaire, car je vois que tu adores déformer mes dires. Permets moi donc de te corriger, je n'ai jamais dit que le directeur prenait mal la critique. Parmi les élèves se trouvent des idiots qui eux seraient prêt à faire du mal à tout ceux qui disent du mal du directeur. Mon avertissement tient donc toujours.

Pour ce qui est de Fairy Tail. Je crois que tu viens de me prouver que j'avais raison. Tu en connais effectivement long sur Fairy Tail. Pour ce qui est de ma part, tu as jugé bon de m'attribuer la connaissance que je n'avais pas. Quand on me dit à qui appartient les cannons qui me tirent dessus, alors il est plutôt normal que je réfère l'identité derrière le canon. Je savais donc pertinemment de quoi je parlais quand j'ai utilisé le terme Fairy Tail. »

Prenant une courte pause, Areku resta concentrer sur la fille. Elle était nue pied, portait des vêtements légers... Seul élément étrange: ses cheveux rouges. La remarque pouvait autant s'appliquer à Areku avec ses cheveux blanc neige. L'élève poursuivit donc:
« Voilà que ça devient intéressant. C'est également là où tu déformes le plus mes dire. Si mes conclusions étaient hâtive et que je n'aurais pas dû d'accuser de faire partie de Fairy Tail, il est intéressant de noter que tu n'as pas réfuté cet énoncé.

D'autant plus, tu d'illustres toi-même comme étant haut placé parmi Fairy Tail. Je te rappel que mon accusation ne mentionnait que tu faisais simplement parti de Fairy Tail sans égard pour un quelconque rang. Comme Fairy Tail a plus de moyens qu'Antithèse, ce qui est aisément visible lorsqu'on compare leurs deux attaques, et que je tiens de source possiblement sûr qu'Antithèse est relié à Fairy Tail, ce que tu sembles approuver, ça ferait de toi une personne influente parmi l'Antithèse. Ambassadrice peut-être?

Mais ce n'est pas tout, il semble que tu prennes un brin personnel la mention du plan qui fut un échec total que je qualifie de stupide. Qui plus est, une personne influente dans une organisation, par définition, ne se limite pas à la personne en charge. On peut même ajouter que l'application d'un plan stupide n'est pas forcément attribuable à une personne incompétente. On peut tout aussi bien qualifié d'incompétentes les personnes qui ont mener le plan à une exécution fautive. »

Finalement venait la dernière question qui était une nouvelle tentative d'en savoir plus sur son identité. À ce point, nul besoin d'enjolivé ou de mentir:
« Quand tu as la chance de grandir dans un environnement principalement démuni d'Humains et loin de toute civilisation, disons qu'à part les histoires locales, il n'y a pas grand chance d'être exposés aux histoires des citadins. »

La végémorphe écouta son discours avec attention, absorbant ses paroles. Contrattaque. Loupée, mais contrattaque. Il avait du répondant, même s'il prenait ses rêves pour des réalités. Intéressant. Elle rouvrit les yeux et se retourna vers lui pour l'observer.

L'albinos prenait visiblement goût à ce jeu d'arguments et contre-arguments. Coudes bien calé sur ses genoux, il avait croisé ses doigts en cathédrale, signe évident de concentration et de tentative de prendre l'ascendant. Son sourire élargi mais un rien nerveux confirmait sa gestuelle : intérêt et plaisir mêlé. Pas de trace de peur ou d'inquiétude, tout du moins pour l'instant. Surprenant.

Quoi qu'il en soit, la joute verbale n'était pas pour lui déplaire. Elle passait son temps à ordonner et diriger dans l'ombre, faute d'avoir des adversaires - ou tout du moins des opposants - capables de lui répondre. Aussi continua t elle la discussion au lieu de couper court.

"Intéressant point de vue en tout cas. Selon toi un yokai peut donc paraitre totalement humain, au point d'être même humain. A moins que tous les humains ne soient eux-mêmes des monstres. Y as tu déjà songé ? Mêmes travers, mêmes défauts. Il n'y aurait que les capacités qui différeraient..." Elle laissa sa phrase en suspens, et l'interrogation flotta dans l'air entre eux

C'était son point de vue en tout cas. Rose ne haissait pas particulièrement les humains. Ce n'était même pas eux qui avaient exterminé son rosier d'origine - comment l'auraient ils pu, dans ce lycée ? Mais ils étaient en bas de la chaine alimentaire. Tout en bas. Une partie des yokai y était aussi. Des faibles, incapables de se défendre. Elle les mettait dans le même lot ; ses inférieurs. Ceux qu'elle pouvait écraser si besoin. Et qu'elle écraserait tôt ou tard, parce que telle était la loi dans la nature : le fort mange le faible.

Elle eut un petit geste de la main, comme pour chasser la question qu'elle avait laissé planer : "Mais ce n'est pas ce qui t'intéresse, n'est-ce pas ? Fairy Tail, Fairy Tail, telle est ton obsession... "

Regard neutre, encore. Pourquoi feindre une émotion quelconque alors qu'elle n'en éprouvait aucune ?

"Merci pour l'avertissement, mais je me contente en général de ne parler qu'avec des gens intelligents, aptes à ne pas prendre la mouche pour un rien. Egalement capables de réfléchir par eux-mêmes, sans avaler les opinions du tout-venant..."

Un instant de silence, encore. Le temps que le message sous-entendu soit compris et intégré. Elle ne voyait aucun intérêt à poursuivre une discussion avec quelqu'un qui se vexerait facilement ou lui recracherait les fadaises à propos des valeurs de la justice, la bonté et toute autre qualité à l'existence hautement hypothétique. Le "en général" n'avait qu'une valeur de test, ici.

"Ce que je viens de te dire sur Fairy Tail est ce que n'importe quel Yokai intégré à la société de sa race aurait pu te révéler. Rien d'autre. Mais il est intéressant que tu me confirmes avoir été sur place et être sûr que l'organisation ait tiré les ficelles de l'attaque. Cependant, d'où vient cette certitude ? Auraient ils écrit leur nom en bas des boulets envoyés par les canons auxquels tu faisais référence ? Ou leur vaisseau géant portait-il leur logo ? "

Elle posait cette question pour semer le doute dans son esprit, ainsi que dans l'espoir de récupérer quelques informations. Où avait il pêché cette certitude ? L'un des agents de l'AT le lui aurait il révélé ? Pas Flandre, en tout cas ; la végémorphe n'avait repéré aucune trace de la magie du barbare près du manoir. Avait il des contacts extérieurs ? Au sein de Fairy Tail même ? Ou n'était ce qu'une obsession qui tombait juste ?

