Piers déboula dans le réfectoire comme une bombe.
Personne.
Un sourire satisfait vint étirer ses lèvres.

Il alla s'appuyer contre le premier pilier de la vaste pièce pour y attendre son invité. Le jeune professeur avait opté pour un style un peu moins voyant que d'habitude : un simple polo noir au col en V avait était passé par-dessus une chemise blanche, un jeans gris venait recouvrit ses jambes, par contre il n'avait pu laisser ses bottes montantes noires, alors il les avait enfilés. Ses cheveux étaient en bataille comme d'habitude et son bandeau de pirate était bien en place sur son œil droit.

Le rouquin leva les yeux vers la pendule du réfectoire. Sa camarade n'allait très certainement pas tarder, par contre, il serait à la bourre en cours. Son regard dévia vers Jiji qui avait pris ses aises et s'était couché sur une des tables. Piers soupira. Il avait pourtant demandé à ce stupide chat d'aller dans sa salle de classe au moins pour avoir les élèves à l'œil, mais non, il avait fallu que ce sale matou exige de vouloir rencontrer Mademoiselle Ark !

Le sorcier l'avait rencontré il y a quelques jours en allant à la bibliothèque chercher un bouquin, bref, ils avaient bien papoté et Piers avait souhaiter la revoir, mais dans un lieu plus... détendu. Le professeur avait donc fait parvenir une missive à la belle bibliothécaire par l'intermédiaire de Jiji, qui l'avait posé sur son bureau en pleine nuit de façon à ne pas être vue. Priecia n'était même pas au courant que c'était le sorcier qui l'avait invité, il était fier de son petit tour et il lui tardait de voir la tête qu'elle allait faire.
Mais bien sur, vue qu'il avait était mêlé à cette histoire, Jiji avait souhaité la rencontrer lui aussi... bref, un vrai foutoir !

Piers se ferma les yeux de désespérance quand le chat noir commença à faire sa toilette.

« Mais merde Jiji ! Tu ne pourrais pas faire ça ailleurs ?! » s'emporta le professeur.

« J'ai pas eu le temps ce matin... » répondit le chat sans se tourner vers son propriétaire.

Le sorcier soupira et commença à faire le tour de la pièce, elle lui semblait plus grande que dans son souvenir. À qu'est-ce qu'il avait pu faire le con dans cette immense salle !
Soudain, son attention fut captée par Jiji qui se redressait et s'asseyait droit comme un bâton. Piers se demanda ce qui pouvait bien ce passer, mais ce n'est que quelque seconde plus tard qu'il entendit des pas. Quelqu'un marchait dans le couloir et il semblerait que cela soit une femme.

Le jeune professeur sourit de toutes ses dents et il s'approcha lentement de la porte à doubles battants du self.

Piers faillit se prendre Priecia de pleins fouet, mais par chance personne ne bouscula personne. Il s'empressa de la saluer avec un de ses plus charmants sourire.

« Bonjours Priecia, je suis bien content de te voir ici. »

Le sorcier adora la façon avec laquelle la bibliothécaire s'assura que c'était bien lui qui était l'expéditeur du billet en papier rouge. Elle inspectait le réfectoire du regard, pendant ce temps Piers en profita pour l'observer elle. Il trouva que le parme lui allait vraiment bien, tout comme l’ensemble de sa tenue qui l'a mettait en valeur et semblait avoir était parfaitement étudié pour ce rendez-vous. Le jeune professeur prit soins d'éviter de poser son regard sur le décolleté de la jeune femme en face de lui, pas besoin de passer pour un obsédé !
Soudain son unique œil vert croisa le regard émeraude de Priecia qui avait semble t-il un peu rougit des joues, ce qui amusa Piers. Il appréciât le fait que son invité brise le silence pesant de sa jolie voix qui essayer de s'installer.

« Vous êtes bien l'expéditeur d'un billet me donnant rendez-vous ici ? »

Piers sourit et recula d'un pas ou deux avant de désigner du bras l'ensemble de la pièce vide.

« Il semblerait que oui très chère. » lui répondit-il d'une voix calme et assez assuré.

L'attention du sorcier fut soudain détournée par Jiji, qui était vraisemblablement descendu de son perchoir et qui maintenant se frottait contre la jambe de son maître pour que ce dernier face les présentation. Piers soupira, car il savait très bien que Priecia ne pourrait pas entendre le moindres mots venue de chat, mais voyant l'air dépité de son partenaire il fini par craquer et faire les dites présentations.

« Euh... Priecia, je vous présente Jiji, mon euh... chat. » dit-il en montrant le chat noir à la demoiselle.

