Adam était fatigué. Traits tirés, regard morne, vêtements usés, dents grinçantes. Il avait dormi moins de quatre heures sur deux jours consécutifs, et était à fleur de nerf, à fleur de peau. Seul l'énorme steak qu'il avait avalé le midi précédent le tenait encore debout, il était dans un état tel qu'il aurait pu décapiter le premier humain à peau un peu grasse pour se l'enfiler. 

Il avait laissé Dehvi derrière lui. A Nagoya, chez un "ami" qu'il avait identifié comme étant un monstre. Il n'avait aucune idée de sa nature, ni aucune idée de sa dangerosité, mais il lui avait donné confiance avec sa grosse bidoche et son air jovial. Et puis, il devait retourner au lycée. Il n'avait pas vu Vika depuis des mois, il n'avait reçu aucune nouvelle parce qu'il n'avait donné aucune adresse. 

Sans permis, sans voiture, sans énergie pour courir, il s'était résolu à y aller à pattes. A pied, marchant, traînant, passant par une phase d'auto-stop, trop rare. On le fixait avec inquiétude, étonnement, on le traitait de violeur, on le regardait de très loin. Il était trop sale, trop odorant, trop roux, trop borgne. Il avait fini par perdre patience. Avec l'argent  qu'il lui restait de la pizzeria, il s'était offert une tente, une grande barquette de viande et s'était installé sur la plage. Sous une vieille couverture dégoûtante, blotti dans un coin, il chauffait pour s'endormir en écoutant au loin les rouleaux se fracasser sur le rivage. L'hiver était très clément au Japon. Il n'avait pas froid - il n'avait jamais froid - mais il ne se sentait pas rassuré.
 
Ses sens étaient en éveil, et à côté de cela, il crevait d'envie de s'endormir. Son nez était en retrait, à cause de sa propre odeur. Il savait qu'il allait dans la bonne direction, mais n'avait aucune idée du temps qu'il lui restait avant d'atteindre l'arrêt de bus. Alors, il n'avait qu'à dormir. Et recommencer à marcher. 

Un odeur âcre, acide, forte le tira de son sommeil. Et avec elle, l'écoulement régulier d'un fin filet d'eau proche de lui. La marrée ? Non. Il avait planté sa tente trop loin. Il respira, se leva, et l'odeur d'urine le frappa. Elle saisit son égo de mâle dominant entre les effluves humiliantes de sa marque et le piétina sans aucune forme de pitié. La colère refit surface, et le poussa à se lever. 

Deux humaines. Jeunes. Ils sentaient le cannabis. L'alcool. Les boissons énergisantes. Et un peu plus loin, le gel douche, les frites et... le steak. Oh. Des viandes alcoolisées sur pattes. 

??? : Il est debout, on décarre ! 
??? : Haha, clodo pourri, va dormir ailleurs !

Provocation. Réaction. Adam se jeta sur le premier adolescent, lui enfonça la tête dans le sable. Il se servit de son bassin comme d'un tremplin, et applatit la tête du second entre ses grosses mains avant de s'asseoir sur son dos. Le coeur battant, l'oeil aguerri, en colère, prêt à mordre, il retint un grognement qui le trahirait. 

??? : Hé, laisse-le !
Adam : Je lui fais les poches, et je vous laisse partir. 

S'affairant, il fouilla les poches arrière. Le sweat. La casquette. Rien. Il jura, tira sur le col de sa veste. 

Adam : Donne-moi ton argent. 
??? : Casse-toi putain. Tu sens la..gargl...
Adam : Ton...argent. J'ai faim. Donne-moi de quoi MANGER ! 

Un rugissement sans maîtrise. Un spasme de l'âme. Ses sens qui reprenaient le dessus. Adam écarquilla l'oeil, sentant sa victime se figer, et tourna juste le coin de l'oeil pour toiser le second. Il affichait un sourire... malsain. Calculateur. Sûr de lui. 

??? : Je te l'avais dit. C'en est un. 
??? : Je voulais pas te croire mais... oui. C'en est un. 

Un craquement. L'odeur du sang. Adam sentit le corps trembler sous son poids, et sa gorge s'assécha brutalement. Déformant son être de tout son long, l'homme à casquette se couvrit d'écailles luisantes. Sa colonne vertébrale lentement muta en une suite d'épines qu'il évita de justesse. Sens en éveil, la peur le secoua. L'instinct de conservation. La survie. Et puis, il jeta un regard alentour. Il avait choisi une plage isolée, à au moins un kilomètre de la première ville. Le seul moyen de parvenir jusqu'à lui aurait été soit de le suivre... soit de le voir depuis les hauteurs. C'était parvait. La côte. Le sable. Deux monstres qui avaient cherché à l'humilier. 

