Couvrez cette honte que je ne saurais voir [PV Vika]

Bras croisés sur le torse, cheveux noués sur la nuque, se balançant, de gauche à droite, sur des chaussettes sales, Adam était nerveux.

Nerveux, car il avait juste intégré le club d'arts martiaux, et déjà atterrissait devant son responsable pour manquement aux règles dudit club. On avait été clairs quand il avait demandé à joindre les combattants de Yokaï. Le combat était réservé au tatami. Les armes à la salle d'entraînement. Et la violence aux compétitions sans règles. Mais, cela avait été plus fort que lui, il avait joué au héros.

Becka était des élèves qui s'étaient rapproché de lui le plus sensible et le plus doux. Un garçon de seize ans dont l'élément était l'eau. Il avait développé une affinité aquatique impressionnante, et beaucoup le confondaient avec un Ondin. En réalité, c'était un simple monstre aspirant à une infinie tranquillité. La cible parfaite pour les plus âgés. Il était juste devant la bibliothèque, sortant d'un cours de langue, lorsque les railleries l'avaient interpelé. Becka, acculé, tenait ses livres comme une mijaurée tandis que ses trois adversaires tentaient de lui soutirer quelque chose. De l'argent, des cours, des devoirs, peu importait. Il s'était interposé.

Adam : Hé là-bas ! Prenez-vous en à quelqu'un de votre gabarit !

Ils s'étaient retournés, et Adam les avait identifiés. Un élémentaire de feu, un métamorphe rat et un autre qui avait de drôles de tics avec la tête.

L'élémentaire de feu : Alors Becka, on se fait sauver par son petit ami ?

L'insulte fit grogner la poitrine d'Adam, qui s'approcha de toute sa hauteur, et les fit légèrement reculer. Le roux avait appris bien des choses auprès de Dehvi, et la première était de protéger ses amis.

Adam : Dégagez de là avant que je ne décide de me mettre en colère.

Ce disant, il avait dévoilé ses dents blanches et effilées comme des lames de rasoir. Son regard ambré, perçant, les avait toisés un à un. Becka lui-même n'avait pas osé lui demander de se calmer, ce qu'il faisait d'ordinaire. Deux d'entre eux reculèrent. Pas le troisième. Ce métamorphe rat, avec son regard porcin et ses airs vicieux. Le surpenant plus qu'il ne le prit de vitesse, il s'était jeté sur lui et l'avait... mordu !

Becka, spectateur, avait laissé échapper un petit cri... qui acheva le loup.

Pris de rage, il avait saisi le rat aux mâchoires, les lui écartant de force. Puis d'une poussée, il l'avait plaqué au mur, ce même mur où se tenait son ami quelques secondes plus tôt. Dans son élan, il jeta sa proie au sol, lui fit une clef de bras et s'assit sur son bassin, grognant de plus belle en s'approchant de son oreille.

Le rat tremblait encore de peur lorsque la bibliothécaire, alertée par le vacarme, l'avait fait dégager à grands cris. Adam avait les oreilles sensibles. Mais plus encore, le respect de l'autorité.

A cause de cet abruti, il se retrouvait là, dans le dojo, penaud comme un chiot qui aurait pissé sur le canapé. Il n'avait pas eu encore l'occasion de rencontrer le leader du club d'arts martiaux, mais sa réputation la précédait. Il avait entendu parler d'une tornade ambulante. Une femme aussi forte mentalement que physiquement, et suivant des principes moraux stricts. Les réserves qu'il s'était permis d'exprimer sur ce point quand il avait appris qu'elle faisait partie du comité de sécurité avaient été immédiatement démenties.

Autrement dit, il avait violé une loi du club d'arts martiaux.
Et il allait devoir faire face à un membre du comité de sécurité, plus droit encore que lui.

C'était un crétin.

Adam. Adam Mayers. Si lui ne l’avait jamais vu, Vika l’avait fait. Elle l’aimait bien, de ce qu’on lui avait dit de lui, et de ce qu’elle en avait vu. Et oui, elle s’intéressait de près à quiconque demandait sa carte au club. Et son réseau d’espion ailé lui facilitait plutôt bien la tache. En plus de ça, elle avait bon espoir quant à ses capacités de combat. Mais ce petit pignouf s’attirait déjà des ennuis. Il aurait du s’y prendre avant ! Non pas que les motivations de son combat ne soit pas juste, mais qu’il n’aurait juste pas du, n’étant pas spécialement habilité à intervenir. Le pauvre petit marinait nerveusement sur une chaise devant son bureau, en attendant qu’elle le reçoive. Elle soupira. La métamorphe poussa la porte.

« Rentre, Adam. »

Elle laissa la porte ouverte et retourna s’assoir, bien droite sur son fauteuil. La pièce était vraiment sobre. Un bureau, deux chaises, et son fauteuil. Une large fenêtre, dont les rayons solaires qui la traversaient étaient filtrés par un store en roseau. Derrière elle, sur une vitrine où trônait divers trophées, Sanguine trônait fièrement sur un présentoir, hors de son fourreau, resplendissant de son sublime éclat écarlate. Quelques portraits aux murs, de divers maitres et fondateurs d’art martiaux. Bref, simple. Elle-même portait son kimono favori, celui qu’elle avait fait. Moins carré que l’uniforme normal, il lui permettait une aisance en combat plus grande. Elle le laissa s’assoir en le toisant d’un air sévère.

« Bon, tout d’abord, je suis Vika Nightwing, c’est moi qui gère le club. Tu sais pourquoi tu es la, j’imagine. Tu t’es fais mordre je crois, non ? Tu t’es fais soigner ou non ? Les morsures des hommes rats de sont pas des plus bénignes, même si ce n’est qu’une éraflure. »

Elle soupira encore, mais se détendit, enlevant sa façade de directrice bougonne.

« On m’a rapporté ce qu’il s’est passé, j’ai des yeux et des oreilles partout. Si d’une certaine manière, tu étais dans ton bon droit, c’est un comportement que je ne peux pas, du fait de mes responsabilités, approuver. Le club impose un certain nombre de règle, et te battre en dehors de celui-ci ne fait pas partie des choses autorisées. Cependant, car je connais bien ce lieu, je sais que celui qui ne se bat pas est déjà à moitié mort, pour le moment du moins je l'espère, on ne peut pas décemment t’en vouloir. Tout ce que je peux te dire, c’est qu’il faudrait éviter de faire ça en public, ou d’éviter ça tout court, d'appeler quelqu’un de plus habilité que toi à réagir. Cela passe pour cette fois, tu as de la chance, mais sache que ça ne passera pas deux foi. Bon allez, raconte moi ta version des faits, que j’aille distribuer les paires de baffes aux bonnes personnes.»

Elle avait beau être ce qu’elle était, l’humour ne lui était pas interdit, en fait. Elle savait que les règles imposées par le club était difficile à tenir, et ce genre de rendez vous était maintenant courant pour elle. Mais elle ne désespérait pas de réussir un jour à ce que ses « guerriers » se tiennent correctement en tout circonstances. Un jour, peut-être.

Son cœur manqua un battement lorsque la porte s'ouvrit. Le grand Adam Mayers, loup de Maureen, du haut de son mètre quatre-vingt-cinq, avait peur de se faire voler dans les plumes. Un réflexe purement lycan, naturel, de soumission à l'autorité.

Il suivit docilement Vika, et resta debout dans le petit bureau décoré avec goût, dans un style purement japonais. Les portaits de grands hommes sur les murs, les trophées sur étagère, l'épée précieuse bien en évidence, tout y était. Adam devait l'avouer, il était sensible aux démonstrations de puissance, et il se sentit légèrement lésé à l'égo en en voyant une telle. Il garda la tête droite, serrant les dents dans l'attente de se faire réprimander. Elle ne haussa pas la voix, estimant sans doute qu'à 19 ans il était assez responsable pour ne plus se faire tirer les oreilles. En revanche...

Vika : Tu t’es fais mordre je crois, non ? Tu t’es fais soigner ou non ? Les morsures des hommes rats de sont pas des plus bénignes, même si ce n’est qu’une éraflure.

Le loup esquissa un sourire, levant sa main en guise de réponse. Les loups avaient beau ne pas être immortels, ils avaient cependant un métabolisme accéléré, et déjà ce qui aurait une semaine à cicatrisé ne laissait plus qu'une légère coupure, à vif cependant.

Adam : Euh... je n'y ai pas pensé, sensei.

Le loup fronça les sourcils, se demandant s'il utilisait la particule à bon escient. Il n'eut pas longtemps à réfléchir, puisque la tornade se mit à débiter un flot de paroles, ne lui laissant pas même le temps de dénouer l'ironie du sérieux. Il rentra légèrement la tête dans les épaules lorsqu'elle lui reprocha sa prise d'initiative, stupide, et attendit qu'elle termine. Inspirant calmement, le loup se gratta la tête, et prit la parole.

Adam : J'ai.. un ami, cher. Un ami qui n'a pas beaucoup de puissance de feu pour ainsi dire, et qui a tendance à attirer les ennuis. Je l'ai entendu en difficulté, alors je suis allé voir.

Se remémorant les faits, le lycanthrope se détendit, son oeil unique cherchant les détails.

Adam : Ils étaient trois, un élémentaire, le rat, et un autre que je n'ai pas reconnu. J'ai joué les gros bras pour les faire fuir, et ça a fonctionné... sauf avec le rat. Il s'est jeté sur moi, et il m'a mordu.

Avec souplesse, le loup refit le geste qu'il avait envoyé au rat par la suite, cherchant ses mots.

Adam : Je lui ai fait plus peur que mal, mais mes... grognements ont attiré du monde. J'en suis désolé. J'aurais dû réfléchir avant d'agir. Ils ont tenté d'atteindre à la virilité de Becka, ils m'ont traité de...

La jeune recrue afficha une ligne soucieuse. Si sa sensei était homosexuelle, il allait sérieusement manquer de tact. Si elle ne l'était pas, elle pouvait aussi mal le prendre, le traiter de... fachiste ou Maureen seule savait quoi, et l'envoyer paître.

Adam : Ils ont SOUS-ENTENDU que nous étions en couple. Ce qui est faux.

C'était mieux que rien, et peut-être qu'elle comprendrait. Adam venait d'une famille conservatrice. Il avait connu un frère diminué par sa condition. Il savait ce qu'on ressentait quand on était rabaissé à longueur de temps. Il avait grandi avec Dehvi. Et s'il existait un roi des machistes sur terre, c'était sans doute Dehvi. Enfin, il jugeait qu'il n'était pas le genre de personne qu'on pouvait décemment penser en couple avec Becka. Sérieusement.

Adam : Becka souffre d'un manque de confiance en soi flagrant. Si je ne mets pas les choses au point tout de suite avec des cré...idiots de leur acabit, il en souffrira d'avantage.

Ce n'était pas une excuse, mais au moins c'était sincère. Il espérait seulement que sa sensei ne le prendrait pas pour un idiot idéologiste et niais.

Pour la blessure, elle n'aurait pas du s'en faire. Les petits loups n'ont jamais de soucis avec les plaies. La moitié ou plus de ce lycée n'en avait pas grand chose à faire, en fait. Elle n'avait pas cette chance mais Vika n'était plus blessée très souvent, de toute façon. Elle haussa un sourcil quand il commença son récit. Oui, décidément, elle l'aimait bien. Elle sourit en voyant le geste, peu conventionnel, mais efficace. Il avait du apprendre avec un indépendant, quelqu'un qui a su se battre à force de le faire. Pas si mal. Elle nota les détails dans un coin de sa tête. Apparemment, elle allait devoir faire un petit coucou à trois petits pignoufs. Ses corbeaux les filaient encore, elle n'aurait pas trop de mal à les retrouver. Un petit coup de pression devrait les remettre dans le droit chemin. Théoriquement, elle n'aurait pas à bastonner, son statut suffisait maintenant à ce qu'on l'écoute. Elle s'autorisa un sourire quand il hésita sur sa formulation. Sous entendu hein? Elle voyait le genre, mais ce n'était pas une bonne excuse en soi.