Le pirate déglutit de travers, puis il s'empressa d'inviter Priecia à s'asseoir à la seule table où il y avait encore du petit déjeuné.
Piers prit place en face d'elle et Jiji s'assit sur la table juste à côté de son maître sans pour autant quitter Priecia des yeux.
Au début il ne toucha à rien, attendant qu'elle commence, il ne dit rien non plus pendant un moment, avant de ce souvenir d'une chose...

« Je tiens à m'excuser pour ce rendez-vous mystère, c'était peut-être un peu trop... euh... brute ? »

Piers sourit, un peu gêné il sentit ses joues roussir et ce maudit intérieurement d'avoir était aussi... il ne trouvait toujours pas le bon mot, bon bref, il espérait que Priecia allait apprécier de passer ce moment avec lui, même si tout à l'heure elle avait semble t-il sourit, c'était peut-être par pure politesse.
Le sorcier regarda un instant son assiette attendant que la jeune femme blonde lui réponde.

« Il semblerait que oui très chère. » « Euh... Priecia, je vous présente Jiji, mon euh... chat. »

Son collègue avait reculé de quelques pas, lui dévoilant la pièce totalement vide, en dehors d’un … chat ? Oui, il y avait bin un très joli chat noir se frottant contre les jambes de sons rendez-vous. D’ailleurs, celui-ci lui présenta le chat, qui était en fait sien, et qui se nommait Jiji. Mais la jeune femme sentit que ce ne devait pas être un simple chat. Il la fixait, sans bouger, s’en était presque effrayant ! Mais le jeune homme du sentir son léger malaise, puisqu’il l’invita rapidement à s’installer à une table sur laquelle était posé de quoi déjeuner un peu. Elle s’assit la première, lui vint s’asseoir face à elle, et le chat à côté de son maitre, continuant de la fixer. Ils se servirent tous deux, mais la jeune femme sentait qu’il ne voulait pas commencer à manger avant elle. Néanmoins, il brisa le silence.

« Je tiens à m'excuser pour ce rendez-vous mystère, c'était peut-être un peu trop... euh... brute ? »

Cela fit sourire la jeune femme, plus encore lorsqu’il vit qu’il rougissait légèrement. Elle croisa un instant le regard du chat, toujours fixé sur elle, ce qui lui provoqua un léger frisson dans le dos. Il était vraiment étrange ce chat …
Elle reporta ensuite son attention sur le jeune homme, qu’elle détailla un peu plus du regard. Des cheveux assez longs, d’un rouge impressionnant. Un magnifique œil aussi vert émeraude que ceux de la bibliothécaire, l’autre caché par un bandeau. Elle se demanda un moment ce qui avait bien pu lui arriver, mais elle savait d’avance qu’elle n’oserait pas poser la question. Néanmoins, cela n’enlevait rien à sa beauté, il avait vraiment un charme fou !
Ne voulant pas le faire languir davantage alors qu’il venait de s’excuser pour son invitation qu’il qualifiait de « brute », elle entrouvrit de nouveau ses douces lèvres rose pâle :

-Ne vous excuser pas pour cela, j’ai trouvé cela vraiment très charmant. Je dois vous avouer cependant que j’ai eu un peu peur que ce soit une blague d’un quelconque élève … Mais je suis vraiment très contente que vous en soyez l’expéditeur. Vous êtes parti si vite la dernière fois …

Elle lui fit un sourire radieux, puis se dit qu’il était temps qu’ils commencent à manger. Il devait surement avoir des cours à donner aujourd’hui, alors peut-être qu’ils ne pourraient pas passer un trop long moment ensemble. Rien qu’à cette pensée, elle était triste. Mais elle préféra ne pas y penser.
Elle avait glissé dans son assiette un pain au chocolat encore un peu chaud, et s’était servi une tasse de thé à la menthe, quant à lui bien chaud. Elle prit en plus un pain au melon, dont elle brisa la croute en deux, avant d’en couper un autre petit morceau, qui finit rapidement entre ses lèvres. Elle parcourut un instant son regard autour d’eux. Le réfectoire était vraiment vide, et s’en était presque effrayant. Elle était bien contente d’être en charmante compagnie. Le moment aurait pu être encore plus agréable si Jiji avait arrêté un instant de la fixer, mais ce n’était pas le cas. Elle se demandait vraiment ce qu’il pouvait lui vouloir … Puis, elle se souvint qu’elle avait observé des traces de pattes de chat sur son bureau. Peut-être avait-elle résolu le dépôt du billet dans son bureau ? Cette idée la fit sourire, tandis qu’elle imaginait le chat se glisser par quelconque issu pour venir déposer cette charmante invitation.
Elle posa une fois de plus son doux regard sur son collègue, et décida de reprendre la parole.

-Vous avez des cours à donner ce matin ?