Elle soupira légérement, se redressa et épousseta sa robe. Le soleil était bien bas, presque couché. Plus de chaleur, plus de lumière. Autant s'installer plus confortablement... quelques pas légers pour s'asseoir sur un tronc d'arbre abattu et rester ainsi face à face avec le jeune homme. Ses mains furetaient le long de l'écorce encore fraiche, distraitement, comme on caresserait un chien endormi.

"Eh non, je n'ai pas nié faire partie de Fairy Tail. J'imaginais que le fait de sous-entendre avoir été insultée te suffirait à saisir que mon opinion au sujet de cette organisation. D'autant que tu m'accusais d'être quelqu'un de "très influent dans l'Antithèse". Regarde autour de toi " elle décrivit un vaste cercle de son bras "tous mes sbires sont là. N'oublie pas de vérifier ce qui se cache sous les écorces des arbres, peut-être y trouveras tu mes espions dissimulés."

L'ironie de la situation ne lui échappait pas. Elle n'avait pas menti. Avait même été outrageusement franche. Ses espions étaient tout autour d'eux ; le moindre brin d'herbe était susceptible de lui servir d'espion ou de relais mémoire. Quand à Fairy Tail, elle ne s'y sentait pas rattachée émotionnellement. L'organisation l'avait trouvée, l'avait formée, l'avait expédiée ici mais elle la trahirait sans le moins état d'âme si elle l'estimait nécessaire. Elle n'y appartenait que parce que cela l'arrangeait, pas parce qu'elle partageait son idéal. Loin de là.

"Cela dit, j'ai entendu parler de l'attaque du lycée à laquelle tu faisais référence. Un beau gâchis, je te l'accorde. Très peu de blessés, plus de peur que de mal, et une tentative de détruire le kekkai qui aurait en même temps anéanti le lycée d'après le discours du directeur ; les organisateurs devaient être suicidaires ou véritablement stupides. A se demander presque si cela n'a pas été formenté par le directeur ou le comité, au vu du prestige et du contrôle renforcé qu'ils ont acquis suite à cela... Mais ceci ne reste que pure hypothèse, bien sûr."

Elle s'arrêta là, lui laissant le soin de démêler le vrai du faux dans ce qu'elle avait dit... Tout ce qu'elle avait dit était purement logique, après tout. Même plausible. Resterait il ancré dans son obsession ou saurait il rebondir ?

S'en était suffisant pour cette fois. La pêche aux informations avait été bonne, nul besoin d'en attendre plus, du moins, plus directement. La discussion pouvait continuer plus simplement. Areku bougea donc un peu histoire de refaire circuler un peu son sang avant de s’assoir de façon plus détendu.

Le couvre-feu était pour bientôt, mais l'élève pouvait compter sur les doigts d'une main le nombre de fois où il l'avait respecté et encore c'était involontaire. Certes, quand l'un n'utilise pas les dortoirs, le couvre-feu est plutôt une façon d'indiquer le moment où il doit avoir quitter l'enceinte du lycée et de ses environs.

« Les Humains des Monstres? Balivernes! Les Humains sont ce qu'ils sont: humains, pas plus, pas moins. Pour certains, ce sont des proies, pour d'autres des prédateurs et pour certains des rivales. »

Les restes des paroles de la fille avaient plus ou moins de sens et n'avançaient pas Areku. Son intérêt pour le sujet avait donc chuter plutôt rapidement.
« Ça devient ennuyant de parler de Fairy Tail. En plus, j'aime pas le nom. Ce qui est plus intéressant, c'est qu'on va bientôt tomber, toi comme moi, en violation des règles de ce lycée. Comme tu l'as dit, le contrôle du comité de sécurité c'est renforcé et ils sont plus que content de manifester leur force à la moindre occasion. »

Prenant une courte pause pour regarder un instant le soleil couchant, Areku remarqua que le lac perdait de sa couleur rouge pour devenir un noir opaque avec quelques reflets rouges où le peu de lumière que le soleil fournissait rebondissait sur les petits vagues.
« C'est plutôt amusant de penser qu'en restant sagement assis de la sorte que nous allons être considérer comme de méchants fauteurs de trouble et la sentence sera la même que si nous étions d'Antithèse.

C'est dans ces moments que je me demande si tu n'avais pas raison. Et si c'était le directeur qui manigançait tout? Le comité serait composé de ses jeunes troupes d'élites en formation. Les élèves normaux seraient ses futures esclaves, abrutis et habitués à ne pas réfléchir par eux-mêmes. Ceux qui ne lui plairaient pas ou refuseraient de se plier à sa volonté serait jeter froidement dans le monde humain pour ne plus jamais remettre les pieds à Yokaï... »

Les derniers dire d'Areku n'étaient ni un mensonge, ni une invention récente. Plusieurs faits plaidaient en faveur de cette théorie et il y avait peu pour la démentir, à part quelques élèves qui ne juraient que sur la bonté du directeur. Évidemment, l'inverse était tout aussi possible, où le directeur formait réellement les élèves à une vie normale parmi les Humains et que le comité de sécurité servait les intérêts générales des élèves, mais les excès de cruautés ne manquaient pas.

Sa réaction au sujet des humains semblait spontanée mais des plus révélatrices. Proies, prédateurs, rivaux. Mais nulle part il ne mentionnait la possibilité qu'ils soient égaux aux yokai ou ne les considérait comme autre chose qu'une masse. En tant que barbare, s'il avait été élevé par ses deux parents, sans aucun doute lui auraient il inculqué la notion d'égalité inter-race. S'il avait grandi dans un milieu humain standard, il n'aurait pas traité cette espèce comme un ensemble homogène. Si on y rajoutait cette méconnaissance des bases du monde yokai, l'énigme se profilait quant à l'origine de l'albinos.