Il allait les saigner. 

[HS : Un grand reptile à crête ! Je te laisse le choix du second héhé]

Neko avait décidé de prendre quelques vacances loin du lycée. Les récents évènements auxquels elle avait assisté et participé la rendaient un peu trop "visible" à son goût, si bien qu'elle décida pendant la période hivernale de s'échapper quelques temps. La jeune femme n'aimait pas la foule, et elle dût faire un gros effort pour ne tuer personne pendant son escapade. Les gens... Tous enjoués par les fêtes de fin d'année, qui s'agglutinaient pour admirer les décorations clinquantes dans les rues, ou pour être parmi les premiers à acheter le dernier objet le plus high-tech à offrir... Ecoeurant.

L'élémentaire avait donc décidé après quelques jours d'errance en ville, de s'exiler plutôt vers le bord de mer, afin de ne plus avoir les nerfs irrités par ces humains méprisables. Elle avait trouvé un coin sympathique et plutôt calme, loin du tumulte incessant de la population urbaine, où elle n'était dérangée que par le bruit de la mer ainsi que celui de quelques adolescents venus faire la fête sur la plage le samedi soir.

Ce soir là, elle profitait du calme et de la douceur nocturne pour se détendre, allongée sur le sable, quand elle entendit un vacarme inhabituel. Le bruit ne l'indisposa pas au début... Mais quand il commença à s'éterniser, Neko ouvrit les yeux, insultant de tous les noms ceux qui avaient osé troubler son moment de détente, puis elle se leva, prête à en prendre un pour fracasser les autres. Bien évidemment, quelle ne fut pas sa surprise quand elle découvrit un jeune homme - qui vu son attitude physique et au combat semblait être un loup-garou - aux prises avec une sorte de lézard géant accompagné d'un mage maîtrisant l'eau. La jeune femme haussa les sourcils et les observa quelques secondes. Plusieurs choix s'offraient à elle: 1. Ne rien faire et aller dormir plus loin, 2. Aider le loup-garou, 3. Aider les deux autres. Elle dégagea rapidement la première option, adorant la baston plus que quiconque elle n'allait décemment pas refuser un combat, seulement, de quel côté se ranger? Neko choisit la facilité... " Plouf plouf, ça-se-ra-toi-que-j'ai-de-rai-au-bout-de-trois, un deux, trois. ". Son doigt était pointé vers le garçon aux longs cheveux roux, et elle en fut ravie: autant avoir deux adversaires qu'un seul.

" Salut les ptits loups ! Je vous dérange peut-être? Parce que pour tout vous dire... Moi vous me dérangez en fait. "
" Qu'est-ce qu'elle veut la donzelle? Rentre chez toi petite, c'est pas un combat pour les filles ici " lança le lézard.

Le regard de Neko s'assombrit. La pauvre petite bête avait mal choisi ses mots pour s'adresser à elle. En un éclair, la jeune femme avait bondi sur le reptile, et lui avait balancé son poing recouvert d'écailles métalliques en plein dans la mâchoire. Il valdingua un peu plus loin, atterrissant lourdement dans le sable. Sans même se tourner vers lui, elle lança au jeune homme aux longs cheveux:

" Occupe toi du truc magique. Moi je fume le reptile. "

Sa voix était glaciale, tout comme son regard. Elle s'avança lentement vers son adversaire, qui venait de se relever avec peine. Un sourire se dessina sur le visage de la jeune femme. Un sourire que personne n'aimerait voir de sa vie...

(HS: Un mage ça te convient ? :P)

??? : Salut les ptits loups ! Je vous dérange peut-être? Parce que pour tout vous dire... Moi vous me dérangez en fait.

Adam, de concert avec les deux autres monstre, resta figé un instant dans sa position. Campé sur ses grandes jambes, dos vouté, gorge grognante. Il suivit de son oeil unique la jeune demoiselle qui venait de s'introduire sur leur plage. Petite, l'oeil bleu, des couettes dignes d'une pompom girl. Et bien. Si lui n'était pas très discret en tant que monstre parmi les humains, elle était carrément grillée au premier coup d'oeiL. Qu'est-ce que c'était ? Une sirène ? Une lamia ? Une fée ? Il imaginait assez facilement un petit truc mignon et capable de bénédiction. Il n'en avait pas vraimet besoin mais si elle pouvait...