Elle avait dit cela d’un ton des plus détaché, mais on sentait tout de même qu’elle avait l’espoir qu’il lui dise non, qu’il lui dise qu’ils étaient libres de rester là à papoter tranquillement, voir même à ne pas sortir de table pour déjeuner ensuite. Puis, une autre question s’échappe de ses lèvres.

-Je vous le demande parce que j’aimerais bien pouvoir profiter de votre présence ce matin.

Elle rougit un peu à ses propres paroles, puis, bafouillant légèrement, essaya de se rattraper.

-Nous avions pas mal discuté la dernière fois, et … je sens que ce rendez-vous va être des plus intéressants. Ce serait vraiment … dommage de devoir l’écourter.

La jeune bibliothécaire baissa un instant son regard sur son assiette. Elle espérait qu’il ne se méprendrait pas sur ses intentions. Oui il était très beau, oui il était vraiment gentil et serviable avec elle, et oui elle pouvait avoir succombé à son charme. D’ailleurs, si l’invitation avait été envoyée par quelqu’un qu’elle n’appréciait pas un minimum, elle serait repartie. Non, ce qu’elle ne voulait pas, c’était se faire de faux espoirs. Peut-être que ce rendez-vous n’était qu’un moyen pour faire sortir la jeune femme de sa tanière, par pure sympathie, et non pas pour la connaitre mieux. Alors qu’elle regardait son assiette, le visage rosit, un miaulement se fit entendre, ce qui lui fit relever les yeux vers lui.

Les paroles de la jeune femme rassurèrent immédiatement le sorcier, qui se remit enfin à respirer tout en caressant machinalement Jiji. Il trouva magnifique le sourire de Priecia, elle était à tomber.
Le jeune professeur l'observa un instant prendre telle ou telle choses sur la table avant de se décider à faire de même.
Il piocha deux croissants qu'il commença à tremper dans son Earl Grey, puis il attrapa un abricot et croqua dedans à pleines dents.

Soudain il capta le regard vairon de Jiji qui fixait Priecia comme s'il cherchait quelque chose de particulier. Il souffla et bouscula le chat du coude. Ce dernier lui envoya un regard froid, Piers s'apprêtait à lui faire une réflexion par télépathie, mais c'était sens compter sur la question de Priecia à laquelle il s'empressa de répondre avec un air décontracté alors qu'il était en train de mentir.

« Non, sinon je n'aurais jamais posé ce jour. »

Le jeune professeur sourit et se sentit légèrement rougir quand elle lui avoua qu'elle aimerait bien profiter de sa présence ce matin. Piers était aux anges, mais le regard sans failles de Jiji vint casser son enthousiasme.
« Tu as un cours à donner, je te rappelle. » le réppréhenda télépathiquement le chat.
Le sorcier fit signe de la main à son camarade de la mettre en veilleuse avant de se concentrer à nouveau sur la belle blonde en face de lui.
La bibliothécaire était adorable quand elle bafouillait, surtout si elle avait les joues roussit comme en cet instant, Piers fondait littéralement sur sa chaise. Il du tout de même se reprendre un peu pour pouvoir lui répondre, mais avant il griffonna un mot sur un billet rouge qu'il donna à Jiji.
« Va donner ça aux élèves de ma classe s'il te plaît, je te promets de te rendre service d'ici peu. » dit-il par télépathie à son chat noir.

« T'as comme intérêt ! » miaula t-il comme réponse à voix haute tout en s'éloignant.

Piers vue que son invité relevait la tête face au miaulement de Jiji. Le sorcier sourit à Priecia et s'empressa de s'expliquer.

« Il va faire une course pour moi... et oui c'est bien lui qui est venu déposer le billet sur votre bureau. »

Le jeune professeur plongea son regard dans le siens, il trouvait ça étrange comme son œil gauche était identique à ceux de Priecia. Effarent. Il la contempla encore un instant avant de continuer de manger ses croissants avec calme.
Soudain il se souvint du poste de musique à ses pieds et le sortie pour le poser sur le bord de la table. Il lança un CD de musique classique où on entendait seulement de la harpe.
Son regard se posa sur son hôte et il rougit un peu gêné.

« C'est pour l'ambiance... j'espère que ça vous plaît, j'ai des goûts musicaux un peu décalés. » lui expliqua-t-il.

Puis il retourna à son thé qui avait vraiment refroidi, il l'avala d'un coup et fit la grimace, c'est vraiment dégueulasse froid. Le jeune professeur regarda Priecia et se pencha en avant tout en soutenant sa tête avec son bras.

« Parlez-moi de vous Priecia, j'aimerais en savoir plus. »

Il lui servit son sourire craquant, charmant et amusant à la fois tout en espérant que c'est ce qu'elle voulait : qu'ils apprennent à mieux se connaître. Piers attendu avec la boule au ventre en priant que tout allait bien se passer, quitte à rester à table jusqu'à midi et pour le reste de la journée.