« Admettons. Dans un premier temps, si tu t'échauffes aussi vite pour une simple allusion... Tu ne tiendras pas longtemps sur un tatami. Perdre le contrôle de ses sentiments, c'est une bonne façon de perdre. La rage, la colère, comme la peur, et d'autres sentiments forts te rendent aussi lisible qu'un panneau luminescent pour quelqu'un qui s'y connait. Tu les aurais plus facilement mis en échec, et cela sans te battre, si tu n'avais pas bronché. Essaye de travailler ce côté la, à l'occasion. Dans un second temps, je pense que si ton ami, aussi cher soit-il, manque de confiance en soi, réagir ainsi pourrait ne pas l'aider à s'extraire de cette condition. Ce n'est que mon avis, et je ne peux qu'emmètre une hypothèse, ne connaissant ni les rapports qui vous lient, ni la façon de pensée de Becka, mais il ne doit pas se reposer sur toi pour le sortir de ce genre de situation. Le jour où tu ne seras pas la, je ne donne pas cher de sa peau. Mai pour ce point, je te laisse gérer.»

Elle se leva. Elle était bien plus petite que lui. Vika sourit. Décidément, elle même ne payait pas de mine, et elle se demandait encore pourquoi elle avait gagné ce siège. Elle sa plaça a distance de frappe de lui, le regardant dans les yeux, et écouta sa réponse s'il souhaitait en formuler une.

« Bref, incident clos.»

Son poing partit, vif, et s'arrêta devant son nez. Elle était curieuse de voir sa réaction. Peut-être arriverait-il à bloquer?

Adam ne pouvait pas lui en vouloir, Vika avait raison sur toute la ligne. Il était trop protecteur avec Becka, et cela lui avait coûté une petite morsure, pour aujourd'hui. Il savait pourtant que la colère ne menait qu'à la colère, et aux erreurs. Il pensait avoir été assez furieux pour toutes une vie lorsque Dehvi l'avait cloîtré au fond de la planque, enchaîné au mur pour l'empêcher de sortir. Ce souvenir le fit inspirer doucement. La torture physique, il savait l'endurer. La torture de l'âme, jamais il ne s'y ferait. La colère le rongeait pourtant, c'était pour cette raison qu'il avait rejoint le club d'arts martiaux. Il avait de l'énergie à revendre, et de la rage à canaliser. Pour l'instant, il s'était montré assez vif pour se faire réprimander, et c'était tout.

Quand à Becka... Adam en savait bien plus qu'il ne voulait l'avouer. Son ami était fin, très féminin, et au regard très calme. Il lui rappelait parfois sa mère lorsqu'elle attendait Arthur. Un autre souvenir douloureux qui lui nouait l'estomac lorsqu'il avait besoin de calme. Becka, l'élémentaire d'eau aux afinités corporelles aquatiques. La paix incarnée, et le plus ingénu des élèves qui lui ait été donné de voir. Il ne doutait pas un seul instant que sous son crâne blond une tornade de sentiments et d'incertitudes faisait rage. Et pas une de plus que les railleries quotidiennes qu'il recevait lui compliquaient un peu plus la tâche.

Mais Vika avait raison. En le protégeant, il se portait garant de sa sécurité. Et Becka n'étant pas loup de Maureen, il ne pouvait lui promettre protection éternellement.

Le loup esquissa un fin sourire en remarquant de sa sensei était bien plus petite que lui. Sourire qui se rembrunit lorqu'il se souvint que, du haut de son mètre soixante, sa propre mère parvenait encore à crier plus fort qu'un élan en rut, et lui mettre des baffes dignes des dames les plus indignées.

Il sentit une tension gagner Vika, légère, mais suffisante pour qu'il se redresse, et se tende à son tour. Elle n'allait tout de même pas... ?

Vika : Bref, incident clos.

Le loup se sentit grogner tandis que ses réflexes se mettaient en route. D'un geste fluide, il s'aplatit pour éviter de se prendre un poing dans la figure. Sa main se durcit, tandis que ses ongles s'effilaient, s’apparentant à des griffes. Il joignit les doigts, s'accroupit dans sa chute, et bondit d'une poussée, mains en faucheuse.

Le temps qu'il se redresse, il réalisa trop tard que s'il avait touché Vika, elle serait sérieusement blessée.

Adam : Sensei !

Il se tourna, secouant sa main droite pour retrouver ses doigts. Foutus réflexes. Merci Dehvi.

[HS : Désolé, j'ai vraiment l'impression d'avoir fait du redis sans innover ._. si tu galères à répondre, je changerai tout ça ><]

C'est d'un sifflement appréciateur qu'elle conclut ce petit échange.

« Prometteur, y'a pas a dire. Mais je me demande ce que tu serais capable de faire sans aucune transformation. Les griffes, c'est assez mal vu dans un combat au poing.»

Sa senseï souriait derrière lui, en essuyant le sang qui suintait d'une petite éraflure sur la joue. Une paire d'ailes noires lui avait poussée dans le dos. Vika avait été contrainte de se transformer pour esquiver un coup si rapide. Les loups étaient décidément les rois de la vitesse. Bien sur, elle aurait pu bloquer, ou intercepter le coup, mais elle n'aurait pas vu ce qu'elle voulait voir. Et une petite égratignure valait bien cette petite démonstration.

« Style libre non? A moins que ce ne soit une façon de combattre propre aux loups? J'ignore qui est celui qui t'as appris à te battre, mais il se démerdait bien.»

Elle afficha une mine pensive, presque déçue.

« M'enfin, j'imagine que je n'aurais jamais l'occasion de le combattre. Tu le remplaceras alors, j'aimerais apprendre certain de tes mouvements, de ces réflexes. Attention toutefois, le choix de ne pas bloquer peut-être dangereux des fois. Je n'ai porté qu'un seul coup, mais si j'avais voulu continué, ta position basse ne t'aurais pas été d'un grand secours. Surtout contre quelqu'un qui peut se déplacer à peu près à la même vitesse que toi. Mais j'imagine que cela n'arrive pas souvent?»

Son unique oeil ne devait pas l'aider non plus. Tout du moins, son champs de vision réduit ne devait pas être pratique pour combattre. Mais parfois, c'est aussi un avantage. Elle même avait pour habitude de combattre les yeux clos, et les adversaires d'un borgne on souvent tendance à se focaliser sur le côté aveugle. Et justement, comme tout le monde le fait, ce n'est ni une surprise, ni avantage, car les borgnes en ont tellement l'habitude qu'ils deviennent plus réactifs et sensibles aux attaques sur leurs "mauvais" côtés. Surtout s'ils ont appris à se battre après la perte de l'organe de vision. Peut-être serait-il sensible aux auras, un jour. Elle allait lui apprendre, de toute façon. La meilleure façon de le calmer sera de lui montrer les effets néfastes de l'emportement.

« Tu n'as plus cours de la journée non? Si oui, on descend, je vais te montrer quelque chose, puisque tu m'as l'air suffisamment entrainé pour y être réceptif.»

Elle lui fit un petit clin d'oeil, et ses ailes se rétractèrent. Elle se dirigea vers le fond de la pièce, rangea son sabre dans son fourreau ouvragé, et se dirigea vers la sortie. Elle lui fit signe de sortir, ferma ensuite la porte, et se dirigea vers les salles d'entrainements, choisissant l'une d'elle au hasard, elle quitta ses chaussures et monta sur le tatami.

« Échauffe toi un peu si tu le souhaites, et fait moi signe quand tu es prêt.»

Leçon du jour, bonjour !

Hum, je crois que c'est bon =D !

Le loup inspira doucement, pour se calmer. Oui, il aurait pu la désarmer en frappant du poing, mais on ne lui avait pas appris à se battre de la sorte. Les entraînements qu'il avait reçu étaient infiniment plus vicieux qu'un combat de boxe ou une compétition de taekwondo. Ils étaient faits pour tuer. Chasser, suivre une trace, traquer. Et si on rencontrait de la résistance du côté de la proie, l'achever proprement. Si l'on rencontrait un ennemi trop puissant pour soi, brouiller les pistes, apprendre à fuir, ralentir l'adversaire. Rien de loyal ni de droit. Il devait avouer que cela lui faisait défaut.

Adam : Dehvi m'a enseigné ce que son propre alpha lui avait appris. Les loups de Maureen ont un style particulier, dû à leur... isolement. Et des réflexes très animaux, somme toute...

La bouille de déception qu'elle lui offrit le vexa presque. Bien sûr, Dehvi était plus intéressant à combattre, mais aussi bien plus vicieux que lui. Adam faisait état de brute épaisse à côté de la subtilité de son alpha de substitution. Il acquiesça doucement lorsque Vika le mit en garde sur la parade. Cela le fit doucement sourire, car il oubliait parfois que les arts martiaux avaient des règles bien plus carrées que "si tu n'es pas assez rapide je te bouffe." Entre quatre murs, il se sentait légèrement claustrophobe. Mais s'il devait combattre un jour au sein de l'école, il devait apprendre à faire autre chose que compter sur l'espace, et la hauteur.

Adam : Je n'ai pas rencontré d'autre loup à combattre pour le moment que Dehvi, et je le sème encore. Je manque peut-être de technique mais pas de ressources.

Il lui offrit un sourire légèrement moqueur en remontant ses yeux sur son éraflure, avant de reprendre un sérieux olympien. Il ne devait pas sous-estimer Vika. Pas dans ce bureau. Pas dans sa situation.

Vika : Tu n'as plus cours de la journée non? Si oui, on descend, je vais te montrer quelque chose, puisque tu m'as l'air suffisamment entrainé pour y être réceptif.

Ne sachant pas s'il devait se sentir flatté ou grondé, le loup se contenta de la suivre, calmement. Il chaussa ses souliers en sortant du bureau, et les quitta moins de cinq mètres plus loin, pour entrer dans la salle d'entraînement. Elle ne voulait tout de même pas... le tester ?

C'était bien sa veine. Il était entré au club il y avait de cela moins d'un mois ! Il était plus brut qu'une pierre à la sortie de la mine, et plus bourrin qu'une laie enceinte. De plus, l'arme que Vika avait rengainée semblait à même de lui causer de sérieux maux. Et celle qui la maniait plus encore. Il avait eu la chance de la prendre de court dans son bureau. Mais on n'apprenait pas à une vétérante comme se comporter sur une tatami. Légèrement décontenancé, il roula des épaules pour se désengourdir, et alla à l'autre bout de la salle.

Vika : Échauffe toi un peu si tu le souhaites, et fait moi signe quand tu es prêt.
Adam : Merci, je n'en aurai pas pour long.

Il tira doucement sur les manches de son pull et grimaça, tournant le dos à Vika pour l'enlever, et se retrouver un tshirt à manches courtes. Ses cheveux roux, électrisés par le frottement de la laine, se dressèrent sur sa tête, lui donnant un air particulièrement stupide. Il leva les bras et s'étira, pour vérifier qu'il était à même de faire les mouvements qu'ils souhaitait. Calmement, il défit son cache œil et rattacha ses cheveux pour qu'ils ne le gênent pas. Il le replaça d'une main experte et sautilla sur place, jetant un regard en biais à Vika.

