Elle était sur un toit, en compagnie d'un ange déchu, qui l'avait fait voler quelques secondes en l'étreignant contre lui. Elle venait vraiment de vivre ça ? Non... Elle rêvait. Non. C'était vrai. Elle réalisait à peine. Et tout commença à s'embrouiller dans sa tête.

« Entreprenant...moi ? Hum, c'est surtout avec les personnes que j'apprécie beaucoup que je me permet ce genre de comportement. Oooh, zut, je viens de révéler que je t'appréciais beaucoup ! »

Elle rougit encore. Ils se connaissaient à peine, comment pouvait-il s'intéresser à elle ? Et puis, intéresser dans quel sens ? Non, non, non, pas celui-là, c'était impossible. Mais pourtant elle l'avait sentit elle aussi. Contre lui, son coeur qui battait. A moins que ce ne fut que le sien. Elle n'y avait pas trop fait attention. Elle lui avait fait un câlin ! Elle... Dans ses bras, très proche. Et c'était lui qui avait commencé. Pourquoi ?

Elle avait sentit son ton taquin, il se fichait d'elle ? Non, il plaisantait juste. N'avait-il pas dit qu'il était plutôt solitaire ? Pourquoi alors cherchait-il sa compagnie ? La sienne ?! Jimena était une fille banale, qu'est ce qu'il pouvait bien lui trouver ? L'envie de lui poser la question se faisait sentir. Mais elle se retint.

Elle écouta son récit doucement, et le brouillon dans sa tête commença vaguement à disparaître. Elle retint de tout ça qu'il fut torturer et qu'il était parti pour une fille. Les anges se torturaient donc pour punir ? Même eux n'étaient peut-être pas si parfait finalement. Enfin il n'y avait qu'à voir Noïd, il disait lui-même qu'il avait toujours été un rebelle. Mais de là à le torturer... Quel genre de sévis avait-il du subir ?

Pour une fille hein ? La protéger. Elle soupçonnait cette fille d'être un peu plus qu'une amie. Mais elle n'en dirait rien. Et alors... Ils ne se voyaient plus ? Il avait tout abandonné, y comprit elle pour ne pas qu'on lui fasse du mal. C'était plutôt... Admirable.

« Mais je ne regrette pas... Si j'étais pas parti, j'aurais jamais pu te rencontrer par exemple, nan ? Rien que ça, ça me fait dire que ça vaut le coup. Mais... Maintenant à ton tour, si tu le veux bien. Est-ce que tu veux me raconter un bout de ta vie, toi aussi ? »

Qu'il ne regrette pas son choix était une bonne chose. Qu'il ne regrette pas parce qu'il l'avait rencontré... Pourquoi elle ? Elle n'avait rien d'exceptionnel, elle n'était même pas amusante. Elle était...

"Ma vie..."

Est banale, inintéressante, insignifiante. Elle comprenait de moins en moins pourquoi il continuait de lui parler. Pourquoi tant d'intérêt. Incompréhension. Difficile à supporter. Qu'allait-elle lui répondre ? Elle ne voulait pas qu'il la prenne en pitié, alors elle ne préciserait pas que sa mère n'était plus. Elle ne dirait pas non plus que son père l'a abandonnée ici, même si elle refusait de se l'admettre. Mais elle ne lui mentirait pas pour autant.

"Je viens de France, je suis française. Mon père est co-dirigeant d'une entreprise japonaise du coup on est arrivé ici, au Japon. Un très joli pays, même si mon pays d'origine me manque un peu, surtout parler français. Et puis je suis mi-humaine, mi sorcière. C'est pour ça que je suis dans cette école."

Finissant par un petit sourire elle s'adosse contre le mur. Elle avait juste omit quelques bouts importants de sa vie. C'était pas vraiment son genre de raconter ses malheurs, et puis même, y'avait toujours pire dans le monde. Elle n'avait pas envie de se plaindre. Et puis sa vie se résumait à ça finalement.

"Mais pourquoi tu... T'intéresse à moi ?" demanda t-elle hésitante. Elle avait tenté de trouver un autre mot, mais elle n'avait pas trouver. "Pourquoi tu fais tout ça pour moi ?"

Il fallait qu'elle comprenne, pour l'accepter. Autrement il lui serait plus douloureux qu'autre chose de rester avec lui. C'était étrange comme façon de penser, mais son manque de confiance en elle était telle qu'elle n'acceptait pas facilement que l'on puisse s'intéresser à elle aussi facilement, et aussi peu de temps après la première rencontre.