Mettre des patates monumentales...

Le loup de Maureen suivit du coin de l'oeil le mouvement de crâne du gros reptile à crête. Son regard passa très vite du poing au reptile, pour revenir sur le visage poupon de son aide mystérieuse. D'accord. Il s'était trompé.

??? : Occupe toi du truc magique. Moi je fume le reptile.
Adam : Avec plaisir milady.

Sa voix vibrait d'un accent animal. Beaucoup plus grave qu'à l'ordinaire, elle faisait trembler toute sa cage thoracique et semblait sortir d'organes bien plus bas que ses cordes vocales. Le reptile sitôt retrouvant ses esprits s'attaqua à la jeune fille. Adam lui se propulsa vers l'avant. Il rebondit sur ses bras, arqua son corps pour enfoncer ses deux pieds dans la figure du mage d'eau... qui lui mit une douche.

Il passa à travers une illusion liquide, et ressortit littéralement trempé. Pire que cela. Il en ressorti quasiment propre. L'eau à son contact s'était hérissée de petites dents aquatique, qui avaient entaillé sa chair, et récupéré toute la crasse qu'il avait accumulée. Son nez se développa brusquement. Et il sentit.

La mer. Le sable. La fille. Le reptile. Et l'haleine aux chewin-gum à la fraise du magicien. Il devait être à peine plus jeune que lui. Ou plus vieux. Mais il l'avait provoqué. Retenir ses coups pour ne pas le tuer. Se donner à deux cents pour cent pour l'humilier.

Adam : Merci pour ça.

L'odeur de son propre sang lui monta à la tête. Il sentit ses mains convulser, et muter en de grosses griffes. Son cache-oeil sauta de son visage tandis que son nez s'allongeait, s'empâtait, se couvrait d'épais poils couleur de feu. Il fonça.

N'attendant pas une seconde de plus, il fondit sur son adversaire, lui faucha la jambe, et roula comme un beignet dans la farine. Recouvert de sable, il s'ébroua, resta à quatre pattes, et observa son adversaire. Celui ci leva la baguette étrange qu'il avait en main - toute en verre avec un pompon au bout. On aurait dit un coton-tige pour orc - et envoya trois projectiles.

Epais, acérés. Coupants. D'eau, et juste pour lui. Adam se mit à courir. Ralenti par sa forme humaine, il sentit ses chaussures craquer, son pantalon se déchirer, et ses pattes lupines lui permirent de s'échapper. Particulièrement rapide, il se propulsa dans le dos de son adversaire, et lui mit une grosse baffe à l'arrière de la tête. Profitant de l'effet de surprise, son genoux alla cueillir son arrière-train, le propulsant ainsi le nez dans le sable. A quelques centimètres à peine de sa tente, qu'il avait souillée un peu plus tôt.

Adam : Imbécile.

Le demi-loup se gaussa, disparaissant d'un bond pour jouer la carte de l'intimidation - et aussi pour se ménager un peu. Il avait les crocs et ne voulait pas exécuter un monstre sans raison - et se tapit dans l'ombre pour observer sa compagne d'infortune dans son propre combat.

[HRP : C'est farpait. En avant !]

Il se releva l'idiot. Neko ne lâchait pas des yeux le reptile qui avait osé lui manquer de respect. Cette fois-ci, lorsqu'il se tourna vers elle, la jeune femme put lire - outre la colère - un reflet de peur dans son regard. Elle ne comptait pas le laisser s'en tirer à si bon compte: d'une il l'avait dérangée, et de deux il l'avait offensée. Deux raisons assez justifiées pour qu'elle lui colle la raclée de sa vie... Car elle en avait fracassé plus d'un pour moins que ça.

Let the game begin !

Alors qu'il s'élançait vers elle, Neko bondit en l'air, son deuxième bras se recouvrant d'écailles en métal. Elle fusa vers lui sans hésitation. Sa main gauche attrapa l'épaule du reptile, elle l'attira vers elle et de son autre main elle visa son thorax. Le monstre eut un hoquet de douleur, et alors que la jeune femme s'élançait vers l'arrière, il se recroquevilla sur le sol. Neko le regarda d'un air dubitatif avant de comprendre: des pics se dressèrent le long de la colonne vertébrale et des bras de son adversaire. Ils semblaient assez dangereux, surtout lorsqu'ils se mirent à partir dans les airs. Agile, la demoiselle à couettes esquiva, mais l'un des pics lui érrafla le bras. Grimaçante, elle sentit sa rage monter d'un cran et grinça des dents.