Adam : Fais attention, il faut que je me mette en jambes.

Il s'accroupit, et se mit à courir. L'air lui fouetta le visage. Il dérapa, failli manquer un angle du tatami, et se redressa. La salle était toute petite et il avait l'habitude de grands espaces. Sa course était la raison pour laquelle le club d'Athlétisme n'avait pas voulu de lui. Il n'avait pas encore appris à brider sa course, et cela leur avait fait peur. Il s'arrêta au bout de cinq tours, se mit à sauter sur place, puis testa sa capacité à bondir sur une surface aussi rebondie que celle des tapis d'entrainements.

Ce n'était pas trop mal, mais il devait jouer avec une infinie prudence.

Ou il atterrirait tout bonnement dans le décor.

Adam : Inutile de préciser que j'aurais préféré être dehors.

Il se redressa, passa une main sur son tshirt bon marché marqué "BOYZ" et sourit.

Adam : A vous l'honneur, sensei.

Rapide. Si elle était bien sure de quelque chose, c'est qu'elle ne le battrait pas à la course ! Elle le laissa s'échauffer, faisant de même de son côté. Vu ce qu'elle comptait faire, elle n'avait pas beaucoup de muscles à solliciter. Tout du moins, dans l'immédiat. Sa petite démonstration n'était pas anodine. Il voulait faire bonne impression, et montrer qu'il n'était pas qu'un idiot impulsif. Mais ça, elle le savait déjà. Malgré le bref passage par une coiffure digne de ce bon vieux Einstein. Elle avait déposée Sanguine dans un coin de la pièce. Elle ne comptait pas s'en servir, juste qu'elle ne s'en séparait jamais. Il se mit en place, il pensait visiblement qu'elle allait se battre.

«Hum, non pas que je suis contre un petit combat, je pense que c'est un peu prématuré. Enfin, non, mais je dirais que tu en assez fait aujourd'hui. On verra plus tard, peut-être. Et dehors aussi, peut-être.»

Elle lui fit un petit clin d'oeil, et s'approcha de lui.

«C'est très simple. Tu vas fermer ton oeil. Je vais t'attaquer, et tu vas essayer de bloquer. Ne t'en fais pas, je ne porterais pas mes coups. Je veux juste te faire sentir quelque chose, et plutôt que d'expliquer, un bon exemple vaudra mieux qu'un long palabre. Jedi style, tu vas voir !»

Elle attendit qu'il se soit exécuter, et elle frappa. Des coups vifs, qu'il ne pouvait normalement anticiper. Enfin, pas assez pour bloquer, car elle pouvait sentir qu'il se tendait à chaque fois qu'elle amorçait l'attaque. Elle même n'en aurait pas été capable sans son entrainement. Les loups étaient décidément faits pour le combat, mais Vika, à défaut d'être faite pour lui, vivait pour lui. Et les coups étaient vraiment trop rapides pour lui.

« Bon, maintenant, je vais faire un truc que je ne fais pas souvent. Je pense que tu vas sentir la différence.»

Elle ferma les yeux, et pris une grande inspiration. Elle n'aimait pas faire ça, mais alors pas du tout. Mais c'était le meilleur moyen. Ulki. Avec le recul, après son combat, elle l'avais détesté aussi, haïs, en quelque sorte. Elle n'avait pas l'envie sanguinaire de le tuer comme il l'avait fait, lui, à l'époque, mais il lui avait montré pour la première fois de sa vie la réalité du combat. Le combat pour sa survie. En quelque sorte, il avait brisé son éden. D'un autre, il l'avait permis de comprendre que ce n'était pas le pays des bisounours. Mais toute vérité n'est pas bonne à entendre, surtout d'aussi dur que celle la. Elle même sentit la vague rouge grossir, refluer, et s'agrandir à mesure qu'elle ouvrait la porte de son corps aux sentiments qu'elle refoulait en permanence. La colère, la haine, elle se laissa envahir, submerger, les flots écarlates s'engouffrant dans ses écluses béantes. Elle frappa, plus fort plus appuyés, elle peina à se contrôler, s'empêchant de porter les coups. Mais il le sentirait cette fois, et pourrais bloquer. Ses intentions devenaient tellement visibles, tellement prévisibles. Elle aurait pu se faire battre par elle même à l'age où elle avait vaincu Ulki. Elle tomba alors à genoux, stoppant ses attaques.

«J'espère que tu as compris ce que je voulais te montrer, car je ne le referais pas deux fois. »

Elle retint un sanglot qui menaçait de s'échapper de sa gorge, mais ne fut pas aussi efficace pour la larme qui s'écrasa sur le tatami. Faich', elle aimait pas trop se montrer dans de tels états, mais comme à chaque fois qu'elle avait montré ceci, c'était arrivé. Et une leçon valait bien une larme.

«Désolé pour ça... »

Elle se redressa et essuya le tout d'un revers de manche. Vika esperait franchement qu'Adam aurait réussis à percevoir le changement. Après, il developperait une perception particulière pour cela, et il pourra le faire, même quand les sentiments qui transportent son adversaire seront moins flagrant.

Vika était, indéniablement, très forte. Discrète, rapide, et bien plus entraînée que Dehvi, il se tendait avant ses coups, mais ne parvenait pas tous à les intercepter, malgré son entraînement de borgne. Cela le mit d'abord mal à l'aise, puis il se prit au jeu, tentante de trouver une mécanique dans les mouvements de sa sensei. Elle était légère, agile et silencieuse. Ses coups ne lui faisaient pas mal, et ne l'agacèrent que légèrement, lorsqu'il se rendit compte qu'il ne parviendrait pas à les parer correctement avant un moment.

Il la sentit s'arrêter, et une tension se créa.

Adam : Tu es très forte, c'est impressionnant.
Vika : Bon, maintenant, je vais faire un truc que je ne fais pas souvent. Je pense que tu vas sentir la différence.

Le loup fronça légèrement les sourcils, mais resta détendu. Après tout elle l'avait mis en confiance. Soudain, il sentit une légère odeur se répandre dans la salle d’entraînement. L'odeur de Vika. Sa température corporelle augmentait. Il l'entendit respirer plus fort, marcher avec plus de bruit, et sentit une attaque arriver. Il para, surpris. Une autre arriva, aussi bruyante à ses oreilles fines qu'un train de marchandise. Le loup la para également. Il enchaîna de cette façon. Dans un ballet aussi souple que possible, il parait, esquivait, bloquait des coups qu'elle s'acharnait à lancer avec une colère monstrueuse, se mettant totalement à découvert.

Se mettant totalement à découvert.

Adam eut un déclic, et se redressa, effaré. Elle ne voulait pas tester ses réflexes. Elle s'était mise à nue pour lui montrer les conséquences de la colère.

Vika : J'espère que tu as compris ce que je voulais te montrer, car je ne le referai pas deux fois.

Adam sentit ses narines se dilater. Une odeur de sel. Oh.. par Maureen. Il ouvrit l'oeil, et afficha un air soucieux, se retenant à grand peine de s'excuser devant Vika. Il déglutit, et se sentit stupide. Il avait été prêt à combattre quelqu'un qui voulait juste lui montrer qu'elle combattait de manière neutre. Il avait roulé des mécaniques face à quelqu'un qui était, au plus profond d'elle-même, un combat.

Adam : Sensei... hey !
Vika : Désolée pour ça.
Adam : Rha... je suis désolé...

Il s'approcha de Vika, l'air sincèrement embarrassé, et se frotta le bras pour se donner un peu de contenance.

Adam : Je... je te remercie de m'avoir montré ça. Ce doit être un terrible souvenir qui te mette dans un état pareil, et je comprends la leçon. Ça restera dans cette salle, je te le promets.

Le loup resta à une distance respectueuse, se grattant la tête d'incompréhension. Il n'était pas doué avec les femmes. Pas du tout. Surtout lorsqu'il s'agissait de les consoler ou les comprendre.

Adam : Ce n'est peut-être pas le lieux, mais je sais garder un secret.

En supposant que la forte Vika Nightwings voudrait se confier à lui. Simple membre. Débutant. Fauteur de troubles. Et en prime, fanfaron. C'était très niais de sa part, mais il prenait le risque de se faire voler dans les plumes au retour.

Adam : Je ne sais pas ce qui t'a fait t'énerver de la sorte. J'ai réagi violemment aux insultes du rat parce que... Dehvi avait l'habitude de me taquiner sur mon orientation sexuelle quand on s'entrainait. Il a appris à stimuler ma colère. La volonté de tuer est ce qui te sauvera. C'est ce qu'il m'a appris. Je me suis servi pendant six ans de la colère comme d'un catalyseur de ma force physique. J'oublie simplement que, dans un combat réglementé... martial... l'animal n'a pas sa place. Je suis désolé.

Il replaça correctement son cache œil, qui avait glissé, et sourit bêtement à la jeune femme.

Adam : Tu contiens tellement de rancune et de colère... je me demande comme tu y parviens.

Vika sourit, et faillit éclater d'un rire franc et clair, mais se retint. Il était juste tout mignon comme ça, et se moquer, même gentiment, de quelqu'un qui s'inquiète n'est pas toujours bien perçu.

«Ne t'excuse pas, je le faisais en connaissance de cause. Ce n'est pas la première fois que je dois montrer ce genre de truc à des petits nerveux, sanguins ou autres têtes brulées. C'est un bon moyen de montrer les faiblesses d'une telle façon de combattre.»

Elle s'assit à genoux sur le tatami, puisque l'heure était à la parlotte. Elle l'invita à faire de même.

«Hum, c'est une longue histoire, enfin, je trouve, et pas toujours intéressante à écouter. Avant de venir ici, mes instructeurs m'ont fait combattre l'autre grand guerrier de mon age et de ma race. Un aigle. Ils sont d'habitude plus fort que de simple corbeau comme nous, mais je suis une exception. Bref. Moi, je le pensais mon ami, et lui, il voulait me tuer. Tout simplement. Et cela fait drôle, quand on a toujours eut l'habitude des combats "non-violent". Un peu comme toi avec les combats réglementés. Mais je crois que c'est tout de même plus éprouvant de mon côté que de l'autre, surtout pour l'age. Enfin, je crois.»

Elle tripota ses cheveux, qui étaient attachés dans son dos, un peu nerveuse, en fait.

«Ton Dehvi n'est pas dans le faux, ni dans le vrai d'ailleurs. Moi, je bats pour mon plaisir, car c'est ce que j'ai toujours fait, depuis toute petite. Le combat signifie donc quelque chose d'assez différent de celui qui a du apprendre a se battre pour sa vie. Pourtant, j'ai du me battre plusieurs fois ici, et pas que pour mon plaisir. Pourtant, je n'ai jamais combattu avec l'état d'esprit de ton maitre. Je n'ai pas perdu pour autant. La volonté de gagner, n'implique pas celle de tuer, et comme je te l'ai montré, se battre avec cet état d'esprit ne sera pas toujours un avantage. Après, je ne dis pas que tu es faible, loin de la. Juste que de mon point de vue, tu peux aller beaucoup plus loin. Si tu sais contrôler ce que tu ressens, au moins durant le temps du combat, il te sera plus aisé de vaincre. Mais, je dois l'avouer, on porte toujours des coups plus puissants, plus appuyés, quand les sentiments ajoutent leurs poids à celui du poing. Je ne m'y risquerais pas, mais, qui sait, peut-être est-il possible de jongler entre les deux pour maximiser les coups.»

Rêveuse, elle essaya d'imaginer la chose. Cela resterait toujours une faiblesse, car les intentions se ressentiraient quand même, et qu'en général, elle arrivait à mettre la force qu'elle voulait mettre dans ses coups. Taper comme un bourrin est efficace, mais pas toujours. La précision et l'instant précis comptait beaucoup aussi. Il suffisait de savoir quand utiliser l'un ou l'autre.