Donc une mise à distance de l'espèce humaine, mais une certaine connaissance quand même - il suffisait de voir sa gestuelle pour se rendre compte qu'il avait l'habitude de les cotoyer. Une grande maitrise des émotions - à moins qu'il ne s'agisse d'un sociopathe - ainsi qu'une logique exacerbée dans ses faits et gestes. Une enfance isolée de tout, y compris des humains, d'après lui. Voilà qui lui rappelait grandement son temps passé au sein de Fairy Tale. Son temps d'entrainement...

Elle laissa ce sujet de coté, se promettant d'y revenir plus tard - ou de trouver une façon ou une autre de se renseigner là dessus. C'était plus qu'intéressant. Se pourrait-il qu'une autre organisation régisse le monde des yokai ? 

Il ignora ses remarques au sujet de Fairy Tale, mais le changement de sujet lui convenait tout aussi bien. Le comité. Le directeur. Le lycée. Avoir un autre point de vue sensé à ce sujet ne pouvait pas lui nuire. Elle opina de la tête quand il mentionna le service d'ordre de l'établissement, sans rien rajouter. Le silence s'installa alors qu'il contemplait quelques instants le lac écarlate, silence qu'il rompit pour repartir sur son hypothèse du directeur jouant un double jeu. Ainsi donc, il mordait à l'hameçon.

La végémorphe se mordilla légérement les lèvres. Mimique artificielle, mais qu'elle s'était entrainée à maitriser jusqu'à ce qu'elle paraisse naturelle. Le but était de lui faire croire que sa carapace de froideur se rompait un peu et qu'elle hésitai à lui faire part de ses pensées intimes. Seulement de lui faire croire ; Rose avait bien l'intention de faire de cet homme un informateur, voire un leurre pour le comité.

Elle tourna les yeux et reprit aussitôt un visage impassible dès qu'elle vit son regard se poser sur elle.

"Bien sûr, on pourrait se poser des questions, reprit-elle d'une voix glaciale. D'un point de vue purement théorique. L'idée de créer un lycée pour que les yokai apprennent à s'intégrer au monde humain est une idée de génie, bien sûr. La meilleure façon pour que tout le monde cohabite en paix. Seulement..."

Petite pause calculée. Elle se frotta l'avant-bras de ses doigts, distraitement, dans un geste de perplexité.

"Seulement pourquoi mettre à mort tout humain surpris dans l'établissement ? Ca n'a pas de sens. Le but est de cohabiter avec eux. Et si ceux de cette race ne doivent pas pénétrer dans le kekkai, comment expliquer leur inscription ici ?"

Ses doigts grattèrent, un peu plus fort puis remontèrent jusqu'à tenir l'épaule. Elle continua tout bas, comme diminuer le volume pouvait diminuer l'importance de ce qu'elle pensait.

"On nous cache des choses. Des choses importantes. Je ne sais pas qui est en cause, mais tout mettre sur le dos de l'AntiThèse ou Fairy Tale semble trop évident. J'ai l'impression qu'on utilise ces noms comme des croque-mitaines, responsables de tout ce qui va de travers. Il y a des choses..."

Elle ferma les yeux un court instant, donnant l'air de se reprendre avant de reprendre sa posture figée et droite. Ses prunelles roses rivés à celle du jeune homme, elle termina très sérieusement: " As-tu observé des éléments précis qui... disons, n'abonderaient pas dans le sens de la version officielle ?"

Rose espérait voir jusqu'où il était renseigné, puis le lancer sur les pistes qu'elle avait repérées. La blessure subite de Vika. Le nombre d'élèves officiellement disparus, démissionnaires, ou tués par l'AT dont elle savait qu'il n'avait pas quitté l'école. Le massacre commis quelques semaines auparavant dans le temple. Et tant de choses encore...

Il voulait des informations sur Fairy Tale ? Elle lui en donnerait si besoin. En échange, elle ferait de lui son limier; le chien de chasse qui lui raméneraient des informations... ou à défaut, se ferait repérer et mettrait les choses en branle.

Aux paroles de la fille, Areku comprit que la menace du comité de sécurité n'avait aucun effet sur elle. Ils étaient donc dans le même bateau. Ça signifiait qu'elle disposait soit de la puissance nécessaire pour ne pas être intimidé, ou qu'elle disposait des moyens pour s'éclipser si nécessaire. L'élève se laissa donc basculer sur le dos, le regard vers le ciel orange. Cette position était pour lui la plus confortable, considérant le réseau de sangles qui lui couvrait le dos. Il n'était pas tout à fait à l'aise, mais c'était le mieux qu'il pouvait se permettre en restant vêtu. Sa respiration devint donc plus aisé et calme. Relevant légèrement la tête pour voir la fille, Areku dit:

« La paix? Il faut être un brin naïf pour croire que le lycée a été établie pour la paix. Pour un monstre, les connaissances et les aptitudes nécessaires pour vivre en milieu humain permettent de se camoufler. La proie se camouflera pour échapper aux prédateurs alors que le prédateur se camouflera pour prendre sa proie au dépourvu. D'un cas comme de l'autre, il n'y a aucune paix, simplement de nouveaux termes aux conflits. C'est donc tout à fait logique que les Humains qui s'aventureraient dans l'enceinte du lycée soient tués à vu. Il ne faudrait pas que les Humains disposent d'espions à Yokaï. »

C'est par après que la conversation atteint un sujet étrange. Retour à Fairy Tail et à l'Antithèse, mais avec des doutes sur leurs existences. Areku remarqua à moitié la gestuelle de la fille, comme si elle était nerveuse de dévoilé le fond de sa pensé. Diminution du ton de voix également... Changement assez intéressant. Toutefois, Areku n'était pas en mesure de répondre aux question. Il reposa sa tête au sol, ne regardant pas le fille, se contentant de tendre attentivement l'oreille.
« Faire Tail et Antithèse existent. Ils ont d'ailleurs trois éléments en commun:

1. Ce sont tous deux des groupes un minimum organisé.
2. Ils sont composés de monstres dont certains sont fiers de leur appartenance au groupe.
3. Ils ont tous les deux essayés de me tuer après s'être annoncé. Pas que je sois important ou quoi que ce soit. Faut croire que j'étais sur leur chemin.

