Ce lycée n'est pas normal. Comme proposé par la direction, il s'y passe des choses... surnaturelles. Bien que je déteste l'utilisation de ce terme, je n'en voies pas d'autres. Tous les êtres qui sont présents semblent renfermer en eux un secret profondemment enfoui. J'ai aussi assister à des phénomènes que je peine à expliquer. Ici et là, des flash de lumières, des choses qui apparaissent ou qui disparaissent. Pour les élèves comme pour les professeurs, cela semble normal... J'aI cependant de la difficulté à garder un visaeg impassible face à ces manifestations...

Mitsuki referma son calepin et appuya sa tête contre le mur. Le calme, enfin. L'endroit n'était certes pas du plus grand chic, mais il était simple et surtout, silencieux. Elle l'avait découvert au cours d'une de ses nombreuses explorations du lycée. C'était un viel entrepôt désafecté, à la limite du dangereux. Pourtant, la jeune fille aux cheveux roses y avait trouvé un certain charme. Elle en avait donc fait son repère secret, puisque son appartement, bien que d'agréable compagnie, était souvent trop bruyant à son goût. Elle s'installait tout au fond de l'entrepôt et, son calepin sur les genoux, écrivait ses rapports et ses états d'âme.

La porte grinca dans un craquement sinistre, laissant passer une fine tranche de lumière à l'interieur de l'entrepôt. Surprise, Mitsuki le leva avec hâte et alla se réfugier derrière un ammoncellement de caisses. Ses yeux scutèrent la pénombre et se posèrent sur le visiteur, un jeune homme au yeux et aux cheveux bruns. Étrangement, il semblait tout aussi surpris qu'elle. Le vacarme de la porte l'avait probablement effrayé lui aussi... Il ne semblait pas dangereux, mais la jeune fille restait sur ses gardes: beaucoup de gens dans ce lycée paraissaient innofensifs et pourtant... Son regard dériva jusqu'à l'endroit ou elle était précedemment assise, et elle dût se mordre la lèvre pour ne pas sursauter d'effroi: son calepin, contenant ses secrets d'humaine ainsi que le contenu de sa mission était toujours là, à la vue de quiconque se tenant à moins de trois mètres! Comment avait-elle pu être aussi négligeante?

Mitsuki observa le garçon entrer avec précautions à l'interieur du bâtiment. Il regardait tout autour de lui, comme s'il cherchait quelque chose. Elle retint son souffle, soucieuse de faire le moins de bruit possible, puisque le visiteur s'approchait de plus en plus d'elle. Soudain, un voix retentit et le jeune homme sursauta violemment et perdit pied. Il s'étalla lamentablement au sol, face contre terre. Décidemment, en comparaison avec les autres gars de l'école, forts et sûrs d'eux-mêmes, celui-ci faisait presque pitié. S'il était un puissants monstre sanguinaire, il le cachait effroyablement bien.

Le voix causait plus de problèmes. Son ton n'était pas menacant, bien qu'un peu condescendant. Pourtant, Mitsuki ne put retenir un frisson lorsqu'elle l'entendit. Cette voix était la froideur même. Elle pouvait presque sentir un vent glacé souffler au dessus de sa tête. Quoi qu'il en soit, le garçon se redressa lentement et se rapprocha de la porte, de façon à pouvoir voir le détenteur de la voix de glace. Ce qu'il vit ne devait pas sembler trop terrifiant, puisqu'il était toujours là, et que sa voix était relativement calme lorsqu'il lui présenta ses excuses. De peu qu'elle avait lui de lui, il aurait probablement décampé face à un gigantesque troll ou quelque chose du genre. Pouvait-elle réellement la blâmer?
Pour sa part, Mitsuki ne pouvait toujours pas voir la personne qui avait parlé, mais grâce au ton de la voix, elle déduit que c'était une femme, ou du moins une fille. Bien que cela l'irritait, elle ne put s'empêcher de passer outre la pasrtie pratique de la chose: si elle ne voyait pas le femme, la femme ne lal voyait pas. La fille aux cheveux roses se déplacea donc tout doucement sans faire de bruit pour récupérer son calepin, qu'elle rangea dans sa poche. Eh voilà, ni vu ni connu. Restait à trouver une façon de sortir de cet endroit, mais rien ne pressait: a moins qu'ils ne décident d'entrer dans l'entrepôt, Mitsuki n'avait qu'à attendre qu'ils s'en aille, ensemble ou séparemment, pour prendre la fuite à son tour. Elle se blâma encore une fois mentalement de ne pas avoir été plus prudente: si le garçon n'avait pas été surpris par cette voix, elle aurait été cuite.