«Oui, je contiens ça. J'essaye juste de ne pas y penser avec trop d'ardeur. C'est passé de toute façon, et il a subit la plus cuisante défaite qu'il pouvait recevoir. Se faire battre, par une femme, et une corbeau, qu'il considère un peu comme une sous-race, étant donné qu'on est un peu tafiole quand il s'agit de se battre. En général. Ça me console un peu, et de toute façon, c'était un cap que je me devais de passer. J'aurais préféré que ce soit avec quelqu'un d'autre, cela dit.»

Elle soupira, en souriant.

«Mais je parle trop, je ne veux pas t'embêter avec ça.»

Une. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. Sept. Adam compta sans répondre le nombre de tours qu'il fit faire à sa langue avant de répondre à Vika. S'il comprenait bien, elle avait vécu en combattant en paix, et était toujours choquée d'un combat où son adversaire, lui, se battait pour la tuer. Il comprenait que cela l'ai gênée, et même qu'elle en soit encore fragile. Mais il n'était pas tout à fait d'accord sur le plus éprouvant. Il se retint à grand peine de la couper, et hocha doucement la tête.

Adam : Ce qui est très éprouvant, c'est de se rendre compte que certains vivent pour tuer. Je suis d'accord avec toi sur ce point-là.

Il lui offrit un sourire maladroitement carnassier. Lui n'avait eu aucune expérience de combat jusqu'à ses 11 ans. En deux ans, il avait vu son frère se transformer en bête furieuse, avide de prouver qu'il était le plus puissant. Puis, il avait été mordu. Et il avait était en colère. Et il avait tué. Des animaux, d'abord. Puis, dès que Dehvi eut le dos tourné, un chasseur. Un promeneur. Une pêcheuse. Et un fugueur. Deux d'entre eux s'étaient défendus. Mais Adam faisait les choses bien, il ne laissait jamais rien derrière lui. Lorsque la faim lui dévorait les entrailles, il mangeait tout. Jusqu'à l'os.

Le loup se mordit furieusement la langue lorsque Vika remit en question la parole de son alpha. L'alpha avait toujours raison chez les loups, et si on était contre, on n'avait qu'à devenir à son tour l'alpha. Malheureusement dans une meute de deux, cela revenait à se débrouiller tout seul. Il comprenait que Vika, forte comme elle l'était, ait gagné certains combats. Une petite voix hypocrite au fond de lui-même ne put s'empêcher de lui souffler "C'est parce qu'elle est tombée contre des faibles sans volonté!". La partie raisonnable de son être lui permettait de s'apaiser, et de garder son sourire.

Vika : Mais, je dois l'avouer, on porte toujours des coups plus puissants, plus appuyés, quand les sentiments ajoutent leurs poids à celui du poing. Je ne m'y risquerais pas, mais, qui sait, peut-être est-il possible de jongler entre les deux pour maximiser les coups.
Adam : Pour les êtres réfléchis, oui. J'aimerais devenir un être réfléchi. Je n'ai pas eu beaucoup d'occasion de me battre, sinon en chasse, contre quelqu'un. La chasse est simple, du temps qu'on sait qui est proie et prédateur. Le problème c'est que quand je combats au corps à corps, je ne me sens d'égal à égal avec l'autre, et inévitablement je finis par me rabaisser, et passer proie. J'ai la tête froide quand je domine.

Son sourire l'avait légèrement quitté. Le visage d'Adam était devenu froid, calculateur. Un air sombre qu'on ne lui voyait que très rarement. Il écouta Vika, et haussa un sourcil, redressant son regard. Quoi, c'était ça qui lui avait importé lors de son combat ? Humilier un guerrier par sa position de femme et de race "moindre" ? Il secoua la tête, pensant qu'il interprétait trop vite les paroles de sa sensei. Réfléchissant à quoi lui répondre, il inspira, et dénoua ses cheveux, les décoiffant une fois de plus.

Adam : Je comprends ton choc. J'en ai subi un semblable quand je suis devenu... ce que je suis. Enfin, je pense que tu dois te douter de ce que je suis. Tu ne m'embêtes pas du tout, j'ai l'habitude d'écouter. Erm, sensei ?

Il se gratta la tête, cherchant ses mots une fois de plus.

Adam : Je peux t'appeler Vika ? J'ai trop l'habitude d'une hiérarchie stricte de meute, mais si j'ai bien compris cela ne fonctionne pas exactement de la même façon ici.

Le loup esquissa un sourire, chaleureux. Il était parfaitement en confiance avec le leader de club d'arts martiaux. Et surtout, il pouvait parler sincèrement pour une fois, en dehors de ses conversations nocturnes avec Becka. Adam était incroyablement bien. Il était même content de pouvoir parler sans se cacher. Ses cours jusqu'à présent avaient été incroyablement creux. Il ne parvenait pas à se lier avec les autres. Il faisait peur aux filles à cause de son oeil. Peur aux garçons à cause de son silence. Les gens le prenaient pour un fou, un homosexuel, il pirate, un obsédé, et tout ce qui leur passait par la tête et qui représentait une angoisse. Et Adam n'aimait pas ça. Du tout.

Adam : Quand tu es arrivée ici, comment tu as fait ? J'ai beau essayer, on me prend soit pour un idiot, et on abuse de ma gentillesse, soit pour un fou, et on ne m'approche pas.

La question n'avait en soi aucun rapport. Adam se comportait comme un élève face au professeur. Il respectait Vika du fait de son rang. Et en un sens, il voulait lui montrer qu'il se fichait qu'elle soit une femme, ou une race "meumeuh" comme disaient quelques uns. Elle était ce qu'elle était, et il avait à apprendre.

Elle en avait surement trop dit, et surement pas toujours comme elle avait voulu le formuler en réalité, mais c'était fait, de toute façon. Elle avait vu et senti les quelques changements d'attitude d'Adam, mais elle savait qu'il était trop tard de toute façon. Tout du moins, pour l'instant.

«Pourquoi? C'est étrange. Tu as un très bon niveau. Et même si je trouve ces termes pas tout à fait inappropriés, tu es tout a fait capable d'être le chasseur plutôt que le chassé. Apparemment, tu sais que le psyché est aussi important que le corps dans un combat. C'est étrange que tu ne sois pas capable d'influer dessus. La confiance en soi même est un facteur très important sur l'issue du combat. Enfin, ça viendra, ça aussi...»

Ce qu'elle avait dit laissa visiblement Adam un peu perplexe, étant donné qu'il lui fallut un certain temps avant de pouvoir répondre. Elle sourit, plus pour elle même qu'autre chose, puis secoua vainement la tête. Elle était pas très douée pour s'expliquer.

«Oui, tu peux Adam. Après tout, tu as mon age, de toute façon. Les règles ne sont pas aussi terribles qu'on le prétends, ici.»

Elle l'aimait bien, c'était confirmé, et il semblait que lui aussi, en fait. Et c'était visiblement un certain soulagement pour lui. D'où le pourquoi du de sa question.

«Hum. Je ne sais pas trop. Je suis juste restée comme je suis, il me semble. C'est une question assez étrange, et j'en ignore surement le sens profond, et tu m'en vois désolée, car je ne sais pas réellement ce que je peux te répondre pour te satisfaire.»

Elle réfléchit un petit peu, soucieuse de ne pas réussir à lui répondre correctement. Elle n'avait jamais eut un soucis de ce genre, elle ne pouvait donc pas vraiment se mettre à sa place pour savoir ce qu'il attendait d'elle comme réponse.

«Mais, tu as Becka non? Qu'est-ce qui s'est bien passé avec lui et pas avec les autres?»

Tu sais que tu m'a tué avec ta race "meuhmeuh" xD? Désolé de pas faire mieux, j'editerais ce soir si tu n'as pas répondu, mais la, j'suis pas en forme, if you know what i mean.

Il était... soulagé. Appeler le petit brin de femme qu'il avait devant lui par son prénom lui facilitait hautement la tâche. S'il avait dû continuer à la nommer par son titre, il aurait à coup sûr paniqué sur la place qu'elle occupait pour lui. Et quand Adam paniquait, il faisait n'importe quoi. Il offrit un sourire timide à sa réponse. Rester tel qu'il était, qu'est-ce que cela voulait dire ?

Adam pensait être quelqu'un, et agissait comme s'il était une toute autre personne. Il s'était toujours vu comme le grand frère responsable. L'ainé de la famille, celui qui reprendrait l'affaire de filage de laine irlandaise. Sa rencontre avec Dehvi l'avait fait passer par beaucoup de facettes, et la dernière qu'il avait explorée était celle qui lui plaisait le plus. Il était droit, ne mentait pas, ne se cachait pas. Il se constituait un cercle d'amis, même si pour l'instant il ne contenait qu'une personne. Même si elle n'en avait pas l'impression, Vika venait de lui donner un gros élément de réponse.

Adam : Rester tel que je suis serait un peu trop barbare pour une enceinte académique. Par contre, devenir qui je veux être serait intéressant.
Vika : Mais, tu as Becka non? Qu'est-ce qui s'est bien passé avec lui et pas avec les autres?

Il sembla réfléchir un instant, gonfla le torse, afficha un sourire charmeur et s'approcha, roulant des mécaniques.

Adam : Le tombeur de ses dames.

Il s'autorisa un clin d’œil moqueur, puis reprit son sérieux, se recroquevillant sur lui-même pour passer très vite dans le dos de Vika.

Adam : L'espion le moins discret du monde.

Revenant à sa place, il s'assit, jambes croisées, et afficha un air de plus candides. Ce qui, combiné à son bandeau sur l’œil, lui donnait l'air du plus mauvais pirate de tous les temps.

Adam : L'élève appliqué et discret.

Sa voix de fausset le fit sourire lui-même. Il leva un air très sérieux sur Vika, et explosa de rire. Un rire tonitruant, qui venait du fond de sa poitrine et lui fit pencher la tête en arrière. Son regard ambré se chargea de malice tandis qu'il se levait.

Adam : Je trouverai bien une place à me faire parmi les étudiants de Yokaï...

Il avait délibérément ignoré sa question. Elle l'avait plutôt tendu, et il aurait répondu avec trop de violence s'il avait été parfaitement honnête avec ses sentiments. Dégourdi, notre hyperactif à dents longues s'étira doucement, faisant craquer les os de son dos, et fixa un instant Vika dans les yeux.

Adam : Becka... je crois qu'il aime les hommes. En fait, non. Il transpire l'amour de son propre sexe, et je l'ai remarqué tout de suite. Je me suis approché de lui, et je n'ai pas fait semblant d'ignorer ça. Je crois que c'est pour ça que ça a fonctionné tout de suite. Je l'ai pris tel qu'il est. Les gens de Yokaï sont trop focalisés sur leur propre... race. Leur propre histoire et leurs propres problèmes. Ils ont des aventures courtes, des personnalités profondes, et cachées. Becka a un passé tumultueux, ça se voit dans son regard. Et pourtant, il est spontané chaque jour, c'est comme ça que ça fonctionne.

Très philosophe, le loup se gratta la joue d'un air absent, réfléchissant sérieusement à "Pourquoi lui et pas les autres ?" Peut-être que lui-même s'était trop focalisé sur son histoire. Il évitait de s'inclure dans un clan déjà construit. Trop dangereux. Il ne voulait pas devenir l'homme de main d'une tierce faction. De même, il aurait pu se rapprocher de la gent féminine, plutôt que de gros bras influents. Mais ses expériences avec les femmes se limitaient à la stricte pulsion sexuelle. Rien de suffisamment romantique pour une petite amie. Il n'avait d'ailleurs jamais eu de petite amie. Et toujours eu des remords après être allé voir une femme. Dah. En fait, il était trop fermé sur son passé pour s'ouvrir au présent. Un cas classique de "Mais je sais pas moi !"