Il est tout à fait logique de porter le blâme sur un nom alors que c'est ce qu'on l'a reçu avant les hostilités. Entre la réalité et les histoires, il y a un monde. Moi, j'ai deux noms, pas plus, pas moins. Pour ce qui est de la version officielle... je n'en ai cure. L'information que l'on donne aux masses n'est jamais totalement vrai. Il ne s'agit que d'approximations et de résumés, car la masse n'est pas en mesure de tout comprendre. Ce qu'elle ne comprend pas, elle en a peur. La peur agite, les "faits" officielles ont pour but de calmer. C'est donc pour moi inutile. »

En ce moment, même si Areku ne voulait pas l'admettre, il en savait trop peu. Trop de secrets, trop peu de réponses et il n'était pas en position d'en apprendre plus sans se salir les mains. Se redressant en position assise, Areku proposa donc:
« Et si on jouait à un jeu? Le but est d'être le premier deviner la race de l'autre. On a jusqu'à ce que le comité nous tombe dessus. Le perdant devra se montrer sous sa forme monstrueuse et le gagnant recevra une faveur du perdant. Les règles sont simples:
-À tour de rôle on pose trois questions différentes.
-On doit répondre à deux questions sans mentir avant de poser ses questions.
-Une fois qu'une question a été posée, on ne peut plus la reposer, même si on change les mots et même si la question n'a pas été répondu. Si la même question est poser plusieurs fois par erreur, alors il y a faute. À trois fautes, on a perdu.
-Si quelqu'un n'est plus capable de poser trois questions, alors il a perdu.

Si tu es partante, tu n'as qu'à te présenter et puisque c'est moi qui a présenter les règles, c'est toi qui peut commencer. Moi, c'est Areku Sando, élève de deuxième année. »

Etait-il vraiment aveugle à ses réflexions ?

Le jeune homme était passé totalement à coté d'un élément primordial : les élèves humains n'étaient pas seulement présents dans ce lycée, ils étaient inscrits. Quelqu'un dans l'équipe administrative de l'école avait eu leur dossier, avait su qu'ils étaient humains et les avait quand même incorporés à ce lycée de monstres. Elle le savait de source sûre pour avoir fouillé dans le bureau du gestionnaire ; certains dossiers étaient libellés dans la catégorie "Humains".
Pire encore : d'après le cas de certains humains, ils n'avaient jamais postulés auprès de cette école. C'est donc que quelqu'un les avait fait explicitement venir ici...
Pour quelle raison ?

Cette cécité lui causait un sérieux désavantage. Il pensait être clairvoyant, mais ne poussait pas la réflexion assez loin. Dommage.

De même pour sa remarque quant à Fairy Tale et l'Antithèse. Elle n'avait jamais prétendu que ces organisations n'existaient pas, juste qu'on se servait d'elles pour tout justifier. Encore une fois, le point majeur de sa réflexion était loupée : le comité avait tout intérêt à conserver au sein de l'école un ennemi justifiant tous ses actes et excusant toutes ses exactions. L'Antithèse n'était pour eux qu'un opposant fantôme, un croque-mitaine qu'on sortait du placard quand besoin était.

Bientôt, l'Antithèse ne serait plus un fantôche. Bientôt. Rose était là pour s'en charger.

Dans tous les cas, son raisonnement était intéressant à suivre. Linéaire. Quasi militaire. Observation, conclusion. Froideur. Mise à distance. Et surtout, systémisation de ce mode de pensée. On l'avait éduqué à penser comme ça, tout comme certains étaient embrigandés à penser de telle ou telle façon au sein de Fairy Tale. De quelle organisation venait-il ?

Elle se contenta de hocher la tête lorsqu'il se rassit, gardant ses réflexions pour elle. Qu'il pense ce qu'il voulait, après tout. Elle préférait continuer à l'observer ; sa position assise avait été un peu longue à se stabiliser, comme s'il avait un centre de gravité différent de la norme. Que cachait cette amulette ?

Et il était fort possible qu'elle ait une réponse à cette question d'ici peu, avec ce jeu. Bien sûr, elle devrait lui donner quelques informations mais au vu de ses zones aveugles en matière de compréhension, elle ne doutait pas de pouvoir lui fournir des réponses qu'il interpréterait de travers. Elle par contre saurait faire bon usage de ce qu'il lui révélerait. Quant à cette histoire de gage... Et bien, elle verrait en temps voulu. Cela pouvait être une occasion de tromper se confiance ou de se servir de lui, même si elle perdait. Et au pire, elle ignorerait son injonction - comment Areku saurait-il qu'elle avait obéi ou non ?

Devait-elle lui imposer des restrictions ? Comme ne pas poser de question sur Fairy Tale ou autre ? Non... Cela ne ferait que renforcer ses suspicions. La chose ne serait pas mauvaise, mais il lui opposerait en contrepartie le silence lorsqu'elle poserait des questions sur l'organisation à laquelle il appartenait. Autant le laisser libre et soit ne pas répondre aux questions, soit l'orienter ensuite.

De plus, une chose l'amusait grandement. Sans mentir, n'est-ce pas ? Comment saurait-il qu'elle ne mentait pas ? La végémorphe controlait parfaitement ses réactions physiques et n'était pas soumises aux réflexes involontaires des humains, tels que la suadation ou l'augmentation du rythme cardiaque en cas de mensonge. Ses mensonges étaient indétectables, en admettant même que ses sens soient suffisamment aiguisés pour le percevoir.

De plus, la "récompense" était assez drôle de son point de vue. Se montrer sous sa forme de monstre si on perdait ? Mais elle était actuellement sous sa forme de monstre. Sa forme originelle était une fleur... Il ne gagnerait absolument rien, même si elle perdait.

Peu importait. Jouer selon ses règles ne pouvait que lui être bénéfique.

"Jouons donc. Appelle moi... Capucine" se contenta-t-elle de lui répondre, en s'installant confortablement contre son tronc d'arbre abattu. Pseudonyme dû à ses cheveux, indice de sa race, simple prénom ? A lui de deviner. Le jeu commençait déjà.

Trois questions, une à laquelle Areku aurait le droit de ne pas répondre. Autant entamer le jeu très fort avec trois questions très instructives et diverses, afin de maximiser ses chances.