Alors qu'elle se préparait à le clouer une bonne fois pour toute au sol, elle vit alors que le monstre écailleux ne la visait plus, et commençait à courir en direction du jeune homme qu'il avait abordé en premier. Elle se retourna pour le rattraper au vol, mais alors qu'elle se mit en mouvement, le paysage autour d'elle se mit à se tourner de façon inquiétante. Vacillante, Neko réussit à maintenir tant bien que mal son équilibre alors que le reptile sautait sur l'inconnu aux cheveux roux. Du poison? Ca en avait tout l'air... Ses forces diminuaient à vue d'oeil et elle avait même du mal à tenir debout.

" Si tu crois que tu vas m'arrêter avec ça... "

Neko voulut lancer une offensive mais le poison qui circulait dans son corps l'en empêcha. Ses jambes se dérobèrent sous elle et elle s'écroula à genoux dans le sable, les dents serrées par la colère et la frustration de s'être faite avoir si aisément. En relevant la tête, elle vit alors que le loup-garou se trouvait en très mauvaise posture: le monstre l'avait cloué au sol et le menaçait d'un de ses pics venimeux, ce dernier se rapprochant dangereusement de la gorge du jeune homme alors qu'il se défendait en le maintenant tant bien que mal loin de lui. Neko eut un sourire en coin. Son bras gauche se tendit et un shuriken apparut entre ses doigts. D'un geste précis et meurtrier elle le lança en direction du gros lézard. La petite lame se planta dans sa gorge... Assez profondément pour le faire suffoquer avant de lui faire rejoindre le monde de l'éternel repos. En le voyant s'écrouler, la jeune femme esquissa un sourire satisfait, avant qu'un écran noir ne finisse par brouiller sa vue, et qu'elle s'écroule inconsciente sur le sable.

[HJ: Bon j'ai personnalisé un peu le truc, j'espère que tu m'en voudras pas, au besoin je modifie :3]

La discrétion n'avait jamais été le fort d'Adam. Du temps où il avait arpenté les bois d'Irlande jusqu'aux balades qu'il faisait sur les toits de Tokyo, sa fourrure rousse, sa grande carrure et son regard ambré lui attiraient attentions et surprises parfois pas franchement agréables. Sa cachette qu'il pensait paisible devint brusquement une cible pour la créature hérissée de dards qui se jeta sur lui.

Vif, il roula sur le côté, le reptile atterrit lourdement sur sa tente. Adam poussa un couinement de désespoir en entendant le bruit de ses affaires se briser sous le poids de ses grosses pattes, et sauta pour échapper aux griffes de la créature. Elle fut plus rapide que lui, il s'empêtra les pattes, tomba sur le dos, et écarquilla l'oeil. Carapace contre ses pattes, le dard fonça à la rencontre de sa jugulaire. Il l'arrêta net, griffant l'appendice sur toute sa longueur.

La faim le prit à la gorge, ses membres se mirent à trembler. Il s'entendit grogner, souffler, et sentit les fourmillements de ses bras s'intensifier à mesure qu'il mutait, se battant tant bien que mal pour sa survie. L'adrénaline lui fit grincer des dents si fort qu'il lacéra dans un bruit d'ongles sur tableau noir le ventre dur de son adversaire. Il dérapa, vit le monstre se rapprocher d'un cran.

Adam : PU...

Il sursauta, l'oeil soudain plein de sang. Un flot continu et froid d'hémoglobine lui éclaboussa le visage, la gorge et les mains. Son ventre affamé poussa un grondement de protestation. Dans les yeux vitreux du reptile exécuté, il lut une dernière provocation, à laquelle il répondit.

Il se dégagea de son cadavre, le balança d'une patte, roula dans le sable. L'odeur métallique d'une pièce de viande encore chaude envahit son nez avec la violence d'une marée en pleine tempête. Son museau, fou de désir de planter ses crocs et sentir la chair craquer, s'enfonça dans les grains froids.

??? : Vous l'avez tué ! TU L'AS TUÉ !
Adam : Pars. Maintenant.
??? : On voulait juste te faire peur... pas... pas...
Adam : VA-T-EN !

Sa voix muta en un rugissement  qui se répercuta en écho. Le géant affamé, les sens en éveil, écouta les pas précipités du mage s'éloigner. Il avisa sa tente écrasée, le cadavre frais du reptile, et la forme inconsciente de sa "sauveuse". Il était sûr de ne pas avoir exécuté son adversaire. Il pouvait lui rendre la pareille. Croquer son cou de cygne et se repaître de ses entrailles.

La mort dans l'âme, il se vautra sur feu son sac de couchage, et mangea les pièces de viande avec leur papier. Il mit un temps fou à se calmer, tremblant d'envie. Lorsque l'odeur du cadavre devint plus putride qu'apétissante, il muta en sens inverse, ramassa son cache-oeil, et chercha de quoi se couvrir un peu.  

A la manière d'un Hulk, il n'avait sur le dos plus qu'un pantalon élargi, déchiré, et puant... l'hémoglobine. Au moins, il n'avait plus faim.

Maintenant, il avait un cadavre à dissimuler.

Et une ninja à réveiller.

Il se rapprocha d'elle, la secoua un peu par l'épaule, et  pencha son oreille à la hauteur de son nez pour vérifier son souffle.

Pris d'un haut le coeur - il avait trop faim - il  se mit à genoux, et afficha une magnifique grimace.

Adam : RoooOOOOOOT  !

Bon. Ca au moins, ça fonctionnait toujours.

[HS : Toutes les excuses pour ce temps de réponse x) j'ai eu un début de vacances très chaotique et une montagne de travail avant ça haha, je risque d'avoir un peu de mal d'ici deux semaines environ, j'ai mes examens ;)]

Adam resta un instant immobile, cherchant à savoir s'il appréciait la demoiselle ou s'il avait plutôt envie de l'étrangler. Elle s'était jetée dans la gueule du reptile tête baissée, avait agit de manière impulsive, dangereuse et stupide, et maintenant elle était aussi vive et piquante qu'une vipère fraîchement levée.

Un vrai clochard. Elle n'avait jamais senti un loup à la rue depuis plusieurs semaines. D'ailleurs, lui non plus. Lorsque sa propre odeur corporelle dépassait son seuil de tolérance il s'efforçait de l'ignorer et de penser à quelque chose de moins ignoble. Il oscillait entre l'envie de l'envoyer  bouler et celle de lui rabattre le caquet. Il faillit ne rien dire, passer outre, c'était sans compter... sur sa franchise mal placée.

??? : Et accessoirement un repas aussi. Je ne suis pas du genre généreuse mais là tu me fais vraiment pitié.

Il sentit sa poitrine vibrer sous un grognement typiquement masculin. Vexé, piqué à vif dans son orgueil de mâle alpha, Adam serra les mâchoires pour se redresser. Il fronça les sourcils en la voyant... soulever le cadavre du monstre comme si c'était une poupée en chiffon. Légèrement surpris, il n'en perdit pas pour autant le fil de sa pensée, et gronda, la voix à demie déformée.

Adam : Je me serai contenté d'un "merci d'avoir épargné mon cul blanc".

Il arrondit le dos, tint son pantalon d'une main pour ne pas révéler ses parties à l'air marin. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas chassé, muté, qu'il ne s'était pas laissé aller qu'il avait l'impression d'être Banner après une cure de yoga.

A ceci près qu'il était autant au calme qu'une pucelle dans un pogo. Ses nerfs étaient entre l'état de crise totale et celui d'apathie. Adam souleva ce qui restait de sa tente pour récupérer son sac. Il jeta l'emballage de sa viande pannée au sable, et vérifia fébrilement que le cadeau qu'il avait prévu pour Vika était toujours intact. Bon. Cela avait l'air d'aller. Il se frotta le nez, dardant son regard jaune sur la demoiselle.

Adam : Je suis Adam. En route pour Yôkai. Je comptais prendre une douche demain, quand je serai assez loin... pour m'autoriser une pause.

Assez loin pour que son odeur ne soit pas pistée. Assez loin pour que personne ne le reconnaisse en sortant. Ses cheveux avaient fait des dreadlocks sales, emmêlées de feuilles et d'autres immondices. Il était repoussant à tous points de vue. A ceci près que gérer un lycan du double de son poids l'avait un peu entraîné physiquement. Il se sentait un peu comme le coton tige dans l'oreille du type le plus sale au monde. Elle avait peut-être raison, en fin de compte.

Adam : Pas de pitié, c'est pour les fillettes. Mais si tu me donnes autre chose qu'une viande qui respire encore à me mettre sous la dent, je ne dis pas non.

Un pauvre sourire. C'était tout ce qu'il pouvait lui offrir, pour le moment.