Adam : Quand j'y pense... Becka et toi êtes assez similaires sur l'ouverture au monde. Au premier coup d'oeil, tout du moins. A moins que je ne me trompe et que depuis l'entrée dans cette salle tu ne cherches à me tester ?

Le loup de Maureen offrit à son sensei un sourire ravageur, s’accroupissant. Il n'était secret pour personne que les loups étaient un poil hyperactifs. Adam n'échappait pas à la règle. Même si, pour lui, l'énergie venait lorsqu'il s'embarquait dans une discussion qui le gardait éveillé.

Adam : Je suis curieux de nature, mais ici pas grand monde ne veut ni ne peut répondre à mes questions...

HS : Aucun problème =) Je ne t'ai pas donné beaucoup de matière à répondre >< J'espère que ça sera plus simple avec ce post !
Haha, en fait "meumeuh" ça vient d'un vendeur, qui accordait des réductions sur les cartes bleues partenaires x] Il m'a dit que la mienne était "un peu meumeuh" mais ferait l'affaire.. erm, c'est resté.

La petite métamorphe se joignit à son rire. Non seulement son petit numéro était assez coquasse, mais en plus, précédé d'une telle déclaration, elle n'avait pu s'empêcher de faire le rapprochement avec son père, éternel blagueur. Elle était aussi assez impressionnée de la vitesse à laquelle il pouvait changer d'expression. Vika était certes lisible, mais pas autant, et elle n'était pas non plus sujette a des revirements aussi marqués. Et il ne tenait pas en place, non plus.

«C'est rare et rafraichissant, un caractère comme celui-ci. Surtout ici. L'environnement n'aide pas spécialement à l'ouverture, cela dit. S'ouvrir aux autres est facteur de sécurité. Si tu te sens en danger, tu te créé une carapace, histoire qu'on te laisse tranquille. Après tout, on risque, surtout ici, de tomber sur bien plus fort que soi sans le savoir, et risquer des pépins. Becka doit te trouver sécurisant pour qu'il ose s'y lancer, non? Où peut-être le faisait-il avant... Auquel cas, je ne peux que louer son courage !»

La remarque finaude fit son effet, le sourire aussi. Un petit croassement se fit entendre et quelqu'un ouvrit une porte. Habitué à ce petit manège, les membres avaient vite compris qui était la gardienne de ce petit piaf. Naessala rentra dans la pièce à tire d'aile et vint se poser sur sa main qu'elle avait machinalement tendue.

«Bonjour toi. Tu as réussi à m'avoir ce que je t'avais demandé?»

Il croassa, enfin, il croassa pour Adam, car Vika le comprenait parfaitement, en signe d'acquiescement.

«Adam, voici Naessala, mon "familier" corbeau, et surtout le chef d'un des meilleurs services de renseignements du lycée. C'est grâce à lui que je saurais à qui je dois remonter les bretelles et tirer les oreilles. Et non, rassure toi, je ne suis plus en train de te tester. J'apprends tout de même des choses intéressantes, c'est certain, mais je n'ai pas spécialement dirigé la conversation pour les obtenir. Oui, je peux me permettre de m'ouvrir un petit peu, car j'ai obtenu une position qui me le permet. Maintenant, bien que je ne les aime pas, le comité est la, derrière moi, et personne ici n'est assez fou pour les défier. C'est bien dommage d'ailleurs. Mais je vais éviter d'aller chanter ça sur tous les toits.»

Elle avait un air faussement conspirateur, et lui fit un clin d'oeil. Elle grattouilla le haut du crâne de Naessala, qui se posa ensuite sur ses genoux, en affichant une mine légèrement soucieuse, après avoir entendu sa dernière réplique.

«Des questions? Quel genre de question? Bien que je doute pouvoir y répondre moi aussi !»

Vika sourit. Elle espérait pouvoir le faire, cela dit.

Le loup sembla réfléchir un instant aux paroles de Vika. Dehvi lui avait toujours enseigné, au contraire, que connaître trop de monde était dangereux. Il lui avait inculqué les valeurs d'une meute, si petite fut-elle, et appris à respecter un certain ordre de hiérarchie. Malgré toutes les leçons que lui avait apporté le lycanthrope, il se demandait toujours pourquoi il ne pourrait pas vivre comme auparavant. Lorsqu'il était humain. Avec un groupe d'ami étendu. La réponse était simple et coulait désormais dans ses veines. Un prédateur était un danger pour les autres, et plus particulièrement pour ses proches. Non pas parce qu'il risquait de déraper, non. Mais parce que quelqu'un de trop extraverti s'attirait des ennemis. Et que des ennemis frappaient là où il avait mal. Autrement dit, s'il se faisait d'amis trop proches, ils seraient les premières cibles des répercussions de ses ennemis.

En y réfléchissant mieux, il avait été totalement stupide de réagir avec violence avec Becka. Si Vika tabassait le trio de persécuteurs, Becka risquait de voir cette sentence décuplée sur sa pauvre trogne. Il avait déjà connu beaucoup d'horreurs, et il ne le méritait pas.

L'attention d'Adam fut ramenée par l'arrivée d'un petit oiseau noir, semblant être un corbeau miniature. Un instant, il dut se faire violence pour se retenir de sauter dessus. Bon sang. Il n'était quand même pas un animal de compagnie !

Le loup de Maureen s'efforça de sourire aimablement à la créature, mais il eut plus l'impression de l'ennuyer qu'autre chose. Ainsi, ce truc avait un nom. Naessala. Un nom qui lui faisait penser aux légendes celtes, et à sa forêt natale. Une pointe de nostalgie tinta son regard tandis que Vika lui présentait mieux le petit corbeau.

Vika : Le comité est là, derrière moi, et personne ici n'est assez fou pour les défier. C'est bien dommage d'ailleurs. Mais je vais éviter d'aller chanter ça sur tous les toits.

Adam : Peut-être que personne n'ose aller leur remettre les idées en place car ils occupent un poste de pouvoir depuis trop longtemps. En revanche ils ont l'air de savoir ce qu'ils font, ils sont un trop grand nombre pour bien régner, mais démultiplient leur force. A ta place je crois que j'aurais un peu peur. Généralement le pouvoir ne se partage pas. Ou en tous cas pas longtemps.

Il ne voulait pas paraître moralisateur, et avait dit ça avec une pointe de respect qu'il appuya en fixant sa sensei dans les yeux. Ou en tous cas, en plantant son oeil restant dans le sien. Son air malicieux le déstabilisa, il se sentit confus.

Vika : Des questions? Quel genre de question? Bien que je doute pouvoir y répondre moi aussi !

Adam : Pour commencer... je sais qu'il existe d'autres lycanthropes dans l'enceinte de cet établissement. Je ne les ai pas vus, mais je les ai très bien sentis.

Il se tapota l'arrête du nez avec un léger sourire, et continua.

Adam : Mes sens ont eu le temps de s'affuter énormément, et mon savoir vivre s'est dégrossi. Mais j'ai peur de froisser quelqu'un avec mes manières grasse d'Irlandais maladroit. Je ne veux pas abuser de ta disponibilité, mais peut-être que tu aurais un conseil à suivre, un seul, qui me permette d'arrêter de faire fuir les gens quand j'approche...

Il avait dit ça le plus sincèrement du monde. Il faisait fuir les autres. Alors, quand enfin l'un d'entre eux s'approchait, il était si désireux de relations sociales qu'il se laissait marcher dessus, s'en rendait compte, s'énervait... et finissait par faire peur à nouveau. Une petite voix narquoise, teintée d'une pointe d'Arthur lui siffla que s'il n'avait pas son bandeau, ce serait plus simple.

Oui, tu peux me flageller pour le temps de réponse ._.

Vika hocha la tête, en signe d'assentiment. Elle même savait que sa position au sein de comité était surtout due au fait qu'elle était le membre le plus influent du club d'arts martiaux, et qu'elle pouvait ainsi brider les autres inscrits. Si elle faisait une erreur, une seule et unique, et qu'elle perdait ce titre, elle savait qu'elle aurait bien plus d'ennuis qu'elle n'en avait jamais eus ici.

«Oh, mais je n'ai aucun pouvoir, je ne risque pas grand chose. A leurs yeux, je ne suis qu'un pion sur leur plateau de jeu. un pion pas très offensif, mais un pion important. Je sers surtout d'inhibiteur aux têtes brulées qui voudraient se jeter à corps perdu dans les guerres intestines de l'établissement. un garde-fou. Je suis protégée, d'une certaine manière, des différents groupes belligérants, qui voudrait bien de moi dans leurs rangs, et eux n'ont plus trop à ce soucier du club. Bref, un accord où chaque parti y trouve son compte.»

Vika sourit, car dans sa tête une boutade vit le jour, alors qu'Adam mentionnait la présence d'autres loups ici. Elle faillit éclater de rire, et prépara son "conseil".

«Je n'en connais pas personnellement, mais il y en a, effectivement. Un conseil... Une idée... hum...»

Elle fit mine de réfléchir, mais déjà l'étoile qui brillait au coin d'un de ses yeux prouvait le contraire. Décidément, elle s'amusait follement aujourd'hui. A vrai dire, elle ne connaissait pas suffisamment Adam pour se permettre d'émettre un quelconque jugement, analyse ou un truc du genre vis à vis de son comportement. Personnellement, elle n'y avait pas grand chose à redire, mais elle n'avait plus peur de grand chose, même des grands méchants loups borgnes et roux. Et pourtant, pour certain, ça fait de gros malus de charisme...

«Eh bien, une douche pourrait peut-être couvrir cette odeur de chien mouillé ! On dirait que tu bosses dans un chenil.»

Elle lui fit un clin d'œil en rigolant, et repris un air grave sans crier gare. Un de ces coups préférés.

«Plus sérieusement, je ne peux vraiment me prononcer. Toi seul a assisté à toutes les rencontres que tu as faites. Si tu penses réellement être le problème, cherche les points communs à ces échecs, et adapte toi. C'est comme un combat, se limiter à une seule et unique tactique ne pourra pas fonctionner sur tous les adversaires. C'est donc à toi de changer de tactique, ou bien d'adversaire. Mais beaucoup ici se ressemblent, et ta méthode n'est donc pas la plus adaptée, semble-t-il.»

C'était bien son style de tout ramener au combat, mais la bataille était une métaphore qui s’adaptait à bien des situations, et que beaucoup de monde pouvait comprendre.

Ah, j'aime le fouet =D.

Il ne sut dire pourquoi, mais il se sentit directement concerné lorsqu'elle parla de garde-fou. Il n'était pas assez attaché à Becka pour en venir à créer une guerre au cœur de l'Académie, tout de même. Encore que, certains jours, il regrettait de ne pas connaître les autres lycanthropes de l'école. Mais il savait que son foutu tempérament de tête brûlée et de besoin de liberté le pousserait à former un clan. Et Dehvi avait été assez clair sur ce point-là. Quiconque forme un clan doit le dominer. Quiconque domine un clan doit dominer les autres clans. Quiconque en est incapable se fera renverser.

En y réfléchissant bien, ce n'était pas une si bonne idée que ça...

Elle était même plutôt dangereuse. Il n'avait pas encore les épaules d'un chef. VIka, elle, les avait. Une idée germa doucement dans l'esprit du loup embrouillé. Une idée si folle qu'il la réfuta en secouant la tête, et reporta son attention sur sa sensei.