Une question pour lui permettre de cibler sa race.
Une question libre pour lui permettre de voir sa façon de répondre et d'esquiver, ainsi que de possiblement cibler son espèce selon ses dires - ainsi que de relancer ses recherches a postériori s'il ne répondait pas à la question trois.
Une question lui montrant qu'elle n'était pas dupe et possiblement porteuse de beaucoup d'informations...

Trois questions sensibles. Et il devrait répondre à deux d'entre elles.

"Si l'artefact qui te permet de garder forme humaine était inactif, que verrais-je de différent ? D'où viens-tu ? Et à quelle organisation appartiens-tu ? " lui demande-t-elle, observant attentivement ses réactions.

Jeu:

Capucine. Peut s'agir d'une fleur. Peut s'agir d'une couleur. Peut s'agir d'un type de fleur, dont certaines sont rouges. Cette fille avait les cheveux rouges. Nom véritable ou pseudonyme? Bah, ce n'était pas comme si Areku était totalement honnête lui-même.

Elle avait donc décider de prendre part au jeu. Bien.  Toutefois, les premières questions de Capucine étaient assez révélatrices. Elle cherchait visiblement à en savoir plus sur lui. D'un autre côté, elle lui laissait la possibilité de ne rien dévoiler sur sa race. Souriant, Areku répondit donc aux deux autres questions.
« D'où je viens? Je viens du grand nord américain. Pas que je recommande, c'est assez ennuyeux.

À quelle organisation j'appartiens? En ce moment, je n'appartiens à aucune organisation, à supposé que le Lycée Yokaï n'en soit pas une, sinon j'en fais parti en tant qu'élève. Je me débrouille tout seul comme un grand! »

Si Areku avait été clair et direct pour ses origines, il n'avait pas non plus menti au sujet de l'organisation. En ce moment, il était un élève sans famille et sans attache, livrer à lui-même. En d'autres termes, la seule chose qui motivait Areku à poursuivre sa mission, c'était son propre code personnel. Il pouvait tout aussi bien décider de tout quitter et de mener sa vie à sa façon. Certes, il y aurait des conséquences, mais tout à des conséquences.

C'était à son tour de poser ses questions. Considérant que le couvre-feu était imminent, ils avaient au plus quelques minutes avant que le comité de sécurité de débarque en force. Il était même probable que ces derniers étaient déjà en place, n'attendant que l'heure juste avant de se manifester.

« À mon tour. Pourquoi ne portes-tu pas de chaussures? Comment as-tu fais pour avoir les cheveux rouges? Qu'est-ce que tu manges? »

Elle inclina la tête en réponse à ses paroles, emmagasinant les informations.

Grand nord américain. Vérifier d'urgence les informations provenant de cette zone en recherchant en priorité de possibles organisations employant des Barbares - elles ne devaient pas être nombreuses. Sinon, rechercher de possibles traces de yokai autres que endémiques et enquêter.

Quant à l'affirmation affirmant qu'il n'appartenait à aucune organisation "en ce moment"... En ce moment. La nuance était là. Il ne niait pas appartenir à une autre organisation auparavant. La remarque sur le fait de se débrouiller tout seul était intéressante : il était donc en free-lance, sans soutien ou contact régulier. Y'aurait il possibilité de le retourner ?

Son refus de répondre au sujet de l'artefact semblait indiquer que son apparence naturelle devait être relativement révélatrice de son espèce, à moins qu'il n'ait décidé de ne pas répondre à cette question pour le lui laisser croire...

Non. Au vu des questions qu'il lui retournait, il essayait véritablement de déterminer sa race. Son refus devait donc valider la première hypothèse. Donc apparence naturelle inhumaine, non modifiable de façon spontanée, et caractéristique de son espèce. Mais ses questions étaient surprenantes. Un peu puéril par leur aspect spontané.

Rose souleva un pied de l'herbe pour le lui montrer.

- Je n'ai pas de chaussures actuellement uniquement parce que j'aime sentir l'herbe fraiche sur ma peau.

Tout à fait vrai. L'apparence humaine de Rose était légérement modulable selon ses souhaits : ses feuilles pouvaient, dans une certaine mesure, se rassembler en différents vêtements. En société "humaine", les plus basses se rassemblaient autour de ses pieds pour former des mocassins souples.

- Et la couleur de mes cheveux est naturelle.

Naturelle, et non pas de naissance. Pouvait on naitre quand on était une plante ? Vaste question. Elle ne répondit pas à la troisième question, comme convenu dans la règle. Dommage pour lui. Savoir ce dont elle se nourrissait aurait pu le renseigner sur son espèce.

Maintenant : se concentrer sur son espèce, ou sur les informations extérieures ? Le choix était difficile.

Elle se lança. Une question pour lui permettre de voir s'il était d'une espèce vivipare ou ovovipare. Une pour mieux cerner les pouvoirs de son artefact et donc de son apparence. Une pour savoir si ce nom totalement inapproprié pour un japonais était un pseudonyme.

- Sous ta forme de monstre, as tu un nombril ? Pourquoi portes tu ce manteau de cuir miteux alors qu'il fait si bon ? Qui t'a donné le nom d'Areku Sando ?

Les réponses étaient celles qu'Areku souhaitait. Elle n'aimait donc pas porter de chaussures, ses cheveux étaient «naturels» et son alimentation pouvait plus que probablement trahir sa race. Selon toute logique, elle possiblement une métamorphe. Ça pouvait expliquer ses vêtements simples et l'absence de chaussures. Ça voudrait donc dire que sa chevelure était un signe distinctif... Rouge...

C'était pas gagné. Les métamorphes étaient nombreux et vastes en catégories. Il y avait ceux qui n'avaient que deux formes, ceux qui avaient un grand nombre de formes, ceux qui avaient un thèmes...

Et voilà que Capucine formulait ses questions, beaucoup plus précises et center sur sa race cette fois.
« Ah, mon nom... Mon père adoptif a voulu me donner un nom adapté à l’environnement du lycée. C'est sous ce nom qu'il m'a inscrit inscrit d'ailleurs. Je n'aime pas ce nom, mais ce n'est pas comme si c'était mon nom définitif, alors je fais avec. D'où je viens, on donne des noms basés sur les accomplissements et faut être adulte pour en recevoir. »

La première question qu'Areku répondit était une question facile. Aucune influence sur sa race, mais une question de culture. Aucun mensonge, vérité clair et simple. Décidément, cette fille s'intéressait plus à sa personne qu'à gagne la partie. C'était bien pour Areku, mais il avait le pressentiment qu'elle faisait partie d'une race auquel il n'était pas familier. Il y avait donc fort à parier que la partie allait être interrompu avant qu'il y ait un gagnant.