Noïd la voyait se dandiner, mal à l'aise. Il était vrai qu'il n'avait pas eu une histoire facile, mais il en parlait sans aucune gêne. Après tout, il ne servait à rien de se lamenter sur son passé, même s'il y avait bon nombre de choses qu'il aurait souhaité voir autrement. Il n'avait pas envie qu'elle ait pitié de lui, donc il ne lui avait pas encore dit que Bruna l'avait suivie... Ni qu'elle était morte en essayant de le protéger.
Mais pour l'heure, il préférait se concentrer sur son histoire. Une petite humaine... Qui se considérait comme toute banale, avec une histoire comme les autres. Mais pour lui, elle était bien plus que cela.

"Je viens de France, je suis française. Mon père est co-dirigeant d'une entreprise japonaise du coup on est arrivé ici, au Japon. Un très joli pays, même si mon pays d'origine me manque un peu, surtout parler français. Et puis je suis mi-humaine, mi sorcière. C'est pour ça que je suis dans cette école."

Ainsi, elle était française, hein...? Il était tombé en Italie, ce n'était pas si loin après tout.
Les gens avec des pouvoirs ne devaient pas être très bien vus dans le monde des humains... Mais pour les sorcières, c'était particulièrement difficile. Elles avaient pour la plupart des origines humaines, ce qui faisait que les monstres pour la plupart ne les aimaient pas trop. Rejetées du monde des humains comme par celui des monstres, beaucoup ne savaient pas trop ou aller.
Et le lycée Yokai devait passer pour une bonne porte de sortie... En attendant, il était heureux d'en savoir un peu plus sur Jimena, même s'il était évident qu'elle ne lui avait pas tout dit. On ne pouvait pas résumer une vie en cinq phrases, mais il respectait son souhait de ne pas tout dire.
Lui même n'avait pas pu se résoudre à tout lui dire... Du moins pour l'instant, donc il ne pouvait pas lui en vouloir de ne pas tout lui révéler.
Et ce fut-la qu'elle commença à le surprendre.

"Mais pourquoi tu... T'intéresse à moi ?"

Noïd tiqua. La question était bonne. Pourquoi est-ce qu'il allait jusqu'à faire ça ? Il y avait des personnes qui regardaient plus souvent les chaussures que leurs interlocuteurs, qui ne sont pas capable de se prendre en main sans aide... Des gens sans estime d'eux. Noïd détestait les gens comme elle. Mais pourtant, elle, il l'adorait.
Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'elle l'attirait autant ? Il la connaissait depuis avant-hier, merde ! Alors comment elle pouvait provoquer chez lui des sentiments comme ça ? Il avait fallu quinze ans à Bruna pour gagner sa confiance. Pourquoi Jimena y parvenait-elle aussi aisément ?

"Pourquoi tu fais tout ça pour moi ?"

Noïd détourna le regard, avant de se traiter mentalement de tous les noms. Il y a un moment ou il faut être capable de comprendre ce qui nous fait agir... Et ce moment, il finissait par croire qu'il l'avait atteint. Jimena Jewel. Pourquoi toi, veux-tu savoir... ?
Noïd se tourna vers elle. Cette fois, il ne tenta pas de faire fuir son regard. Ses prunelles rubis étaient rivées sur Jimena. Pas agressif, non... Juste... Calme.
Il s'approcha, d'elle pour l'attraper tout doucement par le menton, et la forcer gentiment à lever la tête. Il était tout prêt d'elle, maintenant. Il sentait son souffle, une fois de plus. Il voyait ses lèvres, si tentatrices, qui le faisaient frisonner.
Putain, Noïd, arrêtes de te voiler la face. T'es tombé amoureux de cette fille, merde. Tu es devenu accro à cette fille que tu connais à peine.

- « Parce que... C'est toi. », commença maladroitement Noïd. Non, cette phrase de veux rien dire. Fait suer. « Parce que... un petit bout de femme qui s'appelle Jimena Jewel a réussi à... toucher le cœur d'un grand méchant ange déchu... Par sa gentillesse, ses leçons de morales... Bref, par ce qu'elle est. »

Il n'arrivait pas à tout dire clairement. S'il avait laissé parler son corps, il l'aurait embrassé. Mais il ne le pouvait pas. Pas maintenant, même s'il en mourrait d'envie. Même s'il mourrait d'envie de caresser cette peau toute douce, de goûter à la saveur de ces lèvres... Il ne le pouvait. Si jamais elle ne voulait pas de lui, elle le haïrait pour ces gestes. Et il ne voulait surtout pas qu'elle le haïsse. Alors il se contenta de chercher la main de Jimena. Pour l'attraper, et la serrer doucement, avant de la poser sur son cœur à lui.

- « Il a recommencé à battre trop vite, cet abruti... Parce que quelqu'un l'incite à le faire, la seule personne capable de faire ça, Jimena... C'est toi. », redit Noïd d'une voix toute douce. « Je ne sais pas comment je peux le dire autrement... Jimena, je suis tombé amoureux de toi. Je... Putain... Jimena, je t'aime. C'est con mais... c'est tout. »

Noïd eut un léger sourire. C'était cliché, comme situation. Le grand méchant qui tombe amoureux de la gentille fragile, au bout de deux jours. N'était-il pas idiot, à la réflexion ? Peu importe, il se devait d'être clair avec elle.
Parce qu'il l'aimait vraiment.

Il détourna le regard à sa question. Il... Réfléchissait ? Il ne savait pas lui-même pourquoi il était comme ça avec elle ? Puis il tourna la tête vers elle, leur regard se croisèrent et Jimena cru défaillir. Son coeur se mit à pulser dans sa poitrine, son regard, ses yeux rouges, pourquoi est ce qu'il la regardait comme ça... Elle baissa la tête. Il s'avança alors vers elle, elle aurait du reculer mais tétanisée, elle resta immobile sur place. Il était proche, trop proche, il lui releva la tête, l'espace d'un instant, un fol instant, elle cru qu'il allait l'embrasser. Qu'est ce qui tournait pas rond chez elle, bien sûr que non, il ne ferait pas ça. Au lieu de ça, il prit la parole.

"Parce que... C'est toi. Parce que... un petit bout de femme qui s'appelle Jimena Jewel a réussi à... toucher le cœur d'un grand méchant ange déchu... Par sa gentillesse, ses leçons de morales... Bref, par ce qu'elle est."


Mais qu'est ce qu'il lui faisait ? Qu'est ce qu'il racontait ? Jimena aurait dû reculer, maintenant, elle aurait dû réussir à détacher son regard du sien maintenant, ne pas attendre. Mais captivée, elle n'y parvint pas. Elle aurait du lui dire d'arrêter maintenant, de ne pas continuer, mais trop tard. Il prit sa main et la posa sur son coeur. Sa main à elle, sur son coeur à lui. Sa main sur son coeur. Contact. La réaction ne se fit pas attendre, le coeur de la petite brune s'emballa à son tour tandis que le rouge lui montait aux joues. Et plus encore, une boule au ventre venait de se faire sentir.

"Il a recommencé à battre trop vite, cet abruti... Parce que quelqu'un l'incite à le faire, la seule personne capable de faire ça, Jimena... C'est toi. Je ne sais pas comment je peux le dire autrement... Jimena, je suis tombé amoureux de toi. Je... Putain... Jimena, je t'aime. C'est con mais... c'est tout."

Non, impossible. Impossible. Impossible. Il y avait un problème, une erreur, une mésentente, quelque chose clochait, ça n'allait pas, c'était impossible, l'équation était mauvaise, une virgule de trop peut-être ? Des mots de trop, impossible, blocage. Il mentait.

Elle réagit très rapidement après qu'il ait lâché cela, elle retira sa main et le poussa à deux mains, le faisant reculer de quelques pas. Il lui mentait c'était certains, et bordel ce que c'était douloureux. Les larmes affluaient maintenant, sa respiration se faisait plus difficile, elle regardait à droite, à gauche, ne savait plus ou regarder, plus quoi dire, plus quoi faire, elle paniquait. elle cria alors :

"Non tu mens ! C'est... C'est impossible !"

Il se foutait d'elle, il ne pouvait pas en être autrement. Mensonge. Elle devait fuir, maintenant, avant de s'effondrer complètement. Elle courut vers la porte sans le regarder, l'ouvrit rapidement et s'y engouffra. Il mentait. Il se foutait d'elle, mais pourquoi, pourquoi est ce qu'il faisait ça ?! Pourquoi réagissait-elle ainsi ? Elle qui cherchait désespérément à ne plus être seule, venait de jeter Noïd comme ça, c'était absurde, paradoxal. Non, puisqu'il mentait. Non il ne mentait pas. Si, bien sûr que si. Non, non il était sérieux, et toi tu viens juste de le repousser violemment. Mais pourquoi... Aurait-elle fait ça ?

Il était certain à présent qu'elle avait réagit excessivement, et elle s'en voulait déjà. Et si il était vraiment sérieux ? S'il n'avait pas menti ? Non mais ça devait être une erreur. Forcément. Il avait probablement été sincère en disant cela, mais peut-être qu'il... Confondait amour et amitié. Peut-être qu'il croyait l'aimer alors que non... C'était probablement ça...