Mais bon, l'essentiel était qu'elle avait récupéré le carnet sans être vue...

Le peu de lumière présente disparu lorsqu'un bruit sourd résonna dans la salle. Il y avait maintenant deux possibilités. Soit les deux autres étaient partis en refermant la porte derrière eux soit... ils étaient entrés. Cette alternative était légèrement moins alléchante. Pourtant, considérant le froid inhabituel qui règnait dans la pièce, elle était largement plus plausible. Mitsuki entendit un chuchotit et, profitant du fait que l'attention soit ailleurs, jetta un coup d'oeil en direction de la fille et du garçon.
De ce qu'elle pouvait voir, la fille était plutôt grande, et assez mince. Tout dans son attitude exprimait la confiance, même la machonnement régulier de ce qui semblait être une sucette. Pour sa part, le garçon avait finalement cessé de se masser la tête. Son attitude avait passé de la gène à la rage losqu'il reprocha à la fille de lui avoir fait peur.

"Y'a-t-il un quelconque pignouf dans cette salle? Houhou? Allez, j'vais pas vous manger, j'aime que les sucettes."

Mitsuki resta figée, surprise. Il était plutôt improbable qu'elle l'ait appercue, lorsqu'elle s'était déplacée tout à l'heure, et sa position actuelle ne lui permettait pas de voir grand chose non plus...
Sans crier gare, le tourna la tête vers la pile de caisse où se trouvait Mitsuki, qui n'eut d'autre choix que de se plaquer contre celles-ci dans l'espoir de ne pas avoir été vue.

- Qui est là? Montrez vous!!

Eh merde.

Cette fois, elle était repérée. Et à entendre le ton de sa voix, le garçon maladroit n'était pas de très bonne humeur... Et puisque rage est égale à adrénaline et qu'adrénaline est égale à puissance, il était plus dangereux encore de l'affronter, surtout s'il se révèlait être un monstre... Et même si lui ne l'était pas, la fille en était un à coup sûr... Il valait mieux jouer les pacifiques.

Lentement, Mitsuki sortit de sa cachette et enleva sa capuche afin qu'ils puissent la voir. Elle marcha de bon prudent mais ferme et s'arrêta à quelques mètres du duo. Elle tourna la tête vers le garçon et lui sourit, de la façon la plus amicale qu'elle le pouvait.

- On se calme. Loin de moi l'intention de vous espionner. Il se trouve que je piquais moi aussi un somme quand t'as essayé d'arracher la porte à mains nues... Cet entrepôt n'est pas connu que de ta personne, tu sais?

Mitsuki accepta les excuses du jeune homme d'un hochement de tête accompagné d'un sourire. Voilà, cette menace semblait écartée pour un moment. Il s'était calmé, et semblait même prêt à entamer une conversation.

*Sympathique mais imprudent...* pensa-t-elle. En effet, abaisser sa garde de cette façon était d'un danger mortel. Avoir été un monstre en quête de gens à attaquer, elle aurait probablement sauté sur l'occasion. Heureusement pour lui, elle faisait elle aussi dans la sympathie. Elle s'adossa à ses côtés pour discuter avec lui... et garder un oeil sur la fille aux cheveux mauves.

-J'imagine qu'ils voulais surtout éviter de trop grands rassemblements ici... L'endroit n'est pas dangereux et même plutôt agréable lorsqu'on est seul, mais j'imagine mal une troupe de cent élèves saouls et braillards ressortir d'ici tous en un seul morceau...

Elle ne semblait pas se soucier d'eux. Elle flânait par-ci par-là, explorant les lieux lentement. Aucun danger dans l'immédiat.

Enfin, c'est mon avis... Je ne voies cependant pas pourquoi ils ne l'ont pas démoli ou bien transformé en autre chose de plus utile.

La noirceur avait enveloppé l'autre fille, la masquant à la vue de Mitsuki. Il fallait maintenant deviner ses déplacements...
*Eh, relaxe. Ce ne sont pas tous les élèves qui sont des monstres sanguinaires! Respire un peu!*
N'empêche... ne valait-il pas mieux être prudente?
*Ce n'est plus de la prudence, mais de la paranoïa*
D'accord, mais il reste quand même un détail à régler.

Mitsuki se tourna vers le garçon en lui tendant la main.

Pardonne mon impolitesse, je ne me suis pas présentée. Je suis Mitsuki. Puis-je savoir à qui j'ai honneur et la raison de ta visite dans cet Ô combien prestigieux entrepôt?