« Non, sinon je n'aurais jamais posé ce jour.  Il va faire une course pour moi... et oui c'est bien lui qui est venu déposer le billet sur votre bureau. C'est pour l'ambiance... j'espère que ça vous plaît, j'ai des goûts musicaux un peu décalés. Parlez-moi de vous Priecia, j'aimerais en savoir plus. »

La jeune bibliothécaire avait souri lorsqu’il lui avait annoncé que c’était bien ce chat qui lui avait emmené ce billet sur son bureau, et elle se douta qu’il devait en fait avoir un cours à donner qu’il venait de décaler. Après quelques secondes durant lesquelles ils se concentrèrent sur leur assiette, son collègue sortit un poste de musique, et y inséra un CD. Elle le regarda, légèrement surprise par l’air ! C’était bien la première fois qu’elle rencontrait quelqu’un qui aimait la harpe ! Elle lui fit un sourire radieux, mais avant qu’elle ait eu le temps de lui répondre quoi que ce soit, il lui demanda de lui parler un peu d’elle. Elle en perdit presque instantanément son sourire, se demandant bien ce qu’elle pouvait lui dire sur elle-même. Il savait déjà qu’elle était bibliothécaire, qu’elle travaillait ici depuis plusieurs années. Mais par quoi commencer ? Elle resta là un instant, sans rien dire, sur le rythme donné par la harpe dans le poste de musique. Puis elle se décida à commencer par la musique. Après tout, elle adorait cet instrument, et avait même essayé d’en faire quelques années auparavant.
Elle posa son pain au chocolat qu’elle venait d’entamer, s’essuya délicatement les lèvres, prit une dernière gorgée de thé, qui était un peu froid, puis commença sa réponse.

-Vous parlez de moi ? Vous me prenez un peu de court là, mais soit, je vais vous donner ce que vous désirez. Je vais commencer par vous parler de mes goûts musicaux. Vous n’avez pas des goûts décalés, ou alors nous sommes deux puisque moi-même je suis une grande passionnée de la harpe. Il y a plusieurs année de cela, je m’y suis essayer, et je dois avouer que ce n’était pas extraordinaire.

Un petit sourire se dessina sur son visage. Non, ce n’était pas extraordinaire, c’était même totalement catastrophique ! La jeune femme était très douée pour les études, pour l’intellectuel, pour le combat, mais certainement pas pour la harpe ! Elle posa son regard sur l’œil unique du jeune homme, avant de reprendre la parole, soulagé tout de même que le chat ne soit plus là pour la regarder fixement.

-Non, pour être tout à fait honnête, c’était catastrophique. J’ai été renvoyé de chez mon amie qui m’apprenait. Elle ne pouvait rien faire pour moi malheureusement. Il est préférable pour moi d’en écouter plutôt que dans faire. Je trouve que cet instrument produit un son si pur … J’aime aussi beaucoup le violon, mais je ne m’y suis jamais essayé. Je sais d’avance que ce sera aussi catastrophique que la harpe. En fait, je crois ne pas être faite pour faire de la musique …

Elle eut un sourire, dans lequel on pouvait ressentir une pointe d’amertume. Elle adorait la musique et aurait tellement aimé être capable de jouer d’un quelconque instrument. Malheureusement, et elle ne savait pourquoi, elle n’y arrivait pas. Elle avait essayé la harpe, la guitare, le piano, et n’avait été capable que de produire des sons très désagréable à l’oreille. Elle avait donc décidé d’essayer, et lorsqu’elle avait décidé cela, peut lui importait de savoir jouer d’un instrument, elle devait surtout survivre et échapper aux ombres qui la pourchassait. Mais peut-être que maintenant, avec le temps libre qu’elle pouvait s’accorder, elle irait voir le professeur de musique le plus proche et s’y réessayerait. Ou peut-être pas … Elle avait déjà tellement à faire avec sa bibliothèque …
Non, tout ceci n’était qu’une excuse. En fait, elle n’aimait pas être nulle dans un domaine, et cela la frustrait totalement de ne pas savoir jouer d’un instrument ! Alors peut-être qu’elle n’allait pas réessayer, et qu’elle travaillerait davantage pour ce dont elle est capable.
Un miaulement se fit entendre, et le chat se reposta sur sa chaise, tout aussi droit, fixant à nouveau la jeune femme. Mais elle ne quitta pas le regard du jeune homme, essayant tout simplement d’oublier sa présence. Elle continua ensuite de lui répondre, puisque tel était son désir de lui parler d’elle.