Des deux autres questions étaient dangereuses. L'une comme l'autre pouvait permettre de mener à des pistes importantes. Était-il préférable d’entrainer Capucine sur une fausse piste ou de chercher à lui donner le moins d'information possible? Va pour la fausse piste, ça pouvait être intéressant.
« J'ai bel et bien un nombril. Pour également répondre à la question derrière cette question, non je ne suis pas né d'un œuf. »

À son tour pour conclure la deuxième manche. Si Areku si fiait à son intuition pour une métamorphe, il fallait restreindre le champ des possibilités.
« Mon tour. Sous ta forme de monstre, ressembles-tu à un animal? Est-ce que tu es née d'une mère? Peux-tu prendre plusieurs formes distinctes? »

Quelqu'un s'approchait. Elle sentait une perturbation dans la forêt, une magie qui se rapprochait d'eux. Le comité probablement. Couvre-feu. Retenue. Comme si ça la concernait en quoi que ce soit. Elle ne réagit pas ; informer Areku de ce fait aurait pu lui donner plus d'informations sur son espèce.

Ainsi donc il avait un père adoptif. Deux parents décédés donc. Etait-ce dû à la conception ou à l'accouchement, ou était-ce arrivé pendant son enfance ? Il faudrait qu'elle pense à consulter ce qui concernait les orphelinats en Amérique du nord. Ce nom était donc un pseudonyme uniquement porté dans le cadre de ce lycée. Pourquoi ? Son nom originel aurait il donc été trop révélateur ? Et cette histoire de nom d'adulte n'était pas typique de l'Amérique du nord. Cela indiquait premio qu'il était toujours considéré comme un enfant - ce qui réduisait le laps de temps sur lequel elle devrait fouiller, et deuxio que lui et/ou son père adoptif avait une culture particulière.

Il était également instructif qu'il commence par lui fournir des élèments relatifs à lui avant de répondre sur sa race. Les deux questions étaient elles donc compromettantes ?

Un nombril, donc vivipare. Et intéressant qu'il mentionne cette histoire d'oeuf... Pour ce qu'elle en savait, certaines espèces n'avaient pas de nombril sans être nées dans un oeuf. Elle-même n'en avait pas par exemple. La précision avait-elle son importance ? Dans le cas d'un barbare, cela voulait il dire que si la mère avait été yokai au lieu d'humaine, il serait né dans un oeuf ?

Et pas de réponse quant à ce manteau, alors qu'il aurait été si simple de prétexter qu'il s'agissait de son vêtement favori. Il avait donc un rôle à jouer. L'artefact ne cachait-il pas tout, ou n'était ce qu'une solution de secours pour le cas ou son charme d'illusion faillirait ? Un vêtement ample, sombre, de cuir. A garder à l'esprit.

Quant à ses réponses, il avait à la fois touché juste et faux.

"Oui, sous ma forme de monstre, je ressemble à un animal. Et par déduction, oui, je peux prendre plusieurs formes."

Le pauvre. Comment aurait il pu savoir que sa forme de monstre était justement celle-ci, cette forme presque humaine ? Un humain étant un animal, elle n'avait donc pas menti. Il aurait mieux fait de demander quelle forme elle avait à la "naissance". Enfin, tant pis. S'il pensait bien qu'elle était une métamorphe, il risquait de peiner à trouver sa véritable race avec cette réponse.

La source de magie se rapprochant, ce serait vraisemblablement ses dernières questions. Elle enchaina :

"Quel est ton nom de naissance ? Ton père ou ta mère est il né d'un oeuf ? Comment sont morts tes parents ?"

Ça se confirmait, elle était métamorphe. L'une de ses formes étaient animale. La question évité était assez surprenante. La révélation de s'il y avait une mère était-elle si importante?

Donc capacité à se transformer en animal, plusieurs forment. Potentiellement pas de mère, donc possible création artificielle, ou alors une espèce qui utilise un mode de reproduction différent. Le tout formait un domaine qui dépassait les connaissances d'Areku.

D'autant plus que c'était maintenant l'heure du couvre-feu. Il fallait s'attendre à une intervention du comité de sécurité d'un instant à l'autre, ce qui voulait dire que le jeu tirait à sa fin. Il était presque évident que Capucine savait qu'Areku était un hybride. En termes de jeu, ça voulait dire que ni un ni l'autre n'avait un réel avantage au moment présent. Toutefois, Areku jouait à l'aveuglette alors que Capucine allait tôt ou tard deviner au moins l'une des moitiés d'Areku. Qui plus est, les questions devenaient plutôt personnelle.

Sur ce, Areku s’esclaffa de rire.
« Je n'ai aucune envie de répondre à deux de ces questions. Qui plus est, tu fais plus que probablement partie d'une race auquel je ne suis pas familier. Ça fait donc de moi le perdant.

Disons donc qu'en ce beau coucher de soleil, j'ai ressenti l'irrésistible envie d'aller me baigner dans le lac. Évidemment, je n'ai pas l'intention de tremper mes vêtements, alors il me faudra me dévêtir. Tu vas peut-être vouloir m'en empêcher, Capucine, prétextant qu'il est bientôt l'heure du couvre-feu, mais je n'ai pas de montre sur moi et j'ai vraiment envie de cette baignade.

Après tout, nous avons fait un petit défit et j'ai perdu. Il est donc possible que par mégarde, je laisse paraitre ma véritable forme alors que je me baigne. Il serait vraiment dommage que le comité de sécurité se présente, mais ça fait parti du défit et je suis quelqu'un qui tient ses engagements. »

Areku procéda donc rapidement à se débarrasser de son manteau, détachant au préalable quelques sangles qui maintenaient sa queue dissimulée. Puis, il passa à la chemise qu'il retira comme une chemise normal. En ce moment, Areku semblait être un humain ordinaire, torse nu. Autour du cou, Areku portait un collier et une amulette qui pendait contre sa poitrine et il avait à son index gauche un anneau.