Un moment passa avant que Mitsuki obtienne une réponse et lorsqu'elle arriva, ce ne fut de la bouche du garçon comme elle s'y attendait, mais du fond de la pièce, de celle de la fille, qui disait s'appeler Mizore et être une reine de glace.

*Bah voyons, une Reine de ... *

L'entrepôt se remplit de fleurs magnifiques contituées de glace si pure qu'on aurait dit du crystal. Voilà qui était interessant et particulierement impressionnant. C'était la première manifestation directe de pouvoirs à laquelle Mitsuki assistait. Cette fille n'avait vraisemblablement que faire du règlement et n'avait pas froid aux yeux! Ou bien elle était simplement folle. Mais l'option paraissait peu probable. Mitsuki comme son compagnon semblaient fascinés par les fleurs. Pourtant, l'humaine se reprit rapidemment en main: paraître ébahie devant de simples fleurs de glace ne devait pas être très courant dans le monde des monstres.
Le garçon sortit un instant de sa trance pour se présenter. Il disait s'appeler Aono Tsukune. Puis il retourna comtempler les fleurs. Mitsuki ne put s'empêcher de laisser échapper un léger rire. Il était là, à tendre la main vers les végétaux feints, les yeux grands comme des soucoupes. Il sortit une sucette rosée de sa poche et la porta à sa bouche. Les sucttes étaient à la mode, ici! Malheureusement, la jeune fille n'en avait pas sur elle.
Elle reporta son attention sur la fille de glace. Elle pouvait apercevoir une partie de son visage du fond de la pièce. Un sourire taquin se dessinait sur ses lèvres. Mizore semblait fière de son effet! Mitsuki l'aimait bien. Elle avait rarement croisé au cours de son chemin quelqu'un qui semblait se ficher à se point de se que pensent les autres, et cela lui plaisait.

-Impressionnant, le petit tour de magie! Ça fait longtemps que tu viens ici, Mizore?

Pour la première fois depuis son arrivée au lycée, Mitsuki se sentait paisible. Elle était dans un endroit quasi-désert, avec pour compagnie deux personnes qui ne semblait vraisemblablement pas vouloir la tuer. Un peu plus et elle pourrait les qualifier… d’amis. La jeune fille sourit à cette pensée. Oui, cela était possible.
Mizore répondit à sa question soulignant, elle aussi, le fait que tout le monde vivait encore. Comme quoi cela devait être chose courante que quelque perdre la vie en ces lieux… La fille à la sucette éclata de rire, et Mitsuki l’imita de bon cœur. Elle se tourna vers Akito pour voir sa réaction. Son visage était illuminé d’un sourire, mais pas à cause de la conversation. Il était totalement fasciné par les fleurs de Mizore, et semblait avoir un plaisir fou à les prendre dans sa main.

Le rire au fond de l’entrepôt cessa soudainement, cédant sa place à un feulement à peine audible. Le temps que Mitsuki mettent tous ces sens en alerte, une clarté éblouissante envahit la pièce, l’obligeant à se protéger les yeux de son bras et l’aveuglant momentanément. Elle se retourna pour voir la situation d’Akito. Il avait disparu, tout comme les fleurs qui avaient fait son bonheur un instant auparavant. Avait-il donc des pouvoirs en fin de compte? Dressant l’oreille, Mitsuki l’entendit détaler dans les profondeurs de l’entrepôt. Pas de pouvoirs, mais en lieux sûrs.

En lieux sûrs contre quoi, d’ailleurs?

La panique enserra momentanément le cœur de Mitsuki, et elle se retourna. Elle aperçu un homme gigantesque, doté de la carrure d’une armoire à glace. Il portait un long manteau noir et ses yeux, deux petits points dans son visage immense, lançaient des éclairs mauvais. Elle eut le temps de remarquer ses mains grandes comme des battoires avant qu’une de celles-ci de lui assène une baffe monumentale, l’envoyant rouler quelques mètres plus loin.
Le choc fut brutal. Étendue par terre, Mitsuki ouvra les yeux péniblement. L’homme avait bougé, la croyait probablement assommée. Qui était-il? Que voulait-il? Quoi qu’il en soit, il se dirigeait maintenant d’un pas décidé vers l’endroit où se trouvait Mizore quelques instants plus tôt. À moins qu’elle ne se soit elle aussi enfuie, le mec lui tomberait dessus à coup sûr. Et s’il la frappait comme il venait de frapper Mitsuki, aucun doute qu’elle s’écraserait sur le mur tout près.

Mitsuki se releva, et fit la chose la plus stupide –mais la seule- qui lui passa par l’esprit. Elle pris une roche au sol et la lança de toute ses forces à la tête de l’homme.

- Hey toi!