-J’ai pendant très longtemps voyagé, et j’ai traversé une bonne partie du monde. J’ai vu des choses si extraordinaires que parfois je doute qu’elles existent vraiment. Mais j’ai aussi vu des choses si abominables, que je préfèrerais qu’elles n’existent pas. Je tenais à cette époque une sorte de carnet de bord, que j’ai conservé à mon arrivé dans cette école en tant qu’élève. Peut-être qu’un jour je pourrais vous le montrer ?

Ses joues étaient toujours bien roses, et cela ne semblait pas vouloir s’atténuer pour l’instant ! Elle venait de lui parler de ce carnet, de ce fameux carnet qu’elle tenait depuis qu’elle savait écrire, et dans lequel elle continuait d’écrire de temps en temps. Y était raconté tous les évènements heureux comme malheureux qu’elle avait vécu, les rencontres qu’elle avait faite, les morts dont elle avait été témoin, avait une mèche de cheveux de Saphire comme dernier souvenir de sa vampire préférée, elle avait une boucle d’oreille offerte par le premier amour de sa vie, le billet de la sortie à la piscine faite avec Suzuki… bref, elle avait sa vie entière étalée dans un bouquin qu’elle cachait et qui était son bien le plus précieux au monde ! Il ne devait certainement pas se rendre compte de la chance qu’il avait qu’elle lui en parle, et surtout, qu’elle lui propose de lui montrer. Il y avait dans ses pages des informations sur elle, sur le développement de ses pouvoirs, sur ses faiblesses comme ses forces. Celui qui tombait un jour sur ce carnet pouvait l’anéantir aussi plus psychologiquement que physiquement. Il pourrait même la tuer …
Elle regarda fixement le jeune homme, toujours un sourire sur ses lèvres, mais on la sentait sérieuse. Et cela se sentit davantage lorsqu’elle reprit la parole, cette fois très sérieusement.

-Mes parents ont été assassinés lorsque j’étais toute jeune. Ma grand-mère l’avait été un peu avant, ce qui fait que je me suis retrouvée seule très vite, perdue dans un monde qui n’acceptait pas le monstre que je devenais. J’ai dû me cacher, c’est pour cela que j’ai autant voyagé. J’étais aussi bien une menace pour moi-même, n’arrivant pas encore à maitriser ce que je devenais, mais également pour les autres, puisque les assassins de mes parents voulaient finir le travail avec moi. Je ne restais jamais dormir dans les villages que je visitais. Un jour, j’étais totalement exténué, je n’avais fait que courir pendant plusieurs jours, et j’ai eu le malheur de m’arrêter cette fois-là dans le village où je m’étais arrêté pour la nuit. Lorsque je me suis réveillée le lendemain, tout le monde était mort, aussi bien enfants, femmes que vieillard. Il m’avait laissé là, pour que je voie de quoi j’étais responsable …

Elle se tut un instant, les yeux pétillants, le sourire disparu. Une larme roula le long de sa joue de pêche. Elle ne savait pas pourquoi elle s’était soudainement mise à parler de ça, mais ça lui faisait tant de bien d’en parler ! Elle se sentait encore si coupable de la mort de ces centaines de personnes ! Peu de personnes avaient eu connaissances de cette histoire, mais malheureusement la plupart n’était plus là pour en parler, pour la rassurer et la réconforter.
Elle passa sa main sur son visage pour essuyer la larme qui avait coulé, et fit un sourire gênée au jeune homme.

-Je suis vraiment désolée, je ne voulais pas plomber l’ambiance …

Elle se tut, et regarda son assiette. Elle n’avait pas eu un passé facile, et personne n’était resté assez longtemps à ses côtés pour qu’elle se sente enfin à sa place. Des amants, elle en avait eu plusieurs, mais ils étaient tous partis, ils l’avaient abandonné, comme sa propre famille. Personne ne pouvait se douter à quel point cette démone toujours souriante avait eu un passé si douloureux qu’il se ressentait encore maintenant, alors qu’elle avait vaincue ses propres démons depuis plusieurs années.

Piers fut tout étonné quand Priecia lui avoua apprécier la harpe et avoir même déjà essayé d'en jouer. Il se pencha en avant et s'appuya la tête sur sa main dont le coude était posé sur la table, il regarda la belle blonde aux yeux émeraudes avec un petite sourire sur les lèvres.
Le sorcier appréciât son sourire à elle aussi. Il sentait bien qu'elle n'était pas une virtuose de la harpe et elle ne tarda pas à le lui avouer. Le jeune professeur vue en Priecia sa déception de ne pas savoir jouer d'un instrument, il y vue aussi une façon simple de la revoir pour lui donner des cours de harpe ou même du violon si le cœur l'enchantait.

Soudain Piers eu l'attention détournée par Jiji qui revenait tranquillement.

« J'ai donné la missive à la petite Jayden, elle a expliqué la situation aux autres. » miaula le chat noir avant de sauté sur la table et de venir se frotter contre son maître.