L'élève procéda maintenant à détacher des sangles invisibles de son dos. Après quelques mouvements précis, Areku retira un véritable filets de lanières de cuir de son dos qui devint visible dès qu'il l'eut retiré de sa personne. Visuellement, Areku était toujours normal, si ce n'était des sangles qui venaient d'apparaitre de nul part, mais en réalité, il venait de libérer ses ailes et sa queue qu'il étira tranquillement presque sans bruit alors qu'il retirait ses chaussures avant de se dresser debout, s'étirant de l'inactivité récente, tout particulièrement ses ailes qui retrouvaient finalement une circulation sanguine adéquate.

« En temps normal, je retirerais bien mon pantalon, mais restons-en là. Après tout je suis en présence féminine. Bon, j'espère que l'eau est bonne... »

Areku marcha donc vers la berge du lac. Si son apparence était humain, ses mouvements étaient suspects.

Le soleil se couchait de plus en plus tôt. Voilà qui était une bonne chose du point de vue de Kenshin. Les élèves avaient moins tendance à enfreindre le couvre-feu lorsque la nuit tombait de bonne heure. Une balade en amoureux était bien plus romantique lorsqu'on voyait où on mettait les pieds.

Direction le lac. Il y trouvait régulièrement un ou deux couples d'amoureux en train de se conter fleurette, oublieux de l'heure tardive. Autant de jeunes gens à qui il adressait un regard sévére avant de les renvoyer séchement vers les dortoirs. L'heure, c'était l'heure, même quand les hormones et les sentiments s'en mêlaient.

Mais en son for intérieur, le jeune homme ne pouvait s'empêcher de compatir. Lui-même, il y a quelques années, avait emmené quelques jeunes filles - et un adolescent, un soir où il avait un verre de trop dans le nez - sur le rivage pour divaguer ensemble sur le bel avenir qu'ils construiraient ensemble.

Ah, s'il avait su que cet avenir se réduirait à jouer les garde-chiourmes dans ce lycée...

Gagné. Mais la victoire avait un goût relativement amer ; Rose aurait préféré avoir la réponse à ses questions plutôt que de voir Areku déclarer forfait ainsi. Enfin. Elle ne le laisserait pas s'en sortir à si bon compte. Que ce soit en obtenant ces informations de sa bouche ou par une enquête, elle finirait pas avoir ce qu'elle voulait.

Elle admira néanmoins sa façon détournée de la mettre en échec. Certes, Areku obéissait à ses préceptes, mais la mettait d'une certaine façon au défi : préférait-elle avoir sa récompense au risque d'être surprise par un membre du comité - d'ailleurs, le savait-il ou le supposait-il ? Jusqu'où s'étendaient ses sens ? - ou fuir et d'une certaine façon se cantonner à un match nul ?

Elle se releva alors qu'il commençait à se déhabiller, l'observant attentivement. La pudeur était un concept qui lui était totalement étranger. D'après ses gestes, il détachait quelque chose mais ses mains semblaient s'agiter dans le vide. L'artefact dissimulait donc une partie de son habillement. L'herbe derrière lui l'informa que quelque chose de massif venait de l'écraser. Massif, mais invisible. Qu'était-ce donc ? Une queue ? Se promenait il avec des attaques maintenant des membres surnuméraires contre lui ?

Il passa ensuite à sa veste, l'otant précautionneusement - à croire qu'il ne disposait pas d'un manteau de rechange - avant d'enlever sa chemise de manière tout à fait normale. Puis de nouveau ces gestes à priori insensés alors que ses doigts s'agitaient sur des attaches ou noeuds invisibles. Une queue et autre chose, autre chose qu'il pouvait cacher sous son manteau. Une paire d'ailes ? De bras ?

Enfin, un filet de lanière tomba sur le sol, sur la chemise qu'il avait posé. C'était véritablement un reséau de lanière de cuir, conçu pour maintenir quelque chose de massif collé à son dos au vu du tressage. Areku s'étira, et l'arbre près duquel il se tenait lui fit sentit que quelque chose heurtait son bas feuillage.

Des ailes. Une queue et des ailes. Probablement pas des membres d'oiseaux, ou la queue n'aurait pas été aussi massive ; un reptile ? Ce n'était pas surprenant qu'il ait besoin d'un artefact pour garder allure humaine. Elle le scruta, mais l'illusion restait toujours parfaite. Elle nota cependant plusieurs bijoux ainsi qu'un tatouage étrange sur sa main ; serait-il sous l'effet d'autre charmes ? Ou ces bijoux étaient-ils purement décoratifs ?

Enfin le garçon se décida à partir vers le lac. Ses mouvements étaient plus amples, comme libérés - ce qui était véritablement le cas, à en juger par les diverses entraves posées sur le sol. Sa façon de marcher était aussi particulière, plus lourde, plus marquée, ce qui allait tout à fait avec l'idée d'un centre de gravité déplacé.

Rose en profita qu'il ait le dos tourné pour s'éloigner discrétement de quelques mètres et se tapir dans un bosquet aux feuilles orangées. Dans la lueur du soleil couchant, bien malin qui arriverait à distinguer la nuance de sa fleur de celle du buisson. Sa métamorphose se mit lentement en route : elle rétrécit, sa partie inférieure commençant à prendre racine et se tigifier alors que ses vêtements reprenaient leur place de feuilles. Néanmoins, malgré son aspect de dryade, elle conservait son sens de la vision et pouvait sans aucune difficulté distinguer Areku qui allait entamer sa baignade. Si besoin était, il ne lui faudrait que quelques secondes pour se transformer entièrement en fleur, mais elle doutait que qui que ce soit puisse l'apercevoir là où elle était.

La source de magie approchait et serait bientôt en vue. Areku aurait-il le culot de se révéler devant un membre du comité ?

A ton tour, Areku

Areku avait atteint la berge du lac. L'eau était, comme prévu, froide. Jetant un regard par dessus son épaule, l'élève ne put apercevoir Capucine. Remarque, ce n'était pas les cachettes qui manquaient. Buissons ici et là, quelques arbres et plus loin la forêt.

Nul doute que Capucine s'était trouvé un perchoir pour observer la scène. Ce qui pouvait signifier que le comité était en approche. Donc, une infraction pour outrepasser le couvre-feu, une infraction pour aller se baigner sans surveillance, une autre allait suivre pour se montrer son forme monstrueuse... Est-ce qu'il y avait d'autres infractions à ajouter? Disons donc une infraction de plus parce que le comité avait de l'imagination.

Eh bien, c'était peut-être un nouveau record. Si Areku atteignait 4 infractions simultanées, ce serait un de plus que la dernière fois. L'élève frissonna à la penser de cette précédente rencontre (possiblement aussi parce qu'il avait toujours les pieds dans l'eau). Il lui a fallut pas loin d'une heure pour se débarrasser de toute la suie dans ses cheveux. Idéalement, cette fois, ça ne sera pas une créature tout feu tout flamme...

Pour Capucine, Areku retira son amulette de son cou pour l'attacher fermement à son poignet gauche. L'illusion se dissipa alors complètement, révélant la véritable forme d'Areku. Ses ailes draconienne semi repliée et sa queue devinrent visible, tout comme ses écailles bleues et ses griffes. Des éléments intéressants de sa physionomie était qu'il avait la même taille que son apparence humaine, ses cheveux étaient toujours présents et blancs, il avait la même carrure d'épaule et ne semblait pas vraiment plus lourd.

Areku s'enfonça alors dans le lac jusqu'à se retrouver immerger jusqu'à la poitrine avant de s'immerger complètement. Sous l'eau, le demi-dragon déploya ses ailes et se propulsa sous l'eau vers le centre du lac en longeant la surface, ne relevant la tête hors de l'eau qu'une douzaine de mètres plus loin après avoir laissé l'élan de son mouvement s'épuiser.
« Brrr!!! C'est encore plus froid que je pensais! »

Areku resta alors sur place, nageant sans efforts apparent. Ses cheveux blancs mouillés étaient bien visible contre l'étendu d'eau sombre.

Pas de couple en vue ce soir. Tant mieux. Juste le soleil couchant, les arbres verdoyants, l'eau sombre et... Mais qu'était cette boule blanche qui dépassait de la surface du lac ?

"Hey ?" lança Kenshin à tout hasard.

La tache se déplaça. C'était une tête. Une tête.
Un élève avait décidé de piquer une tête dans le lac.

"Sors de là ! Vite !"

L'homme se rua vers le rivage, déboutonnant sa veste pour éviter de l'endommager lorsqu'il changerait de forme. Il n'était pas question d'un blâme ici, mais de la sécurité de l'élève. Le mois dernier, un de ses collègues avait retrouvé les restes d'une kraken géant un peu plus loin. L'adolescent devait sortir de là et vite !

Apparemment il était temps de mettre fin à la baignade. Le comité de sécurité semblait aussi précis qu'une horloge. Toutefois, pas de menace, pas de transformation... Avec la distance, les reflets du soleil, la couleur opaque de l'eau, ça ne pouvait être que le blanc des cheveux de l'élève qui avait attiré le regard. Donc, on ne pouvait pas savoir qu'il était en forme monstrueuse. Coup de chance.

Areku s'était montrer sous sa vrai forme assez longtemps et il enfila donc à la hâte son amulette, ce qui réinstaura l'illusion humaine et nagea comme un humain normal jusqu'au rivage. Ses cheveux restant blanc, le changement était à peine perceptible. Certes, le visage d'Areku avait passé du bleu à couleur peau, mais partiellement immergé à bonne distance, bonne chance pour réaliser ce détail.

Une douzaine de mètres qu'il aurait pu franchir en un instant, pris une vingtaine de secondes à nager. Areku était quand bon nageur en style humain et son physique lui donnait un avantage supplémentaire. L'élève retrouva pied sur la berge et sorti de l'eau grelotant, le pantalon complètement trempé, l'amulette se balançant de gauche à droite contre sa poitrine.

s'essuyant les yeux de l'eau qui y ruisselait, Areku dit en se plaignant:
« Ouh, c'est froid, c'est froid, c'est froid! »

Complètement trempé, les bras croisés, cherchant à retrouver sa chaleur, Areku ne donnait pas une image très fier de sa personne et ne donnait pas l'impression qu'il avait sauté dans l'eau de son plein gré. On pouvait apercevoir non loin ses vêtements.

Se retournant finalement vers l'autre qui avait sa chemise grande ouverte, Areku demanda:
« Il y a quelque chose de dangereux dans le lac? »

Les mots d'Areku était sincère et il donnait l'impression de n'avoir aucune idée dans quoi il s'était embarqué.

L'élève revint au sec à son appel. Maigre et dépenaillé, il tremblait de froid devant lui, se demandant visiblement de quoi il allait écoper.

Kenshin poussa un soupir, autant de soulagement que d'exaspération. S'il y avait quelque chose de dangereux dans le lac ? Bien sûr !

"Si on instaure une interdiction, jeune homme, c'est qu'il y a une raison. Tu devrais le savoir, pourtant, que se baigner dans le lac est interdit ! Tu penses vraiment que rien ne vit dans ces eaux sombres ?!"

Il tendit le bras d'un geste théatral vers le lac. Dans un monde parfait, c'est à cet instant qu'aurait émergé nonchalamment un tentacule géant. Mais dans ce monde imparfait, tout ce qu'on pouvait voir, c'était un nuage de moustique bzzzbzzzztant au dessus de l'eau stagnante.

"Allez, rhabille-toi, et en vitesse. On passe chez le CPE pour qu'il te donne un blâme. Je veux bien croire que tu t'es baigné par stupidité et passer l'éponge là dessus, mais le couvre-feu... Bons dieux, tu crois vraiment que rester à proximité de ça" il désigna du pouce l'épaisse forêt derrière lui " alors que la nuit tombe est une bonne idée ?"

L'homme attrapa d'une main la chemise et le manteau du jeune albinos et les lui lança. Il profita de son temps de rhabillage pour reboutonner sa chemise. Il savait qu'il aurait dû être plus sévére. Il le savait. Mais il était tellement soulagé de voir le gamin sortir en un morceau du lac... Ca irait pour cette fois. La prochaine fois, il serait intransigeant. Enfin, sans doute.