«Touché!» Pensa Mitsuki lorsque son projectile atteignit le colosse en pleine nuque. Sa joie fut cependant de courte durée. Le géant ne semblait pas avoir souffert outre mesure de l’impact. En fait, il semblait simplement furieux. Plus furieux que l’instant d’avant, si cela était possible. Le seul point pouvant être considéré comme positif, c’est qu’il s’était retourné. Mizore était donc, pour les prochaines secondes, en sécurité. Sur le revers de la médaille, le mastodonte en avait de nouveau après elle, et elle ne résisterait pas à une nouvelle baffe. Il s’élança, tel un taureau chargeant le matador. Malheureusement, Mitsuki ne disposait d’aucun voile rouge pour détourner son attention, et elle n’aurait pas le temps d’atteindre son couteau avant qu’il ne la réduise en bouillie.

‘’ Baisse toi!’’

Mitsuki ne se le fit pas dire deux fois. Elle se jeta par terre et roula sur le côté. Une barre de glace apparue dans les airs, percutant le géant à la tête et le faisant s’écraser par terre dans un bruit sourd. Intérieurement, Mitsuki se félicita de l’avoir écoutée. Elle leva aussi les yeux vers Mizore, espérant pouvoir la remercier. Ou plutôt, les remercier. Car il y avait maintenant deux filles à sucette dans l’entrepôt. Elles étaient identiques en tous points. Celle de gauche s’adressa à elle, lui demandant si elle possédait mieux que des cailloux pour se défendre. Malheureusement, les seuls objets que transportait Mitsuki en ce moment étaient un calepin et un canif. Le premier était clairement d’aucune utilité. Tant qu’au second, il lui serait utile si elle avait à se défendre de nouveau au corps à corps, mais sans plus. Lorsqu’elle chercha de nouveau Mizore du regard pour lui indiquer qu’elle n’avait rien, elle eut la surprise de voir quelque chose de totalement différent à sa place.
La chose ressemblait assez à la Mizore qu’elle connaissait. Même taille, même visage. Le hic se situait principalement dans ses cheveux et dans ses mains, si toutefois ces-dernières pouvaient encore avoir l’appellation de mains. Car au lieu des dix doigts habituels se trouvaient deux énormes serres de glace, semblant prêts à trancher toute matière, organique ou non, s’approchant trop près d’eux. Ses cheveux n’étaient plus les paisible cheveux violets que son clone abordait toujours. En effet, ils étaient maintenant eux aussi de glace, et semblaient animés par leur propre volonté. Oh, et elle n'avait plus de sucette. Elle semblait prête au combat, ce qui raviva la flamme de l’espoir chez Mitsuki.

Alors qu’elle s’apprêtait elle aussi à combattre aux côtés des deux Mizore, un mouvement à sa gauche attira son attention. Tsukune était de retour, et pas qu’un peu. Une expression résolue sur le visage, il chargeait l’ennemi avec dans les mains une sorte de bâton. Mitsuki s’accorda un sourire jusqu’au moment où elle comprit que le garçon n’attaquait pas le colosse, mais bien le double de Mizore. Il n’y avait pas mille et une possibilités. Soit il n’avait pas vu le géant, ce qui serait plutôt étonnant, considérant qu’il détalait dans les couloirs quelques instants, soit il croyait que cette chose était assez intelligente pour produire un double de Mizore, ou soit il était de mèche avec le mastodonte.

Vraiment, il était difficile de déterminer quelle option était la plus ridicule.

Quoi qu’il en soit, il était arrivé à la hauteur de son ennemi et l’avait frappé de son gourdin improvisé. Le double avait dû prendre cela pour une attaque –et c’en était une–, car il empoignait maintenant Tsukune fermement à la gorge.

«Ça va pas? cria-t-elle à l’adresse du garçon, Je crois qu’un a déjà assez de problèmes comme ça, si en plus tu dois t’attaquer a nos alliés, on n’est pas sortis d’ici!»

La situation était la suivante : Le gros monsieur se relevait péniblement et se dirigeait de nouveau vers Mizore, qui semblait plutôt prête à le recevoir. Quelques mètres plus loin, le clone était en train d’étrangler Tsukune, qui l’avait assommé avec ce qui se révélait être un manche à balai ou du moins, ce qu’il en restait. La première chose à faire était de s’armer. Mitsuki sortit donc son couteau de sa cachette. Voilà qui était mieux. Maintenant, soit elle s’attaquait de dos à l’homme, soit elle allait secourir Tsukune, et par le fait même, attaquer le clone, qui ne semblait pas prendre pleinement conscience de qui était l’ami et qui était l’ennemi. Donc, danger des deux côtés. S’il était possible de faire comprendre au clone que l’ennemi ne résidait pas en celui qu’il était sur le point de tuer…

D’une course circulaire, Mitsuki bouscula le double, le faisait lâcher prise et tomber dans les pattes du gros. Ainsi, l’attention du gros était détournée un instant et, avec un peu de chance, le double le prendrait un instant pour l’ennemi. Ensuite…

Il faudrait improviser.