Piers le caressa un instant avant de se concentrer à nouveau sur Priecia à l'instar de Jiji qui la fixa avec son drôle d'air, le sorcier lui donna un petit coup de coude pour lui dire de cesser d'être comme ça.
Le jeune professeur continua d'écouter la bibliothécaire avec beaucoup d'attention et fut très étonné quand elle lui dit qu'elle serait prête à lui montrer son journal intime, il rougit un peu car c'était beaucoup d'honneur, peut-être même un peu trop. Il fut extrêmement surpris en apprenant qu'elle avait elle aussi était élève à Yokaï... mais il était très peu probable qu'ils se soient déjà croisés, quoique...
Soudain il capta un regard plus sérieux de la part de son hôte, il se redressa et la regarda dans les yeux. Le sorcier ne fit que froncer les sourcils face aux propos de Priecia. Il ne préféra rien dire, la laissant ce dévoiler, santent qu'elle en avait grandement besoin, comme si elle ne l'avait jamais fait au par avant. La belle bibliothécaire fit une pause les yeux pétillants et pleins de larmes, elle en essuya justement une qui roulait sur sa joue. Piers avait l'air grave, il ne savait pas quoi dire, il n'avait pas eu une vie de rêves, mais par rapport à celle de Priecia c'était Disney Land !

Le sorcier s'étira et tendit ses doigts vers Priecia, il attrapa délicatement les siens, comme si ils étaient la chose la plus fragile qu'il n'est jamais eu en main. Il lui sourit tendrement avant de jeter un furtif regard vers Jiji qui semblait observer une chose invisible près de Priecia, le jeune professeur reporta son attention sur son hôte avec un petite sourire triste.

« On a tous une histoire bien particulière pour être entre ces murs, je sais de quoi je parle, j'ai moi même était élèves et je l'ai compris ou terme de deux ou trois ans... Nous avons tous un passé dur, il varie selon les personnes, mais il est là et il fait mal. Priecia, c'est grâce à cet endroit que j'ai réussi à me relever et à voir la beauté du monde, alors vous aussi vous pouvez le faire, ceci est accessible à n'importe qui qui se donne la peine de vouloir y arriver. »

Piers fit une pause et se pencha en arrière tout en lâchant les mains de la belle blonde. Il avait cette fois ci un très beau sourire sur le visage.

« Bon, on va un peu changer l'ambiance ! Je joue de la harpe depuis mes cinq ans ainsi que de l'ocarina depuis quoi... euh... trois ans je crois... Bref, je veux bien t'enseigner à jouer d'un instrument, même si cela pourrait se montrer long et fastidieux. »

Piers se pencha vers elle avec son sourire à faire fondre la calotte glacière et un regard emplie d'espoir.

« On a tous une histoire bien particulière pour être entre ces murs, je sais de quoi je parle, j'ai moi-même était élèves et je l'ai compris ou terme de deux ou trois ans... Nous avons tous un passé dur, il varie selon les personnes, mais il est là et il fait mal. Priecia, c'est grâce à cet endroit que j'ai réussi à me relever et à voir la beauté du monde, alors vous aussi vous pouvez le faire, ceci est accessible à n'importe qui qui se donne la peine de vouloir y arriver.
Bon, on va un peu changer l'ambiance ! Je joue de la harpe depuis mes cinq ans ainsi que de l'ocarina depuis quoi... euh... trois ans je crois... Bref, je veux bien t'enseigner à jouer d'un instrument, même si cela pourrait se montrer long et fastidieux. »

La jeune femme sursauta légèrement lorsque les doigts de son collègue entrèrent en contact avec les siens, ne s’attendant pas du tout à cela. Elle releva ses yeux humidifiés vers son unique œil. Il prit la parole, complimentant le lycée comme étant l’endroit grâce auquel il a pu se relever. Apparemment, lui aussi n’a pas eu un passé si facile… Rien que son œil caché intriguait la jeune femme, qui ne se sentait pas encore capable de connaitre la réponse. Elle-même avait eu de grosses blessures, mais jamais de là à perdre un membre, un œil, ou autre.
Le jeune homme fit une pause dans sa réplique, lâchant la main de la jeune femme qui regarda cette main s’éloigner avec regret. Son contact avait été chaud, doux, et très agréable. Pour rien au monde elle aurait aimé que le contact se rompe, mais il l’avait malheureusement rompu. Il avait tout de même un beau sourire dessiné sur son visage, et la jeune femme prit un plaisir à le dévorer du regard.
Il reprit la parole, lui expliquant que lui aussi jouait de la harpe, depuis plusieurs années déjà, ainsi que de l’ocarina. Il lui proposa également de lui enseigner le maniement de la harpe, tout en sachant que cela serait fastidieux. Il se pencha vers elle, avec un sourire qui fit fondre la jeune homme, et la dota de pommettes encore plus roses. Il semblait impatient d’avoir une réponse, et très certainement positive. Elle lâcha son regard un instant, car si elle continuait à le regarder ainsi, elle allait lui sauter dessus !
Elle posa son regard sur Jiji, qui ne la fixait plus elle directement, mais semblait fixer quelque chose à côté d’elle. Elle tourna la tête, mais ne vit rien. Elle haussa les épaules, puis reporta son attention sur le jeune homme, maintenant que ses joues n’étaient plus autant en feu. Elle posa ses yeux d’émeraude dans celui du jeune homme, et répondit finalement à sa question.