Elle dévalait maintenant l'escalier, toujours en proie aux larmes, et désormais aux remords. Elle avait été encore une fois stupide. Et la vitesse de la descente mêlée à ses yeux mouillés de larmes la firent chuter dans les escalier. Elle rata une marche et dévala le reste de l'escalier jusqu'à se stopper en bas de la dernière marche.

Elle attendit quelques secondes avant d'essayer de se relever, elle avait mal partout, et surtout à son poignet droit, avec lequel elle avait tenté de se rattraper.

"Ah..."

Elle s'assit par terre et regarda son poignet douloureux, séchant ses larmes de l'autres main. Stupide, stupide, stupide, stupide, stupide, stupide stupide, stupide, stupide, stupide, stupide, stupide, stupide, stupide, stupide, stupide. Pardon Noïd, pardon. Elle irait le retrouver plus tard, ptetre demain, ou après-demain, pour s'excuser de sa conduite stupide. En attendant... En attendant elle resta plantée là, contre le mur. Est ce qu'il pouvait... Est ce qu'il.... Nan, en si peu de temps, il devait se tromper...

La douceur des sentiments enfin acceptés. Remplacée par l'amertume beaucoup plus cruelle de la déception. Elle venait de le repousser, de ses faibles forces, mais à une intensité bien suffisante selon lui. Le message était clair. « Ne t'approches pas de moi. »
Noïd serra les points et les dents. Mal. Ça faisait mal.

"Non tu mens ! C'est... C'est impossible !"

Elle avait crié. Noïd ne répondit pas. Qu'est ce qu'il avait à répondre, de toute façon ? Tout avait déjà été dit. Elle pleurait. Criait. S'enfuyait. Bon sang, qu'est ce qu'il avait fait de mal ? Est-ce que oser accepter ses sentiments était vraiment un crime ? Noïd resta debout, immobile, pendant de longues minutes. Puis ses jambes flanchèrent, et il tomba à genoux. Son poing s'enveloppa de lumière, et il frappa une fois. Juste une fois. Il creusa un trou dans le toit du lycée, mais en l'occurence, il s'en foutait.
Pourquoi aimait-il, si c'était pour subir ce genre de coups derrière ? Il avait juste été honnête avec lui-même. Il avait dit à un bout de femme ce qu'il avait sur le cœur.
Mais non. Elle ne voulait pas de lui. Elle ne l'aimait pas. Probablement qu'elle le détestait déjà. Lui qui l'avait fait pleurer. Lui qui l'avait entraînée là-dedans. POURQUOI, MERDE ? A quoi ça servait, les sentiments, si c'était pour déguster autant derrière.

- « BORDEL DE MEEEEEEEEEEEEEEEERDE ! »

Un cri. Qui dura longtemps. Mais qui eut le curieux effet de l'apaiser. Il avait été idiot, après tout, de croire qu'une humaine pourrait l'aimer. Il récoltait ce qu'il avait semé, il était un monstre, un barbare, attributs cachés derrière sa nature angélique. Elle était son opposée, comment aurait-elle pu être attirée par lui ?
L'amertume de cette révélation lui saisit le cœur, et le broya sans ménagement. Elle ne l'aimait pas. Elle ne l'aimerait jamais. Elle ne voulait pas de lui.

Noïd serra les poings, jusqu'à se les faire saigner. Au fond, il ne regrettait pas ses actes. Il avait été honnête avec lui-même... Et même si cela avait conduit Jimena à agir de la sorte, tant pis. S'il avait attendu plus longtemps, le résultat aurait été le même, sauf qu'il aurait probablement encore plus souffert. Et elle aussi.
Maintenant, elle devait souffrir, elle aussi, elle devait le haïr. Désolé, Jimena, d'être ce que je suis. Je ne peux pas me renier, mais si tu ne m'avais pas rencontré, tu te sentirais probablement pas comme ça aujourd'hui.
Noïd se leva, et fit quelques pas maladroits. Lentement, il entreprit de prendre le chemin de sa chambre. Il ne voulait avoir plus rien à faire, aujourd'hui. Juste passer la tête sous la couette, et ne plus penser à rien.

L'amour, ça fait mal. Une larme solitaire coula sur sa joue. Ce fut le moment que choisirent les deux abrutis pour venir sur le toit. Ils l'avaient vu seuls. Ochita seul, une proie facile.

- « Alors, Ochita ? On a la larme à l’œil ? »

- ...KKKH ! RAAAAAAAAAAAAAH », hurla Noïd. Parfait, il n'avait plus de raisons de se retenir. Vous êtes tombé au mauvais moments les gars. Je vais... vous satelliser.

[FIN DU RP]