Vika : Je n'en connais pas personnellement, mais il y en a, effectivement. Un conseil... Une idée... hum...

Il fronça les sourcils, se demandant bien pourquoi elle sembla si heureuse de lui donner un conseil. Est-ce qu'il avait la braguette ouverte ? Des crottes de sommeil au coin des yeux ? Une mauvaise haleine? Non, ça il le savait.

Vika : Eh bien, une douche pourrait peut-être couvrir cette odeur de chien mouillé ! On dirait que tu bosses dans un chenil.

Le loup écarquilla son oeil et souleva son tshirt pour vérifier l'odeur... qui était parfaitement normale. Enfin, pour lui cela dit. Peut-être que les autres personnes n'avaient pas l'habitude de sentir la forêt et la peau de bon matin ? C'était vrai qu'il sentait un peu le sauvageon. Mais pas au point de faire fuir de peur les autres personnes de l'école. Bon sang !

Il lança un regard légèrement déçu à sa sensei, qui était soudainement redevenue d'un sérieux à couper une bougie.

Adam :J'espère que tu te moques de moi...

Il eut un petit air blessé, et écouta calmement la leader du club d'arts martiaux. Elle ne pouvait qu'avoir raison. A un moment ou l'autre il avait dû faire quelque chose de mal. Ou peut-être mal s'y prendre. Il ne pouvait pas juste être une bombe puante ambulante. Mais maintenant qu'elle avait mis ça sur le tapis, il doutait. Et il détestait douter d'une chose aussi basique et banale que sa propre odeur.

Adam :C'est peut-être juste que ma tête ne leur revient pas, aussi... Un oeil en moins et une taille telle que la mienne ne sont pas forcément très engageants. Soit franche. Je te fais peur ?

Vika eut bien du mal à garder son sérieux quand elle le vit se renifler. L'idée qu'il puisse la prendre au mot ne lui était même pas venue à l'esprit, et maintenant, elle avait bien du mal à réprimer le sourire et le rire qui voulait s'échapper derrière.

«Mais bien sur que c'était une plaisanterie voyons ! C'est comme si tu m'accusais de sentir la fiente de pigeon. Mais je crois que je serais plus insultée par le choix de l'oiseau que pour la fiente ! M'enfin, désolée si tu l'as mal interprété.»

Il avait vraiment l'air triste et elle en avait de la peine. Le fameux Devhi avait surement dû oublier la partie second degré pendant l'entrainement, mais on pouvait difficilement le blâmer.

«Si tu me fais peur?»

Elle le scruta en silence, le détaillant à nouveau de la tête au pied. Elle compila aussi ce qu'elle savait de lui, et essaya de le cacher dans un recoin de son esprit, l'oubliant. Qu'aurait-elle pensé si elle l'avait croisé à un détour de rue, seule? Elle finit son inspection, et la métamorphe le fixa dans l'oeil.

«Pour être honnête, j'admets que si l'on ne te connais pas, tu peux être intimidant. C'est triste à dire, mais c'est vrai que les gens plus faibles ont tendances à évitant ceux qui leur semble imposant, dangereux, ou je ne sais quoi du genre. Et ton bandeau de donne un côté racaille pirate, qui s'est fait amoché dans une bagarre de rue. Bref, à première vue, il faut admettre que ce n'est pas n'importe qui qui s'approchera de toi, spontanément tout du moins. Mais, dans mon cas précis, non, tu ne me fais pas peur. D'une part, parce que je n'ai pas peur de grand monde. La peur est salvatrice, mais aussi destructrice, et celui qui perds un combat n'est pas le plus faible, mais celui qui a le plus peur de l'autre, le plus souvent. D'autre part, j'en sais pas mal sur toi, et je sais que tu n'es pas du genre à frapper si tu n'as pas de bonnes raisons. Avec tout cela, comment pourrais-je être terrifiée?»

Elle était sérieuse, et détendue. Non, Adam ne lui faisait pas peur, mais Vika était particulière.

«C'est toi qui t'approche des gens? Ou tu attends qu'on le fasse? C'est Becka qui t'as parlé le premier?»

Car cette simple nuance était importante. Car si Becka, le paisible Becka, avait osé lui parlé, cela voulait dire que cela n'avait pas obligatoirement à voir avec l'apparence d'Adam, mais bien à certain de ses comportements. Cela lui faisait penser à l'une des élèves qu'elle surveillait. La pauvre avait essuyée tellement d'échec sociaux qu'elle n'arrivait plus à nager, même un petit peu, et se noyait dans cette école cruelle. Chaque échec lui enfonçait plus profondément la tête et rendait sa brasse de plus en paniquée, inefficace. Adam avait réussi, une ou deux fois, il pouvait recommencer.

Tout écart possible avec la normalité est dû au fait que ma musique de fond pour rp était l'epic sax guy.

Le loup se détendit visiblement. Évidemment que Vika le faisait marcher. Niais comme il l'était, il s'était laissé avoir. Encore. Enfin, le thème de son hygiène corporelle était revenue à plusieurs reprises auprès des demoiselles après de quelconques ébats. Mais au point qu'il sente le fennec en pleine journée, après un tout petit échauffement... Son alpha disait que l'odeur attirait les femelles. Il en doutait fortement. Les filles qui fréquentaient la Yôkai avaient beau ne pas être de petites créatures fragiles, elles n'en appréciaient pas moins un gentleman. Maintenant qu'il y pensait, il ressemblait plus à un sauvage qu'à un gentleman.

Vika : Pour être honnête, j'admets que si l'on ne te connais pas, tu peux être intimidant.

S'il avait été sous sa forme lupine, Adam aurait baissé les oreilles, en signe apitoiement sur son sort. Si même la leader du club d'arts martiaux trouvait qu'il était effrayant, il n'aurait jamais une chance de se faire des amis dans l'enceinte de l'école. Il haussa un sourcil en l'entendant le traiter de pirate, et secoua la tête pour effacer l'image de lui, barbu, avec un crochet et un manteau. Une blague lui vint sur la mort du capitaine crochet, mais il la retint, s'efforçant de mettre bout à bout ce que lui disait Vika.

Vika : D'autre part, j'en sais pas mal sur toi, et je sais que tu n'es pas du genre à frapper si tu n'as pas de bonnes raisons. Avec tout cela, comment pourrais-je être terrifiée ?

Le loup passa une main sur sa joue, et fronça les sourcils. Ses mains caleuses et durcies par le travail lui donnaient parfois l'impression d'être un bûcheron en manque de bois à fendre. En réalité il était une bête en manque de chair à broyée. Vika aurait dû être effrayée. Il ne contrôlait pas totalement l'animal qui se cachait sous cet oeil crevé. Il faisait de son mieux, mais lorsqu'il sentait le besoin de chasser se faire trop grand, il allait s'enterrer au fin fond de la forêt brumeuse, pour muter sans risquer d'égorger personne.

Adam : Quelqu'un a dit que la souffrance connaît ses limites. Pas la peur. Et les gens ont très peur de souffrir. Ils m'associent au danger, pas seulement à cause de l'oeil je suppose. La bêtise des autres est aussi de mon ressort, si j'étais plus chétif et moins... euh, je ne sais pas, effrayant... je m'embrouille.

Il passa une main sur son visage, sincèrement confus, et ne sachant plus quoi avancer à Vika pour lui répondre. Heureusement, elle lui sauva la mise.

Vika : C'est toi qui t'approches des gens? Ou tu attends qu'on le fasse? C'est Becka qui t'as parlé le premier?

Le loup réfléchit un instant. A Yôkai, comment cela se passait-il ?

Adam : Cette école me rend claustrophobe. Je ne m'approche pas trop des autres entre quatre murs. Quand je suis dehors, je n'ai pas de problème à m'adresser aux autres. Mais dans un espace aussi confiné qu'un couloir, j'ai beaucoup de mal à rester parfaitement calme. Je... enfin c'est un vieux traumatisme, je déteste tout ce qui ressemble à une grotte. Et j'ai peur de faire du mal aux autres quand je suis trop près d'eux.

Il se gratta la tête une nouvelle fois, trouvant qu'il en disait beaucoup trop. Si Vika faisait effectivement partie du conseil de l'école, il espérait qu'elle était sincère. Sinon, il serait bien trop tôt enfermé dans une cage minuscule et dans le silence le plus complet. De quoi devenir totalement fou pour tout loup qui se respecte. Particulièrement pour lui.

Adam : Becka... oui, Becka est venu me parler le premier. Ou en fait, non. Il me fixait avec un air très embarrassé pendant une heure toute entière. J'ai fini par lui demander ce qu'il voulait.

Le loup piqua un fard si violent qu'il sentit ses joues lui brûler.

Adam : J'avais... la braguette ouverte.

Il se prit l'arrête du nez entre le pouce et l'index, sentant un mal de crâne poindre.

Adam : Pas glorieux comme première impression. Mais j'ai l'impression que ça me ressemble.

Il fallait surtout qu'il trouve autre chose que l’exhibitionnisme pour approcher les étudiants de l'école.

Un grand post pour pas grande avancée ._.

Visiblement, Vika n'avait pas réussi à suffisamment amortir ses dires pour qu'Adam ne se sente pas aussi peiné. Mais mentir dans les circonstances actuelles aurait pu être bien plus cruel que cela.

«Ils t'associent à la peur ? Où c'est toi qui leur fais comprendre le danger? La nuance peut-être intéressante, car oui, ton oeil ne peut en être le seul responsable..»

Il aborda alors sa claustrophobie, qui ne l'étonnait qu'à moitié. Nombre de monstre n'étaient pas fait pour la vie "civilisée" et préféraient la nature au béton. On ne pouvait les blâmer, mais cela pouvait parfois les menacer, et en menacer d'autre. Mais le lycée était fait pour ça, non? Elle avait vu bien pire comme cas, qui s'étaient soldé par une réussite, et Vika ne doutait pas qu'Adam en serait lui même capable.

«C'est souvent le cas pour les monstres "animaux". On aime rarement les bâtiments, tout du moins certaine race. Je suis née et j'ai vécu dans un grand manoir, alors, j'ai l'habitude. Mais même ceux qui avaient l'habitude avant ne supporte pas toujours la "prison des quatre murs" C'est d'ailleurs assez problématique certaine fois... Je ne compte plus le nombre d'élève que j'ai du maitriser lors de leurs premiers jours. Bref, si tu es plus à l'aise dehors, et bien, parle dehors ! Cela revient à ce que je disais, si tu as "peur de faire mal aux autres", tu le leur fais comprendre. Ils ne t'associent pas à la peur... mais tu le leur fais associer. Une manière comme une autre de les protéger. Mais qui te protège toi? Tu es dans un lycée pour t'entrainer à vivre avec les humains. Et si certains en sont capables dès leur arrivée, ce n'est pas le cas de tout le monde. Il a eut et il y aura des cas bien plus dangereux que ce que tu imagines, et le comité, notamment, est capable d'intervention suffisamment rapide pour empêcher des débordements... mortels. Lance toi, le jeu en vaut la chandelle. Ici plus que n'importe où, tu a la possibilité de rencontrer des gens comme toi, avec un minimum de protection. Si tu finis tes études et retourne dans le monde humain, comment feras-tu pour les côtoyer si tu as peur de les blesser? C'est vrai que c'est facile à dire, mais c'est en ce lycée que tes chances sont les plus hautes.»

Pfoui, elle était volubile aujourd'hui. Adam reprit la conversation sur Becka:

«La braguette ouverte?»

la métamorphe ouvrit des yeux grands comme des billes pour ogre, avant de se laisser prendre par un fou-rire incontrôlable. Elle se tenait les côtes, soumise à des soubresauts à chaque nouvel éclat, et Naessala quitta son perchoir pour s'éloigner de cette hilarité instable pour ses petites pattes. Quand elle se calma enfin, elle avait les larmes aux yeux, et menaçait de repartir à chaque instant, tentant tant bien que mal de faire disparaitre son sourire en tranche de courge de son visage.

«On peut dire que tu as des façons de faire assez originales ! Toujours est-il que ça a marché non?»

Effectivement, je suis resté quinze minutes devant la page avant de trouver ce que je pouvais bien dire =D !

Il ne pouvait pas donner tort à la leader du club d'arts martiaux. Il se mettait lui-même en position de force. Une position dangereuse, car les jalousies dans un monde de pouvoirs et d'envies étaient nombreuses. Mais il avait été éduqué de cette manière, depuis qu'il était loup. On ne pouvait dominer et être dominé. On pouvait soumettre et être soumis. Il fallait choisir son camp, très vite, et Dehvi ne lui avait pas laissé le choix. Il ne pouvait montrer de faiblesse dans sa façon d'être.

Mais Adam était aussi quelqu'un de profondément gentil, et un tel fardeau lui faisait bien trop plier l'échine.

Sourcils froncés, il fixa un moment Vika, et calqua sa respiration sur la sienne, l'écoutant parler avec un air renfermé qui muta petit à petit en regard sombre, et totalement fixe. A mesure qu'elle lui expliquait où elle avait vécu, dans quel environnement elle avait grandi, il sentait une certaine frustration monter en lui. Il avait grandi dans la maison la plus ridicule de toute l'histoire des architectes, au fin fond de la campagne Irlandaise. Et il était né une seconde fois, enchaîné au fond d'une grotte. Le souvenir de cet épisode traumatisant le rongea d'un poison noir qui le rendit plus froid qu'un vent polaire.

Son air sérieux grandit encore un peu lorsque Vika se mit à rire de sa bêtise. Un instant, Adam ferma les écoutilles et se concentra uniquement sur toute l'envie de liberté, de tout détruire, de s'enfuir, de vivre uniquement avec le sien impliquait. Il plus grand que la métamorphe, et accentua cette impression en redressant son dos, courbant légèrement le haut du dos pour la toiser, sa respiration parfaitement calquée sur la sienne. Il se força à prendre l'air qu'il avait lorsqu'il revenait de chasse, et imagina le goût de la chair crue contentant enfin ses papilles - sa pupille se dilata.

Il maintint la pression d'interminables secondes, donnant sérieusement l'impression qu'il allait sauter à la gorge de la leader d'arts martiaux. Et celle aussi que jamais une proie si simple ne lui échapperait - même si en réalité Vika aurait mille fois le temps de le mettre K.-O. d'un kick bien placé. Un sourire cruel - digne de Dehvi en personne - découvrit ses dents blanches.

Puis, le loup détourna le regard, enfonça les mains dans ses poches, et laissa échapper un rire moqueur à son encontre. Il laissa le silence s'installer quelques secondes, et respira enfin à son propre rythme - bien plus rapide que celui de Vika, rompue aux sports de maîtrise de soi.

Adam : Bien souvent, il suffit que je sois dans une mauvaise période pour avoir continuellement cet air-là.

Adam détacha ses cheveux, tout en gardant bien le dos tourné pour ne pas qu'elle voie son oeil balafré. Il se recoiffa rapidement, et replaça son bandeau, sans l'attacher toutefois.

Adam : Je suis tel que je suis, et j'aurais bien du mal à me contenir face à tant de personnes qui peuvent me servir de repas l'espace d'un instant. Oui, j'ai tué certaines de mes proies...

Le loup finit le nœud de sa protection contre le regard des autres, et prit un air sombre.

Adam : Et j'aurais dû en tuer d'autres, vivre avec un bras en moins, ou un morceau de cuisse arraché, ce n'est pas la manière la plus agréable que je connaisse. Vika, c'est pour cette raison que j'ai peur de blesser les autres, et aucune autre. Les loups sont des prédateurs. Je ne sais comment tu vis ton animalité, mais...

Le loup fronça les sourcils. Allait-il la vexer en parlant de son côté animal uniquement ? Bah, après tout il se définissait bien comme un loup.

Adam : Mais je crois que je parle trop. Il faut seulement que je retrouve la sérénité que j'avais lorsque j'étais enfant. Je ne suis pas né loup, alors c'est assez compliqué de jongler avec mes deux connaissances, radicalement différentes. Mais de mon expérience, les humains sont des êtres bien top fragiles. Et en plus de cela ils sont attirés par le pouvoir et corruptibles. Enfin.

Il secoua la tête.

Adam : Je parle trop, merci pour tes conseils, j'espère ne pas t'avoir effrayée. Je suppose que tu dois trouver que... je me la joue un peu ? J'aime seulement trop la sensation d'être moi pour être à l'aise avec les autres. Je n'ai jamais débordé avec Becka, parce qu'il fait tout pour me caresser dans le sens du poil. Ce n'est pas le cas de tous ceux que je rencontre entre ces murs, et je suis quelqu'un de colérique.

Il lui offrit un sourire d'excuses. Un pauvre sourire d'excuses qui ne valait définitivement rien.

Wow. C'était pas une ptite tafiole l'Adam. Vika haussa un sourcil. La transformation fut à la fois lente et immédiate. Sa respiration calquée sur la sienne avait quelque chose d'oppressant. Elle qui était déjà petite se sentait minuscule alors qu'il se faisait lui même plus grand. Elle frémit. Cela devait être grisant. Les corbeaux ne connaissaient pas la prédation. C'était un oiseau opportuniste, et chasser n'était pas la façon la moins fatigante de se nourrir. Par réflexe, elle se fit menaçante elle aussi, répondant à la tension par la tension. C'était moins physique, moins visible, mais on sentait qu'elle n'était pas non plus démunie. Elle était rodée à ce petit jeu, la Vika. Adam n'était pas le premier à se pointer et à faire de l'esbroufe pour la faire fléchir. Ses yeux bleus se firent deux aiguilles de glace, son sourire se pinça pour se figer en un rictus entre la suffisance et le mépris. Elle qui était assise sur ses talons se releva un peu, prête à bondir de côté au moindre signe précurseur d'une possible attaque. Ses ailes se déployèrent, créant un rideau noir dans son dos, et réduisant l'espace disponible. Naessala croasse un coup pour rajouter un petit effet dramatique à la chose. Et il s'arrêta tout d'un coup, et la tension dans la pièce tomba aussi vite qu'elle s'était installée. Vika reprit une position et un sourire normal.

«Effectivement, ce n'est absolument pas de tout repos. Mais c'est efficace.»

Elle frémit quand il évoqua ses proies. Effectivement, le lycée justifiait son existence par ces seules paroles. Merde, il pouvait pas manger du poulet, comme tout le monde?

«Tu manges pas suffisamment à la cantine pour avoir envie de manger tous ceux que tu croises? Eh bien, si tu dois travailler quelque chose, c'est bien ton estomac. Les humains ont beaux être faible, l'idée d'en manger ne me dit rien qui vaille. Non, les corbeaux ne sont pas des prédateurs, loin de la. On est facilement nécrophage, c'est moins chiant de manger des cadavres que de courir après la bête avant. Mais crois le ou non, je suis incapable d'avaler le moindre truc qui ressemble de près ou de loin à un ver.»

L'idée de ne pas être né animal sonna étrangement dans l'oreille de Vika. Elle ne pouvait s'imaginer différente d'un corbeau, et en cela, elle trouvait Adam courageux. La métamorphose ne tenta même pas d'appréhender le choc que cela dut être.

«Oh, parce que tu crois que les "monstres" sont exempts de ces pêchers? La corruption est partout ici, de même que la lutte du pouvoir. Mais je trouve ça assez ironique d'entendre un reproche sur la recherche du pouvoir de la part d'un être dont l'objectif est de devenir un alpha et de le rester. Et ce même si cela implique la mort de quelques personnes qui était un peu mieux gradées, avant. Brefons. Non tu te la joues pas. Je ne dirais pas ça. Tu t'assumes, et tu sais évaluer, plus ou moins, tes capacités. C'est bien, je te l'accorde. Mais si tu en abuses, cela peut te jouer des tours.»

Elle se releva, et alla fouiller dans un placard, sortant deux boken, sabre d'entrainement en bois, dont elle testa l'équilibre, l'état et le poids.

«Donc, tu préfères sacrifier les autres pour rester toi-même. Cela aussi est dangereux. D'une part car se montrer tel que l'on est, c'est être à nu en permanence. Et d'autre part, car tu sembles aussi souffrir de ce manque de considération des autres. Le lycée est un moule. On finit toujours par s'y glisser, par la force des choses ou par choix. Essaye de faire en sorte que ce ne soit pas trop brutal. Pourquoi es-tu venu dans ce lycée?»

Elle lui tendit l'arme, lui faisant signe de s'y habituer en vitesse. Elle même exécutait déjà des moulinets, pour s'échauffer le poignet et apprendre les spécificités de son bout de bois.

"Bon, on va finir sur une dernière leçon, et un combat comme tu les aimes. Suis-moi, on va dehors. Tu es la depuis un moment, tu vas donc subir l'épreuve que j'ai donné à chacun."

Elle quitta la pièce avait un clin d'oeil pour Naessala, et un sourire qui en disait long. Sourire qui se propagea dans le dojo, car chacun savait ce que cela signifiait. La zone de combat en extérieur était un simple terrain de terre battue, ensoleillé et à l'abri du vent. Des gradins de pierre avaient été aménagé par les gars du club qui voulaient rouler des muscles en poussant des gros cailloux. Ceux-ci étaient déjà remplis. Elle se planta au milieu du terrain, et se mit en garde, pointe vers l'avant, légèrement baissée, tenant la lame d'une main.

"Bien. Ici, tu es entouré de gens comme toi. Prouve leur ta valeur, et tu auras peut-être la possibilité de t'entourer de personne qui n'auront pas peur de toi, et que tu n'auras pas peur de bouffer. Honore toi, honore moi, aussi, car je fais rarement ça avec des membres aussi récents."

Elle le salua en s'inclinant brièvement, sans la quitter des yeux, et repris sa garde.

"La leçon se fera en trois temps. Même si je te demande d'user une lame, tu pourras la poser quand tu le voudras, même si j'aimerais que tu commences avec. Tu tireras de cet enseignement, d'abord inventé pour l'épée, mais transposable au combat à main nue, une façon de combattre digne d'un membre du club. Main sûre. Pied ferme. Esprit Vif. Maintenant, attaque."

Adam se força à sourire. Vika le taquinait sur son estomac, comme l'avait fait Dehvi tout au long de son apprentissage. Effectivement, le loup avait un appétit très féroce. Sans doute car il était devenu tel qu'il était aujourd'hui lors de son adolescence, et qu'il avait gardé ce besoin de nourriture constant. Son métabolisme tout entier fonctionnait en accéléré. Il était continuellement chaud, et ne subissait jamais la température extérieure. De même, jamais un gramme de graisse ne restait. Il n'était pas particulièrement musclé, mais sa peau était tendue. Il était en excellente condition physique, pour un combattant de poing et de pied. Malheureusement, Vika était autrement plus efficace que lui avec une épée entre les mains.

Vika : Je trouve ça assez ironique d'entendre un reproche sur la recherche du pouvoir de la part d'un être dont l'objectif est de devenir un alpha et de le rester.

Touché. Enfin, à moitié. Adam ne voulait pas devenir Alpha pour prouver au monde entier qu'il était un gros loup. Il voulait une meute pour avoir une chose qui le rattachait à un but. Un clan auquel il pouvait appartenir. Et puis, il voulait aussi connaître les histoires que lui avait conté Dehvi. Des histoires de soirées remplies de rires. De chasses en groupe. Et même, de câlins dans les buissons. Oui, Adam voulait connaître autre chose que la solitude permanente de sa condition de loup. C'était la raison de sa présence dans le lycée Yôkai. Mais il ne pouvait la dévoiler à Vika. Après tout, elle venait de le lui dire, se mettre à nu était dangereux.

D'un geste mécanique, il saisit l'arme d'entraînement qu'elle lui tendit. Sans trop réfléchir à ce qu'il était en train de faire, il frappa sur sa paume. C'était à peine suffisant pour faire un bleu. Peut-être pourrait-il s'en servir pour faucher les pieds de son adversaire, mais le loup était un bien piètre escrimeur. Il était plus habitué à grimper, se cacher, épier, espionner... puis attaquer. Au combat en face à face avec Vika, il se sentait comme un ninja face à un spartiate, pas à sa place. Il découvrit l'arène d'entraînement avec une stupeur à peine masquée, et déglutit.

Aucun endroit où se cacher. Juste quatre murs, sur lesquels il risquait de blesser franchement les spectateurs, déjà trop nombreux à son goût. Alors quoi, ils étaient devenus des gladiateurs en l'espace de quelques minutes ? Le loup se renfrogna.

Vika : Bien. Ici, tu es entouré de gens comme toi. Prouve-leur ta valeur, et tu auras peut-être la possibilité de t'entourer de personne qui n'auront pas peur de toi, et que tu n'auras pas peur de bouffer. Honore toi, honore moi, aussi, car je fais rarement ça avec des membres aussi récents.

Adam : Je n'aime pas beaucoup l'idée d'être exposé comme un animal de foire. Mais tu es maligne Vika, tu as réussi à me piéger.

Il saisit sa fausse lame à son tour, et la planta dans la terre battue avant d'enlever son tshirt, et de quitter ses chaussettes. Adam était un être de nature et de sang. Un être qui aimait sentir le sol sur lequel il marchait, et ne pas être entravé par des vêtements trop serrés. Il jeta ses chaussures derrière lui, et fit craquer les os de sa nuque, se mettant en jambe. Dehvi lui avait appris à ne pas sous-estimer un adversaire. Lui-même était un tas de muscles qui avait sous-estimer une femme. Une seule et simple sorcière, qui l'avait maudit à jamais. Adam ne se laisserait pas abuser de la même manière par sa sensei d'arts martiaux. Le loup reprit sa lame, et fléchit légèrement les jambes.

Vika : La leçon se fera en trois temps. Même si je te demande d'user une lame, tu pourras la poser quand tu le voudras, même si j'aimerais que tu commences avec. Tu tireras de cet enseignement, d'abord inventé pour l'épée, mais transposable au combat à main, une façon de combattre digne d'un membre du club. Main sûre. Pied ferme. Esprit Vif. Maintenant, attaque.

Adam : Si je fuis, je passe pour un couard et tu n'en seras que plus redoutable. Si je combats, et que je te vainc, je serai respecté et craint, et toi plus encore car tu m'auras formée. Si je combats, et que je perds je serai un simple débutant, sous ton aile. Ton influence augmentera dans le même temps que ta protection sera un gage. Est-ce vraiment un simple duel ?

Elle lui avait demandé de l'attaquer, il l'avait fait par des mots. Adam avait beau être quelqu'un de gentil, il n'en était pas un simple d'esprit pour autant. Vika avait réagi avec autant de perspicacité que Dehvi, mais elle l'avait tout de même traité comme un débutant. Il ne savait si ses paroles tenaient d'une légère paranoïa ou si elles étaient sincères, mais il avait un boule au ventre. Une boule de colère, qui gonflait paisiblement à mesure qu'il prenait conscience qu'on le regardait du haut de ces gradins.

Ainsi, elle voulait qu'il l'attaque ? Pfeuh.

Le loup inspira calmement, puis souffla, poussant sur ses pieds de toutes ses forces. Il partit comme une bombe derrière Vika, puis fit volte-face dans une volée d'herbe. Sans se laisser le temps de réfléchir, il partit dans l'autre sens, ainsi dans le dos de la métamorphe, et maintint son bâton à l'horizontale. Il faucherait ses genoux et les ferait plier, c'était presque sûr. Il ne cessa pas sa course, même lorsqu'il sentit son bâton heurter quelque chose - Vika ou son arme, peut-être... - ses pas ralentirent tandis qu'il se rapprochait dangereusement des gradins. Dans un concert de cheveux roux, il se remit en position de saut, une main sur le sol. Si seulement ils en venaient aux poings...

Vika prit un air déçu. Non, ce n'était pas vraiment ça. Sa réputation était déjà faites, et elle n'avait pas besoin de matraquer des nouveaux pour le prouver. Si elle se faisait battre, elle perdrait beaucoup de se superbe, car nombre des adhérents suivaient les entrainements qu'elle donnait, et personne ici ne l'avait vu entrainé Adam en quoique ce soit. Non, elle n'avait même pas mentionné l'idée d'un duel. Juste d'une leçon et d'une épreuve. Non, elle lui demandait de prouver sa valeur, et cela ne voulait pas obligatoirement dire la victoire.

«Qui a parlé d'un duel?»

Ses yeux se durcirent. Elle qui avait décidé de se retenir n'en ferait plus rien, ne serait-ce que pour lui montrer... Non, ce serait stupide, et totalement anti-pédagogique. Elle n'allait pas faire quelque chose pour en prouver le contraire après. D'une simple inspiration elle repris un visage normal. C'était un débutant. Pas dans le domaine de la bataille.. Il ne l'était décidément pas. Il l'était surement trop, même. Mais c'était un débutant en Combat. Et ici, on apprenait à combattre et pas à se battre. L'un étant foncièrement différent de l'autre tout en lui étant intiment lié. Deux facettes d'une même pièce que l'on se devait de maitriser aussi bien l'une que l'autre. Certaine préférait une face plus que l'autre, et en cela Vika était l'opposé d'Adam, mais elle devait lui apprendre à se servir de celle qu'il aimait le moins comme elle avait à utiliser les deux. Il inspira un peu plus fort que la fois d'avant. Il allait partir. Il allait vraiment vite, le petit pignouf. Il tenait son épée comme un roturier, mais elle savait que cela allait être le cas. Juste que ce qu'elle voulait illustrer se faisait beaucoup plus facilement avec un objet en main. Main sûre. Il était derrière elle. Pied ferme. Elle bondit. Esprit vif. Son épée fendit l'air, et percuta presque doucement la main d'Adam, lui faisant lâcher l'arme. Elle retomba un peu plus loin que sa position initiale. En garde. Cela ne l'arrêta pas pour autant, et il était déjà loin quand il se retourna vers elle. Elle se rapprocha sans perdre sa garde.

«Main sûre. Continue sans lame, si tu le souhaites.»

La métamorphe bondit puis vola vers l'arrière, se replaçant la où elle était à l'origine, et attendit la prochaine attaque. Ce point la serait le plus délicat. Elle n'était même pas sure de pouvoir lui montrer. De cette sainte trinité, c'était surement celui qu'il maitrisait le mieux, pour pouvoir se déplacer aussi aisément à cette vitesse... quoique, elle avait une petite idée de comment s'en tirer.

Adam fixa une fraction de seconde sa main, incrédule. Comment avait-elle fait pour le désarmer aussi simplement ? Il faut dire aussi qu'il n'était pas habituer à tenir des objets de combat entre ses mains, puisqu'il était lui-même une arme. Seules ses mains suffisaient d'ordinaire à trancher la gorge de la plus terrifiée de ses proies. Mais Vika n'était pas une proie, et ça changeait tout. Il sentit dans la remarque de l'animorphe une pointe pédagogique qui se planta droit dans son égo. Elle lui donnait une leçon, et devant tout le monde. Il avait supporté sans broncher jusqu'à présent, mais devant une foule aussi dense que celle qui se tenait dans les gradins, son orgueil avait bien du mal à être bafoué par une... femelle.

Un grognement monta de sa gorge, tandis que son dos se voûtait. Il ralentit légèrement le pas, marchant avec prudence, comme il le faisait lorsqu'il était avec Dehvi. L'animorphe n'était pas plus dangereuse que son maître, c'était impossible. Dehvi avait eu quelques centaines d'années pour s'entraîner, et se perfectionner. Il lui suffisait de jouer comme il le faisait avec lui. Sauf que Dehvi et Vika fonctionnaient de manière totalement différente. Avec lui, une touche à l'égo était toujours gagnante. Le corbeau humain en revanche semblait tellement plein de sérénité qu'il en devenait... presque trop mature.

Adam : Agaçante petite chose.

Le loup avait murmuré ces mots, et pourtant son regard se fit plus menaçant qu'un fusil à pompe pointé sur la tempe.

Vika : Main sûre. Continue sans lame, si tu le souhaites.
Adam : Tu ne me le diras pas deux fois.

Sa vois, teintée de l'animalité qui ressurgissait en temps de crise, vibra dans sa poitrine. Le loup enleva son bandeau sur l'oeil, ne se cachant pas, et bondit pour se mettre à l'abri sur un gradin, se faisant huer au passage. Il tourna son visage balafré vers les cris, qui cessèrent tout à coup. Sa chevelure de feu fut réunie sur sa tête, et il l'attacha de son cache-oeil, en position accroupie. Ses doigts se rigidifièrent tandis que ses griffes sortaient. D'un bon bien calculé, il fonça sur sa proie, et trancha latéralement, pour lui faire lâcher son arme à son tour. Ne se souciant pas de savoir s'il l'avait touchée ou non, il repartit dans l'autre sens, et fonça au ras du sol, un large sourire aux lèvres.

Par Maureen, ce qu'il aimait courir !

Ses pieds s'enfonçaient avec force dans la terre battue, remuant des odeurs de forêt. Des odeurs de lapins terrés dans les profondeurs. Des odeurs de chasse. Pour la taquiner un peu, il se glissa dans son dos, se rapprocha de son oreille et eut un rire franchement joyeux.

Adam : Bouh !

Le loup s'appuya sur le mur des gradins et sauta en arrière, roulant pour se remettre en garde, ses deux mains aux doigts joints maintenues comme des armes. Telles deux haches prêtes à frapper. Il plia les genoux, et se déplaça latéralement, rapidement, restant sur la défensive. Mieux valait qu'il ne se fatigue pas trop vite. Vika n'était pas un adversaire à prendre à la légère. Il s'amusait, à la combattre, même si elle y mettait toute la rigueur et la rigidité de son art. Il s'avança, avec douceur, puis poussa sur ses pieds. Entrant en conflit direct avec le corbeau, il frappa, avec une lenteur mesurée tout d'abord, puis de plus en plus vite, cherchant une faille dans cette garde qu'il craignait parfaite.

On lui avait appris à ne pas frapper les dames, mais Vika n'était pas une dame.

C'était un adversaire, et s'il parvenait à trouver ses cordes sensibles, elle deviendrait une proie, idéale.

Le loup frappait, de sa main droite. Sa main gauche, du côté de son oeil valide, restait en parade, et lui servait d'équilibre. Autours d'eux la tension était palpable, et cela le revigora. Enfin, un combat n'était pas secret. Enfin, il pouvait montrer ce qu'il valait. Vika allait sentir les années d'entraînement de Dehvi, il s'en assurerait.

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