-Vous me feriez un très grand honneur de m’accepter en tant qu’élève. Je suis certaine que j’apprendrais beaucoup plus avec vous.

Elle lui fit un sourire radieux, lui aussi à fondre la calotte glacière, et finit son pain au chocolat sans le lâcher du regard. Son assiette était vide, elle n’avait plus faim, mais elle remit un petit gâteau dans son assiette afin de faire durer le moment un peu plus longtemps. Sa compagnie était très agréable, et elle n’avait pas envie de la quitter. Elle était bien contente d’être venue, même sans connaître son interlocuteur. Et le contact de sa main avec la sienne avait été inattendu, mais très agréable cependant ! Il venait de dévoiler une partie tendre que Priecia avait supposée.
La jeune bibliothécaire prit une dernière gorgée de thé, avant de reposer la tasse sur sa soucoupe. Elle avait rompu le contact physique, mais ne put le supporter plus longtemps, alors elle reporta son attention sur le jeune homme. Il y avait quelques choses en lui d’attirant, et ce n’était pas que son physique, bien qu’il soit des plus beaux que la jeune femme ait jamais vu. Elle avait envie d’en savoir plus, et elle était prête à poser des questions. D’un autre côté, elle était aussi prête à se dévoiler un peu. Autant y aller en douceur. Elle parlait d’elle, et peut-être qu’il parlerait de lui de lui-même.
Elle posa ses mains sur la table, jointes l’une dans l’autre, et plongea son regard dans celui du jeune homme. Elle lui fit un sourire, et prit la parole, bien décidée à lui parler d’elle, mais pas en plombant encore une fois l’ambiance.

-En dehors de la musique, j’aime aussi beaucoup le sport. J’ai fait beaucoup d’athlétisme depuis la mort de mes parents, et depuis que je suis ici je fais partie du club de natation, dont je suis même la représentante adulte. Je m’entraine également énormément au maniement de l’épée, je fais des exercices d’assouplissement, et du yoga. J’ai l’impression d’être dans un autre monde quand je me dépense, dans un monde où il n’existe plus de différence entre humain et monstre, dans un monde ou seul la capacité physique compte.

La jeune femme sourit. On pouvait sentir à sa voix qu’elle aimait vraiment cela. Lorsqu’elle était étudiante, dès qu’elle avait du temps de libre, elle partait s’entrainer des heures dans la forêt, à la piscine du lycée, et partout où elle le pouvait sans risquer de blesser quelqu’un par inadvertance. Elle était vraiment passionnée par le sport, ce qui peut parfois paraitre contradictoire avec la passion pour les livres. Elle était à la fois intellectuelle et sportive, chose assez rare quand on y regarde bien.
Elle fit un nouveau sourire au jeune homme, et attendit une quelconque réponse.

Spoiler:

Piers apprécia le sourire tout comme la réponse positive de Priecia vis à vis de sa proposition pour lui enseigner un instrument de musique.
Le sorcier observa son hôte prendre une chocolatine et la déposer dans son assiette vide, il sourit car il savait bien pourquoi elle faisait cela même si elle n'avait plus faim. Piers attrapa un pain aux raisins et le posa devant lui. Le jeune professeur commença à émietter la viennoiserie pour en donner des boulettes à Jiji, qui semblait apprécier.

Piers savait le regard de Priecia posé sur lui, il n'osait plus lever la tête vers elle de peur de s'embrasser. Il attrapa la cuillère de son thé noir aux effluves de rose et de jasmin, il commença à touiller le breuvage d'un geste laconique.

Le sorcier sentie la jeune femme blonde en face de lui bouger, alors il releva les yeux avant de sentir son regard happé par celui de Priecia. Le jeune professeur se retint de baver en voyant le sourire de la bibliothécaire ; elle était vraiment magnifique, à tomber.
Piers se reprit tant bien que mal en se redressant et en abordant un fin sourire.