Mizore se débrouillait de façon remarquable. Lorsqu’un pieu de glace se planta dans sa cuisse, le balourd hurla de rage, de la salive écumant au coin de ses lèvres. Mitsuki s’attendit à le voir s’écrouler. Quel homme pourrait tenir debout avec une telle blessure à la jambe? Pourtant, le monstre resta sur ses deux immenses jambes. La jeune fille en comprit bien vite la raison : ce n’était pas un homme. Dans un cri monstrueux, il banda ses muscles et déchira ses vêtements. Sa peau se couvrit d’une épaisse fourrure brune et humide. On pouvait presque sentir les effluves de moisissure s’en échappant. Son corps en entier pris de l’expansion dans un craquement sourd. Des bottes recouvraient maintenant ses pieds, leur donnant un aspect circulaire. Il fit quelques pas vers Mizore, et on entendit clairement le son creux de sabots sur le sol de pierre. Mitsuki comprit alors ce à quoi ils avaient affaire – même si elle peinait à se l’avouer. Relevant la tête, elle vit ses craintes confirmées : sur les épaules poilues trônait une tête de taureau, avec un anneau doré entre les naseaux et surmontée de cornes surdimensionnées.

«Un minotaure. Fabuleux.»

Il fallait réfléchir. Et vite. Leurs armes les plus puissantes étaient sans aucun doute les pieux de glace de Mizore. Pourtant, ils n’avaient pas fait effet sur l’homme-taureau. Il nécessitait donc de trouver une nouvelle solution.

«Petit petit, viens, pour aujourd'hui, je serai ton Thésée !»

Le minotaure frappa la fille de glace, l’envoyant valser au loin. Mitsuki entendit le pas lourd du monstre avancer vers sa victime.

Une nouvelle solution, et vite.

Une lumière surgit dans son esprit. Que venait de dire Mizore? Thésée, bien sûr! Si le minotaure existait, la légende devait bien exister elle aussi… Minos, le labyrinthe, Thésée…
Mais Thésée avait vaincu le minotaure à l’épée, non? Oui, mais pas seulement… il manquait un détail, Mitsuki le savait. Si elle pouvait mettre le doigt dessus…

Tsukune surgit de nulle part, tentant d’assomer le monstre à l’aide de son manche à balai. Malheureusement, son coup ni fit pas mouche et il alla rejoindre Mizore dans un vol plané.

«Allez, réfléchit! Tire avantage de la situation. Où te trouves-tu? »

Elle avait beau se motiver mentalement, Mituski ne trouvait rien. Elle ne trouva rien de mieux à faire que d’ouvrir une des boîtes de l’entrepôt. Avec un peu de chance, c’était un hangar d’armes…

Elle déchira un carton et…

Des chandelles.

Mitsuki crût que tout était perdu. Ils étaient trois adolescents, blessés, enfermés dans un entrepôt insonorisé, face à un minotaure faisant au moins huit pieds de haut.

Tsukune se précipita de nouveau devant le monstre, tentant de servir d’appât. Mitsuki ne pût qu’admirer son courage. Cependant, c’était peine perdue. Il se ferait de nouveau balayer et cette fois, cela lui serait fatal. Elle ferma les yeux et se concentra une nouvelle fois.

«Minos, labyrinthe, Thésée, des chandelles, Minos, labyrinthe, Thésée, des chandelles… Ariane!»

Ça y était! Ariane, la fille de Minos et donc la demi-sœur du minotaure, avait donné à Thésée, dont elle était tombée amoureuse, un fil pour retrouver son chemin dans le labyrinthe de Dédale ainsi qu’une boule de cire pour jeter dans la gueule de son monstre de frère. L’histoire ne disait pas si cela avait été très efficace, mais ça valait la peine d’essayer.

«Les chandelles! hurla-t-elle en accompagnant d’un premier lancer ses paroles. Ouvrez les cartons et jetez-lui des chandelles dans la gueule! »

Soit la cire lui était fatale, soit cela l’enragerait au point de le déconcentrer et ferait de lui une cible facile soit…

Cela ne ferait rien du tout et ils mourraient tous les trois dans d’atroces souffrances.