Il l'écouta parler du sport et du fait qu'elle se sentait bien en se dépensant. Le sorcier trouva étrange que quelqu'un ayant un aussi bon intellect soit aussi très sportif. Piers s'imaginait bien Priecia entrain de faire des étirement et d'en même temps lire un vieux et bien gros bouquin. Cela le fit encore plus sourire, il jeta un furtif coup d’œil à Jiji qui s'était installé contre lui la tête entre les pattes. Le sorcier haussa des épaules avant de reporter son attention sur la belle bibliothécaire.

Piers inspira et rendit son sourire à Priecia avant de l'ouvrir :

« Je ne dirais pas que je suis sportif comme vous, j'irais peut-être faire un petit tours à la piscine un de ces quatre ~clin d’œil~, mais j'affirme savoir courir et nager ! »

Il se mit à rigoler avant de reprendre plus calmement, mais avec toujours ce sublime sourire des plus éblouissant :

« Pour me détendre je préfère de loin siroter un thé onctueux avec des gâteaux aux gingembre et un bon bouquin, je ne suis vraiment branché étirements... mais après c'est très certainement quelque chose d'agréable. »

Piers bu une gorgé de son thé tout en lançant un regard enflammé à Priecia. Il reposa la tasse et reprit de plus belle, il est du genre loquace :

«  Par contre, par contre... je sais me servir d'une lame, du moins d'un sabre ainsi que des armes à feux. Je ne vous cache pas que j'aimerais bien voir un jours qu'elle genre de fine lame vous cachez au plus profond de votre être. »

Le jeune professeur sourit un instant, hésitant à lui parler de sa condition de pirate et du fait que c'était un rêve. Il rougit un peu et se lança sans quitter une seconde le regard de Priecia, il se mordilla même la lèvre inférieure :

« Un autre monde où il n'existe pas de différences... Je connais ce genre de monde. Depuis que je suis un tout petit gars, aussi loin que je puisse m'en souvenir, j'ai toujours voulu devenir un pirate, mais un vrai pirate, ceux qui cherchent des trésors avec des cartes en parchemins. Bref... un jours j'ai réussi à tomber sur ce précieux et idéal auquel je souhaitais tellement accéder... Mais cela ne doit pas vous intéresser. »

Il se tue et c'est en baissant la tête qu'il croisa le regard de Jiji qui semblait désolé que Piers soit un si parfait abrutit. Le sorcier releva la tête et fixa de son unique œil Priecia, attendant une quelconque réponse.

Piers écouta avec attention l'histoire de la belle bibliothécaire blonde en face de lui, il fut même étonné que Priecia, une femme qui paraissait fragile aux premiers abords a pu souhaiter un jour suivre les traces de ce bon vieux Indiana Jones. Mais ce qui surpris encore plus le rouquin c'est que la jeune femme était intéressé par son histoire à lui ! Il n'en croyait pas ses oreilles ni ses yeux aux passages et il sentit ses joues se mettre à roussir quand il constata que la blondinette le dévorait du regard. Le sorcier baissa un instant les yeux pour reprendre contenance avant de relever la tête et d'offrir à Priecia un sourire franc agrémenté d'un regard chaleureux.
Piers se racla la gorge et il commença :

« Et bien... comme je le disais précédemment, devenir un pirate était un rêve que j'avais depuis tout petit, ce n'était pas juste un rêve futile, non j'y croyait vraiment. Je n'ai jamais cessé d'y croire, même quand j'étais étudiant ici à Yokaï et c'est justement quand je suis sortie de l'enseignement que j'ai réussi à atteindre cet chance de devenir un pirate un vrai. J'étais en Louisiane aux États-Unis et j'errais sur les docks quand j'ai rencontré Jiji. Je serais un menteur si je ne disais pas que je lui dois tout. Oui aussi étrange que cela puisse paraître, c'est ce jeune chaton qui m'a conduit au Black Princess qui est un magnifique trois mâts et son capitaine n'est autre que Sam le Rouge, un bonhomme pleins de mystères. Je suis resté environs deux ans sur ce rafiot avant de devoir le quitter pour raison personnelles... après quoi, avec l'aide de Jiji, de femmes et d'homme, j'ai pu monter mon propre équipage et mon propre navire s’appelant Revenge Of Peace. J'ai sillonné pas mal de mers avant de devoir revenir à Yokaï sous les conseilles d'une amie qui m'a fait intégrer le corps enseignant... »

Le sorcier s'arrêta et il reprit son souffle. Piers n'avait pas tout dit, il était resté dans le flou sur certains passage de son histoire, il aimait bien laisser planer le suspens sur sa vie et dans tout ce qu'il faisait.
Soudain son regard se posa sur la pendule du réfectoire, il réprima une grimace en voyant l'heure, mais cela ne l'empêcha pas de continuer de sourire à Priecia.

Spoiler: